Lucy

SEPTIÈME MOIS

Mardi 1 Mars | 8h36 | lycée Fairy Hils

La bibliothèque étant ouverte, j'abandonne temporairement ma meilleure amie pour pénétrer dans la pièce. Madame Aries m'accueille avec un très jolie sourire et un hochement de tête que je lui rends poliment. Elle est très gentille mais assez discrète si bien qu'elle n'a pas trop d'autorité sur les élèves. Ce qui fait qu'il y a souvent un brouhaha ici et c'est très désagréable quand on veut réviser tranquillement.

De temps en temps l'un des pions du lycée, monsieur Caprico, passe par là pour faire régner le silence. Puis pour donner un coup de main à sa collègue qui est trop souvent dépassée par les événements.

Ce matin, l'endroit est pratiquement désert mais en même temps il est assez tôt. Quelques personnes sont en train de réviser et je constate que ce sont des terminales. Le bac blanc approche à grand pas, il se déroulera dans deux semaines. Je sais que Natsu ainsi que Grey sont très occupés entre leurs révisions et leurs entraînements pour le tournoi inter-lycée.

Mon meilleur ami arrive à gérer, mais pour ce qui est de mon copain, je vois bien que son stress est en train de le bouffer petit à petit. Évidemment il le cache à tout le monde pour éviter qu'on s'en fasse... je n'ose rien dire pour le moment mais si je le vois encore sur le point d'exploser, je ne pourrai pas rester cette fois à l'écart.

C'est assez dur pour moi de rester en retrait déjà de base, je suis quelqu'un qui a besoin de venir en aide à ses amis quand je me rends compte qu'ils ont besoin d'un coup de main. Sauf que mon ennemi n'est pas du genre à se laisser aider facilement... il est solitaire, il l'a toujours été et ce n'est pas demain la veille que ça évoluera. J'ai bon espoir qu'il change sur ce point, certes ça se fera au fur et à mesure or il vaut mieux que ça se passe ainsi plutôt que rien n'évolue.

Mes pas se dirigent vers l'étagère où se trouve les bouquins de cours pour les premières. J'ai oublié mon livre de maths chez les Dragneel et notre professeur est très strict sur les oublis de matériels. Il est donc hors de question que je me fasse remarquer et risquer une sanction pour un petit oubli.

Mes doigts parcourent les bouquins à la recherche de celui dont j'ai besoin pour la journée, par chance il n'en reste qu'un seul. Je soupire de soulagement d'avoir été directement à la bibliothèque dès en arrivant car il est évident que si j'avais été plus tard dans la matinée, le livre aurait été emprunté et je me serais retrouvée dans un sacré pétrin.

Alors que ma main se pose sur le livre toujours sur l'étagère entre un bouquin de chimie et d'éco droit, des doigts viennent se poser sur mon membre tenant le bien. N'étant pas préparée à avoir un contact physique avec qui que ce soit, je sursaute et recule d'un pas en sortant précipitamment le livre de l'étagère. Mon geste trop brusque fait tomber les deux autres bouquins qui étaient à ses côtés.

Un rire moqueur que je reconnais directement et que je n'ai pas entendu depuis un bail résonne dans mon crâne. Un frisson d'horreur me traverse tout le corps et j'ose enfin poser les yeux sur lui. 

Son regard me détaille de haut en bas ce qui me met mal à l'aise, alors que mon cœur commence à accélérer. Je sers contre moi le livre de mathématiques comme pour me protéger de son regard persistant, de sa présence qui me gêne, puis de lui tout simplement.

— Eh bien, on dirait que je te fais peur Lucy.

Je fronce des sourcils pour essayer de me donner une contenance, il est hors de question que je le laisse m'intimider ! Je suis bien plus forte que ça, je peux le remettre à sa place.

— Qu'est-ce que tu fais ici Léo ?

À l'entente de son prénom, mon ex sourit l'air satisfait que je le prononce.

— J'ai le droit d'être ici, non ? C'est la bibliothèque du lycée.

— Pourtant tu fuis ce genre d'endroit, non ?

— Les gens finissent par changer.

Lui changer ? Pff c'est juste impossible ! Il n'a pas changé depuis que je l'ai rencontré et moi j'ai cru que j'aurais pu le faire évoluer, comme le pensait Lisanna avec Natsu. Sauf que j'ai eu profondément tort de penser de cette façon car Léo ne changera jamais, pour personne !

Contrairement à Natsu, ce mec est un égoïste qui ne pense qu'à lui, voulant avoir le contrôle sur tout et tout le monde. C'est un manipulateur, un dragueur, un fils à papa qui se croit puissant juste parce que sa famille est riche. Bon sang comment j'ai pu tomber amoureuse d'un type pareil ? Je me dégoûte, juste parce qu'un garçon s'intéressait à moi il a fallu que je tombe dans ses bras ?

Grey avait raison de se méfier de lui, je m'en veux de ne pas l'avoir écouté à l'époque car ça m'aurait évité de souffrir pour rien. Puis le pire c'est que je pense vraiment que je l'aimais, évidemment avec ce que j'éprouve aujourd'hui pour mon pire ennemi, ça n'a rien à voir. Je n'ai jamais été aussi amoureuse d'un garçon de ma vie et je suis heureuse qu'il s'agit de Natsu Dragneel.

Bien que j'aimerais me convaincre de n'avoir jamais éprouvé de sentiments pour mon ex, ça serait me mentir à moi-même. Étant donné mon état et comment j'ai été brisée par notre rupture, je l'aimais un minimum.

Ce type est le parfait profil du mec toxique, j'ai été aveuglée par ses belles paroles et je regrette de m'être fait avoir. À l'heure actuelle, plus jamais je ne retomberai dans les bras d'un gars de son espèce, c'en est certain !

— Toi changer ? Permets-moi d'en douter.

Son regard amusé disparaît pour laisser place à un plus sérieux.

— Pourtant Dragneel a bien changé lui.

J'avale difficilement ma salive en essayant de ne rien laisser paraître sur mon visage. Il est juste hors de question qu'une autre personne soit au courant pour Natsu et moi et encore moins s'il s'agit de ce type !

Je n'ai aucunement confiance en lui et sais qu'à la seconde ou je confirmerais mon couple, il s'empressera d'informer tout le lycée juste pour m'emmerder. Avant tout, Léo est un emmerdeur de première aimant foutre la merde partout où il passe.

— Changer lui ? Pinky ne changera jamais non plus !

Je roule des yeux pour faire la fille qui s'en fout complètement, mais les prunelles de mon ex se plissent pour me scruter et tenter de lire en moi.

— Allons, tu sais bien que tu ne sais pas mentir.

— Sauf que je ne mens pas.

— Ah oui, alors pourquoi Dragneel est venu me mettre en garde de ne plus t'approcher ? S'il l'a fait c'est parce qu'il sait tout de notre rupture et si à l'époque tu ne l'as pas mis au courant, c'était pour une bonne raison non ?

Je le fusille du regard mais ne dis rien. Pas la peine d'aggraver la situation, elle est déjà critique.

— Tu ne voulais pas qu'il s'en prenne à moi car vous avez beau être pires ennemis, vous vous êtes toujours protégés avant tout. Natsu m'aurait défiguré en apprenant la vérité à l'époque et tu ne voulais pas qu'il s'en mêle car Grey s'en chargeait déjà.

Je dois reconnaître que malgré tout ce que je pense de Léo, il reste très perspicace et fort pour comprendre les choses. C'est exactement pour cette raison que je n'ai rien dit à Natsu, il allait réagir bien plus violemment que mon meilleur ami. Si à l'époque j'en avais conscience, je ne comprenais pas la raison car après tout on était des pires ennemis... me voir souffrir aurait dû lui plaire, mais c'est tout l'inverse.

On s'est toujours soucié l'un de l'autre avant tout, lui était assez malheureux quand nous étions enfants car tous les autres gosses se moquaient de lui à cause de sa couleur de cheveux assez atypique. Je le rassurais en disant que les autres enfants étaient juste jaloux car ils avaient tous une couleur de cheveux banal comparé à lui qui était juste unique. 

Je me souviens que mes paroles lui donnaient le sourire et ça me suffisait pour être rassurée.

— Je suis loin d'être con tu sais, vous êtes ensemble et vous gardez le secret.

— Tu te trompes.

— Oh non et tu le sais.

Son sourire me fait le regarder encore plus méchamment.

— Ne t'en fais pas je ne dirai rien. J'ai bien trop hâte de voir la réaction de ce cher Grey qui croit tout savoir de toi. À ton avis, comment il réagira en sachant que sa meilleure amie sort avec son meilleur pote depuis des mois et qu'ils ne lui ont rien dit ? Ça risque d'être sacrément intéressant.

Je déglutis, cette fois je n'arrive plus à faire l'indifférente car les mots de Léo me secouent fortement. Les doutes et la peur de décevoir Grey reviennent et et si je succombe à mes mauvais sentiments là, tout de suite, ça va être un désastre ! 

Il faut que je me reprenne et affronte le regard persuasif de mon ex sans sourciller ! Je ne dois pas craquer, pas devant lui, jamais !

— Je voulais te parler de nous mais je vois que ce n'est pas le bon moment, tu sembles assez... déstabilisée donc je ne vais pas en rajouter.

Je crois m'étouffer en entendant le "nous". Mes yeux s'écarquillent avant que je le regarde avec incompréhension. Qu'est-ce que ça veut dire ça ? De quoi veut-il parler exactement ?

S'il s'imagine une seule seconde que je pourrais lui donner une seconde chance, c'est qu'il s'enfonce le doigt dans l'œil jusqu'au coude ! Jamais je ne serai assez débile pour retomber dans ses bras et en plus de ça, c'est de Natsu Dragneel dont je suis sincèrement amoureuse, de personne d'autre et ça ne risque pas de changer de si tôt.

Puis admettons que mon ennemi et moi venions à nous séparer, jamais je ne ferai l'erreur de me remettre avec celui qui m'a brisé le cœur et m'a lâché comme une vielle chaussette ! Tout ça parce que je refusais de lui donner ce que lui voulait... les mecs agissant comme ça sont juste les pires des salopards et j'ai très bien retenu la leçon.

— Il n'y a pas de nous Léo, il n'y en aura plus jamais.

— Ne jamais dire jamais tu le sais bien. Toi qui disais que jamais de la vie tu pourrais un jour aimer ton pire ennemi, regarde où vous en êtes aujourd'hui.

Son sourire mauvais me fait encore une fois froncer des sourcils et le dévisager. Je le déteste, je le déteste de tout mon être et jamais ça ne changera !

— Lulu ?

Je sursaute pour la deuxième fois de la journée en voyant apparaître mon meilleur ami au bout de l'étagère. Dieu merci il n'a rien entendu de ce que vient de dire l'autre idiot vu la tête étonnée qu'il tire... il est plus inquiet que choqué ce qui veut tout dire.

Léo se retourne pour faire face à Grey qui se rapproche de nous, les deux se foudroient du regard mais le roux sourit toujours aussi niaisement.

— Fullbuster, comment vas-tu en ce bon mardi matin ?

— Va te faire foutre connard !

Le ton sanglant du brun le fait juste sourire davantage ce qui agace autant Grey que moi. 

Il a une tête à claque c'est dingue, je ne sais pas comment je fais pour ne pas lui mettre une gifle, ça ne lui ferait pas de mal pourtant.

— Je vois que ta colère contre moi n'a toujours pas baissé.

— Tu es très perspicace, bravo. Maintenant casses-toi !

— Bien bien. J'allais partir de toute façon, pense à ce que je t'ai dit Lucy, à plus.

Il tourne enfin les talons et disparaît de notre champ de vision. Même si je suis contente que Grey l'ait fait fuir, j'aurais aimé que ce soit quelqu'un d'autre qui intervienne... surtout après l'angoisse que m'a rajouté Léo en abordant la réaction qu'aurait mon meilleur ami en apprenant pour Natsu et moi.

Ce dernier prend la place qu'avait mon ex, c'est-à-dire en face de moi. Il pose l'une de ses mains sur mon épaule et la presse doucement, le regard inquiet.

— Qu'est-ce qu'il voulait ce connard ?!

— Me déstabiliser, rien de plus.

Je lâche un soupir de fatigue.

— Comment ça va ?

— Ne t'inquiète pas, je vais bien Grey.

— Qu'est-ce que signifie sa phrase qu'il a lâché avant de se casser ?

— Il voulait juste qu'on se remette ensemble.

Non ce n'est pas exactement ça qu'il a dit, mais le "nous" pour moi ne signifie pas autre chose et techniquement, ce n'est vraiment un mensonge s'il compte m'en parler un autre jour.

L'expression faciale du brun se durcit rapidement, cette information ne lui plaît pas du tout.

— Ne t'inquiète pas, je n'ai aucune intention de me remettre avec cet imbécile.

Le regard sombre de mon meilleur ami ne me quitte pas une seule seconde. Il veut voir si je suis sincère et se détend quand il réalise que je le suis.

— Ouf, j'te jure que jamais je ne t'aurais laissé te remettre avec ce connard de Léo ! J'ai fait l'erreur de le laisser t'approcher la première fois, mais crois-moi que plus jamais ça ne se reproduira.

Je lui souris avant de lui déposer un rapide baiser sur la joue.

— Merci mais arrête de t'inquiéter sans arrêt pour moi.

— Tu sais bien que tu me demandes l'impossible là.

— Oui...

On ricane tous les deux avant de sortir de la bibliothèque. Je n'oublie pas au passage de prévenir madame Aries pour le bouquin de cours que je vais emprunter toute la journée.

Puis la première heure de cours arrive ensuite, annonçant le début de la journée.

...

À l'heure de la pause, je décide de m'isoler un peu de mes amis en prétextant vouloir aller aux toilettes.

La conversation avec mon ex m'a plus déstabilisé que je ne l'aurais pensé. J'en ai évidemment parlé à personne, encore moins à Erza qui ne se serait pas gênée pour aller lui en mettre une et c'est que je veux veux éviter.

Aucune envie d'en faire toute une histoire pour si peu et d'attirer le regard des autres sur nous. Je ne suis pas encore prête à surmonter le regard des gens, il est vrai que j'ai fait des progrès dans ce domaine malgré tout, mais j'ai encore un bon bout de chemin à parcourir avant de ne plus me soucier des regards des autres.

En passant près des toilettes, je remarque Lisanna seule près de la cage d'escalier, des écouteurs dans les oreilles. Je décide de m'approcher d'elle en m'asseyant à ses côtés. Le mouvement la fait me regarder et son sourire illumine son visage en me voyant.

— Coucou Lucy.  retire-t-elle ses écouteurs d'un coup.

— Hey, qu'est-ce que tu fais toute seule ?

— Kinana et Lucky voulaient tenter de voir si c'était possible qu'elles puissent s'incruster à la fête de Max ce week-end. Je ne voyais pas l'intérêt de les suivre puisque je n'ai aucune intention d'aller à cette fête.

Elle soupire en regardant ses chaussures. Ça me fait mal au cœur de la voir rester seule alors que ça crève les yeux qu'elle aimerait être entourée. Lisanna est loin d'aimer la solitude comme Rogue ou Grey, elle ressemble un peu à Sting dans le sens où que quand elle se trouve être entourée, elle est toujours joyeuse et de bonne humeur.

— Tu sais que tu peux venir avec nous Lis'.

— Oui, ma sœur et toi vous ne faites que de me le répéter, mais je n'ose pas.

— Pinky ne se méfie plus désormais, n'aies aucune crainte.

Elle me sourit sincèrement.

— Merci Lucy, tu es adorable.

Puis son air change d'un coup et ses yeux bleus océan me scrutent attentivement.

— Maintenant dis-moi ce que tu fais ici. Pour que tu sois venue jusque là c'est que tu voulais t'isoler des autres, pas vrai ?

Ok on passe beaucoup plus de temps ensemble ces derniers temps elle et moi, mais de là à deviner mon attitude juste en m'observant c'est limite flippant.

Je reste interdite quelques secondes avant de rire sans joie.

— Bingo.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es pourtant réconciliée avec Natsu samedi.

Je n'ai pas pu m'empêcher de lui raconter pour notre réconciliation, en omettant bien sûr le fait qu'on s'est avoué pour la première fois qu'on était amoureux l'un de l'autre. Même si Lisanna nous soutient et est heureuse pour nous, je préfère volontairement ne pas lui parler du côté sentimentale de notre histoire, ne voulant pas la rendre triste ou quoi que ce soit du même genre.

En y repensant plus sérieusement, je ne pensais pas que j'avouerais cela à Natsu de cette manière là, mais le moment était parfaitement bien choisi vu les doutes que mon copain avait malgré lui. Je ne me doutais aucunement que c'est la place que prend Grey dans mon cœur qu'il le préoccupait autant.

Je m'étais comme à mon habitude et comme il s'en doute aussi, imaginé tout plein de scénarios qui auraient pu justifier ses sautes d'humeur, mais aucunement la véritable raison. Or je comprends totalement son inquiétude et comme je lui ai expliqué, si la situation avait été inversée et que c'est lui qui avait eu une meilleure amie en étant proche d'elle comme je peux l'être de Grey, ça m'aurait embêté, grave embêté d'ailleurs.

Son inquiétude et sa peur de ne jamais être aussi important que notre meilleur ami en commun m'ont touché. Je ne pensais guère que ça l'affectait autant, j'avais pensé qu'il avait accepté et s'était résolu à ne plus s'en faire mais non... je m'en veux, je n'aurais pas dû sous-estimer ses inquiétudes et n'aurais pas dû autant m'afficher avec Grey devant lui.

J'ai tendance à ne pas forcément m'en rendre compte puisque ça a toujours été comme ça entre nous, même quand je sortais avec Léo et lui avec Juvia. Sauf que désormais, je ferai attention à ne plus "dépasser" la frontière pour que Natsu n'ait pas à s'en faire, c'est le moins que je puisse faire pour lui.

Il faudra aussi que j'évite de faire apparaître les soupçons de Grey car s'il se rend compte de ma nouvelle résolution, il va forcément se poser des questions et comprendre la raison de ce si soudain changement. Cela risque encore d'être un problème si je ne fais pas gaffe, sauf que je refuse d'en avoir un autre sur les bras !

Je galère assez comme ça ces derniers temps, alors si je peux éviter qu'un autre problème s'ajoute à la liste, je le ferai coûte que coûte !

— Oui, tout va bien avec Pinky.

— Qu'est-ce qui te tracasse dans ce cas ?

— C'est Léo, il est venu me parler ce matin sans que je ne m'y attende... ça m'a assez perturbé je dois l'avouer.

La benjamine des Strauss reste un moment à me fixer sans aucune réaction. Ses sourcils finissent par se froncer subitement, puis ses traits se tirent à cause de la colère qui l'envahit peu à peu.

— Il voulait quoi ce connard ?!

— Calme-toi Lis', juste me déstabiliser comme il aime bien le faire avec n'importe qui.

— Natsu le sait ?

— Non et il ne doit pas le savoir sinon il risque encore de s'en prendre à lui et avoir des ennuis. Il n'y a que Grey et toi qui êtes au courant et je ne compte en parler à personne d'autre.

— Même pas Erza ?  s'étonne-t-elle.

— Tu la connais, elle s'en mêlerait aussi et je ne veux pas faire d'histoire... en soi il ne s'est rien passé.

— Je comprends mais j'ai tout de même envie de lui en coller une ! D'où il se permet de revenir te parler après ce qu'il a osé te faire !

La colère de Lisanna prouve son inquiétude pour moi, bien que ça me gêne un peu, ça me touche beaucoup.

— Il a compris qu'il se passait un truc entre Natsu et moi. Je ne lui ai rien confirmé, mais peu importe il est sûr de ce qu'il avance.

— Ce n'est pas qu'il sache ça qui te préoccupe tant, n'est-ce pas ?

Je secoue la tête en me la prenant dans mes mains, ce qui coupe le contact visuel entre nous.

— Il affirme que Grey va mal le prendre quand il saura pour Natsu et moi... je stresse de nouveau.

— Oh Lucy...

Elle passe sa main dans mon dos pour le frotter doucement, me montrant son soutien.

— Je crois qu'il est grand temps de lui dire. Il vaut mieux que tu lui dises plutôt qu'il finisse par l'apprendre par quelqu'un d'autre, surtout si maintenant Léo le sait. Il pourrait lâcher le morceau jute pour te faire chier, ça serait bien son genre.

Son ton est dur vers la fin de sa phrase. Peu importe si mon ex m'a affirmé qu'il ne dirait rien, je ne lui fais aucunement confiance et Lis' a raison. Il pourrait très bien tout dire à Grey pour foutre la merde.

— Tu as raison, il faut qu'on lui dise.

— Je suis sûre qu'il sera content pour vous, tu n'as pas à t'en faire Lucy.

Mon stress s'évapore et je souris sincèrement à mon amie. Elle a réussi à me réconforter et je suis heureuse d'avoir passé la pause avec elle.

— La prochaine fois que tes potes t'abandonnent, je t'ordonne de venir nous rejoindre ! Compris Lis' ?

— Oui chef.

Elle ricane avant de poser sa tête sur mon épaule. Nous imaginer aussi proches m'était encore inconcevable il y a moins de deux semaines et désormais, c'est comme si nous avions toujours été amies Lisanna et moi. 

Je suis contente de l'avoir près de moi désormais. Même si nous avons perdu pas mal de temps toutes les deux, nous commençons à rattraper le temps perdu et c'est juste très agréable pour elle comme pour moi.

Jeudi 3 Mars | 18h25 | chez les Dragneel

Quand je rentre dans la maison, la première chose que je remarque c'est de la fumée provenant de la cuisine avec en prime, une forte odeur de brûlée.

Paniquée, je lâche mon sac de cours dans l'entrée et me précipite vers la cuisine ouverte. Je découvre alors Ignir, faisant de grands gestes avec son torchon, essayant du mieux qu'il peut d'évacuer la fumer par la fenêtre. 

La fumée provient d'un plat étant dans le four, je crois distinguer une tarte ou une pizza... je ne sais pas vraiment à vrai dire puisque le plat est complètement carbonisé et méconnaissable.

Vu le visage contrarié du père de famille, je suppose qu'il n'a pas l'habitude de faire à manger, il laisse cette tâche à sa femme. D'ailleurs vu qu'elle n'est pas en train d'hurler sur son mari à cause de tout ce chantier, je suppose qu'elle ne doit pas être dans la maison.

— Ignir, tout va bien ?

Je m'approche de lui alors que son regard se pose sur moi. Il devient plus doux une fois qu'il réalise que je suis là et me sourit embarrassé.

— Oh Lucy... comme tu peux le constater, je suis un piètre cuisinier.

Je ricane en le voyant me montrer la tarte/pizza complètement cramée.

— Célia est à un rendez-vous parents-profs à l'école de Roméo. Elle m'a demandé de préparer une tarte au thon poivrons en me laissant la recette, mais j'ai mis le four trop fort sans surveiller en plus... voilà le résultat.

Son torchon entre les mains, il récupère la plaque de cuisson pour sortir le plat non mangeable et le poser au dessus de l'évier.

— Bon bah je crois qu'on va commander des pizzas, c'est préférable.

— Non, je vais vous aider à en faire une autre, à deux on ira plus vite.

Ignir me fixe étonné, ses yeux me scrutent un moment avant de me répondre :

— Tu dois avoir du travail pour le lycée, je ne veux pas t'embêter.

— C'est moi qui vous le propose Ignir. En plus j'aide de temps en temps Célia pour la cuisine alors je peux très bien vous aider.

Mon sourire le convainc finalement et nous commençons à rassembler les aliments nécessaires pour faire cette fameuse tarte au thon et poivrons.

La maison ne comporte que nous, Natsu est à son entraînement de basket, Erza est chez Wendy pour un projet qu'elles doivent faire toutes deux pour le cours d'anglais, puis Roméo et Célia sont à son école comme me l'a expliqué Ignir.

L'occasion est donc parfaite pour que je puisse lui parler. Depuis le temps que je veux le faire, or à chaque fois ce moment est repoussé à cause d'un imprévu ! Soit Ignir n'était jamais là quand j'étais sur le point de me lancer, soit je n'étais plus prête à le faire ou soit quelque chose d'autre venait occuper mon esprit, comme le départ de Mika ou encore l'anniversaire surprise de Grey.

Cette fois il n'y a rien ni personne qui pourra m'empêcher de discuter avec le père Dragneel !

— Je voulais vous parler Ignir.

Du coin de l'œil, je le vois se stopper dans sa tâche qui est de couper les poivrons en fines lamelles. Je continue de recouvrir la pâte de fond de tomate toujours en fixant devant moi. Le couteau se remet à claquer contre la planche en bois en dessous des poivrons.

— Dis-moi.

Son ton est calme et même si nous nous regardons pas, je sais que j'ai toute son attention. D'un côté je suis rassurée de ne pas avoir son regard intrigué rivé sur moi, je n'aurais pas su trouver les bons mots et aurais forcément bafouillé à un moment donné. 

Sauf que le fait est que je suis toujours aussi stressée... j'espère sincèrement qu'il ne le prendra pas mal et que je ne vais pas venir compliquer les choses. Déjà qu'elles le sont assez, il ne manquerait plus que ça !

— C'est assez délicat en fait, sachez que je ne veux en aucun cas vous paraître grossière ou déplacée.

Je lâche un soupir, ce n'est vraiment pas évident... je le savais bien, mais d'être là, sur le point de tout lui dire me fait réaliser que c'est difficile de se lancer. Surtout que je ne fais même pas partie de leur famille, je suis juste la meilleure amie de sa fille. Il ne sait rien pour Natsu et moi, donc il ne va pas comprendre pourquoi je veux aider son fils aîné alors que je suis censée le détester.

— Ne t'en fais pas, rien de ce que tu pourras dire ne me fera penser ça de toi. Tu es une bonne fille, tu l'as toujours été et mon avis ne changera pas, quoi que tu dises.

Je l'observe quelques secondes avant de fixer de nouveau la pâte commençant petit à petit à se recouvrir de fond de tomate. Son visage aborde un sourire sincère, ses mots me font plaisir mais ne me rassure par pour autant. 

Comment être sûre qu'il ne changera pas d'avis ? Je ne peux l'être et je dois prendre le risque de potentiellement le froisser pour aider celui dont je suis amoureuse, je lui dois ça.

— Je sais que ça ne me regarde pas et que vous avez vos raisons de penser comme vous le faites, mais est-ce qu'il serait possible pour vous d'envisager d'assister à un match de Natsu ?

Le mouvement et le bruit régulier du couteau se stoppe de nouveau. Je ferme les yeux quelques secondes, finis de recouvrir la pâte de la substance rouge et reprends la parole avant qu'il décide de couper court à la conversation.

Maintenant que je suis lancée, je ne peux pas m'arrêter en si bon chemin. Tant pis pour les conséquences qu'auront cette conversation, je ne veux avoir aucun regret !

— En ce moment ils sont en pleine qualification pour pouvoir participer au tournoi inter-lycée. Les matchs s'arrêtent dans trois semaines, il ne reste que trois matchs. Je suis au courant que vous ne voulez pas que votre fils se lance dans une carrière professionnelle, mais le basket c'est vraiment sa plus grande passion et j'ose croire que si vous le verriez jouer ne serait-ce qu'une fois, vous pourriez le constater par vous-même.

Je me coupe dans mon récit en refermant le pot de fond de tomate. Ignir n'a pas repris son activité et je n'ose pas le regarder par peur de voir un visage fermé, peur d'être découragée à poursuive si je le l'aperçois.

— Si jamais vous lui privez de cette passion à cause d'une mauvaise note, il sera anéanti car Natsu est heureux et épanouit en faisant du basket. Je ne l'ai jamais vu aussi comblé que quand il pratique ce sport et c'est comme ça que j'ai compris que le basket faisait parti de lui, de son identité, de sa vie.

La boîte de thon étant déjà ouverte, je commence à disposer l'aliment un peu partout sur la pâte désormais couleur rouge.

Je me crispe quand je l'entends souffler et crois manquer de tomber dans les pommes quand je comprends qu'il va me répondre. Je retiens mon souffle m'attendant à tout, mais surtout au pire.

— Je n'irai pas le voir jouer si c'est ça que tu espères. Je crois que l'avenir de mon fils n'est pas dans ce milieu, j'en suis persuadé et rien, pas même le voir jouer ne me fera changer d'avis.

Malgré le fait qu'il me parle doucement et poliment, sa voix est ferme. Je comprends bien qu'il ne changera pas d'avis.

Je ne peux cacher ma déception en soupirant complètement anéantie d'avoir échoué même si c'était prévisible. J'espérais réussir à la convaincre, sincèrement je pensais au moins avoir une petite chance pour qu'il accepte d'assister à un seul match de son fils... j'ai eu tort d'y croire ne serait-ce qu'un peu.

J'ai été incapable de venir en aide à mon ennemi et ça me démoralise vraiment. J'ai tellement envie de l'aider mais je n'y suis pas parvenue... pardonne-moi Natsu.

— Je suis désolée de m'être mêlée de ça.

— Tu n'as pas à t'excuser.   il recommence à couper les poivrons.   C'est vraiment gentil à toi d'aider celui que tu aimes.

Je pousse un hoquet de surprise en lâchant accidentellement la boite de thon dans la pâte. Je jure intérieurement de m'être fait déstabiliser si facilement, reprends la boite dans mes mains alors que le rire d'Ignir vient s'infiltrer dans mes oreilles.

— Franchement tu pensais vraiment qu'on ne s'en rendrait pas compte avec Célia ? Bon il est clair qu'elle l'a su à la seconde où tu viendrais vivre avec nous, moi j'étais plus réticent à vrai dire, mais il faut croire qu'elle avait raison.

Le rouge me monte aux joues, la conversation vient de prendre un virage inattendu et cela me rend mal à l'aise, très mal à l'aise !

Oui je savais bien que Célia s'en doutait, ses regards et certaines de ses phrases montraient qu'elle le savait bien, mais ni Pinky, ni moi ne lui avons confirmé. Sauf qu'Ignir s'en doutant également me surprend réellement, je ne me doutais pas qu'il s'en apercevrait.

— J'ai eu la confirmation il y a quelques minutes.

— Com... comment ?   je réussis à formuler malgré tout.

Le couteau se stoppe une troisième fois, mais cette fois c'est parce qu'il a terminé de couper les poivrons. Je prends mon courage à deux mains et lève les yeux vers le paternel des Dragneel, ses orbes vertes, identiques à celles de mon ennemi, me fixent amusé.

— Le fait que tu l'aies appelé Natsu au lieu de Pinky m'a pas mal aidé. Jamais tu ne l'avais appelé par son prénom devant moi et je dois t'avouer que ça me fait tout drôle.

Il ricane, je me détends un peu mais ma gêne est toujours présente.

— Tu disais que jamais tu n'avais vu Natsu aussi comblé que quand il jouait au basket, sauf que c'est faux.

Je fronce les sourcils ne comprenant pas où il veut en venir, son sourire se formant sur son visage fait chauffer un peu plus mes joues. Bon sang j'ai l'impression que je vais fondre !

— Depuis que vous êtes ensemble, il est plus qu'heureux, il est épanoui. C'est un miracle puisqu'aucune de ses copines, si je peux les appeler ainsi, ne le rendait comme il est aujourd'hui avec toi.

C'est dingue, comment peut-il savoir tout ça alors que nous nous sommes jamais affichés devant ses parents ? L'une des phrases de Lisanna me revient en tête :

"j'ai vu par moment les regards que te lançait Natsu. Un regard remplit d'une tendresse infinie , un regard que je n'avais jamais vu auparavant et qui veut absolument tout dire."

Est-ce que c'est à cause de ce regard là qu'ils nous ont grillé ?

— Mon fils te dévore des yeux et toi, tu te préoccupes énormément de lui. Rien qu'à voir ton regard en ce moment prouve que j'ai raison, tes yeux brillent d'inquiétude envers lui.

Je baisse la tête à mesure que la conversation défile, je me sens mal à l'aise et n'arrive plus à soutenir son regard.

— Ne t'en fais pas, si vous n'avez rien dit c'est pour une bonne raison et crois-moi je ne vous embêterai pas. Ni Célia, ni moi, promis.

Je sais qu'il tiendra sa promesse, mais le fait de savoir qu'il est au courant va me perturber. Bordel comment on en est arrivé à ce stade sérieusement ? Tout le monde le remarque alors qu'on ne s'affiche pas, tout le monde sauf nos amis ! À moins qu'ils font semblants de rien voir pour nous laisser leur annoncer... mais comment Léo a pu le deviner et pas Mirajane qui sait tout d'habitude ?

Il est impossible pour Mira de tenir sa langue, c'est elle qui nous a balancé en début d'année scolaire que Wen' était amoureuse de Rogue ! Sans son intervention, personne ne l'aurait jamais deviné. Surtout que Wendy ne veut être avec personne à cause de ce qu'elle a vécu : l'abandon de son père.

Trop de choses m'échappent et je déteste penser que peut-être d'autres personnes savent pour nous, or qu'ils le gardent pour eux. Il va vraiment falloir qu'on l'annonce au moins à Grey mais quand ? Ça je ne le sais pas encore...

— Tu es une très bonne fille Lucy, cet instant vient de me le confirmer davantage. Mon fils à une sacrée veine de t'avoir, j'espère qu'il ne fera pas n'importe quoi.

J'ose de nouveau affronter son regard et je peux y lire de la fierté, ainsi que de la bienveillance. Je suis très contente et touchée d'entendre ses paroles, je crois que j'avais besoin de les entendre. Puis venant du père de Natsu ça a un effet bien plus important.

Mon sourire apparaît alors, je penche la tête sur le côté en fermant les yeux.

— C'est moi qui ai de la chance de l'avoir.

Nous poursuivons ensuite la conception du repas de ce soir dans une ambiance détendue où Ignir me raconte l'une des anecdotes drôles de l'enfance de mon copain que j'ignorais totalement.

Certes je n'aurais pas réussi à convaincre Ignir Dragneel de venir assister à l'un des matchs de son fils. En revanche, la défaite bien que décevante ne me plombe pas entièrement le moral après les paroles gentilles et rassurantes du père de famille.

Savoir qu'il est heureux pour nous et se fiche qu'on était censé se détester me rend heureuse. Il ne nous juge pas et c'est une victoire. J'en aurais au moins remporté une, c'est déjà ça.

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Hey !

Voici le chapitre 26 !

J'espère que vous avez aimé !

N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire !

Si vous avez la moindre question, je me ferais un plaisir de vous éclairer ^^

Le chapitre 27 arrive bientôt !

Kisu ♥