25.
Natsu
SIXIÈME MOIS
Vendredi 27 Février | 13h05 | lycée Fairy Hils
Je traverse rapidement la cour pour rejoindre le gymnase. Il fait si froid en ce moment que plus personne ne traîne dehors... soit les gens restent dans les couloirs, soit ils trouvent refuge à la bibliothèque. Même les fumeurs ont temporairement arrêté la fumette vu les températures peu élevées.
Excepté Grey, qui lui pourrait carrément fumer même s'il neigeait dehors ! Ce gars n'a jamais froid, je ne sais vraiment pas comment il fait car moi je me les caille sévère rien qu'en traversant cette cour interminable.
Il ne me reste plus qu'un mètre avant de pouvoir me réfugier dans le gymnase. J'entends alors des bruits de pas dans mon dos, puis on vient crier mon prénom. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour voir de qui il s'agit, sa voix est vachement reconnaissable en même temps.
Je presse le pas ne voulant aucunement lui parler, mais bien entendu ça aurait été trop beau qu'elle n'insiste pas. Son corps passe devant moi, puis vient se mettre juste devant la porte accédant au gymnase pour me faire barrage. Mes yeux la fusillent du regard mais ça ne l'impressionne guère, elle n'a pas l'air de vouloir rebrousser chemin.
On se dévisage longtemps avant qu'elle ne prononce une deuxième fois mon prénom. Je grimace en serrant la mâchoire.
— Pousse-toi Lisanna, j'ai entraînement là.
Mon ton glacial ne fait pas sourciller une seule seconde la benjamine des Strauss. Ses prunelles bleues océan brillent d'une lueur de détermination que je connais bien. Peu importe si je la rembarre ou l'insulte, mon ex ne bougera pas tant qu'elle ne m'aura pas déballé ce qu'elle a à dire. Je la connais assez pour en avoir la certitude et ça me saoule d'avance... je n'ai aucune envie de lui parler car si aujourd'hui je suis en froid avec ma copine c'est à cause d'elle !
Depuis que ces deux-là se sont rapprochées, elles passent beaucoup de temps ensemble ce qui a surpris tout le monde dans le groupe, à part Mira et Erza qui étaient déjà au courant. Lisanna n'a rien tenté pour le moment, mais je sais bien que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne me montre son vrai visage.
Lucy a très mal pris le fait que je ne la crois pas, mais elle ne connait pas mon ex aussi bien que moi et c'est loin d'être la sainte qu'elle pense. Erza dit que je suis aveuglé par la haine que je lui porte mais c'est faux ! Je suis persuadé que Lisanna veut m'atteindre en se rapprochant de ma copine.
Depuis notre dispute, on ne s'est pas vraiment reparlé. Lucy me fuit pour changer... ça me rappelle quand elle m'évitait après que l'on se soit embrassé ou carrément quand nous avons couché ensemble. Je déteste être dans cette situation, j'ai l'impression qu'on a remonté le temps et que toute la période où on s'est mis ensemble a été effacée comme ça, en un claquement de doigt.
Le pire c'est qu'elle me manque terriblement, Luigi a beau faire la dure, je vois bien que je lui manque aussi et ça me rassure pas mal je dois l'avouer. Cette distance entre nous sert au moins à quelque chose, nous prouver qu'on a besoin l'un de l'autre...
— Il faut qu'on parle.
— Vas-y bouge de mon chemin !
Ma patience a des limites et déjà que j'en n'ai pas de base alors pour cette meuf, ce n'est même pas la peine d'y songer.
— Je ne bougerai pas Natsu !
— Putain mais je n'ai pas le temps là ! En plus il fait trop froid là !
— Tout dépend de toi. Si tu me laisses parler tu pourras vite rejoindre le gymnase et te mettre au chaud.
Je serre le poing en la dévisageant, merde je suis coincé ! Y a aucune autre entrée et je ne vais pas m'introduire par la force... je ne suis pas comme ça. J'ai beau la détester, jamais je ne la bousculerai pour autant, c'est une question de respect.
— Tu n'es qu'un idiot ! Pourquoi tu es si cruel envers Lucy ?!
J'écarquille les yeux, tourne la tête partout autour de moi pour voir si personne n'est dans le coin, puis fais un pas vers Lisanna toujours aussi furieux.
— Bordel ferme-là !
— Oh ça va, il n'y a personne ! Pourquoi tu crois que j'ai décidé de te courir après dehors ? Personne ne traîne dans les environs avec ce froid.
Sur ce coup elle a raison je dois l'admettre... même ce salopard de Léo et toute sa clique ne traînent pas dans la cour alors qu'ils sont toujours là pendant la pause déjeuner d'habitude.
— Et après ? N'importe qui peut sortir du gymnase.
Elle roule des yeux en lâchant un soupir.
— Je ne serai pas longue ok ? Je veux juste te dire que Lucy m'a plus où moins raconté ce qu'il s'est passé entre vous et évidemment tu as tort sur toute la ligne.
Bah voyons, est-ce très étonnant qu'elle me sorte ça ? Non, je m'y attendais. Je roule des yeux ce qui fait froncer un peu plus ses sourcils.
— Ne joue pas l'innocente Lisanna, pourquoi faire amie-amie avec ma copine sérieux ? Tu veux juste l'utiliser pour m'atteindre car tu es jalouse d'elle depuis que vous êtes gosses ! Tu ne supportes pas que je sois tombé amoureux d'elle et pas de toi !
Le bruit d'une claque vient résonner en écho dans la cour. Ma tête légèrement tournée vers la gauche, je sens ma joue me brûler sévèrement.
Bon sang elle vient de me gifler je n'y crois pas ! Alors que j'allais lui crier dessus, je me stoppe quand je vois son expression faciale. Son visage est tiré par la déception, ses perles bleues sont remplis de larmes prêtent à se déverser sur ses joues légèrement rouges à cause du froid.
J'hausse les sourcils étonné et perds toute colère envers elle. Ne sachant pas quoi dire je préfère me taire, ne voulant pas aggraver la situation. Il ne manquerait plus qu'elle pleure, franchement je l'ai assez fait chialer comme ça pendant le temps qu'on formait un "couple".
Je suis conscient que j'ai vraiment été un gros salopard avec elle, mais on savait tous les deux que se mettre ensemble était une erreur. Je l'avais prévenu, elle a cru qu'elle allait être l'exception à la règle en pouvant me changer or ça n'a pas fonctionné.
Voir pleurer une fille n'est pas agréable, mais encore plus plus quand c'est à cause de soi. Je n'ai jamais supporté ça et je regrette de lui avoir fait tant de mal. J'aurais dû refuser de me mettre avec elle comme je me l'étais dit, mais elle a tellement insisté que j'ai fini par céder... je regrette sincèrement.
— J'étais venue pour m'excuser auprès de toi, te dire que je regrette la fois où je t'ai balancé de telles horreurs le soir où nous avons rompu, que tu ne méritais pas ces mots et que je ne les pensais même pas. Je voulais aussi te présenter mes excuses pour les affiches que Bixrow a osé afficher dans tout le lycée, que ce n'était en aucun cas mon but de le pousser à faire une telle chose. Puis, je voulais aussi t'avouer que j'étais heureuse pour toi et Lucy, que vous alliez bien ensemble et que si tu avais pu trouver celle qu'il te fallait, j'étais comblée... voilà ce que je voulais te dire, mais toi tu t'en balances pas vrai ?! Tu es si sûr que je représente une menace pour ton couple que tu ne souhaites même pas faire un effort pour essayer de regarder la vérité en face ! Sérieusement Natsu, tu crois que je n'ai que ça à foutre de mon temps de trouver des stratégies pour te faire du mal ?!
Ses larmes coulent, mon estomac se tord.
— C'est vrai que j'ai toujours envié et jalousé Lucy, je ne peux le cacher mais je regrette vraiment. J'ai toujours voulu être son amie mais vu ce que je ressentais, je me le suis interdit. Je ne t'en veux pas d'être amoureux d'elle, au contraire, je suis heureuse pour vous, pour elle, mais surtout pour toi qui a pu évoluer de ce côté-là. Qu'est-ce que ça me procurerait de vous séparer ou de divulguer votre relation ? Rien, absolument rien et je ne suis pas comme ça. Je suis si blessée et déçue que tu me prennes pour une de ces filles clichées qui sont aveuglées par la jalousie et souhaite se venger à n'importe quel prix. Bref, je ne vais pas te déranger plus longtemps puisque tu es persuadé que je suis la méchante de l'histoire... crois ce que tu veux j'en ai plus rien à faire, mais ose refaire pleurer une seule fois Lucy et je te jure que je n'oserai pas te mettre une autre gifle !
Lisanna me jette un regard glacial, un regard que je n'avais jamais vu chez elle auparavant et qui me fait reculer d'un pas. C'est quand elle s'éloigne de moi que je comprends que j'ai été trop loin et que oui, je me suis bien trompé... comme un putain de crétin !
Sa déception est flagrante et c'est ça qui m'a fait douter, puis j'ai compris que j'avais eu tort en voyant à quel point son discours débordait de sincérité. Lisanna ne sera pas un obstacle entre Lucy et moi et même si j'ai dû mal à le réaliser puisque j'étais sûr et certain d'avoir raison, je ne peux pas la laisser partir comme ça.
— Attends Lisanna !
Je fais volte face, mon ex s'est arrêtée mais me montre encore son dos.
— Je suis désolé... je te crois et je ne voulais pas te dire ce que je t'ai craché. J'étais aveuglé par ma colère d'être en froid avec Lucy et je t'ai tenu pour responsable.
— Je sais.
— Excuse-moi... j'ai fait n'importe quoi avec elle, avec toi. Je regrette tellement tout ce qu'il s'est passé et si je pouvais remonter le temps, je le ferai.
Un soupir s'échappe de ses lèvres, elle me fait enfin face en souriant doucement, toujours les larmes aux yeux.
— On est tous les deux coupables Natsu, ne te jette pas la pierre. Tout ce que je souhaite c'est qu'il n'y ait plus cette tension entre nous.
— Pareil.
Son sourire s'agrandit, j'en esquisse un aussi. Être là, dans la cour du lycée, seul avec mon ex en train de lui sourire est juste une scène improbable. Si on m'avait dit ça en début de semaine je ne l'aurais pas cru un seul instant.
— Tout est ok alors ? j'ose demander.
— Oui, tout est ok Natsu.
La benjamine des Strauss me sourit une dernière fois avant de rejoindre le hall du lycée.
J'entre ensuite dans le gymnase au pas de course pour rejoindre les vestiaires et me changer en vitesse. Je sais que je vais me faire engueuler par le coach mais honnêtement, je suis si soulagé de savoir que Lisanna ne prépare rien de tordu que je suis prêt à recevoir les cris de mon entraîneur.
Il ne me reste plus qu'une seule chose à faire : m'excuser auprès de Lucy et prier pour qu'elle accepte de me pardonner ! Bordel je me suis vraiment comporté comme un vrai connard sur ce coup là.
Samedi 28 Février | 17h18 | chez les Fullbuster
— Mon dieu tout le monde est là ?!
Mira court partout depuis que nous nous sommes tous introduit chez mon meilleur ami pour préparer son anniversaire surprise. Heureusement que Lucy n'est pas là et que c'est elle qu'on a tous désigné à l'unanimité pour occuper Grey le temps qu'on finisse les préparatifs. Si elle avait été là, le stress de Mirajane aurait déteint sur elle à coup sûr ! Gérer Mira est assez épuisant...
Je regrette de ne pas avoir pu trouver un moment avant cet événement pour m'excuser auprès de ma copine. Hier soir elle dormait déjà quand je suis rentré et il était hors de question que je la réveille pour ça. Puis ce matin, je l'ai loupé de peu puisqu'elle est partie très tôt faire les courses que Mira lui a demandé. Elle n'est jamais rentrée à la maison, je me doute qu'elle a directement filé chez les Strauss pour résumer une dernière fois leur plan avant l'heure fatidique.
Je soupire désespéré, j'espère qu'on pourra s'isoler au cours de la fête sans que personne ne nous remarque, mais ça c'est moins sûr...
— Mira tu peux arrêter de t'affoler, tu me donnes le tournis là. se plaint Sting.
— Tout le monde est présent donc pas de panique. la rassure Yuki.
— Et si ça ne lui faisait pas plaisir ? S'il détestait l'idée ? Si c'était encore trop tôt pour faire la fête ?
— Pitié Mirajane calme-toi ! braye Erza se massant les tempes. Tout se passera bien.
— Oui, en plus Juvia est là donc ça ne peut que lui faire plaisir.
Wen' sourit à la concernée qui rigole joyeusement.
— À mon avis il va vraiment être content, le fait que vous ayez fait tant d'efforts pour lui organiser tout ça. confirme la copine de mon meilleur ami.
— Il a juste intérêt en fait. Rogue roule des yeux lassé.
— Mais oui, tout va bien se passer Mira. sourit Jellal.
Alors que l'aînée des Strauss semble se calmer, Sting la fait de nouveau paniquer en disant :
— Les gars, ils arrivent !
— Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu !
— Tout le monde se cache allez ! nous presse ma sœur.
Il ne faut pas nous le dire deux fois, on se met tous à courir un peu partout pour trouver une cachette.
Nous pouvons distinguer les pas de la star du jour et de ma copine se rapprocher dangereusement. Leur conversation est audible, ils discutent du film qu'ils ont été voir au cinéma et apparemment, Grey n'a pas vraiment kiffé.
— Tu plaisantes ? C'était tellement nul que j'ai cru m'endormir.
— N'abuse pas non plus hein, tu étais à fond vers la fin.
La clef entre dans la serrure, puis elle se déverrouille.
— Parce que c'était le seul moment intéressant en fait.
La porte s'ouvre lentement, trop lentement.
— Mais bien sûr.
Lucy entre la première, j'aperçois qu'elle balaye du regard la pièce et nous fait un signe quand le brun est de dos pour fermer la porte.
Le signal est donné, une fois qu'il se retournera, nous bondirons de nos cachettes pour lui signifier notre présence.
Mon meilleur ami se retourne alors, tout le monde sort en même temps de sa cachette pour crier en chœur :
— JOYEUX ANNIVERSAIRE GREY !!!
Lucy explose de rire en voyant son meilleur ami écarquiller des yeux et ouvrir grand la bouche. Elle se jette dans ses bras en lui soufflant "Surprise !".
Il la serre contre elle en lui déposant un baiser au dessus du crâne avant de s'éloigner pour nous remercier tous :
— Bon sang, alors ça je ne m'y attendais pas.
— C'est le but d'une surprise vieux. dis-je en ricanant.
— Merci les amis c'est...
Il se coupe immédiatement quand il remarque enfin la véritable surprise de cette fête. Juvia lui sourit de toutes ses dents alors qu'il se liquéfie sur place croyant rêver.
— Joyeux anniversaire mon amour.
Après Lucy, c'est au tour de Juvia de sauter dans les bras de la star du jour. Il peine toujours à réaliser que sa copine est bien présente, c'est quand elle réclame qu'il la serre contre elle que ce dernier réagit enfin.
— Juvia putain, tu es là !
— Bah oui gros malin !
Il répond enfin à son étreinte avant de l'embrasser amoureusement.
Pour une raison qu'on ignore, Sting se met à applaudir et encore plus étrange, on l'imite sans trop se poser de questions.
Le bonheur des retrouvailles de ce couple font pleurer Mira et Yuki. J'observe ma copine qui a les larmes aux yeux, elle non plus elle n'est pas loin de verser des larmes de joie. Je sais que voir son meilleur ami combler pour la première fois depuis le départ de Mika la rend heureuse et émotive.
On était tous mal de voir notre ami déprimer, en particulier ma pire ennemie qui ne supporte pas de le voir dans un tel état. Apercevoir un vrai sourire de Grey nous soulage tous et je suis content que l'idée de Mira ait fonctionné. J'avoue que je n'étais pas vraiment sûr que ça lui plaise au début, mais j'ai eu tort et c'est mieux ainsi.
Je croise alors un regard noisette, on se fixe pendant de longues secondes avec tant d'intensité que je suis sûr le point de traverser le séjour pour la rejoindre et la serrer contre moi. Notre contact visuel se coupe alors quand les deux amoureux se séparent.
Je reviens alors à la réalité en me reprenant. C'est n'est pas du tout, mais alors pas du tout le moment de se faire cramer !
— Merci infiniment, je suis vraiment touché...
Wendy est la première à venir le serrer contre elle, puis chacun notre tour nous venons prendre Grey dans nos bras.
...
Appuyé contre la baie vitrée donnant sur le jardin, j'observe la pluie s'écraser contre la vitre.
Tout le monde a l'air de s'éclater et c'est cool, mais moi je n'ai pas vraiment la tête à m'amuser. La situation avec Lucy me préoccupe beaucoup trop, la culpabilité me ronge de minute en minute et je n'arrive pas à trouver un moment pour l'aborder sans que ça paraisse louche.
Je soupire en portant mon gobelet en plastique à mes lèvres pour boire une gorgée de coca.
Une présence vient s'appuyer à l'extrémité de la baie vitrée, juste en face de moi. Juvia me sourit doucement en ne me lâchant pas du regard. Je lui souris aussi en ne faisant rien paraître sur mon visage, mais ses prunelles se plissent et je comprends qu'elle m'a cerné.
— Dis-moi Natsu, tu n'aurais pas un truc à me dire ?
J'observe le liquide noir dans mon gobelet pour ne pas me laisser intimider par les yeux bleus perçants de mon amie. Juvia est loin d'être aveugle, cette fille est discrète mais elle observe énormément et en sait bien plus qu'on ne pourrait le croire.
Ça ne m'étonnerait même pas qu'elle ait compris pour Lucy et moi. Qu'une autre personne soit au courant me déprime, ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'on ne l'assume. Jamais je ne presserai mon ennemie à tout dire vu ce qu'elle a subi, c'est à elle de choisir quand est-ce qu'elle veut qu'on l'officialise.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Allez ne joue pas au plus malin, j'ai bien vu que quelque chose avait changé entre vous.
Je lâche un profond soupir qui fait de nouveau apparaître son sourire.
— Mon dieu mais il s'est passé tant de choses depuis mon départ ! D'abord Sting et Yuki, ensuite Mira et Luxus, ce n'est plus qu'une question de temps pour que Wen' donne sa chance à Rogue et maintenant vous deux !
— Juvia...
— Sauf que ce que je ne comprends pas c'est pourquoi vous n'avez rien dit.
— C'est compliqué.
Je n'ai pas envie de nier, ça ne servirait à rien connaissant Juvia, puis je n'ai pas la force de prendre cette voie maintenant.
— J'ai bien compris, vous semblez en froid non ?
— Ouais et c'est ma faute, j'ai merdé.
Juvia s'approche de moi pour éloigner la distance qui nous sépare. Elle regarde autour d'elle pour vérifier qu'aucune oreille indiscrète nous écoute et baisse le ton pour que je sois le seul à l'entendre :
— Je lui ai dit de monter dans la chambre de Grey car j'avais besoin de lui parler.
Mes sourcils se froncent d'incompréhension alors qu'elle roule des yeux exaspérée.
— Fonce la rejoindre imbécile !
— Oh.
J'entre ouvre la bouche étonné, bordel elle avait tout calculé ! C'est tout elle ça et pourtant cette fille arrive toujours à me surprendre.
— Juste une chose. m'arrête-t-elle alors que j'allais partir. Ne tardez pas à le dire au moins à Grey car s'il vous surprend par hasard, il va vraiment être blessé que ses deux meilleurs amis n'ont rien osé lui dire.
Le regard sérieux de Juvia me fait déglutir. Elle a totalement raison et bien entendu nous voulons que Grey l'apprenne par nous et pas au hasard ou par quelqu'un d'autre. Sauf que ce n'est pas encore le moment des révélations.
— Ne t'en fais pas Juvia. je lui souris. Merci, c'est bon de t'avoir parmi nous.
Un sourire touché prend possession de son visage, elle me remercie du regard et file rejoindre son copain près du buffet.
Je rejoins la chambre de mon meilleur ami le plus vite possible en faisant gaffe de ne pas me faire voir par qui que ce soit.
Une fois devant la porte de chambre, je rentre précipitamment en refermant aussitôt, puis verrouille la porte pour ne pas qu'on soit dérangé ou surpris.
— Pinky mais qu'est-ce que tu fais là ? hausse-t-elle le ton.
Ses yeux grands ouverts me fixent comme si j'étais devenu fou. Heureusement que la musique est assez forte, on n'est pas obligé de chuchoter en risquant de nous faire entendre.
— Juvia m'a dit que tu étais ici.
Ses orbes s'ouvrent encore un peu plus, elle reste interdite avant de se passer les deux mains dans sa longue chevelure blonde.
— Quoi mais comment...
— Elle le sait, c'est pour ça qu'elle t'a demandé de l'attendre ici. je la coupe ne voulant pas perdre plus de temps dans de longues explications. Elle voulait m'envoyer pour qu'on puisse parler tranquillement.
— Voilà pourquoi tu as verrouillé la porte...
Ma copine finit par se laisser tomber sur le lit de notre meilleur ami en commun, me tournant le dos au passage. Je décide de me mettre en face d'elle en m'appuyant contre le mur derrière moi.
Son regard est baissé, elle fixe le sol ou ses chaussures trouvant sans doute cela plus intéressant que de me regarder moi. Je n'arrive pas à voir si elle est furieuse, triste, mal, blasée ou peut-être un mélange de tout ce que je viens de citer.
— Écoute je suis désolé Lucy... j'ai déconné j'en suis bien conscient mais j'étais si sûr que Lisanna allait nous la faire à l'envers que je n'ai pas voulu t'écouter.
— Elle m'a dit qu'elle t'a parlé hier.
Je me mords l'intérieur de ma joue m'attendant au pire, c'est sûr qu'elle va s'énerver contre moi de l'avoir mal accueilli, en sortant en plus des propos blessants.
Son regard s'ancre alors dans le mien, il est si froid que ça me fait déglutir. Je l'ai mérité après tout...
— Tu t'es montré odieux envers elle.
— Je le regrette vraiment...
— Je sais.
Cette fois c'est à moi d'écarquiller les yeux en voyant un sourire timide se dessiner sur son visage. Certes il ne dure pas très longtemps, mais cela suffit à mon cœur pour reprendre un rythme à peu près normal et me soulager au passage.
— Tu as avoué que tu avais mal agi et je suis vraiment heureuse que tu aies reconnu tes torts.
— Mais ?
Je ne suis pas idiot, je vois bien qu'il y a quelque chose qui la chagrine et la gêne encore.
Quand je vois ses prunelles briller à cause de ses larmes qui montent, mon estomac se retourne et une douleur envahit mon organe vital.
Je déteste voir une fille pleurer en temps normal mais alors quand il s'agit de Lucy, tout est multiplié par dix. Je me sens juste comme une sous-merde, incapable de prendre soin de celle que j'ai choisi, incapable de la rendre heureuse, incapable de la protéger et pas du tout digne d'être avec elle.
— J'ai été réellement blessée que tu ne puisses pas me faire confiance...
Ne pouvant plus supporter ce spectacle, je m'installe à ses côtés et lui prends ses mains. Je les serre en espérant que mes mots l'apaiseront et lui remonteront le moral.
— J'ai confiance en toi Lucy, n'en doute jamais. J'étais juste persuadé que Lisanna allait nous la mettre à l'envers.
— Tu n'as pas voulu me croire quand je t'ai dit qu'elle n'allait rien faire.
— Comprends-moi juste deux secondes, elle reste mon ex et vu que je lui ai fait du mal, je pensais qu'elle allait se servir de toi pour m'en faire aussi.
Son visage se tourne dans ma direction, ses sourcils sont légèrement froncés, elle est en plein dilemme je le vois bien.
— Tout ce que je voulais c'est que personne ne te fasse de mal pour m'atteindre moi.
Ses perles se perdent dans les miennes, puis elle se rapproche de moi un peu plus.
— Je le sais aussi et c'est pour ça que je comprends ta réaction malgré tout.
Le sourire qu'elle m'envoie appuie ses paroles et me fait comprendre qu'elle est sur le point de passer au dessus de toute cette histoire.
— Alors ?
— Je suis désolée Natsu. J'aurais dû essayer d'arranger les choses au lieu de fuir, mais j'étais si mal que je ne voulais plus te voir.
J'oublie le pincement au cœur que je ressens et lui souris.
— Je sais.
Alors que j'allais l'attirer contre moi pour la prendre dans mes bras, elle baisse les yeux et pousse un cri d'horreur me faisant sursauter.
— Oh mon dieu Natsu ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
À mon tour, je baisse le regard pour voir ce qui a pu la faire réagir ainsi et je capte alors la raison de son affolement.
Ma copine lève mes mains pour les rapprocher de son visage et observer attentivement les plaies sur mes phalanges. Merde, j'avais complètement zappé ce détail qui est pourtant loin d'être anodin.
— C'est rien...
— Comment ça c'est rien ?
Son regard me transperce, elle fera tout pour savoir ce qu'il s'est passé, en tout cas c'est ce que ses prunelles me font comprendre et honnêtement, je ne suis pas surpris car c'est tout Lucy Heartfilia ça.
— J'ai évacué ma colère...
— Sur quoi ?
— Les murs.
Un hoquet de surprise sort de ses lèvres fines et son air sévère se change en inquiétude. C'est tout ce que je voulais éviter, la voir s'inquiéter pour moi... depuis un moment c'est ce qu'elle fait sans arrêt, sans oublier aussi Grey pour qui elle est tracassée h24 pour tout et n'importe quoi.
La voir si préoccupée par lui me fout toujours assez en rogne et je me déteste de ressentir tous ses sentiments si négatifs. J'ai peur de ne pas pouvoir combler la place qu'il prend dans son cœur, de ne pas être aussi important et de passer toujours au second plan.
Je ne lui ai rien dit car je ne veux pas qu'elle me rassure, ce n'est pas mon but, mais plus le temps passe et plus mes doutes augmentent ce qui me fait vriller par moment et être désagréable avec tout le monde.
J'ai honte car elle a bien remarqué ce trouble et je lui ai promis de lui en parler le moment venu. Sauf qu'en réalité je n'ai aucune envie de lui dire.
Alors parfois pour me défouler, je frappe le premier truc se trouvant sur mon chemin. Cette fois c'était le mur et j'aurais dû m'abstenir car j'ai un mal de chien.
Elle ferme les yeux et pose ses lèvres sur mes blessures physiques, je ne peux m'empêcher de la trouver sublime à cet instant. Être son centre d'intérêt, obtenir toute son intention me fait du bien mais pour combien de temps ?
— Je t'en prie arrête de frapper tout et n'importe quoi et confies-moi ce qui te préoccupe tant.
Ses pouces caressent doucement mes phalanges sans les presser pour éviter d'appuyer et me faire mal.
— La distance entre nous me mettait en rogne...
— Non. me coupe-t-elle. Il n'y a pas que ça et je le sais.
— Tu as raison.
Elle me fixe, m'analyse, me scrute sous tous les angles pour voir si je vais en dire plus, mais elle n'a pas besoin car j'ai décidé de tout lui révéler malgré la honte, la culpabilité et la frustration que je ressens.
— J'ai affreusement honte de ressentir tout ça mais je n'arrive pas à passer au dessus. J'ai essayé mais c'est plus fort que moi Lucy, je n'y arrive pas.
— Tu n'arrives pas quoi ? Qu'est-ce qui te fait aussi peur ?
— J'ai peur de ne jamais passer avant lui.
Le silence qui envahit la pièce n'est pas surprenant. Son expression est totalement larguée, elle ne s'y attendait aucunement. Je suis sûr que ma copine s'est imaginée des tonnes de scénarios, différentes possibilités à mon comportement mais pas à celle-là.
— Tu veux dire que tout ça est lié à Grey et moi ?
J'hoche la tête alors qu'elle secoue la sienne.
— Mais enfin tu sais bien que nous sommes qu'amis lui et moi.
— Ce n'est pas de ça dont je te parle.
— Je ne comprends pas.
— Il est est ton meilleur ami oui ça je l'ai imprimé, mais il est très important pour toi. Tu t'inquiètes toujours pour lui, quand il part quelques temps il te manque affreusement, tu as besoin de le voir ou d'être en contact avec lui au moins quelques instants dans une journée. Il fait partie constamment de ta vie et je le respecte, mais j'ai peur qu'il passe toujours avant moi... que je ne prenne jamais la même place dans ton cœur que lui.
Je libère l'une de mes mains que Lucy tenait toujours pour la passer dans mes cheveux.
— C'est pathétique d'être jaloux du meilleur pote de sa copine, mais je n'arrive pas à passer outre et ça me bouffe.
— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ?
— Parce que j'ai honte Lucy.
— Tu n'as pas à avoir honte, je comprends.
J'arque un sourcil pensant avoir mal compris.
— Tu comprends ?
— Évidemment ! Si toi tu étais aussi proche d'une fille comme je peux l'être de Grey, je ressentirai exactement la même chose que toi.
— Tu rigoles ?
— Non je suis sérieuse.
Et elle l'est, son visage ne montre aucun signe de moquerie.
— Je suis désolée de ne pas l'avoir compris plus tôt car j'aurais pu te le dire avant.
Cette fois je fronce totalement mes sourcils ne comprenant rien.
— Me dire quoi ?
Elle penche la tête sur le côté, sourit et se rapproche encore de moi. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
— Je suis amoureuse de toi et tu comptes bien plus que tu ne l'imagines.
Mes oreilles bourdonnent, mon cœur s'affole, ma respiration se coupe et mes yeux s'agrandissent.
Depuis que nous sommes ensemble, c'est la première fois qu'elle m'annonce qu'elle est amoureuse de moi. Ni elle ni moi ne nous le sommes avoués et ça fait tellement du bien de l'entendre de sa bouche.
Mon ennemie pose ma main au niveau de son cœur. À travers le tissus de son haut, je peux sentir la chaleur de sa peau et la vitesse à laquelle son cœur bat. Il bat si vite qu'il rivalise avec le mien.
— Oui Grey est important car il est mon meilleur ami et le frère que je n'ai jamais eu, mais toi tu l'es tout autant car tu es mon ennemi depuis toujours et aussi mon copain. Je m'inquiète de la même manière pour vous deux et tu as ta place dans mon cœur. Tu n'as pas à avoir peur de lui, rien au monde ne pourra me faire changer ce que je ressens pour toi ! J'ai eu tellement de mal à l'accepter et à me l'avouer, ce n'est pas pour faire passer Grey avant toi, non.
Ses mots me font du bien, c'est comme si elle me mettait de la pommade et qu'elle cicatrisait toutes mes blessures instantanément.
Je pose ma tête contre sa poitrine, en passant mes bras autour de sa taille et la rapprochant de moi. Ses mains glissent dans mes cheveux pour les toucher lentement et tendrement.
— Merci, c'est ce que j'avais besoin d'entendre.
Elle rit attendrie, nous restons un moment dans cette position avant que je ne me redresse pour capturer son visage de mes mains.
— Je suis fou amoureux de toi Lucy Heartfilia.
J'ai juste le temps d'apercevoir ses beaux yeux noisette s'écarquiller avant de l'embrasser passionnément, voulant lui prouver à mon tour que rien au monde ne pourra changer ce que je ressens pour elle.
Cette fois j'ai vraiment l'impression que je suis sorti du tunnel sombre dans lequel j'étais prisonnier depuis un sacré bout de temps. J'espère sincèrement que plus rien ne m'y replongera car ma lumière c'est cette fille et si je ne l'ai plus auprès de moi, je sais déjà ce qui m'attend : tristesse, solitude et désespoir.
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Hey !
Voici le chapitre 25 !
J'espère que vous avez aimé !
N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire !
Si vous avez la moindre question, je me ferais un plaisir de vous éclairer ^^
Le chapitre 26 arrive bientôt !
Kisu ♥
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