9 - Dali
— Dali, grognait Aymar dans mon dos.
Je fourrai d'autres fringues dans mon sac, ne l'écoutant pas. J'étais au bord de la crise de nerf. J'avais tenté. J'avais tenté de dire à Nael que j'attendais son bébé. SON BEBE. LA seule chose qu'il ne m'avait jamais demandée et que je pouvais lui donner aujourd'hui. Et il n'avait pas réagi ! Il ne s'était rappelé de rien. Si je n'avais droit qu'à des flashs, comme quand il avait utilisé le surnom qu'il m'avait donné... Je secouai la tête, repoussant la petite sensation qui s'était niché en moi depuis ces trois mots. Mi dulce Locura...
Je frémis et fermai brutalement mon sac. Je contournai Aymar et sortis de ma chambre, mon sac sur le dos.
— Les gosses ! criai-je.
Regan sortit en premier des dortoirs, son sac prêt sur le dos. Il avait aussi le sac de tente sur le côté, tout comme Freya et Alexei. Je pris le mien en descendant les escaliers. Tout le monde me suivit au pas, silencieux. Ils devaient tous m'écouter de toute façon.
Ahmet me barra le passage à l'entrée de la maison.
— Dali, souffla-t-il. Ce n'est pas...
— Arrêtez de me dire quoi faire ou je vous jure à tous que je commencerais par faire complètement l'inverse de ce que vous me dites ! hurlai-je à son visage.
Ahmet ne réagit pas plus que ça. On parlait d'Ahmet. C'était un mur. Un putain de mur. Mais j'en avais marre de rencontrer des murs sur ma route.
— Tu n'as aucune autorité ici, soufflai-je. Et même si je te porte un certain respect, tu sais aussi bien que moi que le Nael que nous avons connu est mort. Il ne reviendra pas.
— Tu lui as dit, n'est-ce pas ? chuchota Aymar à ma droite.
Je sentis le regard inquiet de Saaya. Je jetai un coup d'œil à Aymar et quelque chose sur mon visage dut lui donner sa réponse car il grogna et se frotta le crâne.
— Et ça ne l'a pas fait réagir, grondai-je. Si ce genre de nouvelle n'est pas déclencheur, qu'est-ce qui pourrait l'être ?
— Il a réagi quand il t'a frappé, remarqua Ahmet. Il sait que tu es quelqu'un de particulier à ses yeux.
Je frémis mais repoussai cet argument de la main en pointant mon arcade.
— Pas suffisant, crachai-je.
— Il va revenir ici, Dali, remarqua Ahmet. Et il ne trouvera pas ce qu'il vient chercher. Nael reste une Main, avec un instinct de chasseur.
— Alors il me trouvera, grognai-je. Si vraiment il doit me trouver...
Je contournai Ahmet et sortis de la maison, les gosses derrière moi, tous en ligne. Chacun balança son sac dans le coffre du gros trafic que j'avais. Alors que j'y mettais le mien, je pivotai pour tomber sur Aidan. Regan prit son petit sac où il n'y avait que deux trois fringues et un sac de couchage. Il me regarda et je pris sa main. Je le fis grimper à l'arrière du trafic pour qu'il soit avec les autres. Je ne le laisserais pas derrière.
Darragh grimpa derrière le volant et démarra la grosse voiture qui nous transportait tous. Aymar me retint par le bras avant que je ne monte côté passager. Darragh gronda de son siège, mauvais. Je levai ma main pour le tempérer. Shane passa sa tête entre les deux sièges de devant. Son maudit couteau brilla un instant. Regan et Freya nous observaient à travers la vitre, mauvais eux aussi.
— Je ne supporte plus ça, Mar, grognai-je. Je ne supporte plus de le voir se comporter comme s'il ne s'était jamais lié à moi. Comme s'il ne m'avait jamais demandé ce putain de bébé.
— Dali, tu es la seule pièce manquante qui lui permette de rester stable, murmura Aymar. Que tu le veuilles ou non, vous êtes toujours liés. Les loups sont censés s'accrocher à ça non ?
Je secouai la tête.
— Notre lien n'est pas... vraiment vivant. Il est là, mais il est éveillé seulement de mon côté Aymar, soufflai-je. Tu sais ce que ça fait ? Tu sais ce que c'est de sentir que la personne qui te comprenais le plus n'est plus qu'un vague souvenir ?
Je détournai le regard alors qu'Aymar posa sa main sur mon bras.
— Tu fais ton deuil, c'est ça ? murmura-t-il.
Je m'écartai de lui en secouant la tête. Ma louve n'aimait pas ce qu'elle entendait. Pour elle, le loup de Nael était toujours là et à ce stade cela voulait dire qu'il était toujours nôtre. Mais je ne supporterais pas plus de voir son regard vide se poser sur moi en tentant de se rappeler tout ce qu'on avait pu vivre au cours des dernières années.
Ce n'était pas quelque chose dont j'étais capable.
Une voiture débarqua et je reconnus la voiture de Bajram. Je déglutis alors qu'il bondissait hors de sa voiture. Shay retourné chez lui, il pouvait enfin débarquer celui-là. Il courut vers moi et enroula son bras autour de mes épaules.
— Tu as été long putain, grondai-je.
— Je suis là. Allons-y, souffla-t-il en comprenant où je voulais aller.
— Fils, souffla Aymar contre les cheveux de Bajram.
Notre câlin me parut légèrement étrange et je m'écartai pour monter dans le camion. Il y avait trois places à l'avant et Bajram monta à ma suite. Il fit un signe à Aymar que celui-ci lui rendit. Timothy allait repasser dans la journée, il me l'avait dit. Mais je ne serais plus là pour entendre ses jérémiades. Yahto voulait foutre des coups sur la gueule de Nael, mais Ahmet ne le laisserait pas faire. Ni Auxann d'ailleurs. Alors qu'ils s'occupent tous de Nael, moi j'allais m'occuper de mes Recrues et de ma personne.
Bajram passa un bras autour de mes épaules et je me laissai aller quelques minutes contre lui. En fait, je m'endormis contre son flanc, me sentant relativement en sécurité pour faire ça.
Je fus réveillée d'un sommeil sans rêve quelques heures plus tard. Darragh avait conduit une bonne partie de la journée pour rallier l'endroit que je voulais atteindre. Si ce n'était que la seconde fois pour Alexei, Haydar et Shane, c'était bien la cinquième fois pour les plus vieux. Bajram observait Aidan qui nous avait rejoints à l'avant. Je crois qu'il s'était endormi un peu comme moi, sauf qu'il avait carrément glissé sa tête sur mes cuisses. Il dormait encore quand je clignai des yeux pour observer mon environnement. Je remarquai facilement qu'Aidan tenait la ceinture de Darragh d'une main et l'autre était sur ma cuisse. Darragh se gara devant un sentier qui menait dans les montagnes.
Je réveillai doucement Aidan qui cligna des yeux lentement, aussi groggy que moi. Darragh l'embarqua dehors et je laissais Bajram me tirer à sa suite. Il me prit un instant dans ses bras et j'en restais légèrement surprise. Je tapotai son dos alors qu'il se reculait et prenait mes joues entre ses mains.
— Je suis désolé pour cet empaffé de Nael, souffla Bajram.
Je secouai la tête et tirai sur ses poignets pour qu'il me lâche.
— Je ne veux pas en entendre parler ici, murmurai-je. D'accord ? Je suis venue ici pour essayer de calmer tout le monde, ma louve en premier. S'il te plaît... ne remue pas le couteau dans la plaie.
Le regard de Bajram s'attarda sur mon ventre avant de remonter vers mes yeux.
— Il a réussi à t'engrosser au final cet idiot, marmonna mon frère.
Je ricanai avant de secouer la tête, une émotion sombre s'enroulant autour de ma gorge. Je ne voulais pas en parler plus que ça aujourd'hui. Le bébé était là, mais il n'était pas encore sorti d'affaire. Comme son idiot de père.
— Peu importe ta décision, je serais là, Dadi, souffla Baj en frôlant mon menton de son pouce.
— Tu as flippé quand Rine était enceinte, murmurai-je. Tu as flippé pour Kam quand il a prit sa première bouffé d'air. Tu flippes encore maintenant alors qu'il est grand... Je...
Merde. La panique grimpa si vite que Bajram dut me serrer le bras jusqu'à ce que je pousse un cri de douleur. Regan se matérialisa à mes côtés. Son loup était dans ses yeux, son souffle court. Il maîtrisait difficilement ses instincts.
— Et Nael n'est pas là, Baj, grondai-je. Il n'est pas là alors que... putain... alors qu'il était censé être là. Avec toute sa putain de mémoire. Ce bébé ne peut pas rester là où il est si son père n'est pas là non plus.
La main de Baj sur ma joue, son regard dans le mien alors que Regan fulminait à côté. J'étais fière qu'il se retienne autant. Il n'était pas gaga de Bajram autant que Freya pouvait l'être. Ca donnait donc quelques disputes sur certaines choses.
— Je ne suis tout simplement pas faite pour ça, soufflai-je. J'y ai cru parce que Nael y croyait, mais maintenant qu'il n'est plus là, à quoi bon ?
Bajram soupira et posa son front contre le mien. Ce simple geste d'un frère à une sœur, rassura ma louve et la calma un peu. Elle cessa de faire des allers retours dans ma tête et se laissa faire entre les mains de Bajram.
— Si tu voulais ce bébé avec l'empaffé et qu'il n'est plus là, c'est ton droit d'arrêter, Dali, souffla Baj. Tu as le temps d'y réfléchir encore un peu. Respire.
Je hochai la tête et me redressai. J'allais avec Regan et les autres à l'arrière de la voiture et pris mon sac. Freya donna un sac de couchage à Bajram et ce dernier la remercia en lui frottant les cheveux de façon paternelle. Aidan lâcha Darragh pour se presser contre moi. Je pris sa main et me mis en marche.
Le sentier faisait des centaines de kilomètres et longeai tout le flanc de la montagne. Nous n'irions pas en haut cette fois-ci vu qu'il y avait Aidan.
Bajram et Darragh prirent le début de notre petit convoi à un moment. Regan prit Aidan sur son dos alors que Freya et moi nous partageâmes son paquetage. Il avait des ampoules aux pieds aussi grosses que ma main avec les chaussures que Freya lui avait trouvées.
Tout le monde était silencieux, mais de la bonne façon. Chacun était concentré sur sa marche, sur son corps, sur l'effort qu'il faisait, sur l'énergie qu'on dépensait.
Ici, c'était un endroit hors du temps. Je savais que les gosses aimaient bien y venir. C'était très calme, reculé de tout. La Maison était déjà un endroit reculé, mais pas autant qu'ici. Ce n'était pas la même chose.
A un détour du sentier, Darragh prit sur sa gauche, s'enfonça dans le contre bas de forêt. Notre petite planque se trouvait un peu plus bas. Regan et moi l'avions trouvé la première fois que je lui avais défoncé la gueule parce qu'il m'avait désobéi. Nous étions restés quatre jours ici. Sans rien du tout. Pas de tente, pas de sac de couchage. Seulement nos loups pour nous protéger de la nature. Comme il se devait.
Je pris une longue inspiration en voyant enfin notre petit coin qui se trouvait à côté d'une source naturelle. Elle n'était pas chaude, mais ça faisait l'affaire pour se laver. L'eau avait un petit courant qui permettait de faire partir ce que nous laissions dans notre douche naturelle.
Je déposai mon sac sur l'herbe humide et observai notre petit coin de replis. La vue était magnifique ici. Toute la forêt s'étendait sous nos pieds, sous nos yeux. Bajram se posta dans mon dos et glissa sa main sur mon épaule.
— Tout ira bien, souffla-t-il.
J'avais l'habitude de lui souffler ça quand Yahto venait pour se défouler. Je me raclai la gorge et lançai les instructions. Regan s'occupa d'aller chercher du bois pour le feu. Les autres montaient déjà les tentes. J'allais chercher la trousse de secours avec Freya et m'attaquai aux ampoules d'Aidan. Je les perçai avec une aiguille et un fil et il resta parfaitement immobile pendant toute la procédure. Il ne remit pas ses chaussures, resta pieds nus. Il avait dû vivre dans ce genre d'endroit, alors je ne m'en faisais pas.
J'allumais le feu avec Regan alors que Bajram installait des grosses branches pour qu'on s'asseye dessus. Il me demanda de lui raconter pour Nael, ce que je fis malgré moi. J'avais dit pas de Nael, mais j'y pensais trop pour ne serait-ce que mettre ça de côté. Surtout avec cette boule d'énergie dans mon ventre qui ressemblait à la sienne.
— Il a défoncé la gueule de Vassar, grimaçai-je.
— Il en avait envie depuis le moment où Vas est arrivé avec toi, remarqua Bajram en riant.
Les gosses étaient pour certains sous leur forme de loup et d'autres encore humain, pour Alexei, Aiden et Shane. Regan ronflait sur mes jambes alors que je caressai son pelage.
— Il aurait pu se retenir, grognai-je. Il s'était tenu jusque là.
Bajram frôla ma tempe encore un peu noire de mon coup.
— Et ça ?
— Rien de grave, marmonnai-je.
— Nael ne t'a jamais frappé ainsi, remarqua Bajram.
— Merci de le préciser, grimaçai-je.
Bajram soupira et enchaîna avec un autre sujet qui l'inquiétait un peu. Jude et Kamran avait fait depuis quelques temps fait une mauvaise découverte et il semblait qu'ils avaient récupéré le poids des conséquences avec eux. Bajram semblait inquiet de la tournure des événements autour de Kamran.
Kamran était un très bon mélange de ses deux parents. J'avais adoré ce gosse à sa naissance et l'avait bien fait chié quand il avait grandi. Il avait très bien tourné, même si Bajram avait toujours eu peur que Yahto ne se venge sur son propre petit fils. Kamran saurait gérer n'importe quel problème qui se présenterait à lui. Je n'en doutais pas.
— Aidan, dis-je doucement.
Aidan releva sa tête de l'encolure de Freya et m'observa. Il s'approcha lentement en boitant un peu. Bajram le regarda de haut en bas.
— Un peu maigrelet, commenta-t-il.
— Tu sais comme moi que la carrure de l'humain n'a rien à voir avec le loup, remarquai-je.
Bajram avait prit des muscles bien après l'adolescence. Il n'avait jamais été vraiment maigrelet, mais il n'était pas bien épais à une époque.
— Son loup, souffla Bajram.
Aidan écarquilla ses yeux. Il n'avait pas franchement parlé depuis qu'il était là et je voulais qu'il parle. Ne serait-ce que pour dire bonjour, ou merci. Il ne faisait que hocher la tête depuis qu'il était arrivé.
— Tu sais ce que tu vas devenir en étant ici, Aidan ? soufflai-je.
Le garçon me regarda pendant de longues secondes. Il jeta un coup d'œil à Bajram avant d'ouvrir la bouche sur un mot.
— Main.
Je souris et le regard d'Aidan s'écarquilla un peu.
— Tu vois, ton sourire fait peur, grogna Bajram.
Je ricanai avant de retourner mon attention sur Aidan.
— Tu sens ton loup, Aidan ? soufflai-je.
Il fronça les sourcils et secoua doucement la tête. L'odeur de sa panique grimpa dans mes narines et fit grogner ma louve.
— La seule chose que je pourrais permettre que tu ressentes en me regardant est la peur, Aidan, murmurai-je. En ce qui concerne ton loup, je veux simplement voir une confiance.
— Il a... commença Aidan.
Il frémit et détourna son regard, serrant ses mains contre son ventre. Je me levai et m'agenouillai devant lui. Je pris son menton entre mes doigts et émis une pression qui lui fit lever les yeux.
— Ici, ton loup aura le contrôle nécessaire pour ne plus refaire ce qu'il a fait, soufflai-je. Mais Aidan, n'oublie jamais qu'au fond, l'instinct chez un loup reste le même : il protège contre ce qu'il croit être un danger. A toi de lui faire comprendre ce qu'il a sous les yeux.
Aidan me regardait à présent avec des grands yeux remplis d'inquiétude mais aussi d'une certaine... Joie. Il n'était plus seul, abandonner face à un loup sans contrôle.
— D'ici quelque jours, tu viendras t'ajouter à ce qui est notre petite toile, soufflai-je. Tu ne seras lié qu'à moi. Pas aux autres membres de la Maison. D'accord ? D'ici là, ton loup restera encore un peu seul.
— Il n'aime pas ça, souffla Aidan.
— Je sais, admis-je. Mais c'est nécessaire. D'accord ?
Il hocha la tête et reparti vers la louve de Freya. Cette dernière lui lécha la joue et il lui sourit doucement avant de s'allonger contre elle. Je retournai à côté de Bajram et m'assis directement sur l'herbe, mon dos contre les jambes de Bajram.
Alors que la nuit était à présent bien noire, les enfants s'endormirent vite, épuisés par la montée. J'entendis Regan et Darragh parler à voix basse dans leur coin.
— C'est quoi son histoire à lui ? grogna Bajram en posant sa joue contre mes cheveux.
— Son loup a tué ses parents et sa sœur pendant sa première transformation, soufflai-je contre sa joue. Je pense que son père savait ce qu'il était et qu'il a voulu le soumettre.
— Il a l'air de venir d'un vieux village, grogna Baj'.
Je hochai la tête.
— Timothy ne m'a pas dit d'où il venait, mais il n'avait pas franchement des habits de la ville en arrivant. Et... il a reçu des corrections à l'ancienne.
Bajram soupira et secoua la tête.
— On en trouve vraiment des merdes partout... marmonna-t-il.
Je hochai la tête.
— Et il l'a compris ? Le mioche, remarqua Bajram. Qu'il avait tué sa famille.
— Je pense que oui, murmurai-je. Mais je pense aussi qu'au fond son loup l'a juste défendu contre des années de maltraitance. Juste... il n'avait pas assez de contrôle pour s'arrêter à son père.
— Qu'est-ce que j'aurais aimé m'arrêter à mon père, soupira Bajram.
Je le regardai, sentant ce ton qui n'annonçait rien de bon chez Bajram.
— Depuis combien de temps n'as-tu pas vu Rine ? soufflai-je.
— Quelques jours, admit mon frère en grimaçant.
— En rentrant, fais moi plaisir de passer une bonne semaine avec elle. Tu redeviendras relativement normal.
Il me fila un coup dans l'épaule avant de secouer la tête. Rine avait cet effet là sur Bajram.
Le lendemain, on passa la journée dans la forêt, toujours avec certains sous leur forme de loup. Je restai en humaine de mon côté pour des raisons évidentes, mais surtout pour qu'Aidan ne se sente pas seul. Il ne se transformerait pas de nouveau tout de suite. Je dirais même qu'il attendrait la prochaine pleine lune pour libérer son énergie lupine accumulée. C'était plus simple et moins douloureux de le faire quand notre astre était plein et diffusait sa puissance.
La matinée passa atrocement vite et bientôt, on prépara le repas du midi. Regan avait chassé de son côté et avait ramené plein de choses. J'eus ma première nausée en voyant le faon cuire sur le barbecue maison des garçons. Je terminai à quelques mètres de là, le ventre à l'envers et mon petit déjeuner par terre. Je restai dix bonnes minutes à vomir dans mon coin avant de pouvoir retourner vers les autres.
L'horreur.
Je ne mangeai rien de la journée, trop barbouillée. Bajram trouva du chocolat dans les affaires de Shane, mais même ça ne me donna pas envie.
Bajram lança un jeu qui réjouit les gosses. Certains avaient plus de cinquante ans, mais pour nous, ce n'étaient que des enfants. Ils auraient certes pu vivre dans le monde humain sans trop de problème. Cependant, ici, avec moi, ils restaient tous des loups sans contrôle à qui je devais apprendre comment gérer leurs moitiés.
Apprendre à gérer les responsabilités que leur poste leur incomberait plus tard.
Je regardai les mioches courir à perdre haleine pour attraper Bajram et son équipe. Certains roulèrent au sol en riant, d'autres en couinant. L'équipe sous forme de loup étaient bien plus rapides, mais cela leur apprenait que dans une chasse, peu importe la forme, il fallait courir.
Aidan était debout à côté de moi, tapant dans ses mains parfois et murmurant des ordres pour que l'autre équipe gagne. Je ne savais pas trop pour laquelle il était, mais en tout cas il était à fond.
Une autre journée passa ainsi et Bajram resta encore avec nous. LE soir il raconta des histoires d'horreur aux gosses. Freya partie pendant la nuit et malgré moi, je suis qu'elle était allé manger un truc sous sa forme de louve. Un mois était passé depuis sa dernière crise et j'avais beau la surveiller de près, parfois je la laissais faire. Regan l'avait suivi et ils revinrent avant le lever du soleil. Freya ne dit rien, mais ce jour là elle ne se transforma pas et resta à mes côtés. Sa façon à elle de dire pardon.
Le troisième jour, j'eus une nausée affreuse qui ne me permit pas d'aller crapahuter dans la forêt avec mes Recrues. J'étais encore en train de maudire le père de ce bout d'énergie qui me m'était à l'envers quand Freya cria.
Ma louve se redressa en moi, ce qui me fila encore plus la nausée. Je repoussai l'envie de vomir et me mis à courir vers le son que Freya avait lancé. J'esquivai plusieurs arbres alors que la voix de Bajram résonna à quelques mètres de là.
Je bondis hors de la lignée d'arbres pour arriver au bord d'un ravin. La peur du vide depuis que Nael était tombé me prit à la gorge et je tombai sur le cul, le souffle court et la tête dans un étau. Je secouai la tête avant que Freya ne m'aide à me redresser. Je posai mon regard sur Regan qui avait Aidan sur le dos et qui remontait difficilement du ravin.
— Il n'a pas vu le ravin, grogna Freya.
Bajram agrippa les épaules de Regan et remonta les deux loups sur la terre ferme.
— Putain de merde ! crachai-je. Vous ne pouvez pas faire attention !
— On s'amusait Dali, soupira Regan.
Aidan tremblait comme une feuille et son loup jaillissait par intermittence dans son regard. Regan voulut tapoter son épaule, mais je sentis la connerie arriver avant que Bajram ne réagisse.
Je plaquai déjà le petit corps d'Aidan par terre, sa joue contre la terre meuble. Son corps fut prit d'un long soubresaut et il cria de douleur. Je laissai mon énergie le recouvrir entièrement. Ma puissance le cloua au sol.
— Ca suffit ! criai-je.
Son corps se figea sous mon ordre. Je glissai ma main sur son front et le liai à moi sans que Timothy n'intervienne, ce qui n'était pas très bien. Tant pis. Ma louve lia Aidan à cette petite toile que nous avions créée pour protéger les Recrues de trop graves blessures. Et pour ne pas que le loup, déjà en manque de contrôle, se retrouve dans une position de manque de liens. Je crois bien qu'Ahmet avait créé ça malgré lui à l'époque avec les Premières Mains.
— Tu vas m'obéir, maintenant, gronda ma louve contre l'oreille d'Aidan.
Le loup grogna par la gorge de l'humain et voulut se défaire de ma prise. Je le plaquai facilement au sol, de part sa taille et son poids, il ne pourrait pas me déloger et devait le comprendre.
— Laisse l'humain, ordonnai-je. Ou je te jure que je te ferais mal...
Le loup ne me voyait pas, mais il sentait qui j'étais pour lui maintenant. C'était presque inscrit dans les gènes d'une Main que le Régent donnait les ordres.
Le corps d'Aidan se fit plus mou et je sentis le loup reculer. Bajram me regarda.
— Il va y avoir du boulot avec celui-là, soupira-t-il.
Je hochai la tête et m'écartai d'Aidan. Je fis trois pas sur le côté et vomis mon petit déjeuner juste là, devant tout le monde. Je me redressai les mains sur les hanches, le vent frais sur le visage.
Bordel.
— Régente, souffla Regan.
Je pivotai vers lui. Il regardait dans mon dos. A vrai dire, tous regardaient derrière moi. Je me tournai vers le loup qui se trouvait là, suant, haletant et grognant. Le loup de Nael était légèrement plus gros que les autres loups. J'adorais son pelage. Il était toujours aussi doux que je me l'imaginais. Cependant, je pense qu'en ce moment, il ne l'était vraiment pas. Il avait de bout de branches partout, comme s'il avait couru avec l'enfer au cul. Il était sale et il devait avoir faim.
Je souris. Il avait mit du temps à me trouver.
Connard...
Je ne lui prêtais pas attention et aidai Aidan à se relever. Je sentis l'énergie de Nael se répandre sur mes épaules avant qu'il ne se transforme en humain.
— Putain mais qu'est-ce que vous foutez au milieu de cette putain de forêt ?
Bajram haussa un sourcil et ouvrit la bouche pour faire un commentaire déplacé j'en suis sûre mais mon regard l'arrêta.
Je pivotai d'un cran et me retrouvai nez à nez avec un Nael... énervé je crois. C'était difficile à dire vu que son visage exprima rarement aussi peu de choses.
— Pourquoi tu n'étais pas là où tu étais supposé être ? grogna-t-il à mon visage.
Je lui tins tête en silence le temps qu'il recule d'un pas et me laisse de l'air. Si je vomissais sur lui, ce ne serait que justice. C'était sa faute si je vomissais autant que je respirais. Ma puissance roulait encore autour de moi.
— Ferme ta gueule et va voir ailleurs si j'y suis, crachai-je.
Je voulus m'écarter, mais sa main se referma sur mon bras pour me ramener vers lui. Sa prise était assez serrée pour que je grogne de douleur. Bajram bougea, tout comme Regan.
— Fais attention à ce que tu fais, gronda Nael.
— Pourquoi ? Ca t'intéresse seulement ? Va te faire une nouvelle vie, voir si celle-là te convient mieux que celle que tu as oublié...
Son visage devint lisse d'un seul coup et il me lâcha.
— J'essaye de me souvenir, je te signale, cracha-t-il.
J'ouvris la bouche pour l'engueuler, mais la refermai. Je tirai Aidan derrière moi et repartis vers le camp pour m'éloigner du ravin et aussi de Nael. Ma louve était heureuse qu'il nous ait retrouvés, moi personnellement, je ne l'étais plus autant. Les gosses me suivirent et on prépara le feu pour ce soir.
Nael posa son cul non loin de moi, mais je ne lui prêtais pas attention. J'aurais aimé qu'il reparte, énervé contre moi plutôt que de revenir et de me dire d'aller me poser dans un coin pour qu'il puisse me retrouver aisément. Ce n'était pas comme ça que ça marchait. Jamais. Pas avec moi.
Bajram me prit à part dans la nuit pour qu'on puisse parler et me conseilla de rentrer de moi-même. Nael n'était visiblement pas stable du tout et si je le mettais en rogne, ça n'arrangerait rien. Donc encore une fois, c'était à moi de faire un effort ? Très peu pour moi.
Je restai éveillée sur ma couchette, observant le ciel au-dessus de moi. Je sentis Nael s'approcher et grondai. Il n'écouta pas l'avertissement et s'allongea à côté de moi, sans me toucher. Cela me fit mal, mais je ne le montrais pas.
— Ahmet a peut-être une idée, remarqua Nael à voix basse.
Je fronçai les sourcils et lui jetai un coup d'œil. Je roulai sur mon flanc et m'appuyai sur mon coude.
— Tu veux retrouver ta mémoire ? soufflai-je.
Nael grimaça et soupira.
— Ce gamin... Kéan... Il m'a dit qui tu étais pour moi. Il m'a dit pas mal de choses que j'ais faites... pour toi.
Nael avait donc vu Kean ? Intéressant. Nael avait toujours pris Kean sous son aile de manière passive et active à vrai dire. Il l'avait toujours surveillé de loin. Il l'avait aidé quand il avait été dans la merde.
— Dis moi, grogna-t-il, si tu avais tout oublié, tu ne ferais pas tout pour te rappeler ?
Je déglutis et ma main se posa malgré moi sur mon ventre. Un départ à zéro n'était parfois pas une mauvaise chose, mais ici ça l'était. Autant pour lui, pour moi ou pour le bébé.
— Dali...
Je clignai des yeux et le regardai. Il se dressa sur son coude et sa main se posa sur mon flanc. Je me figeai et l'observai. Il était plus proche non ? Merde. Je crois que j'avais envie de sexe. Je fermai les yeux alors que son souffle balayait mon visage.
— Ce serait grave qu'on couche ensemble avant que je retrouve la mémoire ?
La claque partit et des ricanements s'élevèrent. Nael ronchonna mais déjà je pivotai pour dormir. Je ne dis rien quand il se pressa contre moi. Son sexe était dur contre mon cul, mais il n'y pouvait rien. Même quand Nael voulait juste un câlin, il bandait.
Je ne le touchai pas en retour, n'en avais pas la force.
Le lendemain, on plia bagage et on rentra.
**
Je regardai Ahmet à côté du Trou qu'il y avait sur MA propriété. J'y avais foutu Regan, Freya et Darragh. Les autres n'y avaient pas encore eu droit, mais ils ne voulaient pas. Regan avait fait courir la rumeur que le corps de Kann y était et pourrissait l'eau. Regan et les autres savaient très bien que la dedans, il n'y avait que : le noir, l'eau gelée, leur pisse et leur merde de leur dernier passage. Et votre loup hors de contrôle, coincé au fond d'un long tunnel.
Sans aide.
Sans rien.
Yahto m'avait déjà enfermé dans un puits quand j'avais désobéi, mais ce n'était un Trou. Un puits était moins profond, moins sale, moins sombre.
J'étais plus pour la punition par les coups que par le Trou. Mais d'après Ahmet, c'était des conditions assez extrêmes pour déclencher une possible réaction chez Nael.
Auxann était là aujourd'hui. Jasper était resté chez eux car il devait gérer les retombées sur la meute entière. Zoran se tenait à quelques mètres de là, pas certain non plus de la marche à suivre. Priam était venu et m'avait félicité pour le bébé. La claque n'était pas passée loin, je l'avoue. Il avait ravalé la fin de sa phrase en voyant ma tronche. Il se tenait sur ma gauche, les mains sous ses aisselles, les bras croisés. Il avait cette expression d'intense réflexion que je n'aimais pas.
Nael était nu, agenouillé au bord du puits. Il regardait le fond avec un drôle de sourire.
— Ca rappelle des souvenirs putain, grogna-t-il.
— Est-ce vraiment nécessaire ? remarqua Priam.
— Je pourrais frapper Dali, si tu veux, reprit Ahmet.
Je haussai un sourcil alors que Nael le fusillait du regard. Personne ne me toucherait. Ca c'était clair au moins.
— Ou jeter Nael au fond du Trou, sourit Ahmet.
Nael n'eut pas le temps de réagir que déjà il partait la tête la première dedans. Mon cri passa mes lèvres avant que le corps de Nael ne heurte le fond. Le cœur dans la gorge, je me penchai au-dessus du Trou. Nael ne bougeait plus au fond. Il avait dû se cogner.
— Bordel Ahmet mais qu'est-ce qui t'a pris ? hurla Auxann.
Je m'écartai du Trou en entendant Nael se réveiller en criant de douleur.
— Putain il m'a pété un bras, hurla-t-il d'en bas. Pouah... ça pue la pisse ici... et la merde !
— Conditions extrêmes, remarqua Ahmet.
Je rampai un peu plus loin, tentant de reprendre mon souffle. J'écartai les images que Nael m'avait léguées de sa chute pour visualiser une mer calme. Une mer calme... très calme.
— Putain les gars ça marche pas je crois !
— Tu vas y rester quelques jours, grogna Ahmet.
Il se pencha et tira la grosse trappe en pierre qui laissait à peine passer l'air et le jour. Nael se tut, comme si une sensation particulièrement désagréable avait pu le faire taire.
Ahmet m'aida à me mettre sur mes pieds et me poussa à retourner vers la maison à une centaine de mètre de là. Je pourrais entendre Nael si besoin, mais je n'en avais pas franchement envie.
Les jours passèrent. L'entraînement des jeunes étaient plus strictes depuis que Darragh avait frappé Aidan quand celui-ci avait fait de la merde. Darragh aurait pu rejoindre Nael dans le Trou s'il y avait eu la place, mais vu l'état de Nael après ces quatre jours dans le trou.
Je tins deux longues journées à l'entendre crier et à se battre contre des démons qui n'existaient pas.
Le sixième jour, je craquai. Ahmet voulait me retenir, mais il ne pouvait pas me forcer à entendre Nael hurler des choses incompréhensibles à ce stade. Il n'avait ni bu ni mangé pendant tous ces jours. Les gosses commençaient à devenir agités et je n'aimais pas ça. Freya avait failli éclater Shane et Shane avait failli planter Alexei parce que Haydar avait... Bref. Les conneries habituelles en mille fois pire.
Arrivée près de la trappe, Auxann m'aida à la tirer sur le côté. Ahmet soupira mais n'y mit pas du sien.
— Nael ? soufflai-je.
Une gerbe d'eau remonta presque jusqu'à nous quand Nael frappa le mur de ses poings en hurlant. Il se figea en me voyant, puis regarda Auxann. Il sembla vouloir dire quelque chose. Je lus sur ces lèvres le mot Alpha, mais il secoua la tête et se remit à hurler.
— On le sort, soufflai-je. On le sort de là maintenant.
— Il est proche de la frénésie, Dali, remarqua Ahmet. Et si c'était le déclencheur ?
— Et si ça ne l'était pas ? Je t'ai entendu venir et lui dire tous ces trucs le faire flipper ! hurlai-je. Tu crois que ça aide ? NON !
Je pris la corde que Zoran me tendait. Lui aussi était là et ça faisait vraiment trop de monde chez moi. Surtout qu'Auxann et Zoran m'avait pris entre quatre yeux pour me dire qu'il était hors de question que je me débarrasse du petit... comment avait dit Zoran... ? Du petit Dael ? De la petite Nali ? Quelle horreur. Il fallait vraiment que je me débarrasse d'eux.
— Nael, attrape la corde ! crachai-je en la lançant.
Mais il regardait partout, bougeant dans l'eau sans voir la corde. Et merde...
— Je descends, dis-je en pivotant pour descendre dans le puits.
Auxann me retint un instant.
— Il n'est vraiment pas lui-même, souffla-t-il.
Soudain, la corde se tendit et tout le monde se figea. En trois secondes, Nael rampa en dehors du puits. Son corps était dégueulasse au possible. Zoran prit le seau d'eau brûlante à côté de lui et le jetai sur Nael. Sa peau prit une meilleure couleur déjà, mais cela énerva sûrement Nael. Il le fusilla du regard et se leva sûrement prêt à le frapper, mais Ahmet le rappela à l'ordre.
Nael se tint à quatre pattes alors qu'Ahmet lui ordonnait d'aller se laver. Ce qu'il fit en boitant. Son bras ne s'était pas super bien remis, mais sa cheville non plus visiblement. J'allais devoir les déboiter pour les remettre en place. Génial.
Regan voulut parler à Nael au passage, mais ce dernier lui gronda dessus si fort que Regan eut un mouvement de recul.
Je le suivi quelques pas en retard et allai dans la salle de bain avec lui. Ma louve était terriblement en manque de Nael et je commençai à le ressentir jusque dans mes os. Ca devenait quelque chose d'insupportable. Pourquoi ? Pourquoi ne retrouvait-il pas la mémoire ?
Je claquai la porte et Nael entra dans la douche. Il poussa le bouton et l'eau se déversa sur son corps.
— Il faut remettre ton épaule en place, soufflai-je. Et ta cheville.
Lentement, il pivota sa tête vers moi. Il m'avait appelé plusieurs fois pendant ces deux derniers jours. C'était sûrement ce qui m'avait fait craquer, je l'admettais. Cependant, il ne semblait pas encore être lui-même. Enfin, tout était relatif. Personne n'était lui-même en sortant de six jours de trous avec Ahmet vous susurrant que vous n'étiez rien dans cette vie et que ni votre Alpha, ni votre compagne ne voudrait plus de vous. Jamais.
Ca rendait fou n'importe qui n'est-ce pas ?
Je ne retirai pas mes vêtements, mais entrai dans la douche avec Nael. Il me tendit son bras sans rien dire et me laissa déboiter son épaule et la remettre en place. Il n'émit pas un seul son. Je refis la manœuvre avec sa cheville, mon nez pas loin de sa queue.
Je déglutis et reculai lentement. Ma main glissa sur sa cuisse dur et ferme, et il frissonna.
Sentant la bêtise arrivée, je reculai précipitamment et me cognai à la vitre. Nael fronça les sourcils mais déjà j'étais en dehors de la douche.
Avant que je n'ai atteint la porte de la salle de bain, la main de Nael s'abattit sur la porte, me bloquant la sortie. Je pressai mon front contre le battant de la porte, juste sous sa main.
— Dali, gronda-t-il d'une voix cassée.
C'était ça quand on hurlait pendant des jours.
— Tu n'as pas retrouvé ta mémoire, murmurai-je. Et si tu ne la retrouvais jamais ?
Son corps humide se pressa entièrement contre le mien. J'en eus le souffle coupé. Il ne fallait pas que je... Ce n'était pas bien n'est-ce pas ?
Putain. Merde.
Je grognai et pivotai dans ses bras. Sa bouche écrasa la mienne et je gémis quand sa main se pressa sur mon sexe. Je levai les hanches à sa rencontre, mais déjà ses bras me soulevaient pour me plaquer contre la porte. Ses dents mordirent ma lèvre et mon bas ventre se contracta.
— Putain j'ai tellement envie de toi que je vais jouir dès que je serais en toi, grogna-t-il contre ma joue.
Je poussai un léger cri quand sa main glissa dans mon jogging pour atteindre directement mon sexe. Il gémit à son tour quand son doigt glissa en moi.
— Tu es tellement chaude, Dali, murmura-t-il.
Je tirai sur ses cheveux pour écarter son visage de mon cou et l'embrasser profondément. Quelques secondes plus tard, j'étais à poil devant lui, mes affaires en charpies sur le côté. Nael... La langue de Nael s'activait entre mes cuisses alors qu'il était à genou, mais qu'il me plaquait contre la porte. Sa langue me pénétra alors que ses doigts serraient mes cuisses.
— Arrête de jouer ! grognai-je en repoussant sa tête de ma chatte. Baise-moi putain...
La seconde suivante, j'atterris sur le sol de ma salle de bain, les deux jambes écartées et relevées de chaque côté de moi par les mains de Nael. Il positionna son sexe à l'entrée du mien, observant avec envie ce qu'il faisait.
Très lentement, il me pénétra, centimètre par centimètre. Sa queue disparut à l'intérieur de mon sexe. Je le sentis me prendre atrocement lentement. Je remuai des hanches, mais Nael tenait trop bien mes jambes pour que je puisse bouger.
D'un coup sec, il tapa au fond de mon sexe et la sensation se répercuta dans tout mon corps.
— Putain tu es tellement étroite, gronda-t-il.
Son doigt glissa sur son clitoris et je frémis. Un spasme de mon sexe lui tira un cri.
— Ferme la et baise-moi, Nael, ordonnai-je.
Il sourit lentement et se mit à pilonner d'un seul coup. Le bruit de nos chairs me donna envie de jouir tout de suite. Nael se figea après quelques secondes et jouit malgré lui. Il lâcha mes jambes en poussant un juron et se laissa aller sur moi.
— Merde...
Je remuai des hanches et serrai mon sexe sur le sien. Il frémit de la tête aux pieds et son sexe redevint dur en quelques mouvements. Nael était performant, j'étais la première à le savoir.
Mes ongles coururent sur son dos alors qu'il pressait son corps contre le mien. Ses hanches se mirent en mouvement et je levai le bassin à sa rencontre. Ses doigts s'enroulèrent dans mes cheveux et il reprit son rythme de fou qui me faisait invariablement crier.
Et ce bougre trouva facilement mon point sensible. Il s'acharna dessus avec son sexe me tirant presque des convulsions à chaque passage. Il avala mon cri de jouissance et mon orgasme me cloua au sol.
Putain qu'est-ce que c'était bon...
Mes bras glissèrent au sol et mes jambes suivirent. Je restai là, vidée de mes forces avec un Nael bouillant au dessus de moi.
Sa bouche se posa entre mes seins, puis il s'amusa avec un de mes tétons, remuant toujours doucement en moi.
— Je pourrais rester à vie dans ta chatte putain. C'est bien trop confortable.
Il fut surpris que je nous fasse changer de position. Il se retrouva dos au sol, mes mains le clouant sur place. Je levai mes hanches et m'abattis sur lui. Il serra mes hanches et au deuxième coup de bassin, il gémit un peu plus fort... Je réussis à lui tirer des cris alors que mes mains jouaient avec ses couilles. Il jouit encore une fois en moi.
Il se redressa brusquement et son nez toucha le mien, tout comme la partie haute de son corps. Mes seins pressés contre son torse étaient bien à leur place, mais le frottement contre sa peau me donnait des picotements dans tout le corps. Ca se répercutait par petites vagues.
— Ahmet ... Ahmet... il disait la vérité ? murmura Nael.
Ses mains se crispaient dans mon dos et sur mes fesses.
— Tu vas partir ? Parce que je n'ai plus de souvenirs de toi ?
Je frémis et voulus m'écarter, mais son sexe était toujours en moi et je ne voulais pas non plus lui faire mal. Je détournai le regard un instant.
— Parce que tu veux rester ? soufflai-je. Même en ne sachant rien...
Il m'observa pendant quelques secondes puis sa bouche chercha la mienne. Je ne lui refusais pas ce baiser, ni le reste de la soirée dans mon lit.
Je crois que je m'endormis dans la nuit et au matin, il n'était déjà plus là. Je crois que je l'avais entendu me murmurer qu'il retrouverait la mémoire. Peu importe comment.
Sur l'oreiller à côté de moi, je trouvais un petit oiseau en origami. Regan avait appris à Nael à en faire et un jour il avait recouvert le lit de ces petits oiseaux. Je déglutis et me levai. J'avais des courbatures un peu partout et quelques suçons qui traînaient sur mes cuisses et mes seins. Nael aimait toujours les mêmes endroits à sucer en tout cas.
Je descendis en bas, habillée autant que faire ce peut avec cette chaleur qui débarquait de nulle part. En bas, je ne trouvais que les enfants, Vassar et Saaya. Aymar n'était pas là. Ahmet non plus. Avaient-ils été trouvés un autre plan ? Auxann et Zoran n'étaient plus là non plus. Sûrement parti avec Nael. Je déglutis, ne voulant pas penser aux conséquences de ce départ. Il reviendrait... n'est-ce pas ?
Je saluai mes Recrues et envoyai tout le monde dehors pour un petit entraînement. Freya me dit qu'Aidan dormait toujours et je le laissai là où il était. Il en avait besoin.
Alors qu'on commençait tous à s'échauffer avec nos propres habitudes, ma louve s'inquiéta. Vassar avait eu un problème aux frontières. Saaya sortit de la maison, ayant aussi senti l'intrusion.
— Il y a un problème, souffla Regan en se redressant.
— Alexei, Haydar, Shane, ordonnai-je. Vous prenez Aidan et vous vous planquez dans la cave. Vous ne sortez pas tant que je n'en ai pas donné l'ordre moi-même.
Les intrus étaient plus nombreux que je ne l'avais perçu. Les foulées étaient longues et rapides. Les mecs me regardaient encore.
— Maintenant ! criai-je.
Je vis Regan et Freya se changer en loup alors que Darragh resta sous sa forme humaine. Il me jeta un coup d'œil.
— Tu ne peux pas changer, murmura-t-il.
— Saaya, va chercher du renfort, soufflai-je.
— Comment peux-tu être sûre que c'est une attaque ? souffla-t-elle.
Je pivotai vers elle et frémis.
— Vassar vient de mourir, murmurai-je.
— Je reste avec toi, souffla-t-elle.
— Freya, murmurai-je. Va trouver les autres... Peu importe qui. Du renfort. Maintenant !
Sa louve détala dans le sens inverse de ce qui arrivait sur nous.
Quelques secondes plus tard, des loups sortaient de la forêt. De la même taille que j'avais pu voir quand j'avais sauvé Nael. Ils cherchaient mon compagnon visiblement.
— Ce sont des loups restés trop longtemps sous leur forme animale, murmurai-je. Ce sont des Bjorns à l'état pur. Pas de quartiers.
Darragh sourit. Il avait envie de se battre lui putain...
**
Tout ce que je sentais c'était la douleur du changement. Mes muscles s'étiraient et changeaient !
NON !
Mon cri résonna dans ma tête alors qu'il y avait beaucoup de sang sur moi. Et beaucoup de bruits autour de moi.
Des mains me tenaient sur le sol, mais je ne voyais rien. Ma louve était en frénésie et quand elle était comme ça, c'était pratiquement impossible d'avoir un contrôle sur elle.
Je hurlai de douleur et soudain mon bras se changea en pattes. Ma louve griffa et hurla, voulant se défendre. Voulant défendre la vie en elle.
Putain...
Des cris résonnèrent autour de moi alors que je luttais contre ma propre folie.
— Il ne faut pas qu'elle Change ! cria une voix.
— Elle est gravement blessée, si elle ne change pas elle va mourir !
— Dali ! hurla Saaya.
Des mains. Trop de mains sur moi.
Ma louve n'en pouvait plus. Elle devait changer.
Elle devait...
Mais... mais le bébé.
Le bébé ne survivrait pas.
Na... Nael.
Il devait ... Il devait sauver notre...
— NAEL !
Mon cri et un long silence suivit d'un hurlement.
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