5 - Dali
Le souffle court, je tentais de faire passer la crise de panique qui m'avait maintenu toute la matinée dans ma salle de bain. Je n'avais pas décollé de là. C'était comme si je manquais d'air. Comme si des mains se refermaient sur ma gorge et m'empêchai de respirer. Je posai ma tête contre le carrelage de ma salle de bain et tentai de compter comme Priam me l'avait montré.
Nael était vivant.
Nael...
Mon poing percuta le mur et le carrelage se fendit sur plusieurs carreaux. Merde. Je secouai mes doigts mais couinai quand des piqûres de douleur s'épanouirent dedans. J'avais dû me briser un ou deux os. Déjà, ma louve me soignait.
Elle tournait en rond. Elle voulait retourner vers Nael. Et s'il se réveillait et que nous n'étions pas là ?
Et s'il nous cherchait ?
Je déglutis une nouvelle fois, retenant un cri d'angoisse. Ma louve me mettait dans tous mes états et j'étais presque sûre qu'elle était aussi fébrile à cause du bébé. Je n'étais jamais comme ça.
Je n'avais pas peur.
J'avais appris à ne pas ressentir la peur. Cette émotion qui vous tenaillait et qui vous empêchait de bouger.
Qui vous empêchait de respirer.
Je sentis l'énergie d'Haimi derrière la porte. Dans la maison, il y avait Aymar et Danil qui était venu avec celle qui se rapprochait le plus d'une mère pour moi. Si elle me voyait comme ça, elle devinerait aisément ma... condition. Je ne voulais pas qu'elle le sache. Zoran n'avait pas moufté, pas plus que Joaquim. Priam ne m'avait pas touché, j'avais évité le câlin préconçu quand votre compagnon frôlait la mort d'aussi près.
Un léger coup à la porte.
— Dadi ? souffla la voix d'Haimi.
Je me redressai et secouai la tête. Nael était avec les siens. Je ne serais d'aucune utilité là-bas. Ici, j'avais un mioche à accueillir. Je ne pouvais pas être partout. Ce gosse allait m'avoir sur le dos pour ses cent premières années. Je devais être prête à l'accueillir. D'après ce que m'avait dit Timothy il y a quelques jours, ce gosse avait vraiment fait de la merde avant d'être envoyé ici.
— J'ar... J'arrive, dis-je en me raclant la gorge.
Saaya et Vassar avaient fait bouger les gosses dehors pour leur entraînement. Je ne crachai plus de sang, ce qui avait fini de rassurer Regan. Mais il me surveillait. Et bon sang, je détestais ça. Je devais lui montrer que je m'en sortais.
Putain... Je devais me montrer digne de mon rang, sinon à quoi j'étais bonne ? A écarter les jambes pour pondre un gosse ? Je posai ma main sur mon bas ventre et m'excusai rapidement. Le bébé de Nael n'était pas n'importe quel gosse. Je le savais. Mais l'état de Nael n'était pas sur la bonne voie. Ce qui voulait dire que ce bébé n'était pas près d'arriver sur cette planète. Il allait sûrement passer son tour. Car il était hors de question que j'ai cet enfant seul.
Pourquoi est-ce que j'avais arrêté la pilule putain ?
— Tu as besoin de quelque chose ? murmura Haimi de l'autre côté de la porte.
Je secouai la tête avant de me rappeler qu'elle ne pouvait pas me voir. Et merde. Merde. Merde. Je pris une longue inspiration et sortis de la salle de bain.
Je tombai nez à nez avec elle.
— Tu as le droit de craquer ma chérie, souffla-t-elle très bas.
Elle ne voulait pas que les autres entendent. Je secouai la tête et balayai sa phrase d'un geste de la main.
— Pas le temps. Et Nael ne s'est pas lié à une pleurnicharde, grondai-je.
Haimi grimaça mais me suivit dans la pièce principale. Aymar se redressa dans la cuisine, se tenant juste à côté de Danil qui regardait dans le vide. Depuis quelques mois déjà, Danil était devenu complètement aveugle sous cette forme. Il pouvait voir très clairement avec les yeux de sa bête, mais son humain ne voyait à présent que du noir.
Je fus surprise de le voir utiliser sa vue animale pour me scruter.
— Nael est fort, Dali, souffla-t-il. Il survivra.
Je hochai la tête. Je savais qu'il survivrait au moment où j'avais trouvé son corps. Mais après le débat que j'avais eu avec Nathaniel, j'étais aussi sûre que Nael ne serait plus le même. On ne subissait pas un choc pareil sans traumatisme.
— Où sont les gosses ? dis-je.
Aymar s'approcha de moi et son doigt se posa sous mon menton pour que je le regarde dans les yeux. Je pouvais sentir sa chaleur corporelle supérieure à la moyenne. Je plongeai mon regard dans le sien. Il avait senti lui aussi. Je secouai doucement la tête et il me relâcha. Il ne dirait rien tant que je ne dirais rien. Haimi voulut me toucher, mais je m'écartai d'elle.
— Je ne veux pas craquer, grondai-je. Des nouvelles de Timothy ?
— Il devrait arriver dans quelques heures, fit Aymar en grimaçant. Avec ce qu'il s'est passé, il a pris du retard sur sa visite.
Je hochai la tête et sortis dehors. L'air frais me fit du bien.
Je sentis Nael avant qu'il ne rentre dans ma chambre. Enfin, la notre quand il venait dormir ici. Cela faisait presque cinq jours qu'il n'était pas passé. En temps normal, j'aurais dit que c'était bizarre. Mais je ne voulais pas le pousser à venir m'embêter plus qu'il ne le faisait.
La porte s'ouvrit sur son grand corps musclé. Il portait un t-shirt ample, ce qui était étrange. Il aimait porter des trucs relativement proches de son corps. Pour faire le beau. Il savait que j'adorais voir ses muscles bouger sous ses vêtements. Ca m'excitait beaucoup. Mais là, j'avais plus envie de m'asseoir sur sa bouche et qu'il me lèche jusqu'à ce que je n'en puisse plus. La punition n'en était pas vraiment une puisqu'il adorait faire ça...
Il referma la porte en silence et posa son regard sur moi. Il savait que j'étais réveillée. Je pivotai dans le lit lui présentant mon dos. Il grogna et je sentis le matelas s'affaisser alors qu'il était monté dessus. Sa main se posa sur ma hanche nue qui dépassait de la couette. Je chassai sa main d'une claque.
— Tu boudes ?
Sa voix rauque. Son sourire non loin de la peau de mon flanc. Il souffla doucement sur ma peau. Son souffle chatouilla mon ventre et mes seins pointèrent sous son nez.
— Tu sens l'Antre, murmurai-je.
Je n'étais pas du genre jalouse. Vraiment pas. Mais parfois, les louves de l'Antre croyait encore que j'aimais partager. Nael savait leur dire gentiment d'aller voir ailleurs, mais elles avaient tendance à toucher et à demander après si c'était disponible. J'avais vu faire et certaines avaient eu quelques doigts cassés. Si ça m'avait énervé, ça avait excité Nael. Tout comme j'aimais le voir faire la moue quand Vassar me souriait. Nael n'avait pas encore frappé Vassar, mais je crois bien qu'il ne suffirait pas de grand-chose pour que ce soit le cas.
— Vrai, admit Nael.
Il allait me lécher le bras quand ma main se posa sur son front pour l'écarter. Je m'assis dans le lit et observai rapidement ce qu'il portait. Un vieux jogging et ce t-shirt qui semblait voler autour de lui.
Soudain, l'odeur qu'il portait me fit frémir.
Lakshan. Il sentait Lakshan.
— Qu'as-tu fait ? soufflai-je, méfiante à présent.
— Tu es à moi, sourit Nael, sa main glissant dans ma nuque.
Je posai ma main sur sa bouche et il grogna. Soudain, une légère décharge d'excitation traversa mon corps. Je retins un sourire, mon sourire à moi, avant de tapoter l'épaule de Nael.
— Tourne-toi, soufflai-je.
Nael haussa un sourcil.
— Qu'est-ce que j'ai en échange ? s'enquit-il en glissant son doigt sur le bord de mon sein, non loin de sa morsure qui disparaissait.
Il n'y avait pas été de mains mortes avec celle-là, mais vu l'orgasme qui avait suivi, je n'en avais rien eu à foutre.
— Rien, idiot, grognai-je en le forçant à s'asseoir entre mes cuisses.
Ses fesses étaient proches de mon sexe nu, mais la sensation de frottement n'était pas encore assez importante pour que je me rapproche de lui. Ses mains glissèrent sur mes chevilles, puis sur mes mollets qu'il pressa avec force. Je glissai mes mains sous son t-shirt, frôlant ses côtes, ce qui le fit se dandiner. Je le lui retirai sans autre forme de procès. Il gigota, mais cessa quand mes mains se crispèrent sur ses côtes. Le tatouage était particulièrement sombre et avec beaucoup de détails que je ne me représentais pas encore complètement. Mais la tête de la louve sous mes yeux était faite entièrement de formes géométriques avec des détails hallucinants. Plus je la regardais, plus j'avais l'impression qu'elle bougeait sur la peau de Nael. Je pouvais sentir la magie de Lakshan courir le long du dessin, sur le bout de mes doigts.
Magnifique œuvre.
J'en eus le souffle coupé pendant quelques secondes. Surtout en sachant ce qu'elle représentait au fond.
Mes doigts glissèrent sur le tatouage frais et je sentis la légère bosse qu'il formait encore. Pas tout à fait cicatrisé. Etre un loup avait ses avantages.
— Elle est magnifique, murmurai-je.
Nael pivota légèrement sa tête, me jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. Il fronça doucement ses sourcils en voyant mon expression ébahie. Il gigota et pivota sur ses genoux, vers moi.
— Je peux t'en faire une autre ? souffla-t-il contre ma bouche.
Son doigt appuya sur sa morsure, juste sur mon sein gauche. Je frémis, de douleur et de plaisir.
— Depuis quand tu demandes la permission ? haletai-je quand son doigt appuya sur mon téton dressé.
Son visage exprima une satisfaction criante et il plongea sur ma bouche, son corps recouvrant le mien.
Je repoussai doucement le souvenir. Je m'étais faite le mien quelques semaines plus tard. L'exacte réplique du sien, avec des traits plus durs pour le loup que j'avais dans le dos, sur le flanc droit. Ma main frôla rapidement l'endroit avant que je ne secoue la tête et pivote vers le rang que formaient mes élèves.
Je m'approchai d'eux et surpris Vassar en train de gueuler au visage de Darragh. Je crois que ce dernier avait tenté de me suivre quand j'étais partie. A vrai dire, comme Regan et Freya, mais eux ne s'étaient pas fait prendre. Je soupirai et me postai derrière Vassar. Je me raclai la gorge alors que mes élèves me regardaient, tous avec une certaine pointe d'inquiétude au fond de leurs yeux.
— Dali, souffla VAssar.
Il hésita à me toucher, mais abandonna en voyant ma tête. Je n'étais pas en forme et en plus de ça j'avais envie de frapper certaines personnes. Par exemple, Joaquim Weaver qui aurait dû faire attention. Ou Nael Cain, qui n'aurait pas dû faire le malin putain... Je fermai une seconde les yeux avant de les poser sur les gosses.
— Position de pompes, soufflai-je.
Les gamins s'exécutèrent immédiatement, s'écartant légèrement les uns des autres pour avoir de la place pour les exercices de musculations. Les mains au sol, le corps tendu, ils étaient prêts. Je savais qu'ils feraient au mieux aujourd'hui. Parce que j'étais dans la merde et qu'au fond, ils ne voulaient pas en rajouter une couche.
— Personne ne s'arrête avant que je ne l'ai dit, ordonnai-je. Commencez...
Tout le monde s'exécuta.
Je m'agenouillai lentement devant eux, observant chaque visage devant moi. Il fallait que je me plonge là-dedans pour ne pas faire attention au vide qu'avait créé le lien abîmé entre Nael et moi.
Freya était concentrée. Elle avait perdu la dernière fois, elle ne lâcherait rien cette fois-ci.
Regan aurait tenu toute la journée en faisant ça, je ne m'inquiétais pas. Darragh était en compétition avec lui, alors tant que l'un tiendrait, l'autre suivrait.
Shane semblait avoir mal à son bras gauche. Je le lui avais cassé il y a plus d'une semaine, mais il mettait du temps à guérir.
Haydar était concentré et il soufflait à intervalle régulier. Alexei venait de changer son rythme et j'étais presque sûre qu'il suivait celui d'Haydar.
Ils étaient tous vieux. Assez pour que j'accepte qu'un Alpha vienne et embarque l'un deux. Mais en termes de poste, aucun n'était prêt à prendre de vraies responsabilités et ça je ne devais pas l'oublier. Timothy me demanderait quand même s'il pouvait envoyer un ou deux Alphas en manque de Main. Je refuserai encore cette fois-ci.
— Aymar, soufflai-je.
Le Dragon apparut en quelques secondes à mes côtés.
— Tu ne connaîtrais pas quelqu'un qui voudrait faire le même taf que mes deux loups là-bas ? m'enquis-je en continuant de surveiller mes gosses.
Aymar haussa un sourcil et sourit.
— Si tu acceptais Yiska à mi-temps.
— Il adore trop Syrine pour la laisser sans protection. Et hors de question que Satya vienne ici. Lui aussi, il a une louve à surveiller.
— Je pourrais trouver, si tu me laissais un peu de temps.
— Je veux un loup.
— Les autres races sont refusées d'office ? Yiska a quelques ... compères en Amérique du Sud qui raffoleraient d'une petite tournée dans le Nord.
Je haussai un sourcil et le regardai.
— Pas quelqu'un de l'Antre, précisai-je. Autrement, tu as carte blanche.
— Je satisferai tes besoins en Surveillants, Dali, ne t'inquiète pas de ça. Quant à Darragh, j'aimerais ajouter une difficulté. Tout comme pour Freya et REgan. Ces trois là s'étaient quand meme mis en tête de te rejoindre.
Les trois loups continuèrent leurs pompes, mais semblaient moins sûrs d'eux à présent qu'Aymar avait mis son grain de sel. Je souris et hochai la tête. Aymar disparut quelques secondes dans la maison et ressortis avec mes bougies personnelles. Il souffla sur chacune des trois et un léger feu les alluma. Il se plaça à côté de Freya et creusa un trou sous elle où il déposa la bougie. SI Freya mollissait trop sa pompe, la bougie la brûlerait. Je souris un peu plus. Aymar était bourré d'idées toutes aussi drôles que les autres.
Darragh grimaça quand Aymar déposa sa bougie un peu moins profondément pour lui. Le Dragon réitéra la manœuvre avec Regan qui ne moufta pas. Il continua de faire ses pompes comme si de rien n'était.
Aymar sourit et se posta au-dessus de Regan. Il déchira le t-shirt de ce dernier et le tissu ne résista pas à la poigne d'Aymar. Le dragon jeta le vêtement plus loin et fit la même chose avec Darragh et Freya. Cette dernière se retrouva en brassière et frémit quand la première brûlure de la bougie frôla sa peau nue.
— Parfois, j'oublie que ton imagination est plus vieille que la mienne, remarquai-je.
Aymar me sourit de toutes ses dents.
— Aujourd'hui, la Maison va accueillir un nouvel élève, dis-je d'une voix claire. Il sera bien plus jeune. Vos actes le conditionneront puisqu'il subira tout ce que vous subirez. Réfléchissez à vos actes. Réfléchissez à ce que je vous ferais si vous désobéissez.
Je sus qu'ils m'avaient entendu. Mais la promesse tiendrait une semaine avant que l'un ne craque et ne fasse une connerie qui m'énerve.
— Réfléchissez à ce que vous lui ferez subir.
Je regardai le corps sans vie d'Urwan à mes pieds. Je ne ressentais rien de particulier. Hormis une colère envers celui qui avait perdu le contrôle.
Le corps du jeune homme me regardait de ses yeux morts. Les traces de doigts sur sa gorge me montraient qu'il avait lutté. Cependant, c'était surtout ses entrailles qui gisait à côté de lui qui me montrait que le loup qui l'avait attaqué avait complètement perdu le contrôle.
Ma louve était vaguement déçue, mais pas forcément surprise. Urwan avait toujours été casse couille en plus d'être l'un des plus faibles avec Kann.
Kann qui était aux abonnés absents.
Kann qui était le premier élève que j'allais devoir tuer de mes propres mains parce qu'il avait pété un plomb.
Tellement qu'il s'était enfui.
Nael s'agenouilla à côté du corps sans vie du gamin. Son regard était aussi vide que le mien. Il ne ressentait pas forcément quelque chose pour ce gosse qu'il connaissait à peine. Il ne ressentait pas grand-chose à vrai dire, mais ce n'était pas moi qui allais lui faire remarquer. Parfois, j'avais l'impression que j'éprouvais moins que lui. C'est juste que Nael savait manipuler n'importe quelle émotion sur son visage. Moi... j'étais moins bonne à ça.
— Il l'a tué lentement, remarqua Nael.
— Il s'est cassé, grognai-je. Il aurait dû rester. Il serait remonté dans mon estime et j'aurais fait en sorte qu'il ait une mort douce.
Nael me regarda, un léger sourire pervers sur le coin de ses lèvres. Moi ? J'étais juste très en colère à présent. Je perdais de deux mes élèves, juste parce que l'un n'était pas capable de se défendre et parce que l'autre avait un loup psychopathe à l'intérieur de lui.
— Ils me font chier, soupirai-je.
Nael se leva et sa main glissa dans ma nuque. Il posa son regard sur moi.
— Tu vas le tuer ?
Je laissai mon visage exprimer ma réponse. Nael se lécha rapidement les lèvres et je retins un sourire. Ca l'excitait. Tout l'excitait ce maudit loup. Il claqua un baiser sur ma bouche avant de s'écarter quand mes autres élèves débarquèrent. Freya et Regan en première ligne. Faysal suivait de près, tenant Kann par le bras. Je m'écartai lentement du corps d'Urwan.
— A genoux, tous, crachai-je.
Freya et Regan tombèrent à genoux en même temps, les poings dans le sol. Faysal balança Kann à mes pieds avant de se mettre à côté de Regan dans la même position.
Nael s'agenouilla devant Kann qui se balançait d'avant en arrière. Son regard était fixé sur le cadavre qu'il avait laissé derrière lui.
— Tout n'est pas permis dans cette Maison, soufflai-je. Surtout pas de tuer sans que j'en ai donné la permission.
Nael secoua doucement la tête.
— Il est grillé, soupira-t-il.
Foutu aurait été un meilleur terme. Je soupirai et fis signe à Nael de bouger. Ma main s'abattit sur la joue de Kann qui couina en tombant à terre.
— Je déteste qu'on me désobéisse, soufflai-je. Mais par-dessus, je déteste qu'on fuit.
Kann se recroquevilla sur lui-même. Je posai mon regard sur les autres non loin de là.
— Le prochain qui tente de s'enfuir finira au Trou pour le restant de ces jours. C'est COMPRIS ?
Mon cri arracha un frisson à Kann, mais pas aux autres. Je m'agenouillai à côté de Kann et l'observai un instant.
— Tu es faible, soufflai-je. Un loup proche de la frénésie avec un humain faible ne donne pas une Main. Elle donne un psychopathe sans aucune maîtrise. Sans aucun mental.
Sans aucun signe, je lui brisai la jambe gauche et il hurla.
— Une Main ne fuit pas. Jamais. SI tu ne comprends pas ça, alors tu n'es pas fait pour en être une. Si tu n'es pas capable de contrôler ton loup alors...
Kann me regarda et je vis son loup apparaître dans ses yeux. Je sentis Nael avoir un léger mouvement, mais déjà je retenais Kann par le cou alors que son loup claquait des dents à côté de mon visage. Je lui brisai la nuque la seconde suivante.
Son corps devint mou et glissa au sol. Je pris une longue inspiration et me relevai.
— Occupez vous des corps, murmurai-je. Ce sont vos frères qui sont morts ce soir. L'un par idiotie, l'autre par faiblesse. Pensez-y.
Je pivotai vers la maison et y pénétrai d'un pas rapide. Nael me suivit sans un mot. Alors que j'arrivais dans la chambre, le souffle court, Nael m'arracha mon haut. Je fis la même chose sur lui et mordis son flanc avant de la plaquer contre le mur. Il voulut me retirer mon jean, mais j'avais déjà glissé ma main à l'intérieur du sien. Mes doigts se refermèrent sur son sexe déjà dur.
— Ca t'a excité n'est-ce pas ? soufflai-je contre son oreille.
Je serrai ma prise sur sa queue et il grogna de plaisir. Ses mains glissèrent dans ma nuque, avant que ses bras ne me plaquent contre lui. Je frottai son gland de mon pouce, laissant le bout de mon doigt glissant le long de la fente de son sexe. Il poussa un râle de plaisir quand j'insistai sur cette partie fine et sensible de sa queue.
Soudain, s amain se referma dans mes cheveux. Il écarta mon corps juste assez pour plonger sa main dans ma culotte. Je gémis quand ses doigts frais glissèrent sur ma chatte brûlante.
— Tu m'exciterais dans tellement de situation, Dali, murmura-t-il contre mon oreille.
Je retirai ma main de son jean et reculai d'un pas pour lui retirer son jean assez brutalement pour qu'il se rattrappe à mon épaule pour ne pas tomber. J'embrassai son sexe nu à présent et l'avalai sans prévenir Nael. Sa tête heurta le mur derrière lui alors que je le prenais entièrement dans ma bouche. Son goût se répandit dans ma bouche. Son sexe était long, assez pour que ma gorge se referme dessus alors que je le prenais entièrement. Je déglutis et ma gorge se resserra sur son gland.
— Putain, souffla Nael.
Je reculai lentement laissant ma bave sur son sexe pour le lubrifier. La seconde suivante, Nael me plaqua au sol pour me pénétrer profondément. Sa main sur ma gorge me fit grogner, mais sa prise se resserra alors qu'il se redressait légèrement. Je voulus lui faire remarquer que la soumission n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement, mais son sexe défonça le mien. Mon cri se joignit au sien.
Après tout ça, j'avais juste besoin d'une bonne baise.
Je m'étais assise à même le sol, observant les gosses trimés depuis une bonne heure maintenant. Freya avait ralenti le rythme et son ventre avait une vilaine brûlure. Les trois idiots porteraient cette marque toute leur vie.
Je me redressai légèrement quand quelque chose frôla mon aura. Je haussai un sourcil en voyant Ahmet apparaître. Enfin, son loup. Il fit le tour des élèves toujours sous sa forme et vint s'assoeir à mes côtés, sa queue remuant doucement. Je ne relevai pas. Ne voulais pas trop chercher à comprendre son geste.
— Du nouveau ? soufflai-je.
Le loup d'Ahmet me regarda et sa langue lécha ma joue. Je me figeai un instant avant de comprendre. Nael était réveillé ? Pourquoi je ne le sentais pas ? Je ne montrai rien, m'essuyai juste la joue. Je sursautai quand mon portable sonna dans ma poche arrière. Je grognai et le tirai de là.
— Zoran ?
— C'est Nael. Il... Il s'est réveillé... Mais Dali...Je...
Je pivotai vers la voiture qui arrivait. C'étai Timothy. Si Nael était réveillé, alors tant mieux. Encore une fois qu'est-ce que je pouvais y faire ? Tant qu'il était avec Auxann et Jasper, tout irait bien.
— Je suis désolée, je dois te laisser, dis-je. Veillez sur lui. J'arrive dès que je peux. Dis le lui.
— Mais Dali atte...
Je raccrochai et me levai. J'éteignis mon portable alors que le loup d'Ahmet me suivait à la trace. Il faillit me faire tomber en marchant dans mes pieds. Je le repoussai un instant afin de voir qui Timothy m'amenait. Le gosse qui sortit de la voiture était dans un état proche de la tétanie. Il ne portait qu'un vieux t-shirt et un short troué. Il était pieds nus. Timothy le rejoint de son côté de la voiture et le poussa à avancer vers moi.
— Régente, souffla Timothy en s'inclinant rapidement. Je te présente Aidan.
Je posai mon regard sur le garçon. Il était atrocement jeune comparé aux autres.
— Es-tu sûr de toi, Gardien ? murmurai-je.
Je lui fis passer le message comme quoi il était jeune. Le loup d'Ahmet était assis sur mes pieds, sa queue frottant mes jambes alors qu'elle se balançait en rythme. Je me rendis compte que j'avais posé ma main sur son crâne. Je ne la retirais pas. Sa chaleur me faisait du bien. Il était resté sous sa forme pour une raison. Il regardait fixement l'enfant devant lui. Je retournai mon attention sur mon nouvel élève.
Le garçon était maigrelet et ses cheveux sales. Il n'avait pas dû se laver depuis des jours. Son odeur me le confirma. Il avait des traces de sangs à certains endroits.
— Il n'a pas voulu qu'on le touche, souffla Timothy en grimaçant.
— Il est sous mes ordres maintenant, il fera ce que je lui dirais de faire, remarquai-je d'un ton froid. Tu peux y aller...
Timothy haussa un sourcil et s'approcha lentement de moi. Le loup d'Ahmet, qui avait sûrement senti ce que je portais en moi depuis qu'il m'avait léché la joue, grogna sourdement pour faire reculer le Gardien.
— Ahmet, grogna Timothy.
Il jeta un rapide coup d'œil au loup, puis à Aymar qui regardait les gosses faire leur pompes, exténués tous autant qu'ils étaient. Je pouvais sentir d'ici les crampes de Freya et de Shane. Regan était moins rapide, moins précis. Darragh crachait des jurons de temps en temps. Alexei et Haydar étaient concentrés mais suaient bien trop, même sans les bougies.
— Au revoir, Gardien, dis-je en le regardant soupirer.
Il n'aimait pas ce que je faisais ici, mais il savait que c'était nécessaire. On ne contrôlait pas des loups violents et instables juste en leur disant que tout irait bien.
Timothy me regarda pendant plusieurs secondes. Je vis la pitié dans ses yeux. J'avais failli perdre l'homme à qui j'avais choisi de me lier. Je devais avoir une tête affreuse. Est-ce qu'il lisait ma peur sur mon visage ? Non. Je l'avais maîtrisée avant de sortir de la salle de bain.
Timothy pivota vers sa voiture et partie, non sans avoir donné une lettre à Aidan. Le garçon la tint dans sa paume ouverte comme si c'était du feu. Ou quelque chose de très dangereux. Le loup d'Ahmet se leva et se mit à faire le tour du gamin, le poussant de temps en temps de son museau. Le gamin ne fit aucun bruit, garda simplement la lettre en équilibre sur sa main. Je m'approchai à mon tour et la pris pour la fourrer dans ma poche. Quand il serait prêt, je la lui donnerais. Cela concernait toute son histoire, toute sa famille.
Qu'il avait tué de ses propres mains.
Que son loup avait déchiqueté.
— Stoppez les pompes, ordonnai-je.
Aidan me regarda avec de grands yeux en entendant ma voix ferme et pleine de pouvoir. Assez pour le maîtriser. Assez pour maîtriser son loup. Il comprenait doucement ce qu'il était venu faire ici.
Il y eut des cris de douleurs et de soulagements alors que chacun glissait d'un côté.
— Saaya, appelai-je.
Ahmet reniflait encore le gamin qui l'observait sans bouger. Ma Surveillante apparut.
— Fais les courir un peu, dis-je en me redressant.
Elle hocha la tête et Aymar se joignit à eux. Haimi et Danil se tenaient sur le perron, se murmurant quelque chose à l'oreille. Je leur fis signe quand Haimi me fit comprendre qu'ils allaient se balader tous les deux. Je me mis à marcher vers l'arrière de la maison pour trouver une douche extérieure.
Le Loup d'Ahmet grogna et le gamin bougea pour me suivre lentement. Arrivé à mon niveau, il se figea. Je m'approchai de lui et tendis mes mains pour lui retirer ses fringues. Il écarquilla ses yeux et fit un pas en arrière, mais se cogna contre la bête noire dans son dos. Il ferma les yeux et sembla faire comme Priam avait expliqué à Assia quand elle s'énervait.
Compte. Jusqu'à ce que ton loup ne soit plus le maître du navire. Le gamin devait juste espérer que Ahmet disparaisse mais ça.
— Ici, on est propre. Hormis quand je te mets dans la merde. Compris ?
Aidan hocha la tête et mes mains prirent le relais. Je lui retirai toutes ces fringues et le poussai sous la douche. Il évita de peu mon contact et frémit quand l'eau coula sur ses membres. Il avait plusieurs blessures. Sûrement ses parents qui s'étaient défendus.
Le loup d'Ahmet se redressa soudain.
— Quoi ? murmurai-je.
Vassar apparut avec des fringues pour la taille d'Aidan et une serviette pour qu'il s'essuie. Je pris le tout dans mes mains et pointai le savon à Aidan.
— Frotte toi, ordonnai-je.
Il le fit sans trop réfléchir. Soudain, ma louve se redressa en moi. Assez vite pour me faire frémir. Je fronçai les sourcils alors que Vassar se déplaçait doucement devant moi. Ahmet Changea et bougea. Je soupirai et passai les fringues à Vassar.
— Occupe toi du gosse, dis-je en pointant le gamin frissonnant.
Je retournai sur le devant de la maison et me figeai un instant. Nael était nu au milieu de la cour, son corps recouvert de boue et de terre. Son énergie était impressionante de là. Son loup était très présent, assez pour diffuser son énergie partout autour de lui. Son visage était encore très abîmé, tout comme son corps d'ailleurs, mais il se tenait droit et aucune expression ne filtrait sur son visage.
— Nael ? fit Ahmet.
Nael cligna des yeux et son regard se posa rapidement sur moi. Il se lécha les lèvres et cette simple réaction de sa part contracta mon bas ventre. J'aurais aimé me jeter dans ses bras, mais pas devant Ahmet.
Quelque chose me retint cependant. Une impression.
Un doute.
— Putain, Zoran me collait au cul. J'ai dû le frapper pour partir de ce trou à rat. Il ne sait toujours pas se débrouiller sans mot. Il me les brise... Tu aurais pas de quoi m'occuper ? Une personne à tuer ?
Il haussa un sourcil et me regarda, une lueur lubrique au fond des yeux.
— Une louve à baiser ?
Son sourire se fit pervers. Il n'y avait aucune trace du respect qu'il m'avait porté à partir du moment où il avait compris que notre lien était celui de compagnon. Pas qu'il ne m'avait pas respecté avant, mais c'était une autre forme de respect. Une sorte... de petite dévotion. Il avait parfois la même en regardant Yuni. Je déglutis lentement.
Une louve à baiser ? Bordel de merde.
— Depuis quand es-tu parti de chez Auxann ? S'enquit Ahmet.
— Qui ? souffla Nael. Auxann ?
Il sembla réfléchir. REFLECHIR ? A l'identité de son alpha ?
— Ah le connard qui m'a tenu la jambe tout à l'heure.
Merde...
Il s'avança vers Ahmet. J'étais à deux pas d'eux à présent.
— C'est qui elle ? Ta nouvelle copine ? grogna Nael.
Il se prit une claque par Ahmet et ronchonna.
— Idiot, gronda Ahmet. Qu'est-ce que tu fous ici ?
— J'te cherchais putain, soupira Nael.
Il pivota vers moi et tout son corps sembla se tendre. Il haussa un sourcil, observant mon corps de haut en bas. Il me reluquait ? Obsédé.
— Comment es-tu arrivé ici ? soufflai-je.
— Putain, la voix sexy qu'elle a, marmonna Nael à Ahmet.
Ce dernier leva les yeux au ciel avant de frapper de nouveau Nael à la tête.
Qu'est-ce que c'était que cette connerie ?
— Comment ? insistai-je d'une voix autoritaire.
— Wo... tu partagerais Régent ? Non parce qu'elle est vraiment bonne quand même...
Je regardai Ahmet. Je ne savais pas si je devais rire ou frapper moi-même Nael.
— Qu'a fait Auxann ? soufflai-je, légèrement paniquée.
Ahmet haussa ses épaules et observa Nael. Il me reluquait encore et d'après son sexe dressé entre ses cuisses, je pouvais dire qu'il aimait ce qu'il voyait. Ahmet le vit aussi et grogna. Il frappa Nael et ce dernier se tint le paquet en ricanant.
— Pas ma faute si elle me fait bander.
— Il n'a pas appris à parler aux femmes, pardonne-le, marmonna Ahmet en fronçant ses sourcils.
— Tu nous laisses pas bouger, pas étonnant, grogna Nael, mauvais.
Il était là, devant moi, en train de se tenir le paquet, attendant... Attendant quoi exactement ? Qu'Ahmet lui donne un truc à faire ?
— Tu as parlé avec Auxann, Nael ? repris-je.
Il leva les yeux au ciel avant de se figer en attendant la claque d'Ahmet. Ce dernier ne fit rien cependant, l'observant avec attention.
— Nope. Mais je veux bien parler avec toi. Enfin, ma bite aimerait bien parler avec ta bouche. Si tu vois ce que je veux dire...
Je lui tournai le dos, retenant un cri de frustration. Je sortis mon portable de ma poche et le ralluma. Il bipa plusieurs fois des appels en absence de Zoran, de Joaquim, d'Auxann et même de Jasper.
Merde.
Je crois bien qu'il y avait un problème.
— Nael, reprit Ahmet, depuis combien de temps je te pourris la vie ?
Nael n'était pas loin des cinq siècles. C'était un très vieux loup. Bien conservé évidemment mais quand même... Il ne pouvait pas... Je pivotai vers Nael quand il répondit à Ahmet.
— Centaine d'années, Régent, et putain tu sais bien t'y prendre.
J'écarquillai les yeux. Je décrochai à l'appel de Zoran.
— C'est quoi ce bordel ? grognai-je.
— Je... Je crois que Nael a perdu la mémoire, Dali.
Je fermai les yeux et comptai jusqu'à vingt. Zoran ne raccrocha même pas face à mon silence.
Putain de merde...
— Bon, c'est quand que je tue quelqu'un ? J'ai envie de me faire les griffes. Si on a même pu le droit de baiser...
— Ne me dis pas qu'il vient de traverser le Texas seul, murmurai-je.
— Tu as déjà tué sur le chemin visiblement, remarqua Ahmet en retirant un bout de chair des cheveux de Nael.
Je serrai le portable dans ma main.
— Putain, retiens le, on arrive ! cracha Zoran avant de raccrocher.
— Offf c'était rien. Deux ou trois loups relous. Tu m'as dit que tant qu'on ne laissait pas de traces, ça allait...
Je fusillai Ahmet du regard alors que celui-ci ricanait avec Nael.
Putain. De. Merde.
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