7 | Aleksey


La voir fuir aux toilettes remua quelque chose en moi, bien plus encore que mon loup. C'était ce besoin de protéger Mitsuha. La seule personne dont j'aurais aimé la protéger, c'était moi. Je n'avais pas réussi. Je ne savais pas ce qu'il m'avait pris à la patinoire, mais mon corps avait réagi tout seul à la présence de Mitsuha. Et à sa chute. Elle détestait la glace et je le savais pour l'avoir amenée une ou deux fois dessus.

Tout son corps s'était tendu d'appréhension et moi-même, je n'avais compris mon geste que quelques secondes plus tard. Surtout en voyant la tronche d'Aodh à vrai dire. Je savais qu'il ne faisait que protéger Mitsuha de ma propre personne, mais je détestais la manière dont il me le faisait sentir. J'avais été proche d'Aodh à une époque, mais il avait été celui qui m'avait remis à ma place à un certain moment. Pas forcément de la meilleure des façons. Je ne supportais pas de voir Mitsuha aussi craintive envers moi. Pas après deux ans sans l'avoir vue, entendue, aperçue...

Je me retins de la suivre jusque dans les toilettes. Ça ne se faisait pas. Je me mis à faire les cent pas. Et si elle ne voulait pas m'écouter ? Les trois mots que nous venions d'échanger n'avaient pas été aussi impressionnants que ceux que j'avais eus en tête. Je pouvais voir à quel point elle n'aimait pas m'avoir sous les yeux...

Je déglutis et pris une profonde inspiration. Il fallait que je me comporte bien. Il fallait que je réussisse à reprendre le contact. Je ne devais pas la forcer, mais je devais lui montrer que je reprenais le dessus. Je me redressai quand elle sortit des toilettes, le visage encore un peu crispé et pâle.

Mon loup posa immédiatement notre regard sur son bras. Des marques de doigts se détachaient sur sa peau blanche. Elle abaissa son pull trop vite pour que je comprenne réellement le problème. Mitsuha ne marquait pas aussi facilement que ça, sinon j'aurais réussi à lui laisser des bleus plusieurs fois quand je faisais le con.

Je n'avais jamais frappé Mitsuha, mais parfois les mots étaient plus dangereux que n'importe quel coup. Je le savais.

Je voulus ouvrir la bouche, mais la porte de la chambre s'ouvrit. Mon regard était plongé dans celui de Mitsuha. Je ne vis pas Théo s'écarter de la chambre alors qu'il était au téléphone. Il fallait qu'on aille voir Ani, n'est-ce pas ?

_ Ani aurait pu se blesser gravement, soufflai-je. C'est ma faute, j'aurais dû faire en sorte qu'il n'aille pas trop sur la glace. Je suis désolé si je n'ai pas suivi tes recommandations.

Mitsuha remit sa veste et haussa ses épaules.

_ Je ne lui en avais pas donné, admit-elle. Et Ani est comme toi, il aime être sur la glace plus que tout. Le frustrer n'aide pas.

Elle fit quelques pas de plus, mais ne s'approcha pas de moi. Elle garda une distance de sécurité que j'aurais aimé combler. Seulement, c'était délicat de le faire... Je ne voulais pas qu'elle ait peur de moi.

_ Tu... Tu as l'air d'aller mieux, dit-elle sur un ton tremblant.

Je me frottai la nuque avant de pousser un long soupir. Je fis un pas vers elle, ce qui eut le don de la figer un peu plus. Au moins, elle ne reculait pas.

_ Je suis désolé, Mitsuha, chuchotai-je. Je suis désolé pour ce que je t'ai fait... Je suis désolé que tu sois obligé de vivre loin de la meute. Je ne veux pas que tu restes loin d'eux. Je m'écarterais si tu veux venir à la patinoire. Je...

Trop d'émotions grimpèrent en moi. Le regard de Mitsuha s'écarquilla lentement.

Merde...

_ Suha, je ne voulais pas...

Elle détourna le regard et son corps pivota légèrement. Le langage corporel de Mitsuha avait toujours été quelque chose que je m'efforçais de décrypter. Elle parlait beaucoup avec son corps. Ce rejet me serra le cœur. Je pris une longue inspiration et tentai un autre pas, voulant la rassurer un peu plus, mais la porte s'ouvrit sur Mylan cette fois-ci. Il nous observa tous les deux, tour à tour, sa grimace s'accentuant lentement. Mitsuha se frotta le bras, celui qui était marqué. Elle frémit et secoua la tête.

_ J'aimerais voir Ani. Puis-je ?

Elle demandait la permission à Mylan. De nouveau, cette sensation de panique m'envahit. J'appliquais les conseils de Honor. Je comptais lentement dans ma tête, respirant doucement. Mon loup voulait prendre Mitsuha dans ses bras et faire disparaître la douleur qui transparaissait dans son comportement. Je devais lui expliquer ce que j'avais découvert... Je devais pouvoir défendre ma cause et qu'elle me pardonne. Ou du moins, qu'elle accepte de m'écouter.

_ Le médecin cause encore avec lui, mais il sera sûrement plus attentif avec toi à côté, admit Mylan. Vas-y.

Je la regardai entrer dans la pièce. Je me frottai la nuque, prêt à la suivre. Cependant, la main de Mylan se posa sur mon épaule, pour me retenir.

_ Laisse la respirer un peu, souffla-t-il. Tu ne devrais même pas être ici.

_ C'est mon joueur. Ma femme. Ce sont mes affaires, grognai-je.

L'accès de possessivité qui grimpa en moi n'était pas normal, mais je ne réussis pas à le maîtriser. Mylan grimaça et secoua la tête.

_ Ex-femme, Aleksey, ça change beaucoup de choses, chuchota-t-il.

Je me reculai, la claque due à ces paroles me faisant presque chanceler. Je pivotai, prêt à partir, mais un raclement de gorge se fit entendre.

_ Tu es son coach, Alek, souffla la voix de ma femme.

Je restai un instant sans bouger. Mylan était immobile aussi à mes côtés. Il voulut tendre la main pour me retenir, mais je l'esquivai. Je tins la porte le temps de rentrer et Mitsuha s'écarta assez rapidement pour que seule son odeur me percute.

Elle portait toujours le même parfum que j'adorais. Quelque chose de floral, un peu sucré et presque appétissant. Je refermai derrière moi alors que Mylan me rappelait. Il ne rentra pas dans la chambre cependant. Je l'entendis parler. Je ne savais pas si c'était Théo qui revenait, ou simplement Mylan qui appelait Aodh pour qu'il vienne me surveiller.

Je posai mon regard sur Mitsuha. Elle se tenait au bout du lit d'Ani, observant le gosse. Il écoutait vaguement le médecin, faisant un grand sourire à Mitsuha. Elle lui répondit, secouant doucement la tête. Elle aimait bien Ani et je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Anibal était attachant à sa manière.

J'appuyai mon dos contre la porte. Ani me lança un regard un peu inquiet. Oui, il savait qu'il avait fait une connerie et que j'allais lui passer un savon au prochain entraînement.

_ La hanche a pris un choc assez violent. Cependant, elle ne s'est pas démise donc il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. Mais il faut quand même surveiller l'hématome, vérifier qu'il se résorbe bien. Vous êtes la préparatrice physique ?

Mitsuha hocha la tête. Le médecin connaissait déjà ma tronche, j'avais amené plusieurs joueurs aux urgences quand ils se blessaient comme des idiots.

_ Alors, je peux vous expliquer les mouvements qu'il a le droit de faire ou non. C'est toujours mieux quand le Coach et la préparatrice s'entendent bien pour accorder leur violon.

_ Je ferais tout ce qu'elle me dira, dis-je d'une voix légèrement rauque.

Mitsuha écarquilla doucement les yeux. Son regard se posa sur moi. Je crus voir une étincelle que j'avais réussi à déceler au début de notre relation. Quand j'arrivais encore à la surprendre. Il fallait que je retrouve ça chez elle. Que je lui fasse comprendre que j'étais quelqu'un qui voulait se repentir et avancer, avec elle était le but. De là à ce qu'elle me laisse faire...

Le médecin récupéra l'attention de Mitsuha qui se mit à chercher son calepin dans ses poches. Elle le sortit et écrit rapidement les recommandations du médecin. Je les laissai discuter et m'approchai du malade.

Ani avait les joues encore rouges du match. Il semblait mal à l'aise dans le lit d'hôpital. Ce que je pouvais comprendre, je détestai ces machins-là. Je pris une profonde inspiration et le fusillai du regard. Il baissa immédiatement les yeux.

_ Pourquoi l'as-tu laissé te bloquer comme ça ? grognai-je.

Il haussa les épaules.

_ Jake avait le palet, rétorqua Ani. Il valait mieux que le défenseur me tape moi plutôt que lui.

Je frappai sa tête et il couina.

_ Espèce d'idiot, maugréai-je. Refais-moi un coup comme ça et tu passes le prochain match sur le banc. Tu m'entends ? Avec tes galipettes, je ne suis même pas sûr que tes coéquipiers soient assez concentrés pour gagner ce match. Je te jure que si tu te blesses encore une fois, je me ferais un plaisir de te faire souffrir aux entrainements.

_ Vous êtes pas sympa, Coach. Je suis sur un lit d'hôpital, vous vous rappelez ? Vous avez pas le droit de m'engueuler...

Je fis la moue et me penchai vers lui. Il fit moins le malin alors que je m'apprêtais encore une fois à l'engueuler.

_ La prochaine fois, tempérai-je, évite de te retrouver bloqué contre cette maudite paroi. Maintenant, lève-toi.

Ani repoussa la couette, trop heureux de quitter le lit. Le médecin continua d'exposer les différentes précautions à prendre avec Mitsuha. J'aidais ce gros nigaud à descendre de son lit. Ani s'appuya sur sa jambe valide, comme toujours avant de tester son poids sur son autre jambe. Je m'agenouillai devant lui et observai la marque noire sur sa hanche droite. L'hématome était vraiment moche et ça lui ferait un mal de chien pendant quelques semaines. Heureusement qu'il avait Mitsuha en préparatrice, il serait sur pieds d'ici quelques jours et pourrait faire le foufou sur la glace d'ici une semaine ou deux.

Mauvais, je fis claquer le boxer d'Ani juste en dessous de son hématome et il couina un peu plus fort.

_ C'était pour quoi ça ? grogna-t-il en frottant la hanche.

Il se remit le paquet en place. Ani avait un corps d'homme adulte même à son jeune âge et il devait l'entretenir pour qu'il reste en forme.

_ Pour avoir fait le con. Tu as cherché le défenseur pendant toute la première partie de jeu.

Ani rougit avant de grogner un juron. Il se prit une claque sur la tête par Mitsuha.

_ J'ai dit quoi sur le langage ? grogna-t-elle.

_ Pardon, M'dame Yamada, soupira-t-il.

Je me relevai et m'écartai d'un pas pour laisser Mitsuha ausculter Ani. Il se dandina quand elle appuya doucement sur l'hématome de sa hanche. Elle palpa plusieurs endroits du corps d'Ani et je compris qu'elle connaissait déjà par cœur le corps en face d'elle. Mitsuha avait toujours été très bonne pour comprendre ce qu'elle avait en face d'elle, surtout quand il s'agissait de muscles, d'os et d'endurance. Elle savait ce qu'elle faisait, l'avait toujours su.

Elle me regardait retirer l'attelle. L'hématome sur ma jambe était atrocement douloureux. Il avait une couleur moche, évidemment. Une espèce de noir boueux. Le sang avait foncé ma peau. Son regard était perçant et elle n'était pas pour que je reprenne aussi vite. Seulement, si je restais un instant de plus assis à la maison, j'allais me tirer une balle. Elle le savait et c'était aussi pour ça qu'elle avait refusé que je prenne un autre préparateur physique qui ne serait pas elle. L'objectivité était de mise pour ce genre d'exercice, pour ce genre de décision.

J'étais assis en boxer sur le banc de la salle d'exercice. Il n'y avait personne d'autre que nous, hormis Blake qui attendait dans un coin. Il ne voulait pas que je pète un plomb si je n'arrivais pas à courir. Cela faisait plus de trois semaines que je n'étais pas allé sur la glace. Trois semaines, c'était long.

Mitsuha s'approcha enfin et posa ses mains sur ma cuisse. Ses doigts étaient froids sur ma peau. Cependant, je ne ressentis pas une gêne quand elle me toucha.

Je déglutis, sentant mon énergie se déployer autour de moi. Quand Mitsuha me touchait, je pouvais presque sentir mon corps se détendre, avant de brusquement prendre un autre chemin. Mon sang se dirigea lentement vers mon sexe. Et merde. Je regardai le plafond alors que les doigts de Mitsuha massaient lentement ma cuisse, la travaillant doucement, la testant.

_ Alek, souffla-t-elle.

Je continuai de regarder le plafond, comptant dans ma tête les nombres de lattes qui se trouvaient là. Si j'avais la trique maintenant, ce ne serait pas forcément bien vu par la préparatrice physique, qui s'avérait être ma compagne.

Ses doigts glissèrent sur le bord de mon boxer et tout mon corps se tendit. Elle se racla la gorge et se redressa brusquement.

_ Tu es vraiment...

_ Pardon, grognai-je. Je ne...

_ Tais-toi, gronda-t-elle.

Je fermai ma bouche, tentant de faire redescendre ce que j'avais entre les cuisses. C'était compliqué. Tout particulièrement quand Mitsuha portait un legging de sport comme actuellement. Cela ne me laissait à aucune imagination. Elle portait un string, je le savais pour l'avoir vue l'enfiler le matin même. Son haut de sport était tout aussi moulant, retenant ses seins fermes.

Je fermai les yeux, sentant mon érection devenir plus insistante.

_ Ce n'est pas le moment de penser à ça, gémit Mitsuha.

Je tendis ma main et agrippai sa cuisse ferme, entre ses jambes. Je ne touchai pas son sexe, mais je n'en étais pas loin.

_ Ma préparatrice physique est bien trop sexy pour que je sois sage, murmurai-je, la gorge nouée par mon désir.

J'avais été un connard monumental ces dernières semaines, comme d'habitude. Je n'avais pas touché intimement Mitsuha depuis ma blessure et cela me rendait fou. Bien plus que ma blessure. J'avais besoin de la prendre, de la faire mienne.

_ Alek bon sang, bredouilla-t-elle.

Je posai un baiser sur la petite bande de peau qui dépassait entre son legging et son haut. Elle frémit. De loin, je vis Blake s'éclipser comme il savait si bien le faire. Sa peau était chaude sous mes lèvres. Douce aussi, atrocement douce.

_ Tu ne veux pas de moi ? murmurai-je.

Je levai lentement mes yeux vers elle, sachant ce qu'elle lirait dans mon regard.

Ce désir qui me prenait à la gorge à chaque fois que je la voyais.

Ce besoin de la faire mienne à chaque fois que je le pouvais.

Ce besoin de la faire jouir à chaque fois que je m'occupais d'elle.

_ On ne peut pas faire ça ici, souffla Mitsuha.

Je posai mon nez contre son sexe et respirai son odeur. Elle couina avant que je ne la tire sur mes cuisses. Nos bouches se frôlèrent, ses mains sur mes joues.

_ Je t'aime, Suha, murmurai-je contre son oreille.

Elle s'appuya contre mon baiser, son souffle court. Ma main se referma sur sa nuque, mes lèvres contre son cou. Je l'embrassai à cet endroit sensible que je connaissais chez elle. Elle frémit doucement et me tendit sa bouche.

Je clignai des yeux quand Ani et Mitsuha cessèrent de m'appeler pour m'observer. Je sentis un rougissement remonter le long de mes joues. Ani haussa un sourcil et Mitsuha sembla comprendre le fil de mes pensées. C'était ça quand on connaissait une personne aussi bien qu'elle me connaissait moi. Je pris une longue inspiration et me frottai la nuque. Heureusement que mon jean était relativement ample et que je savais compter jusqu'à quinze.

_ On va te ramener chez toi, remarquai-je.

_ Je peux le faire, reprit Mitsuha. Tu devrais aller voir la fin du match.

Je l'observai un instant et finis par hocher la tête ne voulant pas la contredire. Ce n'était ni le moment ni le lieu. Elle pouvait très bien ramener Ani chez lui de toute façon. Je n'étais pas sûr qu'il soit sage, mais ça.

_ Ça va aller Coach ? s'enquit Ani.

Je secouai la main pendant que Mitsuha récupérait les affaires du gosse. Je tentai de me concentrer, assez pour que mon écart passe inaperçu. J'aidais Ani à enfiler son pantalon, il pouvait à peine lever la jambe. Merde... ça allait être long à se remettre.

Je passai ma main en travers de sa taille pour l'aider à sortir de la chambre. Un fauteuil roulant l'attendait dans le couloir. Il me jeta un coup d'œil et secoua la tête. Mitsuha attrapa les affaires personnelles d'Ani et nous rejoignit dans le couloir. On y trouva sans grande surprise Aodh. J'étais curieux de savoir pourquoi il n'était pas rentré dans la chambre.

Puis, mon regard se posa sur ma Dominante.

Ylesia était très bien habillée, comme pour chaque match de hockey auquel elle assistait. Elle nous observa tour à tour et pencha doucement la tête quand Mitsuha se retrouva à quelques centimètres de moi. Je déglutis et baissai la tête, montrant à ma Dominante que je n'avais rien fait de mal. Mon loup voulut prendre le dessus pour parler avec Mitsuha, mais je ne voulais pas faire peur à ma femme. Ce n'était pas le but et je savais à quel point ce que je lui avais fait l'avait marquée... Énormément.

_ Alek, remarqua Ylesia. Tout va bien ?

_ Ani va repartir avec Mitsuha, dis-je en me raclant la gorge. Je vais... retourner au match.

_ Blake s'occupe des jeunes. Tu veux que je te ramène ?

Je hochai la tête. Aller tout seul à la maison ? Je n'allais pas franchement aimer cette étape, mais il valait mieux que je respire et que je tente de remettre mes idées en place. Sinon, ça allait finir encore une fois par un commentaire atrocement déplacé envers Mitsuha.

_ Je ramène Ani moi, remarqua Suha.

_ Vas-y ma chérie, sourit Ylesia.

_ Salut, Coach, me cria Ani arriver à l'entrée des urgences.

Je lui fis un signe de la main. Aodh me fixa pendant quelques secondes, puis secoua la tête et rejoignit Mitsuha. Je serrai les dents, ne voulant pas m'énerver contre lui. Il ne faisait que la protéger de la pire des personnes qu'elle avait pu rencontrer. Je m'appuyai contre le mur et Ylesia posa une main sur mon torse. L'énergie de sa louve m'entoura, réussit même à me détendre.

_ Tu vas bien ? souffla-t-elle.

_ Je pense que oui, admis-je. Je crois que j'ai dit des conneries à Mitsuha, mais ça...

_ Des conneries ? releva ma Dominante en grimaçant.

_ J'ai voulu m'excuser, mais j'ai eu une diarrhée verbale, grimaçai-je.

Ylesia éclata de rire avant de frotter mes cheveux. Je soupirai un bon coup.

_ Laisse lui quelques jours pour comprendre ce qui vient d'arriver, fit Ylesia. Elle répondra peut-être à cette diarrhée. Vous êtes forts pour ça tous les deux.

Je haussai mes épaules, gêné. Je n'aurais pas dû l'être, après tout ma Dominante me connaissait aussi bien que Blake. Seulement, Ylesia n'avait jamais été tendre avec moi. Elle revenait doucement vers moi depuis que j'avais repris le dessus. Surtout depuis que j'avais vu ma mère à vrai dire. Ylesia n'était pas adoptée, mais elle comprenait qu'un enfant ait besoin de savoir ses origines.

_ Elle me déteste, soupirai-je. Je ne vois pas ce qu'il y a d'autre à dire.

Ylesia pencha doucement la tête, ses yeux brillants de sa louve.

_ Tu ne peux pas lui en vouloir pour ça, Alek, souffla-t-elle.

Je hochai la tête.

_ Je sais bien, admis-je. C'est bien pour ça que je n'ai rien fait de plus que parler d'Ani. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu'elle ne veut plus avoir à faire à moi.

Ylesia fit la moue avant de hausser les épaules à son tour. Elle ne dirait rien sur ce que Mitsuha pouvait lui confier. J'en étais bien conscient et ce n'était pas ça que je demandais. Je voulais juste avoir une chance de m'excuser véritablement et qu'elle n'ait plus peur de moi. Qu'elle retrouve une vie normale... Sans moi, s'il le fallait.

Je laissai Ylesia me ramener. Elle me déposa devant chez moi, me saluant alors que je passai la barrière qui séparait la maison de la rue. Je pris une profonde inspiration en refermant le portail. Je regardai le jardin et grimaçai. Mitsuha s'occupait du jardin généralement. Je n'avais pas du tout la main verte. J'exécutai souvent les ordres qu'elle me donnait.

Je rentrai à l'intérieur et décidai de faire du ménage. Je réussis à ranger le rez-de-chaussée, poussant les affaires des gosses dans un des tiroirs d'une commode libre. C'était la chambre d'ami. Généralement, Eziah, Unai et Riham dormaient là sous leur forme de loup, tous ensembles. Ce n'était pas rare que Priam les rejoigne.

J'étais en train de ranger le dressing qui avait abrité beaucoup de vêtements de Suha, quand je mis la main sur une petite boîte jaune. Je déglutis, me rappelant ce qu'elle contenait. Je l'avais caché pendant le divorce, ne voulant pas que Suha l'emporte avec elle. Je savais qu'elle avait gardé autre chose concernant cet épisode de sa vie. De notre vie. Je m'assis devant le dressing à moitié vide. Je posai la petite boite devant moi et l'ouvris lentement.

À l'intérieur, il y avait un petit pyjama pour bébé. Je n'avais pas pris de couleur particulière à l'époque. Je ne savais pas si c'était une fille ou un garçon. Seulement que Suha avait, pendant quatre mois, eu un bébé dans son ventre. Notre bébé. Je frôlai le petit pyjama, tentant de ne pas laisser libre cours au souvenir traumatisant.

Je me frottai les tempes et refermai brusquement la petite boîte. Je caressai un instant le carton avant de me lever et d'aller ranger le cadeau dans un de mes tiroirs de fringue. Je le cachai sous mes pantalons et refermai le tiroir.

Je soupirai et retournai dans le dressing. Je ne compris pas trop ce que les longues boites fines et rectangulaires des kimonos de Suha faisaient encore là. J'étais persuadé qu'elle les avait tous repris quand Blake était venu récupérer les affaires de mon... ex-femme. Je tirai la première boîte grise et la déposai au sol. Je l'ouvris avec grande précaution et découvris l'un des premiers kimonos dans lequel je l'avais vu.

La température dans ce pays n'était pas la même qu'à Toronto. Je devais m'habituer à l'humidité, mais surtout à cette chaleur qui collait à la peau. Je passai dans le couloir de la maison familiale de Mitsuha. Ici, il n'y avait pas de portes. Seulement ces parois que vous glissiez. J'avais tenté de demander n'importe quels détails à Mitsuha avant d'atterrir ici, pour que la cérémonie de notre mariage soit fêtée avec sa famille. Nous l'avions fêté avec la meute, mais la grand-mère de Mitsuha lui avait ordonné d'avoir une cérémonie traditionnelle pour sa famille japonaise. Blake et Ylesia atterriraient sûrement demain, ou après-demain. J'avais hâte qu'ils arrivent. C'était très impressionnant.

Je rejoignis la chambre qui était censée être la nôtre. J'ouvris lentement la paroi dans un matériau qui me semblait bien trop fragile et me figeai sur le seuil de la pièce.

Ma femme se trouvait agenouillée devant une porte qui donnait sur la petite cour de la maison. Elle aussi très belle. Seulement, je n'avais d'yeux que pour ma femme.

Elle portait ce kimono que j'avais moi-même acheté ici il y a quelques jours, avec l'aide de sa petite sœur. C'était la troisième fois que je voyais Mitsuha vêtue de ce magnifique vêtement traditionnel. Il était rouge, brodé de dorures fines, des fleurs de toutes les couleurs, aussi brillantes les unes que les autres. Elle avait noué ses cheveux en un chignon compliqué et une fleur était insérée au milieu. Son regard se posa sur moi.

Cette vision de beauté m'avait ôté toute parole.

Parfois, je me demandais ce que j'avais fait dans ma vie pour mériter une femme comme Mitsuha.

On m'avait déjà abandonné une fois et la seule peur que je réussissais à éprouver en ce moment : c'est que cette femme, qui était la mienne, m'abandonne un jour.

_ Tu es magnifique, Suha, soufflai-je.

Son regard s'attendrit et ses yeux brillèrent d'une émotion contenue.

Parfois, je pouvais voir à quel point elle m'aimait.

C'était là, entre nous, nous reliant d'une telle façon que je serais incapable de partir. Elle me tenait entre ses mains depuis le début, je me demandais seulement si elle s'en rendait compte.

Mes doigts effleurèrent le tissu incroyablement doux au toucher. C'était impressionnant. Je me penchai lentement et pressai mon nez contre la fabrique.

L'odeur de Mitsuha me submergea.

Il fallait que je conquière son cœur de nouveau.

Il fallait que je retrouve ma femme.

Et qu'elle retrouve l'homme qu'elle avait aimé. 



🎐 🎐 🎐


Et voilà enfin la suite ! C'était un peu compliqué ces derniers temps de jongler avec les deux histoires en cours ; surtout avec le mariage qui se rapproche pour ada et moi ! Autant vous préparer d'avance, mais en mai, nous seront quelque peu absentes de wattpad x) 

Que pensez-vous de ce nouveau chapitre ? Des pensées d'Alek ? De sa façon d'être avec Suha ? 

On se retrouve semaine prochaine, sans faute, pour la suite ! 

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