2 | Mitsuha


— Si tu ne fais pas très vite un effort, Baptiste, je prends mes affaires et je m'en vais.

Ma voix claqua dans la pièce et un silence plutôt parlant me répondit.

Je sentis de nombreux regards sur moi avant que mes collègues ne reprennent leur travail. Nous avions tous notre façon de bosser et aucun de nous ne mettait jamais le nez dans les affaires des autres. C'était une règle. J'avais bossé longtemps en dehors d'un centre de rééducation, si bien que j'apprenais encore comment tout fonctionnait.

C'était une autre ambiance, loin des vestiaires des joueurs, loin de l'agitation d'un stade tout entier. Loin de la sueur et de l'euphorie après une victoire. J'avais toujours aimé l'ambiance électrique qui couvait au sein d'une équipe.

Baptiste gonfla ses joues et me regarda, essayant de me faire ses yeux de chien battu. Ce qui ne marcherait clairement pas. Je savais à quoi m'en tenir avec lui. Je bossai avec depuis des mois et même si parfois il réussissait à me rendre un peu moins inflexible, aujourd'hui j'avais décidé que ça ne marcherait pas.

Pour la simple et bonne raison que je n'étais pas d'humeur.

Dans mon boulot, je n'étais pas la même que dans ma vie privée. C'était une dualité dont j'avais besoin. La frontière était hermétique entre les deux et jusqu'à présent, ça avait toujours très bien fonctionné.

— T'es pas sympa, Mitsu. Tu veux vraiment me tuer à la tâche ? Je suis à deux doigts d'en avoir fini avec tout ça, et toi, tu...

Je me penchai vers lui. Il avait beau me dominer d'au moins une tête et demie, ça ne faisait aucune différence pour moi.

J'étais le médecin, il était le patient. Depuis quelques semaines, il était juste moins attentif que d'habitude. Je pouvais le comprendre.

Après des mois de rééducation acharnée, il était à deux doigts de pouvoir retourner sur le terrain et il ressemblait à un gamin empressé qui ne pensait plus correctement.

— Le Coach Huynh est un enfant de chœur à côté de moi, Baptiste ? C'est ça que tu en train de me dire ? Tu vas me faire croire que ce que je te fais faire ici est pire que lors de vos séances d'entrainement ?

Il pinça ses lèvres.

Au début, Baptiste n'avait pas été facile. À approcher, à toucher. Nous faisions beaucoup de social dans ce métier, c'était une grande part de notre job après tout. Malgré tout, parfois, on ne parvenait pas à atteindre tout le monde. Le boulot était alors fait, mais pas de la même manière. J'avais toujours eu tendance à ne rien lâcher, à prendre tout à cœur et à me battre pour ce que je pensais être juste.

Il n'y avait aucune raison d'abandonner. Du moins, c'est ainsi que j'avais vécu pendant quelques années. Maintenant, c'était un peu plus compliqué que tout ça.

— T'es vraiment dure, aujourd'hui, grommela Baptiste en se remettant au boulot.

— Arrête ton char. C'est toi qui ne veux faire aucun effort. Continue et Huynh va vite savoir que son meilleur défenseur est un gamin puéril.

— Bla, bla, bla. Tu n'oserais pas, dit-il avec un grand sourire.

Plutôt pas mal dans le genre tombeur de ces dames, mais ça n'avait aucun effet sur moi.

Je crois que beaucoup me surnommait la garce au cœur de glace. Ils étaient loin de la vérité, mais je n'avais jamais prêté attention à ce qui pouvait se dire de moi.

Je venais d'un autre pays où j'avais grandi loin des gens, ma famille étant très à cheval sur une façon de vivre bien particulière.

Les meutes au Japon étaient bien différentes de celles qu'on pouvait trouver ici. La hiérarchie n'était pas si éloignée que ça au en termes de grades, mais la façon de faire et de voir les choses ne correspondaient en rien au Canada et aux États-Unis.

Là-bas, il n'était pas question d'une grande Déesse et d'âmes sœurs. C'était presque une autre époque. Ce qui m'avait fait un choc quand j'avais fini ici.

Lorsque j'avais rencontré Blake et le reste de la meute.

— Tu veux parier avec moi ?

— Je perds tout le temps alors non merci, je passe mon tour.

Je me détournai, un léger sourire aux lèvres. La plupart des athlètes dont je m'occupais en tant que thérapeute sportive étaient tout ce qu'il y a de plus humains. J'avais eu affaire à quelques loups depuis les MaplesLeafs, mais pas autant qu'avant. Ça ne me posait pas de problèmes. Le travail était différent, les exercices bien plus encore. Les humains n'avaient pas cette étonnante capacité de régénération qui nous était propre.

La rééducation s'opérait d'une autre façon, sur d'autres aspects. J'avais toujours trouvé cela intéressant. C'était un bien, tout comme c'était un mal.

La régénération accélérée n'avait pas que du bon. Parfois, des séquelles restaient et cela ne s'arrangeait jamais avec le temps.

Dans ma veste, mon téléphone vibra et je calai mon téléphone entre mon oreille et mon épaule tout en notant des annotations concernant Baptiste.

— Yamada, dis-je.

— Tu pourrais quand même prendre la peine de personnaliser, non ? C'est vexant.

Je levai les yeux au ciel et claquai des doigts en voyant Baptiste ralentir la cadence. Petit malin.

— Que veux-tu que je te dise ? Il est hors de question que je ronronne juste parce que tu m'appelles, Aron.

Son rire résonna, à l'inflexion grave et rocailleuse. Le fait que les sportifs de haut niveau étaient tous plus que regardables n'était pas un mythe. C'était peut-être pour ça que plus en plus de promo d'études de notre branche voyait le jour, pour plus de la moitié composée de la gent féminine.

Aron était un ancien joueur de hockey. Il avait fait partie de l'équipe de Toronto et avait été entraîné par Blake entre autres. Maintenant, il s'était reconverti comme Agent et il était plutôt doué dans sa branche.

Il fallait savoir que je ne m'occupai pas que d'hommes. On ne choisissait pas qui venait à nous. On prenait et on aidait ces sportifs à faire ce qu'il fallait pour continuer à jouer. Ou pour se réorienter complètement ailleurs. Je n'avais pas vu cela très souvent, mais ça arrivait.

Certains sportifs avaient une durée de vie limitée dans leur domaine. C'était ainsi.

Certains sportifs finissaient par mourir en pratiquant. Ça aussi c'était une réalité.

— Est-ce que tu es dans cette période horrible que les femmes ont une fois par mois ? Je crois que c'est en rapport avec un cycle, tu vois de quoi je parle ?

— Vous, vous êtes des idiots mal lunés toute l'année, alors on s'estime plutôt chanceuse. Bordel, Baptiste, bouge-toi !

Mon cri résonna et Baptiste soupira. J'allais finir par aller lui tirer les oreilles, comme ça, ça nous ferait du bien à tous les deux.

Le sifflement d'Aron.

— C'est toi qui aurais besoin d'un bon massage. Si tu veux, je peux te...

À son tour d'aboyer quelque chose. J'en profitai pour faire les yeux ronds à Baptiste qui me souffla un baiser.

Aron était un vieil ami. Lorsque je m'occupai encore des MaplesLeafs, il avait eu le droit à mes soins, comme tous les autres. Nous étions toujours restés en contact et même s'il ne faisait pas partie de la meute, Blake l'avait autorisé à rester sur le territoire, sachant très bien de quel bois était fait Aron. C'était un loup. Plus vieux que moi, mais plus jeune que mon Alpha. C'était un Solitaire. Un loup sans lien. Et cela semblait lui convenir. Tout le monde dans la meute savait qui il était et il était souvent invité à la maison, considéré comme l'un des nôtres sans l'être pourtant.

— Tu avais besoin de quelque chose ? le relançai-je.

— Ouais. J'ai un petit nouveau sous le coude qui vient tout droit du Mexique et il est franchement doué le sale gosse.

Je l'écoutai, balançant mon bloc note sur le banc et fouillant dans mon sac pour attraper ma montre.

— Mais il est peut-être un peu trop... vivace, si tu vois ce que je veux dire et personne ne lui a vraiment appris à jouer comme il fallait.

— Je ne m'occupe pas de l'entraînement, Aron.

— Je le sais bien. J'aimerais que tu gères la prévention à son niveau.

Je soupirai. Il y avait longtemps que je n'avais pas fait ça. Pas que ça me dérangeait, mais en général, les nouveaux venus voyaient d'un mauvais œil qu'un pseudo médecin s'occupe d'eux avant même qu'ils aillent sur le terrain. Ce qui était idiot au passage, puisqu'on faisait ça pour qu'ils évitent de se retrouver ici, comme Baptiste par exemple. Certes la prévention ne faisait pas tout, mais ce n'était pas un aspect négligeable du métier.

— Si c'est pour le faire entrer chez les Maples, c'est sans moi. Je ne gère plus tout ça. C'est Olivia et Theo qui ont pris la suite.

Qu'avait dit Blake ? « À défaut d'avoir la meilleure, autant prendre deux très bons pour rééquilibrer ».

Je n'avais pas relevé. Olivia et Theo avaient été majors de promo et même s'ils étaient jeunes, ils étaient clairement excellents. Juste ce qu'il fallait pour des hockeyeurs.

— Tu ne me ferais pas une fleur ? Même pas une toute petite ?

— Non. Débrouille-toi sur ce coup-là. Je ne gère plus les Maples. C'est tout.

Et mieux valait que ce soit ainsi. Blake avait pris la décision pour moi, mais cela avait été en toute connaissance de cause.

Il était l'Alpha. Il savait ce qui était bon pour ses loups. Et il nous protégeait à sa façon.


Sa puissance inonda la pièce, presque aussi présente que les rayons du soleil qui perçait par le rideau. Il régnait une douce chaleur ici, mais ça ne suffisait pas à me réchauffer.

Aodh ne bougea pas du fauteuil qu'il avait poussé jusqu'à côté du lit. Il tenait un livre ouvert devant lui d'une main, mais ses yeux ne bougeaient plus depuis de longues minutes. Il fixait un point sur la page, rien d'autre.

La main de Blake sur ma tempe, repoussant des cheveux de mon visage. Il avait la peau rugueuse et chaude. La peau d'un homme qui maniait la crosse depuis des dizaines et des dizaines d'années.

Sa puissance courue en moi, inondant mon corps et enveloppa ma louve qui était encore en léthargie après... après ce qui était arrivé.

— J'ai pris quelques dispositions, dit l'Alpha d'une voix terriblement rauque.

Aodh leva son visage vers lui, comme s'il écoutait pour nous deux.

— Une maison t'attend au bord du lac Ontario, à la sortie de la ville. J'en ai parlé avec Aiji et il a dit que tu te plairas là-bas.

J'observai un papillon au niveau de la fenêtre entrouverte.

— Aodh est chargé de ta surveillance. De ta... sécurité.

Ce mot lui écorcha la bouche autant qu'il me fit mal à l'intérieur. J'aurais voulu lui dire que tout ça, ce n'était pas grave, qu'Alek n'avait rien voulu de tout ça, mais qui écouterait ? Ça sonnait creux à mes propres oreilles.

— Tu ne le verras plus. Je ne plus que vous vous approchiez l'un de l'autre. C'est terminé. Tu vivras ta vie de ton côté et lui de la sienne.

Des larmes coulèrent le long de mes joues.

— Tu sais que ça ne changera rien, soufflai-je, la gorge en feu.

Le cœur en miettes.

J'avais tenu. Si longtemps que je ne savais pas ce que c'était que de baisser les bras. Ce n'était peut-être pas plus mal que Blake prenne cette décision pour moi.

Pour nous.

— Il est mon Second, tu es une de mes louves, Mitsuha. Je refuse que ton entêtement et ton amour ne causent quelque chose de plus irrémédiable encore. Est-ce que tu comprends ?

Non. Non, je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre.

La main d'Aodh attrapa la mienne et il serra très fort mes doigts.

— C'est un ordre que je te donne. Reprends pied. Réapprends à vivre. Sans lui.

Après soixante-quinze ans, apprendre à vivre sans lui ? Malgré tout ce qu'il avait fait, ce qu'il m'avait fait, cette idée faisait mal.

— Je ne veux qu'il se fasse du mal en t'en faisant. Aleksey a besoin d'aide. Il a besoin de s'en sortir. Et toi aussi, tu as besoin d'être libérée de cet amour malsain qui vous consume.

Et qui nous tuait à petit feu.

— D'accord. Comme tu voudras, Alpha.


— Mitsuha, s'il te plaît. Ne me lâche pas. J'ai vraiment, vraiment besoin de toi.

— À d'autre, dis-je, le cœur dans la gorge, les paumes moites.

Trop moites.

— Il... il faut que j'y aille, lâchai-je.

Je raccrochai et courus presque vers la porte. J'avais besoin d'un peu d'air. J'avais besoin de... vider ma tête.

Je me retrouvai dans les toilettes, accroupie par terre, le front appuyé contre mes genoux.

Même après plus de deux ans, c'était la même chose.

Les mauvais souvenirs entrainaient les bons et les plus belles réminiscences s'accompagnaient des pires instants.

Un cercle vicieux.

Sans fin. Qui me consumait. Ce n'était pas faute d'essayer de passer à autre chose, mais ce n'était pas aussi facile. Rien ne l'était quand on passait plus de sept décennies avec la même personne.

Pour vivre les plus beaux moments.

Pour la joie et le bonheur. Contrebalancer par des instants qui avaient annihilé tout le reste.

Toujours, toujours la même chose.


— Rends-le-moi !

Je me forçai à ne pas rire. La situation n'avait rien de sérieux, à l'inverse de ce qu'il tenait entre ses mains.

Son sourire. Cet éclat espiègle dans le regard. Qui me faisait fondre un peu plus à chaque fois.

— Pourquoi ? C'est ton journal intime ?

Il se moquait. Ouvertement, en plus.

Il commença à l'ouvrir.

— Hé !

Je lui fonçai dessus, mais déjà, il grimpait sur le lit. Je me figeai un instant, lui faisant les gros yeux. Heureusement qu'obaasan n'était pas là pour le voir se comporter ainsi et monter sur le lit. Elle en aurait fait une crise cardiaque.

Je me retrouvai devant lui, tendant le bras pour atteindre mon journal, mais il était hors de ma portée.

— Tu n'es pas très sympa, bougonnai-je en faisant la moue.

— Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Toutes les lettres d'amour que tu n'as jamais osé m'envoyer ? Tout ce que tu rêvais de me faire dans mon sommeil ?

Je lui donnai un coup sur le torse :

— Sale pervers. Il n'y a que toi pour penser ça.

Nos rires.

Mes cheveux fouettant doucement mon visage alors que mon dos heurtait légèrement le matelas, Alek me surplombant.

Il avait des yeux incroyables. Si clairs que c'en était toujours aussi étonnant, même après tant et tant d'années.

— Tu y as écrit tes fantasmes ? souffla-t-il.

Il mordilla ma mâchoire.

Un feu dans mon bas ventre. L'envie de le sentir. Entièrement, sans aucune barrière.

— Tu aimerais le savoir, hein ?


— Mitsuha ?

La porte des toilettes pour femmes grinça. La voix de Baptiste résonna.

— Tout va bien ? Tu es ici depuis bientôt quarante minutes.

Oh. D... déjà ?

— Je... oui, désolée. Tu peux y aller. On se voit dans deux jours.

Je sentis sa présence. Il se rapprochait.

— Tu es sûre ? Tu... veux que j'appelle quelqu'un ?

Je secouai la tête. Agrippai mes cheveux.

— Rentre. Vraiment. Ça va aller.

Il hésita de longues secondes. Et puis s'en alla. Je restai quelques minutes encore, misérable dans les toilettes des femmes, me demandant comment j'allais réussir à rentrer.

C'était une faiblesse que je détestai. Un état dont je n'arrivais pas à sortir.

Une prison. Un étau.

Je réussis à attraper mon téléphone sans le faire tomber et appuyai sur la touche de rappel automatique.

Il n'y avait qu'un numéro que je composai chaque jour lorsque ça n'allait pas.

— Viens me chercher. S'il te plaît.



Le paysage était le même. J'aimais me dire qu'ici, rien ne changeait.

À l'horizon, l'étendue bleue du lac Ontario. Je n'avais qu'à traverser mon nihonteien, pousser le petit portail, descendre le long de la côte et arriver au pied de l'eau.

J'ignorai comment Blake avait réussi à mettre la main sur un endroit pareil, mais je m'y sentais bien. J'avais investi les lieux à ma façon, rendant cette demeure aussi agréable qu'avait pu l'être la maison familiale. Tout était dans l'esprit nippon. Mes racines. C'était replongé presque deux siècles plus tôt, quand j'étais entourée des miens et que je n'avais pas rencontré Aleksey.

Que je n'étais pas tombée amoureuse d'un homme qui avait correspondu à tout ce que j'attendais.

Cela me paraissait être arrivé il y a une éternité. Ce n'était pas le cas pourtant.

Je fis un pas à l'extérieur. J'étais pieds nus et portai un gros plaid sur les épaules.

Le plancher craqua derrière moi.

— Dagdha ne viendra pas, dit Aodh.

Il avait une voix glaciale. Pas très chaleureuse. D'un point de vue extérieur, c'est tout ce qu'il dégageait. Une froideur sans commune mesure que ne devait pas le rendre très agréable aux yeux des gens.

Tout se passait dans le regard chez lui. Dans ce que ses yeux étaient capables d'exprimer. Et alors, c'était incroyable.

Il était capable de me faire me mettre à nu en un temps record. Peut-être aussi parce qu'il était le loup avec lequel je passais le plus de temps et avec lequel j'avais le plus d'échanges.

Aodh vivait pour ainsi dire ici, avec moi.

Je ne l'avais jamais considéré comme un étranger se permettant de faire partie de ma vie. Je n'en avais pas voulu à Blake de lui avoir demandé de veiller sur moi.

Aodh était certes la Main de la meute, mais avant tout, il était un ami, un confident.

Une présence qui empêchait ma louve de se terrer complètement. Et en cela, il avait pris la place de notre Eranthe, Dagdha.

— Merci, soufflai-je.

Ce n'était pas que je ne voulais pas la voir, mais quelque part, il y avait ma fierté. Qu'Aodh me voie ainsi était une chose que je pouvais supporter, mais que les autres le perçoivent, non. Et Dagdha m'aurait apaisée. Ce que je ne voulais pas.

Je ne voulais pas qu'elle me calme.

Je ne voulais pas qu'elle me prenne ma... peine et ma douleur.

C'était à moi. Mes maux. C'était ce qui me reliait encore à mes sentiments.

Ce qui me liait à Aleksey.

Nous avions été liés pendant si longtemps que c'était ancré en moi. Que c'était une... part de moi. Inaliénable, qu'importe que le lien soit brisé aujourd'hui.

Le vent se leva et mes cheveux obstruèrent ma vue.

Le ciel était gris. Porteur de pluie.

Je cherchai ma bague sous mon haut, qui pendait à une chaîne. La caressai du bout des doigts.

Les loups vivaient longtemps.

Obaasan s'était toujours attachée à dire que cela n'était qu'une malédiction. Bien plus encore pour elle qui avait vu mourir l'homme de sa vie, simple mortel.

Que personne ne devait être condamné à voir les gens aimés mourir les uns après les autres. Que personne ne devait pouvoir porter le fardeau d'un cœur brisé à travers les âges.

Comment oublier quelqu'un lorsqu'il était une part de vous ?

Lorsqu'il représentait votre moitié ?

C'était impossible. Et le temps passé ne changerait pas cela.

L'absence d'Alek ne changerait pas cela. Ni même son silence.

Il était là, logé au fond de mon cœur.

Précieux. Et mortel.

Mes sentiments enchaînés à un homme qui avait tout détruit. Mais qui m'avait fait me sentir en vie.

Comblée et heureuse.

Avant que tout ne vole en éclats. 


* * *


Et nous revoilà avec Mitsuha Yamada, qui est donc l'ex compagne et l'ex femme d'Aleksey ! Bien qu'elle semble beaucoup plus stable qu'Alek, on sent une fêlure très présente en elle et une faiblesse qui à le don de lui faire beaucoup de mal. 

Pour la protéger, Blake a décidé de l'envoyer vivre plus loin, en-dehors du foyer de la meute et surtout loin du Second... elle vit donc avec Aodh, la Main qui à mon avis, ne porte pas son Second dans son coeur... Mais bon, ça, on risque vite de s'en rendre compte, hein... 

Que pensez-vous de ce début ? De nos deux protagonistes principaux ? 

On se retrouve la semaine prochaine, pas même jour ni même heure, mais même endroit... *w*

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