9. Zoran
Nous sommes à l'aube des choses sérieuses :P
Je regardai le corps d'Isis sur le lit médicalisé en face de moi. Elle dormait depuis quelques heures déjà. J'étais resté à côté d'elle depuis que Gregor l'avait soigné comme il avait pu. Il m'avait simplement dit qu'elle devait se reposer et que l'hématome partirait de lui-même.
Shana était dans mon dos et Jalil était en dehors de la chambre. Nous étions dans le cabinet privé de Gregor, un chirurgien que je connaissais bien. Un humain certes, mais il était doué. Et sur le coup, mon loup avait paniqué de voir Némésis s'effondrer dans les bras de Shana. J'avais... J'avais perdu le contrôle. J'avais perdu le contrôle devant Shana et Jalil et cela était inexcusable.
Mon loup avait... paniqué. Il avait paniqué et il avait pris le corps d'Isis pour la mener directement ici. Gregor avait nettoyé la plaie sous le regard inquiet de mon loup mais... mais Isis ne s'était pas réveillée. Gregor avait branché un appareil sur sa tête et son activité cérébrale était bonne. Elle réagissait comme une humaine en ce qui concernait ces blessures et cela avait étonné Gregor qui n'était pas habitué à ça avec moi. Il m'avait pas mal de fois recousu et guérit et était toujours aussi fasciné de voir à quel point je me remettais vite.
Mais Isis... Isis ne se remettait pas.
_ Elle va bien, Zoran, souffla Shana.
Je restai silencieux, attendant. Attendant qu'elle se réveille. Attendant qu'elle me dise quelque chose. N'importe quoi. Mon loup avait été furieux qu'elle ne se défende pas contre ces hommes... Il lui avait fait peur, nous le savions. Et je l'avais laissé faire car il avait eu raison. Nous avions eu raison de lui faire peur. Il fallait qu'elle sache se défendre.
Il fallait qu'elle sache qu'il n'y avait aucune pitié chez certaines personnes.
Surtout celles qui nous attaquaient.
Je n'osais pas la toucher. J'attendais juste.
J'attendais juste qu'elle ouvre les yeux.
Pourquoi ?
Pourquoi cela me faisait-il si peur qu'elle ne le fasse pas ?
Une main sur mon épaule, puis sur ma joue. Shana se pressa contre mon dos, sa joue contre la mienne.
_ C'est la première fois que je te vois comme ça, murmura-t-elle contre mon oreille.
Je détournai un instant mon visage, ne voulant pas qu'elle voit... qu'elle voit à quel point Isis avait remué des choses en moi.
A quel point sa louve comptait pour mon loup.
Son bien être en tout cas.
Qu'elle aille bien. Seulement bien.
Mais elle le sentait. C'était ma Dominante. Elle savait que je n'avais jamais eu de comportement semblable auparavant. Si quelqu'un m'énervait, je cessai juste de lui parler. C'était plus facile ainsi et cela me permettait de me calmer.
Avec Isis... Avec elle c'était différent... Tout était différent.
Tout l'avait été depuis le début. Je ne le voyais que maintenant que j'étais ici, devant son lit, n'osant toucher la personne qui s'y trouvait par peur de sentir... de sentir à quel point cela me ferait du bien... ou trop de mal pour que je puisse partir sans regarder derrière moi.
Comme je l'avais toujours fait.
Quelqu'un l'avait blessé.
Un homme. Un homme que Jalil avait disparaître de ma vue parce que j'avais voulu tué cet humain.
J'allais finir par le retrouver éventuellement. J'avais son odeur inscrit dans ma mémoire. J'allais le trouver et j'allais le tuer. J'allais lui montrer la vraie facette de la nature animale. Mon loup hurlait vengeance. Il voulait frapper l'homme... lui faire mal. Atrocement mal.
Et pourtant, pourtant il me forçait à rester là.
A attendre qu'elle ouvre les yeux.
Mes muscles me faisaient mal à force ne pas bouger. Mais c'était secondaire.
Tout comme la chaleur de Shana contre moi qui m'aurais détendu habituellement.
_ Je reviens, murmura-t-elle avant de sortir de la petite pièce.
Je l'entendis à peine parler avec Jalil. Jahyan devait la chercher. Il devait devenir fou ou qu'il soit. Jalil l'avait prévenue que nous étions à la clinique il y a quelques minutes. Mais... Mais je ne savais pas s'il allait venir. S'il venait et qu'il me voyait comme ça... J'étais fichu.
Mais qu'est-ce que j'en avais à faire en ce moment ?
Rien.
Je me frottai les cheveux et posai mon front sur le bord du matelas.
Pourquoi ? Pourquoi ne s'était-elle pas défendu bon sang ?
Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.
— Es-tu donc idiote, Némésis ? Crachai-je, mauvais.
Elle sursauta, ne pouvant détourner son regard du mien. La colère explosait littéralement en moi. Incontrôlable.
— Tu comptais les dissuader de t'attaquer en leur parlant ? Es-tu naïve à ce point ? Est-ce que tu avais envie de te faire tuer ? Criai-je, ma mâchoire tendue à l'extrême.
Je sentis Shana dans mon dos, prête à me toucher, mais je me penchai sur Némésis. Elle devait comprendre ma colère ! Elle devait se rendre compte de l'idiotie de sa passivité !
J'avais été odieux avec elle... Terriblement odieux.
Je ne l'étais pas pourtant. Je l'étais rarement.
Si rarement que je pouvais les compter sur les doigts de ma main.
Une fois avec Jahyan.
Une fois avec Neyssa.
Et... ce n'était presque rien avec Neyssa comparé à comment j'avais été pour Némésis...
Bon sang...
Je me redressai et observai Némésis. Elle dormait profondément, les légers bips de la machine me rendant presque fou. Mes doigts frôlèrent son poignet. Sa peau était relativement chaude, mais pas comme d'habitude.
Pas comme quand c'était moi qui la touchait et qu'elle rougissait...
Je fermai les yeux un instant, ne pouvant rester là plus longtemps.
J'allais finir par la secouer pour qu'elle se réveille. Et médicalement parlant, ce n'était pas forcément la bonne solution je pense. Je posai mes lèvres sur son poignet et me levai. Elle n'avait pas besoin de moi pour guérir. Elle n'avait pas besoin de moi pour se réveiller.
Elle n'avait pas besoin de me voir alors que je lui avais littéralement aboyé dessus...
Alors que je me levai, la porte s'ouvrit sur Jahyan et Eneko. Le premier était contrarié alors que le second était livide. Je m'écartai du chemin d'Eneko qui s'assit à la place où j'étais quelques secondes plus tôt. Jahyan pivota son regard sur moi et m'observa. Je tentai de prendre une expression neutre, mais je grimaçai en voyant une Shana inquiète derrière mon Alpha. Il se doutait de ce qu'il se passait à travers elle...
_ Elle devrait déjà être réveillée, souffla Neko en prenant la main d'Isis, chose que je n'avais pas faite.
_ Elle n'est pas liée, Eneko, remarqua Jahyan froidement. Elle guérit comme une humaine. N'est-ce pas ?
Je clignai des yeux en comprenant qu'il me posait la question. Je n'en savais fichtrement rien ! Comment aurais-je pu le savoir ? Je ne... D'accord, j'étais la personne qui avait le plus de temps avec elle, mais je ne lui avais jamais demandé ça. Je n'étais pas le genre de personne à poser des questions bordel. On me le disait ou on le gardait pour soit. Un point c'est tout.
Je ne répondis pas, me contentant de le contourner pour sortir. Je devais m'éloigner d'elle avant que ce ne soit plus possible ;
_ Zoran ! Me rappela Shana.
Je suivis le couloir avant de voir l'indication pour la sortie. Je m'engouffrai dans les escaliers et trouvai enfin une porte qui menait dehors. Je la repoussai et me figeai, tentant d'inspirer de l'air. Rien n'y fit.
_ Zoran bon sang ! S'écria Shana en faisant claquer la porte.
Je titubai en arrière et me laissai tomber sur les fesses. J'atterris sur les marches alors que Shana me retenait à peine. Je me frottai les cheveux, tremblant légèrement.
_ J'aurais dû la protéger, murmurai-je. J'aurais dû être là...
_ Tu ne pouvais pas prévoir ça, souffla-t-elle.
_ Vous l'avez laissé sortir de votre vue, crachai-je, je n'aurais jamais fait ça !
Shana grimaça et secoua la tête.
_ Ce n'est pas le problème et tu le sais. L'homme... L'homme l'a reconnue je crois.
_ J'aurais dû être là, marmonnai-je contre mes poings serrés. J'aurais dû y être...
_ Elle va bien, Zoran, reprit Shana. Elle va bien. Tu... tu étais là où tu devais être.
Je grognai et m'écartai d'elle la regardant avec de grands yeux. Elle se figea.
_ Et si ça avait été toi, Shana ? Crachai-je. Et si ça avait été toi ?
_ Ce n'était pas moi. Et Isis va bien, répéta-t-elle.
Je frémis et bondis sur mes pieds. Il fallait que je parte. Que je bouge. Que je fasse quelque chose qui m'empêchait de penser à tout ça et à tout ce que ça impliquait.
_ Zoran... souffla Shana. Elle voudra te voir à son réveil...
Je fermai les yeux un instant et secouai la tête.
Je ne pouvais pas rester... Je ne... Mon loup était à présent silencieux. Il ne savait pas non plus comment réagir. Ce fut Jahyan qui sortit de la clinique. Il descendit les marches et s'approcha de moi. Je restai immobile alors que Shana s'était levée à son tour, inquiète de la tournure des événements.
_ Souviens-toi des règles, souffla simplement Jahyan.
Je grimaçai et me mis à courir, les cris de Shana me rappelant en vain.
Je crois bien que quelques jours passèrent avant que mon loup ne me laisse reprendre forme humaine. Il s'était un peu perdu dans la forêt de Boise. Il avait simplement retrouvé ses marques à travers notre environnement. Notre environnement de base. Ce qui nous rapprochait le plus de notre vraie nature. Je me réveillai la tête dans l'herbe, non loin d'un arbre que je connaissais. J'y avais moi-même construit une vieille cabane avec Oren quand il était encore gamin. Eneko m'avait détesté pendant pas mal de temps alors que qu'Oren passait ses journées dedans. Et ça avait été pire quand Arthur avait été en âge de faire la même. Ils étaient grands maintenant et ils avaient dû oublier cette vieille cabane.
Je me redressai, les muscles endoloris. Rester longtemps sous la forme de son loup pouvait être dangereux, mais j'avais fait pire. Je m'appuyai sur mes coudes, ressentant encore une légère douleur dans l'épaule. Quel jour étions-nous exactement ? Je n'en savais rien. Jeudi ? Vendredi ? Je secouai la tête et me levai, m'étirant lentement. J'avais vécu seul tellement longtemps que tout cela aurait pu me paraître normal... si je n'avais pas une certaine personne en tête. M'éloigner d'elle m'avait paru être la bonne solution, mais... le manque avait été encore plus fort.
Mon loup voulait l'entendre rire à nos bêtises.
Je voulais aller au cinéma avec elle.
Mon loup voulait la regarder écrire, concentrée sur sa tâche.
Je voulais la protéger de tout et de rien...
Nous voulions la serrer dans nos bras comme si elle était à nous.
Mais... mais nous avions toujours vécu seuls... Seuls avec nos propres démons.
Avec notre passé lourd.
Némésis avait repoussé ça le temps d'un instant.
Le temps d'un sourire.
Le temps d'un regard.
C'était comme si elle avait... colorié par-dessus tous mes dessins, tentant d'en faire un nouveau.
Un moins sombre. Un plus ouvert.
Plein de couleurs. Plein de désir.
Je fermai les yeux et me traînai jusqu'à la cabane. Tout ceci avait été une mauvaise idée.
Mon loup ne put s'empêcher d'acquiescer et de penser à elle...
Et elle de son côté ? Avait-elle pensé à moi ?
Lui avais-je manqué ?
Je frissonnai, n'osant imaginer ce qu'elle avait dû penser de ma fuite.
Je trouvai un vieux short que j'enfilais et descendis de la cabane en tombant presque. Je n'avais pas forcément beaucoup mangé. Mon loup s'était nourrit de lapin et d'autres choses, mais cela me restait sur l'estomac maintenant... Et la faim me tiraillait.
Comme... Comme à une certaine époque.
Alors que je marchais dans la forêt, des voix revinrent me hanter.
L'air était lourd ici. C'était comme vivre dans un four. Le fond du puits n'avait jamais été le meilleur endroit où vivre, mais c'était ma maison depuis une semaine maintenant. Je m'étais vidé depuis longtemps et même l'odeur de ma merde ne me dérangeait plus. J'avais eu Carlston avec moi pendant deux jours et il avait fini par... laisser mon loup le tuer. Il me l'avait demandé. Il me l'avait demandé comme si tout était normal ici de demander à un autre loup de le tuer.
Et je l'avais fait. Ici même. Dans le puits.
Et son corps flottait ici depuis.
La pourriture l'avait attaqué déjà. Je le voyais bien. Et je crois même que l'eau devenait acide à cause de ça. Je tenais assis sans être submergé par l'eau et tant mieux. Je n'aurais pas tenu debout éternellement.
Mes jambes m'avaient lâché depuis longtemps.
Sans manger.
Sans boire. Surtout pas boire.
Cette eau grignotait déjà ma peau à l'extérieur. Je ne voulais pas savoir ce qu'elle grignoterait si je la buvais. Je relevai mes yeux vers le ciel étoilé que je voyais d'ici. Soudain, une ombre se profila.
_ Toujours vivant, Sony ? Fit la voix d'Ahmet.
Je grimaçai un instant. Je n'avais pas ouvert la bouche depuis que mon Régent m'avait foutu dans ce trou à rat. Et je ne l'ouvrirais pas tant qu'il ne m'aurait pas sorti de là. Mon Régent était de loin la personne que je détestais le plus, mais aussi celui à qui je devais le respect.
_ Ahmet, ordonna une nouvelle voix.
Je frémis. Celle-là je la connaissais.
J'étais déjà passé entre les mains de Yahto, notre Maître à tous.
Même à Ahmet.
Il était celui qui nous avait créé. Qui avait donné aux loups comme nous la possibilité de survivre sans tuer tout le monde.
D'avoir un but.
D'avoir un contrôle particulier sur nos bêtes.
_ Qui ? Souffla Yahto, que j'entendis quand même.
Comme tous les loups de la lignée de Sharan, il était impressionnant et terriblement puissant. Il était le fils d'Isha. Il était le grand frère d'Anoki. Un loup plus puissant que tout... Je ne l'avais rencontré qu'une fois, mais j'avais eu des frissons rien que de le voir. Sa puissance roulait autour de lui comme un animal sauvage, prêt à vous sauter à la gorge à la moindre incartade.
_ Zoran, grogna Ahmet.
_ Sors le de là. Je dois le voir. Joaquim aussi.
_ Je vais le chercher, s'exécuta Ahmet.
Leurs voix n'étaient presque que des murmures en haut et pourtant, elle résonnait autour de moi.
J'étais en train de tomber de sommeil quand une corde me tomba sur la figure.
_ Zoran, fit Joaquim. Attrape la corde.
Je clignai des yeux, pas sur de tenir le coup.
_ Attrape la ! Grogna-t-il, sa voix résonnant dans mes oreilles.
Je bougeai doucement et l'eau ondula, avec tout ce qu'il pouvait y avoir dedans. Le corps de Carlston remua légèrement.
_ Remonte le avec toi, ordonna Ahmet. Qu'il ne pourrisse pas là encore des semaines.
Je fermai les yeux un instant et me redressai avec mes dernières forces. Je serrai les dents et tirai le corps de Carlston à moi. Il était affreusement mou et pourri... pourri de l'intérieur et de l'extérieur. Je faillis vomir alors que je le prenais par la taille. Ses muscles étaient mous. Sa peau se détachait par gros morceaux. L'odeur était encore pire que quand j'avais arrêté de bouger quelques jours plus tôt, essayant de passer outre le cadavre à mes côtés. Maintenant, je le tenais contre moi, retenant toutes les émotions que cela aurait pu faire monter en moi.
Joaquim commença à tirer, mais tirer deux corps seuls... il m'y atrocement longtemps. J'étais presque au bord de l'évanouissement quand il agrippa le peu de cuir qu'il me restait et me tira hors du puits. Je roulai au sol. Joaquim repoussa le cadavre de Carlston de mon bras et me tira un peu plus loin.
Je croisai son regard et il grimaça en voyant le mien.
Toute ma vie je me rappellerais ces derniers jours que j'avais passé en compagnie du cadavre d'un frère d'armes. Cela faisait déjà neuf décennies que nous étions entre les mains d'Ahmet. Dix longues décennies. Joaquim et moi étions arrivés ensemble et pour l'instant nous étions toujours ensemble. Ce qui avait le don de me rassurer parfois...
Je fus pris d'un haut le cœur et Joaquim me bascula sur le côté alors que j'étais plié en deux, incapable de vomir quoi que ce soit. Je n'avais rien dans le ventre depuis une semaine.
_ Nettoie le, soupira Ahmet.
Yahto devait être à l'intérieur. Je ne le voyais pas. Je ne voyais presque rien, hormis le visage rassurant de mon frère. De celui que je considérais comme un frère à vrai dire. Joaquim me tira un peu plus et je me retrouvai bientôt dans le lac qui nous servait d'endroit pour nous laver. Il me retint alors que je me laissais couler et tira sur le reste de mes habits. Il m'immergea complètement avant me remonter sur la rive. J'allais sentir la merde et la mort pendant quelques jours. Je le savais déjà.
Ça me semblait évident maintenant.
Joaquim me redressa et me gifla, fort. Je clignai des yeux et toussai.
_ Réveille-toi maintenant, grogna-t-il.
Je le laissai me secouer encore un peu et réussis enfin à reprendre pied dans ce qui était notre réalité.
Six jours.
Six jours dans un puits.
Sans manger.
Ni dormir.
Ni boire.
Avec un cadavre à côté de moi.
Qui vivait ça ?
Qui ?
Alors que je reprenais pieds, je levai mon regard sur la maison de Jahyan. Nous étions en pleine nuit et aucune lumière n'était allumée. Tout le monde dormait profondément. Je tapai le code du portail et entrai dans le jardin. Je passai par la cave, toujours ouverte et passai par la petite douche qui se trouvait dans un coin. L'eau chaude ne me fit ni du bien, ni du mal d'ailleurs. Je restai dans le même état second. Je sortis de la douche nu et me dirigeai, trempé, à l'étage. Je laissai un chemin de trace derrière moi. Je poussai la porte qui menait à la maison et entrai dans cet espace de paix et de calme.
La maison.
Je montai encore des escaliers et poussai la porte de ma chambre. Je me figeai en sentant quelqu'un dans mon lit. Je refermai doucement la porte et m'approchai. Je passai sur le côté et découvris Némésis, pressée contre mon coussin. Elle dormait d'un sommeil de plomb. Je restai immobile, savourant cette vision que j'avais d'elle. Je m'agenouillai, reposant mes fesses sur mes pieds. Plus jeune, Ahmet m'avait fait tenir dans cette position des heures, des jours. Jusqu'à ce que je ne sente plus rien dans mes jambes. Ce souvenir douloureux me fit grimacer et je dus faire du bruit car Némésis cligna des yeux. Elle s'assit brutalement dans le lit en me voyant.
Je levai lentement mon regard sur elle. Je ne pouvais rester neutre en face d'elle. Alors quelque chose se fissura en moi et je grimaçai de nouveau, baissant la tête. Je vis les pieds de Némésis entrer dans mon champ de vision, puis ses cuisses quand elle s'agenouilla en face de moi, entre le lit et ma personne. Le bas de son corps m'était visible, mais pas le reste. Ses mains, légèrement tremblantes glissèrent sur mes bras, puis sur mes épaules et enfin sur mes joues. Elle releva mon visage vers le sien.
_ Zoran, souffla-t-elle.
Je secouai doucement la tête et mon front se posa contre son épaule. Je ne voulais pas parler. Je la voulais juste elle. Savoir ce que ça allait me faire de retomber dans ses bras.
Retomber ?
Oui. Retomber. Parce que j'y étais retombée tellement de fois... En si peu de temps, j'avais sûrement fait plus l'amour avec elle qu'avec Neyssa. J'en...étais même sur. Je restai immobile, mon nez contre son cou.
Son odeur m'apaisait.
_ Zoran... Parle-moi... murmura-t-elle.
Je n'osai pas la toucher plus. Me détestait-elle ? Ne voulait-elle plus me voir ?
Elle portait un de mes t-shirts. Comment les avait-elle trouvés ? Pourquoi le portait-elle ? Jahyan n'avait pas dû voir ça. Même son escapade dans ma chambre. Il n'était peut-être pas là. Il avait peut-être eu du travail ces jours-ci. Avait-il renforcé les surveillances ? Je ne le sentais pas dans la maison, bien que Shana soit dans sa chambre. Tout comme je ne sentais pas Eneko. Était-il partit régler quelque chose avec lui ? Louna était-elle de retour ?
Les mains d'Isis glissèrent presque dans ma nuque et elle redressa de nouveau mon visage.
_ Je vais chercher Shana si tu ne parles pas, Zoran, gronda Isis.
Un léger sourire voulut grimper à mes lèvres, mais je ne réussis pas. J'avais besoin de m'ancrer dans la réalité. Joaquim avait été mon ancre pendant pas mal d'années avant d'aller avec Yahto.... avant que je n'ai Jahyan. Et après, ça avait été Jahyan.
Les coups étaient ce qui me ramenait dans un état de sérénité que je recherchais en cas d'instabilité.
Mais Jahyan n'était pas là et je ne pouvais pas demander à Isis de me frapper...
_ Embrasse-moi, dis-je d'une voix rauque car peu utilisé ces derniers temps.
Elle fronça les sourcils, puis sa bouche s'entrouvrit légèrement. Je pressai mon front contre le sien.
_ Embrasse-moi Isis, soufflai-je de nouveau, presque suppliant.
Elle pouvait m'aider. Elle pouvait m'ancrer de nouveau dans la réalité. Mes mains se dirigèrent vers ses cuisses et glissèrent dessus. Elle ferma ses yeux et rejeta la tête en arrière un instant avant de revenir vers moi. Sa bouche se verrouilla sur la mienne et mon corps reprit vie à ce moment précis.
Je grognai et enfonçai ma langue dans sa bouche, prenant possession d'elle. Mes mains glissèrent sous mon t-shirt et le firent voler la seconde suivante. Elle était nue en dessous et la vision de ses seins lourds et tendus me fit gémir. Elle se pressa contre moi, tirant sur mes cheveux, m'embrassant à pleine bouche à présent.
Nous roulâmes au sol, mon torse se pressant contre ses seins.
Sa respiration haletante.
Ses gémissements.
Son corps tendu et chaud.
Tout ça me redonna vie.
Redonna vie à mon corps.
J'en voulais plus. Toujours plus.
Ses mains sur moi étaient voraces. Elles griffaient, elles pressaient, elles tiraient.
Me tiraillaient presque.
Je grognai contre sa bouche alors que mon sexe frôlait le sien à travers nos vêtements. Mon loup arracha la culotte d'Isis, plongeant un doigt en elle. Elle était déjà prête. Chaude. Humide. Ouverte.
Ouverte pour moi.
Elle se redressa à moitié et tira mon short sur mes cuisses, dévoilant mon sexe lourd et tendu. Elle se rallongea, m'attirant contre elle. Ses cuisses m'accueillirent, s'écartant un peu plus. Mon cœur battait à un rythme soutenu, comme le sien que j'entendais.
Nos regards se croisèrent et mon sexe se nicha au creux d'elle. Elle rejeta la tête en arrière alors que je la pénétrais lentement, gémissant.
Sans un mot, elle me laissa m'ancrer en elle.
M'ancrer à son corps.
A sa peau.
A tout ce qu'elle pouvait me donner en ce moment.
Bientôt, il n'y eut que nos halètements et nos corps qui rencontraient l'autre.
Encore et encore. Jusqu'à la jouissance.
Jusqu'à ce que l'orgasme nous emporte tous les deux dans un tourbillon de sensations.
Toutes aussi incroyables les uns que les autres.
Et son corps avalant le mien dans une spirale de désir.
L'odeur de sexe. Mélangé à son odeur.
Son corps. Mon sexe encore en elle.
Tout ça. Tout ce qu'elle me laissait prendre c'était ce qui m'ancrait.
C'était ce que j'avais voulu et... elle m'avait laissé faire.
Elle m'avait donné ce que je lui avais demandé.
Elle m'avait ancré dans la réalité d'une façon que je n'aurais jamais crue possible.
_ Tu m'as... manqué aussi, murmura-t-elle contre mon oreille.
Et pour la première fois depuis des jours, je souris enfin contre la peau de son épaule. Elle caressa mes cheveux et m'embrassa, juste derrière l'oreille, comme si elle me saluait.
Je restai éveillé le reste de la nuit alors que Némésis dormait contre moi, sa tête sur mon torse. Je ne réussis pas à dormir. L'avoir contre moi avait réveillé ... certains instincts. Avait réveillé cette peur viscérale qui me prenait alors que j'avais vu ces hommes l'attaquée sans qu'elle se défende... Je frémis doucement et vis que le jour se levait doucement.
Du bruit dans la maison. L'odeur de Jahyan. Puis celle d'Eneko. Je ne cherchai pas à savoir ce qu'ils disaient, me contentant de presser Némésis contre moi. Je ne voulais pas sortir de la bulle qu'elle m'avait offert. Je ne voulais m'écarter d'elle... Si je le faisais je ne serais pas là et ... elle attirait les ennuis. Elle avait besoin que quelqu'un la protège... Ou alors je lui portais la poisse. Je ne savais pas trop. Depuis qu'elle était avec moi, il ne lui arrivait que des merdes...
Je retins un soupir et me concentrai sur sa respiration pour rester calme. Si Jahyan me demandait de partir en chasse maintenant, qu'est-ce que je pourrais dire ? Rien. Hormis oui. Je n'avais pas le choix. Je n'avais jamais eu le choix. Ne le voulais pas forcement.
Je réussis à dormir une heure ou deux. Alors que je clignai des yeux, Némésis n'était plus à mes côtés. Je fronçai les sourcils caressant sa place encore légèrement chaude. Je secouai doucement ma tête et me redressai sur mes coudes, allongé sur le ventre. Où était-elle passée ?
Je m'assis dans le lit et regardai autour de moi. Ses affaires étaient encore là, dans un coin de ma chambre. Je me frottai le visage, tentant de me détendre, mais ce ne fut que quand elle ouvrit la porte doucement, se faufilant comme si je dormais qui me fit sourire. Je penchai la tête, observant ses jambes que ma chemise cachait à peine. Elle tenait un plateau en équilibre précaire sur ses mains. Elle poussa la porte de sa hanche et releva enfin ses yeux, croisant mon regard.
_ Salut, souffla-t-elle.
Elle avait mis toute sorte de chose sur le plateau, ne sachant sûrement pas de quoi j'aurais envie. Cette femme continuait de me surprendre de la meilleure des façons... Elle s'approcha d'un pas léger. Celui qu'elle avait dû utiliser pour sortir de cette chambre sans me réveiller.
_ Bonjour, souriais-je alors qu'elle se penchait sur le lit.
Je défie les deux petits supports qui rehaussaient le plateau et elle le posa sur la couette en face de moi. Elle grimpa sur le lit avec moi et frôla ma joue du bout des doigts.
_ Tu as réussi à dormir ? Dit-elle d'une voix douce.
Je finis par presser ma joue contre sa paume, l'emprisonnant de ma main. J'inspirai son odeur et elle sourit doucement penchant la tête légèrement sur le côté.
_ J'aimerais... m'excuser, soufflai-je.
_ Avant, tu vas manger, remarqua-t-elle. Et... je te pardonnerais peut être.
Je hochai la tête et la laissai me donner ce qu'elle voulait. Je mangeai, conscient qu'elle avait deviné que ma petite escapade avait été du ressort de la punition plus qu'autre chose. Elle devinait facilement, preuve qu'elle avait déjà connu une Main. Ou plus. Elle savait comment nous fonctionnions. Nous n'avions pas forcément tous les mêmes caractères, mais nous avions tous les mêmes principes.
Aussi vieux que le monde.
Endurer.
Pour la meute. Pour les personnes importantes.
Protéger.
L'Alpha. Le couple Dominant. Le Second. Tous. Jusqu'au dernier.
Chasser.
L'ennemi. La menace.
Tuer.
Éliminer. Abattre.
Pas forcément dans ce sens de priorité. S'il fallait tuer avant de protéger. Alors l'exécution était sommaire et expéditive.
Je regardai le visage détendu de Némésis. Elle semblait aller bien. Elle n'avait plus de trace de sa blessure, même si en passant mes mains dans ses cheveux j'avais senti une légère marque.
Une... marque qui était là par ma faute.
_ Tu as arrêté de manger, Zoran, fit Némésis en léchant un de ses doigts où il y avait de la confiture.
Je relevai mon regard sur elle, ma cuillère à mi-chemin de ma bouche.
_ Mange, ordonna-t-elle en fronçant ses beaux sourcils.
Je restai figé, pris encore par mon cas de conscience.
_ Si tu veux que je te pardonne, reprit Isis en me pointant du doigt, tu as intérêt à avaler cette cuillère de céréales avant que je ne te l'enfonce moi-même dans le gosier.
Je fis la moue et elle rit doucement.
_ Les monologues, c'est pas trop mon truc, souffla-t-elle en penchant la tête.
_ Désolé, m'excusai-je.
Elle leva les yeux au ciel et me força à mettre la cuillère dans ma bouche. Je mâchai et déglutis.
_ Arrête de t'excuser, grogna-t-elle. Sinon, je te frappe.
Je souris à moitié et elle me fit un clin d'œil avant de boire son thé. Je terminai mon bol de céréales et dû manger tout ce qu'elle me donna sous peine de prendre des coups. Alors qu'elle me faisait encore une tartine, je secouai la tête.
_ Je vais vomir si tu continues de me gaver, grognai-je en repoussant la dernière.
_ Tu es un loup, remarqua-t-elle. Tu peux ingurgiter ton poids en nourriture.
Je levai les yeux au ciel.
_ Même pas en rêve, ricanai-je.
Elle poussa un peu le plateau et s'assit non loin de moi, ma chemise couvrant à peine ses jambes.
_ Est-ce que tu vas bien Zoran ? Souffla-t-elle enfin.
Je préférais détourner mon regard un instant sur mes cuisses recouvertes du drap. J'étais nu en dessous. Si je lui demandais de faire l'amour maintenant, le ferait-elle ? Était-ce un moyen d'éviter la discussion ? Évidemment.
_ Mieux maintenant, admis-je en grimaçant.
_ Tu n'aurais pas dû partir à cause de moi, soupira-t-elle.
Je me grattai la nuque et elle recouvrit ma main de la sienne, me forçant à la regarder.
_ Tu n'aurais... pas dû... partir, Zoran, répéta-t-elle.
Je secouai doucement la tête.
_ J'ai échoué, murmurai-je en détournant de nouveau le regard. Tu n'avais pas à subir les impacts de mon manque de concentration. Tu n'avais pas à subir les conséquences de mes erreurs.
Elle grogna et grimpa sur mes jambes. Elle releva mon visage et plongea son regard dans le mien.
_ Tu n'as échoué nulle part, assena-t-elle. J'ai la... poisse en ce moment. D'accord ? Ce n'est pas ta faute.
_ Je t'ai crié dessus, soufflai-je.
Elle se figea un instant. Shana avait dû lui dire que ce n'était pas mon comportement habituel.
Que j'étais plus maîtrisé. Que j'avais plus de contrôle. Comme n'importe quelle Main se doit de l'être.
Et je ne l'avais pas été...
L'avait-elle deviné d'elle-même ? Voyait-elle jusqu'où tout ça allait ?
Elle m'avait manqué... Réellement manquer. Tout chez elle m'avait manqué... S'en rendait-elle compte ?
Personne ne m'avait jamais vraiment manqué. Quand je partais en chasse... ça pouvait être pour une courte durée... ou une longue durée. Je n'avais aucune prise sur le temps que durerait ma chasse.
Aucune.
Ainsi, je ne savais pas quand est ce que je rentrais. Et c'était mieux ainsi. Depuis que Shana était ici... Elle m'aurait manqué si j'étais parti pour une longue chasse. Me manquerait sûrement quand je partirais pour la prochaine... Mais c'était encore différent. C'était ma Dominante.
Isis... Isis c'était autre chose. Des choses différentes me manquaient chez elle.
_ C'est vrai que sur le moment, tu m'as vraiment paru furieux, admit-elle avec sa moue... qui me fit craquer.
Je lui volai un baiser et elle sourit doucement.
_ Je n'aurais pas dû te parler comme ça.
_ Tu... étais inquiet, dit-elle en tâtonnant un peu.
Je pinçai mes lèvres et secouai doucement la tête. Je nouai mes bras dans son dos et la pressai contre moi, ma joue contre ses seins. Elle pressa ma nuque.
_ Tu as été gravement blessée, Némésis, murmurai-je.
Elle tira mes cheveux en arrière et croisa mon regard, baissant les yeux sur moi.
_ Et ce n'est en aucun cas ta faute. Je sais ce que tu es parti faire dans ton coin, Zoran. Et si quelqu'un avait bien voulu me dire où tu étais, je serais venue te chercher par la peau des fesses. Vous les Mains vous croyez être responsable de toutes les personnes présentes sur votre territoire... Vous ne pouvez pas protéger tout le monde...
_ Tu n'es pas n'importe qui, soufflai-je.
Elle rougit légèrement et secoua la tête.
_ Être la fille du Second n'est pas la meilleure place, tu ne crois pas ?
_ Même si tu n'étais pas la fille de Neko... murmurai-je.
Elle posa un doigt sur ma bouche.
_ Nous ne nous serions pas rencontré dans ce cas-là, répliqua-t-elle.
_ J'aurais dû te protéger, Némésis, soufflai-je, la gorge nouée. Échouer n'est pas... dans mes attributs.
_ Tu m'as sauvé plus d'une fois, Zoran, rétorqua-t-elle, sérieuse.
_ Tout comme tu l'as fait, remarquai-je.
Elle hocha la tête.
_ Je sais bien que vous les Mains vous pensez que vous devez être parfait sur tous les plans, admit-elle.
Je grognai et me mis à la chatouiller. Elle roula sur le matelas, frôlant de peu le plateau. Je continuais de la chatouiller jusqu'à ce que des larmes de joie coulent le long de ses joues. J'avais atterris entre ses jambes, l'empêchant de gigoter. Elle souffla d'effort alors que j'arrêtais pour lécher doucement ses larmes. Elle s'immobilisa, sa louve brillante dans ses yeux. C'était mon loup qui ne voulait pas gaspiller cette marque de joie. Alors qu'il se redressait légèrement, la louve de Némésis glissa sa main sur notre joue, nous frôlant d'elle-même.
_ Elle... elle te trouve beau, souffla la voix tremblante d'Isis.
Je frôlai son nez avec le mien. Elle frémit doucement.
_ Tu es belle, murmurai-je, laissant mon nez glisser jusqu'au premier bouton de chemise fermé.
Juste en dessous de son soutien-gorge.
_ Zoran... je... commença-t-elle.
Quelqu'un frappa à la porte. Je fusillai la porte du regard.
_ C'est bon de te savoir en vie, remarqua Shana de l'autre côté de la porte.
_ Tu sais maintenant, au revoir, dis-je.
Némésis me frappa à l'arrière de la tête et mon loup gronda doucement.
_ Préviens la prochaine fois ! Fit Shana en descendant les escaliers.
Je retournai mon attention sur Isis et me penchai sur elle. Ma bouche frôla la sienne.
_ Zoran... Attends, je...
Je fronçai les sourcils et me figeai.
Elle me disait non ?
Je m'agenouillai entre ses cuisses et posai mes mains sur les miennes, ne sachant pas où les mettre.
Je me sentais idiot. Némésis s'assit, moi toujours entre ses jambes écartées.
_ Je... j'ai quelque chose à te dire, souffla-t-elle.
Je restais immobile, retenant ma respiration.
_ C'est... C'est Timothy, murmura-t-elle.
Encore légèrement inquiet, je ne bougeai toujours pas. Elle frôla mon torse du bout des doigts, son visage un peu plus sombre à présent.
_ Il... Il a besoin de moi pour une mission. Je... Je pars demain.
Je la regardai avec des grands yeux. Je finis par reculer et glisser du lit. Je ne savais pas comment je tenais debout, mais quelque chose me disait que le stress y était pour quelque chose.
_ Zoran... je... j'ai eu tellement peur que tu ne reviennes pas avant demain. Je voulais...
_ Faire tes adieux ? Grognai-je en me mettant à faire les cents pas.
Alors qu'elle se crispait je sus que j'avais touché un point sensible.
Bordel !
_ Est-ce que tu peux m'écouter au moins ? Soupira-t-elle.
Je marchai de long en large, cherchant à repousser mon loup.
Ainsi que sa panique.
Ma panique.
Notre panique.
_ Tu es parti pendant plus de quatre jours, Zoran, reprit Némésis. J'allais finir par repartir... éventuellement. Alors...
Je me figeai quand sa main se posa sur mon bras, m'arrêtant.
_ Arrête de tourner en rond, souffla-t-elle.
Je tournai mon regard vers elle.
_ Tu ne vas pas revenir c'est ça ? Murmurai-je, le cœur dans la gorge. Tu vas partir pour de bon ?
Elle écarquilla ses yeux et sa bouche s'entrouvrit de surprise. Mon cœur eut un loupé.
Elle ne reviendrait pas ?
_ Jahyan t'a pourtant dit que tu pouvais revenir, soufflai-je en ayant très bien compris à quoi menait cette conversation.
_ Je serais revenue, soupira-t-elle en secouant la tête.
_ Dans dix ans ? Grognai-je.
Elle pinça ses lèvres.
_ Et toi Zoran ? Souffla-t-elle. Serais-tu venue me voir ?
Je restai immobile pendant de longues secondes, l'observant.
M'aurait-elle laissé faire ?
Jahyan aurait-il accepté ?
Eneko aurait-il été d'accord lui aussi ?
Je finis par détourner le regard.
_ Oui, murmurai-je en regardant ma fenêtre.
_ Peux-tu le redire en me regardant dans les yeux, loup stupide ? Souffla Isis en tirant sur mon bras.
Je pivotai lentement vers elle.
_ Oui, soufflai-je. Je serais venu te voir, Isis.
Elle rougit, mais sourit et frôla mon torse. Je fermai les yeux et la serrai contre moi.
Demain. Elle partait demain.
Demain tout serait finit. Je retrouverais ma routine.
Sans elle.
Sans... elle.
Sans Isis.
_ Et qu'est-ce que Timothy veut de toi ?
Elle me tira sur le lit et me l'expliqua brièvement.
A la fin, elle me regarda et me vit enfin : immobile, sur le point d'imploser.
Qu'est-ce qu'elle racontait bon sang ?
Aller voir les Alphas d'Etats pour répertorier des Mains ?
Des MAINS ?
_ Pardon ? Soufflai-je.
Elle grimaça en entendant mon ton.
J'étais au bord de l'hystérie.
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