9. Némésis
Pas de dédicace particulière, parce que les deux PDV qui viennent sont pour toutes nos lectrices :D Profitez des vacances si vous le pouvez. Sinon, profitez simplement de ce pdv :3
taki'
— C'est une blague, n'est-ce pas ? Cracha-t-il, presque hystérique.
Il s'était remis debout et pour la seconde fois, faisait les cents pas devant moi, m'empêchant de le toucher, de l'atteindre. Je pouvais comprendre pourquoi cette nouvelle le mettais dans un tel état ; après tout il devait croire que j'aurais affaire aux Mains elles même, mais ce n'était pas tout à fait le cas. D'après le peu que Timothy m'avait dit et que j'avais compris, les Alphas seraient les seuls avec qui je traiterais. J'ignorai encore pourquoi il fallait que je fasse une telle chose, mais Yahto devait être derrière ça à n'en pas douter.
Je connaissais déjà la moitié des Alphas d'États ainsi que leurs Mains. J'en appréciais certaine, mais d'autres me faisaient vraiment peur.
Zoran en tant que Main avait déjà du rencontrer toutes les autres, alors il savait. Était-ce pour ça qu'il semblait complètement... paniqué ? Je ne voyais que ça. Ce n'était pas la première fois que Timothy m'envoyait faire le tour des États-Unis. Mais cette fois, je devrais aller dans la meute que j'avais toujours réussit à éviter jusque-là.
Certains Alphas me faisaient peur. Certaine meute était loin d'être saine et même pour quelqu'un d'extérieur ça se sentait.
Celle de Keenan Baker par exemple. Je n'étais pas pressée de me retrouver devant lui pour tout avouer.
— Je n'ai pas encore tous les détails, mais je ne pense pas que j'aurais besoin de me retrouver face aux Mains, tu sais ?
— Mais tu devras traiter avec les Alphas et il y en a des terribles, Némésis, gronda Zoran.
Ses yeux étaient sombres. Son loup était à la surface. Ce n'était pas comme tous les autres ; aucune étincèle, juste cette nuance qui rendait ses yeux plus... bruts.
Je retins un soupir. Est-ce qu'il... s'inquiétait vraiment pour moi ?
Je me levai et m'avançai vers lui. Quand mes doigts attrapèrent son poignet, il se figea et se tourna vers moi. Il était nu et magnifique, mais en cet instant, ce n'est pas ce qui importait. De me dire qu'un tel homme se faisait du souci pour moi, pour... ma sécurité était presque incroyable. Je ne savais pas si je me faisais des films ou pas, mais ce qui était en train d'arriver là était la réalité.
— Je serais envoyée par Timothy et ça n'échappera à personne, Zoran. Aucun ne fera quoi que ce soit contre moi.
Même si certains seraient ouvertement méchants, je m'en fichai. Timothy avait besoin de moi. Alors je le ferais. Et le Gardien ne laisserait rien de mal m'arriver. Zoran ne devait pas douter de cela. Jamais.
Je fis remonter ma main le long du bras de Zoran, laissant y courir mes doigts. Il m'attrapa par la taille et enfouit son visage dans mon cou comme s'il voulait se soustraire à ma vue.
— Je n'aime pas ça.
Je souris. Caressai ses cheveux.
Tout cela montrait qu'il... tenait un peu à moi, non ? Avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours, il n'y avait même pas place au doute. Mais je savais que Zoran était une Main et les Mains étaient des loups différents. Si certains se liaient, d'autres choisissaient de rester seuls, ou n'avaient pas le choix. Il n'y avait pas forcément de place pour une compagne dans la vie d'une Main.
Zoran devait éprouver tout cela parce que nous passions beaucoup de temps ensemble, parce que nous avions une certaine intimité. Et même si ça m'avait rendu heureuse qu'il m'avoue qu'il serait venu me voir, je savais que du moment que je partirais, les choses ne seraient plus les mêmes.
Zoran avait sa routine ici et moi, j'avais la mienne chez Heaven.
Il était une vieille Main et moi une louve solitaire.
Et même si j'étais plus que triste à l'idée de partir, j'avais plus ou moins su depuis le début que ce ne serait qu'une simple histoire de... sexe. C'est comme ça qu'on disait, n'est-ce pas ? Peut-être que je disais cela juste pour me rassurer.
Il était mon premier.
Il était doux et gentil.
Et quand je pensais à lui, j'avais tendance à me sentir trop... bien, trop heureuse. Mais peut-être était-ce juste parce qu'il était mon premier.
Je m'étais attachée à lui. Plus que je ne pourrais le lui avouer ou l'avouer à quiconque. En quelques jours, Zoran était devenu... important. De tout point de vue. Je l'appréciais réellement et ça allait peut-être même au-delà de ça.
Je tenais à lui.
Je l'aimais bien.
Non. En fait, je n'étais même pas sure que ce genre de chose soit vrai. C'était plus que ça. Mais je savais que ça ne pouvait pas aller. Alors ça ne servait à rien d'y penser. Ça ne servait à rien de ressasser tout ça.
Je partais demain.
Et même si j'allais revenir, que ce soit pour le travail de Timothy ou pour venir voir mon père et mes frères, ça allait forcément changer quelque chose entre Zoran et moi. Les loups n'avaient pas la même conception de la relation que les humains. Nous pouvions bien coucher ensemble sans jamais aller plus loin. Une louve réclamant des caresses en avaient et ça s'arrêtait là.
Pour Zoran, ce devait être ça... mais les paroles de Shana étaient dans ma tête...
— Tu es encore debout ?
Je sursautai et me tournai vers Shana qui ne portait qu'un t-shirt ; vu la taille, c'était un de ceux de Jahyan. D'ailleurs, son odeur était partout sur elle, même si ça faisait presque deux jours que je ne l'avais pas vu, ni même aperçut. Eneko aussi était absent.
Et Zoran.
Quand j'avais repris connaissance, c'est Eneko qui était à mes côtés alors que j'étais sure d'avoir senti Zoran, à un moment... mais n'était-ce peut-être qu'un délire de ma part. Personne ne m'avait rien dit. Il avait simplement disparut. Et quelque part, j'avais compris.
Il était en colère contre moi. Il devait peut-être même me détester. Alors il était parti. Tout simplement.
Est-ce que je le reverrai avant de rentrer ? Est-ce que j'aurais l'occasion de lui dire... au revoir ?
— Je n'arrive pas à dormir, soufflai-je.
Shana me sourit et s'installa en face de moi.
— Tu es inquiète pour Zoran, c'est ça ?
Je rougie et détournai le regard. Même Eneko avait compris. Et sûrement Jahyan, même s'il n'avait rien dit. En fait, personne n'avait rien dit et c'était mieux comme ça.
Je n'avais pas pu m'attacher aussi vite à lui. Alors c'était sûrement ma culpabilité qui parlait, tout simplement.
Il avait eu raison de m'engueuler. Je l'avais bien cherché, à ne rien faire comme ça. Tout cela aurait pu être beaucoup plus grave. Mais je n'étais pas faite pour l'action, même si Maxence s'occupait parfois de m'entraîner un peu. D'après lui, tous les loups devaient savoir se défendre. D'après lui, l'Ombre du Gardien serait une cible facile alors je devais pouvoir me défendre seule.
Ce que je n'avais pas fait.
— Tu sais, Zoran est le genre à faire la gueule et à... bouder quand il est en colère contre quelqu'un. Depuis que je le connais, je ne l'ai jamais vu perdre... sa maîtrise. Jusqu'à il y a deux jours.
Je relevai les yeux vers la femme devant moi. Qu'essayait-elle de me dire ?
— Je ne l'avais jamais vu comme ça. Tu lui as vraiment fait peur, Némésis.
Vraiment ? C'était... pour ça qu'il s'était fâché ? Parce qu'il avait eu peur pour moi ?
— Alors ne lui en veux pas trop de s'être fâché contre toi. Je crois qu'il n'a pas l'habitude de perdre le contrôle de la sorte.
Il redressa son visage et m'embrassa. C'était un baiser beaucoup plus doux que celui de la veille. Mais j'avais senti alors à quel point Zoran avait besoin que je me donne entièrement à lui pour qu'il reprenne le contrôle, pour qu'il reprenne vie presque. Et ça ne m'avait pas dérangé.
J'avais confiance en lui. Même quand il était dans un état second.
Alors je lui avais donné ce qu'il voulait. Parce que parfois, il faut savoir faire passer le bien-être de l'autre avant le sien. Et que j'avais voulu retrouver Zoran. M... mon Zoran.
Sa langue chercha la mienne et il la suçota, réveillant mon désir. C'était comme s'il appuyait sur un bouton. Comme s'il soufflait sur un brasier.
Et j'étais persuadée qu'il était le seul à pouvoir le faire. De toute façon, je ne voulais pas essayer avec un autre.
Je ne voulais que Zoran. Même si je savais que ce ne serait pas toujours possible. Ses mains passèrent sous sa chemise que je portais et il prit mes seins en coupe. Ses pouces effleurèrent mes tétons et tout mon corps réagit.
J'étais déjà à bout de souffle, n'ayant qu'une envie ; qu'il me fasse l'amour. Je voulais le sentir en moi. Comme hier soir.
La sensation avait été incroyable. Nouvelle même. Mais après tout, il n'avait pas porté de capote, alors forcément, ce n'était pas...
Mes yeux s'écarquillèrent et il se figea, ayant sûrement eu la même pensée que moi.
Son visage se ferma complètement et j'eu peur qu'encore une fois, il... s'éloigne de moi. J'agrippai ses avants bras, y enfonçant mes ongles.
Zoran baissa les yeux sur mon visage et me regarda. Fallait-il paniquer maintenant ? Que je retourne voir le Docteur Marshall ? Je n'en savais rien. Peut-être attendre, ou pas...
Mais si je paniquais maintenant, il en serait de même pour Zoran, non ? Pouvais-je essayer de lui faire penser à autre chose ? Je ne savais pas trop. Il n'allait pas oublier qu'il m'avait fait l'amour sans préservatif, bon sang !
— Tu veux bien m'embrasser ? Soufflai-je.
Il ne sourit pas. Mais le fit.
Sa bouche s'empara lentement de la mienne et je m'accrochai à sa nuque.
Je savourai.
Je m'imprégnai du goût de sa bouche. Il me plaqua tout contre lui et pendant plusieurs minutes, il n'y eut plus que nos langues, que nos souffles.
Et notre désir.
Puissant et vorace. Il détruisait tout à l'intérieur de moi. Et me laissait pantelante entre les bras de cet homme, de ce prédateur.
Zoran était dangereux. Vieux et dangereux. Et pourtant il me tenait entre ses bras avec tendresse, comme s'il avait peur de me briser. Il aurait pu le faire très facilement. Je n'étais rien comparé à lui. Rien du tout.
Mais je savais qu'il ne me ferait pas de mal.
Ni maintenant.
Ni plus tard.
Ni jamais.
Est-ce que je pouvais avoir confiance en cet homme ? Il était dans le top cinq des Mains les plus puissantes et les plus dangereuses de tous les États-Unis. Une vraie machine à tuer. Sa vie s'était toujours résumée à traquer puis à tuer.
Chaque chasse était sanglante.
Mais il n'était pas un monstre. Il en était même très loin. Je pouvais le voir.
— Zozo ! Cria Shana depuis le bas. Zozo !
Il grogna et je souris en reculant.
— Vas-y. Je vais aller à la douche, moi.
Il me vola un baiser et enfila un short avant de descendre. Je passai une main légèrement tremblante dans mes cheveux et inspirai.
Qu'est-ce que ça allait me faire de partir ? Tout ça me faisait me sentir... mal. C'était dur à expliquer, mais c'était comme ça.
J'attrapai des affaires dans mon sac et allai sous la douche. Quand je retirai mes sous-vêtements, la tâche de sang à l'intérieur me rassura.
J'avais mes règles. C'était une bonne nouvelle, non ? Il fallait que je le dise à Zoran, pour ne pas qu'il s'inquiète plus. Et il fallait que je prenne ma pilule.
Je pris donc une bonne douche fraîche et enfilai un short et un t-shirt large. Je me fis une natte et retournai dans la chambre et prit ma première pilule.
Quand j'arrivai dans la cuisine, Zoran avait le visage caché entre ses bras alors que Shana était penchée sur lui, un sourire aux lèvres. Quelque chose me disait qu'elle était en train de se moquer de lui.
— ... un mini Zoran, disait-elle en ricanant.
— Il n'y a que toi que ça fait rire, tu sais ? Gronda-t-il.
Je rougie en comprenant exactement de quoi il parlait. Avait-elle deviné que quelque chose n'allait pas et il lui avait dit ? Shana semblait très douée à cela, surtout quand il s'agissait de Zoran.
Je me raclai la gorge :
— Je... euh... j'ai mes règles, alors...
Shana administra une claque bruyante dans le dos de Zoran :
— Et ben tu vois ? Pas de bébé ! Faut-il que je vous serve le petit speech sortez couverts ou ça ira ?
Zoran se redressa et secoua la tête, mais je vis la tension disparaitre de ses épaules d'un seul coup.
Shana lui ébouriffa le peu de cheveux qu'il avait sur le caillou avec un grand sourire plein de tendresse.
— Tu m'as manqué mon zozo. Il n'y a personne pour venir échanger quelques coups avec moi. Jahyan fait je ne sais quoi, Eneko aussi et Jalil passe tout son temps au boulot.
Elle fit la moue et saisit le bras de Zoran avant de tirer dessus pour qu'il se lève.
— Viens jouer un peu avec moi.
— Tu es maso, Shana, tu le sais ça ?
Elle éclata de rire :
— Aller on joue ! Aller zozo !
Zoran sourit et secoua la tête devant l'insistance un peu enfantine de sa Dominante. Il capitula bien sûr et ils allèrent tous les deux échanger quelques coups sur la terrasse. Je les regardai faire pendant une bonne demi-heure.
Shana se défendait bien et Zoran ne l'épargnait aucunement. Les coups qu'ils se donnaient faisaient mal, mais ça semblait leurs plaire, à tous les deux. Même sous cette chaleur, ils n'arrêtèrent pas et je finis par m'isoler à l'intérieur pour travailler un peu.
Même avec le retard que j'avais pris depuis que j'étais ici, je réussis à tout rattraper en un rien de temps. Il fallait que je fasse les registres des plus vieilles meutes, mais d'après ce que Timothy m'avait dit, il n'avait pas eu le temps de répertorier tous les loups de ces dernières et il faudrait donc que je m'adresse directement aux vieux Alphas. Surtout, cela changeait vite et Timothy ne pouvait pas s'amuser à refaire un registre à chaque fois. Certains étaient à jour, mais d'autre, c'était loin d'être le cas.
Il n'y avait pas tant de vieilles meutes que cela, mais ça restait un boulot monstre. Et même si Timothy était le Gardien, il avait bien d'autre chose à faire.
Les registres n'étaient pas difficiles à tenir, il fallait juste rester à la page en quelque sorte et ne pas laisser passer trop de temps. Mais bien sûr, avec certaine meute c'était plus facile qu'avec d'autre. Ça dépendait un peu des rapports qu'on avait avec les Alphas.
Darell était peut-être un peu sociopathe sur les bords, l'affection un peu... étrange qu'il avait pour moi me permettait de lui demander pas mal de chose. Mais ce n'était pas pareil avec tous.
Il y avait quatorze Alphas d'États qui étaient là depuis des siècles. Et bien sûr, sur les quatorze tous n'étaient pas aussi gentils qu'on pouvait le penser. Certain me méprisait, même s'il ne m'avait rencontré qu'une seule fois. D'autre, comme Auxann par exemple, m'appréciait et m'accueillait toujours à bras ouverts quand je venais. Cela ne voulait pas dire qu'il était « gentil » ; Auxann était vieux et il était dur et inflexible sur énormément de chose. Et c'était exactement ça qui faisait de lui un Alpha craint et respecté.
J'aimais beaucoup allé en Louisiane. J'aimais passer quelques semaines dans sa meute avant de retourner chez Heaven. À la différence de beaucoup de vieux loups, il n'avait pas de mépris pour les femmes et pour lui, toutes les louves n'étaient pas des soumises. Son sous-lieutenant était une femme, et qu'elle femme ! Et puis j'affectionnai particulièrement Nael. À la différence de beaucoup de Mains, il était très ouvert et pouvait même paraître bavard parfois. C'était lui qui m'avait accompagnée la première fois que j'avais dû aller chez Darell.
Auxann avait trouvé complètement fou l'idée que j'y aille toute seule. Et étrangement, la réaction de Zoran avait été la même, non ?
Nael était l'une des Mains les plus puissantes.
En fait, il y avait Neal, la Main d'Elena, Nael, la Main d'Auxann donc, Joaquim, la Main de la meute de Riverton, Bjorn, la Main de Darell et Zoran.
Ils étaient cinq. Presque cinq légendes.
Bien sûr, il y en avait d'autre qui était très puissant comme Curtis Alhem ou encore la jeune Main de Gabriel Kalagan ; Raphaël Allen.
Pour moi, le plus fou des cinq restait Bjorn, il était totalement à l'image de son Alpha. Neal était particulier aussi, mais il n'était en rien méchant de la même façon que Bjorn. Et surtout, il était le seul de tous à avoir fondé une famille. Sa compagne était Nanita Mokerna, la Lieutenant de la meute d'Elena et ensemble, ils avaient eu un fils ; Quentin. Pendant de nombreux siècles la relation entre les deux avaient réussi à être cachés. Il fallait savoir qu'une vieille Main avait beaucoup, beaucoup d'ennemi. Et qu'une compagne pouvait vite devenir une faiblesse.
Nael avait été le premier à parler ouvertement de cela avec moi. Auxann ne lui avait jamais interdit de prendre une compagne, mais Nael le faisait pour lui-même. Il savait que son Alpha devait passer avant tout et que si une femme entrait dans l'équation, trop de choses seraient remises en question. Peut-être n'avait-il pas totalement tort, mais pouvait-on vraiment vouloir d'une vie solitaire ?
Est-ce que ça ne finissait pas par peser ?
Je sursautai quand une main repoussa les quelques mèches tombées devant mon visage. Je relevai les yeux sur Eneko qui me souriait doucement.
Ma louve avait commencé à accepter tous les petits gestes qu'il avait à notre égard. Elle... aimait bien qu'il soit tendre et doux. Qu'il soit un père.
— Tu étais vraiment ailleurs, sourit-il. Ça fait cinq minutes que je suis là.
Je rougie légèrement.
D'habitude, je sentais quand Eneko m'observait et c'était très souvent. J'étais sûre qu'il avait réussi à mémoriser pas mal de mes mimiques ou de mes tocs. On avait peut-être les mêmes.
— Je réfléchissais, désolée.
Il hocha la tête et jeta un coup d'œil aux feuilles posées devant moi.
J'observai son profil.
Je m'étais habituée à lui. Je n'arrivais pas à l'appeler papa et n'y arriverais peut-être pas de sitôt, mais ça ne semblait pas le déranger. Nous parlions encore très souvent tous les deux et le ferions encore quelques années. Nous avions encore tellement à nous dire après tout.
Eneko reporta son regard sur moi :
— Vu que c'est ton dernier soir, j'ai décidé de t'inviter au restaurant avec tout le monde.
Il sourit, mais dans son regard, une légère ombre. Après l'appel de Timothy, il avait été le premier au courant de mon départ proche. Tout comme pour Zoran, je lui avais expliqué ce que Timothy attendait de moi et j'avais vu l'inquiétude dans ses yeux, même s'il n'avait rien dit.
Il avait su dès le début que je ne pourrais pas rester éternellement ici, même si Jahyan acceptait ma présence. Mais Eneko savait aussi que je reviendrais le voir. Je n'avais pas passée ma vie à le chercher pour simplement partir une fois cela fait.
— C'est une bonne idée, dis-je.
— Jahyan et Shana seront aussi de la partie. Tout comme Oren, Arthur, Kerann et Jalil. Zoran évite toujours ce genre de soirée, mais quelque chose me dit qu'il va faire une exception pour ce soir.
Un regard et un commentaire lourd de sens. Eneko n'était pas aveugle. J'ignorai ce qu'il pouvait bien penser de tout cela et peut-être en avait-il même déjà touché un ou deux mots à Zoran, mais à moi, il n'avait rien dit. Et je crois que je préférais que ce soit ainsi.
Je souri légèrement et son regard se fit espiègle.
— J'ai pas mal de boulot cette après-midi, mais je serais là en fin de journée. J'ai réservé pour huit heures trente alors que tout le monde soit à l'heure.
Il me fit un clin d'œil et m'embrassa sur la joue avant d'aller mettre Shana et Zoran au courant des plans pour la soirée.
Je m'appuyai contre le dossier de la chaise et me demandai bien ce que j'allais pouvoir me mettre. C'était quel genre de restaurant ?
Parce que je n'avais vraiment aucune tenue habillée... Je ne devais en avoir aucune de toute manière dans ma garde-robe. Si on pouvait qualifier de garde-robe mon armoire à peine remplie de vêtements. Mais ça, c'était une toute autre histoire. Les quelques vêtements que m'avaient offert Darell étaient restés au fond de mon armoire et je n'avais aucune envie de les mettre...
À midi, Shana, Zoran et moi furent les seuls à la maison. Nous mangeâmes donc dans une bonne ambiance et Shana se plaignit que Jahyan n'apparaissait que le soir très tard ou le matin très tôt. Zoran la taquinait un peu, mais il lui offrait beaucoup de marque de tendresse et d'affection en la touchant souvent. La femelle Dominante avait besoin du contact des loups de sa meute. C'était vraiment un besoin, presque une nécessité et d'autant plus si son compagnon était absent. Cela semblait totalement naturel pour Zoran et j'observai tout ça avec curiosité.
Après mangé, Shana alla faire quelques étirements dehors avant d'aller faire quelques longueurs dans la piscine. La maison était étonnement calme et silencieuse et personne ne se montra.
Zoran passa du temps avec moi, m'embêtant alors que je relisais mes notes. Il tirait légèrement sur mes cheveux quand il voulait un baiser et faisait courir ses doigts sur mes cuisses pour attirer mon attention.
Qu'il avait à chaque fois totalement.
J'aurais pu passer mon temps à l'embrasser.
J'adorais le goût de ses lèvres, la saveur de sa bouche et la douceur humide de sa langue.
— Tu arrêtes un peu ? Ronchonnai-je alors qu'il tirait pour la millième fois sur ma natte.
Il sourit lascivement, approchant simplement son visage du mien.
— Et si je n'ai pas envie ?
Je levai les yeux au ciel et il m'embrassa, n'attendant pas ma réponse à cela. Sa main glissa sur ma nuque et bientôt, je me retrouvais sur ses genoux, ma poitrine pressée contre son torse.
Mon sang était de la lave en fusion.
Je gémis et il attrapa ma lèvre entre ses dents. C'était fou de voir l'effet qu'il avait sur moi. Est-ce que c'était seulement normal ? Je n'en savais rien. Parfois, j'avais la sensation que nous étions comme... un couple, avant de me dire que ce n'était définitivement pas ça.
Y avait-il un code de conduite particulier pour des personnes ne faisant que coucher ensemble et qui se bécotaient le reste de la journée ?
Encore une fois, je n'en savais fichtrement rien. Et c'était un peu déstabilisant quand j'y pensais. Mais ce n'était pas le genre de chose dont j'allais parler avec lui. Ou avec quiconque du reste.
— Tu es vraiment horrible, soupirai-je contre la peau tendre de son cou.
Un rire bas, rauque. Qui me fit vibrer. J'adorais quand il riait de la sorte. Parce que c'était... vrai, réel. Et qu'il n'y avait définitivement pas de son plus beau que ça.
J'attrapai son menton entre mes dents et mordis doucement. Sa chaleur et sa puissance étaient tout autour de moi.
Comme un cocon.
Qui nous coupait du reste du monde.
Qui nous faisait presque oublier que je partais demain. Presque.
Les garçons finirent par débarquer avec Cyriane et Zoran du me lâcher à contre cœur. Il s'éloigna alors qu'Arthur se collait à moi.
Il ne cachait pas sa tristesse de savoir que je partais demain. Oren non plus d'ailleurs. En fin d'après-midi, Shana et Cyriane m'amenèrent à l'étage et cette dernière sortie plusieurs robes sur le lit alors qu'en bas, j'entendis Eneko arriver. Shana avait disparu dans sa chambre pour aller se préparer. Cyriane choisit pour moi une robe simple, mais vraiment jolie. Elle ne me moulait pas trop, mais mettait en valeur ma poitrine. Je laissai mes cheveux légèrement ondulés grâce à la natte cascader sur mes épaules, mais ne me maquillai pas. Je n'avais jamais été trop pour. Cyriane choisit une robe vraiment magnifique et je l'aidais à se coiffer.
Quand nous descendîmes, Shana était là et elle était vraiment de toute beauté ! Il n'y avait pas à dire, cette femme était vraiment splendide et elle avait un corps parfait. Eneko et les garçons portaient des jeans avec chemises et seul Zoran arriva en arborant un t-shirt noir. Son regard glissa sur mon corps et je rougie alors qu'un sourire lascif était venu étirer ses lèvres. Eneko lui donna une légère tape à l'arrière du crâne et Zoran eu l'audace de rire.
D'après ce que j'avais compris, Jahyan, Kerann et Jalil nous rejoignaient directement là-bas.
Le restaurant se trouvait aux abords de Boise et nous dûmes prendre les voitures. Zoran prit sa moto et Arthur insista pour monter derrière lui. Ils furent les premiers à partir. Je grimpai dans la voiture d'Eneko avec les autres et quinze minutes plus tard, nous arrivâmes devant un petit restaurant chic, mais chaleureux. Le Hummer de Jahyan était garé devant et il était d'ailleurs dehors avec Kerann, Jalil, Zoran et Arthur.
Quand il vit Shana descendre de la voiture, il la dévora des yeux et l'attira à lui en lui murmurant quelque chose qui la fit rougir.
— Pervers ! Souffla-t-elle en lui donnant une tape sur le torse.
Tout le monde le salua et je lui offris ma nuque.
Il échangea un long regard avec Zoran avant d'entrer. Une main se posa dans le creux de mes reins et je souris à Zoran qui fermait la marche.
Le repas fut délectable et les rires fusèrent de toute part. Même Jahyan semblait particulièrement de bonne humeur. Shana avait fini sur ses genoux, ce qui ne semblait choquer personne autour de nous. C'était fou comme ils semblaient avoir besoin de se toucher tous les deux, mais n'était-ce pas normal après tout ?
Zoran se trouvait de l'autre côté de la table et je me retrouvais entre Oren et Arthur ; Eneko juste en face de moi.
Quand nous arrivâmes au dessert, ce dernier sorti une boite de sous la table et me la tendit avec un large sourire.
— Ce... n'est pas mon anniversaire, tu... sais ?
Il rit :
— Bien sûr que je le sais, mais je sais aussi que tu t'en vas demain et que j'aimerais avoir de tes nouvelles.
Oh. Je pris la boite et l'ouvris.
C'était un téléphone portable dernier cri. Je le pris avec grande attention et mon expression fit rire tout le monde autour de la table.
Sauf Jahyan qui semblait occuper à chuchoter quelque chose à l'oreille de sa compagne.
— C'est... Merci, dis-je, en rougissant. Je n'ai aucune idée de comment ce truc marche, mais merci.
— Attends, je vais te montrer !
Arthur m'attrapa cette chose des mains et passa la demi-heure qui suivit à tout m'expliquer.
Je restai attentive et hochai la tête dès que possible.
Il entra son numéro et puis le portable passa de main en main et même Zoran entra son numéro. Mon cœur eu un loupé à la pensée que je pourrais l'appeler quand... j'en aurais envie.
Nos regards se croisèrent à ce moment-là et il passa le portable à Eneko qui à son tour, entra son numéro.
Nous rentrâmes à la maison peu avant minuit et Jalil alla s'effondrer devant la télé avec Kerann. Jahyan et Shana montèrent presque directement, ainsi que les jeunes.
— À quelle heure comptes-tu partir demain ? S'enquit Eneko.
— Dans la matinée. Il faut que je récupère ma voiture que j'ai laissée aux abords d'un motel.
Il hocha la tête :
— Je t'y amènerais, d'accord ?
— D'accord.
Il m'embrassa sur le front et disparut à l'étage. Je grimpai les marches et me dirigeai droit dans la chambre de Zoran. Ce dernier était en train de fumer dehors. Je refermai la porte derrière moi et retirai la robe de Cyriane. Il faudrait que je la lui rende demain avant de partir. Je ferai mon sac par la même occasion. J'attrapai un des t-shirts de Zoran et l'enfilai avant de me glisser sous la couette. Je me calai contre les oreillers, cherchant une bonne position quand il entra. Il ne sembla pas surprit de me trouver là et ne fit aucun commentaire. Il me rejoignit en boxer et se mit sur le côté, pour me faire face.
— Je suis... contrarié, dit-il avec une moue.
— Ah oui ?
Ma main se retrouva sur sa joue. J'avais envie de le toucher et je n'avais pas envie de me retenir. Qui sait quand est-ce que nous allions de nouveau passer la nuit ensemble, même si ce n'était que pour dormir...
— Eneko a pris ma place. Je voulais te raccompagner demain.
Je rougie, mais heureusement, dans la nuit, il ne dut pas forcément le voir. Mais c'est vrai que maintenant que j'y pensais... nous allions devoir nous dire au revoir devant tout le monde et... ce ne serait assurément pas la même chose.
Je me glissai tout contre lui et ma joue se retrouva contre son torse. Il passa son bras dans mon dos et ses doigts caressèrent mon épaule.
Nous ne dîmes plus un mot pendant un long moment et il finit par m'embrasser.
Ce baiser avait un goût étrange.
J'étais triste. Triste et... stressée. De partir. De m'éloigner de Zoran. Je ne pouvais pas vraiment expliquer tout cela, mais c'était comme ça.
J'écoutai les battements de son cœur et finit par m'endormir.
Quand je me réveillai, Zoran n'était plus là. Et il n'apparut pas plus quand je ramassai toutes mes affaires et que j'allais les mettre dans la voiture d'Eneko.
Et il brilla par son absence quand l'heure de dire au revoir arriva. Shana et Cyriane me serrèrent contre elles.
Arthur retint ses larmes, mais me serra très, très fort dans ses bras. Tout comme Oren. J'ignorai combien de temps je serais absente et du coup, eux aussi.
Jahyan se contenta d'embrasser ma nuque, sans un mot, avant de s'en retourner dans son bureau.
Shana me lança un regard désolée quand elle vit que je faisais tout pour retarder mon départ. Peut-être que Zoran allait arriver, peut-être qu'il était occupé et qu'il avait un peu de retard...
Je finis par grimper dans la voiture d'Eneko et il m'amena à la frontière.
— N'hésite pas à m'appeler et tiens moi au courant pour la tâche que Timothy t'as confié. Tu seras bien obligée de passer par ici à un moment où à un autre, dit-il alors que nous étions garés au niveau du motel dont je lui avais parlé.
— Je le ferais.
Il hésita à me prendre dans ses bras et se passa une main nerveuse dans les cheveux :
— Je...
Je m'avançai et posai une main sur son bras. Il baissa la tête vers moi :
— Je vais revenir, Eneko. Je ne m'en vais pas pour... toujours.
Il sourit.
— Tu as raison. C'est juste que... j'ai pris l'habitude de t'avoir sous les yeux tous les jours, tu sais ?
Oui, je savais. Il me serra contre lui et m'embrassa sur le front :
— Fais attention à toi, d'accord ?
— Toujours, ris-je.
Il remonta dans sa voiture et me fit un signe de la main avant de s'éloigner.
J'observai sa voiture disparaitre à l'horizon avec un petit pincement au cœur. Cette visite des meutes d'Alphas d'États allait me prendre des mois, je le savais bien.
Avec un soupir, je me dirigeai vers ma voiture, cherchant mes clés dans mon sac. Quand je relevai les yeux, mon cœur eu un loupé magistral en voyant Zoran, appuyé contre avec nonchalance.
Moi qui avais cru qu'il n'était juste pas fait pour les adieux...
Je dû faire un effort surhumain pour ne pas me jeter dans ses bras et il dû le sentir car il sourit.
— J'ai vraiment cru que tu étais un sans manière, tu sais ? Dis-je en m'arrêtant juste devant lui.
Il ne dit rien, se contentant de m'attirer contre lui, ses bras m'emprisonnant. Je n'eut pas vraiment besoin de lever la tête.
Nos bouches étaient à quelques centimètres l'une de l'autre. Je sentais son souffle sur mon visage.
— Tu m'appelleras, n'est-ce pas Némésis ?
— Peut-être, le taquinai-je alors qu'il savait très bien que oui.
— Très bien...
Ses mains glissèrent le long de mon corps et ma main se retrouva sur sa joue alors qu'il m'embrassait avec une douceur extrême.
Je fermai les yeux. Savourant chaque seconde de ce baiser incroyable. Ce n'était qu'un au revoir, mais pourtant, ça faisait... mal.
Pas physiquement, mais intérieurement.
Je caressai ses joues. Je m'imprégnai de ses traits.
— Tu es beau, soufflai-je.
Il sourit un peu plus, mais ses yeux restaient sombres. Il était encore inquiet. Les minutes passèrent. Et puis il recula, sachant que s'il ne me lâchait pas maintenant, il ne le ferait pas.
— Aller file.
Je me mordillai la lèvre et me détournai avant qu'il ne voit mes yeux briller de larmes. Tout cela n'aurait pas dû être aussi... déchirant. Mais ça l'était. Et bon sang, je détestai devoir partir !
Je grimpai dans ma voiture et mit le contact. Je reculai et avant de m'engager sur la route, regardai Zoran.
Mais il n'était plus là.
Je roulai sans faire de pause et arrivai en fin de journée chez Heaven. Je sentis la présence de Timothy, mais aussi de Maël et de... Yahto ?
Yahto était ici ?!
Je me garai et coupai le contact. Je me dirigeai vers la maison et découvrit le très vieux loup qui semblait m'attendre. Il m'ouvrit ses bras avec un lent sourire et je m'arrêtai devant lui, lui offrant ma nuque.
Ses doigts l'effleurèrent et je relevai mon visage vers lui.
— Je suis contente de vous voir, dis-je.
Il sourit et se pencha. Il renifla l'air :
— Tu étais avec mon protégé, Némésis, petite Ombre du Gardien.
Je rougie. Ça ne servait à rien de lui mentir. Yahto savait tout. Rien ne lui échappait et surtout pas quand ça concernait son œuvre.
Timothy arriva à cet instant et me serra contre lui avant de me faire entrer. Il semblait pressé et il fallait avouer que c'est moi qui l'avais fait attendre.
Nous nous installâmes dans le bureau qu'il occupait et Maël se contenta d'un clin d'œil qui en disait presque long...
Ne pouvait-on donc rien caché aux vieux loups ?
Timothy s'installa derrière le bureau alors que Yahto prenait place dans un des fauteuils avec la grâce d'un Roi.
— Yahto aimerait que l'on répertorie toutes les Mains. Il aimerait savoir où en sont ses enfants et si les Maisons doivent être plus remplies ou non, dit le Gardien et fouillant dans un tiroir.
Je jetai un coup d'œil à Yahto. Il appelait toutes les Mains ses enfants, même si en réalité, il n'avait qu'un seul fils. Un seul vrai héritier.
— Tu iras donc voir tous les Alphas d'États qui s'occuperont de te faire parvenir le nom des Mains présentent sur leur territoire. Tu n'auras à traiter avec personne d'autre. Et tous seront prévenus de ton arrivée. Voilà ton itinéraire. J'ai essayé de faire que ce soit au plus... simple, dirais-je.
Il me tendit une carte avec des annotations.
Je commencerais par la meute d'Elena et finirait par celle de Kaizer Thomas, Alpha du Vermont. Celle de Jahyan se trouvait en quatrième position.
Timothy déposa alors une pile de lettre devant moi et je fronçai les sourcils. Il me regarda alors et je vis son loup non loin de la surface.
— Il y a ici trente-cinq lettres que j'ai écrites moi-même. Elles sont adressées aux Alphas d'États et... dedans, j'explique qui tu es et ce que tu fais pour moi.
Ma bouche s'assécha légèrement.
— Je dis aussi que ceux acceptant cette lettre aurons parfois affaire à toi plutôt qu'à moi.
Mon cœur loupa un battement.
— Je... ne suis pas sûre de comprendre, dis-je.
Yahto rit doucement quand Maël me sourit.
— C'est simple, Némésis, dit Timothy. Tu vas donner ces lettres aux Alphas que tu veux sur le critère que tu veux. Et s'ils l'acceptent, tu seras pour eux la Gardienne suppléante en quelque sorte. Il est temps pour toi de sortir de l'ombre.
Il... il était plus que sérieux.
La voix de Yahto résonna dans le soudain silence.
— Ombre tu ne seras plus, Némésis.
Je n'étais pas sûre de vouloir connaître la lumière.
Je n'étais pas sûre de vouloir donner cette fameuse lettre à qui que ce soit...
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