8. Némésis


J'avais longuement parlé avec Timothy de cette... haine farouche que nous portait certain humain, en lui disant que je ne parvenais pas à comprendre.

Pourquoi détestait-il les lycanthropes à ce point ?

Nous n'étions pas mieux ou pire qu'eux ; notre race avait commit quelques atrocités, certes, mais la leur aussi, alors j'avais beau y penser et y réfléchir, encore et encore, je ne comprenais pas forcément.

Ce qui s'était cette après-midi me laissait un goût amer dans la bouche.

J'avais mis du temps à comprendre que ces manifestants autour de nous portaient des gants recouverts d'argent.

Pour nous dévoiler.

Si j'avais serré cette main, s'ils avaient vu que j'étais une louve, qu'auraient-ils fait ?

Timothy disait que la violence gratuite faisait partie de ce monde ; que c'était comme ça. Et ce qui était arrivé le prouvait, n'est-ce pas ?

Ils avaient cherchés à nous intimidés. Pas vraiment à nous faire du mal, et pourtant, c'était un peu le cas.

Je ne pouvais pas dire que je ne comprenais pas les vieux Alphas qui avaient refusés de se plier aux dernières règles de Timothy. Lui-même le comprenait, je le savais pertinemment. Mais dévoiler les Alphas d'États et montrer leurs rôles étaient aussi un moyen de prouver que nous savions nous gérer, que nous savions nous débrouiller.

Et que nous l'avions toujours fait.

Même si nous avions fait notre coming-out, les humains savaient réellement très peu de chose sur nous ; notre mode de vie, notre fonctionnement. Pourtant, nous étions très semblables à eux.

Mais la différence effraie.

C'était une vérité que même les époques ne changeaient pas et ne changerait jamais. Heureusement pour nous, tout le monde n'était pas contre nous et certain avait comprit que nous étions parmi eux depuis le début.

Timothy misait sur cette majorité.

Il voulait montrer le meilleur de notre peuple, mais avant de faire cela, il voulait que tout soit remis à sa place parmi nous. Et c'était bien normal.

Il fallait que nous soyons tous unis. Et que nous acceptions tous les règles. Mais comment ne pas réagir quand on nous attaquait de la sorte ?

Je n'avais jamais vu cela, même si j'en avais beaucoup entendu parler. Ce genre de chose n'arrivait pas qu'à Boise, loin de là. Généralement, c'était les grandes villes les plus sujettes à cela ; aux manifestations de haine et de mécontentement.

Il n'y avait pas grand-chose à faire.

Ne pas réagir était notre meilleure défense. Mais comment ne pas prendre parti quand des jeunes comme Cyriane, Oren ou Arthur étaient impliqués ?

Comment faire comprendre aux gens que nous ne leur voulions aucun mal ? Et que si ça avait été le cas, il y aurait longtemps que nous l'aurions fait.

Timothy gérait comme il pouvait, mais je me demandais sérieusement s'il trouverait une solution. Peut-être que le temps effacerait les rancœurs et les craintes, mais j'avais tout de même quelques doutes...

— Tu penses à quoi ? Demanda Arthur en touchant mon bras, comme pour me ramener dans la réalité.

Nous étions assit sur le canapé alors que la maison était en effervescence, mais pas d'une bonne façon. Personne n'entrait et personne ne sortait jusqu'à ce que l'Alpha soit sur qu'il n'y est aucun risque pour la meute.

De simples manifestants pouvaient réellement être un danger pour une meute aussi vieille ? Est-ce que comme le craignait Zoran, ils nous avaient suivit ? Si ça avait été le cas, nous aurions eu des nouvelles dans ce sens, non ?

Je posai mon regard sur le garçon à côté de moi et vis sa peur, tapie au fond de lui. Je n'en menais pas large moi aussi, mais je savais aussi que c'était à moi de le rassurer, dans la mesure du possible. Eneko était en bas avec Jahyan et Oren ne lâchait pas Cyriane.

Je baissai les yeux sur sa main posée sur mon bras, consciente qu'il recherchait un contact, qu'il en avait besoin.

Je ne pouvais lui refuser ça.

Je voyais le besoin dans ses yeux et c'est vers moi qu'il se tournait. Alors même si ça me mettais mal à l'aise, je devais le faire.

Pour lui.

— Qu'il nous faudrait un bon petit film pour penser à autre chose.

Ce n'était pas vrai, mais il n'avait pas besoin de savoir à quoi je pensais réellement.

Il fit la moue et je retrouvai notre père dedans. Ce qui me fit sourire.

Eneko était vraiment présent dans les traits de tous ses enfants. Est-ce que c'était pareil chez la petite dernière ?

— Raconte-moi plutôt une de tes histoires, dit-il.

Du coin de l'œil, je vis Oren se redresser légèrement alors que Cyriane dormait contre sa poitrine, curieux soudain.

Dans la cuisine, j'entendais Shana discuter avec Zoran. Je n'écoutais pas ce qu'ils se disaient, parce que ça ne me regardait en rien.

— Une... envie particulière ? M'enquis-je, mon cerveau carburant déjà à toute vitesse.

Je ne pouvais pas vraiment parler de « mes » histoires. Généralement, je ne faisais que raconter celles que Benjamin m'avait contées, ou d'autres personnes tout aussi vieilles que lui.

— Parle-nous de Yahto et d'Anoki. Comment est-ce que tu les as rencontrés par exemple.

J'y réfléchis. Est-ce que ça méritait seulement d'être raconté au final ? Je n'en étais pas sur, mais je voyais dans les yeux d'Arthur qu'il voulait réellement connaître cette histoire. Et que surtout, il voulait penser à autre. Je pouvais bien faire cela.

— Commençons par Yahto, dis-je avec un sourire.

Oren hocha la tête et Arthur attrapa ma main. Ses doigts serrèrent les miens et je sentis sa chaleur remonter le long de mon bras. Son grand-frère essaya de prendre une position un peu plus confortable sans réveiller Cyriane. Cette dernière soupira quand il le fit, mais elle resta dans les bras de Morphée.

— Tout d'abord, il faut savoir que si Yahto n'a pas envie de vous voir, il est impossible de le trouver. Il est le seul à décider.

C'était étrange d'avoir les deux garçons pendu à mes lèvres. J'avais racontée certaine chose à Luka et il avait fait preuve du même intérêt, mais ça restait différent.

— Même le Gardien ne peut le contacter. Quand Yahto veux vous voir, soit il vient à vous, soit il vous fait venir à lui, continuai-je, un sourire montant doucement sur mes lèvres.

J'avais gardé un souvenir de tout ça vraiment vivace. On n'oubliait jamais une rencontre avec Yahto Harendra.

— Il t'a fait venir à lui ? Ça veut dire qu'il te connaissait ? S'enquit Oren.

Je hochai la tête.

Très peu de chose échappait à Yahto. Quand il était intéressé par quelque chose ou quelqu'un, il n'y allait pas par quatre chemins. Je ne lui avais jamais demandé comment est-ce qu'il avait su qui j'étais, ne trouvant pas ça très intéressant.

Il avait su, c'était tout.

— On dit qu'il existe cinq portails dans tous les États-Unis qui peuvent vous amener n'importe où ou vous désirez aller. On dit que les personnes qui connaissent leurs existences en font ce qu'elles en veulent. Je ne sais pas si c'est vrai ou si c'est seulement une vieille histoire faisant partie des traditions des sorciers, ou encore si Yahto à une sorcière sous ses ordres, mais le fait est qu'un jour je me trouvais en Louisiane et la seconde d'après, dans un immense désert.

Je me rappelais le choc. Et la peur qui m'avait saisit au ventre.

Je n'avais pas paniquée, n'en avais pas vraiment eu le temps. Tout avait été si... soudain ! Un instant j'étais sur le territoire d'Auxann et la seconde suivante, dans une étendue de sable sous une chaleur à rendre n'importe qui fou à lier.

— Tu... avais été transportée en Afrique, ou quelque chose comme ça ? Demanda Arthur, les yeux écarquillés.

— Je le pense, répondis-je, légèrement songeuse. Je crois que je n'ai jamais cherchée à savoir vraiment. Ça n'avait pas tellement d'importance pour moi.

— Tu as eu peur ?

— Oui. C'est assez... déstabilisant de se retrouver dans un endroit inconnu, mais surtout, c'est très perturbant de ne pas savoir comment vous êtes arrivés là.

Oren et Arthur hochèrent la tête de concert.

— Qu'est-ce que tu as fait alors ? Il y avait quelqu'un qui t'attendait au moins ?

J'avais marchée, essayant de ne pas trop m'éloignée de l'endroit où j'étais apparue. Mais se repérer dans le désert était quasiment impossible... À partir de là, j'avais réellement commencé à paniquer. Et surtout, j'avais été incapable de sentir Timothy. Et cela avait été pire que tout. Et ça m'avait bien prouvée que j'étais bien loin des États-Unis.

— J'ai tournée en rond un petit moment. Et il faisait vraiment très chaud alors au bout d'un certain temps, je me suis juste arrêtée. Et j'ai attendue.

Je ne l'avais pas fait longtemps.

— Némésis, petite Ombre du Gardien.

Je ne sursautai pas.

Je ne l'avais pas senti, mais sa voix, même si elle semblait se répercuter tout autour de moi, avait quelque chose de chaleureux. Je n'aurais pas su mettre un mot exact sur la sensation qui me saisit, mais soudain, la peur s'envola et la panique laissa place à... la curiosité.

Je me tournai vers l'homme qui venait de parler. Mais pouvait-on réellement parlé d'homme ?

Il y avait quelque chose dans son apparence... c'était à la fois fascinant et effrayant. Mais il était loin d'être aussi monstrueux qu'Anoki. Ce dernier avait depuis longtemps abandonné l'idée de paraître simple humain.

Mais en cet instant, j'ignorai lequel des deux me faisaient le plus peur. Parce qu'il y avait quelque chose chez l'homme devant moi...

Une peur profonde, viscérale presque monta. Et je fus incapable de bouger ou de ne serait-ce que parler.

Son regard était brillant, brûlant et curieux.

Sa tête était légèrement penchée et il me fixait. Non. C'était trop profond. Trop intense. Comme s'il cherchait quelque chose en moi.

Ma louve ?

Mon âme ?

Peut-être bien les deux.

— Némésis ; déesse de la juste colère et de la rétribution céleste, dit-il avec un sourire.

Il était torse nu. Et il portait des tatouages. De vieux symboles avec de vieilles significations. Mais il en avait peu.

Et étrangement, je su qui il était.

— Tu sais qui je suis, murmura-t-il à l'instant même où je m'en faisais la réflexion.

Serais-je capable de parler ? De dire ne serait-ce qu'un mot ?

— V... vous êtes Yahto Harendra, le premier fils d'Isha qui est lui-même deuxième fils de Sharan.

— Tu as bien appris ta leçon, Némésis, petite Ombre du Gardien.

Le fait qu'il m'appelle ainsi ne me surprenait pas vraiment.

Moi-même, je me voyais comme l'ombre de Timothy. Même si j'avais plutôt l'habitude de dire que j'étais l'ombre de l'ombre du Gardien.

J'observai Yahto avait un mélange de curiosité et de crainte. Cet homme... ce loup était si vieux... que personne ne connaissait son âge réel. Il était le plus vieux de la première lignée de Sharan encore en vie.

Il était son petit-fils. Il était le cousin d'Heaven et le grand-frère d'Anoki. Mais surtout, il était le créateur des Mains.

Celui qui avait battit la première Maison. Celui qui avait été le premier Régent.

Protéger.

Endurer.

Chasser.

Tuer.

Voilà le fondement de ce qu'il avait crée. Et tout était resté. C'était un loup qui avait traversé notre histoire. S'éteindrait-il un jour ? Peut-être. Quand il en aurait assez, il s'en irait. Il retournerait vers Sharan.

— Pourquoi suis-je ici ? Finis-je par demander.

Un franc sourire. Il se redressa et s'avança vers moi. Pendant un instant, je cru que ses tatouages se mouvaient sur sa peau, mais sûrement était-ce une hallucination causée à cause de cette chaleur...

— Parce que tu veux savoir. Tu veux connaître les secrets de notre peuple. Tu veux te plonger dans l'histoire.

Il tendit une main vers moi, sans toutefois me toucher. Et le tatouage sur son bras ondula.

Réellement. Il prit vie sous mes yeux.

Était-ce une sorte de... mirage ?

— Tu n'aspire qu'à cela, petite louve abandonnée. Et je veux honorer ton désir.

— Pourquoi feriez-vous cela ?

Quelque chose dans son regard. Il me regarda de la tête aux pieds. Et étrangement, j'eu l'impression qu'il avait trouvé en moi ce qu'il cherchait.

— Je représente le passé. Et toi, le futur. Chaque loup que Sharan met sur terre a un rôle. Tu ignore encore quel est le tiens, mais je pressens qu'un jour, ton nom ne sera plus inconnu. Et que tu feras de grandes choses. Il ne peut en être qu'ainsi pour l'Ombre du Gardien. Car ombre tu ne seras pas toujours, Némésis.

Je ne dévoilai pas mon petit surnom donné par Yahto aux garçons. Et je ne leur traduis pas exactement les propos qu'il avait tenus à mon égard. Tout cela n'avait pas grande importance pour eux.

Je leur parlais de Yahto lui-même. Et des tatouages sur sa peau qui étaient vivants. Ma rencontre avec ce vieux loup m'avait apprit plus de choses que les livres auraient pu le faire.

Et les garçons m'écoutèrent, fascinés et captivés. Je leur parlais d'Anoki, le petit-frère. L'effrayant Anoki qui arborait une apparence mi-humaine, mi-loup perpétuellement et qui se fichait de faire peur. Je leur dis comme il était hors du temps, hors de tout. Il n'avait plus vraiment grand-chose d'humain.

— Il était au mariage d'Elijah et d'Amalia, dit alors Shana, me forçant à me tourner vers elle.

Elle était appuyée contre l'ilot central de la cuisine. Zoran était à côté d'elle et lui était assit sur l'ilot. Avaient-ils tout écouté de ce que je venais de raconter ?

— Il a fait peur à plus d'une personne. Et il est venu fagoter comme pas possible, même s'il avait fait un effort... je crois.

Anoki et Elijah étaient de la lignée directe de Sharan. Anoki était le petit fils quand Elijah était le fils même de notre Déesse.

Son dernier. Mais peu de gens savaient cela. Il était né dans la meute d'Anoki et était resté de très nombreuses années avec lui, avant de partir avec celui qu'il avait cru être son géniteur. Et puis il était devenu Chasseur.

Elijah avait un pouvoir dangereux. Un pouvoir unique. Donné par Sharan.

— Anoki est en totale décalage avec notre époque. Et avec les dix dernières je pense, ris-je en le revoyant clairement dans ma tête.

Il avait tellement du détonné au mariage !

— C'est vrai que ses dents... sont des crocs en fait ? S'enquit Oren à mi-voix.

Zoran rit et Shana lui donna un coup de coude dans les côtes :

— Ne rit pas, Main stupide. Il fait vraiment peur. Et le pire, c'est quand il sourit...

Shana mima un frisson et Zoran lui ébouriffa les cheveux dans un geste tendre. Il y avait vraiment beaucoup de complicité entre eux ; ça se sentait plus que ça ne se voyait la plupart du temps.

— Je ne sais pas comment on peut vouloir resté vers une... créature pareille, continua-t-elle.

Quand Anoki parlait, tout comme Yahto ou d'autres très vieux loups, il y avait cette fascination qui venait et qui faisait oublier tout le reste. En tout cas pour moi. L'apparence n'était en rien le reflet de la réalité. Jamais.

Anoki m'avait apprit des choses précieuses. Et pour cela, je le respectai grandement.

Jahyan arriva à cet instant, suivit de Jalil qui riait. Quand ne riait-il pas au juste, celui là ? L'Alpha nous avisa tous et claqua des doigts :

— Au lit. Ça ne sert à rien de trainer ici, ajouta-t-il. Zoran, je vais avoir besoin de toi.

Ce dernier sauta à bas de l'ilot central et roula des épaules. Oren se leva en soulevant Cyriane et Arthur les suivit à l'étage après m'avoir embrassé sur la joue pour me souhaiter bonne nuit. Je me levai aussi, consciente que l'ordre de Jahyan s'appliquait aussi à moi, même si je ne faisais aucunement partie de cette meute.

Je saluai tout le monde d'un petit signe de la main et mon regard accrocha un instant celui de Zoran. Mais Jahyan étant là, je préférai ne pas m'attarder.

Je grimpai à l'étage et après avoir attrapée quelques affaires pour aller me doucher, j'allais dans la salle de bain. Je fis couler l'eau et me déshabillai.

Comme toujours, je ne trainai pas trop et enfilai mon pyjama avant d'aller me mettre sous la couette. En bas, le bruit des conversations me berça légèrement et je ne tardai pas à m'endormir, éloignant le souvenir de ce qui s'était passé aujourd'hui, éloignant la haine de certains humains à notre égard.

Et Morphée m'enveloppa.

Le lendemain matin, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que tout danger était écarté. Personne ne nous avait suivit et ainsi, la meute ne risquait rien. Jahyan avait remis les choses en ordre et la maison était de nouveau ouverte à tous. Lui-même était parti travaillé très tôt pour pouvoir rentrer plus tôt dans la journée.

Eneko et Kerann étaient parti eux aussi et les jeunes avaient interdiction de sortir. Dans la cuisine, ne se trouvait que Shana, Jalil et moi.

Zoran semblait être absent lui aussi. Ma louve fut... déçue. Et moi, un peu triste de ne pas pouvoir le voir. J'ignorai si c'était normal que je ressente ça, mais c'était le cas.

Alors que Jalil allait répondre à un coup de téléphone, je regardai Shana par-dessus ma tasse de chocolat chaud.

Elle avait nouée ses cheveux en un chignon plutôt négligé et quelques mèches s'en échappaient. J'avais la sensation qu'elle était toujours ici et qu'elle sortait rarement. Même si elle ne disait rien, parfois je surprenais un drôle d'air sur son visage ; mi-triste, mi-résignée.

Elle était la compagne d'un Alpha puissant et réputé, elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait, même si elle-même était puissante. Et Jahyan était un homme protecteur, possessif et... macho, n'est-ce pas ? C'était surtout à cause de ce côté-là que beaucoup le connaissait.

Shana était en train de beurrer une tartine quand je me jetai à l'eau :

— Euh... Shana je... j'aurais aimé te demander quelque chose, dis-je, hésitante.

La jeune femme leva les yeux vers moi et sourit ; engageante. J'y avais réfléchis depuis que j'étais levée et en fait, depuis quelques jours et il m'était apparut que la seule à pouvoir me... renseigner n'était autre qu'elle. Je connaissais pas mal de louves, mais étrangement, Shana me mettait en confiance. Il y avait quelque chose en elle... il n'y avait pas vraiment de mots pour le décrire, mais j'avais juste l'impression que je pouvais tout lui demander sans éprouver aucune gêne.

— En fait, je... j'aimerais prendre la pilule, mais... à part Nathaniel Hunt, je ne connais pas de docteur qui s'occupe de... nous, et... je suis plutôt mal à l'aise avec... tout ça.

Voilà, c'était dit.

Et mon dieu, je devais être toute rouge. En même temps, j'étais affreusement gênée de parler de tout ça. J'avouais du même coup que je... couchai avec Zoran, mais Shana devait bien comprendre que ce dernier avait été... mon premier.

Je lui fus tellement reconnaissante de ne rien dire ! C'était suffisamment gênant pour qu'elle en rajoute et elle devait le voir.

Shana se leva alors :

— Ne bouge pas, dit-elle avec un clin d'œil.

Et elle disparut dans le bureau de Jahyan.

Je ne bougeai pas, me demandant si... j'avais bien fait de lui parler de ça.

De toute manière, est-ce que j'avais vraiment besoin de prendre la pilule ? Je n'arrivais pas à penser à ma vie sexuelle... à me projeter surtout, alors...

Je me passai une main dans les cheveux et me demandai où pouvait bien être Zoran. Si je demandais à Shana, est-ce qu'elle me le dirait ? Mais surtout, est-ce que j'avais le droit de le demander ? Même avec les paroles de Jahyan, j'avais juste été incapable de repousser Zoran quand il avait commencé à me... toucher.

Ses mains et sa bouche avaient le don de me faire perdre toute raison et mon désir avait juste tendance à prendre le dessus sur tout le reste.

À chaque fois que je pensais ne serait-ce qu'un peu à lui, la chaleur de mon corps augmentait et j'avais l'impression d'être de la lave en fusion. Cette fois-ci je ne pouvais plus mettre tout ça sur le compte de la pleine lune. Et dire que parce que c'était mon premier m'aurait fait passer pour idiote.

Alors j'ignorai quoi penser. Peut-être que tout cela était normal. Et de toute façon ce n'était pas comme si je savais ou voulais changer ça. C'était ma première fois. La première fois que je connaissais ça et le fait que ce soit avec Zoran... je ne sais pas, ça me semblait juste important.

Shana revint environ dix minutes plus tard :

— Mon gynéco veut bien te recevoir cette après-midi. On va sortir entre filles, Némésis.

Je la regardai, essayant de ne pas garder la bouche ouverte. Son... gynéco ? La dernière fois que j'étais allé en voir un remontait à quand j'étais encore chez Marc et Élise, alors pour dire...

— On a le droit de sortir ? Je veux dire... Jahyan ne va rien dire ?

Elle fit la moue et balaya mes inquiétudes d'un geste de la main :

— Je suis encore libre de faire ce que je veux, elle me sourit et me fit un clin d'œil. Soit prête pour treize heures, d'accord ?

Je hochai la tête et elle disparut de nouveau alors que Jalil était encore au téléphone. Est-ce que Zoran allait rentrer avant que nous partions ? Quelque chose me disait que non. S'il avait été là, il nous aurait accompagné, parce que j'étais sur que Jahyan n'était pas d'accord pour que Shana sorte sans personne et je pouvais le comprendre, surtout avec ce qui s'était passé hier.

D'ailleurs, était-ce vraiment prudent de sortir au final ? Je ne savais pas trop... peut-être Jalil allait-il venir avec nous, cela aurait été plus prudent je crois.

Je débarrassai la table et montai m'habiller. J'optai pour un jean et un pull ample glissant sur mes épaules. J'attachai mes cheveux, déjà agacée et prit le temps qu'il restait avant treize heures pour travailler un peu.

C'est la voix de Shana qui me tira de mes notes.

Je levai la tête et ne tardai pas à la rejoindre en bas. Jalil était là et comme je l'avais pensé, il nous accompagnait. Mieux valait. Je n'avais rien contre le fait de me retrouver toute seule avec Shana, mais il fallait qu'elle pense à sa sécurité avant tout.

Jalil prit le volant et il ne nous fallut que très peu de temps pour rallier le centre ville.

Aucune manifestation à l'horizon.

Tout était calme et un poids se retira de ma poitrine. Nous ne risquions rien et c'était bien mieux ainsi, bon sang !

Pendant le trajet, Jalil et Shana échangèrent pas mal de vannes, parfois utilisant leur langue maternelle, ce que je trouvais plutôt drôle. Jalil avait un sacré accent et quand il jurait, je ne pouvais m'empêcher de rire. D'après ce que je compris, il était mexicain quand Shana était espagnole. Mais y avait-il vraiment une très grosse différence ?

Il nous déposa devant un bâtiment simple, mais à la façade plutôt sympathique.

— Je vais garer la voiture et je vous attendrais devant, ok ? Dit-il.

Shana l'embrassa sur la joue et nous entrâmes à l'intérieur du bâtiment. Nous arrivâmes à peine dans la salle d'attente que la secrétaire me fit signe de la suivre. Je laissai donc Shana et me retrouvai dans le cabinet du Docteur Marshall, une gynécologue qui officiait autant pour les humaines que pour les lycanthropes. Ce n'était pas rare et ça nous facilitait bien la tâche, il fallait l'avouer.

C'était une petite femme toute ronde d'une gentillesse extrême. Elle avait le sourire facile et le regard direct.

Elle me posa beaucoup de questions sur mes antécédents médicaux et prit le temps de tout bien noter ce que je lui disais dans ce qui semblait être mon futur dossier. Je ne lui cachai pas mon âge et elle n'en fut en rien choquée. En même temps si Shana était sa patiente...

Quand elle me demanda à quand remontait mon dernier rapport, je le lui dis tout en lui précisant aussi que je venais de perdre ma virginité.

Une fois cela fait, elle me demanda d'aller retirer mon jean et ma culotte et d'aller m'installer.

Et cette fois, les examens commencèrent.

Je restai crispée du début jusqu'à la fin, même si elle tenta de me détendre à de très nombreuses reprises.

Elle me parle de ses enfants et de ses petits enfants. Me raconta même leur dernier exploit en date et je dois avouer qu'elle réussit à me faire rire une ou deux fois. Mais se détendre alors que quelqu'un vous tripotait de la sorte ? C'était un peu au-dessus de mes forces.

Elle ne s'en formalisa pas bien-sur. Elle avait du voir des patientes bien plus horribles que moi, je n'en doutais pas.

Une fois rhabillée et assise devant son bureau une nouvelle fois, je ne pouvais m'empêcher de jouer avec mes doigts, nerveuse.

Je détestai les examens médicaux. C'était presque viscéral chez moi. Et jusqu'à présent j'avais réussi à les éviter.

— On va vous prescrire une pilule continu, ainsi, vous n'aurez pas besoin de vous arrêtez pour la reprendre. C'est plus facile et ça évite les oublis... malencontreux, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Je rougie un peu et elle me fit l'ordonnance en marmonnant un peu.

— N'oubliez pas de la prendre au premier jour de vos règles, d'accord ? C'est très important.

Je hochai la tête, enregistrant tout ce qu'elle me disait. Elle signa et tamponna l'ordonnance avant de me la tendre.

Nous nous levâmes de concert et elle me raccompagna jusqu'à la porte.

— Rappelez-vous, si vous ne prenez pas votre pilule correctement il y a une chance pour vous de tomber enceinte et ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas ?

Nouveau clin d'œil.

Elle me serra la main et me libéra. Shana se leva en me voyant revenir vers elle et retint un rire en voyant ma mine déconfite :

— Si terrible que ça ?

— Je déteste ça, soufflai-je.

Elle éclata de rire et nous sortîmes dehors. Comme convenu, Jalil était là, appuyé contre le mur, une clope au bec. Il me sourit et se tourna vers Shana :

— On peut rentrer maintenant ? S'enquit-il.

— Pourquoi faire ? Resté enfermer toute la journée ?

Shana m'attrapa par le bras et traversa la route, Jalil grognant quelque chose derrière nous.

Nous allâmes dans une pharmacie retirée ma pilule que Shana fourra dans son sac et elle nous amena ensuite dans ce qui semblait être la rue piétonne. Même en pleine semaine il y avait pas mal de monde et les magasins ne semblaient pas désemplir. Shana me traîna dans des magasins où je n'aurais jamais pensé à mettre un pied et elle fit un peu de shopping, Jalil se moquant d'elle sans se cacher.

— Tu vas faire flamber la carte bleue de Pearson, Sha ?

Beaucoup de femmes le regardait s'en sans cacher et c'était plutôt drôle à voir. Mais lui semblait à peine s'en apercevoir, trop occupé à charrier Shana.

— Je préfère sortir avec Zoran, il est moins bruyant que toi, lui ! Répliqua-t-elle avant de s'enfermer une nouvelle fois dans la cabine d'essayage.

Je me tournai vers Jalil :

— D'ailleurs, où est-ce qu'il est ? M'enquis-je.

Il haussa les épaules :

— Je crois que Jahyan l'a envoyé faire un tour au niveau du territoire. Avec ce qui s'est passé hier, mieux vaux surveiller les humains de près.

Je hochai la tête. Il n'avait pas totalement tort. Mais est-ce que ce n'était pas dangereux ? Non. Pas pour Zoran. C'était une vieille Main. Il savait ce qu'il faisait. Mais il pouvait encore être blessé.

Mon ventre se noua à cette pensée. Je lui portais vraiment la poisse en y pensant. Shana ressortit et Jalil la fixa un instant avant de grogner :

— Si tu mets ça, tu peux être sur que Jahyan va t'enfermer !

Elle leva les yeux au ciel et se regarda dans la glace. C'est vrai que la robe était un peu osée, mais... ça lui allait tellement bien ! Shana avait un corps parfait, c'était le cas de le dire !

— J'aime vivre dangereusement, répliqua-t-elle avant d'aller enlever la robe et d'aller payer.

Les magasins s'enchainèrent et quand Shana entra dans une boutique de lingerie, je préférai rester dehors avec Jalil. Quelque chose me dit qu'il aurait pu rentrer que ça ne l'aurait pas déranger, mais ça semblait juste l'ennuyer profondément. Je m'éloignai un peu de lui et lui fis signe quand j'entrais dans la librairie qui se trouvait non loin.

Une vieille odeur de livres et d'encens me parvint. Une jeune fille était assise derrière le comptoir et me salua avec un grand sourire. En plus de livres, il y avait pas mal de babioles que j'effleurais du bout des doigts. Il régnait ici une ambiance que j'affectionnai particulièrement et j'aurais pu y rester des heures.

Je feuilletai quelques livres, caressant leurs pages avec un soin tout particulier. Du bruit me parvint alors de la rue et la jeune libraire soupira :

— Et c'est reparti pour un tour, souffla-t-elle.

Je la rejoignis au niveau de la vitrine et au loin, je vis une dizaine, peut-être même une quinzaine de personnes qui avançaient.

Des manifestants. Encore.

La peur monta avant que je la refoule. Ils n'étaient pas encore là, ce qui nous laissait le temps de partir avec Shana et Jalil.

Je quittai la petite librairie et retournai au niveau de la boutique de lingerie. Jalil et Shana en sortirent et avisèrent les manifestants qui étaient en train de remonter la rue :

— Bon sang, je croyais que c'était fini leur connerie ! Grogna Shana, les yeux légèrement brillants.

— Ils n'en auront jamais fini. Aller, on bouge, dit Jalil en passant devant.

Mieux valait ne pas trainer dans le coin et se dépêcher de rentrer. Shana n'avait pas envie de se faire engueuler par Jahyan et je la comprenais. Quelque chose me disait que ce dernier n'avait pas trop envie qu'elle sorte toute seule ; même si elle ne l'était pas, puisque Jalil était là.

Je suivais le pas, jusqu'à ce que Jalil s'arrête et jure dans sa barbe. Il y avait des manifestants devant nous, qui descendaient la rue. Moins nombreux que les autres, mais ce n'est pas ça qui me donna un haut le cœur.

L'homme qui m'avait tendu la main avec son gant recouvert d'argent hier était là. Et j'étais sur que son regard glissa sur moi au moment même où je détournai la tête.

Est-ce qu'il allait me reconnaitre ?

Est-ce qu'il m'avait déjà reconnu ?

Est-ce que certains portaient de gants avec de l'argent ? Je ne voyais aucune trace de police, ce qui me prouvait que personne n'avait vraiment été au courant qu'ils remettraient ça aujourd'hui.

— On passe, dit Jalil, préférant opter pour ce qui lui semblait être la facilité.

Si on nous accostait, on continuait notre chemin sans nous arrêter. Nous pouvions plus que facilement passer pour simple humain. Ne l'avions-nous pas fait pendant des centaines d'années ?

Je suivais Shana, regrettant que Zoran ne soit pas là. Il y avait quelque d'apaisant en lui, quelque chose qui vous faisait vous sentir en sécurité, même s'il était dangereux. Alors oui, j'aurais juste aimé qu'il soit là avec nous.

Avec moi.

Personne ne nous parla et alors que nous allions enfin les passer, une main se referma sur mon épaule. Je levai la tête, forcée de m'arrêter alors que Jalil et Shana ne semblaient s'êtres aperçu de rien.

— Je suis sur de vous avoir déjà vu, mademoiselle, dit l'homme de la veille.

Et il était même plus que sur, vu son regard. Heureusement pour moi, il ne portait pas de gants. J'aurais pu en soupirer de soulagement ! S'il ne m'avait pas tenu de la sorte.

— Vous pourriez me lâcher, s'il vous plaît ?

Je détournai le regard un instant pour voir Jalil et Shana. Mais ils n'étaient plus en vu ni l'un ni l'autre. Mon cœur se mit à battre plus vite.

— Oups. Désolé, dit l'homme en se reculant, mais toujours en me tenant.

Je fronçai les sourcils. Il n'allait rien faire de stupide ici, n'est-ce pas ?

Il fallait que je rejoigne Shana et Jalil. Avant qu'ils reviennent sur leur pas. Avant que... quelque chose ne se passe.

Ma louve coula légèrement dans mes membres et je me défis de la prise de l'homme :

— Bonne journée, lançai-je avant de m'éloigner presque en courant.

Mais je n'allais pas bien loin. Deux hommes se tenaient non loin de moi et eux, ils portaient des gants malgré le soleil et la légère chaleur.

Et quelque chose me dit qu'ils se fichaient bien d'agir ici, en pleine rue.

Leur haine farouche des loups les poussaient à agir. Et à faire du mal.

Ma louve voulut agir, mais je la bridais. Ne pas répondre à la haine par la haine. C'était un des enseignements fondamentaux de Timothy. Je n'avais pas le droit de recourir à la violence. Et je ne l'aurais pas voulu.

J'avisai une rue adjacente et m'y engouffrai en suivant la trace olfactive de Shana et Jalil.

— Ça ne sert à rien de courir, petite louve, cria l'homme, derrière moi.

Mon corps se tendit. Il savait exactement ce que j'étais. Et voilà pourquoi il me suivait. Je m'arrêtai, sentant que je n'irais pas très loin. J'aurais pu, bien sur, mais...

— Et ça ne vous apporteras rien de me poursuivre. Je ne vous veux aucun mal.

Il sourit. Il avait un visage plutôt agréable et semblait avoir la trentaine d'années quand ses deux acolytes semblaient encore plus jeunes.

— Je n'ai jamais prêté grande fois aux paroles d'un cabot.

Un cabot ?

— La loi vous interdit de nous faire du mal, dis-je dans un soupir.

Ils se regardèrent tous les trois et je reculai légèrement, le cœur aux bords des lèvres.

— On n'a pas voté pour ça, nous.

L'un deux sorti quelque chose de sa poche et braqua une arme sur moi. Mes yeux s'écarquillèrent à l'instant où il appuyait sur la détente.

Ma louve projeta mon corps sur le côté et je tombai, évitant le projectile du même coup. Un des plus jeunes fondit sur moi et essaya de m'attraper avec ses gants, mais je sautai sur mes pieds.

— Je ne veux pas vous faire de mal !

— Dommage, parce que nous, on va t'en faire.

Il effleura mon épaule et la brûlure de l'argent coula sur ma peau. Des larmes montèrent alors que ma louve voulait déchiqueter. Mais je la muselai et passai derrière l'homme pour lui asséner un coup dans la nuque qui l'envoya dans les roses. Il ne se releva pas, mais avant que je puisse faire quoi que ce soit d'autre, l'un des hommes me frappa dans le ventre et j'heurtai violemment le sol, tête la première.

La douleur explosa et pendant un instant, le monde tourna autour de moi, me donnant l'impression d'être sur un manège.

Il y eut un rire et puis soudain, des bruits de... lutte?

Je roulai sur le ventre et me relevai tant bien que mal. Je chancelai un instant et une mais attrapa mon coude pour me permettre de ne pas m'étaler au sol. Je tournai mon regard sur Shana alors que Jalil et... Zoran ? S'occupaient des deux humains.

Le corps du premier sembla voler dans les airs avant de percuter le mur dans un craquement horrible. Ses yeux s'écarquillèrent et il glissa.

Est... est-ce qu'il était... mort ?!

— Depuis quand attaquent-ils, mierda ?

Personne n'eut le temps de répondre.

Zoran se dirigea droit sur nous, sur moi et la colère que je lu dans ses yeux me fit reculer. Mon dos toucha le mur et Zoran s'arrêta à a peine un mètre de moi.

Sa puissance se déroula autour de lui et m'emprisonna alors que jamais, jamais je ne lui avais vu un tel regard.

J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit.

— Es-tu donc idiote, Némésis ? Cracha-t-il, mauvais.

Je sursautai, ne pouvant détourner le regard.

— Tu comptais les dissuader de t'attaquer en leur parlant ? Es-tu naïve à ce point ? Est-ce que tu avais envie de te faire tuer ? Cria-t-il, sa mâchoire tendue à l'extrême.

Shana leva une main, prête à toucher Zoran, mais celui-ci se pencha sur moi, son visage trop près du mien.

Dangereux. Dangereux. Dangereux.

Il était en colère. Dans une colère noire.

— Je... je ne...

Sa main frappa le mur juste à côté de ma tête.

— Zoran ! S'exclama Shana, posant enfin une main sur son épaule.

Je le vis inspirer, mais à aucun moment il ne détourna les yeux. Ils étaient sombres. Tellement sombres !

Et comme si cela lui coûtait, il finit par reculer, s'écartant de moi et me tournant le dos alors que Shana lui demandait de se calmer.

J'avais envie de le toucher. De lui dire de ne pas être en colère contre moi, mais je n'osais pas. J'osais à peine respirer !

Une larme coula, mais je m'empressai de l'essuyer.

— On rentre, grogna la Main.

S'éloignant de Shana.

S'éloignant de moi.

Cette dernière me jeta un coup d'œil et s'avança vers moi :

— Ça va ? Demanda-t-elle avec douceur.

Je hochai la tête, mais cela envoya un véritable électrochoc de douleur dans tout mon corps. Je chancelai et du m'accrocher à Shana pour ne pas tomber. Ma vue se brouilla un instant et je portai ma main à l'arrière de mon crâne.

C'était... humide.

Du sang.

Le... mien ?

Est-ce que... c'était grave ? Non. Ma tête avait heurtée le sol suffisamment fort pour me faire saigner, mais...

Je levai les yeux sur Shana, juste avant de me sentir sombrer dans l'inconscience.


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