7. Némésis

Je ne tremblai pas.

Ne laissais rien transparaitre de la peur qui était en train de me saisir en cet instant même. J'avais appris à me tenir droite devant un Alpha, j'avais appris à ne rien laisser passer de mes émotions. La maîtrise de soi était un des fondements lorsqu'on traitait avec des loups qui étaient parfois presque aussi vieux que le monde lui-même.

Maël avait été un bon mentor. Tout comme Timothy, Benjamin ou encore Maxence. C'était grâce à eux que je pouvais me tenir ainsi, alors que le regard qui me scrutait aurait pu mettre à bas n'importe qui.

J'avais déjà été face à ce genre de regard. Un mélange de haine, de colère et de curiosité.

Un regard où l'homme et la bête se confondait et où on ignorait alors à qui on avait vraiment à faire.

Était-ce Jahyan Pearson qui se dressait devant moi, ou sa bête ? Sa moitié ?

L'homme ou le loup ?

Ça ne comptait pas. Tout comme avec Darell Bailey, je ne devais montrer aucune faille, aucune faiblesse.

Faire front. Ne surtout pas baisser les yeux. Défier sans pousser sa chance.

Ne pas être arrogante et ne jamais, jamais oublier devant qui on se tenait. Les règles étaient simples, mais elles ne pouvaient pas s'appliquer à tous les Alphas.

Jahyan était-il pire que Darell ? Il était moins fou. Mais pas moins dangereux.

S'adapter au loup qu'on avait devant soi. Et ne pas laisser sa confiance en soi prendre le dessus. Chaque parole de Maël était dans mon esprit.

Chaque enseignement de Timothy faisait parti de moi.

Et chaque conseil de Benjamin et Maxence était en train de tournoyer dans ma tête.

Je n'étais pas idiote au point de croire que je pouvais me dresser impunément face à un Alpha, mais parfois pour faire avancer les choses, même si elles étaient moindres, il fallait le faire.

Je me fichai de tout ce que venais de dire Zoran, même si une partie concernait ma mère biologique. Je me fichai de la peur qui me tenait dans ses serres. Il fallait soigner Zoran et pour cela, il fallait calmer l'Alpha que j'avais devant moi.

Je pouvais le faire.

J'en étais capable. Sinon je n'aurais pas survécu devant autant d'Alpha ; surtout Darell. Je me dressai un peu plus, prenant confiance en moi, même si ce n'était qu'un tout petit peu.

J'inspirai légèrement, consciente que tous les regards étaient braqués sur nous. Je sentais celui de Zoran, dans mon dos.

Je sentais la douleur au niveau de mon visage, mais tout cela n'avait aucune importance. Il y avait un loup avec de l'argent dans les veines derrière moi et c'est tout ce que tout le monde aurait du garder en mémoire.

Ni plus, ni moins. Et si personne dans cette meute ne le faisait, alors c'était à moi de m'en souvenir.

Jahyan se pencha très légèrement vers moi et du coin de l'œil, je fis Shana faire un pas, mais Eneko la ramener contre lui.

Elle était la femelle Dominante ; celle qu'on devait protéger, même de la colère de son propre compagnon. Mais Eneko était tiraillé. Il se devait de protéger Shana, mais il avait peur pour moi. Peur que Jahyan ne fasse quelque chose.

— Qu'est-ce que tu crois être en train de faire, petite fille ? Souffla-t-il, mauvais.

Ce n'était pas son loup. C'était bien lui. Avec toute sa colère. Pour Zoran, pour moi.

Pour le simple fait que j'ose me tenir entre sa Main et lui.

Je le défiai. Il comprenait, et il n'aimait pas ça. Pas du tout même. Mais je devais le faire. Pour Zoran. Pour que les choses rentrent dans l'ordre. Parce que si Zoran avait dit toutes ces choses, c'était à cause de l'état dans lequel il était. Je ne le connaissais peut-être pas depuis suffisamment longtemps, mais je savais qu'il n'était pas comme ça. Qu'il n'était pas du genre à parler de la sorte à son propre Alpha. Et si ce dernier n'était pas capable de s'en rendre compte, c'était qu'il était plus idiot que je ne le pensais.

Je ne bougeai pas, ne lui donnant pas la satisfaction de lui montré à quel point j'avais peur. Ses paroles firent l'écho à d'autres, prononcées il y avait longtemps.

— Qui crois-tu être pour oser te tenir devant moi, petite louve ?

La peur devait me stimuler, pas me briser.

— Ta peur va te donner des ailes. Plus tu auras peur et plus tu voudras t'en sortir. Pour ne plus jamais ressentir ça. Et plus tu voudras te battre, plus tu seras persuasive, dit Maxence avec un sourire mauvais aux lèvres.

Il avait du se tenir devant beaucoup d'Alphas, devant beaucoup de vieux fous. Alors il savait. Il savait quoi faire et comment le faire.

— Ne laisse rien filtrer de ta puissance, à aucun moment. Mais si tu sens que tu es dans l'impasse, si tu sens que ta vie est réellement en danger, alors prend le dessus.

— Prendre le dessus ? Répétai-je d'une petite voix.

Il hocha la tête et prit tout son temps pour allumer sa cigarette. J'attendis qu'il tire dessus et qu'il recrache sa fumée par la bouche, la tête légèrement levée vers le ciel.

— La première fois qu'on te voit, Némésis, on pense voir une gentille petite louve soumise. Rien de bien inquiétant, rien qui ne donne envie de s'intéresser à toi et encore moins de t'écouter.

Et bien comme ça, ça avait le mérite d'être clair. Mais en même temps, je me voyais moi-même un peu comme ça, alors...

— Et en fait, c'est un avantage. Et pas des moindres. Chez les loups, tout n'est qu'apparence ; ce que tu vois n'est presque jamais le reflet de la réalité.

Oui. Apparence et faux-semblant. Tout, tout se résumait à cela.

— Si tu sens l'étau se resserrer sur toi, surprends l'Alpha devant toi. N'essaye pas de le dominer, ce serait idiot et tu te ferais dévorer. Prend le dessus quelques secondes. Montre-lui ta puissance. Montre-lui que tu n'es pas une soumise, mais bien une Dominante. Montre-lui ta puissance et fait le reculer, même si ce n'est que d'un pas, tu auras gagné. Et il le reconnaitra.

Je n'étais pas encore acculée. Jahyan ne menaçait pas encore ma vie et quelque chose me disait qu'il ne le ferait pas.

Pas avec Shana juste là. Pas avec Eneko qui luttait contre son besoin de venir me protéger. Mais je devais faire qu'il m'écoute, même un peu.

Ma louve monta très légèrement, notre puissance avec elle.

— Ta Main a besoin de soin, Alpha. De l'argent coule dans son sang et il est ton loup. C'est ton devoir de le protéger et de l'aider.

Ma voix n'avait aucune intonation particulière. Je relatai les faits. Et en l'appelant Alpha même alors qu'il n'était pas le mien, je lui montrais que je savais et que je reconnaissais son rôle, sa supériorité aussi.

Il était l'Alpha et moi, une simple louve. Ne jamais oublier cela.

— Ne me dis pas ce que je dois faire, répliqua Jahyan, empiétant dans mon espace personnel.

Je ne reculai pas. Ne pouvais pas le faire.

— Je n'ai pas cette prétention, dis-je en affaissant mes épaules à dessein.

Ce geste ne lui échappa pas et il fronça très légèrement les sourcils.

— Ce n'est pas seulement ta Main qui est en danger, Alpha, mais ta meute toute entière. Plus nous attendons, plus l'argent se répand et plus il a de chance de mourir. Et alors la toile perdra un précieux pilier.

J'allais loin, mais c'était le seul moyen pour que la colère de Jahyan se dissipe. User de ma puissance n'était peut-être pas nécessaire. Jahyan était vieux et avait peut-être une... certaine réputation, mais il était loin d'être stupide.

Il n'avait peut-être pas prit les bonnes décisions, où pour lui elles l'étaient, mais il n'était pas là aujourd'hui pour rien.

Il pencha légèrement la tête, plus... curieux qu'en colère à présent. Mais son regard restait dangereux, effrayant même.

J'inspirai, comprenant que c'était ma chance. Je n'étais peut-être pas très doué avec les gens, mais quand j'avais un objectif, je savais faire ce qu'il fallait pour l'atteindre.

— Tu es un Alpha. Tu es celui qui alimente et qui protège. Celui qui veille. Tu es un Alpha. Tu vis pour tes loups. Tu protège tes loups. Tu es tes loups, récitai-je.

Zoran bougea légèrement derrière moi et j'aurai voulu me presser contre lui. Je... j'en avais presque besoin.

— Tu es un Alpha. Tu...

— Es la meute. Tu es la toile, me coupa Jahyan.

Alors protège ton loup.

J'étais à bout de souffle, mais n'en montrais rien. Jahyan se redressa, s'écartant enfin de moi. Mais il ne me quitta pas des yeux. Son regard était si sombre bon sang ! C'était tétanisant.

J'ignorai comment j'arrivais à me tenir si droite devant lui, comment j'arrivai à ne pas ciller. J'étais là. Je lui rendais son regard. Et chaque seconde me semblait être des minutes qui devenaient alors des heures.

Shana bougea et sa main se retrouva sur le bras de son compagnon. Ce dernier ne sembla même pas le remarquer, jusqu'à ce qu'il baisse son regard sur elle, me permettant enfin de respirer comme je le voulais.

Je vis le regard qu'ils échangèrent, l'amour dans les yeux de cet Alpha si effrayant et le léger sourire de Shana alors qu'il caressait sa joue du bout des doigts.

C'était beau.

Et gênant.

Je détournai les yeux et avant qu'Eneko n'ait pu me toucher, Jahyan claqua des doigts, ramenant toute l'attention de son Second sur lui.

— Amène Zoran en bas. Toi, dit-il en me désignant, tu vas m'attendre dans mon bureau.

Le sang se figea dans mon corps alors que Zoran grognait quelque chose derrière moi et qu'Eneko se figeait. Shana ouvrit la bouche, mais Jahyan claqua une nouvelle fois des doigts et cette fois, tout le monde obéit.

Eneko souleva Zoran sur son épaule et le traina à l'intérieur, Jahyan sur ses talons. Shana soupira et me fit signe de la suivre après que j'eu ramassé mes sacs. Dans l'entrée, Oren et Arthur m'interceptèrent presque immédiatement :

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Oren alors qu'Arthur me serrait un instant contre lui.

— Plus tard, grommela Shana, un peu pâle soudain.

Je haussai les épaules alors que nous laissions les garçons derrière nous. Est-ce que Zoran allait bien ? Est-ce qu'il allait s'en sortir ? Bien sur, n'est-ce pas ? Eneko avait dit qu'il était revenu dans des états bien pires que ça, ce qui n'était pas étonnant ; c'était une Main. Mais tout de même... peut-être avions-nous trop attendu. Peut-être que...

Shana ouvrit une porte au bout d'un couloir et s'effaça pour me laisser entrer. Nous étions dans le bureau de Jahyan. Sobre et fonctionnel, il était presque à l'image de l'Alpha. Un ordinateur portable trônait au milieu de l'imposant bureau en acajou et il y avait une grosse pile de papiers posée par terre, attendant sûrement d'être triée.

Il y avait un canapé dans le coin de la pièce avec une table basse et quelques plantes. C'était presque agréable, presque reposant de se trouver ici.

— Mets-toi à l'aise, dis Shana avec une légère pause.

Elle se passa une main dans ses longs cheveux et m'offrit un pauvre sourire. Elle semblait mal à l'aise. Pour moi. Et à vrai dire, je n'en menais pas large.

Me retrouver toute seule en compagnie de Jahyan Pearson était la dernière de mes envies. Mais avais-je le choix ?

Il était l'Alpha.

C'était sa maison. Je devais obéir, un point c'est tout.

Je ne lui montrai rien, pas même que de terrible haut-le-cœur était en train de monter. J'avais envie de vomir. Et je voulais m'enfuir. Mais si je le faisais, je ne saurais pas comment irais Zoran et je ne pourrais plus voir ni mon père, ni mes... frères.

Est-ce que je pouvais faire face à Jahyan une deuxième fois ? J'étais loin de m'en sentir capable.

Shana s'avança, mais ne me toucha pas. Elle voulut dire quelque chose, mais se retint.

— Je... reviens.

Et elle partie en refermant la porte derrière elle et en me laissant toute seule. Toute la peur et la tension qui m'habitaient se relâchèrent d'un seul coup et mon corps tout entier trembla alors que j'avais soudain horriblement froid. Je claquai des dents et réussit à tomber sur le canapé. Je ramenai mes jambes contre moi et appuyai mon front contre mes genoux.

Craquer maintenant, même si ce n'était qu'un tout petit peu, m'aiderais à faire face à ce qui allait arriver.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à ma première entrevue avec Jahyan Pearson. C'était là, dans ma tête.

Tu n'as aucun droit d'être ici, quoi que tu penses trouver. Je ne vais pas te demander quel genre d'informations tu as trouvée parce que crois-moi, je n'en ai rien à foutre.

Je passai mes mains dans mes cheveux et agrippai ses derniers d'une prise douloureuse.

Mais je vais t'apprendre une chose qui te sera très utile, je n'en doute pas ; ton père ne veux pas de toi. Il n'a pas voulu de toi à ta naissance et il ne veut pas de toi aujourd'hui.

Je savais maintenant qu'il avait menti, mais ça ne changeait rien au fait que ses paroles étaient du poison. Et qu'elles m'avaient atteintes plus qu'aucun mot ne l'avait jamais fait. Plus que la confirmation de mes parents sur le fait que j'avais bien été abandonnée à la naissance.

Il ne veut pas de toi et ne te reconnaitra jamais. Tu es une bâtarde. Rien de plus.

Même si j'avais rencontré Eneko et même s'il était gentil avec moi, ça ne changeait rien au fait que oui, j'étais une bâtarde.

Ce n'était pas une vérité qui faisait forcément mal ; c'était simplement la vérité et je ne pouvais rien faire contre ça. Eneko n'avait peut-être pas été avec sa compagne actuelle à l'époque, ça ne changeait rien au fait qu'aujourd'hui, il avait sa famille, femme et enfants comprit.

Est-ce que j'avais été égoïste de vouloir connaitre ça ?

Est-ce que ça changerait quelque chose de savoir qu'Eneko m'aimait et qu'il me reconnaissait bien comme sa fille ?

La pression disparut de mes épaules et la peur s'évanouit doucement, me laissant calme, mais pas totalement sereine. J'ignorai ce qu'allais me dire Jahyan et n'étais pas franchement sur de vouloir le savoir pour tout avouer. C'était un vieil Alpha qui gérait les choses à sa manière, n'en déplaise aux autres. N'en déplaise au Gardien surtout. Jahyan donnait beaucoup de fil à retordre à Timothy, même si depuis que Shana était entrée dans la meute, ça allait un peu mieux. Qui mieux qu'une compagne pouvait gérer Jahyan Pearson ?

Je relevai la tête et inspirai un bon coup, n'entendant toujours pas quelqu'un approché. Ils devaient tous être avec Zoran et tant mieux. Une Main était importante, surtout une Main comme Zoran. Il faisait parti des cinq les plus... dangereuses ? N'était-il pas le deuxième, ou le troisième en termes de puissance ? Je ne savais plus trop, mon cerveau marchait au ralenti.

Je me levai et mon regard se posa sur les petits cadres photos sur le bureau de l'Alpha. Je n'étais pas de nature curieuse pour la vie d'autrui, mais il fallait que je m'occupe l'esprit avant que Jahyan n'arrive.

J'attrapai le premier et y vis Shana, en short et en chemise nouée sur son ventre, un chapeau de cow-boy sur la tête et prenant la pause, un sourire aux lèvres et une étincelle de pure bonheur dans le regard. Derrière j'avais l'impression que c'était un ranch, ou quelque chose comme ça.

Est-ce que la photo avait été prise à Riverton ?

Je le reposai et prit le deuxième.

Shana, encore, mais cette fois, il y avait des hommes autour d'elle. Les hauts-gradés de Jahyan. Mais aussi Kerann Castillo, le Protecteur de Shana et Jalil Herrera, son ancien sous-lieutenant qui avait choisit de la suivre. Même l'Eranthe de la meute était là. Mon regard se posa sur Zoran, qui avait un cigare à la bouche et un léger sourire aux lèvres alors que Shana le regardait et c'est comme si elle était en train de se moquer de lui et que l'instant avait été immortalisé. Par Jahyan ? Il était le seul à ne pas être présent ; même Eneko se tenait à côté de sa femelle Dominante, amusé par ce qui se passait.

Je ne pu m'empêcher de sourire. Il y avait indéniablement un lien très fort entre chaque gradé de cette meute. Tous entouraient Shana et tous la regardaient. C'était incroyable. Le sous-lieutenant, Navid avait entouré la taille de sa compagne de son bras et cette dernière souriait avec tendresse. Jalil riait aux éclats et ça montrait que personne n'avait vraiment fait attention au moment où Jahyan avait du prendre la photo. Mais ça rendait tout cela plus authentique, plus naturel.

Toujours en souriant, j'attrapai le troisième cadre photo.

Jahyan et Shana, le jour de leur mariage. C'était un portrait d'eux deux et il se dégageait de cette photo tellement d'amour que je fus presque gênée de regarder.

Shana portait une magnifique robe blanche qui faisait ressortir le chocolat de sa peau avec un bustier splendide. La robe était comme une seconde peau au niveau de la poitrine et de la taille avant de s'évaser.

Jahyan portait un costume et je devais avouer qu'il était plutôt... très bel homme, avec ses cheveux mi-longs d'un blond rendu plus clair par les rayons du soleil. Son bras était passé autour de la taille de celle qui était devenu sa femme.

Et tous les deus se regardaient, yeux dans les yeux. Shana était obligée de lever la tête quand Jahyan devait la baisser légèrement.

C'était comme s'ils se fichaient d'être prit en photo à ce moment là.

Comme s'ils se fichaient que des regards étaient braqués sur eux.

Il n'y avait qu'eux. Et c'était vraiment beau à voir.

Un regard rempli d'amour.

Un regard rempli de dévotion.

Deux âmes-sœurs, mise sur terre pour l'autre. Y avait-il quelque chose de plus beau ? De plus puissant ? Même un homme comme Jahyan avait réussit à trouver une compagne alors qu'il avait longtemps été réputé pour... le fait qu'il n'aimait pas trop ces dernières et qu'il les considérait toutes comme des soumises. Comme quoi... même une femme pouvait faire changer d'avis le dernier des machos.

Alors que je reposai le cadre pour attraper le dernier, la porte s'ouvrit et je sursautai avant de mettre mes mains dans mon dos, comme une petite fille prise sur le fait.

Jahyan referma la porte derrière lui et sans un regard pour moi, vint prendre place dans son fauteuil. Je ne bougeai pas, mon cœur partant dans une course effrénée.

Pouvais-je lui demander comment allait Zoran ? Ne pensait-il pas que c'était un peu de ma faute que sa main se soit faite attaquée ? Qu'avait-il dit ? Que je portais la poisse à Zoran ? Il n'avait peut-être pas tout à faire tort après tout...

Il bougea légèrement le cadre que j'avais reposé à l'instant, sûrement pour le remettre exactement comme il était avant que je ne le touche. Mais il ne fit aucun commentaire et quand il bougea, son fauteuil grinça un peu.

J'inspirai très légèrement alors qu'il levait enfin la tête vers moi. Son regard m'emprisonna et me cloua au sol.

— Qui es-tu, Némésis Lane ? Demanda-t-il lentement, comme s'il avait cherché quoi dire, ou comment le dire.

Son ton n'était pas aussi dur que la première fois, mais il était froid et distant. Il me jaugeait. Et il ne cachait pas la colère qu'il éprouvait à mon égard. C'était normal. Je lui avais désobéi. Même si Shana m'avait autorisée à venir sur le territoire, lui m'en avait bannie. Et pourtant j'étais là, sur son territoire, dans sa maison.

Je comprenais sur quoi portais sa question. Je n'étais pas idiote et lui non plus. Il avait plus ou moins du savoir ce qu'avais été ma jeunesse puisqu'après tout, c'est lui qui avait presque tout payé pour moi. Même le peu d'études que j'avais faites.

Alors il ne servait à rien de jouer les idiotes avec lui. Ça ne lui plairait pas.

— Une louve solitaire, répondis-je. Je n'ai ni meute, ni Alpha.

Et je survis ainsi.

— Et pourtant, tu es liée.

Je hochai la tête. Si je voulais rester ici avec mon père encore un peu, mieux valait jouer cartes sur table avec l'Alpha.

— Au Gardien. Notre lien est... spécial. Mais comme n'importe quel lien, il alimente ma louve.

Il hocha la tête à son tour et je vis qu'il avait lui-même conclus à ça de son côté.

— Et donc, qui es-tu ?

Son loup n'était pas très loin, mais il n'était pas aux commandes.

— Je travaille avec le Gardien. Je suis un peu comme... une secrétaire, dis-je, en reprenant le terme de Zoran.

Jahyan eut un rire sans joie, presque mauvais :

— Je crois que tu es bien plus qu'une simple secrétaire. Je me trompe, Némésis ?

Je ne laissai rien transparaitre. Jahyan avait un esprit aussi affuté que celui d'Auxann. Voilà pourquoi il ne lui avait fallut que deux rencontres pour savoir qui j'étais et ce que je faisais.

— Tu n'as pas été le moins du monde surprise quand Zoran à dit que tout comme toi, j'avais été abandonné.

— Je ne suis pas de cette meute, tout cela ne me concerne pas, répondis-je.

Il se pencha en avant, appuyant ses coudes contre le bureau :

— J'ai des secrétaires et je sais exactement quel genre de travail elles font. On ne partage pas des petits secrets avec sa secrétaire, Némésis.

Ma foi... un point pour lui. Qu'étais-je censé lui dire ? Que oui, j'étais tombé sur un vieux registre prouvant que Jahyan n'était pas le fils de la compagne d'Aris Pearson ? Que de ce fait, il n'était que le demi-frère d'Elena Campbell ? Cette information n'avait pas été jugée importante ; il restait l'ainé de la famille, il restait celui fait pour devenir Alpha.

— Que sais-tu d'autre, au juste ?

Il n'était pas content.

Est-ce qu'encore une fois il allait s'en prendre verbalement au Gardien pour ça ? S'il réagissait ainsi, comment d'autres Alphas réagiraient alors ?

Me taire maintenant n'était pas la bonne solution. Et l'homme que j'avais devant moi n'accepterait pas cela. Je pouvais le sentir. Je l'avais suffisamment à dos pour faire ne serait-ce qu'un mauvais pas.

— Beaucoup de choses, concédai-je enfin, ne trouvant aucune raison valable de lui mentir.

Jahyan secoua doucement la tête et s'appuya contre le dossier de son fauteuil. Il se passa une main dans les cheveux et souffla, ne me quittant pas des yeux.

— Hé bien comme ça...

Il ne dit rien pendant de longues minutes, se contentant de me regarder. Je ne bougeai pas d'un poil et essayai de respirer le plus discrètement possible.

C'était dur de se tenir droite devant lui. Dur de faire que mes jambes ne tremblent pas. À aucun moment il ne m'avait dit de m'assoir, alors je n'avais pas pris cette liberté.

— Je crois qu'il faut que je mette les choses au clair avec toi. Une deuxième fois, ajouta-t-il.

Sans mentir cette fois ? Mais je ne le dis pas. Je n'étais pas folle.

— Je ne resterais pas ici, dis-je avant qu'il ne prenne la parole. Je n'ai jamais eu la prétention de vouloir faire partie de votre meute juste parce que... qu'Eneko s'y trouvait. Il est mon père, il est mon géniteur, mais...

Il n'était pas ma famille. Et même tout l'amour qu'il me donnerait ne changerait en rien cela. J'avais peur de l'avouer à haute voix. Peur qu'il puisse l'entendre, où qu'il soit dans la maison.

Jahyan pencha très légèrement la tête :

— Il ne sera pas d'accord avec ça, tu le sais, n'est-ce pas ?

— Tout comme vous n'êtes pas d'accord pour que je reste, même si lui le veux. Personne ne va s'entendre.

Un lent sourire étira ses lèvres et son loup brilla dans son regard.

— Tu es... intéressante, fillette.

Ça sonnait plus comme une sorte d'avertissement. Mon cœur eut un loupé.

— J'ai pris suffisamment de décision à la place de mon Second. Tant qu'il voudra te voir, il le pourra. Que ce soit ici ou ailleurs. Ma maison t'es ouverte, Némésis Lane, mais n'attends aucune considération de ma part. Est-ce clair ?

Il me donnait déjà beaucoup. Je ne pouvais pas refuser cela.

— Je sais que j'ai mal agis la première fois que je suis venue ici. Mais je ne peux m'excuser de cela. Et je ne peux qu'être reconnaissante que vous vouliez bien de moi sous votre toit.

— Tu sais parler, toi. S'il n'y avait que moi, j'aurais demandé ta tête à Timothy depuis longtemps sans aucun remord, même si tu es... la fille de mon Second. Et ce qui me met le plus en rogne, c'est que tu ais réussi à te faire des alliés ici, justes parce que tu n'es qu'une pauvre petite fille abandonnée à la naissance.

Ses paroles étaient dures, mais il était hors de question que je lui montre qu'elles m'atteignaient à chaque fois en plein cœur.

— Eneko, Shana et même Zoran... s'ils n'étaient pas là, il y aurait longtemps que tu serais retournée auprès de Sharan. Et je t'y aurais renvoyée moi-même.

Je n'en doutais pas une seule seconde.

— Alors ne pousse pas ta chance avec moi, fillette.

Cela voulait dire que je pouvais venir, mais qu'il ne fallait pas que je m'attarde. Le message était assez clair. Je hochai lentement la tête et il me fit un signe pour me signifier qu'il ne voulait plus me voir.

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je devais lui demander, même si je pensais avoir compris ce que Zoran avait dit. Mais je voulais que Jahyan me le dise.

— Ma... mère, elle...

— Elle est morte quelques années après ta naissance, oui.

Rien dans son regard.

Ni culpabilité.

Ni regret.

Ni pitié.

Mais je crois que... c'était mieux ainsi. Est-ce que j'étais triste ? Je ne l'avais pas connue. J'ignorais même quel genre de femme elle avait été. Alors...

— Et votre mère ? Elle... est morte aussi ? Demandai-je avant de ne serait-ce que réfléchir à ce que je venais de dire.

Il me regarda et j'eue peur qu'il se mette en colère et qu'il annule tout ce qu'il venait de dire, mais non.

— Oui.

Est-ce que ça lui faisait de la peine ? Est-ce que ça lui faisait quelque chose ? Ça ne me regardait pas. Ça n'aurait même pas du m'intéresser.

Je m'inclinai très légèrement devant lui et lui tournai le dos pour m'avancer vers la porte. Mais sur la poignée et prête à sortir, il m'appela.

— Que tu veuilles connaitre ton père, Oren ou Arthur, passe encore, mais ne t'avises pas de fricoter avec mes loups, suis-je suffisamment clair là-dessus ?

Il parlait de Zoran. Si Shana et Eneko l'avaient vu, alors lui aussi bien entendu.

— O... oui.

J'ouvris la porte et tombai presque nez à nez avec Shana. Elle m'offrit un grand sourire et se pencha légèrement sur moi :

— Il n'a pas été trop méchant dis moi ? C'est un sans manière.

Jahyan grogna quelque chose et sans attendre ma réponse, Shana le rejoignit. Elle grimpa sur ses genoux et il la laissa faire. Je la vis attraper le dernier cadre que je n'avais pas eu le temps de regarder et elle soupira d'une façon totalement théâtrale :

— Pourquoi est-ce que tu as gardé ça, Yan ? Regarde, on voit clairement que je bave en plus...

Je refermai la porte, mais perçu le rire de Jahyan. Je m'éloignai de son bureau et me retrouvai dans le salon.

J'étais encore vivante. Bon sang...

Une main se posa sur mon épaule et je sursautai.

Eneko. Il caressa ma joue et voyant que je ne bronchai pas, su que je n'avais pas mal. La marque resterait quelques jours.

— Comment va Zoran ? Demandai-je, inquiète.

— Il va s'en remettre. Il se repose pour l'instant.

Je ne lui demandai pas si je pouvais aller le voir. Je voyais l'inquiétude dans son regard ; il se demandait ce que Jahyan m'avait dit.

Je lui souris simplement, lui faisant comprendre que tout allait bien. Il ne posa pas de question sur le week-end et ne chercha plus à savoir quoi que ce soit concernant ma... relation sexuelle avec Zoran. Tant mieux, parce que je serais morte de honte sinon. Avec tout ce qui venait de se passer, je n'avais pas vraiment eu le temps d'y repenser, mais maintenant que tout était plus calme, c'était le cas.

J'avais couchée avec Zoran. Nous avions vraiment fait l'amour, et pas qu'une fois.

Bon sang... jamais je n'avais connu quelque chose d'aussi bon, d'aussi fort. Et c'était comme si je n'étais pas rassasiée. Est-ce que tout le monde y pensait, même alors qu'ils l'avaient fait ? Je n'étais peut-être pas très normal après tout...

La fin de l'après midi passa au ralenti.

Eneko resta un bon moment avec moi et bientôt, la maison fût envahie de personne. Le retour de l'Alpha avait fait revenir tout le monde.

Eneko me présenta à quasiment tout le monde et très peu cachèrent leur surprise. Jahyan, qui se trouvait là lui aussi se contentait d'observer, sans piper mot, Shana sur ses genoux. Je rencontrai la moitié des hauts-gradés de la meute, mais personne ne posa plus de questions que cela. Jahyan ne l'aurait pas permis. Une louve – Neyssa ? – prit des nouvelles de Zoran avant de disparaitre, certainement pour aller le voir. Les femmes des gradés se mirent à la cuisine et bientôt une bonne odeur de nourriture circula dans l'air.

J'essayai de rester le plus loin possible de Jahyan, ou des gens en général. Il y avait vraiment beaucoup de monde et certains regards ne me quittaient pas. C'était... dérangeant et je n'étais pas sur d'aimer ça. Eneko resta avec moi, tout comme Shana, ce qui me valut un regard noir de Jahyan.

Il y avait une bonne ambiance et Jahyan fut chambré par Jalil sur le fait qu'il était revenu la queue entre les jambes pour la pleine lune et pour satisfaire sa compagne. Tout le monde éclata de rire et Eneko se fit légèrement plus sombre à côté de moi.

Louna n'était toujours pas revenue et pour lui, ce devait être dur d'être privé de sa compagne. Je savais que c'était de ma faute, en grande partie du moins. Et je ne m'en sentais que plus coupable. Oren et Arthur ne montraient rien, mais il était quand même question de leur mère.

Le repas fut servit, mais je ne mangeais pas grand-chose. Neyssa refit son apparition, un léger sourire aux lèvres, mais quand elle croisa mon regard, toute trace de joie disparut de son visage. Eh bien...

Anya, l'Eranthe de la meute engagea la conversation avec moi et bientôt, pas mal d'autres femelles de la meute se joignirent à nous. Mais je n'avais pas la tête à parler, ni même à resté là. Zoran dormait-il ? Tout allait bien pour lui ?

C'était de ma faute s'il s'était prit cette balle dans l'épaule, non ? Je n'avais pas pu me résoudre à rester cacher alors qu'il se battait. C'était la deuxième fois qu'il m'avait demandé de fuir et je n'avais eu d'autre choix que de l'écouter. J'aurais été incapable de lui être d'une quelconque utilité de toute façon. Mais tout de même... il avait été blessé. Gravement. Pour la seconde fois. Et je détestai vraiment ça. Je ne pouvais pas m'empêcher de culpabiliser, même si ce n'était pas la meilleure des choses à faire.

Je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose par ma faute. Pas après toute la gentillesse dont il avait fait preuve avec moi.

La table fut débarrassée, certains s'en allèrent, mais la plupart restèrent, entourant leur Alpha, entourant leur couple Dominant. Quand Shana s'éloignait de lui, Jahyan ne pouvait s'empêcher de la suivre du regard. C'était assez... impressionnant à voir. Il était plus tendu aussi et ne souriait plus qu'à moitié. Shana avait vraiment un effet sur lui.

Jalil, qui se tenait devant moi, regarda alors dans mon dos et sourit :

— Regardez qui voilà ! Bien remit, zozo ?

Mon cœur eut un loupé et je me tournai. Zoran se tenait droit, mais il était encore légèrement pâle, preuve qu'il n'était pas encore totalement remit.

— On m'a piqué mon paquet de clope, répliqua-t-il, blasé.

— Qu'est-ce que tu fiche debout, Main stupide ? Grogna Jahyan, fixant Zoran.

Ils se regardèrent un instant. Est-ce qu'ils avaient parlés de ce qu'avait dit Zoran ? Ou pas encore ?

Zoran s'avança et attrapa le paquet que Jalil lui tendait avec un sourire de conspirateur. Il alluma son cigarillo et sembla savourer la taffe qu'il tira. Il était torse nu et ainsi je pouvais voir son épaule, là où il avait reçu la balle, la même que j'avais soignée la première fois. La cicatrice n'en serait que plus grande encore. Je survolai son torse du regard avant de croiser son regard. Je le détournai, rougissante.

— Un remontant ? Dit Jehan, le deuxième Dominant en tendant une bière à Zoran.

Ce dernier la prit et en bu une longue gorgée. Je regardai partout, sauf dans sa direction, consciente que Jahyan me fixait, même si Shana lui réclamait son attention de temps en temps.

Zoran finit par venir s'assoir, juste à côté de moi.

Tout de suite sa chaleur et son odeur furent comme un aimant et je dus me retenir de ne pas me coller contre lui. La pleine lune faisait-elle encore effet ? Sûrement. Les conversations reprirent et Jahyan finit par claquer des doigts pour que tout le monde aille au lit. Personne ne ronchonna et tout le monde salua tout le monde avant de disparaitre.

Jahyan se pencha sur Shana et lui murmura quelque chose avant de faire signe à Zoran de le suivre. Eneko leur emboîta le pas après m'avoir embrassé sur la tempe.

Jalil et Shana restèrent sur la terrasse alors que j'allais sur le canapé. J'aurais du aller me coucher, mais... je voulais parler à Zoran avant de monter et je n'aurais pas l'occasion de le faire si je ne restais pas là.

Shana monta la première et Jalil se posa un moment avec moi devant la télé. Je le laissai choisir ce qu'il voulait, pas du tout concentrée.

Une heure passa, peut-être même plus.

Parlaient-ils de l'attitude que Zoran avait eue avec Jahyan ? Ou du fait que des Mercenaires l'avait attaqué ?

Jahyan allait-il interdire à Zoran de... « Fricoter » avec moi ?

Je rougie à cette pensée. N'était-ce pas un peu trop tard maintenant ? Jalil finit par aller dormir lui aussi et la maison se fit bien silencieuse. Une porte s'ouvrit alors et j'entendis les voix d'Eneko et Zoran. Eneko rit et grimpa dormir lui aussi. Zoran arriva dans le salon et son regard se posa sur moi. Il sourit et je fus affreusement soulagée de le voir.

Est-ce que j'aurais du être gênée devant lui maintenant que... nous l'avions fait ? Saurait été un peu idiot, non ?

— Tu as soif ? Me demanda-t-il.

Je secouai la tête et il alla prendre une bière dans le frigo avant de s'avancer vers moi.

— Et ta blessure, ça va ? Demandai-je, ne pouvant me retenir plus.

Il fit rouler son épaule et ne grimaça qu'à moitié. C'était un vieux loup et il avait une meute puissante avec lui, alors il n'avait besoin que de quelques heures pour aller mieux. Tant mieux, non ?

Il posa sa bière sur la table basse et se pencha sur moi, caressant le même endroit qu'Eneko un peu plus tôt.

— Ce n'est rien. Ça ne fait même pas mal.

Il grogna doucement avant de se laisser tomber à mes pieds, assit par terre. Il attrapa la télécommande et zappa en silence alors que mon cœur battait à toute vitesse. Je voulais le toucher. Juste un peu. Sentir sa chaleur sous ma peau, sous mes doigts. Mais je me retins. J'avais peur que cela ne fasse que... me donner encore plus envie de lui. Si c'était possible, parce que vu dans quel état j'étais déjà... Je devais vraiment avoir un problème.

Je sentis Jahyan avant de le voir, tout comme Zoran. L'Alpha nous avisa pendant quelques secondes, sans dire un mot.

— Pas toute la nuit, grogna-t-il, en parlant de la télé.

Zoran rit :

— Bonne nuit, patron.

Le regard de Jahyan glissa sur moi avant qu'il n'aille rejoindre Shana qui devait l'attendre. Le silence se fit de nouveau et j'osai à peine bouger. Je me trouvai tout contre les dossiers du canapé, ayant voulu mettre le plus de distance entre Zoran et moi quand j'avais senti l'approche de Jahyan.

Zoran rejeta alors la tête en arrière et je vis qu'il essayait de me voir :

— Hé, m'appela-t-il, presque en chuchotant.

Un nouveau loupé. Et je m'avançai sur le bord du canapé, mais sans jamais le toucher.

— Némésis, gronda-t-il doucement, pour me signifier qu'il fallait que j'approche encore.

Je me senti rougir alors que j'écartai les jambes pour me retrouver juste contre lui, mon visage au dessus du sien. Il passa un bras en dessous de ma cuisse nue – je m'étais changée un peu plus tôt – et sa main vint caresser ma peau.

Et ce fut un peu le signal pour que je le fasse aussi. Je me penchai sur son visage, une main glissant sur son torse. Il sourit lascivement et je l'embrassai, oubliant les paroles de Jahyan, oubliant le regard de cette Neyssa, oubliant tout.

Je gémis doucement dans sa bouche, consciente que l'effet qu'il me faisait n'avait rien de... normal. Son regard emprisonna le mien, mais pas du tout de la même façon que Jahyan.

Et il bougea alors.

Je me retrouvai allongée sur le canapé, lui entre mes jambes, embrassant mon ventre. Mes mains se retrouvèrent dans ses cheveux et je tirai légèrement dessus. Je ne voulais pas lui faire mal. Je ne voulais pas qu'il ait mal.

— Zo... Zoran !

Il redressa son visage vers le mien et porta son doigt à ses lèvres pour me faire signe de ne pas faire un seul bruit.

Oh.

Il remonta un peu et sa bouche se retrouva dans mon cou. Je rejetai la tête en arrière, déjà à bout de souffle. Je senti alors son sexe contre le mien et me rendit compte que je n'étais pas la seule à vouloir encore faire l'amour.

Mes mains glissèrent dans son dos alors qu'il faisait exprès de bouger ses hanches contre les miennes.

Un gémissement faillit m'échapper, mais sa bouche vola la mienne.


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