6. Némésis
* Pour NightOfAngel et son impatience non feinte... ;)
J'avais connu des étés très chauds.
Des chaleurs grimpant si haut que vous aviez l'impression que votre corps était devenu un volcan ; un volcan prêt à entrer en éruption. Je ne détestai pas la chaleur. Je ne supportais juste pas mes cheveux quand c'était ainsi. Voilà pourquoi je les avais toujours porté court, ou presque. Mais cette fois, ce n'était pas le cas et cette fois, je ressentais pour la première fois de ma vie la pleine lune. Ces effets et ces affreuses bouffées de chaleur qui irradiaient dans mon corps tout entier. C'était une sensation étrange. J'étais bien l'espace d'une seconde et la suivante, la chaleur grimpait dans mon corps, me rendant folle. Mais s'il n'y avait eu que ça, je suis sûre que j'aurais pu faire avec. Et ce n'était pas le cas.
J'avais horriblement envie de coller mon corps à celui de Zoran.
J'avais horriblement... besoin de sentir sa peau contre la mienne. Et mon dieu rien que cette pensée me faisait rougir et frémir jusqu'à mes doigts de pieds. Mais ce n'était pas pire que le souvenir d'hier soir.
Nous nous étions embrassés.
Et nous avions dormi ensemble. Dans son lit ! Je n'avais jamais fait cela. Je n'avais jamais dormi avec quelqu'un d'autre, pas même quand j'étais une petite fille. Il était le premier et je ne savais pas trop ce que j'étais censé ressentir face à ça.
Du malaise ?
De la joie ?
C'était nouveau. Et effrayant. Même nos baisers avaient été différents de ceux que j'avais pu donner ou qu'on avait pu me donner. Zoran savait embrasser, c'était presque une vérité. Et ça m'avait plu au-delà des mots.
J'avais aimé la pression de sa bouche sur la mienne.
J'avais aimé sa langue attendant la mienne.
J'avais aimé ses mains sur mon corps.
Je sentais encore tout comme s'il était en train de continuer. J'effleurai mes lèvres du pouce et en fermai presque les yeux.
Tout ça me faisait peur. Je savais qu'il n'y avait rien de plus naturel pour les lycanthropes, mais tout de même...
Les louves, des reines ? Les mâles faisaient vraiment tout ce qu'on voulait ? C'était assez... intéressant. Mais je n'étais pas sûre que j'étais capable de ça. Je n'avais aucune expérience et louve ou pas, j'étais sûre qu'il fallait savoir s'y prendre pour faire faire n'importe quoi à un homme comme Zoran.
Non ?
La pleine lune était ce soir.
Et dire que je n'appréhendais pas était un mensonge. J'étais terrifiée. Nature ou pas, j'avais peur. Ma louve restait observatrice face à tout ça. Hier, elle n'avait pas vraiment bronchée, même si elle n'avait pas été loin du tout de la surface.
Elle observait Zoran.
Elle savait toujours quand il approchait ou qu'il allait me toucher. Mais elle ne faisait rien. Si ça lui plaisait, je n'aurais su le dire avec exactitude. Mais en tout cas, elle savait qu'il n'y avait aucun danger. Et moi aussi.
Zoran pouvait avoir un côté effrayant, mais il n'était pas dangereux. Il ne nous ferait aucun mal, sauf si son Alpha le lui demandait...
Et cela ne devait pas arriver, surtout si Shana et Eneko lui parlait... n'est-ce pas ? Je ne voulais pas me faire de fausses idées de toute façon. Jahyan Pearson n'allait pas m'accepter aussi facilement que les autres. C'était une certitude. Quelque chose me soufflait qu'il était impliqué dans mon abandon. Nous n'avions pas parlé de ça avec Eneko.
Nous avions même plutôt bien évité le sujet en y pensant. Mais pour l'instant, ça nous convenait. Qui a dit que nous étions prêts à tout nous dire ?
Je savais qu'apprendre cette vérité serait douloureuse.
Comme je savais qu'une fois que je saurais, je n'aurais plus vraiment de raison de rester. N'étais-je pas venu ici pour savoir ? N'étais-je pas venu ici pour la vérité ?
Nous avions certes beaucoup parlé avec Eneko, mais mon départ n'avait pas non plus été évoqué. Quand il me regardait, protecteur et... aimant, c'est comme si je pouvais voir dans ses yeux qu'il savait que je ne partirais jamais.
Mais je n'allais pas rester dans la meute de Jahyan Pearson.
Même si de bien façon, là était ma place. J'étais l'enfant de son Second, alors il aurait du être mon Alpha. Mais ce n'était pas le cas.
Je n'avais pas d'Alpha. Ni même de meute. Et ce n'était pas prêt de changer en fait.
Une louve solitaire.
Voilà ce que je portais en moi. Voilà ce que j'étais. Et à bien des égards, la seule personne dont j'avais besoin, c'était Timothy.
Au fil de nos conversations, il n'avait pas été dur pour Eneko de voir que j'avais un lien particulier avec le Gardien de notre peuple.
Je lui avais dit que j'avais été têtue concernant le fait de vouloir les retrouver, lui et ma mère et qu'en me prenant sous son aile, Timothy avait cru pouvoir mieux me gérer. Mais clairement, ça avait eu l'effet inverse, ce qui avait fait rire Eneko.
Timothy avait toujours été patient avec moi et m'avait appris tout ce que je voulais savoir. J'ignorais s'il avait le droit de dévoiler tous les secrets des loups avec moi, mais il l'avait fait, en gardant tout de même en réserve pour m'appâter.
De bien des façons, Timothy était bien plus qu'un mentor. Ce n'était pas un ami. Plus un frère. Ou même un père. La vision que j'en avais toujours eue du moins. Pas que Marc ne l'ai pas été, mais cela restait totalement différent.
Eneko savait que j'étais liée à Timothy et que je travaillais même plus ou moins pour lui, mais il ignorait ce que je faisais.
Timothy m'avait accordé le droit de dire ce que je voulais, mais je ne devais pas dire des choses juste parce qu'il fallait les dires. Ou juste parce qu'on me posait des questions. Maël avait été suffisamment clair là-dessus.
Le savoir, la connaissance représentait un danger.
— Pour l'instant, personne ne doit savoir qui tu es et ce que tu fais, Isis.
Je regardai l'ancien Gardien. Il était très sérieux, presque cérémonieux. C'était rare de le voir ainsi. Maël avait un caractère enjoué et un certain sens de l'humour bien à lui. Mais quand la situation l'exigeait, il pouvait être froid et calculateur.
— Je sais, répondis-je.
Timothy avait été clair. Rien ne devait filtrer. J'étais l'ombre de son ombre. Personne ne devait savoir ce que je faisais, qui j'étais.
— En es-tu sûre ?
Si au début j'avais trouvé tout cela un peu excessif, je n'avais pas été idiote pour autant. Je comprenais pourquoi c'était ainsi.
Je comprenais que le Gardien Savait et Voyait tout et que partager ce savoir était dangereux.
Pour lui. Mais aussi pour moi.
— Ça ne changera pas mes habitudes. Timothy a besoin de moi. Il peut me demander n'importe quoi que je le ferais.
Maël comprenait cela. Car même si j'étais plus vieille que Timothy, il était le premier à avoir vraiment... besoin de moi. À vouloir de moi. Pas par dépit ou autre chose. Et ça, ça comptait à mes yeux.
Plus que n'importe quoi.
Maël posa une main sur mes cheveux et sourit tendrement.
— Je crois qu'il ne s'est pas trompé en te choisissant, Isis.
Nouvelle bouffée de chaleur.
Je repoussai mon calepin avec un soupir, tous mes sens se concentrèrent presque immédiatement sur l'homme qui était dehors, en train de s'affairer. Mon ventre se noua, mais d'une façon presque... délicieuse.
Je rougis. Je n'avais pas l'habitude d'être ainsi. C'était comme être... affamée, mais ce n'était pas de nourriture. Et bon sang, qu'est-ce que c'était gênant ! J'avais l'impression d'être une étrangère dans mon propre corps. Jamais de toute ma vie je n'avais ressenti ces choses. C'était des sensations totalement naturelles, bien sûr, mais ça ne changeait rien au fait que j'étais totalement novice.
Plus la chaleur de mon corps grimpait et plus j'avais envie d'embrasser Zoran.
Ou de me frotter à lui.
Je rougie de plus belle, ne croyant pas une seule seconde possible que je pense à ce genre de chose. Et pourtant, c'était dans ma tête.
La bouche de Zoran. Ses mains sur ma peau.
J'allais suffoquer rien que d'y penser. Je me levai et me retrouvai dehors, alors qu'il faisait déjà bien trop chaud. Il était à peine dix heures trente pourtant. L'air était lourd et moite presque. Je levai les yeux vers le magnifique ciel bleu et me frottai les bras.
Je ne me sentais pas à l'aise du tout. Et encore moins quand je vis Zoran, torse légèrement luisant de transpiration, se redresser de sous le tracteur.
Je restai figée pendant au moins dix bonnes secondes. Ne pouvant pas regarder ailleurs.
C'était comme s'il était un champ magnétique à lui tout seul et moi, l'aimant. Mon cœur eut un loupé et c'est exactement à cet instant là qu'il regarda dans ma direction.
Un lent sourire monta sur ses lèvres et mon corps bougea tout seul. J'ignorai ce que je faisais, ne contrôlant plus grand-chose à vrai dire.
Est-ce que c'était pareil pour toutes les louves ?
Est-ce que c'était pareil à chaque pleine lune ?
Ma louve remua doucement en moi et je clignai des yeux alors que ma poitrine effleurait le torse de l'homme devant moi. Son sourire se fit plus large et il se pencha très légèrement, entrainant un frottement contre mes seins. Et ce qui fit durcir mes tétons, me laissant complètement... pantelante ?
— Besoin de quelque chose ? S'enquit-il avec une innocence feinte.
Tout cela l'amusait. Tout cela lui plaisait. Je pouvais le voir dans ses yeux.
Je n'étais reine de rien du tout. Même pas de mon propre corps. C'est lui qui aurait pu faire de moi ce qu'il voulait.
Et quelque chose me disait qu'il s'en rendrait très bien compte.
J'ouvris la bouche, mais ne trouvais rien à dire. Sa proximité me déstabilisais tellement que j'étais comme figée. Et il devait très sentir l'effet qu'il me faisait. Il... devait... sentir mes tétons sur son torse ! C'était... terriblement gênant. J'étais incapable de reculer. J'étais le papillon et il était la toile d'araignée.
Aucune chance de m'en sortir. J'étais complètement fichue.
Est-ce que je pouvais lui dire que... je voulais le toucher ? Juste un peu ? Qu'en fait, j'en avais besoin et que ça m'obsédait, m'empêchant de faire quoi que ce soit ?
— Ferme la bouche, Némésis, susurra-t-il, son souffle contre mes lèvres.
Il y donna un petit coup de langue et je sursautai, le désir explosant totalement dans mon corps. Zoran inspira, le sentant.
Ses yeux s'assombrirent d'un seul coup alors qu'il agrippait mes hanches, les plaquant contre les siennes.
Mon souffle se bloqua complètement et s'il ne m'avait pas tenu, je serais tombée. J'avais les seins lourds, soudain et chaque frottement exacerbait mon désir.
L'une des mains de Zoran remonta dans mon dos, ses doigts suivant ma colonne vertébrale. Et sa paume finit par recouvrir ma nuque. Je n'avais pas besoin de trop lever la tête pour le regarder ; il n'était pas très grand, mais toujours un peu plus que moi. Mes propres mains se retrouvèrent contre son ventre divinement sculpté.
Il avait un V parfait.
— Alors ?
Mes yeux sur ses lèvres. Ma bouche était horriblement sèche. Et je voulais qu'il m'embrasse. Mais je ne pouvais pas lui dire ça, si ?
— Je...
Une pression. Sa bouche contre la mienne.
Sa langue qui m'appelait, qui m'exhortait à faire la même chose. Lutter contre ça était stupide, voir même impossible.
Alors je l'embrassai, nos langues entamant un ballet, un collé serré qui me laissa à bout de souffle, les joues rouges et de la lave en fusion dans le bas ventre.
Est-ce qu'un baiser pouvait vraiment... exciter de cette façon ? Me laisser dans un état comme celui-là ?
Ses doigts glissèrent dans mon dos. Une lente caresse qui m'électrisa les sens. Je ne pouvais pas regarder ailleurs. Je ne pouvais rien faire.
À cette seconde exacte, mon monde commençait et finissait par Zoran. Et s'il avait été moins gentleman qu'il ne l'était, il aurait déjà pu faire de moi ce qu'il voulait.
Quelque chose me soufflait qu'il avait parfaitement deviné que je n'avais jamais eu aucune intimité avec un homme. Peut-être était-ce pour ça qu'il agissait ainsi. Ou simplement parce qu'il aimait que ce soit comme ça.
Il se recula alors, me lâchant et laissant une légère distance entre nous. Je déglutis, me sentant légèrement... apaisée. Ce n'était que passager, je le savais. L'envie de me coller à lui était toujours là, bien trop présente.
— Je range ça et on va bouger au magasin, d'accord ?
Il me tourna le dos et je vis à quel point il était tendu. La pleine lune avait aussi un effet sur les mâles. Je tendis une main et effleurai sa peau.
Chaude et douce. Recouverte de cicatrices, mais pas tellement de tatouages. Il n'en avait que quelques-uns.
Je savais qu'il ne fallait jamais demander à une Main qu'est-ce que signifiait ses tatouages. Au-delà de ne pas apprécier cela, à une certaine époque, si quelqu'un le faisait, la Main pouvait tuer. Bien sûr aujourd'hui, ce n'était plus d'actualité, mais c'était resté dans les mémoires et donc personne ne s'y risquait.
C'était Naël, la Main d'Auxann qui m'avait appris tout cela et Curtis aussi, la Main de Dean Campbell. Très peu parlait aussi ouvertement de cela, mais il y en avait. Et ces deux-là en faisaient partie. Je ne serais pas allé demander ce genre de chose à la Main de Darell Bailey ou à Clarence, la Main de Dany Kalagan
Mais je n'avais pas hésité à demander à Zoran.
Parce qu'il me faisait me sentir en confiance avec lui et que j'avais aussi l'impression d'y aller à l'instinct plutôt qu'à la réflexion.
Je ne savais pas trop si c'était bon ou mauvais, mais il n'avait rien dit. Ne m'avait même pas rabrouée.
Je fis un pas et me retrouvai tout contre son dos. Il ne bougea pas, se contentant d'attendre presque. J'appuyai ma joue entre ses omoplates et ne sachant pas vraiment quoi faire de mes mains, je les posai sur son ventre, mes bras entourant ses hanches.
Mon cœur battait vite et fort devant mon audace. Mon nez glissa sur sa peau et ses muscles se contractèrent.
Est-ce que ça le dérangeait ?
Est-ce qu'il... aimait ça ?
Heureusement qu'il ne pouvait pas me voir en cet instant, parce que je devais être tellement rouge ! Je me sentais à la fois bien et mal. Une sensation des plus étranges. Je déposai un baiser sur sa peau et sans trop réfléchir, goutai sa peau avec le bout de ma langue. Un grondement sourd monta dans sa gorge et il agrippa mes mains.
Une invitation à recommencer ? À... faire plus ?
Ma louve monta et mes dents râpèrent sur sa peau. Sa présence effaça toute gêne, ne laissant que l'envie.
L'envie de toucher Zoran. L'envie de parcourir son dos avec mes doigts, avec ma bouche.
— Si tu joues, Némésis, je vais jouer aussi. Et il ne sera pas question de fuir.
Mon prénom dans sa bouche... c'était la première fois que ça ne me dérangeait pas et que je trouvais que ça sonnait bien.
Jouer ? Est-ce que je jouais ? Je n'en avais aucune idée. Mais ça me plaisait. Énormément. Je n'étais pas folle non plus.
Joue avec le feu et tu te brûleras.
Zoran était plutôt du genre très gros brasier. Alors voulais-je vraiment m'y frotter ? Je me sentais tellement bien contre lui que je n'arrivais pas à savoir.
Ma louve ne m'était d'aucune utilité. Elle me poussait même à le toucher et à en vouloir plus.
Au prix d'un immense effort, je réussis à m'écarter.
— Je vais aller mettre un t-shirt. Tu veux que je t'en prenne un ? Demandai-je à mi-voix.
Zoran se retourna et ses doigts caressèrent ma joue. Un simple effleurement. Mais je le ressentis jusque dans mes os !
— S'il te plaît, répondit-il simplement.
Je ne le regardai pas dans les yeux et rentrai à l'intérieur, grimpant à l'étage. J'attrapai un simple débardeur blanc et allai dans la chambre à Zoran pour lui prendre un t-shirt. Tout de suite son odeur sur le vêtement me frappa. Ma louve grimpa doucement, curieuse. Je le portai à mon nez et inspirai. Fort.
Et une pulsation monta à cet endroit-là. Ma respiration devint saccadée et je dû fermer les yeux pour me reprendre.
Qu'est-ce qui allait se passer une fois que la lune brillerait au-dessus de nos têtes ? Comment... comment est-ce que je serais ?
— On va y aller à pieds, dit Zoran en prenant le t-shirt que je lui tendais.
— C'est loin ? Demandai-je alors qu'il l'enfilait.
— Dix minutes, peut-être quinze. Ça te dérange ?
C'était mieux que la moto. Je secouai la tête avec un sourire. Nous décollâmes quand il eut fermé derrière nous et qu'il m'eut mis un chapeau sur la tête.
Je fis la moue en le regardant :
— Arrête de faire ça. Je ne suis pas une enfant.
Il rit :
— Je préserve ta tête du soleil, c'est une gentille attention, non ?
Je levai les yeux au ciel en passant devant lui sans l'attendre et je l'entendis rire de plus belle avant qu'il ne me rattrape. Il m'entraîna sur un petit sentier.
Il n'y avait que de la végétation autour de nous ; c'était comme être coupé du monde. Pourtant, la ville n'était pas loin. Je savais qu'aucune meute ne se trouvait ici.
Zoran ne dit rien et comme il l'avait dit, il nous fallut une bonne dizaine de minutes pour rallier le centre d'Emmett. Nous n'étions plus très loin des douze coups de midi et les rues étaient relativement calme.
J'aimais bien les petites villes. Ma préférée restait Bear Creek Village. Je ne sais pas si ça tenait du fait que tout le monde connaissait tout le monde et que la plupart des familles là-bas comptaient des loups en leur sein, mais il y avait quelque chose de... familier. Et j'aimais cette sensation. On ne trouvait pas ça dans les grandes villes.
Nous traversâmes ce qui semblait être la rue principale, là où il y avait tous les magasins ; même s'il y en avait peu. Je m'arrêtai devant chaque vitrine, curieuse. Zoran se contenta d'attendre, sans trop paraître ennuyé. Est-ce qu'il avait l'habitude d'être trainé en ville ? Sûrement. Pourquoi est-ce que cela ne m'étonnait-il qu'à moitié ?
— Rassure-moi, tu sortais quand même en ville de temps en temps ? Finit-il par demander alors que je bavais littéralement devant la vitrine d'une petite librairie de quartier.
Je relevai les yeux vers lui :
— Qu'est-ce que tu... entends par sortir en ville ? J'ai déjà fait les magasins si c'est ça que tu demandes.
— Mais tu n'as jamais vu de films avant notre rencontre et je suppose donc facilement que tu n'as jamais fait de sorti entre... amis.
Son hésitation laissait clairement entendre qu'il n'était même pas sûr que j'ai des amis.
— Hé, j'aime peut-être vivre parmi les livres, mais ça ne fait pas de moi une femme des cavernes ou je ne sais quoi, rétorquai-je.
Une lueur dans son regard. De la moquerie, mais c'était loin d'être méchant. J'avais l'impression que tout ce que je disais amusait Zoran au plus haut point. Et il n'avait pas tort. Je n'avais jamais fait de sorti entre amis. Même pas avec Luka. Qui était sûrement mon seul ami en fait.
— Je ne suis jamais allé au restaurant ou en boîte de nuit.
— Tu ne vis vraiment que pour le savoir et la connaissance, hein ? Dit-il en penchant la tête, légèrement pensif.
Je haussai les épaules. Y avait-il un mal à ça ? À oublier de vivre pendant plus de trois cent ans ?
— Avant, je pensais que les livres avaient plus à apprendre que les Hommes. Mais c'est en allant de meute en meute que je me suis rendu compte que j'aimais bien écouter les gens parler. Je crois que cette... passion pour les histoires m'est venu avec Benjamin Kalagan.
Mes doigts caressèrent la vitre au niveau d'un livre avec une reliure en cuir magnifique.
— Combien de temps es-tu resté avec lui ? S'enquit Zoran.
— Un peu plus d'une décennie je crois. Il m'a fallu beaucoup de temps pour venir à bout de sa bibliothèque et surtout, pour arrêter de lui demander de me raconter les mêmes histoires.
Je ris à ce souvenir. Benjamin ne s'était pas lassé une seule fois.
— J'ai adoré rencontré de vieux loups aussi. Yahto m'a appris énormément de chose sur les Mains, tu sais ? Dis-je en me tournant vers lui.
— Ah oui ? Sourit-il.
Je hochai la tête et croisai mes mains dans mon dos :
— Mais je n'ai pas le droit de révéler ce qu'on m'a appris. C'est une des règles. Je ne voudrais pas avoir à te tuer.
Il éclata de rire et j'observai son visage alors qu'il fermait les yeux.
— Et tu es avec Timothy depuis longtemps ? Demanda-t-il en rouvrant les yeux.
Je m'étais avancée vers lui sans même y faire attention. Je m'arrêtai.
— Plus de la moitié de ma vie. Je me déplace rarement avec lui, mais il sait toujours où me trouver lorsqu'il a besoin de moi.
La plupart du temps, c'était chez Heaven.
Mais il m'arrivait de passer du temps chez Nora Baker, l'Alpha de Katerina et Luka. Et quand c'était le cas, je m'arrêtai toujours chez Benjamin avant de faire un crochet chez Auxann. Et Timothy savait aussi que je me trouvais ici. Cette fois, il avait autorisé mon départ. Alors j'étais plus tranquille. Et Luka ne risquait rien, pas même une dispute avec son père.
— Qu'es-tu au juste ? Une... secrétaire ? Ou quelque chose comme ça ?
Une secrétaire ? C'était donc à ça que ça ressemblait ?
— Quelque chose dans ce goût-là, oui, répondis-je simplement.
Je jetai un dernier coup d'œil dans la vitrine avant d'aller faire quelques courses. Ce fut vite expédié puisqu'après tout, nous n'étions là que jusqu'à demain. Nous prîmes de quoi faire à manger pour ce soir et demain midi ainsi que les fameux pop-corn pour ce soir, devant le film. Même si clairement, il était presque évident que j'essaierai de me tenir le plus loin possible de Zoran et le canapé ne permettait en rien cela. Ce n'était pas vraiment fuir, n'est-ce pas ? J'avais juste peur. Peur de ce que me ferait la lune une fois pleine.
Zoran avait l'habitude. Il en avait vécu tellement ! Moi, c'était ma première vraie pleine lune, alors je ne pouvais pas faire la maligne. Si j'avais déjà envie de toucher Zoran toutes les cinq secondes, qu'est-ce que ça allait donner plus la journée avancerait ?
Sur le chemin du retour, Zoran porta les deux sacs, un cigarillo dans la bouche.
J'avais vu cela chez bon nombre de vieux loups ; Benjamin en était l'exemple type. Il adorait fumer, même si maintenant ça rendait folle sa compagne, Alexia.
Au-dessus de nos têtes, le temps changea soudain et à peine quelques minutes plus tard, il se mit à pleuvoir des litres d'eau.
Heureusement, la maison n'était pas loin, mais lorsque nous y arrivâmes, lui comme moi étions trempés.
J'éclatai de rire en le voyant ronchonner et il ouvrit la porte. Mes cheveux dégoulinaient dans mon dos et mes vêtements étaient imbibés d'eau à tel point qu'il me collait à la peau. Ce n'était pas désagréable, juste un peu spécial.
Zoran envoya valser son t-shirt par terre et je vis des gouttes d'eau descendre le long de son torse.
Une bouffée de chaleur.
Mon regard rivé à son corps. Ma bouche s'entrouvrit et mon souffle s'en échappa presque difficilement. Je me reconnaissais à peine. Cette fille en train de littéralement dévorer du regard Zoran, c'était moi ?
Bon sang. Je déglutis et me détournai. Je ne sais pas s'il le vit ou même le senti, mais il se contenta d'aller ranger les courses alors que dehors, la pluie continuait de tomber. Une belle averse qui était venue sans prévenir. Mais ça ne changeait rien au fait que j'avais chaud. J'étais... vraiment en chaleur. Et c'était dans ce cas présent que je savais que je portais une bête en moi, un animal.
Je grimpai à l'étage me changer et optai pour une chemise que je nouai sur mon ventre après avoir enfilé un soutien-gorge. Je retirai mon short pour en mettre un autre ; le soleil finirait bien par revenir de toute façon.
Nous mangeâmes des sandwichs avec des chips et Zoran me demanda de lui raconter une des histoires de Benjamin, ce que je fis avec plaisir.
Il était attentif et ne coupait jamais, attendant simplement la suite. Ce n'était pas comme être face à un enfant ou à quelqu'un de bien trop curieux. Au contraire.
Le soleil ne revint pas. Et la pluie continua toute la journée. C'était comme si le temps se liguait contre moi exprès pour garder Zoran dans la maison, avec moi.
J'essayai de travailler un peu, mais c'était impossible. Je ne tenais pas en place. Ma louve remuait sans cesse en moi et c'était comme si j'avais une conscience aigüe des moindres gestes de Zoran dans la maison.
Je me retins plus d'une dizaine de fois d'aller me presser contre lui alors qu'il s'occupait avec ce qu'il trouvait. Et plus le soir approchait, et plus mon corps me semblait être totalement étranger. Il y avait longtemps que j'avais abandonné l'idée de travailler et avait préféré ranger la cuisine, juste histoire de.
Mais là encore, c'était dur de rester concentrer sur quelque chose. Mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine que même un humain aurait pu l'entendre. Et je me sentais si mal dans mon corps que j'avais envie de m'arracher la peau, de m'en libérer presque. Pouvait-on donc ressentir toutes ces choses en même temps ?
J'avais chaud et l'espace d'une autre seconde, froid. L'air semblait saturé de l'odeur de Zoran et je me revis en train de humer son t-shirt et l'effet que cela avait eu sur moi. Alors imaginez dans quel état j'étais là !
Zoran ne fit aucun commentaire, à aucun moment. Mais je sentais son regard sur moi et plus d'une fois il vint m'effleurer délibérément.
J'allais devenir folle.
Si je ne l'étais pas déjà.
Jamais je n'aurais cru que cet astre aurait un tel effet sur nous, loups. Et pourtant...
J'avais chaud. J'étais en transe. Peut-être qu'une douche me ferait du bien... si tant est que j'y restais toute la nuit.
Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse pour aller mieux ? Ma louve se dressa. Elle, elle semblait très bien le savoir, même si jusque-là, elle n'avait strictement rien fait ; même pas prendre les commandes. Dire qu'elle était mal à l'aise n'était pas vrai, c'était différent.
Alors que le jour laissait place au crépuscule, je m'enfermai dans la salle de bain. Je fis couler l'eau froide sur mon corps et y restai le plus longtemps possible. Je ne me sentis pas mieux.
Pas plus détendue.
Bien au contraire.
Je voulais sortir de mon corps. Je voulais sortir de cette maison et m'enterrer sous terre, loin, très, très loin de cette fichue lune. Ou rester le plus loin possible de Zoran. Parce qu'en fait, c'était à cause de lui, non ? Me retrouver avec n'importe quel autre loup aurait-il eu le même effet sur moi ? Pourquoi quelque chose me disait que non ?
C'était Zoran.
C'était ce qu'il dégageait.
Puissant et entêtant. Beaucoup trop fort, beaucoup trop attractif. Et ça allait me prendre ma raison. J'avais si mal. Ma peau me démangeait. Mon corps me tiraillait.
Je n'en pouvais plus.
Des coups frappés à la porte alors que j'étais assise sur les toilettes depuis plus de dix minutes, les mains dans les cheveux. Je regardai mes pieds, essayant de me concentrer sur n'importe quoi.
— Tu comptes rester cacher encore longtemps ? Dit Zoran de l'autre côté de la porte.
Je savais très bien qu'il n'allait pas me laisser tranquille. Il avait été assez clair sur le fait que mon odeur avait un effet sur lui. Un effet plutôt puissant même. Mais si je sortais de cette salle de bain...
— Je ne suis pas sûre de vouloir sortir, soufflai-je doucement, sachant qu'il pouvait très bien m'entendre.
Un rire.
Bas, rauque. Mâle.
La sensation de ce son se répercuta partout en moi et je gémis.
— Je sais que tu n'as pas fermé à clé, Némésis.
Et il me signifiait par-là que si je ne venais pas, c'est lui qui vendrait. Ma louve grimpa, voulant me forcer à bouger, à faire quelque chose. Je ne pouvais pas passer la nuit ici. Je le savais bien, mais... tout cela était terriblement gênant.
Nous n'allions pas faire que nous embrasser cette fois... hein ? Il n'était pas question de se cacher ou de s'enfuir.
Je... pouvais très bien lui faire face. Faire face à mon désir même. Je n'étais pas une fillette. J'étais une louve. Novice dans tout ça, certes, mais...
Je bougeai, trainant un peu des pieds avant d'ouvrir la porte sur Zoran. Ses yeux capturèrent les miens et je les vis s'assombrirent d'une façon qui aurait dû me faire peur. Sa peau sembla appeler la mienne et le rouge grimpa à mes joues. Je jouai avec mes doigts, terriblement nerveuse.
Son pouce se retrouva sous mon menton et il me força à relever la tête.
— Tu n'as pas à être gênée, susurra-t-il, son nez glissant dans mon cou.
Comment avait-il réussit à s'approcher autant ? Ma peau s'embrasa et une pulsation monta de mon entrejambe.
— Z... Zoran !
Je m'agrippai à ses bras, sentant mes mamelons réagir presque immédiatement. Tout était ultrasensible soudain et son souffle contre ma peau me fit gémir, fit dresser chaque poils de mon corps.
Ses mains agrippèrent mes hanches et ses doigts s'enfoncèrent légèrement dans ma peau. Ça ne fit pas mal et étrangement, je me sentis mieux. Comme si je pouvais respirer enfin correctement. Zoran enfouit son visage dans mon cou et inspira mon odeur alors que ses mains remontaient sous mon débardeur, sur ma peau nue.
Je m'accrochai à ses épaules alors que ses lèvres étaient justes à la naissance de mes seins.
Un hoquet de surprise en comprenant ce qu'il comptait faire. Mon cœur s'emballa soudain et la peur vint en même temps que ce désir qui me consumait.
— Je ne... Zo... Zoran, je...
Il remonta au niveau de ma bouche et m'embrassa, mêlant sa langue à la mienne alors qu'il me soulevait dans ses bras et que doucement, il nous amenait vers la chambre. Mon corps tout entier se crispa.
Et quand la porte se referma sur nous, je ne respirai plus. Il me fit glisser le long de son corps et je sentis sa masculinité dans toute sa splendeur.
Il repoussa mes cheveux de mon visage et embrassa mes pommettes avec douceur. Son pouce fit glisser la bretelle de mon débardeur, puis l'autre. J'ouvris la bouche, mais seul mon souffle erratique s'en échappa.
C'était... trop de sensations.
Je n'étais plus qu'une enveloppe en fusion. Qu'un corps fait de lave. Un brasier.
Les lèvres de Zoran sur mon épaule alors qu'il me poussait doucement en arrière. J'étais complètement malléable entre ses mains. Il savait faire. Lui, il avait l'habitude... mais pouvais-je vraiment... le laisser faire ?
— Nous irons jusqu'où tu voudras, Némésis, dit-il d'une voix si basse que je cru rêver.
Il me fit lever les bras et mon débardeur disparut, laissant mes seins à sa vue. Je ne fus pas gênée. Je ne pouvais pas l'être maintenant.
Sa peau sur la mienne était une libération. Je ne me sentais plus tiraillée de l'intérieur. Je me sentais presque bien...
Je basculai sur le lit, mes cheveux s'étalant autour de ma tête. Je fermai les yeux alors que son souffle courrait sur mon ventre, m'envoyant de délicieux frisson.
N'aurais-je pas dû lutter plus ?
Ma louve observait, elle aussi était calme. Elle semblait... savourer le moment. Le corps de Zoran se retrouva à côté du mien, son visage penché sur mon ventre, remontant, remontant, remontant...
Son nez traça un cercle autour de mon mamelon et je tirai sur ses cheveux, secouant la tête :
— Non... je ne...
Un sourire lascif, tellement puissant :
— Écoute tes besoins. Écoute ton corps, Némésis. Et tout ira bien.
Son nez qui s'y frottait. Je gémis et rougie. Et je fus incapable de penser plus, de faire plus. Il fit la même chose avec l'autre sein avant de donner un léger coup de langue.
Mon corps s'arqua et je criai tant la sensation explosa dans mon bas ventre. J'enfonçai mes ongles dans sa peau et rejetai la tête en arrière alors qu'il suçait mon téton, caressant l'autre du pouce.
Il n'y avait aucun mot pour décrire ce qui se passait en moi.
Je n'étais plus que sensations brutes.
Je n'étais plus que plaisir.
Ce qu'il faisait... avec sa langue... ça me comblait. Je n'avais plus l'impression que mon corps n'était plus le mien, bien au contraire !
La sensation de ses dents.
— Zoran !
L'une de ses mains descendit sur mon ventre et son pouce passa sous l'élastique de mon shorty. Il redressa la tête et je ne pus échapper à son regard.
Sombre. Noir. Brillant et brûlant.
Il ne bougea plus pendant quelques secondes. Attendant quelque chose de moi. Et voyant que je ne faisais ni ne disais rien, il laissa sa main glisser un peu plus, se rapprochant dangereusement de cet endroit-là.
Il se pencha et m'embrassa longuement, me faisant gémir dans sa bouche. Sa langue s'enroula autour de la mienne et il la suçota, me rendant plus... humide ?
Cette pensée fut comme un choc et mes cuisses se serrèrent instinctivement. Je le sentis sourire contre ma bouche.
Ses doigts y étaient presque. Sur mon intimité.
Zoran embrassa ma joue et vint mordiller mon lobe d'oreille. Il était patient. Même si je pouvais sentir la tension dans son corps.
Il savait que c'était une première pour moi alors il prenait son temps. Pour moi. J'ignorai si je voulais aller jusqu'au bout, j'ignorais même si je serais capable de lui dire d'arrêter ou de continuer.
Je n'avais plus aucune volonté. Parce que je n'étais plus que désir. Mon corps tremblait. Je m'accrochai à Zoran, voulant le toucher, voulant sentir sa peau sous la mienne. Parce que j'en avais besoin.
Vraiment besoin.
Il appuya sa joue contre la mienne et sa main descendit juste un peu plus. Son pouce effleura seulement. Ce n'était même pas une caresse. Mais je cru que j'allais défaillir.
J'agrippai les draps et tirai si fort dessus que je cru les entendre se déchirer. Mais rien n'avait d'importance.
Son doigt bougea. Et je criai, cachant mon visage dans son cou.
J'avais peur. Peur de ce que j'éprouvai en cet instant. Peur de l'intensité de ses caresses.
Trop fortes.
Trop puissantes.
Chacun des cercles que formaient son pouce sur mon sexe était un électrochoc. Son corps pesa contre mon flan et sa prise sur mon clitoris se fit plus assurée, plus forte aussi.
Je mordis son épaule pour retenir le cri qui montait et sa main se retrouva dans mes cheveux, pressant mon visage contre sa peau.
J'étais des flammes.
J'étais un brasier.
Non. C'était lui.
C'était Zoran. Et il était en train de me consumer. Ne me laissant aucune chance de m'en sortir. Je n'étais reine de rien du tout.
Il était roi de mon désir. De mon corps.
Et il pouvait faire de moi ce qu'il voulait en cet instant précis.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top