20. Némésis
On se rapproche de Jahyaaaan les filles xD A votre avis, il va faire chier jusqu'à quel point ? :P
J'avais la sensation d'évoluer à moitié dans un rêve, à moitié dans la réalité.
Ce n'était pas vraiment un rêve, puisque c'était vraiment arrivé. Mais je n'arrivais plus à savoir si c'était déjà passé, ou si c'était en train d'arriver.
J'étais engluée dans mon propre esprit, étouffée par mes propres sentiments.
Qu'est-ce qui était réel ?
Darell pencha son visage et m'embrassa.
J'aurais dû le repousser. J'aurais dû l'en empêcher, mais... je... je n'y arrivais pas.
Qu'est-ce qui ne l'était pas ?
Comment saisir la réalité de tout ça ? Comment savoir si j'étais éveillée ou non ?
Je ne... pouvais rien faire. J'étais... sous son contrôle.
Ce... ça ne devait pas... non... Zo...
Tout tourbillonnait. Un mélange de tout et de rien. Un maelström de sensations ; la peur, la culpabilité. Une tornade de sentiments.
Tout se confondait.
Tout se... perdait.
Ses mains passèrent sous mon débardeur et l'une d'elles recouvrit mon sein par-dessus mon soutien-gorge. Les larmes me montèrent aux yeux. Il... il n'allait pas...
Réalité.
C'était arrivé.
C'était vraiment et réellement arrivé. Je pouvais presque encore sentir la main de Darell, je pouvais presque encore...
Ma bouche s'ouvrit...
Et une main se plaqua sur ma nuque pour me ramener contre un torse brulant, bouillant.
Des bras m'enveloppèrent alors que je papillonnai des cils, essayant de reprendre pieds.
De me dire que tout cela n'avait été qu'un rêve.
Qu'un cauchemar.
Je n'étais plus chez Darell.
J'étais en Pennsylvanie. J'étais chez Nora Baker, en sécurité. J'étais avec Zoran. Mais je ne pouvais pas faire comme si tout allait bien. Je ne pouvais pas faire comme si tout était oublié.
Ce n'était pas aussi facile.
J'avais gardé la tête haute pour que Zoran aille mieux. Parce que j'avais senti qu'il était sur une corde terriblement raide et qu'il avait besoin de moi. Encore maintenant, je ne voulais pas forcément qu'il voie à quel point tout cela m'avait affectée.
Mais je ne contrôlai pas vraiment pour tout avouer.
Sa main glissa sur mon épaule et son pouce caressa ma peau.
Dehors, il faisait à peine jour. Pourtant, je pouvais déjà entendre pas mal de personnes réveillées tout autour de nous.
Nous nous trouvions dans la demeure de l'Alpha, là où tout le monde se réunissait, de jour comme de nuit. Alors forcément, quelle que soit l'heure, il y avait toujours quelqu'un de réveillé.
Je bougeai légèrement et cachai mon visage contre la peau chaude de Zoran. J'inspirai son odeur et ma louve soupira d'aise à l'intérieur. Tout cela l'avait choquée elle aussi et elle s'en voulait de n'avoir rien fait. Elle s'en voulait terriblement. J'aurais dû la rassurer, mais je n'y arrivais pas avec moi-même déjà, alors avec elle ?
Zoran se mit sur le côté et son autre main passa sous mon t-shirt. Qui était l'un des siens au passage. Je voulais son odeur partout sur moi. J'en avais vraiment besoin et il l'avait compris sans mal.
Il était vieux. Et il savait.
Maintenant, il savait clairement que je l'aimais. Je le lui avais dit suffisamment de fois pour ne pas qu'il oublie. Ou qu'il fasse semblant de ne pas avoir entendu.
Ses doigts coururent sur ma peau, déclenchant de délicieux frissons. Sa peau était calleuse, mais j'aimais bien la sensation que ça donnait. J'aimais bien ce que ça me faisait.
La moindre parcelle de mon corps était entièrement réceptive aux caresses de Zoran. Il était mon champ magnétique. J'étais son aimant.
Je finis par m'écarter un peu et relever la tête. Mon regard plongea dans le sien.
— Tu ne dors donc jamais comme les gens normaux ? chuchotai-je.
Il sourit et repoussa une mèche de cheveux tombée sur ma joue d'un geste bien trop tendre. Mon cœur eut un loupé qui n'échappa aucunement au mâle pressé contre moi.
— Je ne suis pas normal, bébé, répliqua-t-il.
Ça, c'était bien vrai. Il n'avait rien à voir avec le commun des mortels cet homme. Il était unique, du moins, à mes yeux.
Une Main entraînée pour tuer pouvait-elle donc être aussi tendre et douce avec une personne ? Il fallait croire que oui.
Jamais Zoran n'avait été méchant avec moi. Pas une seule fois.
— Tu es affreux quand tu t'y mets, ronchonnai-je.
Il bougea alors et se retrouva au-dessus de moi, se retenant par la seule force de ses bras. Mes jambes s'écartèrent presque immédiatement pour lui faire de la place et cela sembla grandement lui plaire.
Je fis glisser mes mains le long de ces derniers et sentis chacun de ses muscles. Je vis ses yeux s'assombrirent comme jamais.
Je crois que... j'adorais avoir cet effet sur lui. C'était tellement galvanisant !
Zoran enfouit son visage dans mon cou et je glapis alors qu'il me mordillait.
Il connaissait chacun de mes points sensibles.
Il savait quoi faire et comment le faire.
Et il était le seul à savoir tout ça. Le seul qui le saurait jamais. Parce que c'était lui que je voulais.
Zoran. Juste Zoran.
Je sentis son sexe durcir tout doucement et mes hanches bougèrent d'elles-mêmes. Le loup au-dessus de moi gronda sourdement et attrapa mon menton à l'aide de ses dents. Mes ongles s'enfoncèrent dans sa peau et je retins un gémissement.
Je savais qu'il avait vu l'ombre du cauchemar dans mes yeux. Je savais qu'il avait senti que tout n'allait pas bien, même si je n'en parlais pas.
Il me connaissait trop bien maintenant.
Et il savait exactement comment m'aider à oublier, à passer à autre chose.
Zoran fit remonter mon t-shirt et souffla sur mon ventre, me crispant d'une façon terriblement excitante.
Sa langue s'amusa avec mon téton alors que l'une de ses mains passait sous ma culotte. J'étais déjà prête et humide et il ronronna quand il le constata.
— Aaaah bébé, souffla-t-il d'une voix incroyablement basse.
Je fermai les yeux et rejetai la tête en arrière. Je voulais le sentir. Je voulais sentir ses mains sur mon corps.
Qu'il le possède complètement.
J'avais besoin de sentir qu'il me possédait. Besoin de sentir son odeur sur moi.
Pour oublier.
Pour tout effacer.
Sa tête finit par disparaître entre mes jambes et je retins tant bien que mal mes gémissements. Il savait y faire... il savait me rendre folle.
Complètement folle de désir.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour me faire jouir dans sa bouche. J'agrippai fort le drap et mon dos s'arqua.
Sans me laisser le temps de reprendre mon souffle, Zoran se perdit en moi, me serrant tellement contre lui que j'eus l'impression que nos deux corps n'en formaient plus qu'un.
Unis.
Nous avions fusionné.
Et bon sang, il n'y avait rien de meilleur !
Cette fois, tout se perdit et se confondit, mais c'était tellement, tellement bon ! Les spirales du plaisir m'emportèrent très, très loin, ne me laissant aucune chance de m'en sortir.
Je passai plus de trois heures avec Nora dans son bureau, discutant un peu de tout et de rien. Nous n'étions que toutes les deux. Qu'entre filles comme elle s'amusait à dire. Bien sûr, cela ne dura pas longtemps. Bientôt, nous furent embêtées par la meute entière et Luka réclama mon attention alors que Zoran était avec Hayden et Liam, le petit frère de ce dernier, mais aussi le Second de la meute.
La meute de Nora était saine et puissante. Les enfants étaient forts et beaucoup avaient déjà bougés dans de grandes meutes ou n'allaient pas tardés à le faire. Ils suivaient le même chemin que leurs parents et dans quelques décennies, on entendrait parlés d'eux, de ça, je n'en doutais pas.
Luka m'avait avoué que lui-même ne resterait sans doute pas ici. Nora était son Alpha, mais il sentait qu'elle n'était pas celle dont son loup avait besoin. Et ça, ça ne se discutait pas. Bien sûr, d'ici à ce qu'il bouge, bien d'autres décennies pouvaient s'écouler. Il était encore jeune, surtout pour un loup. Et puis avec la future arrivée de son petit frère, il n'avait pas forcément envie d'être ailleurs.
Katerina restait très fragile. Psychologiquement parlant. Pour une Main, il n'était jamais facile de devenir parent. Et là, c'était elle qui portait l'enfant, elle qui ne pouvait pas se transformer, ni même aller chasser. J'avais vu Zoran passer un peu de temps avec elle, la touchant parfois, comme pour la rassurer.
Elle était très entourée, surtout au niveau de la meute.
Timothy faisait du mieux qu'il pouvait pour être le plus présent possible, mais il était le Gardien et ce n'était pas facile... voilà pourquoi je voulais l'aider. Je voulais le soulager un peu, pour qu'il puisse passer plus de temps avec sa compagne et son fils. Ses fils.
Alors, je devais finir ce tour des Alphas et commencer le premier devoir qu'il m'avait donné. Je devais garder ça en tête et oublier tout le reste. Voir Katerina et Luka ne fit que renforcer ma détermination.
Il ne restait plus tant d'Alphas et de meutes que ça a visitées.
La fin approchait doucement.
— J'ai appelé Joen pour qu'il prenne de l'avance. Comme ça, tu n'auras pas à rester trop longtemps là-bas.
Joen n'était pas méchant, juste un peu... buté. Oui, c'était le mot. Je savais que j'allais lui donner la lettre, mais quelque chose me disait d'avance qu'il allait la refuser. Je commençai à trop bien connaître certains Alphas, c'était le cas de le dire...
— C'est gentil, dis-je avec un sourire.
Nora donna une tape sur la main à Liam qui était en train de ne taper je ne sais quoi sur le clavier de son Alpha :
— Tu me fatigues, Second de malheur, continue et je demande à Nadia de te suspendre à un arbre jusqu'à demain !
Nadia était la sorcière de cette meute et était aussi la compagne de Gavin, le Lieutenant. Sa mère était une sorcière et son père, un loup de Dean, mais à l'inverse de son grand frère, Sean, elle n'avait hérité que des gênes de sa mère, Lisbeth. Il y avait quelques décennies de cela, une attaque avait eu lieu sur le territoire et Nadia avait subi de graves répercussions. Je savais qu'Alice l'aidait encore aujourd'hui.
Liam fit la moue :
— C'est toi qu'on devrait suspendre à un arbre, grommela-t-il comme un enfant.
Nora éclata de rire et souffla un baiser à son Second. Je secouai la tête, amusée, et finie par les laisser.
Ma louve n'était pas vraiment agitée en moi, mais elle ne tenait pas vraiment en place non plus. Dès qu'on s'éloignait un tant soit peu de Zoran, son malaise transparaissait presque immédiatement. J'aurais dû m'inquiéter de cela, mais je n'étais pas bien mieux pour tout avouer.
Timothy avait tout de suite remarqué à quel point les choses avaient évolué depuis la dernière fois qu'il nous avait vus.
Il avait perçu les ravages causés par l'absence de Zoran, mais il n'avait rien dit. Il m'avait mise en garde, trop tard certes, mais il savait que s'immiscer plus ne serait pas bon.
Ni pour lui, ni pour moi.
Alors pour l'instant, il se contenterait d'observer. Jusqu'à ce que je revienne vers lui, le cœur en miettes.
Parce que ça arriverait. Mais que je ne voulais pas encore y penser.
Même si je savais que j'allais avoir terriblement mal à la fin, je voulais profiter. Je pouvais me contenter de ça pour l'instant.
Il restait si peu de temps. Quelques semaines tout au plus. Alors pour l'instant, je laissais ce genre de pensées très, très loin.
Je trouvai Zoran sans vraiment le chercher. Comme s'il m'avait sentie, il leva les yeux vers moi alors que Gavin était en train d'expliquer quelque chose à Nathan, le premier Dominant de la meute et le petit frère de Nora.
Nathan était un loup qui avait trouvé son âme sœur en Clara Adhams, Omega de la meute de Jake Morgenstern, Alpha de l'Utah.
Nathan grimaça et marmonna quelque chose qui fit éclater de rire Gavin qui le saisit par les épaules et lui dit quelque chose qui fit secouer la tête de Zoran.
Il marcha jusqu'à moi et quémanda un baiser, comme si c'était naturel de le faire. Et ça l'était, n'est-ce pas ?
Ici, personne n'avait posé de question. Pour tous ces loups, il n'était pas bizarre de voir une Main proche d'une louve. Personne n'était surpris de voir Zoran si attentif à mes besoins ou moi aux siens.
Ici, c'est comme si nous pouvions être comme on le voulait.
Pas de jugements.
Pas de remises en question.
— Nora a besoin de toi ? demanda Zoran.
Je secouai la tête, attrapant son poignet entre mes doigts. J'aimais bien le toucher pour un oui ou pour non. Et il semblait apprécier ça lui aussi. Nous étions vraiment sur la même longueur d'onde et bon sang, qu'est-ce que ça me plaisait !
— Elle est en train de se chamailler avec Liam, répondis-je.
Hayden, qui passait par là soupira en levant ses deux mains en l'air :
— On se demande qui sont les adultes ici, souffla-t-il.
Et deux voix lui répondirent en cœur depuis l'intérieur de la maison :
— On t'a entendu !
J'éclatai de rire avant de remarquer l'expression plus que sérieuse de Zoran.
— Quoi ?
Il se pinça les lèvres, comme s'il hésitait à me dire quelque chose. Zoran, hésité ? Cela aurait été une première, n'est-ce pas ?
Je penchai légèrement la tête et fis un léger pas en avant, rapprochant mon corps du sien :
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Il finit par sourire et sa main effleura ma joue en une légère caresse.
— Est-ce que tu essaierais d'user de tes charmes pour me faire cracher le morceau, bébé ?
Je rougis violemment, n'ayant même pas eu conscience de l'aguicher. Ce loup me dépravait complètement !
— Je ne... je...
Zoran éclata de rire et ce son me fit frémir de la tête aux pieds. J'adorais ça. J'adorais quand il se laissait aller de la sorte... c'était juste incroyable. Tellement beau.
— Ne t'inquiète pas, dit-il. Ce n'est pas du tout pour me déplaire.
Et voilà qu'il s'amusait de moi. Je le fusillai du regard et il me vola un baiser.
— J'aimerais voir de quoi tu es capable.
Je fronçai les sourcils. De quoi j'étais capable ?
— Je ne suis pas sûre de saisir, là, avouai-je.
— Au combat, Némésis. Au combat.
Je fis la moue quand il m'appela par mon prénom complet.
— Pourquoi ?
Lui montrer de quoi j'étais capable, c'est ça qu'il voulait ?
Son regard s'assombrit, mais pas de désir. C'était quelque chose de plus sombre, de plus mauvais. Je savais qu'il n'avait pas tourné la page concernant ce qui était arrivé chez Darell.
Et qu'il ne le ferait jamais complètement. Je ne pouvais pas lui en vouloir.
— Tu veux qu'on... se batte tous les deux, c'est ça ?
L'idée me paraissait incongrue. Me battre contre Zoran ? Contre une Main entraînée par Yahto lui-même ? Il fallait que je trouve l'erreur là-dedans.
— J'ai besoin de savoir ce que tu vaux. Besoin de...
Se rassurer. De se dire que s'il n'était pas là où que s'il n'arrivait pas à temps, je pourrais me débrouiller. Mais jamais cela n'arriverait une deuxième fois. Zoran ne me quitterait plus des yeux, je pouvais clairement le sentir.
Et ça me rassurait.
Parce que même s'il était arrivé en retard, il était venu. Venu alors qu'il n'aurait pas dû être là. Mais il m'avait suivie. Il m'avait gardée à l'œil alors que j'avais cru qu'il m'avait quittée pour de bon.
Et il m'avait sauvée.
Et ça, ça me suffisait. Je savais que j'étais en sécurité avec lui. Mais lui, ça ne lui suffisait pas. Il n'acceptait pas tout ça. Et je savais que quoi que je dise ou quoi que je fasse, ça ne changerait pas ça. Naël avait dit une fois que les Mains avaient du mal avec l'échec. Je commençai un peu à entrevoir ce qu'il avait voulu dire par là.
Je ne sais comment, mais je trouvais la force de rire et cela fit arquer les sourcils de Zoran.
— Qu'est-ce qu'il y a de drôle, Némésis ?
Je lui donnai un coup dans l'épaule :
— Arrête de m'appeler comme ça, répliquai-je. Isis. C'est facile, non ? Isis.
J'insistai bien sur chaque lettre.
— Néné ! cria Luka, assis sur les marches et écoutant notre petit échange.
Je me tournai et lui fis mes yeux les plus noirs. Il me tira la langue et sourit de toutes ses dents.
Je me concentrai de nouveau sur Zoran.
— J'étais simplement en train de t'imaginer en train d'essayer de me... frapper. Tu... t'en sens capable ?
Je me moquais ouvertement de lui, mais c'était vraiment plus fort que moi. Zoran fit la moue et croisa ses bras sur son torse.
— À moins que tu comptais sur quelqu'un d'autre.
Je jetai un coup d'œil à Gavin et Nathan.
Zoran secoua la tête :
— Je ne vais pas te frapper, c'est toi qui va attaquer, nuances.
J'aimais bien son air sérieux et réfléchi. Si ça pouvait le rassurer que nous échangions quelques coups, alors pourquoi pas après tout...
— Je peux aller me changer ? demandai-je.
Il hocha la tête et je disparus un instant à l'étage pour passer des vêtements plus... pratiques.
Maxence avait été celui qui m'avait enseigné les fondements des combats au corps à corps. C'était un maître exigeant et qui n'hésitait pas à faire très mal quand il le fallait. Ou non.
Il avait été celui qui avait entraîné des Alphas, des Seconds, des Mains. À une époque, on l'avait appelé le faiseur de Rois. N'était-ce pas Shay qui m'avait raconté cette histoire ? Ou peut-être Benjamin. Je ne savais plus trop. Quand j'en avais parlé avec Maxence, il avait simplement souri. C'était un homme sanglant et méchant, mais j'appréciai sa compagnie pour tout dire. Il avait beaucoup de choses à m'apprendre lui aussi et ça, ce n'était pas négligeable.
Quand je redescendis en bas, Zoran avant jeté son t-shirt par terre et faisait quelques échauffements. Mon regard survola son corps et les rougeurs habituelles me montèrent aux joues. J'aurais pu passer une journée entière à le regarder comme ça.
Il était magnifique. N'avait que très peu de tatouages, mais beaucoup de cicatrices. C'était une Main après tout.
Il releva son regard sur moi et sourit :
— On ne reluque pas, mademoiselle Lane.
— Je fais ce que je veux, répliquai-je avec un immense sourire.
Je passai à côté de Luka et lui ébouriffai les cheveux dans un geste fraternel. J'avais attaché mes cheveux en une queue de cheval pour ne pas être dérangée. L'image de Mackenzie Malone me revint ; comment faisait-elle avec ses cheveux ? Elle devait se débrouiller, vu qu'elle ne les avait pas coupés.
J'allais me placer en face de Zoran qui observa ma tenue avant de hocher la tête pour montrer qu'il validait. Je secouai la tête en levant les yeux au ciel quand son regard s'attarda sur mon ventre nu.
— On ne reluque pas, Swanson, dis-je, reprenant ses termes.
Je fis quelques échauffements aussi, consciente, soudain que mon corps en avait besoin.
Maxence m'avait entraînée plus par prévention qu'autre chose. Et parce que Timothy lui avait demandé. Le Gardien lui-même pouvait être un combattant hors norme à ses heures perdues et j'avais déjà assisté à plusieurs de ses entrainements avec sa compagne. Katya ne faisait pas de cadeau, pas même à son mari.
— Montre-moi donc de quoi tu es capable, Isis, sourit Zoran.
Mais je le sentais légèrement crispé. À mon avis, nous n'allions pas remettre ça très souvent...
J'inspirai doucement et mon esprit me ramena à toutes ces heures passées avec Maxence, derrière chez Heaven.
Aux coups portés ou avortés.
Ma louve coula légèrement dans mes membres, histoire de me donner de l'élancement.
Mon corps bougea et Zoran bougea à peine pour esquiver. Nos regards se croisèrent. Et mon pied parti.
Pendant l'heure qui suivit, il se contenta de m'observer l'attaquer, bougeant à peine. Il était insaisissable.
Intouchable même.
J'aurais pu y mettre toute la volonté du monde que ça n'aurait pas suffi. Il était Zoran Swanson. Et cela suffisait à tout dire.
À aucun moment il ne me toucha. Il ne fit qu'effleurer. Parfois sa bouche s'égarait, me faisant grogner. J'eu vaguement conscience que des spectateurs s'agglutinèrent autour de nous.
Je crois bien que quelques paris furent lancés et maudit Curtis intérieurement ; il avait vraiment mis tout le monde à ça ce maudit loup. Il avait perverti tout le monde.
— Fatiguée, bébé ? sourit Zoran, me voyant m'essuyer le front.
Je grognai et ma louve brilla à travers mon regard. Ce n'est pas qu'elle avait envie de le toucher, mais de là à ne même pas pouvoir l'effleurer ! C'était presque rageant. Presque.
Zoran finit par cesser d'esquiver.
Il bougea enfin vraiment et se retrouva juste devant moi. Voulant reculer, je tombai sur les fesses, surprise de sa rapidité et du fait qu'il m'avait totalement pris de court.
Je clignai des yeux alors qu'il me tendait sa main. Je tapai dedans et me relevai toute seule, ce qui le fit sourire :
— Je ne savais pas que tu avais l'esprit de compétition, Némésis.
Je lui montrai les dents. Il éclata de rire et se remit en position.
Pas de défense.
D'attaque.
L'éclat dans ses yeux était incroyable et surtout, d'une intensité que je n'avais jamais vu. Il passait plus ou moins aux choses sérieuses et... ça me plaisait. Même si j'allais très vite le regretter.
Il me mit à terre trois fois, m'acculant à chaque fois ou me prenant par vitesse.
C'était une ombre.
Un coup de vent.
Et il était impossible d'espérer saisir quoi que ce soit.
J'étais en nage et mes muscles me chauffaient. La sensation n'était pas désagréable. C'était même fou de voir l'effet que ça me faisait.
Je pouvais tout relâcher. Toute la pression suite à ce qui s'était passé avec Darell. Mon corps en avait besoin, j'en avais besoin, mais bien plus encore, ma louve en avait besoin.
Alors que mon corps heurtait une quatrième fois le sol, j'entendis Zoran gronder et se retourner. Je crois qu'il n'aimait pas trop me faire ça, mais je n'en étais pas sûre...
Je me relevai et profitant qu'il était toujours dos à moi, lui sautait dessus. Il me laissa faire bien entendu. Je ne faisais pas vraiment dans la discrétion après tout.
Je déposai un baiser bruyant sur sa joue et il y eut des éclats de rire autour de nous. J'étais à bout de souffle, mais je m'en fichai bien.
Zoran venait de me mettre une dérouillée, mais je m'en fichai bien.
Je me sentais bien. Vraiment bien. Comme si je pouvais mieux respirer, mieux penser même. Le torse de Zoran était légèrement collant, preuve qu'il avait quand même un peu transpirée, même si ce n'était pas autant que moi.
Toujours accroché à son dos, il nous amena à la douche et nous y trainâmes un certain moment.
Le lendemain, il ne fut pas question d'attaque, mais de défense.
D'après Zoran, là était mon plus grand défaut. Je savais me battre, mais je n'avais aucune notion d'auto-défense. Une fois acculée, j'étais comme l'animal prit dans les phares de la voiture. Et ça, ce n'était pas bon du tout.
Gavin et Hayden mirent la main à la pâte et à la fin, d'autres s'y joignirent. Zoran ne ronchonna qu'à peine, ce qui me fit beaucoup rire. Il n'était pas un sans manières tout de même !
Il fut décidé que nous repartirions d'ici le surlendemain. Nora avait rassemblé toutes les infos que je lui avais demandées et nous restâmes un jour de plus surtout pour rassurer Zoran sur le fait que maintenant, je pouvais me défendre. Et c'est comme si un poids fut retiré de ses épaules.
Nous passâmes notre dernière soirée avec toute la meute et quelques loups de Bear Creek se joignirent à nous, dont Curtis. Il était bien plus jeune que Zoran, mais ça n'empêchait pas les deux d'avoir participé à une ou deux chasses communes. Il n'était pas rare de voir des Mains s'allier. Ça arrivait même plus souvent qu'on ne voulait bien le croire.
Certains Alphas étaient assez frileux concernant ce mode de fonctionnement, mais généralement, la décision revenait à la Main, puisqu'après tout, c'était elle qui traquait. Il n'était pas rare quand ça se faisait, de voir les jeunes ensembles et les plus vieux ensemble. Bien entendu parfois il y avait choc des générations, mais somme toute, ça restait quand même assez rare.
Je trouvais vraiment passionnant de voir comme certains loups pouvaient travailler en équipe. Surtout des Mains. Il ne fallait pas oublier qu'Elles étaient différentes. Pourtant, quand je regardais Zoran, je n'avais pas l'impression qu'il était différent.
Ce furent Hayden et Nora qui nous amenèrent à l'aéroport. Jusqu'à Atlantic City, nous en avions pour un peu moins de cinq heures de vol.
J'embrassai l'Alpha de Pittsburg et Hayden me serra dans ses bras avant de donner une accolade virile à Zoran. Ces hommes...
Ce fut le Second de Joen ainsi que le Lieutenant qui vinrent nous chercher et qui nous amenèrent à l'Alpha.
Comme je m'y étais attendue et sans réelle surprise, Joen se montra aussi aimable qu'une porte de prison et refusa la lettre, me faisant clairement comprendre qu'il ne voulait pas avoir affaire à moi lorsqu'il y aurait des problèmes.
Zoran grogna contre cet Alpha stupide jusqu'à ce que nous quittions son territoire, deux jours plus tard. Suite à la demande de Nora, Joen avait été plutôt rapide à contacter les autres Alphas présents dans l'État.
Nous prime la direction de l'État de New-York où était basé Rodrig, un ancien haut gradé de Jeremiah. C'était un bon Alpha et il fut très ouvert. Il accepta la lettre et blagua même un peu, ce qui réussit à dérider un peu la Main qui m'accompagnait.
Rodrig aussi fut prompt à me donner les informations dont j'avais besoin et nous restâmes à peine une journée. Il n'était pas basé là depuis des siècles, mais il gérait très bien son territoire. Pour l'instant, aucun gros problème n'avait été rapporté et tant mieux, car c'était un Alpha en moins dont Timothy devait s'occuper. Je ne disais pas ça en mal, mais je pensais sincèrement que notre Gardien avait besoin d'un peu de temps pour lui. Katya n'était pas encore au terme de sa grossesse, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait pas besoin de Timothy. Bien au contraire. N'importe qu'elle louve avait besoin de son compagnon.
Et ce, à n'importe quel moment.
Une fois New-York passé nous prime la direction du territoire de Ghali Gray, un autre très, très vieil Alpha. Il était basé à Hartford dans le Connecticut depuis des siècles. Il n'était pas aussi vieux qu'Auxann ou Darell, mais il n'en était pas très loin.
Ghali était du genre conservateur, mais restait tout de même très ouvert d'esprit. C'était un Alpha que j'appréciai particulièrement et dont j'aimais la compagnie. Tous ses hauts gradés étaient à son image et tous étaient liés depuis des siècles. Ghali essayait de gérer son territoire comme Auxann, même s'il n'était pas aussi bon. Ghali était celui qui avait pris en charge Egan Cooper, son voisin. D'après Ghali, Egan était un très bon élève qui savait écouter et appliquer les conseils quand il le fallait. Ce dont je ne doutais pas une seule seconde. Egan était un ami. Un bon ami si je pouvais dire ça comme ça et je savais exactement comment il était. Il avait de la chance d'avoir Ghali comme mentor et il en avait conscience. Que les plus vieux Alphas de ce côté des États-Unis aient entrepris un tel projet me rendait toujours heureuse. Comme quoi, certain gardait en tête l'intérêt commun et la sauvegarde de notre peuple dans les meilleures conditions possible.
Hormis la conversation que je devais avoir avec chaque Alpha, Ghali et moi parlâmes de bien d'autres choses.
Ghali était Archéologue. Il était souvent amené à quitter le pays et à laisser la meute à son Second et à ses autres hauts gradés. Il avait déjà fait des découvertes incroyables et avait toujours tenu à ce que je sois au courant. Il savait à quel point j'aimais la connaissance et le savoir, dans toutes les branches possibles et inimaginables.
Zoran fit la connaissance de Shahryar, la Main de Hartford. C'était un vieux loup et de ce fait, une vieille Main. Shahryar était celui qui accompagnait Ghali dans tous ses déplacements, ce qui était tout à fait normal.
Zoran et lui passèrent quelques heures à parlés et je crois que ça concernait surtout le fait de comment faisait Shahryar faisait pour gérer les punitions au sein de la meute s'il n'était pas là. Aucune meute n'était suffisamment excellente pour ne pas que la Main ait à remettre les choses en place parfois.
Même Naël se devait de faire marcher les loups d'Auxann aux pas quand ceux-ci se détournaient un tant soit peu du rôle qu'on leur avait donné.
Aucune meute n'était réellement parfaite. Cela était un fait avéré.
Nous restâmes trois jours chez Ghali et Shahryar s'amusa à nous faire visiter la ville de long en large. Il avait un côté très bavard quand il voulait, un peu comme Naël, ce qui me fit beaucoup rire.
Zoran était détendu, mais parfois, très pensif. Quand c'était le cas, quand je le voyais se plonger dans ses pensées, j'avais besoin de le ramener vers moi. J'avais besoin de sentir que son attention tout entière m'était acquise. J'avais l'impression d'être fichtrement égoïste, mais avec tout ce qui était arrivé, j'en avais bien le droit, non ?
Nous reprîmes la route en fin de journée et même si nous n'avions qu'une heure quarante de trajet entre Hartford et Boston, Zoran décida de faire un arrêt dans un hôtel pour la nuit. Nous nous arrêtâmes donc à Auburn et Zoran nous dégota une petite chambre dans un coin tranquille de la ville.
Nous mangeâmes dans la chambre ; beaucoup de cochonneries au passage et Zoran finit avec son pot de glace dans les mains. Je me moquai ouvertement de lui.
Tout ressemblait à du déjà-vu.
C'était comme si une routine s'était installée entre nous.
Comme si nous connaissions les habitudes de l'autre alors même que nous n'aurions pas forcément dû.
Tout ça me plaisait. Parce que je savais que Zoran n'avait jamais autant donné de lui-même à quelqu'un d'autre. Et c'était pareil pour moi.
Tout ce que j'étais maintenant, la femme que j'étais en ce moment, je le lui devais. Parce qu'il m'avait tout montré, tout appris et que je savais que je n'aurais voulu ça, tout ce que nous avions là, avec aucun autre.
C'était Zoran que je voulais.
Je savais que je ne pouvais ni ne devais penser ainsi, mais pourtant, c'était bien le cas.
Il nous restait quatre meutes avant de rentrer.
Quatre meutes.
Ce n'était rien.
À peine une semaine. Bientôt, nous devrions rentrer.
Lui chez Jahyan, moi chez Heaven.
Parce que c'était comme ça. Je ne voulais pas penser à tout ça. La dernière fois que je l'avais fait...
— Je vais à la douche, soufflai-je en l'embrassant sur la joue alors qu'il léchait sa cuillère.
Je laissai la porte ouverte et me glissai dans la grande cabine de douche. Comme toujours, je ne traînai pas trop. L'eau et moi, ça faisait quand même deux... Zoran savait rendre une douche attrayante, je ne le cachais pas, mais quand j'étais toute seule, j'aimais expédier.
Je démêlai mes cheveux et remarquai à quel point ils avaient poussé. Je crois que jamais je ne les avais eus aussi longs.
Est-ce que Zoran les aimait comme ça ? Devais-je les garder à cette longueur ou couper un peu ? Si je lui demandai, me répondrait-il ? Je rougis à cette pensée. Parfois, je me faisais rire moi-même. Je pouvais être tellement prude et gênée sur certaines choses, s'en était affolant et risible il fallait bien l'avouer.
J'enfilai ma culotte et remarquai que j'avais oublié le reste de mes vêtements dans la chambre. Parfois, j'oubliais d'amener mon cerveau avec moi...
Je sortis de la salle de bain à moitié nue et cela n'échappa pas du tout à Zoran. Ses yeux s'assombrirent instantanément et il me regarda m'avancer vers lui comme un prédateur guette sa proie.
Je n'éprouvai aucune gêne. N'était-ce pas bizarre ?
La nudité m'avait toujours posé problème, que ce soit celle des autres ou la mienne et il n'avait pas fallu longtemps à cet homme devant moi pour s'en rendre compte. Mais pourquoi aurais-je dû être gênée d'être nue devant lui alors qu'il était le seul à m'avoir jamais vue ainsi ?
Zoran me fit de la place entre ses jambes et son regard glissa sur mes seins. C'était comme si je les lui offrais sur un plateau.
Un lent sourire plus que sexy étira ses lèvres et ses mains se posèrent sur mes hanches.
Ses doigts passèrent sous l'élastique de mon sous-vêtement et il m'attira un peu plus contre lui.
La pointe de mes seins frotta contre son torse nu et il se pencha légèrement sur ma bouche.
Son souffle devint le mien.
— Je crois que j'adore ça, chuchota-t-il d'une voix tellement, tellement basse et rauque !
— Ça quoi ? haletai-je, consciente de l'effet qu'il avait sur moi, sur mon corps tout entier.
Son nez dans mon cou.
Son souffle provoquant de délicieux frissons.
— Toi, comme ça.
— Oh.
J'étais incapable d'avoir ne serait-ce qu'une seule pensée cohérente. Mon corps réclamait le sien avec une telle force que c'en était presque effrayant.
Un homme pouvait-il donc avoir un tel pouvoir sur une femme ?
Zoran pouvait me posséder entièrement.
Il le savait.
Je le savais.
J'avais encore envie de lui dire que je l'aimais, mais la situation n'était peut-être pas la bonne après tout...
Il n'avait pas répondu à mes nombreux « je t'aime » et je ne pouvais pas lui en vouloir. Parce que je comprenais que ce n'était pas des mots en l'air. Qu'on ne pouvait pas dire ça juste pour le dire.
— Tu es à moi.
Je fermai les yeux.
Bien sûr que j'étais à lui. Complètement et irrévocablement. Ce n'était pas une chose qui allait changer.
Jamais.
Zoran était le seul que j'aimais et qui pouvait me faire sourire et me rendre heureuse. Il était le seul que je voulais.
Envers et contre tout.
En sachant pourtant que ça ne serait pas possible.
Je voulais profiter des moments que nous aurions. Comme maintenant et comme ceux à venir.
Je voulais profiter de lui. Parce que de toute façon, je ne pouvais pas vivre sans lui.
Je ne pouvais pas exister sans lui.
Et cette vérité était terrifiante.
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