16. Zoran


Mon loup était tellement furieux que j'avais beaucoup de mal à rester présent. À garder en vue la première à chose à faire. Changer. Il fallait que je change. Je grognai intérieurement alors que mon loup observait les alentours.

Tous les loups étaient morts, la gorge déchiquetée. Les membres arrachés. Mon loup avait tellement eut peur quand la voiture avait basculé, qu'il n'avait pas cherché à comprendre.

Il y avait menace.

Menace pour Isis.

Seule objectif : éliminer la menace.

Isis avait une jambe en sang, et je n'arrivais pas à voir si c'était une fracture ouverte ou si c'était simplement ouvert. Elle semblait avoir très mal, ce qui me fit dire qu'il y avait sûrement une fracture.

Bouge ! Crachai-je à mon loup.

Il recula doucement, léchant le visage d'Isis. Elle me relâcha, reposant sa tête sur le sol en gémissant de douleur. Je repris forme humaine en grognant et tombai à genoux en posant une main sur mes côtes. Merde. Je devais en avoir cassé une quand j'étais sorti de la voiture.

_ Zo... zoran, gémit Isis. Ça... ça fait mal.

_ Je sais bébé, ne bouge pas, haletai-je sous le coup de l'effort.

La voiture était au bord de la route, à moitié dans le fossé à moitié sur la route.

_ Il faut que j'immobilise ta jambe, Némésis, soufflai-je en regardant autour de nous.

Elle pressa ses paumes contre ses paupières, pleurant en silence. J'embrassai sa tempe.

_ Je suis là d'accord ? Murmurai-je.

_ Parle s'il te plaît, supplia-t-elle alors que je m'écartais.

_ Tu restes avec moi d'accord bébé ? Dis-je en allant vers la voiture. Je tirai nos deux sacs du coffre.

Ca, s'était intact. Je revins vers Isis, continuant de la rassurer à voix haute. Tout en parlant, je tirais des fringues des sacs. J'enroulai une de mes chemises autour de la jambe d'Isis alors qu'elle haletait de douleur. Elle cria quand je serrai le garrot et retomba au sol, des larmes sur les joues.

_ Tu es super, bébé, murmurai-je en embrassant son ventre.

Elle émit un léger sanglot, mais déjà je la forçai à enfiler un débardeur. Je réussis à enrouler ses hanches dans une autre de mes chemises pour la préserver des regards qui pourraient venir. Nous n'étions pas sur une route passante, mais nous allions avoir besoin d'aide.

Et la seule meute en qui j'avais confiance et qui pourrait arriver vite était celle d'Auxann Brock.

_ Tu es toujours avec moi, Isis ? M'enquis-je en enfilant seulement un short à même la peau.

_ Ou... oui, sanglota-t-elle.

Je m'agenouillai à côté de sa jambe, mon esprit toujours aux aguets des différentes attaques qu'il pourrait y avoir. Mon loup était proche du stade de notre frénésie et j'avais dû mal à le retenir d'aller pister ses enfoirés qui étaient venus nous tendre cette putain d'embuscade.

_ Tu sens toujours ton pied, bébé ? M'enquis-je en surélevant légèrement sa jambe.

Je ne voulais pas qu'elle se vide de son sang avant que quelqu'un ne nous vienne en aide.

_ Je... je crois, renifla-t-elle sans pour autant le bouger.

_ Il faut qu'on joigne quelqu'un, soufflai-je. Des idées ?

_ Portable, haleta-t-elle alors que je frôlai sa cuisse abîmée. Auxann.

_ Bien, dis-je en me levant. Je vais aller bouger la voiture. Je veux que tu sois à l'abri en attendant de l'aide. D'accord ?

Elle me suivit du regard alors que je marchai de l'autre côté de la route. Je passai de l'autre côté de la voiture et me mis à la pousser. Je poussai un cri de rage et la voiture retourna sur la route en cahotant. Parfois, ça aidait d'être un loup. J'éclatai la portière qui ne voulait pas s'ouvrir et retirai autant de bout de verre que je pus. Transporter Isis à cette hauteur serait plutôt dangereux pour sa jambe. Je renonçai retournant vers elle. Elle avait réussi à tirer son portable de son sac.

_ Il... il marche, souffla-t-elle en claquant des dents.

Je m'assis derrière sa tête et la fis reposer sur mes cuisses. Elle tremblait. Je frôlai son front. Elle était froide. Je cherchai le numéro d'Auxann et le trouvai en haut de la liste. Il y eut deux sonneries et une voix chaleureuse parla.

_ Isis, j'attendais ton appel, dit-il.

Je le coupai, enchaînant :

_ Auxann, c'est Zoran Swanson. On nous tendu une embuscade. Isis est gravement blessée.

Il y eut du bruit et j'entendis Jasper derrière, le Second d'Auxann. Il appelait déjà du renfort.

_ Zoran, reprit Auxann, j'ai déjà envoyé Nael sur votre route. Il ne devrait pas être loin de vous.

_ A-t-il un téléphone ?

_ Oui. Je le contact. Reste en ligne.

Je fus mis en attente et bientôt, Auxann reprit la communication.

_ Nael est à quelques kilomètres de vous.

_ Je ne sais pas si Isis à une blessure profonde ou pas, soufflai-je le cœur dans la gorge. Mais je sais que nous aurons besoin d'un médecin...

_ Zoran, souffla Auxann.

_ Je sais, je sais, murmurai-je.

Elle n'était pas liée. Bon sang, elle n'était pas liée et avait une putain de blessure.

_ Qui était vos attaquants ? Grogna-t-il.

_ Je... je ne sais pas. Je ne reconnais pas l'odeur, soupirai-je, plutôt déboussolé.

_ Ne bouge pas. Nael est en chemin. Passe-moi Isis.

Je posai le téléphone contre l'oreille d'Isis alors qu'elle s'accrochait à mes jambes.

_ Salut, souffla-t-elle. Alors comme ça, tu me fais suivre ?

Elle frémit et je fermai les yeux. Sa douleur était insupportable à voir.

Je vais les retrouver, murmura mon loup, furieux. Je vais les retrouver et les faire souffrir.

_ Et toi ? Tu fais la maligne maintenant ? Grogna Auxann.

_ Il... il faut croire, souffla-t-elle.

_ Nael est en chemin, fit Auxann. Tiens le coup, d'accord ?

_ Ce n'était pas Azad, Brock, ne fais pas le fou, sourit-elle faiblement.

Au moins elle discutait avec lui ce qui la tenait réveillé.

_ Tu as intérêt à ramener tes fesses en vitesse, Lane, ou je viens te chercher moi-même, rétorqua Auxann.

Son sourire se sentait dans sa voix. Encore un homme qui tenait à Isis.

Se rendait-elle compte de l'effet qu'elle avait sur les hommes dans sa vie ? Bon sang... j'étais sûr que non !

Je repris le portable.

_ On vous attend, conclut Auxann.

Je l'entendis crier des ordres avant de raccrocher.

Nael. Cela faisait un bon moment que je ne l'avais pas vu. J'étais sûr qu'il n'avait pas changé. Je posai mon front contre celui d'Isis qui frôlait ma joue.

_ Reste éveillée d'accord ? Murmurai-je.

_ Ça va aller, souffla-t-elle.

J'embrassai son front plusieurs fois de suite, lui arrachant un léger sourire crispé. Nous restâmes à rassurer l'autre ainsi pendant quelques minutes. À mon grand soulagement, je vis une voiture arrivée. Je reconnus immédiatement l'énergie puissante et parfois si semblable à la mienne. Nael s'arrêta en plein milieu de la route et bondit hors de sa voiture.

_ Bordel ! Cracha-t-il.

Son loup brilla dans ses yeux alors qu'il s'agenouillait. Il posa une main sur mon épaule en voyant mon visage crispé et une sur le front d'Isis. Il fronça les sourcils en sentant qu'elle était froide. J'avais un peu mal partout et j'avais l'impression que quelque chose n'allait pas, mais ça devait être simplement l'inquiétude. Isis ouvrit avec grand mal ces yeux, qu'elle tenait à peine ouvert et avisa Nael.

_ Hey, souffla-t-elle.

_ Tu es dans un sale état, soupira-t-il.

Je lâchai un rire nerveux. Isis frôla ma joue. Nael me jeta un coup d'œil.

_ Est-ce que tu vas vomir, Zozo ? Souffla Nael.

Je le fusillai du regard et fis la moue.

_ Alors rapproche toi, grondai-je, que je te vomisse sur la face, espèce d'idiot de loup !

Nael sourit malicieusement. Gamin, il me mettait les nerfs entre trente secondes top chrono alors que j'étais l'un des plus sages... pour vous dire. Entre lui, Joaquim et moi. C'était vraiment n'importe quoi.

_ Ne commencez pas tous les deux, souffla Isis.

_ Je te retiens, grognai-je alors que Nael frottait mes cheveux en un geste fraternel.

_ Il va falloir immobiliser cette jambe, remarqua-t-il. Sinon, on ne pourra pas te bouger sans te faire... Vraiment très mal.

_ Mal et vite ? Ou Mal et long ? Soufflai-je en embrassant le front d'Isis.

Elle secoua la tête.

_ Je ne veux pas rester sur cette route. Il faut bouger, murmura-t-elle.

_ Laisse-moi juste faire un truc alors, grogna Nael en allant vers les arbres.

Il revint avec deux branches assez épaisses.

_ On mettra l'attelle après, dit-il. On va l'installer dans le coffre.

Nael nous jeta un coup d'œil alors que je le fusillai du regard et qu'Isis avait la bouche entrouverte.

_ Quoi ? Fit Nael, surpris par notre tête.

_ Isis n'ira pas dans le coffre, grondai-je.

_ Eho, nous calma Nael. Tu peux aller avec elle si tu veux. Mais il faut qu'elle soit allongée et seul le coffre est assez grand.

_ C'est bon, Zoran, souffla Isis. Il faut bouger...

_ Respire, Zoran, murmura Nael.

Je clignai des yeux. Conscient que je m'étais évanoui. J'entendais les cris d'Isis mais aussi les grognements de Nael qui tentait de trouver ce que j'avais.

Hém... Hémorragie interne je crois. Je tentai de garder les yeux ouverts, mais j'avais vraiment mal partout. Je crois que je n'avais jamais eu aussi mal depuis la dernière raclé que Yahto m'avait mis. Quelques jours... Quelques jours avant que Jahyan arrive... Pourquoi... pourquoi est-ce que je pensais à ça ?

_ Zoran ! Cria Nael en me secouant brutalement.

Je grimaçai et hurlai de douleur, me redressant. Je toussai et crachai du sang. Je regardai ma main pleine de sang. Le regard d'Isis croisa le mien. Elle pleurait. Sa bouche était entrouverte sur un cri silencieux.

_ Merde ! S'écria Nael.

_ Zo... Zoran... Tu m'entends ? Souffla Isis... Je suis là... d'accord... Je...

Je me pliai en deux et une nouvelle quinte de toux me mis à terre.

_ Nael ! Hurla Isis.

Des bras me soulevèrent et j'atterris sur la banquette arrière, plié en deux.

_ Aller Isis, entendis-je Nael. Serre les dents.

_ Merde ! Cracha-t-elle.

Un cri de douleur fit frémir mon loup, mais déjà je m'évanouissais.

Quelque chose tirait sur mon énergie et l'hémorragie ne devait pas m'aider.

Des mains sur mon corps me firent sursauter et je les repoussai en grognant. Mon loup prit les commandes et repoussa la première personne qui était à mes côtés.

_ Zoé ! S'écria quelqu'un.

_ Ça va, souffla la voix.

Quelqu'un me plaqua contre une table et je croisai le regard de Nael. Il souffla en poussant contre moi mais réussis à m'immobiliser.

_ Tout va bien, murmura-t-il. Tout va bien.

Mon loup remua doucement en moi, tentant de guérir un de mes reins qui avait été durement touché par mes côtes cassées. C'était affreusement douloureux maintenant que je le comprenais. Un cri me parvint et de nouveau mon loup s'agita.

_ Laisse-le ! S'écria Auxann me semble-t-il.

Mon loup bondit sur nos pieds, mais mon corps était faible et il tituba un instant. Mais il traversa quand même la pièce alors qu'Auxann s'écartait d'Isis les deux mains devant lui. Mon loup s'approcha et croisa le regard fiévreux d'Isis.

_ Ça va, souffla-t-elle en nous tendant ses bras.

Il prit son visage entre ses mains et l'observa un instant. Elle n'était pas bien. Elle n'était pas bien du tout. Mon loup vacilla sur nos jambes. La douleur était encore là.

_ Attends, souffla Auxann dans mon dos.

Il devait retenir Nael. Je n'arrivais pas à reprendre le dessus. J'avais trop de mal à me concentrer face à la fureur et surtout à l'inquiétude qui nous tenaillait.

Isis... On avait blessé Isis.

Gravement blessé.

_ Zoran, murmura-t-elle en touchant ma joue. Ça va... Respire. Il faut que tu te soignes.

Je me retins à la table d'examen sur laquelle elle était et posai mon front contre sa poitrine. Elle caressa mes cheveux et j'aperçus enfin le bandage immense qu'elle avait sur la cuisse. Son genou était relevé grâce à un coussin. Elle tremblait encore ce qui n'était pas bon. Les battements de son cœur étaient loin d'être régulier. Elle posa une main froide sur ma nuque brûlante. Je ne savais pas si j'avais de la fièvre. Mon loup voulait juste se rassurer. Il voulait juste la sentir.

Ce n'était pas trop demander n'est-ce pas ?

_ Isis ? Souffla Auxann.

_ Laisse, murmura-t-elle. Ça va aller... J'en... j'en ai besoin aussi...

Son autre main glissa dans mes cheveux, tirant légèrement dessus. Mon loup comprit qu'elle réclamait notre attention. De suite, il se redressa vers son visage, frôlant ses lèvres des nôtres.

_ Soigne-toi, Zoran, murmura-t-elle. Soigne-toi.

_ Ne t'occupes pas de ça, rétorqua mon loup d'une voix particulièrement rauque.

_ Zoran ? Souffla la voix de Nael dans mon dos.

Mon loup gronda doucement.

_ Attends, fit Auxann. Attends un peu...

Isis jeta un coup d'œil à l'Alpha dans mon dos et sourit doucement. Mon loup reposa sa tête sur ses seins, écoutant le rythme des battements de son cœur.

Sourds.

Rapides.

Un peu trop rapide ?

_ Donne lui une chaise au moins, soupira Nael.

Il y eut un léger bruit et mon loup sentit quelque chose dans notre dos.

_ Assieds-toi, souffla Isis.

Mon loup tira du pied la chaise sous nos fesses et s'y assit lourdement, gardant la tête sur le ventre d'Isis.

_ Il faut vous reposez tous les deux, souffla Auxann.

Isis hocha la tête, frémit et souffla doucement. Cela lui faisait mal, mais je n'étais pas en état de faire quoi que ce soit. Je voulais juste qu'elle aille mieux. Je voulais juste qu'elle guérisse.

Là. Maintenant.

Pas dans des jours.

Des semaines ?

Elle aurait pu mourir de cette blessure bon sang. Elle n'était reliée qu'à Timothy et elle avait beau être puissante, elle restait fragile.

Tellement fragile à mes yeux.

Je sentais que mon loup tentait de nous soigner, mais c'était compliqué. J'avais l'impression d'utiliser mes réserves d'énergies ce qui voulait dire que ma blessure avait été plus grave que je ne le pensais. Je ne voyais pas autre chose.

Mais seule la santé d'Isis m'importait.

_ Je ne bouge pas d'ici, soufflait Nael.

_ Il faut leur donner un peu d'espace, soupira Auxann. Son loup doit absolument se calmer.

_ Je connais son loup mieux que quiconque, grogna Nael. Laisse-moi le gérer. Crois-moi : je dois l'éloigner d'Isis, sinon il n'arrivera pas à reprendre pied.

La main d'Isis se serra sur ma nuque et mon loup se redressa légèrement.

Nos regards se croisèrent et ce qu'il passa entre nous fut une compréhension toute particulière.

Sans mot, ni expression.

Nous devions restés ensemble. Nous ne devions pas nous écarté.

Nous étions en ce moment même la balance de l'autre. Si l'un de nous s'écartait... il y en aurait un qui toucherait le fond sans que l'autre puisse le rattraper.

C'est ce que notre regard me souffla.

Ce que mon loup comprit et il me laissa difficilement la place pour parler :

_ Ça ira, murmurai-je.

Les deux hommes se figèrent dans mon dos. Il n'y avait plus qu'eux dans la pièce où nous étions. Sur ma droite, il y avait une cage. Ce qui me fit penser à la maison. Dans la cave. Il y avait la même chose. Au cas où. Ou quand je devais punir quelqu'un.

Je frémis et Isis resserra sa prise.

_ Zoran ? Souffla Nael.

_ C'est... moi, haletai-je alors que mon loup poussait déjà pour remonter à la surface. Je... Je préfère rester avec Isis. D'accord ?

_ Il faut qu'elle dorme, ordonna Auxann. Qu'elle se repose. Compris ?

Isis hocha la tête, ses paupières lourdes.

_ Tu nous laisses approcher, Zoran ? Souffla Auxann.

Mon loup gronda, mais Isis grimaça et je sus qu'elle avait besoin de quelque chose.

_ Vite, murmura mon loup, surprenant Isis.

Elle se mordit la lèvre. Auxann fit le tour et se pencha sur Isis, une piqûre dans la main.

De la morphine.

_ Ça t'aidera un peu à dormir, souffla-t-il en lui injectant la dose du produit.

Mon loup fronça le nez en sentant l'odeur d'Isis se modifier légèrement avec tous ses médicaments. Auxann déposa la seringue dans un plateau à côté et s'écarta doucement, frôlant la joue d'Isis. Elle roula sa tête vers moi et je me pressai contre son flanc intact, ma tête dans son cou.

Je crois qu'elle s'endormit quelques secondes plus tard. Je crois aussi que Nael resta dans la pièce, mais je n'en fus pas sûr. Hormis écouter les battements de cœur d'Isis qui étaient un peu plus réguliers avec la morphine, je ne faisais attention à rien d'autres.

C'était vital qu'elle aille bien...

Bon sang... qu'avais-je fait ?

La nuit fut longue et je restais au chevet d'Isis, toujours pressé contre elle. J'avais l'impression de récupérer doucement à son contact et ça me faisait légèrement peur. Mais le pire dans tout ça, c'est que j'allais devoir appeler Timothy, ainsi qu'Eneko. Ce dernier allait m'assassiner à travers le téléphone. Je le savais déjà.

N'arrivant pas à dormir, je laissai Nael vérifier si j'allais bien. Il avait une bonne formation des soins et il fut satisfait d'entendre que mes poumons fonctionnaient bien que mon rein allait mieux.

_ Ton loup tient beaucoup à Isis, souffla-t-il alors que je caressai doucement la cuisse dénudée d'Isis.

Celle qui allait bien. Mon autre main était prisonnière des mains d'Isis sur son ventre. Mon front était légèrement posé sur sa hanche, mon nez frôlait de temps en temps la peau de son ventre. Mon loup se rassurait en la touchant. En la sentant se réchauffer. Elle dormait profondément depuis sept heures maintenant. Sa respiration était régulière et sa peau chaude. Ses joues avaient repris des couleurs, mais sa jambe n'allait pas guérir comme ça.

_ Je tiens beaucoup à elle, murmurai-je.

_ Je peux le voir, Zoran, fit Nael en posant une main sur mon épaule. Elle ne bougera pas. Viens manger.

_ Je ne peux pas la laisser, Nael, murmurai-je en grimaçant, mon front contre la hanche d'Isis.

_ Je vais t'apporter quelque chose alors, soupira-t-il.

Je hochai la tête, le remerciant. Il sortit de la pièce en grimpant des escaliers. Une porte se referma.

Je me redressai, observant le visage d'Isis.

Si je trouvais ceux qui lui avaient fait subir ça, je jurais de les tuer.

Je ne casserai pas des doigts.

Je briserai des nuques.

Mon loup grogna de satisfaction à ces pensées. Il voulait sa vengeance.

Je fermai les yeux, repoussant toutes ses pensées.

Un pas de travers et j'aurais droit à une visite.

Un pas de travers et Isis elle-même me mettrait à l'amende.

Je retins un grognement et ma gorge se serra.

Jamais je n'avais eu aussi peur... Jamais je n'avais ressentis cette peur viscérale au creux de mes entrailles quand la voiture avait roulé... Quand Isis avait hurlé de douleur.

Je frémis. Les mains d'Isis se resserrèrent sur les miennes et je me redressai, désireux de croiser son regard. Elle cligna des paupières et ouvrit ses yeux. Je lui souris piteusement. Elle voulut bouger, mais grimaça.

_ Ne bouge pas, soufflai-je en m'asseyant sur le bord du lit.

Je repoussai une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et elle s'agrippa à mon poignet.

_ Tu te sens comment ? Murmurai-je.

_ Mal, soupira-t-elle en grognant.

Je ris doucement et embrassai la jointure de ses doigts en les portant à ma bouche.

_ Tu as faim ? Soif ? M'enquis-je.

_ Soif, dit-elle en grimaçant.

Je relâchai à regret ses mains et attrapai le verre et la carafe qui se trouvait sur le côté. Je versai un verre d'eau. Passant un bras dans son dos, je la redressai légèrement et levai le verre à sa bouche. Ses mains légèrement tremblantes prirent le verre et elle but avec empressement. Je lui en redonnai deux et au bout du quatrième la stoppait.

_ Merci, souffla-t-elle en se laissant retomber contre le lit.

_ Il y a d'autres moyens d'attirer l'attention tu sais ? Me moquai-je.

Elle me fusilla du regard et j'embrassai son nez. Elle ne put retenir son sourire, mais frémit légèrement.

_ Tu vas bien ? Souffla-t-elle frôlant ma joue.

J'embrassai sa paume et me pressai contre elle.

_ Mieux maintenant, admis-je.

Elle eut un léger sourire et me quémanda un baiser que je lui donnais. Elle me tira vers elle et m'allongea contre le haut de sa poitrine, mon visage dans son cou. Je retenais légèrement le poids de mon corps et me pressai contre elle.

Durant les trois jours qui suivirent, j'eus pas mal de choses à faire. Je dus appeler Timothy. Il s'empressa de me dire qu'il rallierait la Nouvelle-Orléans aussi vite que possible. C'est à dire dans quelques jours. Nous n'étions pas près de bouger vu l'allure à laquelle Isis semblait guérir. Enfin de mon point de vue, d'après Auxann et Isis elle-même, elle guérissait beaucoup plus vite que d'habitude. Je dus appeler Eneko, qui sembla faire le mort pendant quelques secondes à l'autre bout du fil avant que Shana ne prenne le téléphone pour savoir ce qu'il se passait. Elle réussit à rassurer Eneko et à l'empêcher de venir ici dans la journée qui venait. Isis le rappela le deuxième jour, quand elle fut capable de garder les yeux ouverts plus de quelques heures d'affilées. Et réussit à le rassurer à sa façon. Le papa qu'elle lui murmura sembla même le rendre fou de joie encore une fois.

Isis était clouée au lit pour l'instant et elle fut installée dans une chambre plutôt claire et spacieuse. Tout le monde était au petit soin avec elle.

Surtout moi à vrai dire, même si je contrôlais mon loup d'une manière tout à fait inhabituel... Je le retenais à vrai dire. Il n'arrêtait pas de la toucher, de l'embrasser, de lui montrer qu'il était là, prêt à satisfaire le moindre de ses désirs. Si personne ne disait rien sur le comportement de mon loup, je voyais moi-même ce que je paraissais être pour Isis. Et bon sang... même si je n'aurais pas dû, je me gardai l'excuse que je n'avais pas le droit de me lier et que de toute façon, elle était une louve solitaire.

Elle n'avait pas besoin de se lier. N'est-ce pas ?

Auxann était particulièrement protecteur envers Isis et lui passait ses quatre volontés. Entre lui et moi, c'était assez drôle à voir. Je retrouvai Nael, toujours le même. Toujours prêt à me faire péter un plomb en trente secondes.

Cela faisait déjà cinq jours que nous étions ici.

Cinq jours qu'Isis se remettait. Auxann voulait la faire marcher aujourd'hui, mais je n'étais pas encore totalement sur que ce soit une bonne idée. Hors, Isis ne supportait plus son lit. Alors, elle allait marcher, avec ou sans mon accord.

Je portai le plateau du dîner d'Isis dans sa chambre. Alors que j'ouvrais la porte, Isis ronchonna quelque chose à Nael qui était assis en tailleur sur son lit, à sa droite. Ils jouaient aux cartes. Je crois que Nael était un vrai tricheur, mais ça. On ne changeait pas de vieilles habitudes.

_ On t'a pourtant appris à laisser gagner la dame, remarquai-je en déposant le plateau sur la commode à côté du lit.

Isis me sourit et me tendit ses lèvres. J'y déposai un baiser et m'assis à sa gauche, observant ce que faisant Nael.

_ Je ne fais que jouer, si mademoiselle n'est pas contente, appelle Auxann. Lui il te laissera gagner.

_ Pas faux, admis-je.

Isis me mit un coup de coude dans les côtes en boudant.

Je soulevai légèrement le drap, frôlant le pansement sur sa cuisse. Elle n'avait pas eu de fracture ouverte, ce qui nous avait un peu sauvé la mise, mais elle avait eu une profonde entaille, qui aurait pu toucher l'artère fémorale. Elle avait des micros fractures sur l'os de la cuisse, mais toutes semblaient se résorber d'après les radios passées chez un radiologiste qu'Auxann connaissait.

_ Mon tour ? Fit Nael.

_ Bien sûr que non, grogna Isis. Tu vois un peu ?

Je ris et embrassai sa tempe.

_ Il faut manger, dis-je en me levant, remettant le drap en place.

_ J'ai gagné, se moqua Nael.

_ Non, grogna Isis. Je t'ai mis la pâtée. N'essaye pas de guérir ton ego de mâle blessé.

_ Petite chose agaçante, rétorqua Nael.

Je secouai doucement la tête. Ces deux-là... Pire que Nael et moi quand on s'y mettait. Je déposai le plateau sur la gauche d'Isis. Elle prit son sandwich bien garnit entre les mains et mangea lentement. Elle n'aimait pas que je l'observe, mais elle savait aussi que je surveillais son alimentation.

_ Eneko a rappelé, remarqua Isis. Je lui ai pourtant dis que c'était moi qui le ferait la prochaine fois.

_ Ton père s'inquiète beaucoup, fit Nael. C'est normal.

Je hochai la tête, ouvrant le sachet de chips dont Isis raffolait. Elle prit celle que je lui tendais et la mangea. Elle avait cessé de se battre contre ce que je lui donnais à manger. Ce soir, c'était un peu spécial. Auxann n'allait pas tarder à monter pour lever Isis. Je ne pouvais pas le faire, mon loup serait trop tendu et je risquai plus de tendre Isis. J'avais accepté le fait qu'Auxann était bien plus doué que moi pour s'occuper d'Isis. Mon loup c'était une autre histoire mais ça...

Si Isis marchait ce soir, dans trois jours, il était prévu qu'on aille chez Azad. Seulement, Auxann nous avait donné la permission d'une seule journée. Je serais celui qui retournerait chercher les papiers qu'Azad voudrait bien nous délivrer. Je devenais moi-même le messager d'Isis en quelque sorte.

A mon grand étonnement, Isis marcha comme une chef. Et ce ne fut pas trois jours, mais deux jours, qu'elle mit à être prête pour aller chez Azad. Elle était encore peu sure d'elle, mais cela faisait déjà presque une bonne semaine que nous étions chez Auxann, et elle ne voulait pas trop traîner. Nous avions pris du retard. Notre visite chez Azad fut très... rapide. La présence de Nael dut sûrement rendre Azad méfiant, mais il finit par accepter et par me donner le lendemain, les papiers que nous voulions.

Alors que je garai la voiture devant chez Auxann, je levai mon regard sur Nael. Il tenait des courses dans les bras. Je sortis de la voiture et allai l'aider. Je pris mon sac ou se trouvait la liste des Mains de l'Etat de l'Arkansas. J'aidai Nael en lui choppant un sac. Nous débarrassâmes tous dans la cuisine. Auxann et Isis discutaient sûrement dans son bureau, car j'entendais leur voix dans la maison.

Nael me paya une bière et une cigarette dans le jardin. On s'assit au bord de la piscine alors que le soleil terminait sa course.

_ Vous allez reprendre la route ? Souffla-t-il en allumant sa clope.

Je fis la même chose et bus une gorgée de bière.

_ D'ici deux jours, Isis veut bouger, admis-je.

Nous en avions parlé tous les deux hier soir. Elle voulait qu'on fasse l'amour, mais je la trouvais encore bien trop fragile. Je croyais même avoir retenu une petite insulte du genre « petit con », mais j'avais réussis à le détourner du sexe. Même si j'avais... terriblement envie d'elle. Une semaine de chasteté après un mois de... super sexe. Par miracle, elle avait pensé à sa pilule le soir où elle avait enchaîné sept heures de sommeil. Je crois que son portable avait sonné, me rappelant la même chose d'ailleurs. Donc, nous étions encore protégé, et elle adorait me le rappeler. Jusque-là, j'avais réussi à détourner l'attention de ma louve insatiable. Je dormais de nouveau avec elle depuis qu'elle marchait. Sinon, je dormais dans le canapé qui se trouvait dans la chambre où elle était.

_ Tu m'as surpris Zoran, m'avoua Nael en se grattant la nuque.

Je le regardai, haussant un sourcil.

_ Je sais que tout le monde a évité le sujet, aussi avec toi qu'avec Isis, mais... vous êtes très proches. Dois-je t'encourager... ou te mettre en garde ?

Je connaissais les idées de Nael sur une compagne. Il connaissait aussi les règles que je suivais.

Ma relation avec Isis ne mènerait qu'à une fin douloureuse pour nous deux. J'avais eu le temps d'y réfléchir ces derniers jours en la regardant dormir. Et surtout en prenant conscience de la peur que tout ça m'avait inspiré.

_ Les deux, soufflai-je.

Nael hocha la tête, soucieux et à la fois content. Je savais qu'il ne détestait pas l'idée qu'une Main ait une compagne. Auxann ne l'empêchait pas. C'était lui qui avait choisi de plaider fidélité et allégeance à son Alpha et seulement à son Alpha.

Tout comme je l'avais fait.

Tout comme les Mains de la première génération l'avait fait.

Nael.

Joaquim.

Moi.

Neal... lui, il n'avait pas vraiment eu le choix. Nanita avait été son âme sœur et quand ils s'étaient rencontrés ça avait été une évidence. Elena les avait protégés.

Quant à Bjorn... Eh bien, s'il avait une âme sœur sur cette terre, je lui souhaitai de ne jamais croiser la route de Bjorn. Ou alors, qu'elle soit aussi vicieuse, sanguinaire et psychopathe que lui. Sinon, il la boufferait en deux secondes. Bjorn était la Main de Darell Bailey et il était à l'image de son Alpha.

Au fur et à mesure des années, et aussi du nombre de mains qui se liaient, les idées avaient changé évidemment. Joaquim craquerait peut être d'ici quelques années s'il ne rencontrait pas son âme sœur. Nael... Nael pourrait repousser malgré lui son âme sœur s'il la croisait. J'en avais bien peur.

Quant à moi, j'étais né seul sur cette terre. Pas d'âme sœur pour moi.

Isis était quelqu'un de très précieux à mes yeux... mais ça n'irait jamais plus loin. Nous pouvions toujours nous mentir et nous voiler la face. A la fin de ce voyage, la rupture serait plus sombre et plus déchirante que tout ce que j'avais vécu jusqu'ici.

Et j'avais moi-même plongé dans cette eau trouble que j'avais gardé si longtemps éloigné de moi.

_ Tu as des nouvelles de Jo' ? Souffla Nael, suivant sûrement le même cours de pensée que moi.

_ Shay s'occupe bien de la meute, souriais-je à leur bon souvenir. Jo a dû mal avec Bajram, mais qui n'a pas du mal avec lui ?

Nael me lança un regard noir. Lui aussi avait des antécédents avec Bajram. Des gros même.

_ Si je choppe ce mec, je l'égorge, grogna Nael.

Parfois, Nael pouvait vraiment passer du tout au tout et c'est ce qui m'avait fasciné chez lui à une époque. Maintenant, je le connais bien trop pour avoir peur de ses répliques qui sortaient droit de son cœur. Je ricanai et levai ma bière.

_ A cet enfoiré de Bajram, qui nous a toujours damné le pion ! Souriais-je.

_ C'est un comble qu'il soit le fils de Yahto, soupira Nael.

Un ange passa.

_ Tu te lierais avec elle si tu le pouvais ? Murmura Nael abruptement.

Je le regardai avec de grands yeux.

_ Ne me dis pas que tu n'y as pas pensé, Zoran, souffla mon frère d'armes.

Personne n'avait été aussi direct avec moi à propos d'Isis. Cela ne m'étonnait même pas que ce soit Nael qui le soit.

_ Dans une autre vie, murmurai-je.

Oui.

Dans une autre vie.

Si je n'avais pas eu autant d'ennemis.

Si je n'avais pas eu autant de bagages.

Si je n'avais pas eu Jahyan en Alpha.

Si je n'étais pas né, Main.

Si je n'avais pas été un des premiers.

Nael hocha la tête.

_ Parfois, il suffit de saisir les opportunités qui s'offrent à nous, murmura Nael.

Ou simplement de les regarder s'éloigner.

Je ne le dis pas, mais le pensais.

Isis trouverait beaucoup mieux que moi si elle voulait vraiment se lier.

Et si elle le voulait seulement. Les louves solitaires pouvaient être très dur à combler. Il fallait que quelqu'un soit à sa hauteur. Sur tous les plans.

Je bus une autre gorgée de bière, en secouant doucement la tête.

Mon loup ne laisserait personne établir tous ses critères et entrer dans chaque catégorie.

Cette pensée me perturba... Mon loup ne semblait plus consciemment capable de laisser Isis de côté.

Pas après ce qui s'était passé.

Pas après ce que nous avions vécu ensemble.

Et c'est ce qui serait le plus dire à faire dans quelques mois.

Alors que nous finissions nos bières, Isis apparut sur la terrasse et de suite, nos regards se croisèrent.

Elle eut un grand sourire et s'approcha lentement, boitant à peine. Elle portait un jogging, mais je pouvais voir son pansement d'ici. Elle grogna en s'asseyant sur mes cuisses et j'embrassai sa tempe. Elle me piqua ma bière et la finit d'un coup.

_ Ouah, soufflai-je.

_ J'ai soif, dit-elle.

_ Une petite soirée ce soir, Isis ? Sourit Nael malicieusement.

_ Euh...

Je voulus protester, mais Isis acquiesçait déjà.

Qu'est-ce que voulait dire petite soirée entre Nael et Isis ?

Bon sang. 

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