16. Némésis


— C'est une très, très mauvaise idée de les laisser jouer au poker, dit Egon avec une moue.

— Ou de laisser boire Némésis, ajouta Jasper.

Je sentis le regard de Zoran alors que Naël ricanait, assit en face de moi.

Nous nous étions installés sur la terrasse et les lumières avaient été allumés pour nous éclairer. Tous les hauts-gradés d'Auxann étaient là ainsi que certains Veilleurs et Patrouilleurs.

En gros, il y avait pas mal de monde. Et la moitié était contre l'idée de nous laisser jouer au poker, parce qu'ils savaient exactement comment ça se finirait.

Sauf Zoran qui n'avait jamais assisté à ça. Il n'avait pas l'air emballé, mais il semblait un peu curieux quand même.

Naël et lui s'entendaient très bien et d'après ce que j'avais pu comprendre, Zoran, Naël et Joaquim avaient été comme cul et chemise lorsqu'ils étaient plus jeunes. Ils avaient été dans la même Maison tous les trois alors qu'ils n'étaient que des gamins.

Alors dire qu'ils étaient comme des frères n'était que la pure vérité.

Il était intéressant de voir comment Naël pouvait faire péter les plombs à Zoran en un temps record. Il l'avait fait tout à l'heure et j'avais ris jusqu'à en pleurer.

— On se défile, les garçons ? Fis-je avec un grand sourire.

Jasper grogna quelque chose et s'installa à la droite de Naël. Egon rit et jeta un coup d'œil à sa compagne ; Tamara. Cette dernière était une femme incroyable. Fine et toute en jambe, elle était vraiment d'une beauté à coupé le souffle. Elle secoua la tête et vint s'installer sur les genoux de son compagnon qui l'embrassa dans le cou.

Les couples de la meute de la Nouvelle-Orléans étaient vieux et la plupart avaient déjà des enfants. Egon et Tamara par exemple avaient deux garçons ; Alexian et Damian. Ils n'avaient pas beaucoup de différence d'âge, mais étaient le jour et la nuit, c'était le cas de le dire.

Elorn et Aby étaient ceux qui avaient été les plus productifs comme disait souvent Auxann. Ils avaient deux filles et deux garçons. La troisième de la fratrie, Mahera était partie depuis quelques années dans une autre meute, là où se trouvait son compagnon. Elle revenait rarement ici, mais cela ne semblait pas trop faire de peine à ses parents.

— Zozo, tu te laisse tenter ? S'enquit Naël en regardant derrière mon épaule.

Je sentais la présence chaude et rassurante de Zoran. Je la sentais depuis des jours puisqu'il ne me quittait jamais d'une semelle.

L'accident n'avait pas remué que moi et même le loup de l'homme derrière moi était devenu très protecteur.

Je savais qu'il ne fallait pas que je réfléchisse de trop à cela, mais parfois, je ne pouvais pas faire autrement.

— Pour que tu me dépouille de ce que je n'ai pas ? Non merci.

Tout le monde rit alors que Naël faisait la moue, une lueur malicieuse dans le regard. Je crois que de toute ma vie, je n'avais jamais vu un tricheur pareil. Le pire, c'était quasiment impossible de le prendre la main dans le sac tant il faisait ça bien.

Des siècles d'expériences qu'il avait dit une fois.

— Tu n'es pas drôle mon petit zozo, tu le sais ça ?

Je souris alors que Tylan, le dernier d'Elorn et Aby poussait un verre vers moi. Zoran claqua de la langue, mécontent, mais ne fit rien pour m'empêcher de boire une gorgée.

Tylan avait la même énergie que son père et il était évident que son loup était un Eros. Il n'était pas très puissant car encore très jeune, mais Elorn s'occupait déjà de lui et le ferait encore de très nombreuses années.

Un Eros était précieux. Tout comme une Eranthe. Il y en avait peu et toutes les meutes n'en avaient pas. Ce qui était problématique, surtout quand il était question de gérer les jeunes loups. Voilà pourquoi il était quasiment sûr qu'un jour, il partirait pour une autre meute. Le tout était qu'il apprenne à devenir un Eros et qu'il trouve son Alpha.

— Si un jour elle devient ivrogne, on ne pourra s'en prendre qu'à nous, lâcha quelqu'un.

Tout le monde éclata de rire et Naël me fit un clin d'œil.

Dès le début, il avait été très gentil avec moi, à la différence d'autres Mains. Tout de suite, il avait été très bavard et aucune fois je ne l'avais vu changer d'humeur en ma présence.

Zoran était un peu comme lui ; d'une gentillesse qui ne pouvait être feinte. Voilà peut-être pourquoi je n'avais pas réussi à le craindre.

Naël était une Main un peu à part des autres. Auxann n'aimait pas se séparer de lui. Mais quand il était obligé de le faire, ce n'était vraiment que sur de très courte période. Beaucoup voyait cela comme une faiblesse et en venait à douter de la puissance de Naël, mais ils oubliaient qu'il était une des premières Mains. Qu'il était de la première génération ; celle que Yahto avait lui-même prise en main. Cela n'était pas rien, loin de là. C'était même plutôt parlant quand on y pensait.

Naël était puissant.

Autant que pouvait l'être Zoran, Joaquim, Neal ou Bjorn, la Main de Darell. Mais simplement parce qu'il ne courrait pas les États-Unis comme les autres, on avait tendance à le mépriser. Ce qui était plus que stupide, c'était le cas de le dire.

Naël était une Main.

Il était dangereux.

C'était le prédateur ultime après tout.

— Ma petite Lane ne deviendra jamais alcoolique. Surtout pas sous mon toit. Et si ça devait arriver, je vous raserais tous.

Auxann s'avança derrière moi et je tournai la tête pour le voir.

Il portait un jean et un t-shirt. Il était rare de le voir comme ça et quand c'était le cas, on oubliait presque qu'il était à la tête d'une très grande entreprise et qu'il avait des milliers d'employés sous ses ordres. Ou qu'il était un Alpha. L'un des plus puissants de notre Pays, l'un des plus dangereux.

Il croisa mon regard et sourit.

J'aimais beaucoup Auxann. Il était le deuxième loup après Benjamin chez qui j'avais passé énormément de temps. Il me considérait comme l'une de ses louves et ça ne me dérangeait pas plus que ça pour tout avouer. Quand il me saluait, c'était comme s'il saluait Aby, Tamara, Zoé ou les autres. Zoran avait été surprit au début, mais je savais qu'il avait énormément de respect pour Auxann et que celui-ci me voyait plus comme... sa fille qu'autre chose.

De quoi rassurer le loup de Zoran.

— C'est moi qui me charge des punitions ici, Alpha, répliqua Naël.

— Et c'est toi qui as initié Némésis à tous tes vices, Main stupide.

Des rires alors qu'Auxann s'installait à côté de moi.

— Je me ferais un plaisir de raser Naël, grogna Zoran.

Et il paraissait être plus que sérieux en cet instant. Mon dieu...

Je lui donnai un coup dans la jambe avant qu'il vienne prendre place sur la chaise vide à ma gauche. Il attrapa ma main et noua ses doigts aux miens.

Je rougis très légèrement et nos regards se croisèrent. Juste un instant.

Mais c'était largement suffisant.

— Essaye donc, mon petit zozo chéri et j'appelle Joaquim pour qu'on te mette la pâtée.

Zoran se pencha par-dessus la table, un sourire carnassier aux lèvres :

— Besoin d'être deux, petite Nana ?

Naël tapa sur la table :

— Pas ce surnom, bon sang ! Je déteste ça !

Il attrapa une poignée de cacahuètes et les jeta à la figure de Zoran qui ouvrit la bouche, surprit.

— Vous avez finis de faire les gamins, les Mains ? Lâcha Jasper en allumant une cigarette.

Tamara essaya de lui chiper, mais il lui tira la langue comme un enfant. Je me tournai vers Auxann et me penchai sur lui :

— Est-ce que le niveau d'âge mental de tes loups reflètent le tiens, Brock ?

Il pinça les lèvres alors qu'une explosion de joie éclatait autour de la table.

Il se pencha à son tour et nos visages ne furent plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Auxann était un très bel homme, il n'y avait pas à dire. Tout comme tous les frères Brock en fait. Mais me retrouver si près de lui ne me faisait rien.

Un autre homme me donnait totale satisfaction et j'étais incapable de penser à quelqu'un d'autre.

— Ne me cherche pas trop, Lane, sinon je laisse Naël te foutre une raclée au poker.

Je fis la moue et me reculai alors que les yeux d'Auxann brillaient. Celui-là... Il regarda Zoran derrière moi :

— Un petit coup de main ?

— Avec plaisir. Si c'est pour plumer Naël, alors c'est parti.

Je secouai la tête et Naël prit un air très sérieux.

Il n'était plus question de rigoler pour lui, il était question de gagner. Quand il avait ce regard... ça ne voulait dire qu'une seule chose ; qu'il n'allait pas y aller de main morte.

— Vous savez que c'est de la triche quand même ? Auxann et Zoran avec Némésis, dit Egon.

— Et alors ? Naël n'est pas fair-play et vous non plus, dis-je en les pointant du doigt, Jasper et lui.

Quand j'étais ici et qu'un poker se faisait, Auxann m'aidait toujours. Mais ça n'empêchait pas Naël de gagner une fois sur deux.

Pas parce qu'il était doué, juste parce qu'il trichait divinement bien. Et ça avait le don d'en agacer certain.

Pour ma part, je trouvais tous ça assez drôle.

La partie commença, mais le silence ne se fit pas autour de la table. Ceux qui ne jouaient pas, buvaient et riaient et l'ambiance était légère, c'était le cas de le dire.

Naël était ultra concentré dans son jeu et je crois qu'en cet instant, rien n'aurait pu le déranger. C'était d'un drôle !

À mes côtés, Zoran et Auxann arboraient la même expression.

Je les laissai mener mon jeu à leur façon et c'était drôle de les voir se lancer des regards noirs quand ils n'étaient pas d'accord sur la marche à suivre.

Naël gagna la première partie et se recula dans son siège, sa tapotant les lèvres du pouce, en intense réflexion.

— À l'eau, dit-il en regardant les deux hommes à côtés de moi.

— Comment ça à l'eau ? Répéta Zoran.

— Tu es sourd, zozo ? Lève moi ton petit cul et va te mettre à l'eau. Tu as de la chance, je te laisse garder tes vêtements, pour ne pas que tu ais à te pavaner à poil devant tout le monde.

Naël me fit un clin d'œil et je détournai les yeux.

Je savais que les louves sans compagnons de cette meute ne tenteraient rien avec Zoran, surtout après l'avoir vu avec moi.

Nous étions presque comme deux compagnons. Et beaucoup l'avait vu sans aucun mal. Comment faire autrement de toute façon ?

Personne n'avait rien dit.

À part Auxann.

Lui, il ne s'était pas retenu pour me demander, pour en parler. Quelqu'un l'avait-il fait avec Zoran ? Naël peut-être ? Pas vraiment le genre de question que je pouvais poser à Zoran... mieux valait éviter la question.

Jusqu'à ce que tout cela soit finit.

Jusqu'à ce qu'il retourner chez Jahyan et moi auprès de Timothy.

Parce que c'est ce qui allait arriver, n'est-ce pas ? À la fin, il n'y aurait plus vraiment de... « Nous ».

Mon ventre se noua à cette pensée et ma louve remua, mal à l'aise.

Ne pas penser à ça. Surtout pas.

Il restait du temps. Il nous restait du temps. Alors je repoussai ses pensées et regarda Zoran qui foudroyait Naël du regard.

— Soit c'est vous, soit c'est elle. Aller, hop hop hop là !

— Tu es trop dur en affaire, lâcha Auxann en se levant. La prochaine partie il y aura vengeance.

— C'est ça, c'est ça.

Zoran se leva aussi et Egon les accompagna jusqu'à la piscine pour vérifier qu'ils se jetaient bien à l'eau.

Naël en profita pour servir un grand verre d'alcool et le pousser vers moi :

— Cul sec.

— Tu es fou, dit Jasper en secouant la tête. Avec ça, elle ne va plus tenir debout.

— Je ne me lèverais pas. Et... je n'irais pas faire pipi.

Jasper pouffa et je vidai le verre cul sec.

Ça me brûla la gorge pendant quelques secondes et je fermai les yeux pour laisser passer la sensation.

J'entendis du bruit en provenance de la piscine et regardai Naël :

— Tu tiens vraiment ton Alpha par le bout du nez.

— C'est le cas de le dire, grommela Jasper avec une moue.

Naël attrapa le Second de la meute par les épaules et fit chauffer son poing sur le sommet de son crâne en riant juste avant de se recevoir un t-shirt trempé en pleine face.

Mon regard se posa sur Auxann et Zoran. Ce dernier ne portait que son short quand Auxann avait viré son Jean et se trimbalait en boxer. Il aurait pu être cul nu s'il le voulait, mais voulait sûrement me préserver.

Il savait à quel point j'étais pudique et que j'avais du mal avec la nudité des autres. Il me fit un clin d'œil alors que Naël ricanait.

Zoran reprit place à côté de moi et ses lèvres effleurèrent ma joue alors qu'il s'asseyait.

Mon cœur eut un loupé.

Ça faisait trop longtemps qu'il ne m'avait pas touché. Trop longtemps que mon corps réclamait ses caresses, avide de lui.

J'étais avide de lui.

Je voulais le sentir en moi.

Le toucher.

Qu'il me touche. Mais depuis l'accident, il croyait que j'étais en sucre et c'était en train de me rendre complètement folle.

— On remet ça ? Sourit Naël.

— Je t'en prie, fit Auxann en se grattant la joue.

Il avait une petite barbe de trois jours qui le vieillissait un peu tout en lui donnant une sacrée dose de sex-appeal en plus.

Auxann n'était pas le genre d'homme à passer de conquête en conquête. Il n'avait jamais touché une seule de ses louves, même si certaines auraient aimées, c'était évident.

Une autre partie commença et cette fois, Auxann seul mena le jeu. Au fur et à mesure, Naël commença à fa ire la grimace et Zoran ne put retenir un ricanement à côté de moi. Tylan me servit un autre verre, mais Zoran me le chipa et le bu sous mes yeux.

— Hé !

Ses yeux si sombres se posèrent sur moi et instinctivement, je serrai les cuisses.

Bon sang !

Comment son simple regard pouvait-il avoir autant d'effet sur moi ? Je me le demandais. Et il le perçu sans aucun mal. Il se pencha sur moi, sur mon cou, et son souffle me chatouilla, faisant se dresser les poils de mes bras.

Je frissonnai.

Il ne dit rien, parce qu'il savait que tout le monde pourrait l'entendre, mais sa main qui remontait le long de ma cuisse parlait pour lui.

Mon souffle se bloqua dans ma gorge et mon cœur se mit à galoper à la façon des sabots d'un cheval.

J'avais envie de lui dire « touche-moi », de prendre sa main et de la mettre là où je voulais qu'elle soit.

Je devais être malade pour penser ça.

Ou avoir un peu trop bu.

— Haha ! Cria alors Auxann, me faisant sursauter.

Je vis Naël grogner, mécontent d'avoir perdu, mais pour une fois, ne cherchant pas à contester. Auxann se leva et presque à la façon de Jahyan, claqua des doigts. Tout de suite, je vis les visages de Jasper et d'Egon se fendre d'un immense sourire.

Les deux loups attrapèrent Naël qui fronça les sourcils et regarda son Alpha. Ce dernier se pencha au-dessus de la table :

— Vengeance, vengeance petit loup.

Auxann se tourna vers Zoran et fit un geste de la main en direction de Naël :

— Fais-en ce que tu veux. Je crois qu'il n'y a pas plus inutile comme Main.

Je secouai la tête, mais ne pu retenir mon sourire. Zoran se leva d'un bond et alors que Jasper et Egon essayaient de maîtriser Naël qui n'arrêtait pas de rire, il se joignit à la mêlée.

Naël fut trainée vers la piscine avec une escorte.

Tout le monde riait.

Tout le monde chantait.

Certains ne marchaient plus du tout droit et j'étais sûre que si je me levais à cet instant, cela aurait été pareil pour moi. Tamara et quelques autres restèrent autour de la table.

Il y eut des cris et je crois que plus d'une personne finit à l'eau, mais pas sur...

Je restai un moment-là, à attendre que tous les autres reviennent, mais l'envie de faire pipi me prit et je commençai à me tortiller sur ma chaise.

Il était temps de bouger. J'appuyai mes paumes sur la table et me levai.

Tout de suite, je chancelai et le monde autour de moi sembla tournoyer, encore, encore et encore. Je me sentis euphorique en même temps que je savais que je n'allais pas tenir sur mes deux jambes. Mais ma vessie ne pouvait pas attendre que mes jambes soient stables. Ça me paraissait être une sacrée évidence.

— Je crois que notre petite Némésis ne tient pas l'alcool, rit Tamara.

Je lui tirais la langue et reculai.

Je faillis m'étaler de tout mon long et pendant un instant, me demandai si j'avais vraiment fait attention à tout ce que j'avais bu.

Une main attrapa mon coude et je tournai mon visage vers Tylan.

— C'est plus sûr que je t'accompagne, sourit-il.

Il allait passer son bras autour de ma taille, mais une main l'arrêta.

— Je m'en occupe, grogna Zoran en m'attirant tout contre lui.

Tout contre sa chaleur.

Tout contre son corps. Tout contre sa masculinité si parfaite.

Je ne sais pas ce que vit Tylan dans les yeux du mâle à mes côtés, mais il leva légèrement les mains devant lui et recula.

Zoran me força à me diriger vers la maison, mes hanches presque soudées aux siennes tant il me tenait fermement.

— Tu tiens à peine debout, lâcha-t-il, mécontent.

Je levai les yeux au ciel et ne cherchai même pas à lui répondre. Il me conduisit jusqu'aux toilettes sans encombre et m'ouvrit la porte.

Il resta dans mon dos, ses mains sur mes hanches.

— Laisse-moi faire pipi, dis-je, plus que pompette.

Zoran rit et me lâcha trop soudainement. Je faillis m'éclater sur les WC avant qu'il ne me rattrape.

— Tu le fais exprès ! Criai-je alors qu'il me retournait dans ses bras.

— Je peux t'aider à te déshabiller si tu veux, souffla-t-il.

Je fermai les yeux et inspirai très, très fort.

— Laisse-moi faire pipi toute seule comme une grande, s'il te plaît.

Il rit encore et cette fois, attendit que je suis stable sur mes jambes pour me lâcher et reculer.

— Je ne ferme pas la porte.

— Tourne-toi au moins, grognai-je.

Il leva les mains en l'air et je savais qu'il souriait. Je m'installai sur les toilettes et vidai enfin ma maudite vessie avec un soupir de soulagement. Qu'est-ce que ça faisait du bien, bon sang !

Je relevai les yeux sur Zoran qui avait les mains fourrés dans ses poches et qui semblait attendre patiemment que j'ai finis.

Mon regard s'attarda sur son dos.

Sur ses cicatrices, sur la forme si bien dessinée de ses muscles.

Mon ventre se serra.

J'aimais bien savoir que je connaissais son corps par cœur. J'aimais bien savoir que depuis deux mois, j'étais la seule qui le touchait et la seule que lui touchait. Quelque part, j'aimais que ce soit ainsi.

Quelque part, je pouvais me dire que j'étais spéciale à ses yeux.

— Le panorama te plait ? Dit-il alors, me tirant de mes pensées.

Je rougie et quand je fus de nouveau debout, il m'attrapa par les poignets et m'attira à lui. Il referma la porte et je me retrouvai plaquée contre.

Pouvais-je avoir plus conscience de son corps qu'en cet instant ? Je n'en étais pas sûre.

Je ne sentais que lui.

Je ne voyais que lui.

Zoran.

Zoran.

Et encore Zoran.

— Énormément, Monsieur Swanson.

Il secoua la tête, amusé alors que ses hanches se pressaient contre les miennes.

Et je sentis son sexe. Cela me fit immédiatement gémir. J'avais terriblement envie de lui. Ne le sentait-il pas ? Ne le voyait-il pas ?

Il releva mes bras au-dessus de ma tête avant que je n'ai eu le temps de laisser mes mains coururent sur sa peau.

Je fis la moue :

— Je ne suis pas d'humeur à vouloir jouer, Zoran.

Sa réplique à cela ? Un sourire lascif. Qui me fit de l'effet jusque- !

— Et tu es d'humeur à quoi, bébé ?

Sa langue dans mon cou. Mon souffle erratique. Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais rien faire. J'étais prisonnière de lui.

Complètement.

Irrémédiablement même.

Si ça me dérangeait ? C'était Zoran et il pouvait faire de moi ce qu'il voulait. Tout ce qu'il voulait. Je n'avais pas peur de m'en remettre à lui.

Je n'avais pas peur de m'abandonner sans chercher plus loin. Et c'est bien cela qui me faisait peur. Je n'aurais pas dû avoir autant confiance en lui. Je n'aurais pas dû être ainsi.

Et pourtant... c'était plus que le cas.

— Tu ne peux pas faire comme s'il n'y avait rien, Némésis, souffla Auxann.

Je le regardai, tordant mes doigts dans tous les sens.

— Ce n'est pas... ce n'est pas mon intention.

— Alors qu'est-ce qui se passe avec ce loup, Lane ?

J'aurais pu lui dire que ça ne le regardait pas. J'aurais pu lui dire de s'occuper de ses affaires, mais il y avait longtemps qu'Auxann faisait partie de ma vie.

Je me sentie rougir et baissai la tête, la cachant entre mes mains.

— Je ne sais pas. Rien. Quelque chose.

Penser dans ma tête à tout ça était une chose, mais en parler...

Zoran était une Main.

— C'est la Main de Jahyan Pearson.

Et cela voulait tout dire, n'est-ce pas ?

Auxann ne dit rien pendant de longues minutes. Cela me parut même être une éternité.

— Et s'il ne l'était pas ?

— Tu le sais très bien, soufflai-je, à bout de souffle.

J'avais l'impression d'être complètement différente de d'habitude sans arriver à mettre le doigt dessus.

C'était l'alcool qui me rendait comme ça.

C'était Zoran.

Ses dents râpèrent contre la peau de mon épaule et je gémis, mes mains dans ses cheveux. Je savais que n'importe qui pouvait venir. Que n'importe qui pouvait nous voir, mais je m'en fichais. Je voulais juste Zoran.

— S'il te plaît...

— Ce serait abusé de toi, vu ton état...

Je le frappai dans l'épaule suffisamment fort pour le faire reculer. Je le fusillai du regard, pinçant les lèvres :

— Petit con !

Ma sortie ne dû pas être remarquable vu comme je chancelai et vu la manière dont j'étais incapable de marcher droit, mais je le fis la tête haute. J'entendis le rire de Zoran alors que je me retrouvai dehors.

Naël était trempé et semblait ronchonner alors qu'Auxann se moquait ouvertement de sa Main. Jasper avait le front appuyé contre la table et Tamara lui caressait tendrement les cheveux alors qu'Egon embêtait Naël avec Auxann.

J'ignorai quelle heure il était. Tard sûrement. Je n'avais pas fait attention à tout ce que j'avais bu, mais peut-être que Zoran avait bien fait de me chiper mes derniers verres en y pensant.

Ce dernier se retrouva une nouvelle fois à côté de moi, un bras en travers de mes hanches. Il se pencha sur mon oreille :

— Mais ça ne me déplairait pas du tout, finit-il.

Si j'avais pu mourir de combustion instantanée, ça aurait été le cas en cette seconde. Comment pouvait-il dire des telles choses aussi naturellement ?

Je le détestais !

— Respire, bébé, ajouta-t-il avec un sourire espiègle.

Je soulevai le talon de mon pieds et l'écrasai sur celui de Zoran qui en fut surprit, mais qui ne me lâcha pas pour autant.

— On sort les griffes ?

Je claquai des dents à quelques centimètres de son visage alors qu'il nous ramenait vers les autres. Mais je n'avais plus envie d'être là. J'avais envie d'être toute seule avec lui.

J'avais le droit, non ?

Je prétextai alors une soudaine fatigue et une faiblesse dans la jambe. Je n'avais plus mal depuis quelques jours, mais parfois, ça me tirait. Là tout de suite ce n'était pas le cas, c'était juste pour faire passer le message à l'idiot de loup à mes côtés.

Auxann rit quand Naël leva son pouce dans ma direction ; lui, il avait très bien saisit. Zoran secoua la tête, mais finit par capituler et après avoir dit bonne nuit à tout le monde, nous grimpâmes dans l'aile réservée aux invités, là où on nous avait installés, Zoran et moi.

Il m'ouvrit et referma derrière nous. J'allais allumer les lampes de chevets et poser mes fesses sur le bord du lit avant de me laisser tomber sur le dos. J'écartai mes bras et inspirai, attendant que le monde cesse de tourner autour de moi.

Je ne me sentais pas mal, simplement, c'était assez dérangeant. Je n'entendis pas Zoran approché, mais soudain, il était au-dessus de moi.

Son regard était sombre.

Son regard m'appelait.

C'était puissant, vibrant, détonnant !

— Tu comptes me toucher ou m'embêter ce soir ? Dis-je doucement.

Mon cœur battait vite et fort.

Zoran ne sourit pas. Il ne bougea pas. Nos regards ne se lâchaient pas. Nos souffles se heurtaient, se confondaient.

Son air était le mien.

Mon air était le sien.

Ma main glissa dans sa nuque et mon pouce y traça de petits cercles. J'entendis son souffle se bloquer très légèrement et je redressai le haut de mon corps pour que mes lèvres appuient contre les siennes.

Il me laissa l'embrasser. Il me laissa butiner contre ses lèvres, légèrement, tendrement.

— Encore, grogna-t-il.

Cette fois, je suçotai sa lèvre inférieure. Je la mordillai avant d'y passer ma langue. Zoran gémit contre ma bouche, mais ne prit toujours pas le contrôle de notre baiser. Il ne me touchait pas et ça me rendait vraiment folle.

— Encore ? Fis-je en reculant mon visage.

Jamais je n'avais vu tant d'obscurité dans un regard. C'était effrayant. C'était fascinant.

J'avais les tétons qui tendaient l'étoffe de mon soutien-gorge et les seins lourds. Ils voulaient les caresses de Zoran.

Je n'attendis pas sa réponse et cette fois, le baiser fut chaud et humide. Ma langue dansa avec la sienne et son corps écrasa le mien sur le matelas, me donnant une conscience aigüe du moindre centimètre de peau.

Mes ongles griffèrent et mes mains allèrent attraper ses fesses durement.

J'avais chaud.

J'étais un courant électrique et mon sang était de la lave en fusion.

Pouvait-on avoir envie de quelqu'un à ce point ? C'était tellement douloureux.

— Zoran...

Mon gémissement se perdit dans sa bouche. Il avait pris les commandes. Il avait pris ma raison.

Il donna un coup de rein, me faisant sentir à quel point il avait envie de moi.

J'haletai, pantelante.

Si chaud.

Si atrocement... chaud...

— Zoran !

Il arracha mon débardeur, ne cherchant pas à me le retirer avec douceur. Ça chauffa un instant la peau de mon dos, mais sa bouche sur mon sein envoya une onde de plaisir dans ton mon corps. Il attrapa mon téton entre ses dents et à travers mon soutien-gorge alors que son autre main glissait sur mon ventre.

Un brasier. J'étais un brasier.

Touche-moi.

Touche-moi.

Touche-moi plus !

Ses mains relevèrent les bonnets de mon soutien-gorge, offrant mes seins à sa vue.

Il y avait tellement de désir dans ses yeux ! C'était... trop pour moi. Je fermai les miens et cherchai mon air.

Sa langue. Je criai et mes dents se refermèrent sur son épaule. Je sentis le goût du sang, mais le plaisir était au-dessus de tout.

J'étais déjà aux portes de l'orgasme. Déjà, je n'en pouvais plus.

Son souffle sur mon ventre avant qu'il ne se redresse. J'ouvris les yeux et l'observai à travers mes cils.

Zoran me dévorait des yeux à tel point que j'en étais gênée. Sa main courut sur ma cuisse, s'arrêta là où se trouvait ma cicatrice. Il la caressa du pouce et je vis quelque chose de mauvais dans ses yeux. Quelque chose qui aurait pu m'effrayer si je ne l'avais pas connu comme je le connaissais.

— Tu as mal ? Demanda-t-il avec tendresse.

Je secouai la tête.

Comment avoir mal quand il me touchait ? Il embrassa ma blessure et cela me fit monter les larmes aux yeux.

Pourquoi était-il si doux ? Si tendre avec moi ?

Zoran me fit soulever les jambes et se plaça entre mes cuisses. Il était doux, il y allait avec lenteur, comme s'il avait peur de me briser.

Son visage disparut entre mes cuisses et tout mon corps se tendit d'appréhension. Ma culotte glissa le long de mes jambes et sa bouche recouvrit mon sexe.

Je gémis, agrippant les draps et arquant le dos.

J'aimais que sa bouche soit là. Que sa langue joue avec moi et que ses doigts me mènent à l'orgasme. Ce qui n'était pas loin d'arriver, au passage...

Sa langue me pénétra et ses mains agrippèrent mes cuisses pour m'empêcher de bouger.

Il menait la danse. Et bon sang, que j'adorais ça !

Des étoiles brillèrent devant mes yeux et l'orgasme me balaya. Je criai et pleurai en même temps.

Trop fort.

Trop de sensations.

Encore... encore... encore !

Zoran me fit rouler sur le ventre et j'entendis son short tomber au sol. Il ne chercha pas de capote. Il n'y avait plus besoin.

Je pouvais enfin le sentir comme je voulais.

Peau contre peau.

Aucune barrière.

Sa main sur mon ventre me ramena sur le côté et il colla son torse contre mon dos. Avec son autre main, il guida son sexe à l'entrée du mien et d'un coup de reins, me pénétra presque violemment.

Tout mon corps se détendit d'un seul coup.

C'était si bon de le sentir enfin ! Sa paume recouvrit mon clitoris et ma main alla reposer sur la sienne, pour lui donner le rythme que je voulais ; dont j'avais besoin.

Il me pilonna.

Il me donna des coups de boutoir, ne cherchant pas à être doux. Nous avions besoin de nous sentir tous les deux. Nous avions besoin de posséder l'autre.

Et c'est ce que nous fîmes, jusqu'à ce que nos corps n'en puissent plus, jusqu'à ce que je sois enfin rassasié.

Et je m'endormis dans ses bras, comblée et... heureuse.





Les doigts de Timothy coururent sur ma blessure et je senti notre lien vibré alors qu'il fronçait les sourcils.

Il était arrivé tôt dans la matinée et très peu avait été capable de se lever pour venir le saluer, la soirée d'hier avait fait des dégâts...

Nous étions tous les deux dans le bureau d'Auxann. Pour la première fois depuis le tout début, Zoran dormait encore profondément. Je crois que je l'avais bien épuisé...

La douleur disparut entièrement, mais pas la cicatrice.

La première que mon corps porterait. C'était assez... bizarre.

— Tu as guérie vite, dit Timothy, toujours penché sur ma jambe.

Je haussai les épaules. Cela n'aurait pas dû être ainsi, mais pourtant, ça l'était. Il posa alors sa main sur mon front et le Gardien brilla dans son regard.

Je le sentais chercher quelque chose en moi.

Fouiller.

Et... trouver.

Il sourit de toutes ses dents.

— Je vois...

Son visage s'assombrit alors et il lâcha un long soupir. Je n'étais plus très sûre qu'il soit content de ce qu'il avait trouvé.

Qu'est-ce que c'était d'ailleurs ?

— Timothy ?

Il me regarda et sourit, caressant ma joue. Il y avait une certaine tristesse dans son regard. Pourquoi ?

Qu'avait-il... vu ?

Il se leva et je fis de même. Timothy m'attira alors dans ses bras et cela me... choqua, je crois...

Il n'avait jamais été aussi... démonstratif, ne m'avait que très rarement prise dans ses bras, alors...

— Il faut que tu fasses attention, Némésis. Il ne faut pas que du mal t'arrive.

Qu'est-ce que j'y pouvais si on me voulait du mal juste parce que j'étais avec le Gardien ?

Il me lâcha alors et se passa une main dans les cheveux, légèrement gêné. Cela me fit sourire. Je comprenais comment Katya avait pu tomber amoureuse de Timothy.

— J'aimerais remercier Zoran et la meute pour avoir pris soin de toi, dit-il.

Je hochai la tête, comprenant parfaitement. Nous quittâmes le bureau et Timothy alla dans la cuisine, là où se trouvait Auxann.

Moi, j'allais rejoindre Zoran au lit.


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