10. Némésis
— Tu as la peau toute douce, souffla Zoran, frottant son nez contre la peau de ma cuisse.
J'étais sur le bord de la piscine, les jambes encore dans l'eau et lui entre mes cuisses. Son visage était à hauteur de mon ventre et il n'arrêtait pas de pencher pour m'embrasser au niveau du nombril, m'envoyant de délicieux frissons dans tous le corps.
Cet homme avait un effet fou sur moi, je le savais, il le savait et qu'il me touche sans cesse était presque déjà devenu une habitude.
— Tu aimes bien me dire tout ce que tu penses, hein ? Répliquai-je, rougissante.
Tout ça était tellement nouveau pour moi.
Les caresses de Zoran.
Le fait qu'il me fasse l'amour.
Ou encore qu'il me dise que j'étais belle ou qu'il aimait bien mon corps. Ça semblait tellement naturel pour lui quand j'avais juste l'impression que je pourrais mourir de honte. Les loups n'étaient pas censés être pudique et se trimballer tout nu était rarement un problème.
Pour moi, ça l'était. Je ne voulais pas que n'importe qui voie mon corps ou puisse me reluquer. Ce n'était pas bien. Zoran était pour l'instant le seul à avoir tout vu de moi. Et à m'avoir touché. Et il serait le seul pour quelques temps encore. Du moins, c'est ce que moi je voulais, mais peut-être que lui ne voyait pas ça comme ça.
Avait-il couché avec quelqu'un d'autre pendant mon absence ? Qu'est-ce qui le lui interdisait de toute façon ?
Pas moi...
— C'est parce que j'adore te voir rougir et te mordiller la lèvre. Je trouve ça... mignon ?
Je lui donnai un coup dans l'épaule et il rit alors que tout était encore très silencieux. Personne ne semblait encore être debout et ce n'était vraiment pas plus mal. J'avais du temps avec Zoran.
Loin des regards. Mais pas très loin de Jahyan. Je devais le voir aujourd'hui, dans la matinée pour lui expliquer ce que j'attendais de lui. Je ne pouvais pas rester plus de deux jours dans une même meute, sinon tout cela me prendrait pas loin d'une année ! Je savais que Timothy ne dirait rien, surtout en sachant qu'ici il y avait mon père, mais ce n'était pas une raison. Et il y avait Zoran aussi. Je savais qu'une fois repartie d'ici, je ne le reverrais pas avant... longtemps.
— Arrête de te moquer.
Il embrassa l'intérieur de ma cuisse, ne faisant qu'attiser mon désir encore bien présent malgré l'orgasme qu'il m'avait offert.
Mes doigts passèrent dans ses cheveux et la sensation me fit sourire. J'adorais faire ça. Il n'avait pas du tout la même longueur que Jahyan, mais je crois que Zoran était fait pour porter les cheveux courts.
Ça lui donnait un air dangereux et irrésistible.
— Je n'oserais pas, bébé.
Je secouai la tête en l'entendant m'appeler de la sorte. Ça semblait lui plaire et au moins, personne d'autre ne m'appelait comme ça, alors... je crois bien que ça me plaisait. Qu'il soit le seul à le faire. Tout comme porter ses marques de morsures. Il le faisait pour que personne dans la meute ne m'approche, mais je ne pouvais pas les exposer avec fierté. Et ce pour deux raisons ; de un, il y avait Jahyan et faire ça aurait été comme lui tendre la corde pour qu'il me pende et de deux, nous n'étions pas des compagnons.
Ses bras passèrent dans mon dos et il me ramena plus près encore, son visage enfouit contre mon ventre ; dangereusement proche de mon sexe. Ce dont j'avais une conscience aiguë. Comment est-ce que ça aurait pu en être autrement ?
L'effet que Zoran avait sur moi était trop puissant. Et parfois, ça m'effrayais un peu. Mais il n'avait pas besoin de le savoir.
Parce que les moments que nous avions ensemble étaient éphémères. Que je voulais en profiter et m'en gorger, m'en imprégner. Et qu'il n'était pas nécessaire de trop penser, de trop se poser de questions.
— Pas de chasse alors finalement ? Chuchotai-je.
Quand il m'avait dit cela au téléphone, je m'étais soudain sentie... totalement vide. Triste et... presque trahie. Avant de me souvenir qu'il était une Main et que c'était son travail. Je m'en étais convaincue. Mais cela n'avait rien changé. Qu'est-ce que j'aurais vraiment ressenti s'il n'avait pas été là ? Si quand j'étais arrivé, Shana m'aurait dit que Zoran était partit en chasse et qu'il ne reviendrait pas avant plusieurs semaines, voire même plusieurs mois, qu'est-ce que j'aurais ressenti ?
— Pas tout de suite, non, répondit-il, son souffle me chatouillant.
Est-ce que ça lui pesait ?
Je savais que les Mains avaient besoin de traque, de chasse pour se sentir bien et c'était le rôle de l'Alpha que de leur en trouver. Les Mains n'étaient pas faites pour rester au sein de la meute trop longtemps ; même si on oubliait souvent que c'était à elles de dispenser les punitions au sein de la toile.
— Et... ton loup le supporte ? M'enquis-je.
Zoran pouvait très bien se contenter de cette situation, mais pour son loup, ce devait être différent. L'animal n'était jamais comme l'homme.
Zoran releva la tête et sa main dans ma nuque me força à venir à la rencontre de sa bouche, à venir accepter le baiser qu'il me donna.
Sa langue glissa dans ma bouche et il fit décoller mes fesses. Mes jambes s'enroulèrent autour de ses hanches et tout le bas de mon corps se trouva une nouvelle fois immergé dans l'eau. Zoran rompit le baiser, les yeux sombres, le souffle légèrement court.
— Je l'occupe d'une autre façon, répondit-il avec un ton si bas qu'il m'échauffa et m'aurais presque fait gémir.
Nouveau baiser.
Nouvelle danse de nos deux langues.
Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et je n'avais qu'une envie, qu'il arrête de me toucher, de me caresser, pour me prendre.
C'était une pensée crue. Mais je m'en fichais. Il n'y avait personne à part ma louve pour entendre ce à quoi je pensais, alors... et cette dernière était tout à fait d'accord. Même si nous avions fait l'amour de très nombreuses fois cette nuit, ça ne rattrapais en rien la semaine passée loin de lui.
Je le voulais tellement fort.
J'avais besoin de le sentir en moi.
— Zoran...
Il sourit et donna un coup de langue sur ma bouche. Mes ongles râpèrent contre la peau de son dos et il gronda, faisant vibrer tout son corps contre le mien.
— Zoran...
Soudain, je me fichai que nous soyons dans une piscine. Que n'importe qui ouvrant les volets nous voient. Cet homme avait le don de me faire perdre la tête de la meilleure des façons possible.
Il me rendait folle.
D'une façon exquise.
— Je sais, bébé, je sais.
Il suçota la peau de mon cou avant d'y donner un petit coup de langue. Je fermai et les yeux et rejetai la tête en arrière, pour lui donner une meilleure prise. Sentir sa bouche sur ma peau était une telle délivrance. Mais j'en voulais plus. Tellement plus !
— Je ne tiendrais jamais toute la journée et tu... tu le sais.
Sa tête contre mes seins. Son rire. Bien sûr qu'il le savait. Mais ça l'amusait. Et vu le peu de volonté que je semblais avoir avec lui...
— Fais-moi l'amour, Zoran. Fais-moi l'amour !
Je suffoquai.
Mes hanches bougeaient presque d'elles même contre le sexe de l'homme qui me tenait contre lui.
Je voulais le sentir.
J'avais besoin de le sentir.
Zoran mordit mon téton à travers l'étoffe de mon soutien-gorge. Durement. Je retins un cri de plaisir et de douleur mêlé.
C'était bien trop bon pour ma santé mentale.
— Il va falloir être patiente, Némésis.
Un baiser sur ma joue avant qu'il ne se recule. À ce moment-là, je sentis la présence de Jalil et levai la tête vers la terrasse.
— Vous êtes tellement discret mon zozo, rit-il.
Je rougie violemment et cachai mon visage entre les omoplates de Zoran qui répliqua quelque chose à Jalil.
Il finit par me tirer en dehors de la piscine et à m'enrouler dans une serviette avant de déposer un baiser bruyant sur mes lèvres.
Je fis la moue.
— Quoi ? Demanda-t-il, cachant très mal son sourire.
— Tu savais très bien que quelqu'un allait arriver. Tu l'as fait exprès.
Il m'attira contre lui, un bras autour de ma hanche.
— Peut-être bien, répondit-il.
Je lui donnai une petite tape sur le torse :
— Tu es affreux. Je te déteste.
— Met-y plus de conviction, bébé.
Je grognai et il éclata de rire avant de se sécher et de n'enfiler que son short.
Quand nous retournâmes à l'intérieur, les occupants de la maison commençaient doucement à émerger.
Jalil discuta avec Kerann alors qu'ils buvaient leur café et Shana apparut avec Eneko. Ce dernier avisa nos cheveux mouillés, à Zoran et moi, mais ne dit rien. Il passa un bras autour de mes épaules et embrassa mon front :
— Ça va ? Demanda-t-il.
Je hochai la tête avec un sourire et Sahlia apparut à ce moment-là.
Je lui tendis une main qu'elle prit un peu timidement. Je regrettai de ne pas avoir beaucoup de temps pour apprendre à la connaitre, comme avec ses frères. J'allais déjà repartir demain, mais je pouvais passer un peu de temps avec elle cette après-midi. Qu'elle me parle un peu d'elle. Oui. J'en avais vraiment envie.
Shana m'effleura le bras, attirant mon attention avant de se pencher sur mon oreille :
— L'eau n'était pas trop froide ?
Elle éclata de rire avant de se jeter sur le dos de Zoran et de déposer un bisou bruyant sur sa joue.
Bientôt, la cuisine fut remplie et Jahyan fit son apparition. Tout le monde le salua, moi y comprise et il attira Shana sur ses genoux avant d'attaquer son petit déjeuner.
L'attention de la femelle Dominante de la meute semblait être requise par tout le monde et j'entendis Jahyan ronchonner avant qu'Eneko ne le chambre à ce sujet.
Arthur me collait alors que Sahlia discutait un peu avec moi. Oren nourrissait Cyriane de grains de raisins et elle riait à chaque fois.
Jalil disparut travailler, tout comme Kerann qui s'entretint un instant avec Eneko qui lui, restait. Il serait présent lors de mon entrevue avec Jahyan. Tout comme Zoran. Tous les deux étaient ses bras droits après tout. Même s'ils savaient déjà tous les trois la raison de ma visite, à la différence des trois Alphas que j'avais déjà rencontrés. Elena, Jeremiah et Cris m'avaient très bien accueillit et n'avaient surtout pas perdu un instant pour faire ce que j'attendais d'eux.
Ils faisaient partie des bons Alphas, des « gentils » en quelque sorte, même si cela faisait beaucoup rire Maël quand j'utilisais les termes de « bon » ou « mauvais », de « gentil » ou de « méchant ». Mais moi, ça me permettait de les classer. Et de savoir à quoi m'attendre quand j'allais chez eux.
Alors tous les trois avaient reçu une lettre. Même si j'avais été terriblement gênée de leur transmettre cela.
J'en avais longuement parlé avec Timothy. Ainsi qu'avec Maël et même Yahto avait pris part à la conversation.
Mais même maintenant et après de nombreux débats, je n'étais pas sûre d'être convaincue par tout ça. Je saisissais le bien fondé de tout ça, mais...
Pourtant j'avais compris qu'il fallait que ce soit fait. Et que donc, il fallait que je sélectionne les Alphas susceptibles d'accepter ça.
De m'accepter moi.
Les trois premiers avaient simplement dit que ce serait un honneur de traité avec moi et cela m'avait fait... plaisir, ou quelque chose comme ça.
Jahyan se leva alors et Eneko et Zoran aussi. L'Alpha me fit un signe de tête et mon ventre se noua un instant.
C'était l'heure.
J'allais attraper mon sac et Eneko m'attendit.
Quand nous entrâmes dans le bureau, Jahyan était déjà assis et Zoran avait une fesse appuyée contre le bord du bureau.
Son expression était neutre et détachée. Eneko s'installa dans le fauteuil à côté du mien et se tourna légèrement vers moi.
— Le Gardien s'est adressé à nous autre Alphas d'États pour nous annoncer ton arrivée. Il n'a rien dit de plus, seulement nous a priés de bien te recevoir dans nos demeures et de te faciliter la tâche qui t'es... dévolue.
Jahyan avait l'élocution facile et il était presque agréable de l'écouter parler. Ce qui l'était beaucoup moins, c'était l'ennui qui perçait et un certain mépris aussi.
— Alors je t'écoute, Némésis Lane, envoyée du Gardien. Que veux-tu ?
Il le savait, mais en bon dirigeant, voulait que les choses soient claires et précises. Ce qui n'avait rien d'anormale.
Je pris une légère inspiration et gardai mon regard rivé à celui de l'Alpha devant moi :
— Yahto Harendra, créateur des Mains aimeraient que je répertorie toutes les Mains des meutes et pour cela, je viens m'adressez à vous, Alphas d'États. Il me serait trop long de me déplacer de petites meutes en petites meutes. Le faire sur seulement un territoire pourrait me prendre presque un mois.
Jahyan se contentait de me regarder. Et je sentais les regards de Zoran et d'Eneko sur moi.
— Alors il est plus simple pour moi de demander l'aide des Alphas d'États. Avec la demande du Gardien pour que vous puissiez retrouver votre rôle d'antan, vous êtes en constant contact avec les meutes présentes dans l'État. Je vous demande donc de me seconder dans ma tâche.
Jahyan se recula dans son siège en cuir qui craqua légèrement.
— Encore une fois, tu sais parler, toi, dit-il, penchant légèrement la tête.
Je ne bougeai pas, ne bronchai pas.
— Pourquoi le Gardien ne se charge-t-il pas lui-même de cela ? Nous savons tous qu'il va de meute en meute et qu'il est toujours en déplacement. Alors pourquoi toi et pas lui, Némésis ? Demanda Jahyan.
— Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une tâche fastidieuse, mais il est évident que cela va prendre du temps. Et notre Gardien manque de temps. Il a beaucoup de missions à accomplir et celle-ci ne peut être dans la liste de ses priorités. Voilà pourquoi c'est moi et non lui qui suis présente ici aujourd'hui.
Jahyan hocha la tête. Tout le monde savait que Timothy avait de nombreux devoirs et que sa priorité était que toutes les meutes soient saines. Répertorier les Mains auraient certes été son devoir et son obligation si je n'avais pas été là, mais je l'étais, alors je le faisais.
Jahyan jeta un coup d'œil à Eneko tout en attrapant une pochette qu'il fit glisser doucement devant moi :
— Eneko a pris de l'avance puisqu'il était déjà au courant et je pense sincèrement que tu devrais penser à prévenir certains Alphas si tu ne veux pas perdre plus de temps que ça, dit Jahyan, plus pratique qu'autre chose en cet instant.
— Il manque encore quelques meutes, mais cela devrait arriver dans la journée, ou au pire, demain matin, ajouta Eneko.
Je me tournai vers lui et lui souris. Il avait agi en bon Second, mais aussi en père prévenant. Et cela me touchait. Vraiment.
Je retournai mon regard sur Jahyan et hésitai un court instant avant de me pencher sur mon sac et d'attraper une des lettres de Timothy. Je la tendis à Jahyan qui fronça légèrement les sourcils en l'attrapant :
— Je vais être amenée à revenir souvent ici, comme vous m'y avez d'ailleurs autorisée. Et même si je pense que cela ne vous intéressera pas beaucoup, je tenais à vous remettre ceci.
Il l'ouvrit et commença la lecture silencieusement.
Je n'avais pas eu le temps d'y réfléchir beaucoup. Mais comme je venais de le dire, j'allais revenir dans cette meute assez souvent et un jour ou l'autre, Jahyan s'habituerait à m'avoir sous la main et il ferait sûrement appel à moi plutôt qu'à Timothy. Ce n'était pas prêt d'arriver demain, ni même dans quelques années, mais un jour, si.
Voilà pourquoi je tenais à ce qu'il sache.
Voilà pourquoi je lui remettais cette lettre.
Et quelque chose me disait que j'allais la jouer au feeling avec les Alphas que je ne connaissais pas beaucoup. Certains étaient déjà assurés d'avoir une lettre, d'autre non. Et puis il y avait ceux au milieu.
Jahyan sourit et reposa la lettre sur son bureau.
— Ça dépasse clairement les attributions d'une simple secrétaire, tu ne crois pas, Némésis ?
Du coin de l'œil, je vis Eneko tendre le bras et Jahyan lui passer la lettre. Zoran se redressa et alla se pencher par-dessus l'épaule du Second pour pouvoir lire lui aussi.
— Le Gardien souhaite me faire sortir de l'ombre. Tout comme vous autres Alphas avez vos bras-droit, je suis en quelque sorte celui de Timothy.
Le dire à haute voix était assez étrange.
— Le Gardien ne peut être partout à la fois. Mais les problèmes n'attendent pas eux, ajoutai-je.
— Beaucoup d'Alphas méprisent Timothy à cause de sa jeunesse, dit alors Eneko. Personne ne peut se dresser contre lui puisqu'il est le Gardien. Mais certains n'auront aucun scrupule à te faire du mal pour l'atteindre lui !
Je sentis alors la puissance de Zoran grimper légèrement et m'envelopper. Je ne leur regardai pas. Continuai juste de fixer Jahyan.
— Beaucoup n'accepteront pas cela. Tu t'en doute n'est-ce pas ? Dit-il. S'ils méprisent Timothy, ils te haïront carrément.
Oui. Je me doutais que certains allaient gentiment m'envoyer bouler. Et que d'autre allait carrément être hostile. Je ne pouvais pas espérer que tous m'acceptent comme certains l'avaient déjà fait.
— Je ne suis pas là pour être aimée.
— Mais il faut du respect pour mener à bien ce genre de tâche, n'est-ce pas ?
— Ceux qui accepteront cette lettre, m'accepteront moi. Ceux n'en voulant pas... j'accepterais qu'ils ne veuillent pas de moi. C'est aussi simple que ça, répondis-je.
Voilà pourquoi Timothy me donnait la possibilité de choisir, de sélectionner les Alphas. Eneko hocha la tête, d'accord avec ce que je disais.
— Je prends note de tout cela, Némésis. Eneko te fera parvenir ce qu'il manque dans la journée ou demain matin, d'ici là tu es libre de faire ce que tu veux.
Je me levai et quittai le bureau toute seule alors que Jahyan semblait avoir encore quelques petites choses à dire à son Second et à sa main.
J'allais ranger la pochette dans mon sac et en tirai mon téléphone. Je redescendais en bas et m'installai sur la terrasse avec Arthur et Sahlia.
Je parlai un peu avec ma sœur et Arthur rit beaucoup tout en racontant quelques anecdotes de quand ils étaient encore tous très jeunes.
Mon téléphone sonna alors sur la table et le numéro de Timothy s'afficha. Venait-il aux nouvelles ?
Je décrochai :
— Bonjour Gardien, souris-je.
— Némésis. Tout se passe bien ?
La voix des gens au téléphone était différente de celle dans la réalité. Ce qui me faisait sourire.
Je lui racontai mes quatre entrevues et il sembla content. Il ne me demanda pas à qui j'avais donné des lettres, devait certainement s'en douter. Je lui parlai des demandes que Cris avait eu à mon égard et là encore, il sembla content de l'apprendre. Eneko et Zoran débarquèrent sur la terrasse, discutant de quelque chose qui semblait mettre de mauvaise humeur Zoran. Son regard croisa le mien et je souris légèrement alors qu'Eneko ébouriffait les cheveux de son fils et embrassait Sahlia sur la tempe.
— Je sais que tu dois te rendre dans la meute de Keenan Baker dans maximum quatre jours et étant donné que c'est un des seuls Alphas à ne pas avoir de Veilleurs, je lui ai demandé à ce qu'il t'envoi quelqu'un te récupérer à la frontière. Il est hors de question que tu traverses son territoire toute seule.
Une histoire avait circulée pendant un moment et personne n'avait vraiment su si c'était vrai ou non, mais plusieurs loups de Sacha Harper avaient disparu et avaient été retrouvés morts. Ils avaient étaient tués. Et la rumeur disait que les loups de Keenan Baker s'amusaient à prendre en chasse tous ceux osant venir sur leur territoire et les tuaient. Sans autre forme de procès. Mais sans preuve tangible, Timothy n'avait pas pu faire grand-chose.
Beaucoup de choses sombres se passaient chez Keenan Baker, mais personne n'osait vraiment en parler.
— Il a dit qui il... envoyait ?
La meute de Keenan Baker n'était pas saine. Les loups qui la composaient étaient tous fous. Surtout les hauts-gradés.
Je croisai le regard de Zoran une deuxième fois et su qu'il écoutait ce que me disait Timothy, tout comme Eneko.
— Sa Main.
Mon cœur eut un loupé magistral, mais pas pour une bonne raison, bien loin de là.
C'était Rohan Walker qui allait m'escorter jusqu'à Keenan ? Autant me jeter dans la cage aux lions directement. Cet homme était totalement à l'image de son Alpha et de sa meute.
Timothy était vraiment sérieux ?
Je me passai une main dans les cheveux, essayant tant bien que mal de cacher mon anxiété croissante alors que Zoran arborait soudain une expression que je ne lui avais jamais vue. Il disparut alors à l'intérieur, appelant Jahyan qui devait sûrement se préparer à partir.
Voyant que je ne disais rien, Timothy s'empressa de continuer et je su que lui aussi n'était pas du tout rassuré par cette perspective.
— Je vais appeler Shay pour lui demander s'il pourrait laisser quelqu'un t'accompagner ; Bajram ou Joaquim. Rohan est trop dangereux et trop instable pour que je laisse ça arriver.
Je me mordillai la lèvre alors que des voix résonnaient dans la maison. Eneko fronça les sourcils et rejoignit Jahyan et Zoran certainement pour voir de quoi il retournait.
— D'accord. Tu... me tiens au courant alors ? Demandai-je d'une toute petite voix.
— Bien-sûr, Némésis.
Et il raccrocha.
Je fixai mon téléphone un instant, inquiète à présent.
J'avais déjà une peur bleue de me rendre chez Keenan Baker, mais alors être escorté par sa Main, c'était un peu trop pour moi, pour tout avouer. Arthur posa une main sur mon bras et je sursautai, perdue dans mes pensées.
Je levai les yeux sur son visage et ne réussit pas vraiment à sourire. Comment aurais-je pu de toute façon ? Il y avait certaine meute qui ne m'inspirait aucunement et celle de cet Alpha était presque en tête de liste.
Les éclats de voix me firent lever la tête et Arthur soupira.
Jahyan ne semblait pas content, mais... Zoran non plus d'après le peu que je pouvais entendre. J'hésitai à me lever et à aller voir. Je n'étais pas de cette meute, donc ce qui s'y passait ne me regardait en rien, non ?
Mais entendre Zoran élevé la voix ne me plaisait pas.
— J'ai été trop conciliant avec toi, Main, cracha alors Jahyan.
Eneko tenta de calmer l'Alpha, mais il ne semblait pas y arriver.
Qu'est-ce qui se passait ?
Est-ce que ça avait un quelconque rapport avec le coup de fil de Timothy ?
Il n'y avait aucune raison...
— Reprends tes esprits avant ce soir ou je le ferais à ta place, c'est clair ?
La porte d'entrée claqua et le silence total se fit dans la maison alors qu'Arthur grimaçait. Je mourrai d'envie de bouger et d'aller voir Zoran. Mais encore une fois, je n'avais aucun droit d'agir de la sorte.
Je savais où était ma place. Où elle le serait toujours.
Mais c'était Zoran...
Sans plus réfléchir, je me levai et m'excusai auprès d'Arthur et de Sahlia avant de rentrer à l'intérieur.
Eneko chuchotait quelque chose à Zoran qui me tournait le dos, les épaules tendues, crispées presque.
Il fut donc le premier à me voir et allait ouvrir la bouche avant que son téléphone ne sonne. Il s'excusa avec un sourire et s'éloigna alors que je m'avançai vers Zoran. Mes doigts effleurèrent son dos et il se tourna vers moi.
Son regard était tellement sombre ! Tellement noir que pendant un court instant, la peur me saisit. Je savais que Zoran était dangereux, mais j'avais su dès le début qu'il ne me ferait jamais de mal. Et par jamais j'entendais le temps que durerait cette espèce de relation que nous avions.
Je ne dis rien, ne sachant pas trop comment faire pour que la colère que je sentais émaner de son être entier ne disparaisse.
Je n'aimais pas voir Zoran comme ça, sans que j'arrive à m'expliquer pourquoi. J'aurais aimé savoir pourquoi il était en colère, mais qui étais-je pour seulement vouloir le lui demander ?
Sa main glissa dans ma nuque et il attira mon visage pour sceller sa bouche à la mienne tout en me poussant contre le mur.
Son baiser fut dur.
Son corps pesait contre le mien et je compris que c'était un peu comme l'autre nuit. Il avait besoin de ça pour rester dans le moment présent, ou pour y revenir.
Et j'étais incapable de lui refuser cela.
J'aurais été incapable de lui refuser quoi que ce soit de toute façon, doucement je m'en rendais compte.
Je crochetai mes bras à sa nuque et notre baiser se fit beaucoup plus profond, beaucoup plus... chaud même.
Le désir explosa et me laissa complètement pantelante. C'était un supplice. Mais un supplice tellement délicieux.
Je tirai sur ses cheveux et il gronda, faisant peser ses hanches contre les miennes. Je sentis son sexe. Sa dure turgescence que je voulais en moi. Pas ce soir. Maintenant.
Quand il s'écarta, nos souffles se mêlèrent et ses doigts caressèrent mes joues qui devaient être toutes rouges. Cet homme me faisait avoir des pensées tellement crues ! J'avais l'impression d'être une inconnue. Mais pour tout dire, ça ne me déplaisait pas.
J'attrapai son poignet et y frottai doucement mon pouce, sans cesser de le regarder.
— Ça va ? Finis-je par demander, ne pouvant me retenir plus longtemps.
Si sombre était son regard ! Et je su que j'étais face à son loup.
— Le Gardien a de la chance d'être loin d'ici en cet instant, gronda la bête.
C'était bel et bien à cause du coup de fil de Timothy. J'avais vu juste bon sang...
Je souri doucement et portai le poignet de Zoran à ma bouche avant de l'embrasser. Le loup observa ce geste, ne bougeant pas.
— Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, dis-je. Timothy ne me laisseras pas seule avec Rohan et s'il ne trouve aucune solution ; j'ai des ressources, loup.
Zoran n'était pas le premier à s'inquiéter de la sorte, Auxann et beaucoup d'autres l'avaient fait. Mais ça ne m'avait jamais à ce point... touchée. Voilà deux fois qu'ils sortaient de sa manière d'être à cause de moi.
Ou pour moi. Ça dépendait du point de vue, n'est-ce pas ? Shana aurait plutôt été pour la deuxième façon de dire. Moi, je ne savais pas trop...
Zoran, ou son loup, enfouit son visage contre mon cou et je le senti inspirer.
— Hé dites, est-ce que...
Shana s'arrêta, nous avisant. Je la regardai avec de grands yeux alors que Zoran ne bougeait pas. La femelle Dominante de la meute retint un sourire :
— Oups, fit-elle avant de se retourner et d'éclater de rire en s'éloignant.
Je crois que j'aurais pu mourir de honte dans la minute. J'entendis la voix d'Eneko alors qu'il revenait par là.
Zoran ne me lâcha pas et mon cœur se mit à battre plus fort. Ma façon de toucher Zoran hier soir n'avait échappé à personne et encore moins à Eneko, mais de là à nous laisser surprendre de la sorte, je n'étais pas sûre que ce soit... très bien. Tout remontait forcément aux oreilles de l'Alpha. Et je ne voulais pas avoir de problème avec Jahyan.
Zoran s'écarta alors de moi et la voix d'Eneko s'éleva juste derrière moi :
— Les derniers recensements devraient arriver tout à l'heure, dit-il.
Je me tournais vers Eneko et le remerciai avec un sourire. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser que si j'avais tout cette après-midi, il me faudrait partir demain matin. Et que cela ne voulait dire qu'une seule chose... ne pas revenir maintenant, ne pas revoir Eneko, Oren, Arthur et Sahlia dans l'immédiat.
Ne pas revoir Zoran.
— Tu devrais joindre Shay pour lui faire part de ta demande, comme ça il pourrait prendre de l'avance et...
— Aller plus vite chez Baker ? Idiot comme idée ça, Neko, grogna Zoran, mauvais.
Eneko se frotta le crâne :
— Je n'y avais pas pensé, souffla-t-il la mine sombre. Qu'est-ce que Timothy a dit d'autre ?
— Qu'il allait demander au Second ou à la Main de Shay de m'accompagner.
Zoran eut un rire sans joie :
— Qu'il fasse ça, oui. C'est vrai que Timothy trouvera toujours une solution avant de t'envoyer dans une meute de tarés !
Je le regardai et soupirai.
— Il n'y en a pas tellement, répliquai-je.
— Ah bon ? Pourtant j'en ai au moins quatre ou cinq en tête, moi, rétorqua Zoran.
— Calme-toi, Zoran, lâcha alors Eneko, sentant l'homme à côté de nous à cran.
Ce dernier grommela quelque chose et se dirigea vers la terrasse, ma laissant seule avec Eneko.
Est-ce que je l'avais mis en colère ? Sûrement.
— Je n'aime pas tout ça, chuchota Eneko, faisant écho aux paroles que Zoran avait dit avant que je ne parte, une semaine plus tôt.
— Si je pouvais je t'accompagnerais moi-même faire le tour de toutes les meutes, mais...
— Tu es Second et ta place est ici. Ça ira pour moi.
— Zoran n'a pas tort, Isis. Il y a des meutes qui... craignent vraiment. Des Alphas qui n'auront aucun scrupule à te faire du mal si l'occasion se présente. Darell Bailey est peut-être même le pire. C'est dangereux.
Je posai une main sur son bras :
— J'ai déjà été dans le Delaware à de nombreuses reprises. Je ne dis pas que je ne crains pas cet Alpha, mais je suis toujours repartie de là-bas en un seul morceau.
— Ça ne change rien au fait que je trouve que Timothy est inconscient de te demander ça. C'est tout.
Que répondre à ça ? J'avais confiance en Timothy et je savais qu'il garderait un œil et même deux sur mon voyage. Parce qu'il était comme ça. Je connaissais des facettes de Timothy que la moitié des loups du Pays ignoraient.
Eneko m'embrassa sur le front, m'attirant un instant dans ses bras :
— Je vais aller voir Jahyan. Je repasserais tout à l'heure.
La porte d'entrée se referma derrière lui et je retournai dehors. Zoran était en train de fumer, les yeux fermés, la tête légèrement rejeté en arrière.
Sahlia et Arthur étaient encore là, à m'attendre. J'allais aller m'assoir entre eux quand la chaise à côté de Zoran recula, sûrement du au léger coup de pieds qu'il donna dedans pour me faire comprendre que la place était vide et qu'il voulait que je vienne là.
Ce que je fis. Il était déjà suffisamment en colère, alors autant ne pas trop tenter le diable.
Je m'installai et sa main se retrouva dans ma nuque, son pouce traçant de petits cercles sur ma peau, m'envoyant de légers frissons.
Arthur sourit quand Sahlia rougit, détournant le regard.
Le reste de la journée, je le passai avec ma petite sœur et mon petit frère.
Oren et Cyriane nous rejoignîmes un moment et personne ne dit jamais rien sur la présence de Zoran, qui ne bougeait pas ni même ne bronchait.
Nous parlâmes tous ensembles et Eneko réapparut en fin d'après-midi avec un dossier sous le bras. Il vint me le donner et après l'avoir feuilleter un peu, je montai le ranger.
Zoran me suivit dans la chambre et referma la porte derrière nous. Depuis ce matin, il ne m'avait pas parlé une seule fois, se contentant de me toucher continuellement. Il s'avança dans mon dos et ses bras entourèrent mon ventre, me pressant contre lui. Il enfouit son visage dans mes cheveux et je senti son sexe contre mes fesses. Je me mordillai la lèvre et fermai les yeux, savourant la sensation.
J'avais terriblement envie de lui. Terriblement envie de le sentir.
Je me tournai dans ses bras et l'embrassai à pleine bouche, lui faisant sentir cela. Il gronda contre ma bouche et me souleva. Mes jambes s'enroulèrent autour de ses hanches et il nous amena jusqu'au lit avant de m'y faire tomber.
Je mangeai son torse du regard et ses yeux s'assombrirent comme jamais. Il voulut se pencher, mais ma main sur son torse l'en empêcha. Je me redressai et embrassa le chemin de poils qui descendait au niveau de son pubis, laissant mes doigts tracés son V parfait.
Il passa ses mains dans mes cheveux et j'entendis sa respiration se couper alors que mes mains passaient dans son dos et glissaient sur ses fesses, à même la peau. Je fis glisser son short, mon cœur battant sourdement dans ma poitrine.
C'était presque douloureux. Et j'étais un peu mal à l'aise... non, gênée, mais... j'avais envie de le goûter.
Je voulais connaître sa saveur.
Son short glissa sur ses hanches et me dévoila son sexe dressé et magnifique.
Énorme aussi.
Je laissai un doigt courir sur toute la longueur et Zoran gronda, refermant ses poings dans mes cheveux.
Je levai les yeux sur le visage de Zoran alors que je tombai à genoux devant lui. Il avait la tête rejeté en arrière, dans l'expectative.
Je me penchai et donnai un très, très léger coup de langue sur son gland.
Son corps tout entier se crispa et je vis ses mâchoires se tendres à l'extrême. Mes lèvres glissèrent sur son gland et je le pris enfin en bouche.
— Ah bébé...
Je ne le pris pas profondément dans ma bouche tout de suite, voulant m'habituer à la sensation de l'avoir. La peau était si douce sous ma langue et son goût... j'aurais pu jouir dans l'instant. Cette pensée me fit rougir comme jamais et je fermai les yeux, le faisant glisser.
Zoran gronda alors que je le prenais toujours plus profondément. Je le senti dans ma gorge et su que je ne pouvais pas aller plus loin. Je reculai la tête, manquant d'air, mais gardai son gland sur ma langue.
C'était tellement bon... tellement... délicieux !
Je le suçai et ses hanches se mirent à bouger. Il donna de légers coups de reins, sans jamais aller trop vite ou me faire mal.
Les sons qui sortaient de sa bouche étaient exquis. Sa prise dans mes cheveux se fit alors plus dure et dans un ultime coup de rein, il jouit dans ma bouche.
Le cœur battant douloureusement dans ma poitrine, j'avalai, les joues rouges et les seins lourds.
Zoran me souleva et m'allongea en travers du lit, sur le ventre. Je l'entendis sortir une capote du tiroir et la poser à côté de lui alors que sa bouche se posait sur mon épaule et descendait lentement le long de ma colonne vertébrale.
Tout n'était que sensations.
Un baiser.
Un souffle.
Une caresse.
Il tira sur mes cheveux et m'embrassa à pleine bouche alors que j'étais déjà à bout de souffle.
— Met-toi à quatre pattes, souffla-t-il contre mon oreille.
À... quatre... pattes ?
Mon souffle se bloqua dans ma gorge, mais je le fis. Un baiser sur ma fesse. Ses mains sur mes seins et ses pouces jouant avant mes mamelons.
Je gémis, n'en pouvant plus.
— Zoran..., l'implorai-je.
Je ne le sentis plus et tournai légèrement la tête pour le voir enfiler le préservatif. Cette vision m'échauffa encore plus et je fermai les yeux.
Il me pénétra d'un doigt, traçant de grand cercle dans mon vagin. J'agrippai les draps, n'en pouvant plus.
J'avais si chaud.
J'avais tellement besoin de le sentir que s'en était affreusement douloureux.
— Zoran...
Sans me prévenir, sans un mot, il me pénétra durement, ses hanches venant claquer contre les miennes. S'il ne m'avait pas retenu, mon corps serait parti en avant.
Un baiser sur mon épaule.
Et le reste ne fut plus que claquement de peaux.
Que souffles erratiques.
Et que gémissements bas et sourds.
Ses coups de boutoir étaient une libération, presque une délivrance. Je le laissai me pilonner comme il le souhaitait, mon corps encaissant, l'orgasme grimpant toujours plus vite.
Et il explosa.
Je criai, la bouche plaquée contre le matelas pour l'étouffer.
Zoran grogna et sa cadence fut bien plus rapide. Ses doigts pincèrent mes tétons et le désir remonta presque aussi vite qu'il avait explosé.
Son pouce vint caresser mon clitoris et des larmes glissèrent le long de mes joues alors que j'avais le corps en feu.
Que j'étais le feu.
Nos deux corps volèrent en éclat en même temps et je m'effondrai sur le matelas, les jambes tremblantes et le souffle terriblement court. Le corps de Zoran pesa sur le mien, mais je sentis qu'il retenait une partie de son poids.
Pendant plusieurs minutes seul le bruit de nos respirations brisa le silence.
Je me sentais bien.
Je me sentais apaisée et sereine.
Je me sentais... heureuse.
Zoran se recula et je l'entendis retirer la capote avant de m'attirer dans ses bras, ma tête reposant contre son torse.
Je fermai les yeux et laissai sa chaleur et sa puissance m'envelopper complètement. Il caressa mes cheveux avec tendresse et je crois bien que je finis par m'endormir là, comme ça.
Le lendemain matin arriva trop vite. Le petit-déjeuner se fit dans le silence et Sahlia retint difficilement ses larmes. Arthur semblait de mauvaise humeur et Oren ne disait pas un mot.
Tous les trois avaient compris que la prochaine fois que je reviendrai ne serait pas avant plusieurs mois.
Eneko était aussi sombre et triste que ses enfants et il n'y avait rien que je puisse dire pour les rassurer. Zoran était à côté de moi, son corps effleurant le mien alors que je n'avais aucun appétit.
Quand l'heure du départ arriva, je pris cinq minutes avec Sahlia, puis avec Oren et enfin avec Arthur. Ce dernier me serra fort dans ses bras et je senti une de ses larmes couler le long de mon cou. Mon cœur se serra.
Pourquoi était-ce si douloureux ?
— N'hésitez pas à m'appeler quand vous en avez envie.
Ils hochèrent la tête avant qu'Eneko ne m'attire contre lui, une main sur ma tête.
— Fais attention à toi et donne de tes nouvelles, d'accord ?
Son loup brilla et ma louve monta pour le saluer :
— Bien-sûr, répondis-je.
Il me fixa un moment, ne trouvant pas le courage de me lâcher. Qu'était-ce quelques mois alors que nous avions toute la vie pour nous revoir et apprendre à nous connaitre toujours plus ?
Il savait que je reviendrais toujours.
— Aller va, souffla-t-il en me lâchant.
Shana et Cyriane vinrent m'embrasser quand Jahyan ne fit aucune apparition, pourtant je savais qu'il était ici. Mais je m'en fichai bien.
Zoran attrapa mes quelques affaires et fut le seul à m'accompagner jusqu'à ma voiture. J'avais mal au ventre. Ne savais pas vraiment quoi lui dire.
Nous n'allions pas nous revoir avant... longtemps.
Je m'avançai et agrippai son t-shirt :
— Arrête de froncer des sourcils, ça te donne un air méchant, dis-je, trouvant la force de sourire.
Sa main dans ma nuque. Là où était sa place.
— Si tu pars en chasse, peut-être qu'on se croisera.
Son autre main sur ma joue.
Et puis il prit mon visage entre ses doigts et se pencha légèrement, sa bouche à quelques centimètres de la mienne.
Je regardai ses yeux. Me perdis dans l'intensité de son regard si sombre, mais si beau et intense.
— Je ferais attention, lui promis-je. J'essayerai de ne pas parler aux inconnus.
Rien ne filtra et les larmes montèrent. Je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas ne plus le voir.
— Dit quelque chose, idiot de loup, sanglotai-je soudain.
Il attira mon visage contre son torse et me serra contre lui alors que je ne pouvais m'empêcher de pleurer. Je n'aurais pas cru que l'idée de ne plus le revoir ferait aussi mal. Et pourtant...
Je reniflai, essayant de reprendre le contrôle. Je finis par me reculer.
— Pardon, je ne voulais pas pleurer devant toi. Je...
Zoran m'embrassa à pleine bouche, ne me laissant pas le temps d'en dire plus. S'il continuait comme ça, je n'arriverais pas à partir.
Je posai une main sur son torse et le forçai à s'écarter de moi.
— Il faut que j'y aille.
Sa main agrippa mon poignet et il le porta à sa bouche, son regard verrouillé au mien :
— Je n'aime pas quand tu me repousse de la sorte, Némésis.
Dangereux.
Il laissa son nez glisser le long de mon bras, sans jamais me quitter du regard. Il finit par me lâcher et me laissa grimper dans ma voiture. Il se pencha par-dessus la fenêtre et je vis une sorte de détermination dans son regard.
— Je ne serais pas long, dit-il simplement avant de reculer.
Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il entendait par là. Je démarrai et alors qu'il remontait les marches, je m'éloignai.
J'ignorai quand je le reverrais.
Mais je savais que j'allais me sentir vide aussi longtemps que durerait tout ça.
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