♦ Bonus Jahyan ♦
J'avais autour de moi deux louveteaux qui se pressaient contre mon flanc. Mon fils de deux ans, Noam, était littéralement allongé sur mon torse, sa tête sous mon menton. Nakusha, quant à elle, était pressée entre les deux corps de ses grands-parents. Shana dormait encore profondément. J'avais été cherché Noam quand il s'était réveillé il y a quelques heures. Heureusement, il s'était rendormi comme une souche.
Du peu que je pouvais entendre, je percevais du bruit dans la cuisine. Sûrement Lilou qui était déjà debout pour préparer le déjeuner de tout le monde.
Lilou... Ma seule fille. Elle était ce que j'avais de plus cher au monde, comme tous mes enfants à vrai dire. Seulement, il avait fallu qu'elle me ramène Dyklan Saddler pour beau-fils. Une plaie, c'est moi qui vous le dis. Nakusha n'avait rien de lui, évidemment. Elle n'avait hérité que des belles facettes des Pearson. Je reçus une légère tape sur le haut de ma tête. Je pivotai ma tête et croisai le regard de ma compagne.
Ma femme.
La mère de mes enfants.
Mon seul amour, pour toujours.
Voilà une vérité qui n'avait pas changé.
Le regard profond de Shana devint plus tendre quand elle le posa sur la petite bouille de Nakusha. Bon sang, cette gamine était belle. Elle avait les grands yeux de Lilou, qui avait hérité de mes yeux bleus. Elle avait cette peau légèrement mate, que sa mère tenait elle-même de Shana. Elle était aussi fine et musclée que mes enfants. Tous avaient pris la musculature fine et tonique de Shana. Je pouvais sentir son énergie lupine dormir au creux d'elle. Pour cette partie-là, je savais très bien qu'elle avait hérité de son Alpha de père. Il était évident que Nakusha serait amenée à produire de grande chose, j'en avais conscience et j'en étais fier. Cette petite allait répondre à de grandes promesses et tenir notre peuple dans une montée de puissance considérable.
_ Noam a fait un cauchemar ? souffla la voix de Shana.
En ce moment, Noam avait quelques soucis de sommeil. J'étais persuadé que c'était son loup qui lui menait déjà la vie dure.
Une vieille légende disait que parfois, la réincarnation d'un grand loup était possible. Peut-être que mon fils portait en loup déjà vieux et instable et qu'il se réveillait, longtemps endormi après des siècles d'attentes auprès de Sharan. Shana ne me croyait pas, mais je savais déjà que l'enfance, ainsi que l'adolescence de Noam ne seraient pas faciles si je ne lui donnais pas des clés maintenant.
J'étais très proche de mon dernier garçon. Noam, à l'instar de Jude et de Sezny, portait un loup difficile en lui. Un loup digne de notre lignée. Je savais qu'il me ressemblerait pour la simple et bonne raison qu'il était comme moi à son âge. Seulement, il avait Shana en mère. Il s'en sortirait, même si son loup lui réclamait plus de maîtrise. Je ne m'en faisais pas. Mais Zoran avait raison pour une chose : l'énergie de Noam était changeante. Cela voulait parfois dire que le loup n'était pas forcément stable en plus d'être sur une pente glissante. Noam avait les premières caractéristiques d'un enfant qui pouvait s'établir comme une Main. Zoran et moi en avions parlé sans en dire plus à Shana. C'était très peu probable de par nos rangs à elle et moi que Noam finisse par développer un loup complètement instable.
_ Je crois qu'il avait simplement envie de dormir avec nous, soufflai-je à ma femme.
Elle sourit tendrement et caressa la joue de Nakusha. Cette dernière cligna des yeux, bâilla et marmonna quelque chose que Shana comprit visiblement, vu qu'elle lui répondit.
Avec cette légère agitation, Noam s'éveilla à son tour. Il croisa mon regard en premier et posa sa main sur ma joue. J'embrassai sa tempe qui était à portée de mes lèvres et me redressait lentement pour lui laisser le temps de se réveiller. Shana se pencha vers nous, me vola un baiser avant de se lever, suivie de Nakusha.
Je passai par la chambre de Noam pour récupérer son pyjama et lui changer sa couche. Il était pratiquement propre pour un enfant de son âge, mais nous avions eu quelques accidents, donc nous gardions la couche.
Noam revint se presser contre mon torse alors que j'avais fini de m'occuper de lui. Je descendis les escaliers avec mon koala contre moi.
Dans la cuisine, j'aperçus ma femme et ma fille. L'énergie de Lilou était brillante et chaude. Digne d'une femme enceinte. Je fis la moue quand Dyklan se pressa contre son dos, faisant rire mes deux femmes.
_ Bonjour, beau-papa, ajouta-t-il en croisant mon regard.
Je pinçai mes lèvres, avec un signe de tête.
_ Salut p'pa ! sourit Lilou.
Elle vint vers moi et me laissa déposer un baiser sur ses lèvres. Si ça perturbait les humains, chez nous c'était totalement normal. Après tout, elle avait été une de mes louves avant d'être la compagne d'un autre Alpha. Il ne venait qu'en second.
Shana fit la moue en écoutant mes pensées. Je ricanai. Lilou embrassa le nez de son petit frère. Ce dernier, un peu farouche le matin, la laissa faire, mais n'alla pas dans ses bras.
Je posai ma main sur le ventre de Lilou, sentis l'énergie minuscule qui se nichait là. Ma fille pressa mes doigts, son sourire immense sur son visage.
Je me rappelai encore à quel point sa première grossesse l'avait ravagée. Je me rappelais encore de sa détresse, de la rage de mon loup à ne pouvoir la protéger.
Mon regard croisa celui de Dyklan. Maintenant qu'il avait fait des enfants à ma fille, elle aurait dû mal à se séparer de lui, mais j'avais toujours des tactiques. Elle pourrait toujours revenir ici.
Je pivotai mon regard vers la terrasse. J'entendais une voix féminine. La Protectrice de ma petite fille, ainsi que la voix bourrue d'Henrik. Ils étaient tous les deux réveillés depuis longtemps. L'énergie du portail frôla mon aura. Tout le monde arrivait tôt ! Ce genre de week-end m'épuisait autant qu'il me réconfortait.
Je sentis bientôt l'énergie de mon troisième enfant. Sezny apparut dans la cuisine et laissa Lilou l'embrasser et lui faire un câlin. Il me vit et fit la grimace.
_ Tu peux prévenir quand tu découches jeune homme, grognai-je.
Il laissa Dyklan lui ébouriffer les cheveux alors que je pinçai mes lèvres.
_ J'espère que vous n'avez pas fait les fous. Aujourd'hui, c'est journée sport, remarqua Dyklan.
_ Tu fais du sport, toi ? maugréai-je dans mon coin.
Shana me fusilla du regard alors que Noam lui prenait des mains son biberon de lait. Il l'enfourna, observant l'Alpha devant lui. Noam jouait souvent avec Dyklan. D'après Shana les enfants nous collaient lui et moi parce que notre aura était particulièrement attirante.
Lilou pivota vers moi, les lèvres pincées, elle aussi. Je haussai un sourcil.
_ J'adore la compétition, ricana Dyklan. Quand vous voulez, beau-papa.
Je sentis mon regard s'étrécir.
Jude et Kahyna entrèrent bientôt à leur tour, suivi de toute la famille Swanson au grand complet. Isis tenait dans ses bras une petite chose bien fragile que mon Alpha adorait tout particulièrement. Je laissai Sezny récupérer Noam et ce dernier enroula un bras autour de la nuque de son grand frère. Jude quant à lui, tenait une Megami particulièrement calme dans ses bras.
Kahyna se pencha pour embrasser ma joue en grimaçant.
_ Elle n'a pas dormi cette nuit. Cauchemar, m'expliqua-t-elle.
Je grimaçai. Une Megami grognon était pire qu'une Lilou grognon. Ça ne donnait jamais rien de bon, mais pour l'instant elle était calme avec son père.
Je m'approchai d'Isis. Cette dernière me sourit doucement, embrassant tendrement la tempe de sa fille. Lentement, la main de Selen se tendit vers moi, me cherchant. J'agrippai ses petits doigts et déposai un baiser sur son nez.
_ Elle te reconnait à chaque fois, souffla Isis, toujours aussi émue.
_ Nos énergies sont familières pour elle, murmurai-je. Comment va ma petite Leny ?
Le sourire de Selen s'agrandit et elle me tendit volontiers ses bras. Elle portait une petite robe à fleurs. Shana la lui avait offerte il y a quelques mois déjà. Elle était plutôt petite, sûrement la taille de son père dont elle avait hérité.
Je croisai le regard de Zoran. Ma Main était tendue en ce moment et je ne savais pas si une Chasse pourrait l'apaiser. J'avais appris à composer avec les problèmes de Zoran, surtout depuis que Selen était dans la balance.
Je pressai la petite fille contre mon torse et elle frotta son nez contre ma joue rasée.
_ Tu te sens bien, Leny ? murmurai-je contre son oreille.
Isis caressa les cheveux de sa fille avant de pivoter vers Lilou qui lui demandait quelque chose. Selen se redressa lentement dans mes bras et me laissa presser mon front contre le sien.
_ Ça va, souffla la voix de la très jeune fille.
Selen avait hérité de la voix douce et tendre de sa mère, je ne pouvais enlever ça à Némésis. Selen serait aussi douce que sa mère, à voir si elle avait hérité quelque chose de son père, autre que ses yeux très clairs et sa petite taille.
J'allais m'installer dans un coin de terrasse alors qu'Akila et Henrik se reposaient sur le hamac. Akila était littéralement sur le torse immense d'Henrik. Elle paraissait petite et fragile à côté de lui, mais d'après Lilou, Akila portait la culotte. J'avais ri en entendant cette phrase. N'importe quelle femme, aussi indépendante et libre qu'elle fût, pouvait éprouver une sensation de sécurité entre les bras de la personne qu'elle aimait profondément. Que ce soit un homme ou une femme.
_ Il parait que tu as rencontré un monsieur qui a le même souci que toi. Tu te rappelles ?
Le sourire de Selen se fit malin. Je l'installai sur mes genoux. Si son regard était tourné dans le vide, son oreille était dirigée vers moi, preuve qu'elle m'écoutait attentivement. Et surtout, qu'elle savait très bien où j'étais. Elle avait une peau assez pâle, car elle sortait très rarement. Je savais que Zoran et Isis avaient peur pour elle depuis qu'elle avait complètement perdu la vue. Voilà ce qui avait été le plus douloureux dans cette histoire... Si Selen était née aveugle, peut être que cela aurait conditionné tout le monde. Tout le monde aurait fait avec, ça aurait été une normalité et nous nous serions adaptés. Mais ma petite louve ici présente nous avait fait bien plus de peur que ça... Les médecins ne savaient pas bien dire pourquoi elle avait perdu la vue de façon progressive, jusqu'à la perdre totalement il y a un an maintenant à quelques semaines près.
_ Oui. Il s'appelle Elijah, sourit Selen en tenant ma main entre ses petits doigts. Il est gentil. Il m'a expliqué beaucoup de choses.
_ Il va t'aider, insistai-je. D'accord ? Il faut que tu l'écoutes avec beaucoup d'attention.
Elle hocha la tête et chercha ma joue de son autre main. Je la guidai à peine et elle caressa ma peau douce. Elle était habituée à trouver ma barbe à cet endroit, mais je n'avais plus rien depuis quelques jours déjà.
_ Tu viendras avec moi la prochaine fois ? me demanda-t-elle innocemment.
_ Si tu veux, oui, je pourrais t'accompagner, acquiesçai-je. Papa a réussi à te montrer comme lire les livres avec les reliefs ?
Elle fit une petite moue avant de soupirer.
_ Maman sait mieux faire, admit Leny avec une petite grimace. Je crois que Papa n'aime pas ça...
_ Il fera avec, ma douce. Ton père est juste impatient.
_ Ça veut dire quoi impatient ?
La question de Selen me fit rire et j'embrassai son nez.
_ Ça veut dire qu'il n'aime pas attendre. Comme toi quand tu attends ta glace à la vanille.
Selen rit, d'un petit rire enfantin, discret et tellement unique. Je continuai de discuter avec elle jusqu'à ce que Sezny vienne me voir avec Noam. Ce dernier me réclamait.
Younes n'était pas loin derrière mon fils. Ces deux-là étaient inséparables, j'étais presque sûr qu'ils allaient se suivre à l'université. J'en mettrais ma main à couper. Sezny avait plus d'échéances que Younes de ce côté-là, de par son haut niveau en sport. Le garçon de Zoran suivrait volontiers son meilleur ami là où ce dernier irait.
_ Prends ta sœur, Youn, marmonnai-je. Et laisse-moi deux secondes avec mon fils désobéissant.
Younes jeta un rapide coup d'œil à Sezny qui grimaçait. Il s'approcha quand même après une entente avec mon fils et récupéra sa sœur. Selen se laissa faire, reconnaissant aisément l'énergie de son frère. Younes était particulièrement protecteur envers sa sœur. Il avait été là après tout quand elle avait complètement perdu la vue. Je pense que cela l'avait profondément marqué, ce que je pouvais comprendre au fond...
Sezny s'installa à mes côtés, sur l'une des marches qui menaient au jardin. Noam me tendit ses petites mains. Je me penchai et déposai un baiser sur son nez alors qu'il posait ses doigts un peu collants sur mes joues. Je soufflai contre sa bouche et il poussa un léger rire. Il se dandina jusqu'à moi et s'installa sur mes jambes, son dos contre mon torse. Je caressai ses cheveux qui formaient des bouclettes. Je ne savais pas de qui il tenait ces cheveux-là, mais c'était étrangement mignon.
_ On va vraiment parler de ça maintenant ? soupira Sezny.
_ Fils, grondai-je. Je décide de quand on parle des problèmes. Jusqu'à ce que tu aies trouvé ta voie, ton boulot, ta vie, je serais celui qui décidera d'accord ?
La moue accentuée de mon fils me fit comprendre qu'il n'avait vraiment pas envie de m'entendre parler des heures. Je connaissais Sezny aussi bien que je gérais Jude au même âge, c'est-à-dire d'une poigne ferme. Grâce à ça, Jude était à présent Alpha, compagnon, mais aussi père. Et tous ces accomplissements de sa part me rendaient très fier. Je voulais que Sezny suive le même chemin.
Noam s'installa confortablement sur moi, écoutant nos voix à Sezny et moi.
_ Tant que tu es sous ma responsabilité, Sez', je veillerais sur toi, soufflai-je. Que tu le veuilles ou non. Que ça te plaise ou non.
Je posai un rapide regard sur mon fils qui rougissait. Il se frotta le crâne et grommela quelque chose. Il haussa ses épaules quand il me regarda enfin.
_ Tu crois vraiment que j'ai besoin de savoir ça, p'pa ? marmonna-t-il.
_ Je veux que tu comprennes l'importance de ce que tu as fait, affirmai-je. Younes est capable de se défendre.
_ Ça reste à voir, maugréa Sezny.
_ Je sais que tu veux le défendre, mais il doit aussi apprendre à le faire seul. Tu ne seras pas toujours là pour le protéger.
_ On parie ? me rétorqua mon fils.
L'intérêt de Sezny pour Younes avait toujours été farouche et je savais que ce que ça pourrait donner si ces deux-là se retrouvaient dans la même meute. Je n'avais jamais poussé Sezny à devenir Alpha, mais j'avais fait en sorte de l'élever comme Jude. Car, même s'il ne devenait pas un Alpha, il deviendrait un loup puissant, au sein d'une meute puissante. Nos enfants, à Shana et moi, étaient des loups d'un niveau de puissance bien supérieurs à la moyenne. Lilou gérait la meute de Dyklan d'une main de fer, elle élevait sa fille avec un amour infini et elle avait une carrière qui ne cesserait de m'étonner. Jude avait tout aussi bien réussi sa vie, de mon point de vue. Malgré les différends qui nous avaient tenu loin l'un de l'autre pendant un certain temps, il restait mon fils. Lilou restait ma fille même si elle avait eu un goût atroce en matière de garçon.
Sezny quant à lui, avait pratiquement grandi avec Younes. Je savais qu'il ne perdrait pas de vue son meilleur ami. Le pire là dedans ? C'est que je savais que ni l'un ni l'autre n'abandonnerait son double. Younes poussait Sezny à être plus calme, plus réfléchi. Tandis que Sezny contrebalançait l'équilibre afin que Younes soit plus sûr de lui, soit plus extraverti. Je savais qu'ils étaient bénéfiques l'un pour l'autre, mais cela ne devait pas leur attirer plus d'ennuis qu'autre chose.
_ Je sais que te placer en avocat de Younes te tient à cœur, Sez, mais je ne veux pas que tu te créé des problèmes avec les humains. Surtout pas à ton âge. Apprends à ruser. Si Younes reçoit des coups, ne les rends pas. Sois plus malin que ceux qui ont fait ça à Younes. Ou à n'importe qui d'autre à qui tu tiens.
Mon fils soupira un bon coup avant de hocher la tête. Je continuai de parler avec lui jusqu'à ce que Jude et Dyklan nous rejoignent.
Ce fut à cet instant que la compétition fut lancée.
Quand vous aviez des enfants, vous faisiez en sorte que leurs passions, voire leur motivation soit entraînée, poussée à fond pour être réelle et tangible. Sezny avait toujours adoré le basket et depuis tout petit, j'avais fait un de mes devoirs les plus importants de l'emmener à chacun de ses matches, à chacune de ses compétitions.
Sezny faisait déjà partie d'une grosse équipe dans son lycée et je savais qu'il allait choisir une université en fonction de ses talents. Autrement dit, une université pas forcément à côté de la maison. Il devait donc comprendre dès à présent de la jouer cool et sournois avec les humains. Je ne tolèrerais aucun écart de plus. Il le savait, le comprenait. Les tensions avec les humains n'étaient pas au beau fixe et malheureusement, cela ne changerait pas pour l'instant.
C'est aussi pour ça que j'avais fait couler cette dalle de béton au fond du jardin pour faire un vrai terrain de basket à Sezny. Il avait passé des heures et des heures sur ce terrain. Connaissaient tous les endroits où il y avait quelques trous. Il savait tirer un ballon depuis l'autre bout. Sa condition de loup était à peine visible sur ses capacités de jeux, ce qui le sauvait un peu. Cependant, il faudrait que je contacte l'université, comme prescrit par les politiques d'inscription. Le dossier médical de Sezny leur serait transféré et son patrimoine génétique, gardé sous clé. C'était ainsi que ça fonctionnait maintenant. Le sport était devenu un domaine plutôt instable pour les loups, ou tout métamorphe susceptible d'être plus fort que certains humains.
Je rattrapai de justesse la passe que me fit Jude et j'esquivai Zoran qui m'attaqua de front. Je fis un petit pivot avec trois rebonds, mais déjà Sezny me piquait la balle. Je grognai, mais Henrik était déjà sur les traces de Sezny. Nous bougeâmes presque d'un seul homme quand l'attaque se forma autour de notre panier. J'allais m'approcher de Sezny, mais Dyklan me bloqua le passage.
Je lui grognai dessus et le poussai. Il trébucha et tomba sur les fesses, le regard écarquillé et surpris. Ouais, quoi ? Mauvais joueur ?
_ Yan ! cria Shana.
_ Carton jaune ! hurla Lilou à côté.
Kahyna explosa de rire alors que les enfants coloriaient non loin des mères. Je fis la moue à ma fille et tendis ma main à Dyklan. Il l'observa d'un mauvais œil pendant quelques secondes. Quand il tendit ses doigts pour attraper les miens, j'esquivai sa main et me remis à courir sur le terrain.
Sezny alla aider son coéquipier pendant que Jude haussa un sourcil, mauvais. Il aimait bien trop son beau-frère pour accepter ce genre de comportement de ma part.
_ Il faut arrêter de simuler, grondai-je.
Dyklan frotta son short, son torse luisant de sueur. Comme tous les mecs qui se trouvaient sur le terrain. Dyklan était avec Sezny et Zoran. J'étais avec Jude et Henrik. C'était les petits contre les grands. Sauf que Zoran et Sezny se débrouillaient plus que bien à ce sport. Ils entrechoquèrent leur torse en ricanant pendant que Dyklan me surveillait. Leur équipe relança la partie.
Je vis Younes non loin de sa mère, lui murmurer quelque chose. Quelque chose qui fit rire Isis visiblement puisqu'elle rit assez fort pour faire pivoter Zoran. Je lui chipai la balle et courus jusqu'au panier. Je tendis les bras, prêts à lancer.
Une main me faucha le ballon et les cris victorieux de Lilou retentirent. Je grondai en voyant Henrik tenter de stopper Dyklan dans sa lancée. On prit un point dans la tronche, mais cela ne m'arrêta pas pour autant.
Le match fut serré et je jouai la gagne jusqu'au bout. Au dernier point qui se joua, je me retrouvai face à face avec Dyklan. Il tenta de me piquer la balle, pressant son torse contre mon dos pour tendre la main.
_ Tu crois vraiment être à la hauteur, Saddler ? grondai-je.
_ Lilou est enceinte de mon deuxième enfant, cracha Dyk Dyk. Alors ouais putain.
Il me piqua la balle et je lui fis un croche-pied. Il se ramassa par terre alors que je ricanai.
_ Faute ! cria Sezny. C'est quoi ça, p'pa ?
_ Technique de défense, maugréai-je.
_ Sois pas mauvais joueur, beau-papa, ricana Dyklan.
Je haussai un sourcil, prêt à l'attaquer. Zoran me lança un coup d'œil blasé avant de secouer la tête. Henrik prit la bouteille d'eau qu'Akila lui tendait. Nakusha était accrochée à sa jambe, ne voulant guère la lâcher depuis qu'elle était sous sa forme humaine. Henrik rit à une bêtise d'Akila et l'embrassa en échange de la bouteille. Nakusha tira sur le short d'Henrik en tendant ses lèvres. Henrik rit et embrassa le front de ma petite fille. Henrik avait beau vivre chez des loups depuis toutes ces années, il ne prenait pas les habitudes. Akila caressa les cheveux de Nakusha. Ma petite fille réclamait un bisou sur la bouche. Je vous jure... Aussi dépravée que son père à ce stade. Il faudrait que j'y remédie.
_ Alors Yan, tu crois que tu peux gagner sans tricher ?
La voix de Zoran me fit grogner. Le point fut relancé et bien sûr, ce fut Sezny qui marqua de l'autre bout du terrain. Il bondit de joie et de fierté et son regard chercha immédiatement son acolyte préféré. Younes était lui aussi debout pour le siffler. C'était rare de voir Younes aussi expressif. Tout comme Némésis, j'appréciais de le voir extraverti parfois. Younes, tout comme Selen, était encore lié à moi. Il était l'un de mes loups, le voir heureux et à l'aise était l'un de mes objectifs premiers.
Quant à mon beau-fils, et bien, il survivrait, n'est-ce pas ?
Le week-end arriva à sa fin plus rapidement que je ne m'y attendais. Tout le monde dû repartir. Le travail arrivait demain évidemment. Ce n'était pas parce que nous étions des loups, et que tous mes enfants avaient de quoi vivre sur leur compte en banque qu'il fallait jouer la flemmardise assurée.
Les aux-revoirs furent longs et presque déchirants pour ma femme. Elle serrait Jude et Lilou dans ses bras, plus longtemps que la moyenne. Noam donna plusieurs bisous à sa grande sœur, tandis qu'il joua plus avec Jude qu'autre chose. Sezny laissa sa sœur lui faire un gros câlin, qu'il accepta en bougonnant. Aaah les adolescents ! Jude réussit à faire chauffer le cuir chevelu de son frère.
Ce fut Henrik qui rappela à Dyklan que Nana, sa sœur de meute dirons-nous, voulait une photo de la famille réunie au complet.
Nous passâmes par famille et pièces rapportées malheureusement. Je me retrouvais entre Sezny et Shana, portant toujours Noam. À côté de Shana, il y avait Lilou que Dyklan tenait par la taille, portant dans ses bras Nakusha. À côté de Sezny, il y avait Kahyna qui tenait Megami, ainsi que Jude qui posait un regard protecteur sur les siens. Je souris lentement. Henrik nous fit le décompte et bientôt, les sourires éclatèrent. Nous eûmes même droit à une photo avec des grimaces.
Puis ce fut au tour de la famille Swanson. Zoran fut placé au milieu avec Selen dans les bras. Némésis se positionna sur sa gauche, son bras autour de la taille de ma Main. Elle souriait tendrement alors qu'Aiken, qui avait été montré la ville à sa compagne, était de retour juste à temps ! Aiken se positionna donc à côté de sa mère et tira une Mei timide à côté de lui. Jude et Kahyna se positionnèrent sur la droite de Zoran, avec une Megami toujours aussi grognon. Younes se positionna à côté de Jude qui le prit par les épaules.
De nouveau, il y eut un compte à rebours et les photos furent prises. Satisfait, Henrik remercia l'assistance.
Quelques minutes plus tard, la maison nous parut bien vide. Isis et Zoran étaient rentrés avec Younes et Selen. Sezny était parti dans le jardin pour s'exercer encore un peu avant d'aller bosser ses cours. Grâce à Younes, Sezny tenait la route aussi sur ses performances mentales.
Shana donnait à manger à Noam dans la cuisine alors que je refermais la porte une dernière fois derrière un Jude peu désireux de repartir. Et pourtant, sa meute l'attendait.
Je passai ma soirée à observer Shana s'occuper de notre dernier bébé. Voilà où nous en étions après toutes ces années. Je n'aurais pas juré sur ma vie que Noam était notre dernier enfant, mais sûrement. Pour l'instant, ça se profilait comme ça.
Plus tard dans la soirée, je me laissai tomber sur le lit, juste à côté de ma compagne. Shana posa sa main sur mon torse nu et caressa doucement ma peau. Je frémis et roulai pour être face à elle.
_ Ça te plaît ces week-ends, hein chaton ? maugréai-je.
Elle rit tendrement. Je la tirai sur mes hanches. Elle ne portait qu'un vague boxer bleu en dentelle, sans soutien-gorge. Elle n'avait qu'un vieux débardeur sur les épaules. Le logo me disait quelque chose, mais ce n'était pas le logo qui m'intéressait. Surtout ses seins qui pointaient sous le tissu fin.
_ Tu as encore été atrocement énervant avec ton gendre. Ta fille l'a remarqué. À croire que tu es plus discret habituellement.
_ J'ai été très poli et gentil, rétorquai-je. Je ne vois pas de quoi tu parles.
Je me redressai assis dans le lit et fourrai mon nez entre les seins de ma femme. Elle gémit et ses mains glissèrent dans ma nuque.
_ Je crois que nous avons été interrompus la nuit dernière, grognai-je.
_ Lilou est enceinte, Yan, murmura Shana en me regardant dans les yeux.
Je souris lentement, sachant que cette nouvelle ravissait autant qu'elle effrayait Shana. Je voulais que tout se passe bien pour ma fille, je le voulais sincèrement. Cependant, mon loup était plus pragmatique. Il attendrait avant de se réjouir.
_ Elle a vraiment choisi le meilleur pour avoir des enfants, franchement, maugréai-je.
Je grognai quand Shana me donna une tape sur la tête.
_ Tu vas encore être grand-père, ricana Shana. Il va falloir faire attention, tu commences à vieillir.
J'embrassai son sein à travers le t-shirt, tentant de concentrer ma femme sur le sujet important de la soirée.
Je voulais lui faire l'amour et elle, elle causait des gosses. Bon sang, nous en avions fait bien trop pour pouvoir épuiser le sujet rapidement. Shana rit à ma bêtise. Je roulai et la plaquai contre le matelas.
Elle repoussa une de mes mèches rebelles. Je souris lentement et déposai un baiser sur son nez.
_ On a fait de beaux enfants, murmura-t-elle.
_ Que veux-tu, ils ont eu la mère parfaite, soufflai-je.
Elle ferma doucement les yeux quand je plaquai mon bassin contre le sien. Mon sexe était dur entre nous et j'aurais aimé la pénétrer comme ça, mais je sentais qu'elle voulait parler. Je ne fis donc que me frotter contre elle tandis que ses mains glissaient dans mes cheveux. Ses ongles griffant doucement mon cuir chevelu.
_ Il faut que tu sois sage quand Dyklan est là, sinon Lilou ne voudra plus venir, grogna Shana.
Je ricanai et me redressai sur mes coudes.
_ Tu rêves, rétorquai-je. Le jour où je cesserais de détester l'homme qui m'a volé ma fille n'arrivera pas. Tu entends ?
Shana rit avant de me ramener contre ses lèvres.
Elle me laissa la posséder, comme la toute première fois, lors de cette pleine lune qui nous avait liés. À chaque fois, je réapprenais à aimer ma femme, ma compagne.
À chaque fois que je voyais nos enfants, je réapprenais à être fier d'elle, de ce qu'elle avait accompli. De ce que nous avions accompli, ensemble.
Nos enfants étaient en bonne santé, ils vivaient leur vie, ils grandissaient avec ce que nous leur avions donné.
J'étais fier de cette vie.
Fier d'avoir un jour, botté les fesses d'une paysanne, qui était à présent ma femme.
La femelle dominante de ma meute.
La mère de mes enfants.
L'âme sœur de mon loup.
Shana avait été tout pour moi, dès l'instant où nous nous étions vus pour la première fois.
Je ne l'avais pas compris à ce moment-là, parce que j'avais été trop aveugle.
Mais quand j'avais vu Shana se battre pour les siens.
Quand elle m'avait dit oui.
Quand elle avait donné la vie à notre fils.
Quand elle avait donné la vie à chacun de nos enfants.
Quand elle m'avait murmuré, je t'aime.
Quand elle m'avait accepté à jamais dans sa vie.
Chaque souvenir était empreint d'amour, de loyauté, de confiance.
Nous avions créé une famille.
Une famille qui jamais ne faillirait.
Une famille qui saurait rester à tout jamais unie par des liens aussi profonds que ceux d'âme sœur.
Après tout, les rencontres sont comme le vent.
Certaines vous effleurent.
D'autres vous percutent.
FIN.
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