9. Jahyan

La route fut longue. J'en avais marre en arrivant chez Shana. Tout le monde avait roupillé pendant que je conduisais. Je me garai à ma place habituelle. Il devait être un peu plus de 7h du matin. Je regardai Shana s'étirer dans le siège à mes côtés. Zoran et Jalil grognèrent avant de sortir. Je me glissai hors du véhicule et allai ouvrir à Shana, lui tendant ma main. Elle la prit sans commentaire. Elle savait comment j'étais. Elle s'y habituait enfin ! Elle sauta au sol et se traîna avec les garçons. Je sortis les affaires de la voiture et les posai sur le perron. Il faisait plus lourd ici. Plus chaud. Et puis, avec la lune qui serait pleine demain, tout le monde allait être fougueux et avec une température qui frôlerait rapidement les 41 degrés. J'avais déjà chaud et me sentais un peu à l'étroit dans ma peau. Mon loup avait besoin de courir un peu après ces quelques jours à ruminer intensément. J'avais du mal à laisser Shana sortir de ma vue, et ça... m'agaçait. Enfin, ça devenait presque handicapant. Eneko avait été là pour me remettre un peu sur les rails, mais ici, je n'avais pas autant d'occupation que là-bas... Et mon loup était fixé sur Shana et son odeur alléchante. L'odeur qu'elle dégageait était caractéristique de la pleine lune.

Je rejoins les gens dans la cuisine. Rafael et Shana s'enlaçaient en riant doucement. Je m'assis sur un tabouret et posai la tête sur la table. Je ne fis même pas attention que je m'endormis. Une main dans mes cheveux et des lèvres sur mon cou me sortirent de mon pseudo-sommeil.

_ Va dans ton lit, Pearson, souffla la belle voix de Shana.

Si je lui demandais de venir avec moi, qu'est-ce qu'elle dirait ? Je grognai et me redressai. Elle s'appuya un instant sur mes épaules et m'ébouriffa les cheveux avant de sortir pour aller voir Jalil et Zoran qui ricanaient. Je me grattai la nuque, mes cheveux fourmillant encore du contact de Shana. Je soupirai et posai mon front contre la table. Bon sang... jamais je n'allais la sortir de ma tête et son odeur s'accrochait à moi, comme si c'était normal. Comme si elle m'appelait vraiment. Je fermai un instant les yeux et me levai. Je pris deux cafés avant de sortir. Shana et Zoran se battaient. Des gens débarquèrent pour travailler. Tous passèrent vers Shana et Jalil pour les saluer. Dans le bon ordre et de la bonne façon. Shana me lança un coup d'œil et un léger sourire remonta ses lèvres. Je fis la moue. Zoran l'attaqua et elle reporta son attention sur lui. Le troisième café réussit à me réveiller et je m'étirai un instant. Nous étions vendredi. Demain et dimanche pas d'entraînement. Alors il allait falloir gérer ça aujourd'hui.

Je pris la main à Zoran. Shana était échauffée et réussit à m'avoir sur plusieurs choses. Bon j'étais fatigué, mais elle savait aussi se défendre maintenant. Elle sauta de joie à chaque fois qu'elle gagnait la partie et tapai dans la main de Joaquim qui nous avait rejoint et Zoran.

Je passai la main à la Main de Shana et celle-ci lui montra ce qu'elle avait appris ces derniers jours. Mon loup finit forcément par l'observer de façon un peu plus appuyé que la normal. Ses cuisses se crispaient, ses mollets étaient légèrement plus fins et musclés. Son ventre était plat et ses abdos ressortaient légèrement. Preuve qu'elle avait prise en musculature. Ses seins étaient compressés par son soutien-gorge de sport, mais ils semblaient ronds et... parfaits. Bon sang, je me frottai les cheveux, grognant doucement.

Et si demain je m'éclipsais ? Non. Mon loup ne laisserait pas Shana toute seule le soir de la pleine lune. Si elle avait besoin de nous, nous serions là. Prêts à la satisfaire. Mon sexe se durcit rien qu'à cette pensée. Je me pinçai l'arête du nez et repris ma respiration, me calmant.

Le soleil grimpa vite et les loups arrêtèrent de s'entraîner. Jalil enfonça un chapeau de paille sur ma tête, sur celle de Shana et sur celle de Zoran et nous embarqua pour une balade. Shana me lançait des coups d'œil amusés et tous me retournaient. J'aurais aimé que la nuit passée soit une réalité. Mais elle ne l'était pas... Ça avait été un moment particulier, qui resterait caché par l'obscurité de la nuit.

L'obscurité des cauchemars, des souvenirs douloureux.

Elle m'avait apaisé cette nuit-là.

Elle nous avait apaisés, moi et mon loup.

Simplement en me touchant.

Simplement en me donnant ce dont j'avais besoin.

Et je m'étais senti bien. Pour la première fois depuis longtemps.

Pour la première fois depuis que j'avais tué Izsha de mes mains, je m'étais que j'y avais droit.

Je détournai mon regard, ne voulant pas qu'elle voit ma douleur prégnante.

C'était des souvenirs qui remontaient alors qu'ils n'auraient pas dû.

Elle me faisait douter. Douter le meilleur des façons car cela me forçait à être meilleur dans ce que je faisais, mais elle me faisait douter.

Et le doute n'amenait qu'une seule chose : la perte de contrôle.

Je ne voulais pas perdre le contrôle avec Shana.

Jalil se lança au galop et Shana le suivit en riant. Zoran me jeta un coup d'œil et se lança lui aussi. Je les suivais au trop, n'étant pas forcément doué pour aller au galop. Le chapeau de paille protégeait nos têtes, mais j'avais depuis longtemps abandonné le t-shirt. J'allais être presque noir dans quelques jours si je continuais comme ça. Eneko prenait plus vite que moi sa peau sombre, mais je n'étais pas loin derrière. Je rejoins les autres un peu plus loin, toujours plongé dans mes pensées.

Shana me faisait remettre en question beaucoup de chose.

Peut être même trop.

Mais le souvenir de son contact... oui j'avais voulu plus à ce moment là.

Oui, j'aurais aimé qu'elle soit faite pour moi et que ce soit normal d'avoir les gestes qu'on avait eu.

Les désirs étaient quelques choses de dangereux car ils aveuglaient la personne qui désirait ardemment.

Mais nous étions des loups.

Sauvages, intrépides, téméraires, audacieux.

Ce que j'avais compris depuis que Shana m'avait embrassé l'autre nuit, c'est qu'elle me donnait toujours envie de plus.

Et peut-être que le danger résidait là. Je devais faire attention. Je devais être prudent.

Ne pas laisser les émotions prendre le dessus et choisir à ma place.

_ Tu t'endors Pearson ? Se moqua Shana en venant à mon niveau.

Je tentais de ne pas trop la dévisager, de ne pas laisser le message : laisse-moi te donner ce dont tu as besoin maintenant, se peindre sur mon visage, mais c'était dur quand elle me regardait dans le blanc des yeux comme ça. Je pris une longue inspiration.

_ Tu... es plutôt calme, reprit-elle. Zoran s'inquiète. Fais-tu une dépression ?

_ Le jour où j'en ferais une, je t'appellerais, grondai-je.

Elle sourit et rapprocha son cheval du mien. Sa jambe effleura presque la mienne et sa main frôla mon épaule doucement. Elle aussi sentait ce besoin de toucher l'autre grandir et être presque vital. Elle respira longuement, serrant doucement mon bras. Je retins mon souffle. Nos chevaux marchaient côte à côte, se touchant presque. Je pris le poignet de Shana. Elle rouvrit les yeux et me regarda embrasser son poignet. Elle frissonna doucement.

_ Ne craque pas si facilement, louve, murmura mon loup, joueur.

_ Ça devient compliqué, gronda doucement la louve de Shana.

Jalil et Zoran revinrent vers nous et je la relâchai. Elle avait les joues un peu plus rouges que quelques minutes plus tôt et son souffle était court. Sa poitrine se soulevait un peu plus et ses jambes étaient crispées contre sa selle. J'aimais voir l'effet que je pouvais lui faire. Les réactions que je pouvais lui tirer. En fin de soirée, quand la lune serait levée, je ne ferais pas le malin de toute façon. Elle me demanderait de la toucher et je ne pourrais que le faire. Même si c'était simplement qu'elle m'effleurait ou qu'elle me tendait sa joue à caresser.

Tout ce qu'elle voudrait de moi, elle pourrait l'avoir.

Nous repartîmes vers la maison alors que Shana et moi nous quittions à peine du regard. Ça en devenait presque drôle dis donc. Nous étions restés longtemps en balade et à notre retour nous découvrîmes pas mal de compagnie. Les loups, juste avant la pleine loup, aimaient être ensemble. Puis, pendant la pleine lune, ça crapahutait dans tous les sens. Que ce soit pour les couples liés que pour les célibataires. Pour cette seconde catégorie, c'était plus dur, car le besoin n'était pas aussi satisfait qu'avec un compagnon ou une compagne. Alors forcément, les mâles cherchaient des louves célibataires et ne s'embarrassaient plus des présentations. Ils offraient ce dont elles avaient besoin.

Et j'avais une louve à ma hauteur non loin de moi qui se dandinait comme si elle respirait la sensualité.

Comment refuser ce que je voulais de toute façon lui donner ?

Craquer pour une raison ou une autre, nous allions le faire de toute façon. Il n'y avait pas moyen que je repousse ça encore éternellement. Shana serait mienne la nuit prochaine. Mon loup avait pris la décision depuis bien longtemps, mais pour moi, c'était plus dur à concevoir. Ce n'était peut être pas une bonne idée de la faire nôtre. Après, qu'est-ce que nous voudrions ?

Toujours plus.

Et elle ne voudrait pas nous en donner plus.

Elle nous supportait, mais elle ne nous appréciait pas... enfin... après l'épisode de la nuit dernière, mon loup réussissait à mettre ça aussi en doute donc...

Je descendis de mon cheval et allai aider Jalil à les descellés. Shana me frôla avant de partir et je me retiens difficilement de l'agripper et de l'embrasser. Je la regardai rentrer dans la maison, le cœur dans la gorge et le corps tendu de haut en bas.

Sorcière quelle était.

Elle allait avoir ma peau... Elle l'avait déjà. Que mon loup maîtrise tous mes instincts ne montraient pas vraiment une bonne image de contrôle, mais tant pis.

Je n'étais plus à ça près. Et elle non plus j'en était sûr.

Alessandro et Jade apportèrent le repas et à mon grand étonnement, Laila avait amené son compagnon avec elle. Et à la grande surprise de Shana, il y eut aussi Zadig. Je ne m'étais pas encore entretenu avec lui, je ne savais donc pas quel comportement il pourrait avoir Shana. Cette dernière pivota vers moi alors qu'elle voyait que son lieutenant était là. Je penchai doucement la tête. Zadig était accompagné d'Anaïg, sa compagne dont je fis la rencontre. Elle n'était pas venue et pour cause : je vis son petit ventre de femme enceinte pointé sous la robe qu'elle portait. Zadig avait dû vouloir l'éloigner du foyer de la meute, mais les grossesses réclamaient de l'attention. Elle devait être enceinte de quatre mois à peine. Son ventre était encore petit. Zadig resta derrière sa compagne alors que cette dernière saluait Shana. Elle échangea un long regard avec son lieutenant, qui finit par baisser les yeux sur ses pieds, pliant légèrement la nuque. Simple question de respect parce que j'étais là. Je le savais et Shana aussi. Mais elle accepta ce geste et prit des nouvelles d'Anaïg qu'elle me présenta par la suite. Anaïg était une femme charmante et douce, ce qui contrastait avec ce que j'avais pu entendre de Zadig. Elle n'avait rien contre Shana, je le voyais bien alors qu'elle réclamait l'attention de son Alpha.

Shana vint me voir alors que tout le monde était installé autour du barbecue, discutant entre eux. Les hauts-gradés étaient tous présents avec leurs familles. Les enfants courraient un peu partout en riant. L'ambiance était chaleureuse.

Je la regardai s'approcher. Elle avait mis un jean qui suivait la ligne de ses jambes fines et musclés et un haut en voilage qui ne laissant rien à l'imagination. Je devinais aisément son soutien-gorge.

_ Tout le monde est là, souffla-t-elle, étrangement nerveuse.

_ Tout se passera bien, dis-je en souriant doucement.

Elle hocha la tête un peu trop vivement à mon goût.

_ Lors des pleines lunes, les loups aiment se retrouver ensemble, repris-je. C'est normal que tous soit ici ce soir, Shana. Malgré vos problèmes, vous restez une meute.

Elle pinça ses lèvres et me regarda. Je levai ma main et elle l'observa s'approcher de sa joue. Elle l'appuya contre ma paume sans attendre et agrippa mon poignet pour sentir l'odeur de ma peau à l'abri des regards. Je pris une brusque inspiration alors que sa bouche frôlait ma peau.

_ Shana, soufflai-je.

Elle releva son regard brillant sur moi. Sa louve était aux commandes. La pleine lune était source de liberté. Et de désir. Brute. Une avidité toute particulière.

Un tel besoin.

Que je voyais dans son regard si brillant.

_ Respire, murmurai-je. Plus tard...

Elle écarquilla les yeux et son souffle se coupa dans sa gorge. Je souris et glissai ma main dans sa nuque, déposant un léger baiser sur son front. Elle gémit à peine, n'attirant pas l'attention sur nous. Une de ses mains s'accrocha à mon t-shirt, mais elle réussit à reprendre le contrôle. Je la vis déglutir. Sa prise se défit et elle se redressa, s'écarta légèrement de moi.

La soirée passa ainsi. Des regards échangés, des désirs refoulés encore un peu. On se touchait dès qu'on se croisait. Ce qui était terriblement tentant. Je me retins une ou deux fois de l'embrasser. Après tout, il y avait du monde. Mais cela passa car beaucoup de personne touchait Shana ce soir. Si cela énerva mon loup, moi ça m'arrangea. Au moins je me fondais dans la masse de contact. Elle rayonnait de puissance et demain ce ne serait que plus beau à voir et à sentir !

Les derniers autour de la table furent les mêmes qu'habituellement : Joaquim, Zoran, Jalil, Kerann, Shana et moi. Demain serait une journée où il ne faudrait pas embêter les louves. Demain, les hommes seraient aux pieds des femmes, leur offrant ce qu'elles voulaient, dès qu'elles le voulaient. Si pour certaines d'entre elles c'était un moyen de faire des rencontres, pour d'autres, cela agaçaient ou frustraient encore plus. J'allais faire en sorte d'être au pied d'une seule femme demain soir.

_ Demain est un grand jour, gronda Jalil en soufflant sa fumée de cigare.

_ Je ne suis pas disponible avant dimanche midi, remarqua Joaquim, faisant ricaner Zoran.

Ils se tapèrent dans le poing et je sus que ma Main serait absente demain, accompagné de son vieux compagnon de chasse. Kerann ne disait trop rien, sûrement absorbé dans ses pensées.

Jalil pivota vers Shana.

_ Tu as tenu plus que la dernière fois dis donc, ricana-t-il.

Elle le frappa au torse et lui piqua son cigare.

Alors qu'elle soufflait la fumée, je sus qu'elle évitait les gens lors de la pleine lune. C'était évident. Elle n'avait pas dû faire beaucoup de soirée ici la veille de la pleine lune. Partait-elle trois jours pour être sûr de n'égorger personne ? Je souris discrètement.

Vers 4 heures du matin, Kerann conduit Shana se coucher. Je fis la même chose, ne m'arrêtant pas près du salon là où Shana et Kerann discutaient à voix basse. Avaient-ils déjà eu une relation ? Je ne pensais pas. Il y avait deux sortes de protecteur. Ceux qui craquait et ceux qui tenait. Kerann était du genre tenace. Alors... mon loup était quand même curieux de savoir. Juste pour se donner une bonne raison de lui faire mal pour le prochaine entretien de Kerann qui serait juste après celui de Zadig.

Je virai mes fringues et m'allongeai dans le lit, tirant simplement le drap sur mes hanches. Je regardai le plafond pendant pas mal de temps. Le sommeil l'emporta, mais ce fut un sommeil agité.

J'avais enterré le corps d'Izsha. Mon père avait renvoyé Daly chez elle. Tout comme la mère de la louve qui m'était destinée. Je regardai la tombe devant moi. Il n'y avait aucun nom. Habituellement, on brûlait les corps des loups, mais je n'avais pas pu la brûlée. Le sol de terre sous mes genoux était humides. Je crois qu'il pleuvait. Je n'en savais rien.

Je ne voulais pas savoir.

Les miens m'attendaient.

Eneko m'attendait. Mon Second. Celui qui m'avait trouvé en premier.

Parfois, je me demandais ce qui nous forçait à vivre à cette époque et pas à une autre.

Une main sur mon épaule.

Une jeune fille.

Mon Eranthe.

Son pouvoir entoura mon loup.

L'énergie de sa louve glissa dans mes membres.

M'apaisant.

Elle serait la seule femme que je laisserais faire ça.

Parce que c'était son rôle.

_ Yan, souffla-t-elle de sa voix encore un peu enfantin.

Je m'accrochai à ses poignets un instant le souffle court. Elle resserra sa prise et me pressa contre sa poitrine.

_ Laisse-nous Anyaria, fit la voix de mon père.

Mon Eranthe se figea dans mon dos. JE me relevai, l'aidant à faire de même et déposai un baiser sur ses lèvres pour la congédier. La jeune fille s'éloigna doucement. Sûrement pour aller retrouver Eneko. Je pivotai vers mon père.

_Tu as fait ce qu'il fallait faire, Jahyan, reprit Aris.

Je serrai les poings.

Il me l'avait trouvée pour moi.

Il me l'avait présentée comme étant mon âme sœur. Et... et même si mon loup ne l'avait pas vraiment reconnue comme tel, il avait eu peur.

Peur en voyant cette jeune femme si fragile et si faible.

Je m'étais toujours entendu avec elle quand nous étions petits.

Ma meute serait puissante.

Elle se serait fait dévorer par les miens si je n'avais pas fait moi-même la chose.

Je relevai lentement mon regard sur mon père.

_ Je ne comprends pas comment tu peux respirer encore, murmurai-je.

_ Tu apprendras à prendre les bonnes décisions....

Mon poing partit et mon père se retrouva à terre alors que je le frappai encore et encore. Je hurlai de rage alors que les cris de mon père résonnaient. Eneko me ceintura et me tira violemment en arrière.

Mon loup était en pleine rage.

Fou.

Il était fou.

Il aurait pu écraser mon père en un rien de temps.

Nous étions devenu plus puissant que lui et il avait voulu me rabaisser.

_ Brûle en Enfer, crachai-je.

Une main douce sur ma joue me força à cesser de me débattre. Anya tenait le bras d'Eneko et me touchait, sa louve brillant dans ses yeux. Eneko me relâcha, les bras tremblants de m'avoir retenue alors qu'Anya se réfugiait contre mon torse.

_ Tu ne seras jamais en paix, grondai-je. Jamais...

_ Toi non plus à présent, cracha-t-il avec du sang entre les lèvres.

_ Partons, souffla Eneko.

_ Tu seras seul, Jahyan, grogna Aris. Mais tu seras puissant. Tu n'as pas besoin d'une femme pour réussir.

Anya resta contre moi, me forçant à ne pas la repousser. Je caressai ses cheveux et laissai Eneko nous pousser vers la forêt. Nos loups prirent le dessus et nous courûmes.

Je me réveillai en sursaut, trempé de sueur. Je secouai la tête et repoussai le drap, le souffle court. J'enfilai un short et sortis de la chambre. Je descendis les escaliers, en quête d'air et d'eau. Je m'arrêtai à côté du salon et penchai la tête. Shana dormait dans le canapé, la télé en fond. Encore cette manie. Je m'approchai d'elle. Elle avait repoussé la légère couverture du bout de ses pieds. Je m'agenouillai et frôlai sa tempe. Elle gémit un instant et soupira. Son corps était chaud, presque brûlant. Son visage était légèrement rouge. Demain allait être une longue journée. Je frôlai sa tempe de mes lèvres et me levai, marchant vers la cuisine. J'attrapai une bouteille d'eau et sortis dehors. Un vent un peu frais glissa sur mes membres tendus. Je m'assis sur les marches et posai ma tête contre la rambarde.

Il lui ressemblait beaucoup, mais mon loup était sûr de lui.

Savait-il qui nous étions ?

Savait-il ce que j'avais fait... ce que j'avais fait à sa sœur ?

Il était dans cette Maison depuis tellement longtemps qu'il ne l'avait pratiquement pas connu. Hormis un petit bébé. Et il était partie. Son père l'avait envoyé ici.

_ Tu es Zoran, soufflai-je.

Il s'approcha de moi sans peur et baissa la tête m'offrant sa nuque. D'autres jeunes loups se battaient autour de nous. Mais c'était lui que j'avais vu en premier. Parce que je l'avais connu à une époque. Et je savais qu'il était puissant. Qu'il était celui que mon loup voulait.

_ Oui, répondit-il.

Je frôlai sa nuque.

_ Sais-tu qui je suis ? Murmurai-je.

Il se redressa et hocha la tête. Il pencha la tête et jeta un coup d'œil à l'un de ses maîtres sûrement. Il retourna son regard sur moi.

_ Jahyan Pearson, souffla-t-il.

_ Sais-tu ce que j'ai fait ? Ajoutai-je d'une voix sombre.

_ Les choix qui méritaient d'être fait, répondit-il automatiquement.

_ Aimais-tu ta sœur ? Soufflai-je.

_ Je ne la connaissais pas. Et la seule personne en qui je peux mettre ma loyauté est mon Alpha.

_ Et qui est ton Alpha, Zoran ? Rétorquai-je.

Il me regarda de ses yeux sombres.

_ C'est vous, murmura-t-il.

Je clignai des yeux, emporté par mon souvenir. Il fallait que j'arrête de ressasser. Ce n'était pas possible. La porte s'ouvrit et ce fut mon Bolverk qui s'assit à mes côtés.

_ Arrête de penser à ça Patron, soupira-t-il en s'installant à mes côtés.

_ C'est dur de ne pas le faire.

_ Rien ne changera ça.

_ Tu m'avais reconnu dès le début ce jour là n'est-ce pas ? Dis-je en jetant un coup d'oeil à ma Main.

Il sourit doucement et hocha la tête.

_ Et tu ne m'as jamais détesté pour ce que j'ai fait...

_ Je ne te détesterai jamais, Yan, soupira-t-il. Tu dois le comprendre.

_ Je t'interdis de prendre une femme, remarquai-je.

_ Tout comme toi, rétorqua Zoran.

Je frémis.

_ Son souvenir n'a pas a te hanter, Yan, reprit-il. Tu dois tourner la page. Shana pourrait...

Je sifflai entre mes dents et Zoran s'arrêta.

_ Shana ne sera rien du tout, murmurai-je. Je n'ai pas le choix, Zoran.

_ Je ne l'ai pas non plus, rétorqua Ma Main. Je ne veux pas de femme. Je n'en ai pas besoin. Mais toi, tu en veux une. Et tu en as besoin. Cela apporterait un nouveau souffle à la meute. Tu n'en serais que plus puissant, Yan. Cesse de vivre avec le poids du passé. C'est toi qui me l'a appris.

_ J'enseigne beaucoup de chose, mais je ne l'applique jamais à moi tu sais bien. C'est Eneko celui qui est parfait...

Zoran secoua la tête.

_ Tu sais très bien ce qui se serait passé si Izsha était devenue ta compagne, murmura Zoran. Elle aurait eu le même destin qu'Yelina.

Je frémis au prénom de ma sœur dévorée par les siens.

_ Nous sommes une meute puissante, souffla Zoran. Nous avons besoin de stabilité et de puissance. Ce que tu nous donnes depuis toujours.

Je hochai la tête, mais restai tendu.

_ Tu as su faire les choix qu'il fallait pour que nous prospérions, reprit Zoran.

Un ange passa et il se racla la gorge.

_ Shana l'a compris tu sais, souffla-t-il. Quand nous étions à Boise... on a eu une petite discussion et... elle sait. Elle sait qu'elle doit faire des sacrifices pour le bien de la meute.

Je le regardai un instant, légèrement surpris.

_ Il faut qu'elle le comprenne si elle veut survivre de toute façon, grognai-je.

_ Elle s'améliore. La meute s'améliore et tu le vois. Six mois seront peut-être inutile. Elle est faite pour ça.

Je me grattai la tête un instant.

_ Nous verrons ça. Je la lâcherai quand elle sera prête à mes yeux.

Zoran me regarda, insistant.

_ Elle s'est améliorée, admis-je. Cela ne lui donne pas son poste.

Zoran secoua la tête.

_ J'ai l'impression qu'elle ne sera parfaite qu'en étant à toi, gronda-t-il.

Je le frappai à l'arrière de la tête.

_ Cesse dont de dire des bêtises grosses comme toi, Main stupide.

Il haussa ses épaules.

Mais mon loup était d'accord avec lui... évidemment.

Le jour grimpa vite. J'allais courir un peu avec Zoran histoire de nous défouler. Shana avait sa matinée alors... Et puis, je n'étais pas sûr de me retenir jusqu'à ce soir. Ou pas du tout. Si elle me disait non, qu'est-ce que je devrais faire de toute façon ? Aller chercher ailleurs ? La bonne blague... Avec l'odeur et la puissance de Shana dans les parages depuis un mois... C'était comme se tirer une balle dans le pied tout en regardant. Impossible de se persuader que ça ne faisait pas mal.

Si je voyais une autre, impossible de ne pas la comparer avec Shana. Et donc forcément, de trouver que Shana était l'une des meilleures louves que j'avais eu sous les yeux.

Nous courûmes trois heures avec Zoran, lâchant un peu nos loups. Nous reprîmes forme humaine et rentrâmes en marchant. Il était déjà un peu plus de midi quand nous aperçûmes la maison. La chaleur était encore affreuse aujourd'hui et j'avais l'impression de balader trois litres de transpiration dans mon short et mes baskets de courses. Affreux !

Je piquai la douche de dehors et me rinçai entièrement. J'allais devoir prendre une vraie douche quand même. La transpiration s'était sympa, mais je n'aimais pas sentir mauvais. Alors que je relevai les yeux vers la maison, je vis Shana sur le perron, m'observant. Elle rougit alors que je croisai son regard. Kerann la sauva en lui parlant, mais je souris en sachant qu'elle m'avait reluqué. Peut être quelle craquerait bien plus tôt que moi en fait !

Je séchai rapidement mes cheveux avec une serviette et m'approchai des marches. Kerann rentra alors que Shana m'observait approcher. Je montai sur la première, puis la seconde et enfin la dernière. Elle était légèrement plus grande moi en étant sur le perron. Je souris mon nez étant au niveau de son cou.

_ Bonjour, souriais-je malicieusement ;

Son odeur était exquise. Les hormones des louves pouvaient être radicales en période de chaleur comme celle-ci et celles de Shana était un aphrodisiaque pour mon loup.

_ Bien dormit ? Ajoutai-je.

Elle me lança un sourire crispé. Mon souffle frôla son cou et elle se tendit un peu plus. Ses mains s'accrochèrent à mes épaules alors que ses doigts tâtaient ma peau. Elle se pencha. Je retins mon souffle à mon tour alors que sa bouche se dirigeait vers la mienne. Sauf qu'elle pivota au dernier moment. Ses lèvres frôlèrent mon oreille, déclenchant une série de frisson jusqu'à mes pieds.

_ Va te laver, m'ordonna-t-elle.

Je pressai ma joue contre la sienne, respirant l'odeur de sa propre douche.

Divinement bon.

Je grognai doucement et elle frémit, sa prise se resserrant sur mes épaules.

_ Dommage que tu aies déjà prit la tienne, soufflai-je d'une voix dangereusement rauque.

Elle croisa mon regard. Ses joues étaient rouges et sa poitrine se souleva vite et fort. Vu qu'elle ne portait qu'un débardeur, j'eus juste à me pencher vers ses seins pour que mon nez les frôlent. Elle étouffa un gémissement dans mes cheveux avant que je me redresse et que je touche sa lèvre inférieure de mon doigt.

_ Choisis bien le prochain ordre que tu me donneras, louve, susurra mon loup.

Je ne lui laissais pas le temps de reprendre son souffle et frôlai ses lèvres des miennes. Je me redressai et rentrai à l'intérieur direction la douche. Je m'installai dans ma chambre pour travailler un peu. J'avais ramené un gros paquet de réunion à lire. Shana et Kerann s'occupèrent des bêtes, le ranch étant déserté avec la pleine lune de ce soir.

Je plongeai dans mes papiers et ne vis pas les heures passées.

Alors que je m'étirai enfin, terminant de lire un gros paquet de feuille plutôt ennuyant j'entendis de la musique en bas. Je regardai l'heure. Déjà 20h ? Je bondis de ma chaise en grognant. Qui avait mis de la musique aussi forte ?

J'enfilai un short, sans rien en dessous et poussai la porte. La musique était un bon vieux rock sur lequel se déchaîner. Je passai devant toutes les chambres vides. Tout le monde devait être en bas. Mais je n'entendais aucun rire. Rafaël avait dû aller chez Alessandro. Kerann et Jalil étaient forcément sortis pour chercher leur proie ce qui ne laissait que... Shana. Joaquim et Zoran s'étaient enfuis bien avant le soir.

Je descendis les escaliers et m'avançai vers le salon.

Je me figeai un instant, regardant la bête sauvage qui se déchaînait dans la pièce.

Shana portait un petit boxer blanc et un débardeur beige, d'ici je pouvais voir que soutien-gorge était blanc lui aussi. Elle avait détaché ses cheveux qui volaient autour d'elle alors qu'elle dansait comme une folle sur le canapé. Elle sauta à terre et rejeta la tête en arrière, ondulant sur la musique.

Bon sang, elle se croyait toute seule.

J'observais son corps bouger sensuellement au son de la musique. Mon loup bavait littéralement de son côté. Je le retenais difficilement. L'énergie que déployait Shana était presque sexuelle et me donnait envie de la plaquer au sol. Un grognement m'échappa et elle bondit de peur.

Le souffle court elle rejeta ses cheveux en arrière d'un grande geste de main et rougit.

_ Qu'est-ce... que tu fais là ? Bredouilla-t-elle en baissant le son de la musique. Tu n'es pas partit avec les autres ?

Je fronçai les sourcils.

_ Continue je t'en prie, dis-je en entrant dans le salon. C'était très divertissant.

Elle sourit, malicieuse. Elle repoussa le son très fort. La musique était encore plus sensuelle cette fois-ci. Shana s'approcha de moi. Voyait-elle la puissance qu'elle dégageait autour d'elle ? Ça vibrait presque.

_ Tu sais danser Pearson ? Dit-elle sans forcer sur sa voix.

Elle frôla mon torse de sa main et pivota, me tendant ses fesses. Elle leva ses bras au-dessus de sa tête, ses mains caressant sa propre peau. Elle ondula des hanches. Je retins mon souffle.

Elle n'avait pas un gramme de graisse. Ses muscles roulaient sous sa peau hâlée. Et le peu de vêtements qu'elle portait ne laissait vraiment aucune place à l'imagination.

Mes mains furent prises d'une vie propre et glissèrent sur les hanches de Shana. Elle frémit mais pressa son dos contre mon torse et ses fesses contre mon sexe. J'étais déjà tendu et dur. L'énergie qu'elle dégageait aurait pu suffire à m'achever. Je n'avais jamais ressenti ça en présence d'une femme... dominante. Shana était bien plus que ça. Ses mains retombèrent dans mes cheveux et elle plia ses coudes pour glisser ses mains dans ma nuque. Elle pencha doucement la tête sur le côté et la posa sur mon épaule. Ma bouche la frôla, frôla sa joue. Mes mains remontèrent le long de ses côtes et emprisonnèrent bientôt ses seins. Ils étaient parfaits entre mes mains. Je les massai doucement alors qu'ils étaient lourds et tendus.

_ Magnifique, grogna mon loup contre l'oreille de Shana.

Elle haletait, mais continuait de danser contre moi. Son mouvement finit de tendre mon sexe dans mon short. Elle gémit quand mes doigts tirèrent sur la pointe de ses seins qui ne me demandaient que ça.

_ On est seul ici ce soir, murmurai-je toujours contre son oreille.

Elle hocha la tête, se mordant la lèvre. Je relâchai ses seins et elle gémit de frustration. Je la fis pivoter dans ma prise. Je pressai mon érection contre sa hanche et elle suffoqua, rejetant la tête en arrière. Ma bouche s'empara de la sienne alors que je grondai doucement. J'y enfonçai ma langue avec assurance et elle me rendit mon baiser à pleine bouche, entrechoquant nos dents.

Elle sourit alors que je reculai, reprenant mon souffle. Alors que je tenais sa tête de mes mains, elle repassa sa main devant et rit en agrippant ma lèvre entre ses dents. Elle tira fort. Je retournai à l'assaut de sa bouche.

J'avais mal partout et en même temps, j'aimais ça. Sentir son corps pressé contre le mien.

Sentir son odeur autour de moi.

Sentir mon odeur sur elle.

Je la voulais.

Je la voulais tellement fort que j'aurais pu la prendre ici sur le parquet du salon.

Bon sang comment pouvais-je encore croire que j'avais le contrôle ?

Mes mains sur ses fesses furent revendicatrices.

A moi, gronda mon loup.

Oui.

Ce soir, cette femme.

Ce corps.

Ces réactions.

Tout était à moi.

Tout.

J'agrippai ses cheveux et tira sa tête en arrière, léchant son cou, la légère couche de transpiration du à la danse.

_ Jahyan, haleta-t-elle.

_ Un ordre, murmurai-je.

Elle se redressa et s'accrocha à mes épaules. Nos souffles résonnaient entre nous malgré la musique.

_ Prends-moi, souffla-t-elle enfin.

Je grognai.

La seconde suivante, je la plaquai contre le sol, ma bouche sur la sienne, lui tirant toutes sortes de sons. Je pressai mon bassin contre son sexe et elle cria, surprise par la sensation. Mon sexe était dur contre le sien.

Je voulais qu'elle le sente.

Je voulais qu'elle sache l'effet que sa petite danse avait eu sur moi.

_ Aaaaah, soupirai-je en sentant l'odeur de son désir.

Je plaquai mon nez contre son boxer blanc, glissant vers son sexe. Son dos s'arqua et son cœur eut un loupé.

Que j'adorais.

Que je savourais.

Je pressai mon nez contre son sexe. Le sentant humide. Chaud. Prêt.

_ Vêtements sont de trop, dit-elle en tirant sur mon short.

Sa main se referma sur ma fesse et griffa. Je grondai contre sa bouche, faisant vibrer ma gorge. Je lâchai un gémissement alors qu'elle faisait la même chose dans mon dos. Je tirai sur sa lèvre inférieure et elle gémit à son tour.

_ Doucement, petite gourmande, grondai-je.

_ Je t'ai donné un ordre non ? Grogna-t-elle, mauvaise à présent.

Son boxer termina en lambeau un peu plus loin alors que mon loup l'avait arrachée, nous surprenant tous les deux.

_ Ouah ! Rit-elle.

Il fut prompt à se mettre nu à son tour sans qu'elle ne le comprenne.

Elle retint son souffle quand je me pressai nu contre elle.

Mon sexe pesa contre le sien.

Son regard se remplit d'un désir sombre et sauvage.

Mon loup gronda. 

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