7. Shana
J'étais à bout de souffle et la voix de Zoran m'était parvenue comme en sourdine. J'avais entendu ce qu'il avait dit, mais... je m'en fichai.
La main de Jahyan sur ma nuque était la seule chose qui semblait avoir de l'importance ; avec son corps presque soudé au mien. Je sentais sa chaleur toute masculine et son odeur. C'était enivrant, c'était puissant.
Et bordel, je n'arrivais pas à détourner mes yeux de sa bouche. Je voulais qu'il m'embrasse. Je voulais connaître sa saveur et rencontrer sa langue. Je ne pensais qu'à cela depuis des jours. Et je n'en pouvais plus. Ça me consumait totalement et j'allais finir par devenir folle.
Je n'arrivais pas à penser à autre chose.
Je n'arrivais plus à me réveiller sans être humide et presque prête à sa simple pensée.
Je n'étais plus moi-même.
Et ce depuis que ce connard avant commencer à rouler des muscles devant moi. Parce que connard, il l'était et il l'avait démontré les quelques jours qui étaient passés.
Jahyan Pearson n'était pas un homme gentil. Mais bordel, je m'en fichai bien en cet instant. Parce que je voulais qu'il me prenne, là, dans cette cuisine et je me fichai bien qu'il y est la meute dehors et que tout le monde pourrait nous entendre.
J'en avais assez de refouler le désir qui me consumait. Je n'étais pas un roc.
J'étais une femme.
J'étais une louve.
Et elle comme moi avions des besoins, surtout avec la pleine lune aussi proche. Se retenir maintenant... c'était chose impossible.
Pas avec un homme comme Jahyan juste là, moins qu'à portée de main.
Mes ongles s'enfoncèrent dans sa peau et je me retins de me frotter contre lui. Je n'en avais rien à foutre de passer par une femelle en chaleur.
Je l'étais bordel !
Mais il y avait Zoran et je ne voulais pas paraître dévergondée devant lui. Enfin, au point où j'en étais, c'était un peu dur de faire pire, même si nous n'avions pas été encore jusqu'aux choses sérieuses.
Jahyan fixait sa main, le visage sombre. Il n'avait pas apprécié d'être dérangé. Surtout pas par l'arrivée du Gardien.
Timothy était dehors. Il nous attendait. Il fallait donc y aller, pourtant...
— Fais-le patienter, lâcha Jahyan à sa Main, d'une voix rauque.
Pas la colère.
Le désir. Un désir ardent et puissant. Un désir implacable qui ne serait assouvi que par une seule chose. Nous le savions, l'un comme l'autre.
Zoran hocha simplement la tête et quitta la cuisine. Jahyan se concentra de nouveau sur moi, son pouce jouant avec mes lèvres.
Je l'attrapai entre mes dents et après l'avoir mordillé, je le suçotai.
Ses yeux étincelèrent comme jamais et il gronda. Ce son se répercuta entre mes cuisses et je gémis, fermant à moitié les yeux.
J'avais chaud de l'intérieur.
J'étais un volcan.
Ou un brasier.
Mon esprit était vide. Vide de toute pensée cohérente. Ma louve ronronnait à l'intérieur, prête à recevoir les caresses d'un mâle qu'elle voulait ; un mâle puissant et indomptable. Un mâle tout aussi dominant qu'elle et c'est ce qu'elle voulait. Si Jahyan ne nous comblait pas, personne ne le pourrait. C'était presque une vérité inscrite au fer rouge dans ma tête.
Il était le seul à pouvoir faire quelque chose.
Le seul que je laisserais faire. Je sais que ça aurait du me déranger, surtout au vu de comment il me traitait, mais je n'avais pas envie de réfléchir. C'était l'histoire d'une petite période. Après la pleine lune, je redeviendrais moi-même et je n'aurais plus aucune pensée pour cet homme taillé comme un Dieu, comme un roc.
Il retira son doigt et pressa ma nuque, ramenant mon visage vers le sien. Nos yeux restèrent accrochés, intime, trop intime.
J'avais la bouche entrouverte. Je voulais lui demander de me toucher, de me caresser, mais même si j'en mourrais d'envie, j'avais une certaine dose d'amour propre. Je ne voulais pas lui montrer à quel point j'en avais besoin, à quel point j'étais à deux doigts d'y être dépendante.
Touche-moi.
Embrasse-moi.
Caresse-moi.
J'agrippai ses cheveux et ramenai violemment sa bouche contre la mienne. Nos dents s'entrechoquèrent et ma langue chercha la sienne. Il me tint plus fort, répondant à ce baiser qui était vitale à mes yeux. Je gémis dans sa bouche alors que sa langue prenait possession de la mienne. Mes hanches tapèrent dans les siennes et je senti son sexe.
Dressé.
Dur.
Bordel... la sensation s'écoula dans tout mon corps et je me sentis fondre dans ses bras.
Prends-moi.
L'envie était plus forte que tout. Il embrassait terriblement bien.
C'était divinement bon, putain ! Ma poitrine était écrasée contre son torse et ses mains glissèrent sur mes fesses qu'il agrippa fort, comblant ma louve qui aimait les touchers fermes et possessifs.
Possède-moi.
Je le voulais tellement fort. Je voulais le sentir en moi. Je voulais le gouter de toutes les façons possibles.
Encore, encore et encore !
Je voulais le sentir jusqu'à la garde. Je voulais voir son corps entièrement nu, recouvert de transpiration, juste au dessus de moi. Je voulais entendre son souffle et ses gémissements.
C'était si fort !
J'étais folle.
Folle de désirer un homme comme lui. Parce qu'il n'était pas un homme gentil ou doux. Et que même si nous en étions là, il ne m'aimait pas beaucoup et n'avait certainement que très peu de respect pour moi. Mais quand je repensais à cette soirée, ou du moins aux brides qu'il m'en était resté, j'avais vu une autre facette de lui. Et... ça m'avait plus. Avant que tout ne se brise le lendemain. Et il avait été abject avec moi. Sa propre Main avait du intervenir pour lui dire que tout cela n'en valait pas la peine. Mais je n'avais pas pu me résoudre à laisser tomber Jahyan, ou du moins à oublier le désir qui me tiraillait toute la journée.
Je voulais Jahyan Pearson. Et lui aussi me voulait. Certainement à cause de son loup qui sentait nos besoins et qui voulait les combler, comme n'importe quel mâle puissant. Il ne pouvait pas rester là alors qu'une femelle demandait des caresses, ça ne marchait pas comme ça.
Ses doigts passèrent sur la dentelle de ma robe avant que ses mains ne se retrouvent en dessous. Ses pouces remontèrent le long de mes cuisses et effleurèrent ma lingerie.
Il n'avait pas besoin de toucher plus haut pour savoir que j'étais déjà prête. Et je n'avais pas besoin d'être trop pressée contre lui pour sentir la force de son désir.
Tous les deux, nous étions dans le même état. Mes propres mains passèrent sous son t-shirt et caressèrent son bas ventre. J'y plantai une ou deux fois les griffes et je le senti sourire, aimant ça.
Il se pencha à mon oreille et en suça le lobe.
Ma robe était de trop. Son jean et son t-shirt aussi. Je le voulais nu. Je voulais qu'il me prenne et bon sang, s'il ne le faisait pas, je ne tiendrais pas plus longtemps.
Ne sentait-il pas à quel point j'en avais besoin ? À quel point mon cœur avait besoin de caresses ? Des ses caresses ?
Trop longtemps que je n'avais pas été touchée de cette façon. Trop longtemps que je fuyais mon désir. Que je fuyais la pleine lune. Mais cette fois, ça ne marcherait pas.
Pas avec Jahyan dans les parages.
Son pouce effleura mon sexe et je me cambrai.
Putain... de... bordel... de... merde !
Il avait senti. Et il voulait combler cela. Et je voulais qu'il le fasse. Maintenant. Pas plus tard. Pas dans une heure ou demain, maintenant.
Était-ce trop demander ?
Son prénom m'échappa et ses lèvres effleurèrent les miennes alors que sa main s'éloignait de mon entrejambe.
Non !
Je serrai les cuisses et il sourit contre ma bouche. L'espèce de salaud ! Il n'avait pas le droit de faire ça et de me laisser ainsi.
Pantelante.
Humide.
Chaude.
Je me consumai de l'intérieur bon dieu !
— Aurais-je du préciser pas de fricotage ? Même si cela me semblait improbable, comme quoi... Je ne sais pas si je suis choqué ou simplement ennuyé de vous trouver ainsi.
Je sursautai quand Jahyan ferma les yeux et soupira, les sourcils froncés. Son corps était soudain tendu sous mes mains.
Plus de désir cette fois. La colère. D'être encore interrompu.
Il inspira lentement, essayant sûrement de se contenir alors que la présence de Timothy dans la cuisine avait été comme un seau d'eau glacé en pleine gueule.
Et il n'était pas seul.
Zoran était dans son dos, ennuyé, mais il y avait aussi Jalil, qui souriait comme un âne. Bon sang... je me sentie rougir jusqu'à la racine des cheveux.
— Tu n'es pas choqué. Tu es un loup, Gardien. Tu es juste agacé parce qu'on t'a fais attendre. Je te pensais plus patient que cela, grogna Jahyan en regardant enfin dans la direction des trois loups.
Remarqua-t-il l'air légèrement penaud de Zoran qui n'avait pas réussi à retenir Timothy ? Ou le grand sourire de Jalil qui n'arrêtait pas d'hocher la tête, comme s'il... s'était attendu à tout ça ?
C'était lui après tout qui nous avait « surprit » dans la cuisine, l'autre soir. Il n'avait rien dit, mais n'en pensais pas moins. Je savais reconnaitre ses sourires et ses petits regards. Depuis le temps que je le connaissais après tout...
— Tu me surprends, Jahyan. Je pensais que tu saurais te maîtriser, même devant une femelle sans compagnon.
Timothy me jeta un bref regard, comme pour s'excuser de ses propos. Jahyan me tenais toujours, me pressant contre son torse.
— C'est bien que tu ait pu passer au-delà du fait que Shana n'est qu'une « paysanne », tu élargies tes horizons, j'en suis heureux.
Le Gardien ne put s'empêcher de sourire alors qu'il avait repris le surnom de Jahyan à mon égard. Ce dernier bougea alors et gronda, mais ma main se retrouva sur son torse pour le retenir avant que je n'ai vraiment pu réfléchir à ce que j'étais en train de faire.
— Tu m'agaces, Gardien, grogna Jahyan, sans bouger plus toutefois.
Il était calme sous ma prise.
Je percevais les battements sourds de son cœur et au-delà de ça, cette chaleur dans laquelle j'avais envie de me fondre complètement. Je bougeai légèrement pour que plus de peau ne le touche. Timothy l'avait mis excessivement en colère alors qu'il n'avait pas forcément voulut être méchant, mais dès le début, il était apparu évident que ces deux-là ne s'entendaient pas très bien. Le Gardien avait du mal avec tous les vieux Alphas des États-Unis après tout. Je plaignais Timothy à bien des égards. Mais il n'y avait que lui qui pouvait se dresser de cette façon face à n'importe quel loup ; plus jeune ou plus vieux que lui.
— J'étais venu voir où vous en étiez, parce que même si tu es un très bon Alpha, j'avais peur que tu gère Shana aussi bien que tu ne gère ton territoire.
Un pas de Jahyan alors que Zoran s'apprêtait à bouger pour tempérer son Alpha, mais ma louve monta doucement et sa puissance se fondit dans celle du loup de Jahyan qui était à la surface.
Il cessa de bouger et même de respirer. Je ne m'inquiétais pas de savoir ce que ma louve venait de faire ; calmer Jahyan ? Non, ce n'était sûrement qu'une impression. Une espèce de... vue de l'esprit.
Mon regard rencontra celui de Zoran qui avait légèrement froncé les sourcils. Je déglutis et au prix d'un immense effort, je réussis à m'écarter de la prise de Jahyan qui ne me retint pas.
Je m'avançai vers le Gardien et lui offris ma nuque :
— Désolée, soufflai-je, pour m'excuser de mon impolitesse.
Ses doigts effleurèrent ma nuque et quand je relevai la tête, il souriait. Je m'écartai un peu pour que Jahyan vienne aussi saluer le Gardien. Il m'y un temps fou à le faire, mais finit par s'avancer. Je fis un signe à Jalil de partir et Zoran attendit la même chose de Jahyan.
Les deux loups nous laissèrent et nous nous retrouvèrent tous les trois, alors que dehors, les rires allaient bon train.
— Tu veux boire quelque chose ? Proposai-je à Timothy.
— J'ai déjà un verre dehors et je ne serais pas long, Alice m'attends.
— Tu n'as donc aucun scrupule à déranger une jeune maman ? Ris-je en pensant au petit Jamy.
Timothy se frotta la nuque alors que Jahyan ne disait rien, appuyé au plan de travail. J'évitai de ne serait-ce que l'effleurer, sinon...
— Il est avec son tonton Nathaniel à Colombus. Basile l'a amené avec lui.
Nathaniel Hunt était l'Alpha de l'Ohio et Basile était son sorcier. Et Alice se propose toujours.
Je souris. Il était drôle de voir Timothy embarrassé. Dans ces moments là, on oubliait qui il était et quel était son rôle au sein de notre peuple.
Il me regarda alors, très sérieux, son loup étincelant légèrement dans ses yeux :
— Comment est-ce que se passe votre cohabitation ? Bien, je suppose, ajouta-t-il.
Je rougie alors que Jahyan grognait quelque chose que je ne compris pas. Il prit la parole avant moi ; après tout, il était plus à même de dire s'il y avait des quelconques progrès ou pas.
— J'ai parlé avec cinq de ses hauts gradés, dit Jahyan. Et j'ai commencé son entraînement physique qui laissait vraiment à désirer.
Il ne me jeta pas un seul coup d'œil et étrangement, une boule se forma au creux de mon ventre. N'était-ce qu'une impression ou il était plus distant soudain ?
— Son Lieutenant et deux de ses Dominants la déteste ouvertement, d'autres loups ne font que l'ignorer. Mais il y a de la loyauté.
— Donc tout n'est pas perdu, dit Timothy en hochant la tête.
Il semblait content du constat de Jahyan et je ne pouvais pas dire que je ne l'étais pas. Chaque loup de cette meute méritait qu'elle soit saine, même ceux que je ne pouvais pas supporter.
— Il y a beaucoup de travail, mais... c'est en bonne voie, répondit simplement Jahyan, croisant les bras sur son torse.
Je lui jetai un rapide coup d'œil.
Il était froid.
Distant.
Il semblait à des milliers d'années-lumière de ce qu'il s'était passé. Et ma louve n'aimait pas ça. Elle était en colère quand... j'étais... blessée ?
Je ne devais pas l'être. Surtout pas. Pas avec un homme comme Jahyan Pearson.
— D'autre chose que je dois savoir ? S'enquit Timothy en jetant un coup d'œil par la fenêtre.
— J'aimerais rentrer quelques jours. Et... y amener Shana pour qu'elle voie comment est une meute saine et soudée.
Quoi ?
Cette fois, je le fixai sans gêne, la bouche presque grande ouverte.
Aller... dans sa meute ? Avec lui et... tous ses loups ? Et puis quoi encore ? C'était la pire idée qu'il ait pu avoir. Je savais comment était une meute saine. Je n'étais pas une idiote et j'étais allé chez Nohlan, chez Élias, alors qu'il ne me prenne pas pour une ignorante !
Timothy sembla y réfléchir. Il ne pouvait pas refuser à Jahyan le fait de retourner voir ses loups ; ces derniers avaient besoin de leur Alpha, mais il pouvait refuser que j'y aille et je voulais qu'il le fasse !
— Ce n'est pas une mauvaise idée, effectivement. De combien de jours as-tu besoin ?
— Deux, trois tout au plus. Kerann peut très bien gérer Riverton sans Shana.
Bien sur qu'il le pouvait. Mais ce n'était pas la question !
J'ouvris la bouche, mais Timothy tapa soudain dans ses mots, comme si c'était une affaire qui roulait :
— Faites ainsi. Ensuite, il sera temps d'aller visiter les meutes. Vous irez ensembles comme convenu.
Jahyan hocha la tête quand je ne pus que garder le silence. Pourquoi diable Jahyan faisait-il ça ? Il prenait son rôle trop à cœur.
Je ne voulais pas aller dans sa meute bordel.
Je ne voulais pas foutre mon cul dans son hummer. Mais je ne voulais pas le dire. Je ne pouvais pas le dire. Je ne voulais pas passer pour une gamine capricieuse aux yeux de Timothy. Et encore moins aux yeux de ce connard de...
Jahyan ? Pearson ? Voilà que je ne savais plus comment l'appeler, même dans ma tête ! Et merde !
Timothy se dirigea dehors et je lui emboitai le pas, ainsi que Jahyan. Alice était en train de discuter avec Zoran et Alessandro, un peu à l'écart. Elle s'excusa et vint nous saluer. Jahyan l'embrassa sur la joue et lui demanda comment elle allait.
Je n'écoutai pas la réponse, pas vraiment contente de tout ça. Kerann se matérialisa à côté de moi et embrassa mon front, effleurant mon épaule nue de ses doigts :
— Ça va ? S'enquit-il, doucement.
Le lien entre un Protecteur et sa Protégée était différent des autres par bien des aspects. Kerann était capable de me sentir partout ; où que je sois, même à l'autre bout du monde. C'était un lien très... intime aussi, parce qu'il lui était facile de sentir tout ce que je ressentais, même si j'avais appris à ne laisser passer que ce que je voulais qu'il ressente. Mais parfois, je ne pouvais pas tout endiguer et de toute façon, il était doué pour lire en moi.
— Ça va, répondis-je avec un sourire.
Pas la peine de lui dire maintenant que j'allais partir quelques jours avec Jahyan. Je prendrais Jalil avec moi bien sur, mais Kerann ne serait pas content. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas Jahyan, mais comment pouvait-il apprécié quelqu'un qui me démolissait jour après jour ? Mon Protecteur n'avait jamais accepté que quelqu'un puisse me faire du mal, même pas mon propre père. Qui arrivait à m'en faire encore aujourd'hui d'ailleurs, mais ça...
Kerann s'inquiétait trop, comme toujours. Et il ne m'écoutait pas beaucoup.
Il passa son bras autour de mes épaules et sa chaleur me sembla étrangère après celle de Jahyan. C'était une sensation étrange. Surtout que ce dernier ne me regardait même plus. Il était redevenu aussi froid que les derniers jours.
Et quand Timothy et Alice partirent, il resta le plus loin possible de moi, s'installant à côté de Zoran, Alessandro et Joaquim.
Avais-je fais quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ou regrettait-il simplement ce qui était arrivé dans la cuisine ?
C'était... blessant. Vraiment blessant. S'en rendait-il seulement compte ? Il se comportait comme le dernier des salauds et la minute d'après, il se laissait aller à m'embrasser et à me toucher.
Pour... pour qui me prenait-il ? Tout cela était terriblement vexant. Pour qui se prenait-il ?
Connard.
M'embrasser pour m'ignorer juste après ? Arrivait-il à garder une seule femme en agissant ainsi ?
Connard d'arrogant.
Je le détestai.
Je le détestai vraiment ! Et encore plus à la minute présente. Et cela me refroidit complètement. Il pouvait se foutre le doigt dans l'œil s'il croyait que j'allais revenir vers lui après ça. Qu'il aille s'occuper d'une autre louve en manque de caresses !
La soirée fut légère et joyeuse. Beaucoup de monde vint et tous me saluèrent, même si pour certain, c'était comme avoir un couteau sous la gorge.
L'alcool coula à flot, mais personne n'abusa, pas même Jalil qui avait pourtant la main lourde sur les doses.
Le repas fut servi assez tard et je ne touchais à presque rien. J'étais de mauvaise humeur et plutôt ronchon. Je ne le cachais pas le moins du monde.
Quand la nuit fut bien installée au-dessus de nos têtes et tout autour de nous, nous étions encore autour de la table, les plus jeunes courant autour de la table.
Je finis par me retrouver à côté de Zoran, ma visite dans la meute de Boise occupant mon esprit.
Je lui demandais de me parler des hauts-gradés et il le fit sans attendre.
Zoran avait la conversation facile et pour tout avouer, je l'appréciai beaucoup. Sa loyauté envers Jahyan était plus qu'évidente, mais comme entre tout Alpha et leur Main, il y avait un lien, un attachement bien spécial.
Le Second de Jahyan était Eneko Hubbard et il était lié à Louna. Ensemble, ils avaient trois enfants et l'aîné était donc l'héritier de Jahyan puisque ce dernier n'avait pas d'enfants.
Anya Shaw était l'Eranthe et elle était la compagne du sous-lieutenant, Navid. Elle attendait leur premier enfant. Warrick Crawford était le Lieutenant et il était lié à Coleen. Ils n'avaient aucuns enfants.
Venait les trois Dominants ; Soren Gordon, Jehan Walker et Stevan Hall. Tous les trois étaient liés et les deux derniers avaient des enfants.
Zoran me parla de tous avec beaucoup de respect. Dans une meute, mieux valait que les hauts gradés s'apprécient un tant soit peu, sinon, ce n'était pas facile. Pour une Main, c'était légèrement différent ; le loup dispensait les punitions au sein même de la meute et il se devait d'être impartial. Comment juger quand l'affectif entrait en compte ?
Bientôt pas mal de loups commencèrent à partir et d'autres préférèrent rester dormir. Les enfants furent montés au lit ; j'aidais Jade à le faire et la table fut débarrassée alors que les hommes fumaient. Je frappai Jalil derrière la tête pour qu'il donne un coup de main et il gloussa comme un enfant alors que Rayane n'arrêtait pas de se fendre la poire avec sa petite sœur ; la deuxième de la fratrie ; Sara. Les deux jeunes femmes se ressemblaient beaucoup et leur lien de parenté ne faisait aucun doute possible. Le petit dernier, Arthur, tenait plus de leur père, mais j'aimais bien quand même ce gosse. On sentait la bonne éducation de Laila, cette dernière était très stricte, mais très douce avec ses enfants et avec son compagnon, même s'il pouvait être le dernier des salauds.
Le petit Arthur était sur mes genoux, endormi, la tête appuyé contre ma poitrine. Je percevais sa respiration et sa chaleur. Tous les louveteaux de la meute étaient habitués aux bruits et pouvaient s'endormir à peu près n'importe où, ce qui était parfois très drôle.
Kerann se matérialisa à côté de moi et posa une main sur mon épaule :
— Je vais aller le coucher, dit-il en se penchant.
Je me levai et Arthur soupira doucement, sans même broncher :
— Je vais le faire, dis-je alors que la table était presque vide.
Zoran et Joaquim étaient les seuls à boire encore. Alessandro et Jahyan les regardaient avec quelques petits commentaires.
On apprenait vraiment aux loups à devenir des Mains dans les Maisons ? Ou alors à boire comme des trous ? Je me le demandais sérieusement.
Je réussis à déposer un baiser à tous ceux encore réveillés et Zoran me tendit lui aussi sa joue. J'évitai Jahyan et finit par Alessandro. Il caressa les cheveux d'Arthur et lui embrassa le front :
— Je ne veux pas te voir sur le canapé ce soir, Shana, dit-il en fronçant légèrement les sourcils.
— Tu n'es jamais là pour voir si j'y suis ou pas, petit loup. Et ma chambre est trop loin, ris-je alors que Kerann m'attendait au niveau du porche.
— Tu n'écoutes jamais, hein ? Souffla mon Eros en passant une main dans ses cheveux.
Je lui tirai la langue et après un dernier signe de la main, je rentrais. Kerann monta Arthur à l'étage alors que j'envoyai valdinguer mes sandales et que je m'écroulai sur le canapé, un bras sur mes yeux.
Je senti Kerann dans le salon. Il attrapa une couverture et m'en drapa avant de s'assoir sur le bord du canapé, juste à côtés de mes hanches.
Il était le seul à ne pas m'embêter avec le fait que je dormais sur le canapé plutôt que sur mon lit. Ici, je ne faisais pas de cauchemars. Ici, je n'étais pas dans la chambre imprégnée de l'odeur de Yago.
Kerann comprenait. Comme toujours.
— Je vais aller chez Pearson quelques jours, dis-je alors. Voir comment est sa meute. Timothy a dit que c'était une bonne idée.
— Il a raison. C'est une vieille meute, bien plus encore que celle de Nohlan Christensen. Tu vas apprendre peut-être certaines choses qui te seront utiles.
Je hochai la tête. Kerann voyait toujours le côté utile d'une chose. Il était pragmatique et sensé. J'aimais ce côté-là de lui. J'aimais cette facette de sa personnalité.
— Certainement.
Je baillai bruyamment et mes yeux pleurèrent.
Kerann se pencha et embrassa mon front avec douceur et amour. Je souri doucement et ne me senti pas partir, alors que mon Protecteur restait à mes côtés.
Le dimanche passa tranquillement. Les week-ends, Jahyan me laissait tranquille, mais j'avais décidée de continuer à me muscler avec Joaquim et Zoran et ça ne semblaient pas les déranger que de travailler sept jours sur sept, dimanche comprit.
Jahyan ne m'adressa pas une seule fois la parole et me regarda à peine. Cette fois, je ne cherchais pas à attirer son regard.
Si ça l'amusait de se comporter comme le dernier des salauds, grand bien lui fasse alors. J'en avais assez d'être traitée ainsi. Et même si ma louve ne supportait pas cela, je le faisais pour nous deux, sans avoir vraiment le choix.
Le soir, je préparai mon sac puisque nous partions le lendemain dans la journée. Jahyan, même s'il avait besoin de rentrer dans sa meute avait dit qu'il était hors de question que je saute une séance d'entraînement.
Je fourrai donc quelques affaires dans un petit sac de sport et allai le poser en bas, avec celui de Jalil qui m'accompagnait.
Le lundi matin, je me réveillai à six heures trente et à sept heures, j'étais dehors en train d'échanger des coups avec Jahyan qui ne disait toujours rien.
Il me rendait folle.
Folle de rage. J'avais juste envie de lui exploser la mâchoire et mon dernier coup porta, me brisant même un ou deux doigts.
La toile vibra très légèrement alors que la douleur explosait dans ma main. Ma louve était dans mes yeux quand Jahyan me fixa, la bouche légèrement entrouverte.
Je lui fis mon doigt le plus intéressant, ne cherchant plus à cacher ma colère et le fait que j'étais vexée au plus haut point :
— Va en enfer, espèce de pauvre connard arrogant !
Et je m'éloignai sans même lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.
Je pris une longue douche froide et j'y trainai bien une demi-heure. Je séchai mes cheveux et enfilai une robe qui m'arrivait un peu au dessus des genoux avec des manches mi-longues, mais tout en dentelle. Je coiffai mes cheveux et les laissai détacher.
Nous décollâmes peu après midi et je du bien sur monter dans sa monstruosité. Trop gentil, mais idiot comme ses pieds pour le coup, Zoran me laissa sa place à l'avant et je me retrouvais donc à côté de Jahyan, ruminant pendant huit heures de trajet, les yeux rivés à la fenêtre alors que Jalil et Zoran parlaient derrière et n'arrêtaient pas de rire comme les deux idiots qu'ils étaient.
Nous dépassâmes la frontière du Wyoming pour entrer dans l'Idaho ; territoire de l'Alpha Jahyan Pearson.
Boise n'était pas très loin de la frontière avec l'Oregon. L'Alpha d'état n'y était pas très vieux, mais il restait puissant.
Il faisait beau ici aussi, mais moins chaud, moins lourd en fait. L'air n'était pas sec et les terres arides, bien au contraire. Il y avait tellement plus de verdure, comme dans n'importe quel autre état quand on y regardait bien.
J'observai le paysage défilé alors que nous passions dans des villes qui faisaient plus du double de Riverton.
Je n'aimais pas les grandes villes.
Je n'aimais pas toute cette technologie dont les gens ne pouvaient pas se passer pour vivre. Nous n'avions jamais eu internet et pourtant, nous étions encore en vie. Très peu dans la meute regardait la télé et moi-même, je le faisais juste avant de m'endormir.
Nous arrivâmes devant une belle et grande maison un tout petit peu avant neuf heures – nous avions fait quelques arrêts – et je vis qu'un homme nous attendait.
Quelque chose me souffla que c'était le Second de Jahyan. Ce dernier gara son monstre devant le trottoir et nous sortîmes tous.
J'avais le corps tout endolori et je m'étendis un instant. Jalil siffla en observant la maison alors que Jahyan s'avançait vers son Second qui se laissa saluer. Ils se donnèrent même l'accolade.
J'observai Eneko Hubbard en m'avançant. On aurait presque pu jurer que Jahyan et lui étaient frères tant ils se ressemblaient, surtout au niveau de la carrure. C'était assez incroyable.
Il m'offrit sa nuque avec un léger sourire et j'y déposai mes lèvres, sentant sa puissance. Il était fort.
C'était un Second en même temps.
— Eneko Hubbard, Second de Jahyan Pearson, se présenta-t-il.
Je ne m'étais donc pas trompée. Tant mieux.
— Shana Ortega, Alpha de la meute de Riverton. Et voici mon sous-lieutenant, Jalil Herrera.
Ce dernier offrit sa nuque à Eneko avant de lui tendre la main. Eneko fronça légèrement les sourcils, mais répondit à ce second salut avant de se tourner vers Zoran.
Jahyan alla attraper les affaires dans le coffre et nous l'aidâmes. Il nous fit grimper des marches et ouvrit la porte de sa maison. Tout de suite, une odeur de nourriture me parvint et Jalil grogna de contentement. Nous déposâmes les affaires dans un coin alors que pas mal de loups apparurent.
Tous des hauts-gradés. Je restai entre Zoran et Jalil, me sentant plus à l'aise avec des loups que je connaissais évidemment.
Dans l'ordre, tous vinrent saluer leur Alpha, content de son retour. Ça se voyait, ça se sentait. Une femme avança, enceinte de quelques mois. Jahyan la serra contre lui alors que sa louve cherchait son contact.
Anya Shaw, l'Eranthe de la meute. Son compagnon, Navid, ne la quittait pas d'une semelle et c'était assez mignon à voir.
Elle vint vers moi et m'offrit sa nuque. Je ne l'embrassai pas à cet endroit ; mais sur le front. Elle n'en parut pas surprise, ni même choquée ; les Eranthe et les Eros étaient plus qu'importants pour notre peuple. Ils méritaient le respect de tous, même des Alphas les plus puissants. Alors elle n'avait pas besoin de se soumettre devant moi ; je ne le voulais pas de toute façon.
Chaque homme et femme présent fit preuve de beaucoup de respect et de beaucoup de gentillesse, mais je restais toujours avec Zoran et Jalil.
Les louves soumises de la meute ne tardèrent pas à affluer autour de l'Alpha pour quémander caresses et attentions.
À l'intérieur, ma louve tourna en rond, tel un lion en cage. Elle savait que c'était normal, mais là... c'était comme voir un pacha dans son harem. Et ça me mettais d'autant plus en colère.
Cyriane apparut à son tour et me sauta presque dessus. Je caressai ses cheveux, lui demandant comment elle allait.
Elle me répondit que tout allait pour le mieux et son expression me le montra. Elle avait reprit du poids et ne semblait pas continuellement fatiguée. Mais il y avait encore cette ombre dans ses yeux. Une ombre qui ne partirait sans doute jamais.
Nous nous retrouvâmes, sur une terrasse surélevée qui donnait sur un jardin et une grande piscine en contrebas.
La demeure était grande et caché des regards extérieurs avec grand soin. Une table avait été dressée et beaucoup de monde était là, plus que je n'en avais jamais vu dans ma meute depuis bien des décennies.
Tout le monde entourait Jahyan et les louves attendaient presque leur tour pour aller le voir.
Incroyable et énervant.
Il n'avait qu'un mot à dire pour que tous s'exécutent et c'était encore pire que ce que j'avais pu voir avec Cyriane.
Un claquement de doigts et le tour était joué. J'étais persuadée que je n'allais voir que ça pendant trois jours. J'allais observer, voir comment il contrôlait son petit royaume.
À un moment, Zoran et Jalil disparurent et je me retrouvai avec Cyriane et Anya. C'était une femme d'une extrême gentillesse et tous les mâles semblaient à ses pieds ; après tout, elle était enceinte donc ça n'avait rien de surprenant. Et son compagnon était le pire de tous ; toujours aux petits soins, faisant attention à ce qu'elle ne manque de rien. Jahyan la couvait d'un regard particulièrement protecteur ; ce qui était normal, elle était son Eranthe. Ces dernières étaient couvées par leur Alpha et surprotégées. Rien de choquant là-dedans.
À aucun moment Jahyan ne me prêta la moindre attention.
Aucun regard.
Aucune parole.
C'est comme si je n'étais pas là.
Comme si je n'existai pas le moins du monde. Et ma louve allait finir par devenir mauvaise. Qu'il aille au diable. Qu'il aille brûler en enfer. Je ne comprenais pas son comportement envers moi. Et j'aurais voulu que ça ne me touche pas autant.
Il finit par disparaître avec son Second et son Lieutenant et je ne revis aucun des droits de toute la soirée.
Avant que tout le monde n'aille se coucher, Anya me montra ma chambre et m'embrassa avant de disparaitre rejoindre son compagnon.
Je redescendis en bas alors que Jalil était encore dehors sur la terrasse, avec quelques loups et une ou deux louves. Celui là, il faudrait que je lui précise de ne pas toucher aux louves de Jahyan, bourreau des cœurs comme il était. Comme n'importe quel latino l'était.
Je me retrouvai dans le salon ; immense, imposant, à l'image de Jahyan Pearson et de sa demeure. Il y avait une grande télé écran plat et j'étais sur qu'il y avait des prises internet partout ici. Le contraire aurait été trop choquant, surtout de la part de ce connard.
Je m'installai sur le canapé et observai le plafond un instant.
Il y avait quelque chose dans cette maison... dans cette meute... c'était fort, c'était puissant. J'entendis quelqu'un approcher et baissai les yeux.
Zoran. Il me sourit et s'installa dans un fauteuil en face, une bière à la main :
— Que de technologies ici, ris-je.
— On n'habite pas tous au fin fond de la montagne.
Je levais les yeux au ciel, mais souris. J'observai alors son visage, sans vraiment m'en cacher.
— Tu es le seul à ne pas avoir de compagne, dis-je.
— C'est normal, je suis une Main, répondit-il.
Sa réponse était vraie. Les vieilles Mains ne se liaient pas. Ou alors très peu. Parce qu'il n'y avait pas vraiment de place pour une compagne dans leur vie. L'existence d'une Main, même reliée à la toile d'une meute était très solitaire.
— Tu vas peut-être rencontrer ta louve un jour.
Il eu une sorte de rire sans joie et ferma les yeux un instant. Il but une gorgée de sa bière et appuya son dos au dossier du fauteuil :
— Mon Alpha ne me permettra pas de me lier.
Je fronçai les sourcils. Jahyan... empêcherait un de ses loups de se lier ? Pourquoi ?
Zoran me regarda dans les yeux, aucune expression sur le visage :
— Je suis avec mon Alpha depuis de nombreux siècles et je ne le quitterais pour rien au monde, pas même pour une louve. S'il ne veut pas que je me lie, je ne me lierais pas.
Alors c'était ça la loyauté ? C'était à ce point ? Zoran était condamné à une existence solitaire juste parce que son Alpha ne voulait pas d'une louve dans sa vie ?
— Un Alpha se doit de faire des choix, Shana. De prendre les bonnes décisions pour la meute, pour ses loups, pour lui. Quitte à se condamner à la solitude. Les choix qu'un Alpha peut faire, bons ou mauvais doivent toujours servir l'intérêt de la meute. Toujours.
Oui. Je commençai à comprendre cela. Je commençai à entrevoir beaucoup de chose.
Être Alpha amenait à beaucoup de sacrifices, à beaucoup de décisions difficiles. Mais il y avait des choses qui devaient être faites.
C'était ainsi.
— Tu n'es pas triste ? Soufflai-je, le cœur aux bords des lèvres.
Il me sourit avec une tendresse que je n'avais encore jamais vu en lui. Zoran avait beaucoup de facette. Et celle qui prédominait le plus était cette loyauté sans bornes qu'il avait pour son Alpha.
Il ne me répondit pas.
J'avais compris.
Le silence se fit et je finis par m'allonger sur le canapé. Zoran ne dit rien et ne bougea pas. Allait-il resté là ? Je percevais les rires venant de dehors et fermai les yeux.
Bientôt, je somnolai, le sommeil prêt à me saisir.
Je ramenai mes jambes contre moi, ma robe remontant sur mes cuisses. À un moment, je cru entendre des pas et Zoran dire quelque chose, mais je n'étais plus capable d'ouvrir les yeux.
Des bras passèrent sous mon dos et sous mes jambes et on me souleva du canapé.
Une chaleur étouffante, mais apaisante.
Un torse puissant et musclé.
Ma louve bougea, mais ne fit rien.
Je laissai ma tête reposé contre l'épaule de Jahyan, préférant garder les yeux fermés, préférant croire que je rêvai.
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