14. Shana

Petite information : Ce qui se passe dans Jahyan et Shana arrive bien des années avant les événements d'Attends-moi concernant Bajram et Syrine. Donc Shay n'est pas encore Alpha d'Etat de l'Arkansas et Bajram n'est pas lié à Syrine. Dak Dak ? :)



Respirer son odeur, c'était comme respirer de l'oxygène. C'était vital, et me trouver dans ses bras bien plus encore. Je voulais m'y fondre. Je voulais m'oublier et devenir un « nous ». Qu'il me sente même quand je n'étais pas à ses côtés. Si c'était égoïste, je m'en fichais bien.

J'étais avec lui et c'est tout ce qui comptait.

Je réapprenais à respirer, à vivre presque. J'étais avec lui et ma louve ne se cachait plus, elle ne se tairait plus.

Elle profitait, elle savourait. Comme si elle avait peur que cela ne nous soit arraché. Mais ce ne serait plus jamais le cas, n'est-ce pas ? Je voulais être dans ses bras pour toujours et ne jamais me séparer de lui.

Parce que j'avais besoin de lui plus que je ne pourrais jamais l'avouer à haute voix. Ces quelques jours loin de lui avaient presque signé mon arrêt de mort. Et je sentais au fond de moi que si quelque chose de semblable devait survenir encore une fois, je ne me relèverais pas.

Et je me fichai bien de ce qu'il avait pu faire ou de ce que son père avait pu faire ; lui faire.

Seul Jahyan comptait en cet instant. Il aurait pu me dire n'importe quoi que ça n'aurait rien changé au fait que je le voulais tout entier.

Avec ses bons et ses très mauvais côtés.

Mes mains dans ses cheveux, je frottai mon nez contre la peau si douce de son cou. Ses mains à lui étaient sous mon t-shirt, caressant mon dos, ses doigts courant le long de ma colonne vertébrale en une caresse qui ne semblait être qu'une brise printanière.

J'avais eu peur qu'il m'aime, mais qu'il me refuse tout de même de faire partie de sa meute. Je n'étais pas faible, j'étais loin d'être une soumise, mais je restais une femme. Alors oui, j'avais eu peur et je n'avais pu lui cacher cela. Je ne pourrais presque plus rien lui cacher à partir de maintenant. Si ça me dérangeait ? Un peu, mais nous étions des compagnons, des... âmes sœurs et c'est comme ça que ça marchait. Lui cacher quelque chose allait être impossible et avoir un jardin secret encore plus.

Je n'avais pas choisie de tomber amoureuse.

Mais j'avais choisie d'être à lui et de lui appartenir, même si rien n'était encore fait dans ce sens.

— Yan, gémis-je.

Je voulais le sentir partout en moi. Je voulais que ma peau soit recouverte de son odeur et que je me noie dedans. J'en avais besoin. J'avais besoin qu'il me tienne dans ses bras et qu'il ne me lâche plus jamais.

Et qu'il ne me laisse plus derrière lui. Les larmes coulèrent le long de mes joues. Je n'avais rien montré jusque-là parce que je ne voulais pas être faible ou lui laisser penser que je l'étais. Mais j'avais eu si peur, si peur de mourir que tout revenait soudain.

— Yan...

Je m'accrochai à lui comme je ne l'avais jamais fait avec personne. Jahyan me souleva dans ses bras et mes jambes s'enroulèrent autour de ses hanches, nos deux sexes pressés l'un contre l'autre. Il y avait ce besoin en moi, il était si fort que ça m'effrayait !

Pouvais-je me donner entièrement à un homme comme Jahyan ?

Pourrait-il m'accepter comme celle que j'étais ? Une femme ? Une louve ? Une Dominante ? Pouvais-je me donner entièrement à lui alors que j'étais sûre de ne pas avoir encore vu toute ses facettes ?

La peur... l'amour... lequel des deux l'emporteraient ?

— Shana... ma Shana...

Et cette simple déclaration me rendit si heureuse que je cru que mon cœur allait défaillir.

J'aimais Jahyan.

Le nier aurait été stupide. Tout comme de croire que nous pouvions seulement nous passer l'un de l'autre. C'était impossible.

Shay avait eu raison. Se détourner de son âme sœur, c'était se condamner. Je n'aurais pas pu tenir un jour de plus.

Jahyan était devenu trop de chose pour moi.

Plus important que la meute.

Plus important que tout.

Je l'embrassai à pleine bouche et le désir explosa dans mon corps tout entier. Il me serra contre lui, si fort que je cru qu'il allait me briser les os.

Je ressentis sa force dans toute son intégralité. Il était si puissante, si fort. Mais quelque chose me soufflait que jamais, jamais il ne me ferait le moindre mal.

Parce qu'il m'aimait autant que je l'aimais. Et que ça n'avait aucune limite. Et que ça n'en aurait jamais.

Que de l'amour.

Encore et encore.

Et ma tête tournait, tournait, tournait.

Jahyan soupira alors et appuya son front contre le mien alors que je souriais.

— Ce n'est que la deuxième fois, dit Zoran, comme s'il avait très bien saisit le sens du soupir de son Alpha.

— Je vais finir par te tuer, Main stupide, répliqua Jahyan.

Je ris, passant mes bras autour de son cou et relevant la tête vers Zoran qui nous regardait, une étrange lueur dans le regard.

— Vous seriez malheureux sans moi, Patron. Et il faudra que quelqu'un protège Shana de vous.

Il était... plus que sérieux en disant cela.

Même si je ne faisais pas encore partie de leur meute, même si l'échange de chair n'avait pas encore eu lieu, je pouvais presque déjà sentir la... loyauté de Zoran à mon égard. Et c'était tellement étrange ! Qu'il m'accepte si vite, si... facilement. Il y avait quelque chose chez ce loup, chez cet homme... J'étais presque fière de pouvoir devenir sa Dominante.

— Je ne te laisserais pas faire, dis-je à Jahyan en reniflant doucement.

Je cru l'entendre marmonner quelque chose qui ressemblait à s'y méprendre à un « maudite bonne femme », mais j'avais peut-être tout bonnement rêvée, ou pas...

Il me fit glisser le long de son corps, prenant bien soin de me faire sentir à quel point il avait envie de moi. Et la vue de mes tétons dressés juste sous ses yeux lui montra la même chose.

Une fois les pieds au sol, je n'eus pas le temps de faire le moindre geste que Jahyan m'attrapai déjà par les hanches pour me coller à lui.

— Où sont Eneko et Warrick ? Demanda-t-il.

— Là, dit Eneko en apparaissant avec le lieutenant de la meute derrière lui.

Zoran les salua d'un signe de tête, preuve qu'ils avaient dû se voir avant. Dans la nuit peut-être, parce qu'il était encore très tôt...

Eneko m'avisa et il sourit franchement :

— Un jour de plus et je serais moi-même venu te chercher, dit-il.

Je n'en doutais pas une seule seconde. Vu dans quel état j'avais retrouvé Jahyan je me demandais même comment Eneko avait fait pour ne pas s'en prendre physiquement à son Alpha pour le... remuer un peu.

Il voulut venir me saluer, mais le loup de Jahyan gronda et ses bras se firent plus durs autour de mes hanches.

— Tout doux, Alpha, rétorqua Eneko, continuant d'avancer alors que Zoran s'était légèrement déplacé dans la pièce.

Je fronçai légèrement les sourcils, mais ne bougeai pas d'un millimètre.

Le Second de la meute finit par se retrouver devant nous et ses yeux brillèrent. Son loup était là, il me fixait. Ça dura quelques secondes et il finit par m'offrir sa nuque. Ma louve monta et sa puissance s'enroula autour d'Eneko, autour de son loup. Sa puissance courut dans toute la cuisine en fait et la respiration de Warrick se coupa quand Zoran se contenta d'afficher un immense sourire. Je me penchai et embrassai la nuque d'Eneko, les bras de Jahyan restant une entrave. Sa main glissa sur mon nombril et il força le haut de mon corps à se retrouver tout contre son torse. Bon sang, s'il commençait à jouer au possessif j'étais loin d'avoir fini... Mais les mâles étaient comme ça et les Alphas étaient bien pires encore avec leurs compagnes. Et ça ne faisait que commencer.

Je ne pouvais pas grogner maintenant, pas alors que j'étais contre lui, dans ses bras. Pour l'instant, il pouvait bien être aussi con et macho qu'il le voulait, je n'en avais rien à faire.

— C'est quoi le plan, alors ? Demanda Zoran en attrapant une pomme et en la lançant dans les airs, son regard rivé sur elle.

Tous les hauts-gradés de la meute n'étaient pas là, mais ceux présents étaient de loin les plus importants.

Second.

Main.

Lieutenant.

Tous semblaient être au courant de qui j'étais ; c'est-à-dire la compagne de Jahyan.

La meute avait dû sentir qu'un lien avait été créé, mais que rien n'y étais encore rattaché. J'étais liée à Jahyan certes, mais pas encore à la meute.

Il fallait que la cérémonie de la chair ait lieu pour ça. Il n'était pas surprenant que Zoran ait tout senti en premier ; le lien entre une Main et son Alpha était unique et différent des autres. Peut-être me projetais-je trop vite, mais Zoran serait mon meilleur allié, je pouvais déjà le sentir. Tout comme Eneko. Ils étaient les mieux placés pour tenir tête à Jahyan sans craindre grand-chose en fait. Ce n'était pas comme ça dans toutes les meutes, même la Main restait un des plus importants piliers. Je connaissais un Alpha qui aurait pu confier sa meute à son Eros sans aucun problème. Mais Quinn Dixon semblait être bien à part.

— Timothy et Maël nous attendent à Riverton, Jahyan et moi. En fait, je n'étais pas censée venir, mais...

Je haussai les épaules.

Je n'avais pas pu m'en empêcher. La nouvelle de cette fameuse solution avait été comme... un second souffle et j'avais voulu retrouver Jahyan, pas forcément pour tout lui balancer d'un coup, mais juste pour le toucher, pour être avec lui.

— Même l'ancien Gardien est là ?

Mais ce n'est pas cela qui semblait avoir retenu l'attention de Jahyan. Je senti sa puissance courir sur ma peau et mes poils se dressèrent comme pour dire « danger ».

— Tu es venue de Riverton... toute seule ?

Si avant il ne pouvait jouer au sale con macho, autoritaire et possessif, maintenant que le lien était là... plus rien ne le retenait. Je savais que lorsque qu'un vieux loup trouvait sa compagne, il avait tendance à vouloir l'enfermer et à la garder pour lui, mais je n'étais pas du genre à vouloir me voir privé de ma liberté. Mais commencer à ronchonner maintenant encore une fois n'était certainement pas la meilleure des choses à faire.

Jahyan était un vieux loup. Il serait plus que protecteur. Quitte à m'étouffer.

— Tu me prends pour qui, hombre ? Grogna Jalil en entrant dans la pièce et en rivant son regard à l'Alpha qui me tenait serré contre lui.

— J'ai eu peur pendant un instant de devoir avoir une petite discussion avec toi sur le fait de veiller sur Shana, idiot de mexicain, répliqua Jahyan, un sourire dans la voix.

— Je peux veiller sur moi-même, merci, grommelai-je, juste pour le principe.

Personne ne sembla même m'écouter. Comme ça...

Jalil sourit :

— Tout cela est fort intéressant, mais le Gardien et les autres nous attendent. Il faudrait penser à y aller.

Eneko regarda Jahyan comme pour attendre ses directives, qui arrivèrent avec un claquement de doigt, étonnant...

— Garde ton téléphone sur toi. Quand on décollera de Riverton tu devras réunir la meute.

Mon cœur eut un léger loupé.

Est-ce que j'étais prête à être présentée... officiellement ? Et est-ce que tout le monde voudrait de moi ? M'accepterait aussi facilement que Zoran ou Eneko ? Rien n'était moins sûr. Mais ce n'était peut-être pas vraiment le moment de penser à ça. D'abord, penser à la meute de Riverton. Et ensuite je m'inquiéterais de la meute de Boise.

Warrick et Eneko nous accompagnèrent jusqu'au 4x4 que nous avions pris avec Jalil et Zoran revint avec un gros sac de sport où il avait dû y fourrer des affaires pour Jahyan et lui. Il nous accompagnait, sans aucune surprise.

Jahyan prit place derrière le volant et je m'installai à côté de lui, Jalil et Zoran à l'arrière. Ça avait déjà des airs de déjà vu...

Eneko s'avança, mais se pencha sur la vitre de Zoran :

— Surveille-le, il n'a aucune manière avec les femmes.

Jahyan grommela quand j'éclatai de rire :

— C'est maintenant que tu lui dis ça ? Rétorqua Jalil en levant les yeux au ciel.

— Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Répliqua Eneko en me faisant un clin d'œil et en s'écartant de la voiture.

Jahyan démarra et nous quittâmes Boise presque aussi vite que nous étions arrivés avec Jalil.

Il mangea les kilomètres nous séparant de Riverton dans la journée et alors que nous arrivions au niveau du ranch, Jalil ne put s'empêcher de dire à Jahyan que tout cela allait vraiment beaucoup lui plaire.

— C'est bizarre parce que la dernière fois que tu as dit ça, j'ai vraiment détesté, grommela Jahyan, repensant plus que probablement à Cam.

Jalil éclata de rire et je le fusillai du regard dans le rétroviseur.

J'imaginais déjà sans mal la réaction de Jahyan quand nous allions lui parlé de... l'idée que nous avions trouvée. Je n'avais pas été facile à convaincre, alors lui ? Ça allait tenir du miracle, bon dieu.

Je gigotai sur mon siège alors que Jahyan se garait.

Sous le porche nous attendaient Kerann et Maël. Je sentais que tous les hauts-gradés étaient là. Les jours à venir allaient être les plus importants, les plus... décisifs pour la suite.

Nous sortîmes de la voiture et Rafael sorti de la grange avec Leandro et Sander. Il vint droit sur moi et effleura ma joue du bout des doigts avant d'aller saluer Jahyan et Zoran en leur offrant sa nuque.

Jahyan m'attendit pour se diriger vers la maison et sa main se retrouva dans ma nuque alors que Zoran se plaçait légèrement derrière nous.

— Maël, dit Jahyan en lui offrant sa nuque.

Saluer le Gardien ou l'ancien Gardien n'était pas une affaire de dominance ou de puissance, mais seulement de respect. Tout le monde se devait d'offrir sa nuque à Timothy ou du moins presque tout le monde, si on omettait Jahyan et Hermès. Kerann le salua à son tour et pendant quelques secondes, tout le monde se regarda. Je ne bougeai pas de là où je me tenais ; Jahyan ne m'aurait pas laissée faire de toute façon.

Sa poigne sur ma nuque était forte, mais en aucun cas douloureuse. Sa chaleur coulait dans mon corps en même temps que sa puissance qui se mélangeait alors à la mienne. J'avais la bouche sèche et le cœur qui battait à cent à l'heure. Soudain, j'avais l'impression que tout cela était idiot et que jamais, jamais ça ne marcherait.

Et que Jahyan allait bien se moquer de nous. De moi surtout.

— Alors, qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il sans aucune intonation particulière.

La moustiquaire s'ouvrit à ce moment-là sur Alice et Timothy. La sorcière de l'Éthérée sourit avec espièglerie à Jahyan avant de lui faire un clin d'œil. Le Gardien et lui se serrèrent la main et Timothy se tourna légèrement vers moi :

— Tu ne lui as encore rien dit ?

Je secouai la tête et il hocha la tête, entendu.

Il avait quelques cernes sous les yeux, ce qui était normal ; il n'avait pas dormi depuis au moins trois jours. Mais ce n'est pas ça qui l'avait le plus épuisé, je le savais bien.

— Très bien.

Il se racla un instant la gorge et se frotta la nuque, posant son regard sur Jahyan.

— Quand un loup devient Alpha, il doit penser à la meute avant tout et il y a rarement de retour en arrière possible. Sans Alpha, notre race ne pourrait survivre, mais s'il y a quelque chose qui est d'autant d'importance, c'est les âmes-sœurs.

Le Gardien dispensait son savoir. C'était toujours incroyable à voir, à entendre surtout. Les doigts de Jahyan pressèrent doucement ma nuque, comme en réponse à ce que venait de dire Timothy.

— Si très peu y croit encore, il est de mon devoir d'y prêter foi. Et il est de mon devoir de veiller et de protéger chaque loup que porte cette Terre, chaque loup envoyé ici par Sharan. Je peux accepter de laisser partir un Alpha, mais pas de laisser mourir une âme sœur.

Maël sourit derrière son fils. Était-il fier ? C'était son père après tout, alors forcément, non ?

— Que deviendra cette meute sans son Alpha ? Demanda posément Jahyan.

Je savais qu'il n'essayait pas d'empêcher cela, il voulait comprendre, il voulait savoir ce que Timothy avait à proposer.

— La meute de Riverton a connu beaucoup de souffrance au cours des dernières années. Les loups ont perdu leur premier Alpha et perdre leur deuxième sera d'autant plus difficile après que les choses soient rentrées dans l'ordre.

Jahyan hocha la tête et je levai mes yeux vers lui. Il écoutait, attentif.

— Quelqu'un va devoir prendre la place de Shana. Quelqu'un d'aussi puissant qu'elle et que les loups de cette meute vont reconnaitre.

Timothy hocha la tête et du coin de l'œil, je vis Rafael bouger, légèrement mal à l'aise. Avais-je le droit de l'abandonner de cette façon ? De le laisser... gérer ?

— Qui as-tu en tête, Gardien ? Gronda le loup de Jahyan, curieux.

Maël regarda dans la direction de Rafael et lui fit un très léger signe de tête. Mon neveu inspira et s'avança.

Zoran et Jahyan le regardèrent. Le premier observa, sans piper mot alors que Jahyan jaugeait véritablement Rafael du regard.

Je me crispai, prête à l'entendre rabrouer Timothy et lui dire que ce n'était qu'un pauvre idiot, mais il se contenta de regarder Rafael.

Avant de pouffer. Jahyan Pearson... pouffé ?!

Je le regardai, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte alors que Rafael n'en menait pas large et que tous fixaient Jahyan comme s'il avait perdu la tête.

Et c'était bien le cas, n'est-ce pas ? Ou alors c'était nous...

Il me lâcha en éclatant de rire et se tint les côtes pour se calmer. Qu'y avait-il de drôle bon sang ? Espèce de sale con !

— C'est... une plaisanterie, n'est-ce pas ? Hoqueta-t-il entre deux quintes de rire. Ce... gosse ? Alpha ?

Rafael se rembrunit et Timothy secoua la tête alors que je fusillai Jahyan du regard. Jalil retenait son rire lui aussi alors que Kerann levait les yeux au ciel devant ce spectacle.

— Arrête de rire, grognai-je en le frappant dans les côtes.

— C'est vraiment ça votre solution ? Laisser la meute à un gamin ? Je ne savais pas que ta nouvelle mission était d'enterrer cette meute, Gardien.

— Avant de réagir comme ça, écoute la suite ! Crachai-je, mauvaise à présent.

Il n'avait pas le droit de se moquer ouvertement de Rafael. Ce dernier était peut-être jeune et n'avait pas beaucoup d'expérience, mais tout de même ! Il était fils d'Alpha ; même si Yago n'avait pas été l'ainé de la famille.

— Quelle suite ? Dit Jahyan en me regardant. Suis-je le seul à trouver cela... impossible ? Cette meute est vieille. Il y a pas mal de vieux loups puissants dedans et tu veux offrir Rafael en pâture à la toile en le mettant au centre ? As-tu oublié ce qui est arrivé à Yago ? Avez-vous tous oubliés ?

Sale con.

Je voulus me reculer pour mettre un peu de distance entre nous, mais il m'en empêcha, me ramenant contre lui. Je le frappai au ventre, mais il grimaça à peine.

— Me prends-tu pour un idiot, Alpha ? Grinça Timothy, pas franchement content.

— J'énonce des faits, Gardien. Vous appelez ça une solution ? Moi j'appelle ça le plan le plus merdique de l'histoire !

Maël soupira et s'avança :

— Où as-tu vu qu'il était question de faire de Rafael l'Alpha maintenant ? Nous savons tous ici qu'il est trop jeune et loin d'être prêt pour gérer une meute ; une vieille meute surtout. Quelqu'un va lui apprendre. Quelqu'un qui est assez vieux et assez puissant pour devenir son mentor, mais aussi l'Alpha par intérim de cette meute.

Jahyan eut un rire des plus méprisants et je me retins de le frapper une nouvelle fois, mais cette fois, là où ça faisait bien mal.

— Un loup vieux et puissant qui pourrait gérer une meute ? On parle d'un Alpha, Maël, pas de n'importe quel loup. Vas-tu voler l'Alpha d'une meute pour venir le mettre ici ? Où tu penses avoir trouvé quelqu'un qui j'en doute, sois comme tu le dis ?

Un léger rire.

— Tous les vieux loups ne sont pas des Alphas, Jahyan. Et je suis vraiment vexé que tu n'es même pas pensé une seule seconde à moi, dit Shay avec un sourire.

Jahyan sourit en voyant l'homme devant nous :

— Aux dernières nouvelles tu n'as jamais voulu être Alpha, alors qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis après des siècles d'entêtement, vieux bougre ?

Jahyan me lâcha et les deux loups se donnèrent l'accolade avant que Jahyan n'offre sa nuque à Shay qui ne fit que l'effleurer de ses doigts.

Dans mon dos, Zoran s'avança et salua Shay à son tour avec beaucoup de respect.

Il finit par se reculer pour se retrouver à côté de moi.

Shay était un vieux loup, plus que Jahyan, plus encore que Nohlan même. Il était fils d'Alpha, mais avait toujours refusé de le devenir, même si Timothy ne le lâchait pas à cause de ça depuis des années. Je savais que ce qui avait le plus fatigué le Gardien ces derniers jours, c'était d'avoir essayé de convaincre Shay de devenir Alpha par intérim de la meute. Je savais que Maël avait beaucoup prit part au débat et au final, père et fils avaient réussi, puisque Shay était là et qu'il avait accepté.

— J'ai accepté, c'est ce qui compte non ? Dit Shay qui ne semblait pas décidé à répondre.

C'était son droit.

Je ne pouvais que lui être reconnaissante de sacrifier sa liberté pour venir ici.

Nous ne pouvions que lui être reconnaissant, Jahyan et moi. Et il le comprenait, je le voyais, je le sentais. Il observait Shay, se demandant sûrement ce qui poussait ce vieux loup à faire ça. Shay avait perdu son âme-sœur, aujourd'hui j'en étais sûre. Il y avait quelque chose de profondément brisé en lui, quelque chose qu'on ne pouvait plus réparer.

— Tu t'engages pour au moins une décennie, voire même plus, tu le sais ça ? Dit Jahyan, insistant sur le fait que tout cela lui semblait incroyablement bancal.

Il ne doutait pas de Shay, mais c'était comme s'il voulait être sûr que ce dernier savait dans quoi il s'embarquait. Et je le comprenais. Bizarrement, le fait de pouvoir être ensemble dépendait... de Shay. Et seulement de lui.

— Qu'est-ce qu'une décennie ou deux dans une succession de siècles, Jahyan ? Répliqua ce dernier, légèrement pensif.

Je surpris le regard de Maël sur lui. Il y avait une étrange lueur dedans. Je n'aurais su l'interpréter.

— Et tout le monde est au courant ? Tous sont d'accord avec... ça ?

C'est Kerann qui prit la parole :

— Même si certains ont menés la vie dure à Shana, tout le monde est toujours resté plus ou moins loyal et c'est devenu plus fort quand... tu as pris les choses en main. J'ignore dans quel état tu étais ces derniers jours, Pearson, mais ton départ à faillit détruire Shana.

Le silence se fit et Jahyan se contenta de regarder mon Protecteur quand la main de Zoran attrapa mon poignet. Il y exerça une très légère pression et... ça me fit du bien. C'était rassurant, apaisant même.

— L'Alpha doit penser au bien-être de la meute, mais nous serions de bien piètres loups si nous ne pensions pas au bonheur de notre Alpha, tu ne crois pas ? Shana compte pour chacun d'entre nous et si elle heureuse avec toi, alors très bien. Nous comprenons cela et c'est pour ça que nous l'acceptons.

Les larmes me montèrent aux yeux et je me laissai aller contre Zoran qui passa un bras autour de mes épaules ; protecteur.

— Ne critique pas la solution que nous avons trouvés pour que vous soyez ensemble ; respecte-là. Parce qu'il n'y en a pas d'autre de toute façon.

Là-dessus, il avait parfaitement raison. Shay était notre seule solution. Jahyan soupira doucement et se tourna vers Timothy et Shay :

— Kerann et le Protecteur de Shana, il va forcément venir avec elle. La meute perd aussi son Second.

Jalil ne broncha pas. Voulait-il parler de ça tranquillement avec Jahyan ? Je le pensais.

Shay leva les yeux au ciel et posa une main sur l'épaule de Jahyan :

— Arrête de t'inquiéter pour cette meute, Jahyan. Même sans Second, tout ira très bien.

— Tu es bien confiant, répliqua Jahyan. Une meute a besoin d'un Second, un point c'est tout. Sur qui vas-tu te reposer lorsqu'il le faudra ?

— Il y a pas mal de choix, n'est-ce pas, Shana ? Me demanda-t-il avec un sourire.

Il y avait des loups puissants dans la meute, mais un qui avait l'étoffe d'un Second ? Je ne savais pas. Jahyan secoua la tête. Il avait du mal avec tout ça, tout le monde le voyait bien.

Maël finit par taper dans ses mains, ramenant tous les regards sur lui :

— Tout cela ne va pas se faire en un jour. Il y a pas mal de chose à voir. Jahyan avant de partir si pessimiste, réfléchis-y, tu veux ? La meute doit se réunir demain et nous verrons comment se passera le premier contact. Pour l'heure, laissons-nous un peu de temps pour la réflexion.

Shay hocha la tête et s'écarta de Jahyan alors que le soleil disparaissait à l'horizon.

— Très bien, grommela Jahyan en se tournant vers moi.

Son loup brilla à travers ses yeux quand il me vit appuyée contre Zoran. Ce dernier ne broncha pas et alla même jusqu'à hausser les épaules. Je l'embrassai sur la joue et me dirigeai vers celui qui était maintenant mon compagnon. Il attrapa ma main et m'attira à lui, fourrant son nez dans mes cheveux. Il inspira mon odeur et son corps se détendit.

— Viens, lui chuchotai-je, l'attirant à l'intérieur de la maison.

Nous grimpâmes les marches et je nous amenai dans la chambre qu'il avait occupé ; que nous avions occupés tous les deux pendant les derniers mois.

Je m'appuyai contre la porte et levai mon visage vers lui :

— C'est la seule option que nous ayons, Yan. Shay... Si Shay avait dit non, il n'y aurait pas eu d'autre option, tu le sais. Et nous serions restés... séparés.

Et nous en serions morts. Mais je ne le dis pas. Parce qu'il le comprenait très bien.

— Rafael est encore trop jeune pour prendre les rênes, mais Shay le peut, lui.

— Et si les loups refusent son autorité ? Grogna Jahyan. S'ils ne l'acceptent pas ? Cette situation est foutrement bancale, Shana. Shay n'est là que pour combler le vide que ton départ va créer. Comme l'a dit Timothy, c'est un Alpha par intérim. Ce n'est pas du tout la même chose qu'un vrai Alpha.

— Je sais, Yan, concédai-je. Mais un lien peut tout de même se créer entre les loups et Shay. Je n'en doute pas.

Il fit un pas vers moi et caressa ma joue avec une tendresse qui me submergea de la tête aux pieds.

— Tu veux y croire parce que c'est la seule façon pour nous d'être ensemble, je le sais.

Oui.

Je m'accrochai à son poignet.

Je misai tout en Shay, est-ce que c'était mal ? Est-ce que ça allait se retourner contre moi ? Contre nous ?

— Le Gardien y croit aussi. Même Maël pense que ça marchera. Pourquoi est-ce que tu doutes, Yan ? Pourquoi ?

Quelque chose de sombre dans son regard quand il se pencha sur moi.

— Même si tout cela ne marche pas, Shana, je ne te laisserais pas partir. Tu es à moi. Que Shay y arrive ou pas, tu resteras avec moi à Boise.

Son nez dans mon cou. Je passai mes mains dans ses cheveux alors qu'il se collait à moi.

— Si ça marche, si Shay parvient à rallier la meute toute entière à lui, tu n'auras plus aucune raison de t'éloigner de moi. Tu n'auras plus aucune raison de venir ici.

— Mes amis sont ici, répliquai-je, sans aucune conviction alors que mon cœur battait la chamade et que mon désir coulait dans mes membres.

Jahyan rit et me souleva dans ses bras. Il m'amena jusqu'au lit et m'y laissa tomber. Son regard déshabilla mon corps du regard et doucement, il défit un à un les boutons de ma chemise.

J'avais si chaud.

J'étais déjà si humide bon sang !

Il embrassa mon ventre tout en faisant glisser mon short le long de mes jambes. Il était lent et à la fois rapide.

— Tu ne t'éloigneras pas de moi, Shana. Jamais. Plus maintenant.

Ses mains dans mon dos ; il défit mon soutien-gorge et je l'aidais à me l'enlever. Son regard se posa sur mes seins alors que j'étais incapable de bouger ou de ne serait-ce que penser.

— Tu es ma compagne.

Sa langue me fit crier alors qu'il titillait mon téton. Je tirai sur ses cheveux, le désir me liquéfiant. Sa main glissa entre mes jambes et passa sous le tissu de mon string.

— Y... Yan...

Son pouce sur mon clitoris. Ses dents tirant sur mon téton.

J'aurais dû avoir peur de telles paroles, mais il savait me faire penser à autre chose le démon ! Il savait exactement comment me faire oublier les choses importantes.

Sa bouche contre mon oreille :

— Je ne vais pas être doux, Shana.

Je rougie alors qu'il m'arrachait mon sous-vêtement et qu'il retirait ses propres vêtements. Je me dressai et voulu le toucher, mais il m'attrapa par les poignets et colla mon dos au matelas, mes mains au-dessus de ma tête.

— Écarte les jambes, chaton, dit-il, son regard rivé au mien.

Je le fis sans même réfléchir. Il sourit et se pencha pour reprendre mon sein en bouche. Je voulais le toucher ! Je voulais sentir sa peau, mais il m'en empêchait !

— Yan !

De sa main libre, il guida son sexe, toujours yeux dans les yeux et je le senti me pénétrer tout en douceur.

Mon souffle se coupa et pendant quelques secondes, le temps sembla s'arrêter.

Yeux dans les yeux.

Je pouvais voir la profondeur de son amour. Et il donna un grand coup de rein, me pénétrant jusqu'à la garde. Je criai alors que la douleur explosait dans mon corps. Il se mit à bouger, à me pilonner avec force et brutalité.

Une larme coula le long de ma joue alors qu'il donnait de vigoureux coup de boutoir. À un moment, nos doigts s'entrelacèrent et ne resta plus que le bruit de nos peaux qui claquaient, de ses grognements et de mes gémissements.

J'avais l'impression qu'il remplissait mon corps tout entier.

Et tout se perdit pour ne laisser que le plaisir et la douleur. Il me fit grimper dans les affres de l'orgasme et quand il me demanda de jouir pour lui, je ne pus me retenir.

J'explosai en un millier de morceau et c'est comme si nos corps ne firent plus qu'un.

Le lien entre nous étincela et vibra.

Chaud et vivant. Doux et dur.

Jahyan rejeta la tête en arrière, grognant et il me fit jouir une deuxième fois, mon corps tremblant. Je n'étais plus que sensation. Je n'étais plus un corps, mais bien que du désir.

Et à son tour, il explosa et se répandit en moi avant de s'effondrer sur mon corps, ses mains dans mes cheveux, son visage contre la peau moite de mes seins.

Et je ne perçu rien d'autre que les battements de nos cœurs. C'était comme d'en écouter qu'un seul.

— Tu es à moi, souffla-t-il.

Je souri, une main dans ses cheveux.

— Macho.

Et nous éclatâmes de rire. 

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