14. Jahyan
Quelqu'un frappa à ma porte. Je grognai et restai assis dans le coin de ma chambre. Les murs me tenaient je crois. Depuis deux jours... ou peut-être trois. Je n'en avais aucune idée.
J'avais arrêté de trop réfléchir.
De trop penser.
Si je commençai à le faire... elle reviendrait.
Avec ses sourires.
Avec sa peau.
Avec ses rires.
Je frémis et regardai la bouteille dans ma main.
Je crois que je n'avais pas respiré depuis ... depuis ce que mon père m'avait dit.
Et le plus dur là-dedans... c'était que je m'en fichais... je m'en fichais profondément.
Car elle n'était pas là.
Elle n'était pas là pour que je lui dise que celle que j'avais cru être ma mère, n'était en fait qu'un second choix.
Un choix que mon père avait fait malgré moi.
Mais c'était surtout un choix que j'avais moi-même fait en privant Eneko de sa femme... Et de sa fille. Millie n'était pas son âme sœur... mais elle l'aimait. Elle l'aimait profondément. Lui avait donné un enfant. Et je le lui avais enlevé.
Comme mon père m'avait enlevé à cette femme.
Cette femme qui était son âme sœur.
Qu'il avait renié comme si ce n'était pas le bon achat.
Comme s'il avait perdu à la loterie. Qu'il n'avait pas eu le lot qu'il voulait.
Et il m'avait gardé... Il m'avait gardé pour avoir une trace d'elle.
Pour avoir une trace de son âme sœur dans sa vie.
Si Millie avait été l'âme sœur d'Eneko... Serait-il en train d'en payer le prix ?
Non.
Et elle ? Elle oui. Elle l'avait payée depuis longtemps.
Elle aussi était morte de chagrin.
Comme ma mère.
Comme ma vraie mère.
Je ramenai mes genoux contre moi, tentant de combler le vide.
Le vide qui grandissait.
Le vide au creux de moi qui me faisait affreusement mal.
Comme si ça me bouffait.
Comme si ça me retournait malgré moi.
Comme si je me faisais avaler de l'intérieur.
Par cette douleur.
Encore et Encore.
Sourde.
Vivante.
Présente.
Vicieuse.
Je ramenai le goulot contre ma bouche et bus à la bouteille. Le wishky embrumait mon esprit mais pas assez. Je la voyais encore. Je sentais encore son odeur. Si je fermais les yeux, je pourrais voir sa natte se balancer dans son dos au rythme de sa marche.
A quoi étais-je bon ?
Gâcher la vie des autres ? La mienne par la même occasion ?
Zoran n'avait rien dit aux autres. Encore moins à Eneko. Il ne devait pas savoir.
Il ne devait pas savoir que j'étais comme mon père. Que j'étais pire que lui.
Je serrai mes bras contre mes jambes, laissant la bouteille vide roulée sur le parquet.
Son odeur me hantait.
Le souvenir de son corps si présent sur moi.
Pourquoi ? Pourquoi n'était-elle pas avec moi ?
Pourquoi avais-je tant besoin d'elle ?
Pourquoi avais-je sentit qu'elle était... qu'elle était mon âme sœur ?
J'agrippai mes cheveux et poussai un cri silencieux, me laissant glisser au sol, me recroquevillant sur moi-même.
Combler le vide était trop dur.
C'était difficile.
Et je n'en avais pas envie.
Je ne voulais pas l'oublier.
Je ne voulais pas penser qu'elle pourrait m'oublier.
Je ne voulais pas penser qu'elle puisse refaire sa vie sans moi....
Elle est morte de chagrin...
Je me recroquevillai un peu plus...
Ma faute.
Tout était de ma faute.
Tout était arrivé à cause de moi.
Tout...
_ Yan... murmurait quelqu'un.
On me secoua. Je grognai et repoussai la main.
J'avais mal partout. A la tête. Au corps. Au cœur. Quelque chose m'attirait vers le vide.
Ce lien... ce lien qui était presque mort et qui pourtant aurait dû me faire vivre.
_ Yan bon sang, soufflait Anya.
_ Depuis combien de temps est-il inconscient ? Fit Eneko.
_ Vu le nombre de bouteille, reprit Zoran, au moins trois heures...
Je grognai et clignai des yeux. Ils étaient tous penchés sur moi. Avec leur visage inquiet et leurs regards plein de pitié...
_ Qu'est-ce que vous foutez là ? Grondai-je, saoul.
_ Patron, tu es bourré, remarqua Zoran en penchant doucement la tête.
_ Et on se demande bien pourquoi, grogna Neko en allant jeter les bouteilles.
Il revint, la mine sombre. Anya tenta de me redresser, mais je m'écartai de son contact.
Je ne voulais pas qu'on touche.
Elle. Elle devait me toucher.
Pas les autres.
Trop mal.
Mon loup était trop confus et il tenait les commandes.
J'avais laissé tomber il y a plusieurs heures.
J'avais abandonné. Mon loup était perdu sans elle. Il tentait d'oublier la raison de notre déchéance.
Comment une seule femme pouvait nous mettre dans cet état ?
_ Tu crois qu'il va vomir ? Souffla Anya.
_ Peut-être, répondit Zoran sans trop savoir.
_ Barrez-vous de cette chambre ! Crachai-je, mauvais.
Eneko se pencha sur moi et son loup prit le dessus.
_ Tu es dans cette chambre depuis trois jours maintenant, Alpha, cracha-t-il. Il est temps de te reprendre. Ta meute a besoin de toi...
Je frémis.
Je n'avais besoin que d'une seule personne et elle n'était pas là.
J'avais pensé que mon père était le monstre, mais c'était moi.
Moi qui étais le monstre.
Qui l'avait toujours été.
Je tentai de le repousser, mais il agrippa mon épaule en me secouant.
_ Reprends toi, Yan, souffla-t-il. Où tu vas perdre bien plus que tu ne le penses...
Ne comprenait-il pas ?
Ne voyait-il pas ?
En la perdant elle... j'avais... j'avais perdu une si grosse partie de ma personne que même le fait d'apprendre que ma mère n'était pas ma génitrice ne m'avait rien fait.
Parce que je n'avais pas pu lui dire à elle.
Parce que je n'avais pas pu lui demander son pardon à elle. A Shana. D'être un monstre.
Elle m'aurait pardonné elle... Elle m'aimait.
Et je l'aimais.
Bon sang, j'aimais tellement cette femme...
Et je l'avais quittée... Je l'avais laissée derrière moi.
Je l'avais laissée mourir de chagrin derrière moi...
Cette pensée me fit presque vomir et je tentais de me lever. Zoran me repoussa à terre alors que je lui hurlais dessus ! Il fallait que j'y aille !
Elle ne pouvait pas...
Elle ne pouvait pas rester là-bas...
Je ne pouvais pas la perdre.
_ Laisse-moi ! Crachai à Zoran.
Je ne voulais pas la perdre ! Elle était la seule chose que je voulais et...
Eneko me redressa et me plaqua contre le mur, le souffle court. Je clignai des yeux et m'agrippai à ses poignets.
_ Reprends-toi mon frère, souffla-t-il. Il faut avancer... Il faut la laisser vivre sa vie.
Je le repoussai et secouai la tête.
_ Sortez, murmurai-je.
_ Tu ne peux pas rester ici seul, Yan, souffla Anya.
_ Sortez ! Criai-je.
Anya frémit et Eneko secoua la tête. Zoran poussa Anya vers la sortie.
_ Je te donne un jour de plus, fit Neko.
Il sortit et claqua la porte. Je me traînai jusqu'à mon lit, tentant de refréner la nouvelle douleur. Je tentai de dormir mais mon lit me paraissait... trop grand. Trop vide. J'avais dormit pendant près de trois mois avec Shana. Je m'étais habitué à me réveiller à ses côtés. A l'embrasser. A me lever. A la regarder dormir.
Et je n'avais plus rien. Plus rien hormis une chambre vide.
Un lit vide.
Un corps vide.
Je roulai sur le dos et regardai mon plafond comme si je pouvais y découvrir la solution pour me sortir de là. Je pris une douche vers minuit. Je rangeai la plupart de mes papiers en attente sur mon bureau, mais le bazar restait là. Je sortis les bouteilles de ma chambre, décidé à trouver une putain de solution.
Vers huit heures du matin, Zoran se réveilla et vint m'aider à s'occuper du jardin. J'avais commencé à cinq heures du matin. Je ne voulais pas dormir. Je ne pouvais... pas dormir.
Son visage.
Son odeur.
Sa voix.
Je frémis et grattai ma barbe un peu trop longue. Je secouai la tête et me remis à ma tâche. Vers dix heures, Anya vint et me vit sur la terrasse, une cigarette et un verre d'alcool devant moi.
_ Au moins tu es sortie de ta chambre, grogna-t-elle en vidant le verre dans la gouttière.
Je la fusillai du regard et elle le soutint avec une moue. Je ne dis rien, me contentant de fumer.
Je t'aime... Je t'aime...
Je fermai les yeux et soufflai ma fumée.
Trois jours.
Pas d'appel.
Pas de message.
Ne voulait-elle pas me parler ?
Ne voulait-elle pas m'entendre ?
Voulait-elle m'oublier ?
J'avais voulu l'appeler, mais Eneko m'en avait empêché.
Du temps, avait-il dit.
Ne m'oublie pas...
Je me redressai et attrapai la bouteille sous la table. Anya voulut me la prendre, mais je me figeai, la regardant avec méchanceté.
Chose que je n'avais pratiquement jamais fait de toute ma vie.
Je repris mon verre et y versai le liquide ambré.
Ma poitrine me faisait mal. Mon cœur me faisait mal.
_ Tu veux finir alcoolique ? Grogna-t-elle.
Je bus mon verre en entier d'un coup et le posai avec brutalité. Elle sursauta un peu et me fusilla du regard à son tour.
_ Idiot, soupira-t-elle en entrant de nouveau dans la maison.
Je regardai Zoran passer la tondeuse dans tout le jardin. Je bus une autre gorgée, mais toussai alors que quelque chose me tiraillait de l'intérieur. Je fis reculer bruyamment ma chaise et me levai le souffle court, ma cigarette tomba. Je grimaçai quand la douleur s'accentua. Ça tirait tellement fort ! Je serrai la table avant de pivoter vers la maison.
Voilà ce que j'appelais la douleur fantôme de notre lien.
C'était comme un membre qui était censé être là, mais qui ne l'était plus. Ça faisait mal alors que ça n'était plus là. Je m'enfermai dans ma chambre et ouvris une nouvelle bouteille.
Je ne vis pas le temps passer. Restai simplement dans le coin de ma chambre, la tête sur la baie vitrée qui donnait sur le balcon.
Peut-être était-ce moi qui allais mourir de chagrin en fait.
Peut-être le méritais-je. Après tout ce j'avais fait. Peut-être était le châtiment de Sharan.
Être vide. Seul.
J'étais saoul quand la porte de ma chambre s'ouvrit doucement.
_ Dégage Neko, soupirai-je. Je n'ai pas besoin de...
Je clignai des yeux et grognai, me frottant les tempes.
L'alcool me donnait des hallucinations.
Je portai la bouteille à ma bouche et bus, tentant de la faire disparaître.
Pourtant, l'hallucination s'approcha, un sourire triste sur le visage.
_ Tu es dans un état, Yan, souffla-t-elle.
Elle avait exactement la même voix qu'en vrai. Sa main frôla ma joue. Je me figeai.
Ça aussi, aussi bon qu'en vrai !
_ Je le mérite n'est-ce pas ? Murmurai-je. Je t'ai laissé... comme mon père l'a fait avec ma mère... Je t'ai laissé et tu...
_ Yan ? Souffla la Shana imaginaire. Tu es vraiment saoul ?
_ Il n'a pas dormit depuis trois jours, fit Zoran derrière elle.
Il la voyait aussi ? Ou était-ce une hallucination de ma Main ? Je pouffai.
Incroyable ce mélange alcool fumette.
_ Ni manger d'ailleurs, ajouta ma Main.
La Shana imaginaire retourna son regard sur moi et secoua la tête. Elle prit la bouteille dans ses mains et me la retira.
Ouah ! Sacré force l'hallucination !
_ Je crois qu'il nous prend pour des rêves, remarqua ma Main.
_ Bizarre, tu dis quand même des conneries, grognai-je, ma langue pâteuse.
_ Yan... soupira ma Shana.
Elle était tellement belle... Tellement... Mon loup se sortit de sa torpeur.
Tellement réelle...
Je levai une main et frôlai son épaule. Sa peau était chaude.
Sa peau était douce. Réelle sous mes doigts. Je posai ma bouche sur son bras nu.
Oui. C'était bien là.
_ Aller debout ! Grogna-t-elle en passant ses mains sous mes aisselles.
Zoran m'attrapa par l'arrière du t-shirt pour me lever. Je tanguai sur mes pieds et enlaçai Shana qui secoua la tête.
_ Tu es... belle, bredouillai-je.
_ Et toi tu es bourré, remarqua-t-elle.
Je posai mon nez contre sa gorge et me figeai.
_ Tu vas repartir n'est-ce pas ? Murmurai-je en resserrant ma prise dans son dos. Tu es venu me foutre un coup de pied au cul et tu vas repartir... tu... tu as rencontré quelqu'un ?
Mon loup gronda. Shana prit mon menton dans sa main.
_ Es-tu idiot ou profondément atteint mentalement ? En trois jours ? Rencontrer quelqu'un ? L'alcool a dut te griller pas mal de neurones.
Elle grogna, leva les yeux au ciel et elle me poussa vers la douche. Zoran non loin de nous s'éclipsa alors que Shana me faisait entrer dans ma grand douche.
_ Cet idiot... de milliardaire, grognai-je. Il te draguait... et devant moi... en plus...
J'eus un hoquet et Shana me rattrapa avant que je m'écroule dans la douche. Je souris et pressai ses cheveux contre mon nez.
Elle sentait divinement bon.
_ Tu vas repartir ? Murmurai-je en me redressant pour voir son visage.
Elle plongea son regard dans le mien.
_ Tu veux que je reparte ? Souffla-t-elle en caressant ma joue, puis ma pommette du pouce.
Je gémis presque sous son contact. J'avais tellement besoin d'elle...
_ Je t'en prie... gémis-je.
Son visage se crispa de douleur. Elle me retira mes vêtements sans un mot alors que je m'accrochai comme je pouvais à la douche. Alors qu'elle s'apprêtait à ressortir, je la retins.
_ Shana... soufflai-je. Reste... Reste avec moi.
Elle me regarda pendant quelques secondes.
Oui. Oui cela voulait dire rester avec moi pour toujours.
Elle devait le comprendre. Elle devait le lire dans mes yeux.
_ Tant que tu ne nous fait pas tomber, dit-elle en retirant son short et son haut.
Pour la douche. Elle croyait que c'était pour la douche...
Mon cerveau trop engourdit se concentra sur le corps de Shana immédiatement. Je gémis alors qu'elle était nue devant moi. Elle entra dans la douche et fit coulisser la porte. Je me pressai contre elle, frottant mon nez contre sa poitrine. Elle soupira d'aise. L'eau brûlante coula sur nos corps alors que je me pressai contre elle, ne voulant plus la lâcher.
Plus jamais.
Je ne voulais pas qu'elle reparte.
Je ne voulais pas qu'elle retourne là-bas.
_ Yan, murmura-t-elle. Il faut te laver.
Je hochai la tête et la relâchai doucement, encore précaire sur mon équilibre. Elle prit le gel douche et tendit ses mains vers mon corps. Je me figeai alors qu'elle lavait mon bras droit, puis mon bras gauche. Elle revint vers mon torse et massa doucement mes épaules. Je ne la quittai pas des yeux, m'accrochant à ses hanches. Elle lava mon torse de ses deux mains formant des cercles sur mes pectoraux, puis sur mes abdominaux. Même saoul, elle arrivait à réveiller mes instincts les plus primaux. Alors qu'elle atteignait mes hanches, elle vit mon sexe, presque dur. Elle se figea un instant, puis continua de me laver. Ses caresses étaient douces mais fermes. Elles étaient surtout tendres. Elle ne voulait pas tomber dans le côté sexuel, donc je ne fis aucun commentaire. Elle lava quand même mon sexe et je dus retenir mon souffle alors qu'elle accentuait son dernier passage. Elle s'agenouilla, sa bouche non loin de mon érection. Elle frotta mes cuisses et mes mollets. Elle se releva doucement et sa hanche frôla mon sexe. Je gémis alors que sa bouche frôlait la mienne.
_ Tu dois manger d'abord, souffla-t-elle.
_ Je n'ai pas faim, rétorquai-je en me penchant sur sa bouche.
_ Alors dormir, dit-elle en posant ses deux mains sur mon torse pour me retenir.
Mon loup gronda doucement, mais elle me rinçait déjà avec la poire de douche. Elle éteignit l'eau, sortit de la douche et chercha du regard une serviette. Elle me tendit sa main. Elle me prenait pour un enfant ou quoi... mais j'acceptai, ne sachant si j'allais m'étaler ou non par terre sans son aide. Je la laissai me sécher. Sa louve était là, coulant dans les gestes de Shana. C'était comme sentir son énergie caresser ma peau. Elle enroula mes hanches dans la serviette, puis enroula le sien dans une autre, soustrayant son corps à ma vue. Je fis la moue, mais elle me tirait déjà vers mon lit qu'elle observa.
_ Ça te ressemble assez, souffla-t-elle en me retirant ma serviette.
Elle me poussa à m'allonger. J'ouvris la bouche pour lui dire de rester, mais elle retira sa serviette et se glissa nue sous la couette avec moi. Elle se tortilla jusqu'à moi et se pressa contre mon corps.
_ Dors, m'ordonna-t-elle.
Mon cœur se serra. C'était la première fois que je dormais avec elle dans mon lit et... et nous étions nus. Et j'étais saoul. Bon sang quel idiot j'étais... J'aurais pu me tenir prêt à la recevoir au lieu de me saouler toute la journée. Je resserrai mes bras autour de son corps chaud et frottai mon nez contre le sien.
_ Ne bois plus comme ça, s'il te plaît, souffla-t-elle contre ma bouche.
_ Je ne peux pas promettre ça, femelle, grondai-je.
Elle sourit, un peu.
_ Je n'aime pas te voir comme ça, murmura-t-elle.
Je levai mon menton et pressai son visage contre mon cou, ne la laissant pas voir le vide.
Le vide qui était là, qui grandissait.
_ Je ne suis pas sûr de te laisser... repartir, soufflai-je avant de m'endormir d'un sommeil de plomb.
Je m'accrochai à elle le temps de mon sommeil, ayant trop peur qu'elle disparaisse.
Que ce ne soit qu'un rêve qui disparaîtrait pour toujours.
Me laissant seul et vide.
Me laissant abandonner parmi les autres âmes... pour mourir de chagrin.
Un léger contact me tira de mon profond sommeil. Quelque chose me tirait vers l'éveil. Quelque chose de chaux et de doux.
Shana.
Shana pensait à moi. Notre lien était vibrant entre nous alors que m'éveillai. Je grognai, un tambour dans la tête. Je sentis une bouche se poser sur la mienne. Je glissai ma main dans sa nuque, n'en croyant toujours pas mes yeux. Elle était là.
Elle était contre moi. Chaude. Douce. Précieuse. Presque magique. Je roulai sur elle et elle rit doucement alors que mon corps se pressait contre le sien. Je laissai ma bouche glisser sur son cou.
Cette peau... cette peau était entièrement à moi.
_ Yan, haleta-t-elle alors que mes hanches se pressaient contre les siennes.
Mon sexe était déjà dur. Prêt pour elle. Rien que pour elle.
Ses mains glissèrent dans mon dos et ses ongles frottèrent contre ma peau.
Elle était nue sous moi et tellement belle. Je repoussai doucement la couette, retirant le cocon dans lequel nous avions dormis tous les deux. J'avais envie de la voir. De la voir entièrement.
Ma bouche glissa entre ses seins, puis s'occupa d'eux un à un. D'abord le droit, que je mordillais doucement. Ses hanches eurent un mouvement vers les miennes, m'arrachant un léger gémissement. Mon sexe en érection se pressait contre sa cuisse. J'eus du mal à me retenir, mais je voulais goûter son corps avant de faire quoi que ce soit d'autres.
Ma bouche se referma sur son sein gauche et elle tira sur mes cheveux, son corps ondulant sous le mien. Chaque parcelle de peau m'attira, mais ses seins étaient un endroit particulier. Je léchai lentement la pointe de son téton dur et elle se cambra. Je souris contre sa peau et elle gémit doucement. Ma bouche glissa encore un peu et je fis le tour de son nombril, mes lèvres laissant de légères traces humides.
Je m'agenouillai entre ses jambes et mes mains passèrent sous ses cuisses. Elle sursauta quand je levai ses jambes et les posai sur mes épaules. Son bassin vint vers ma bouche et je la verrouillai sur son sexe. Elle pouvait à peine bouger dans cette position. Totalement à ma merci. Elle s'accrocha au drap alors que je prenais possession de son sexe avec ma bouche. Avec ma langue. Avec mes dents.
Son ventre se crispa soudain et ses hanches se figèrent alors que son cri explosait autour de nous. J'embrassai l'intérieur de sa cuisse, le sexe douloureux de la faire jouir de cette façon. Je la déposai sur le lit de nouveau et elle gémit quand mes mains glissèrent sur ses hanches.
Cette peau hâlée m'avait tellement manqué en si peu de temps.
_ Yan... souffla-t-elle.
Je revins vers elle et laissai mon corps peser sur le sien. Je la laissai se goûter sur ma langue et elle tira sur mes cheveux.
_ Fais-moi l'amour, supplia-t-elle.
Je souris contre ses lèvres. Elle avait les joues rouges, la peau luisante et le regard brillant.
_ Toujours, soufflai-je.
Elle écarta un peu plus ses jambes, me laissant de la place pour entrer en elle. Je la pénétrai lentement. Elle était si ouverte et si mouillée. Bon sang... Je grognai en tapant contre ses hanches. Elle rejeta la tête en arrière, ses mains serrer sur mes bras, ses ongles s'enfonçant dans ma peau jusqu'au sang.
Je restai un instant sans bouger, savourant d'être plongé en elle si profondément.
J'aimais la revendiquer ainsi, lui montrer que son corps était à moi.
Rien qu'à moi.
Elle se tendit vers moi, sa bouche offerte. Je l'embrassai, la pilonnant, la faisant grimper vers l'orgasme aussi vite que la première fois. Son souffle s'accéléra, tout comme les miens. J'écrasai son corps avec le mien. Je voulais qu'elle me sente jusque dans sa gorge, comme si je la possédais entièrement et c'est ce que je fis.
Je criai son prénom quand son sexe se resserra violemment autour du mien. Je vins avec elle et me répandis en elle alors que nos corps s'envolaient, transpirant et tremblant. Je m'effondrai sur elle. Nos cris résonnaient encore autour de nous. Je la serrai contre moi, restant à l'intérieur d'elle. Elle caressa doucement mon dos, envoyant des frissons dans ma colonne, jusqu'à mes pieds.
Elle gémit quand je me retirais d'elle. Je m'assis dans le lit et la tirai sur mes genoux. Ses cheveux se répandirent autour de nous. Je les repoussai derrière ses épaules, révélant son corps à mes yeux. Elle n'en fut pas gênée. Elle était belle et rayonnait littéralement.
Je levai doucement mon regard vers ses yeux. Elle tenait mon visage entre ses mains.
_ Je.... commençai-je. Je ne...
Elle posa un doigt sur ma bouche et secoua doucement la tête. Mon cœur se serra alors qu'elle se penchait pour m'embrasser. Elle me repoussait sur le lit et ondula des hanches, réveillant mon désir.
Je la laissai grimper sur moi, guidant mon sexe dans le sien.
Je grognai et fermai les yeux, ne pouvant m'arrêter d'en vouloir plus.
_ Ce lit est vraiment...
Je frottai mon nez contre ses seins et elle frémit de la tête aux pieds.
_ Laisse mon lit, grognai-je. Il est très bien.
_ Démesuré, termina-t-elle en repoussant mes cheveux.
Je frottai ma barbe contre sa peau et elle se mordit la lèvre. Elle la frôla et ses yeux furent habités d'un désir sans fin. Un désir illimité. Qui réveilla le mien ainsi que mon loup. Il fit bouger nos hanches, mon sexe se pressant contre sa cuisse. Elle retourna son regard sur nous.
_ Tu aimes la barbe ? Grogna mon loup.
Une pensée nous effleura. Oui. Elle aimait la sentir alors que je l'embrassai juste là. Je souris un peu plus et frottai ma barbe contre sa hanche, embrassant son pubis doucement. Elle soupira d'aise. Je me rallongeai sur elle, mon oreille juste sous son sein, écoutant les battements sourds de son cœur. Ça m'aidait à me sentir vivant. Ça m'aidait à sentir mieux notre lien qui vibrait doucement de notre proximité.
_ Il faut que tu manges, murmura-t-elle.
Nous avions bien traîné au lit et je ne savais même pas quel moment ils pouvaient être de la journée. Sûrement la nuit. A moins que j'ai dormit plus longtemps que je ne le pensais.
Et en effet, alors que Shana se baladait avec une culotte et un t-shirt à moi dans la cuisine, je vis l'heure. Il était à peine 7h du matin. Nous avions dormit toute la journée et toute la nuit et fais des bêtises pendant quelques heures. Mais rien qu'en la regardant de nouveau, j'avais encore envie de la prendre. Ici même dans cette cuisine. Alors qu'elle tentait d'attraper la boite de café qui se trouvait en hauteur, son t-shirt se releva et j'aperçus sa culotte noire en dentelle. Mon loup s'approcha d'elle dans son dos.
Elle poussa un petit cri de victoire alors qu'elle réussissait enfin à l'attraper. Je glissai mes mains sous le t-shirt. Elle n'en fut pas surprise. Notre lien était presque grand ouvert en ce moment et les pensées de l'autre n'étaient pas un secret. Je laissai mes mains s'emparer de ses seins. Elle s'accrocha d'une main au plan de travail et de l'autre tira sur mes cheveux. Elle rejeta la tête en arrière sur mon épaule, m'offrant son cou que je mordillais doucement. Je pressai mon sexe encore dur contre ses fesses.
_ Il y a du monde qui va arriver, souffla-t-elle.
Je malaxai un sein et jouai avec le téton de l'autre. Elle gémit alors que je tirais doucement sur la pointe dure. Je léchai doucement la légère morsure que je lui avais faite au cou. Elle tira un peu plus sur mes cheveux et je grognai doucement.
_ Je m'en fous, murmurai-je. SI je veux te prendre dans la cuisine, je le ferais.
_ Macho, haleta-t-elle alors que je pressai mon sexe un peu plus contre ses fesses.
Je souris contre sa peau.
Elle poussa un léger cri quand je la retournai dans mes bras et verrouillai ma bouche à la sienne. Ma langue revendiqua la sienne avec ferveur alors qu'elle s'accrocha à mes hanches. Je me reculai lentement, observant sa bouche entrouverte, ses lèvres gonflées et humides de notre baiser.
_ Si tu veux manger, il va falloir arrêter de m'interrompre, murmura-t-elle le souffle court.
Elle cligna des yeux et m'observa un instant. Je réfléchissais sérieusement à la question. Je préférai largement l'interrompre et ne pas manger, mais cela faisait quatre jours à présent que je n'avais pas mangés. Peut-être était-il temps de faire quelque chose... Tant qu'elle était là je pouvais faire ce qu'elle me disait après tout... mais de toute façon, elle ne repartirait pas.
Je ne la laisserai pas faire.
Nous mangeâmes le petit déjeuner en silence, échangeant des regards complices par-dessus notre bol de café. Je ne tins plus à la fin et la tirai sur mes genoux le temps qu'elle finisse de manger. Je n'avais pas avalé grand-chose mais c'était toujours ça. Shana caressait doucement ma nuque alors que je lui murmurai ce qui m'était arrivé le jour de mon départ. Je ne racontai pas l'histoire d'Izsha. Elle n'avait pas à l'entendre pour l'instant. Mais j'avais besoin de lui parler de l'histoire d'Aris... de mon histoire. Elle écouta attentivement, embrassant ma mâchoire quand elle sentait que je m'égarais trop dans mes pensées.
_ Maël était au courant, soufflai-je. C'était d'ailleurs le seul. Il n'a pas passé l'information à Timothy. Il y a des informations qui restent endormies pour toujours et Timothy n'a pas forcément besoin de les savoir. Aris a clairement dit à Maël que rien ne devait filtrer. Il a... forcé Mariska à m'élever comme son fils. Comme son propre fils. Ce qu'elle a fait...
Elle se redressa doucement, me regardant dans les yeux.
_ C'est quand même ta mère, Yan, souffla-t-elle. Elle t'a élevé, t'a nourrit, t'a soigné...
Je grimaçai et détournai mon regard.
_ Un mensonge parmi tant d'autres, soupirai-je.
Shana caressa mes joues.
_ Je suis tellement désolée, murmura-t-elle.
_ D'après Timothy, soufflai-je en la regardant timidement, l'âme sœur de mon père... ma... ma génitrice... est morte de chagrin.
Shana pinça ses lèvres.
_ J'ai... bredouillai-je. J'ai besoin que tu saches quelque chose, Shana.
Elle fronça les sourcils, légèrement tendue à présent. JE frôlai sa joue.
_ J'ai... j'ai quelque chose de semblable à Eneko, il y a des années de ça.
Elle me regarda, neutre. JE déglutis. J'aurais tellement aimé lui dire autre chose.
Lui dire que j'avais bien une âme sœur sur cette terre. Et que c'était elle.
Elle était mon âme sœur.
Elle était celle que j'avais toujours attendue.
_ Eneko a eu une femme et une fille avant Louna. Elle s'appelait Millie... Ils n'étaient pas liés car je leur avais interdit et... elle n'était pas son âme sœur... mais ils ont eu une fille. Une fille que j'ai... J'ai forcé Eneko à l'abandonner. Je l'ai confié à Maël et j'ai renvoyé Millie chez son père.
Je débitai tout comme ça venait.
_ Je... Millie était une soumise et en aucun cas ne correspondait à Eneko. Elle n'aurait fait que le ralentir et je ne pouvais pas... je ne pouvais pas avoir... Eneko ne pouvait pas avoir quelqu'un qui le ralentissait. Surtout pas une louve soumise. Ça aurait... diminué le niveau de puissance de la meute. Nous n'aurions pu avoir un territoire aussi bien gardé, aussi bien développé, aussi prospère... Je.. J'ai pris une décision radicale qui a sûrement coûté la vie à cette femme...
Shana me regarda pendant de longues secondes en silence. Je n'entendais psa ces pensées. Je ne préférais pas les entendre. Elle devait me prendre pour un monstre.
_ Et le bébé ? Murmura-t-elle.
_ Maël l'a confiée à un couple de loup qui ne pouvait pas avoir d'enfant, soufflai-je. Et... je fais des virements réguliers pour qu'elle... pour qu'elle ne manque de rien.
Shana hocha la tête, comme si elle comprenait pourquoi j'avais le besoin de faire ça. C'était bien avant la mort de Millie, mais quand même...
Shana frôla ma joue et croisa mon regard.
Me détestait-elle ?
Et si je lui racontais l'histoire d'Izsha ? Me détesterait-elle encore plus ?
_ Voilà ce que c'est d'être un Alpha, murmura-t-elle.
_ Je suis comme mon père... soufflai-je un poids au niveau du cœur. Je suis même pire que lui... Il m'a gardé avec lui... il a fait en sorte d'avoir quelque chose d'elle... Je n'ai rien laissé à Eneko.
Shana grimaça et pencha la tête vers moi.
_ Millie n'était pas l'âme sœur d'Eneko, souffla Shana. Et tu n'es pas ton père. Tu aides cette enfant. Et... malgré tout, tu as de bons choix pour Eneko. Il a une famille et une vie heureuse... Tu as pris des décisions. Tu es l'Alpha... je n'aurais jamais pu faire ces choix là pour mes loups...
Je clignai des yeux, fronçant les sourcils.
Elle se dandina sur mes genoux et soupira.
_ Shana, murmurai-je. Tu es une alpha, tu prendras des décisions comme ça...
_ Non, Yan, souffla-t-elle. Je n'en prendrais pas... du moins pas comme tu le penses...
Je grondai doucement et mon loup curieux, monta à la surface.
_ Qu'as-tu fait ? Murmura-t-il, comme si c'était un secret.
_ Je... Je n'ai jamais voulu être Alpha, dit-elle en détournant son regard.
Je pris son menton entre mes doigts et la fis pivoter vers moi.
_ Parle-moi, soufflai-je, inquiet à présent.
Elle secoua doucement la tête, ses yeux brillèrent un instant.
Mon cœur se serra, même si une légère émotion filtra dans mon corps.
Qu'essayait-elle de me dire ?
_ Tu... commençai-je.
_ Je... Yan... je ne veux pas vivre sans toi... je ... je ne peux pas...
Mon cœur battait à la chamade dans ma cage thoracique.
J'avais l'impression de me noyer et en même temps de prendre trop d'air pour respirer correctement.
Elle regarda mes mains sur ses hanches et en frôla ses doigts.
_ Timothy... Timothy a peut-être une solution... pour... pour nous.
Je la regardai avec de grands yeux. J'étais au bord de la falaise et seule Shana me retenait.
Me retenait de façon trop précaire.
_ Tu... tu restes ? Soufflai-je si bas que je crus qu'elle n'allait pas l'entendre.
Elle se frotta la nuque et se leva soudainement, me laissant vide et seul sur la chaise.
_ Je savais que c'était une mauvaise idée, haleta-t-elle.
Je me levai à mon tour, tendant une main vers elle. Je la fis pivoter vers moi, croyant vraiment à un rêve cette fois-ci.
Non.
Non ce n'était pas possible.
Elle me faisait marcher.
Elle me mentait... elle...
J'avais retourné tellement de fois le problème dans ma tête que je savais bien qu'il n'y avait aucune solution.... Je le savais... alors pourquoi ? Pourquoi me faisait-elle souffrir comme ça ?
_ Shana... murmurai-je.
Ma main glissa sur sa joue et elle cligna des yeux, retenant ses larmes difficilement.
_ Tu... tu veux bien de moi ? Dit-elle en reniflant doucement.
Je pris son visage dans mes mains.
_ Tu restes ? Soufflai-je.
_ Réponds à la question, ronchonna-t-elle en secouant la tête, un léger sourire sur les lèvres.
Mon cœur était sur le point de sortir de remonter dans ma gorge, m'empêchant de respirer.
_ Shana... Ne... j'ai... j'ai besoin de toi... ne pars plus, je t'en prie...
Elle me sauta dessus en pleurant et je la serrais contre moi, ne sachant pas encore quelle foutue solution elle avait trouvé.
Mais bordel... si elle en avait une... si elle en avait vraiment une.
Je la serrai contre moi un peu plus, voulant encore moins la lâché.
Elle ne partirait plus...
Elle était à moi.
Ma meute allait enfin avoir le dernier chaînon manquant.
Notre meute... Notre meute allait accueillir en son sein sa femelle Dominante.
La place manquante.
Elle était là.
Elle était prise !
Et Shana allait l'avoir !
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