10. Jahyan
Un corps chaud se pressait contre le mien. Depuis longtemps je n'avais pas ressenti ce profond bien être qui vous entourait quand vous vous sentiez en sécurité et comblé. Je clignai des yeux et regardai Shana pressée contre mon flanc, sa joue contre mon épaule. Ma main était restée dans sa nuque. Nous n'avions dormi que quelques heures. Crevés, nous n'avions pas bougé de la position dans laquelle nous nous étions endormis. J'avais le corps endolori un peu partout, mais j'adorais ça. Et je savais que je portais je ne sais combien de marque qui prouvait que j'avais passé la nuit avec la plus belle des créatures. Mon loup était roulé en boule au creux de moi, repu d'un millier de sensation. C'était rare de le voir si détendu. Je pris une longue inspiration et caressai le dos de la louve à mes côtés. De la louve qui serait mienne pendant les prochaines pleines lunes. Bon sang... je ne tiendrais pas et heureusement qu'elle avait élu domicile dans mon lit. J'aurais dû aller dormir sur le canapé avec elle sinon...
Elle gémit quand ma bouche se posa sur la sienne. Elle roula sur le dos et s'étira. Mon nez glissa entre ses seins et sur son ventre. J'embrassai son nombril. Son ventre se crispa doucement. Mon sexe se durcit. De simples réactions me faisaient bander encore plus. C'était affolant. Sa main se referma dans mes cheveux et elle haleta alors que ma main s'aventurait sur ses cuisses, jusqu'à son sexe. Nous étions encore nus de notre nuit de sexe débridé.
Une nuit de plein lune que je n'étais prêt d'oublier. Ça c'était sûr !
J'embrassai le haut de son sexe et elle ondula des hanches. Je pressai mon érection contre sa cuisse. Nouveau gémissement.
_ Tu n'en as pas assez, Pearson ? Grogna-t-elle.
Je souris paresseusement et glissa sur elle, me faisant une place entre ses jambes. Ma bouche se referma sur l'un de ses seins et elle gémit, la tête rejetée en arrière.
_ Jamais, murmurai en m'enfonçant en elle.
Là où était ma place.
Des bruits en bas me firent cligner des yeux. Nous étions en travers du lit, Shana dormait littéralement sur moi, mon sexe pressé contre le sien. Elle grogna, s'accrochant aux draps pour ne pas tomber. Je m'étirai sous elle et elle sourit nonchalamment. Je lui tendis mes lèvres qu'elle embrassa avant de s'asseoir sur moi. Elle étira le haut de son corps sous mes yeux. Mon loup fut à l'affût directement. Encore ? Non. Nous n'allions pas passer l'après-midi au lit à faire des galipettes. Ses seins ronds étaient pourtant une bonne raison de se damner pour toujours. Je me redressai et l'embrassai à pleine bouche, plongeant ma langue dans sa bouche. Mon ventre grogna et je soupirai. Shana rit et embrassa mon nez.
_ C'est que je t'affame, remarqua-t-elle, les joues rouges et les yeux brillants de malice.
Je frottai mon nez contre l'un de ses seins et elle émit un léger bruit que je savourais.
_ Arrête, haleta-t-elle.
Je pris son sein dans ma bouche et jouai avec son téton. Ses hanches ondulèrent au mouvement de ma langue. Elle était si réceptive à mes gestes que j'avais déjà envie de la prendre. Encore et encore. Mon loup gronda et le dos de Shana heurta le matelas alors que mon loup l'embrassais plus profondément et pressai nos hanches contre les siennes.
_ Il faut manger, dit-elle en se mordant la lèvre. Je vais en prendre pour mon grade sinon...
Je gémis et me laissa tomber sur elle. Elle caressa mon dos pendant quelques minutes et je me redressai, l'aidant à se mettre debout. Je la retins alors qu'elle avait les jambes tremblantes. J'attrapai un short et elle se pencha sur ma valise pour m'en piquer un aussi. Je ne dis rien. Avec ce vêtement, elle allait porter mon odeur, alors je m'en fichais. Elle prit un t-shirt, l'enfilai et m'en lança un.
_ Je ne vais pas arrêter de te reluquer sinon, grogna-t-elle.
Je le lui relançai en pleine figure, souriant malicieusement. Je voulais montrer mes marques. Pas besoin de t-shirt. Elle mit quelques secondes à la comprendre et leva les yeux au ciel. Elle avait deux suçons dans le coup, une morsure sur la cuisse et l'autre à l'arrière de l'épaule. Mais je ne la laisserais pas se balader à poil, hormis pour mes yeux. Alors qu'elle sortait, je lui rendis son geste de hier soir. Croyait-elle que j'avais oublié ? Elle me lança un sourire langoureux et descendit les escaliers.
Nous nous figeâmes en voyant les garçons réunis dans la cuisine. Déjà là ? Quelle heure était-il bon sang ? Shana se pencha vers le four et rit. Je regardai à mon tour. 14H32. Bon sang.
_ Je crois que c'est ton record, patron, sourit bêtement Zoran.
Je le frappai derrière la tête.
_ Shana n'y a pas été de mains mortes, remarqua Jalil en observant mon dos.
Cette dernière donna un coup à son sous-lieutenant alors que j'observais le rouge des joues de Shana. Elle me jeta un coup d'œil et se mordit la lèvre. Pas ce geste bon sang. Mon loup grimpa dans mes membres et je le retins difficilement d'aller mordre lui même cette bouche qu'il avait goûté toute la nuit.
Kerann pointa le cou de Shana.
_ Pas mal non plus, ricana-t-il.
Lui aussi portait des marques mais un peu cachées par son t-shirt. Tout comme les autres mâles de la pièce.
Shana frappa dans le doigt tendu de Kerann et grogna sourdement. Personne ne fit de remarque sur sa tenue, mais tout le monde avait bien vu qu'elle portait mes vêtements. Je m'assis sur une chaise et piquai la tasse de café de Zoran encore remplie. Il grogna mais un simple regard l'arrêta. Je me sentais étrangement seul sans Shana à mes côtés. Alors qu'elle passait à côté de moi avec une pomme dans la bouche, je tirai sur mon t-shirt et elle se laissa tomber sur mes genoux en grondant. Sa louve me salua en allant sentir l'odeur derrière mon oreille. Je souris, me souvenant de notre nuit dans la forêt.
_ Laisse la, ronchonna Shana, troublée par l'excitation constante de sa louve pour mon loup.
Je passai un bras autour de sa taille et la pressai contre moi. Elle était encore à moi que je sache. Et sa puissance continuait de s'enrouler autour de moi, me rendant fou. C'était amusant.
Le petit déjeuner passa et les garçons proposèrent une balade à cheval. Je ne pus m'empêcher de regarder Shana sceller son cheval avec la furieuse envie de me coller à elle. Ce serait terrible d'être contre elle tout au long d'une balade non ? Mauvaise idée sûrement...
Elle monta sur son cheval et je craquai. Faisant fi du regard amusé de Zoran, je m'approchai du cheval de Shana. Elle baissa son visage vers le mien et me regarda en fronçant les sourcils.
_ Qu'est-ce que tu...
Je passai mon pied dans l'étrier et grimpai dans son dos. Elle se décala légèrement vers l'avant pour me laisser de la place et ricana. Je passai mes bras contre ses flancs et pressai mon torse contre son dos. Je voulus prendre les rênes mais elle tapa sur ma main. Elle croisa mes bras sur son ventre et se mit en marche. Je grondai contre son oreille et elle sourit. Tout le monde se mit en route. Jalil nous montra un nouveau coin. Il racontait ses exploits alors que nous longions une grande montagne.
_ Je crois qu'on a été quatre à un moment, remarqua-t-il. J'ai dû mal à m'en rappeler.
_ Joaquim a trouvé drôle de dire qu'on avait un plan à quatre à proposer, grinça Zoran.
_ Tu as accepté peut être ? Remarquai-je, le taquinant.
Il me fusilla du regard. Zoran pouvait paraître volage mais c'était l'homme d'une seule femme. Celle qu'il devait combler était très heureuse d'avoir un homme comme ma Main, je le savais. Il n'en prenait pas quatre d'un coup comme Jalil.
_ Sûr que ça t'aurait plu, Zoran, sourit ce dernier en se frottant les mains. Vivement le mois prochain.
_ Et toi Kerann ? Ricana Shana.
Le protecteur de Shana la regarda avec un air coquin. Oui, lui aussi s'était amusé visiblement. Zoran raconta la débauche de Joaquim avec délice. Le Bolverk de la meute s'était quand même prit plusieurs vents avant de trouver la bonne. Enfin, les bonnes visiblement.
_ Un mec compétent qu'elles demandaient, expliquait Zoran.
Shana ondula des hanches alors que le cheval avançait. Évidemment, elle devait sentir mon sexe contre ses fesses qui était dur depuis déjà un bon bout de temps. Elle ne disait rien cependant, se contentant de se frotter contre moi encore et encore. Cette idée était vraiment stupide quand même... Elle m'attirait dans ses filets. Elle m'attirait bien trop facilement.
_ Joaquim est un mec compétent, acquiesça Jalil. Je lui ai tout appris.
Shana pouffa et Kerann aussi. Le latino leur jeta un coup d'œil blasé.
_ Vous n'y connaissez rien, grogna le sous-lieutenant.
Des rires furent échangés. Je posai ma joue contre l'épaule de Shana et somnolai un peu. Enfin, tentais. C'était compliqué quand elle frottait ses fesses contre moi de la sorte. Alors que Jalil décida de faire demi-tour quelques heures plus tard, Shana s'arrêta.
_ Tiens les rênes, dit-elle.
Je fronçai les sourcils.
_ Avance en même temps que je passe derrière, dit-elle en se mettant debout sur le cheval.
Je me figeai.
_ Tu vas tomber, grondai-je.
Elle passa derrière moi, son entrejambe frôlant ma tempe alors qu'elle passait de l'autre côté. J'avançai alors que le cheval ne bougeait pas. Elle se glissa dans mon dos et s'installa.
_ Espèce de singe, me moquai-je alors qu'elle refermait ses bras sur mon ventre.
_ Chacun son tour, dit-elle en se laissant aller contre moi.
Je remis le cheval en mouvement et il rattrapa les autres. Les seins de Shana frottaient contre mon dos et je ne savais quelles sensations étaient pires. Ses cuisses qui se crispaient contre les miennes et ses seins contre mon dos, ou ma queue qui frottait contre ses fesses. Bon sang... je commençais à réfléchir avec ma troisième jambe. Ça faisait peur n'est-ce pas ?
Nous rentrâmes au ranch. L'après-midi était passée bien vite et bientôt, il fallut faire à manger. Nous restâmes entre nous cette soirée là et Zoran proposa un film. Il avait ses DVD préférés je crois. Il les trimballait partout ceux-là. Entre son addiction pour la glace et les films, je ne savais plus quoi faire de ma Main.
Nous nous installâmes dans le salon et Shana réussit à mettre la main sur du pop-corn. Je l'aidais à tout mettre dans deux gros saladiers et on envoya tout ça avec les foufous. Joaquim nous avait rejoint pour manger et racontait ses déboires. Il était tombé sur deux filles sadomasochistes qui lui avait proposé le rôle du Dominant évidemment. Il avait dû les attachées et les bâillonnées toute la nuit. Il en était presque choqué, mais rigolait encore donc ça devrait aller.
Je m'installai devant Shana sur le sol et elle écarta ses jambes pour que je pose ma joue sur sa cuisse. Je caressai son mollet lentement, me nourrissant de sa peau et de son énergie. J'avais encore besoin de me rassasier.
Après le film, tout le monde alla au lit, crevés de leur nuit. Je me dirigeai vers la douche, une serviette autour des hanches. Je me lavai rapidement. En revenant dans ma chambre, je me figeai. Une créature très alléchante se trouvait dans mon lit. Les draps ne me cachaient en aucun cas sa nudité et mon loup gronda. Je repoussai la porte de mon pied et défis ma serviette. Shana ouvrit un œil et sourit. Je me plongeai en elle une bonne partie de la nuit.
Mon réveil sonna à 6H, nous faisant grogner l'un comme l'autre. Nous n'avions pas dû dormir avant trois heures du matin. Je déposai un baiser sur sa tempe et me levai, n'aimant pas traîner au lit. Je m'étirai un instant et attrapai un short. Shana se rendormit encore un peu. Je la laissai faire, allant déjeuner. Elle me rejoint une demi-heure plus tard, les yeux rouges de fatigue et les cheveux en bataille. Je m'étais amusé avec eux cette nuit. Elle se laissa tomber sur une chaise et croisa ses bras sur la table pour poser sa tête dessus.
_ Je ne voudrais surtout pas t'épuiser, chaton, ricanai-je.
Elle me fusilla du regard.
_ Pas dès le matin Pearson... grogna-t-elle.
_ Tu veux quelque chose qui va te réveiller ? Remarquai-je.
Je me levai de ma chaise et me penchai sur elle. Elle se figea. Je repoussai ses cheveux sur le côté et frôlai son oreille de mes lèvres.
_ Je suis déjà dur rien qu'à penser à ton corps transpirant... J'ai hâte à ce soir...
_ Jahyan ! S'écria-t-elle en me repoussant.
Je ris et lavai rapidement ma tasse de café. Shana secoua la tête et alla se changer avec la bonne tenue. Notre entraînement commença. Nous fîmes des petites routines : des enchaînements qu'on répétait encore et encore. Pour que ça devienne des réflexes.
La chaleur grimpa vite et nous fûmes en nage bien avant dix heures. Les garçons se réveillèrent l'un après l'autre. Si Kerann et Jalil allèrent travailler, les deux Mains restèrent avec nous.
Alors que je plaquai Shana par terre, je fis la remarque :
_ Zadig vient cette après-midi.
Elle fronça les sourcils et se redressa.
_ Tu ne me l'avais pas dit, gronda-t-elle. Tu m'as juste dit que tu repoussais les entretiens.
_ Je ne voulais pas que tu le saches jusqu'à maintenant.
Elle pinça ses lèvres. Était-elle blessée ? Je ne relevai pas. C'est moi qui gérais ça. Elle aurait stressé si elle l'avait su avant. Alors autant qu'elle ne le sache pas.
_ Patron, m'appela Zoran un téléphone à la main. Eneko.
Je fronçai les sourcils. Ne pouvait-il pas communiquer par le lien ?
_ Neko, le saluai-je.
_ Jahyan, fit-il. On a eu un problème d'entente avec la meute de Pocatello. Younes n'a rien voulu entendre sur ta possible intervention sur sa meute. Il veut te voir personnellement pour accepter ça, sinon il ne veut rien faire avec toi. Je crois qu'il n'a pas apprécié que tu couches avec sa petite sœur pour la jeter après.
Je regardai un instant le téléphone, légèrement vexé. Qu'est-ce qui lui prenait ?
_ Des reproches ou une constatation ? Grognai-je.
_ Les deux, idiot d'Alpha, rétorqua Eneko. Je fais quoi ?
Il était vrai que ma relation avec la petite sœur de Younes, Mendy, n'avait pas arrangé notre entente. Elle l'avait même empiré d'ailleurs.
_ Tu notes, répliquai-je. Tous ceux qui ne t'écoutent pas. J'irais les voir en personne quand j'en aurais terminé ici. Ou la prochaine fois que je viendrais.
_ Très bien. Tout se passe bien ? S'enquit-il.
_ On gère, remarquai-je. Et vous ?
_ Idem. On est venu à la maison pour quelques jours avec Louane et les enfants. Histoire d'être avec Cyriane. Même si Anya ne la lâche pas.
_ Bien. Restez prudents, conclus-je.
Il acquiesça et raccrocha.
Eneko avait-il sentit que j'étais passé à l'acte avec Shana ? Était-il mauvais à cause de ça ? Ça ne lui plaisait sûrement pas, mais je m'en foutais complètement. Quel chacal d'attendre que je sois loin pour grogner. Peut-être que Louna lui avait fait une mauvaise blague pour la pleine lune. Elle était de ce genre là.
Zoran haussait un sourcil très haut, lui aussi ayant sentit l'animosité d'Eneko. Tendu le petit Second ? Bah dis donc... Qu'est-ce que Louna avait bien pu faire ? Ou les gosses ? Maudits gamins.
Shana se battait contre Joaquim à présent. Elle réussit à le toucher et à le mettre à terre en riant. Cette après-midi ça rigolerait moins. Zadig n'allait pas tarder. J'espérais sincèrement qu'il crache le morceau. Je pouvais le pousser à bout. Et si c'était pour contrarier Shana, alors il ne louperait pas l'occasion. Je jouai sur ça alors que je savais que Shana allait l'en empêcher. C'est ce qu'elle avait fait pour les deux autres. Il n'était plus temps de se tourner les pouces. Cela faisait un mois que j'étais ici. Il était temps de faire sortir les vieux démons de la meute.
Les vieux démons de Shana.
On alla manger, mais Shana n'avala rien, faisant semblant à chaque fois. Elle prenait une bouchée pour la poser avant qu'elle n'atteigne sa bouche. A la fin du repas, je me penchai sur elle et lui fourrai une pomme dans la bouche. Elle grogna et croqua dedans.
Je sortis dehors, entendant Zadig arrivé. Joaquim lui lança un short alors qu'il redevenait humain. Son visage était fermé, mais il se pencha quand même devant moi, m'offrant sa nuque.
_ Comment se porte ta femme ? M'enquis-je.
_ Elle va bien. Le bébé aussi, répondit-il.
Je hochai la tête. Shana ne sortait toujours pas. Je pivotai vers l'entrée et la vis discuter avec Kerann. Ce dernier la retint en faisant un commentaire qui ne plus pas à Shana et elle se libéra de sa prise en sortant. Elle claqua la moustiquaire et descendit les marches du perron. Zadig baissa légèrement la tête à son attention. Je ne relevai pas. Tant que cet entretien ne serait pas passer je ne pourrais pas éternellement le frapper pour ne pas respecter le salut. J'avais besoin de tout savoir ;
Y compris les secrets les plus sombres de Shana.
Si elle ne voulait pas les avouer pour faire avancer les choses, alors ce serait aux siens de les avouer.
Si quelqu'un avait fait ça dans ma meute, je l'aurais tué de mes propres mains.
Je ne savais pas trop comment Shana allait réagir à ça, mais si je ne le faisais pas maintenant, autant repartir demain et dire à Timothy que tout était perdu.
Je n'étais pas prêt à laisser Shana seule... Même si elle devait me détester après ça.
_ Je vais d'abord observer tes techniques de combat, repris-je. Comme ça, Joaquim pourra te remettre à niveau. Tu te battras d'abord contre moi, puis contre Shana.
_ Suis-je obligé de me battre contre elle ? Demanda Zadig de façon neutre.
_ Oui, ordonnai-je.
Il retint une grimace et Shana grogna. Allait-elle lui montrer le respect qu'il lui devait ?
Zadig se déplaça doucement et on alla se mettre sur notre coin de pelouse préféré. Shana resta près des marches et me lança un regard appuyé. Elle était nerveuse. Se doutait-elle que j'allais pousser Zadig à tout me dire ? Sûrement.
Il n'était plus question des deux nuits passées tous les deux.
Il n'était plus question d'être tendre l'un envers l'autre.
J'allais aspirer le poison.
Et ça allait faire mal.
Zadig attaqua et j'esquivai. Je voulus rendre un coup, mais il avait une bonne défense. Notre combat dura un peu d'une demi-heure et je fus satisfait de le voir se relever une dernière fois alors que je lui avais bien entamé le tibia. Il grimaça et je sentis son loup tenté de le soigner. Je jetai un coup d'œil à Shana. Elle était plus crispée qu'avant. Sûrement la douleur de Zadig qui filtrait sur la toile. Le soignait-elle ? J'en doutais.
_ Shana, dis-je en claquant des doigts.
Elle ne bougea pas pendant quelques secondes et je faillis siffler de colère quand elle décolla enfin son cul de la rambarde. Elle s'approcha de Zadig qui était déjà mal en point. Et elle n'allait pas le soigner. Intéressant. Il était déjà faible et avec ses nouvelles techniques, elle allait sûrement le mettre à terre. J'observai le comportement de Shana face à Zadig. Il était mauvais et extrêmement menaçant. Elle lui passait un message.
Zoran et Joaquim sortirent de la maison et observèrent attentivement. Je croisai le regard de ma Main et il fronça les sourcils se déplaçant un peu plus près de nous. Je ne savais pas comment Shana allait réagir et si j'allais devoir la soumettre. Ou si elle me foutait en pétard. Et dieu seul sait qu'elle avait le don de dépasser ma limite.
Le combat commença. Zadig grogna sous les coups, percevant la nouvelle force de son Alpha. Et oui. Elle avait pris en force, en assurance et en muscle. J'espérais sincèrement qu'elle réussirait à le mettre à terre. Ça le ferait rager encore plus et il n'hésiterait pas à la trahir.
A trahir ce secret qui traînait.
Au bout de quelques minutes, Zadig resta à terre, sa jambe dans le sac. Shana recula, repoussant sa natte dans son dos. Elle souffla trop bruyamment, comme pour se maîtriser, se ralentir. Elle était énervée. Elle avait intérêt à mieux maîtriser sa colère.
_ Recule Shana, ordonnai-je.
J'allais redresser Zadig et il dut s'accrocher à moi pour ne pas tomber de nouveau.
_ Je vais te poser une question maintenant, dis-je.
_ Pourquoi toujours celle-là ? Cracha Shana. Les autres t'ont répondu. C'est la même chose à chaque fois !
Je pris une longue inspiration. Je relâchai lentement Zadig. Il tint debout, mais sa jambe était mal en point.
_ Que reproches-tu à ton Alpha, Zadig ? Soufflai-je.
Un léger silence.
_ Mon Alpha était Yago Ortega, murmura-t-il. Je n'ai pas d'autres Alpha. Je ne peux lui reprocher quelque chose.
_ Ton Alpha est derrière moi et t'observe. Attendant de voir si tu craque ou non. Attendant de voir si tu révèles ses petits secrets au connard que je suis.
_ Jahyan ! Cracha Shana.
_ Zoran ! Ordonnai-je.
Zoran s'approcha de Shana pour la retenir, mais Joaquim fut entre les deux avant.
Il y eut un léger froid entre les deux Mains.
_ Alors, Zadig Bishop, murmurai-je, que reproches-tu à ton Alpha ?
_ Je n'ai pas d'Alpha, souffla Zadig en me regardant dans les yeux.
Je l'attrapai par le colback et le tirai vers moi. Son nez frôla le mien.
_ Que reproches-tu à ton Alpha ? Répétai-je.
_ Je n'en ai pas, dit-il encore une fois.
_ Que lui reproches-tu ?
_ Rien.
_ Que lui reproches-tu Zadig ?
_ Rien ! S'écria-t-il.
_ Il t'a répondu ! Cria Shana. Laisse-le maintenant !
_ Pourquoi ne saisis-tu pas cette occasion, loup ? Crachai-je en le repoussant.
_ Je réponds à la question, grinça-t-il.
Et je reconnus enfin ce qu'il s'était passé dans la meute.
Bon sang... C'était tellement évident.
Je pivotai vers shana. Joaquim se tenait devant elle et Zoran devant eux, le dos tourné à moi.
_ Tu leur as donné un ordre n'est-ce pas ? Soufflai-je.
Son visage blêmit d'un coup. Son souffle se coupa.
Je me retournai vers Zadig qui tenait à peine sur ses pieds.
_ Que reproches-tu... à Shana Ortega, Zadig ? Questionnai-je.
Zadig me regarda et la colère dévora son visage.
_ Que cette salope ait tué mon Alpha, cracha-t-il. Qu'elle l'ait tué alors qu'il était encore notre Alpha à tous ! Elle lui a pris sa place sans aucun droit ! Elle l'a tué ! Elle l'a tué !
_ Shana non ! S'écria Joaquim.
Elle bougea si vite que je ne pris même pas la peine de tenter de l'arrêter. Son poing rencontra la joue de Zadig qui s'écroula au sol. Je choppai sa natte et tirai un coup sec en arrière. Elle bascula contre moi, mais Joaquim avançait déjà. Zoran le retint. Tout le monde se figea.
Shana me repoussa.
_ Elle l'a tué et elle a pris sa place ! Continua Zadig.
_ Ferme la ! Hurla Shana.
_ Et elle nous a donné l'ordre de ne jamais rien dire ! De ne jamais répondre à la question que vous ne cessez de poser ! Comme si elle avait su ! C'est une manipulatrice !
_ Espèce de... commença shana.
J'agrippai son bras d'une main et son menton de l'autre.
_ Ferme ta gueule, Shana, crachai-je.
Elle blêmit et frémit, comme si je l'avais frappée.
_ Tu n'es pas en position de dire quoi que ce soit pendant ces entretiens, continuai-je sur un ton glacial.
_ Enlève tes mains de mon Alpha ou je te jure que j'attaque, grogna Joaquim.
_ Tu n'avais pas à ouvrir ta bouche pendant les autres et tu l'as fait, grondai-je.
Son regard était fou en face du mien. Elle tentait de se défaire de ma prise mais je la resserrais.
_ Tu as failli réduire ta meute à néant en refoulant ce que tu avais fait, Shana ! M'écriai-je en la repoussant.
Elle tituba et tomba à genoux, se tenant les côtes.
_ Tu aurais pu être une grande Alpha si tu avais accepté ton geste, enchaînai-je. Mais tu as joué la lâcheté. Tu as préféré reculer face au geste de pitié que tu avais eu pour ton frère. Tu aurais pu honorer sa mémoire en tenant la meute à flot en reconnaissant ton geste aux yeux de tous. Tu aurais gagné le respect des vieux Alphas.
Je m'agenouillai devant elle. Elle pleurait.
Mon loup remua en nous, mais je le retins.
Pas maintenant. Il était temps de faire bouger les choses.
De les faire avancer.
De les faire exploser si nécessaire.
_ Tu allais garder ça pour toi longtemps ? Fis-je, énervé. Tu allais cacher ça et faire comme si rien ne s'était passé. Que Zadig te déteste n'était pas une bonne raison pour rendre ce geste public ? Pour faire en sorte qu'il accepte ton geste ? Si toi tu ne l'acceptes pas comment les autres ... comment tes loups peuvent t'accepter ?
Mon souffle balaya son visage alors que je me penchais un peu plus.
_ Tu as été faible, grognai-je. Tu l'es toujours. Si tu continues à te dire que ce geste n'était rien. Que personne ne doit le savoir... personne ne te respectera. Et ça commencera par tes loups.
_ Jahyan ! S'écria Kerann en courant vers nous.
Jalil le retint au dernier moment, mué par un instinct qui allait sûrement aider son Alpha, même si c'était dur.
_ Tu as tué Yago, soufflai-je. Tu as tué ton propre frère. Tant que tu n'accepteras pas de l'avoir fait, tes loups ne t'accepteront pas en tant qu'Alpha. Et ils auront raison...
Elle frémit et fut secouer d'un sanglot.
Je me relevai et regardai Zadig.
_ Dégage de là, ordonnai-je en claquant des doigts.
Kerann repoussa Jalil et s'avança vers Shana, tombant à genoux à ses côtés. Il se releva et m'agrippa par l'épaule. Je m'emparai de son poing et brisai son poignet d'un coup sec. Il hurla de douleur et tomba à genoux. Zoran se mit entre Joaquim et moi. Jalil retint Joaquim en lui murmurant quelque chose en espagnol.
_ Il faut te prendre en main, Shana, dis-je d'une voix forte. Après seulement, tu pourras prendre en main ta meute. Tes actes doivent devenir ta force !
_ Dégage ! Cracha Kerann en se levant de nouveau. Dégage putain !
_ Surveille ton langage, Second, souffla Zoran.
_ Laissons-les un peu, dis-je à ma Main. Ils doivent tous... se reprendre en main et savoir quel rôle ils veulent jouer plus tard...
Shana croisa mon regard.
La douleur défigurait presque son visage, mais la colère la disputait.
Et ce au même niveau que la haine qu'elle éprouvait pour moi en ce moment.
Nous prîmes des chevaux avec Zoran et allâmes en ville. Tout le monde savait ici pour les loups. Tout le monde habitait en cohabitation.
_ C'était pas très malin ça, grogna Zoran en caressant l'encolure de son cheval.
_ C'était le seul moyen que j'avais pour la faire réagir, dis-je sans trop me justifier.
_ Tu crois, Yan ? Souffla Zoran en me jetant un coup d'œil incertain. Ne pousse pas ta chance avec Shana.
_ Je ne pousse rien du tout, rétorquai-je. Baiser ensemble ne veut pas dire se lier, Main. Elle ne sera jamais plus que ça...
Zoran secoua la tête, l'air de dire que ce que je disais était du vent.
Et au fond c'était le cas. Mon loup était en train de ravager mes défenses et si je lâchai prise, il prendrait le contrôle pour expliquer à Shana les choses. Lui dire les sacrifices qu'un Alpha devait faire. Tuer son frère avait été la seule chose à faire. Il avait dû atteindre un état que personne ne pourrait gérer. Qu'il soit tué par sa sœur était un honneur. Avant, le Gardien serait venu et aurait dû l'exécuter lui-même. Il avait la mort qu'il méritait. Par sa meute. Par sa sœur. Une délivrance offerte. Ce geste, elle devait l'utiliser comme une force et non comme une faiblesse.
Des gens nous saluèrent, reconnaissant sûrement les chevaux ou les écussons du ranch sur les scelles. Vers 16h, nous décidâmes d'aller acheter quelque chose à manger. Heureusement, Zoran avait de l'argent. Il trouva un pot de glace qu'il acheta avec un grand sourire de gosse et il me paya un paquet de bonbons. Ce n'était vraiment pas bon pour moi, mais tant pis. Il était temps que moi aussi je relâche la pression. J'allais être le méchant pendant la semaine à venir.
Nous mangeâmes nos cochonneries et c'est survolté qu'on rentra vers 19h après avoir fait un tour autour du ranch. Arrivés à la maison, il n'y avait plus personne dehors. Je ne sentais pas Shana à l'intérieur. Elle avait dû aller courir avec sa louve et ses loups. Tant mieux. L'unité était la meilleure chose.
_ Aller, faut que j'aille bosser, dis-je en tirant mon paquet de bonbon.
_ Une petite dose ça te dit pas, patron ? Fit Zoran.
Je hochai la tête. J'avais bien besoin de boire un peu aussi. Nous nous retrouvâmes sur la terrasse avec une bouteille de whisky piqué dans la cave. Il n'y avait pas grand monde dans la maison. Rafael avait dû rejoindre les autres pour être avec eux. Shana allait avoir besoin de soutien. Et elle en trouverait.
_ Je vais aller faire un tour, grognai-je vers 22h.
Zoran hocha la tête et me suivit. Nous laissâmes nos vêtements et derrière nous et partîmes vers une course. Il y eut un petit combat, des crocs et des roulades. Même si mon loup était un peu ailleurs, il savoura cette balade avec sa Main. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas profité du loup de Zoran. Ce dernier était lui aussi content. Je crois qu'il était minuit passé quand nous rentrâmes.
Je rattrapai mes fringues et tombai sur Kerann. Je retins Zoran, alors que le Protecteur de Shana me pointait du doigt.
_ Fais attention à tes paroles, Jahyan Pearson, cracha-t-il. Ou je te jure que moi aussi, je te ferais mal.
_ Je sais que tu comprends ma méthode, Kerann, dis-je. Mais je sais aussi que tu n'as d'autres choix que de la protéger et de faire en sorte que son bien être soit la première chose qui te concerne. Seulement, je n'ai pas les mêmes priorités que toi.
Kerann frappa le chambranle de la porte, m'empêchant de passer.
_ Elle n'est pas comme toi, souffla-t-il. Elle ne pourra pas tout encaisser.
Je baissai mon regard sur lui.
_ Elle va le devenir, murmurai-je.
Il fronça les sourcils et secoua la tête. Je rentrai, toujours à poil et montai les escaliers. Je rentrai dans ma chambre et regardai Shana. Elle était sur mon lit, un jogging bleu fluo sur les jambes et un haut de la même couleur avec le gilet en prime. Bon sang. Elle était appuyée contre le mur, les jambes en tailleur. Elle avait un pot de glace devant elle et une boite de mouchoir à côté d'elle.
_ Tu n'es qu'un con, sanglota-t-elle.
Mon loup fut touché de la voir ici, même après ce que nous avions dit et fait. Je retins mon soupir de soulagement de la voir dans mon lit et jetai mes fringues un peu plus loin.
_ Tu as un pyjama hideux, remarquai-je.
Elle me regarda avec des grands yeux et se remit à pleurer en me traitant de connard en espagnol. Je levai les yeux au ciel et m'assis sur le lit. Elle se moucha bruyamment et prit une grosse cuillère de sa glace qu'elle enfourna dans sa bouche. Si je lui disais qu'elle était mignonne maintenant, j'allais me recevoir le pot de glace dans la tronche. Je choisis la meilleure défense : l'attaque.
_ Chaton, tu es dans un état affreux, soufflai-je.
Elle me regarda avec des grands yeux qui mangeaient tout son visage et renifla. Son regard s'égara un instant sur moi et elle gémit.
_ Enfile quelque chose s'il te plaît, marmonna-t-elle en avalant sa glace. J'ai besoin de te détester encore un peu...
Je retins un sourire et allai enfiler un caleçon. Je revins m'asseoir sur le lit. Elle prit encore quelques cuillères de glace avant de se moucher encore une fois. Je ne voulais pas la brusquer, mais je n'allais pas attendre toute la nuit.
_ T'es qu'un con, ronchonna-t-elle encore.
Je crois que ses larmes s'étaient taries. Peut être reviendraient-elles...
Il fallait qu'elle parle. Qu'elle me parle.
Si elle ne crachait pas le morceau, elle n'avancerait jamais.
Je me penchai vers elle et lui retirai lentement la cuillère de la bouche. Elle me regarda lui prendre sa glace que je posai sur la table de chevet.
_ Je te déteste, souffla-t-elle.
Je jetai les quelques mouchoirs usagés dans la poubelle et lui mis la boite sur les genoux avant de m'asseoir en face d'elle et de poser une de mes mains sur son genou. Elle déglutit et se frotta le nez avec un mouchoir.
_ Aller Shana, murmurai-je. Il va falloir déballer...
Elle me regarda de nouveau, légèrement paniquée.
_ Tu dois savoir que c'est exclusivement pour ton bien que je fais ça, ajoutai-je en me frottant la nuque. Ne me force pas à t'arracher les mots pour que tu ailles mieux... Tu me détesterais à vie.
_ Parce que ce n'est pas le cas déjà ? Grogna-t-elle.
Je lui souris tendrement. Elle détourna son regard sur ses mains qui se tortillaient contre ses cuisses.
_ Tu es venue de toi-même dans cette chambre, soufflai-je. Pourquoi ?
_ Pour te détester encore plus, murmura-t-elle. Mais tu es trop...
_ Trop ? Souriais-je.
_ Mignon ne te convient pas, remarqua-t-elle.
Je grondai doucement.
_ Effectivement, ça ne me convient pas.
_ Tu n'es pas assez méchant, formula-t-elle en reniflant.
Comme j'aurais aimé la serrer contre moi en ce moment.
Mais je ne devais pas oublier l'objectif de la douleur que je lui avais infligé.
Il fallait qu'elle parle.
Je retirai ma main de son genou, allant pour me reculer, mais elle me retint.
Nos regards se croisèrent.
Doucement, je reposai ma main. Elle s'accrocha à mon poignet.
J'entendis son souffle se couper dans sa gorge.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top