25. Basile
Quelqu'un s'amusait à frapper contre mon crâne. Ou était-ce à l'intérieur de mon crâne ? Je n'en savais rien, mais ça faisait un mal de chien. Et ça me donnait envie de vomir. Je clignai des yeux. La douleur s'accentua alors qu'une légère lumière filtrait des rideaux de la fenêtre. Ma chambre ? J'étais dans ma chambre ? Comment est-ce que j'avais atterri là exactement ?
J'essayais désespérément de m'en souvenir, mais impossible. J'avais un trou noir de ma première nuit au sein de la meute. Bordel... Qu'est-ce qu'ils m'avaient fait boire pour que je sois dans cet état ? Je tentai de me redresser et du grogner pour y arriver. Ma tête me tourna un peu, mais je réussis à ne pas vomir. L'état... je crois que je n'avais jamais été dans un tel état de toute ma vie ! Qu'avais-je fait ? Qu'avais-je dit ? C'était foutrement perturbant de ne pas savoir !
Je balançai mes jambes en dehors du lit. Mes pieds touchèrent le sol. Je sentis mon estomac se contracter douloureusement. Et ma tête pulsa un peu plus. Je pris ma tête entre mes mains, mais la douleur resta présente et bien plus forte que quand j'étais allongé. Tout en essayant de me rappeler de ce que j'avais fait, je me levai. La terre tangua un peu, mais je réussis à tenir droit. Ma bouche était pâteuse et tout mon corps était douloureux. J'avais quelques bleus aux genoux et sur les jambes, ainsi que sur les coudes. Étais-je tombé ? Je ne m'en souvenais pas... Bordel !
Je réussis à marcher jusqu'à la porte. Avant de sortir, je me rendis compte que j'étais nu. J'enfilai un jogging sur un équilibre précaire et me traînai hors de la chambre. Je descendis les escaliers avec un œil ouvert. Des rires fusaient dans la cuisine, aggravant mon mal de tête. Si j'ouvrais la bouche, je vomissais. Je pouvais sentir l'odeur de tequila que je dégageai et rien que ça me donnait encore plus la nausée.
Je m'avançai vers la cuisine. Aliyah siffla fort quand elle me vit débarquer. Je plaquai mes mains sur mes oreilles. De nouveaux rires fusèrent. Il y avait beaucoup de gens et tous me donnèrent des coups dans l'épaule ou des accolades pour me féliciter. Je faillis vomir sur Aliyah, mais réussis à me retenir à la dernière seconde. Quinn avait la tête dans son café. Je voulus lui dire bonjour, mais Casey me brandit son portable devant mon nez. Je tentai de comprendre ce qu'il se passait sur la photo. J'embrassai Quinn alors que celui-ci me fusillait du regard. Oh merde...
_ J'ai perdu hein ? grognai-je.
De nouveaux rires fusèrent et des exclamations retentirent. Je me penchai sur Quinn, entourant ses épaules de mes bras. Il voulut me faire reculer, mais je ricanais.
_ De vrais frères mon Quinny, me moquai-je.
Tout le monde me charria sur ça le temps que je tente d'avaler un petit-déjeuner. Seulement, rien ne passa hormis le café. Je ne me rappelais vraiment de rien et au fur et à mesure que je voyais des photos circuler, je m'en voulais de ne pas me rappeler. Comment avais-je pu me balader cul nu dans le verger ? Comment avais-je pu embrasser Quinn ? Bon sang... Je posai ma joue contre la table. J'étais à deux doigts de me rendormir, là avec tout le monde autour de moi, quand Quinn frappa la table du plat de sa main. Je sursautai et le fusillai du regard. La douleur dans ma tête était encore plus forte maintenant ! Quel idiot !
_ Quoi ? crachai-je.
_ On a du travail, grogna-t-il.
_ Eho ! Tempérai-je. Laisse-moi une chance de m'en remettre.
_ Pas le temps, fit Quinn en se levant. Alice nous attend.
_ J'ai le droit de me laver ? grognai-je.
Quinn hocha la tête et me poussa vers les escaliers. Je n'avais pas vu Nathaniel. Où était-il parti encore cet idiot ? Je pris une douche, glissant presque à chaque fois que je bougeais. Mon équilibre n'était vraiment pas bon. Alors que je poussais la température de l'eau vers glacée, je réussis à rattraper un peu de conscience.
Alice... Alice était avec Nohlan et son autre loup dans le Bloc. C'était grave. Vu la tête de Quinn, il n'avait pas bu hier soir, m'avait subi, et en plus devait faire un travail des plus durs aujourd'hui. Hum... je n'avais pas dû aidé dis donc ! Aliyah avait même une photo d'elle et moi dans mon lit alors qu'elle et Kaïa avaient tenté de me coucher. Affreux... Mon état d'hier soir était indescriptible. Et j'avais des relents de tequila tous aussi affreux les uns que les autres.
J'enfilai un jogging et un gilet et réussis à redescendre les escaliers sans trop d'ennuis. Quinn me tendit sa main.
_ Ce sera plus vite comme ça, dit-il.
_ Tu n'as pas peur que je nous encastre dans un mur ? remarquai-je en baillant.
Quinn me mit un coup dans le bide si fort que je crus bien vomir sur lui. Mais je réussis à retenir la bile qui était monté et l'insultait en français. Il me rendit la politesse, en français lui aussi avant de me presser. Je posai ma main sur la sienne et fermai les yeux. J'eus du mal à me concentrer, mais je réussis à nous transporter juste devant la clinique. Je n'avais pas assez visualisé les sous-sols pour me téléporter là-dessous.
_ Tu m'en veux ? dis-je en voyant Quinn bouder.
_ La prochaine fois que tu fais une connerie pareille, je te jure que je te fais bouffer la neige, grogna-t-il en entrant dans la clinique.
Je le suivis en ronchonnant sur son manque d'humour. Il poussa la porte du sous-sol, et enfin frôla le mécanisme du Bloc. Le pouvoir d'Alice avait glissé sur les murs alors qu'elle semblait dormir contre la cage. Nohlan, sous sa forme de loup, était allongé non loin d'elle, frôlant son loup endormi. Tout de suite, cette scène m'éclaira l'esprit, même si je restais vaseux.
Avec cette séance de soin, Quinn saurait s'il était possible ou non de guérir Ezan. Je l'avais senti. C'est pour ça qu'il était concentré ce matin. Il ne pouvait pas se permettre de rater tout ce qui allait se passer dans les heures suivantes.
Alice cligna des yeux et se redressa. Elle me jeta un coup d'œil et secoua doucement la tête. Elle avait dû voir un bout de ma déchéance d'hier soir. Génial. Ça me donnait une image de quoi exactement ? Je n'y pensais pas plus et l'aidai à se relever. Elle me remercia d'un léger sourire, mais je pouvais sentir qu'elle était inquiète. J'aurais aimé l'embrasser, mais ce n'était ni le moment ni l'endroit. Je pris sur moi et m'écartai doucement d'elle, reculant face à la cage. Nohlan sortit de cette dernière et bascula de nouveau en humain, enfilant ses fringues laissées sur le côté. Il me salua d'un signe de tête et alla s'installer à côté de Quinn qui s'était assis devant la cage, de la même manière que le jour précédent. À présent, Nohlan était à ses côtés. Alice se plaça debout derrière eux, ses mains frottant ses bras.
_ Réveille le Alice, souffla Quinn.
Pas un mot de plus ne fut échangé et je sentais la tension, mais aussi l'inquiétude, qui prenait aux tripes les gens à l'intérieur de ce Bloc. Je n'éprouvais pas grand-chose face à ce loup. Il ne faisait pas partie de ma meute, et je ne le connaissais pas. Mais je n'étais pas à ce point psychopathe. Alors, je pouvais tenter de compatir. Pour Alice. Pour Nohlan.
Alice s'approcha du loup et se pencha à travers les barreaux. Sa main effleura l'arrière-train du loup. Elle recula prestement. Le loup bougea doucement et émergea difficilement de ce sommeil forcé.
Mais malgré ça, quelques secondes plus tard, il se jetait contre les barreaux très épais de la cage. La faisant presque trembler, mais d'ici je pouvais remarquer qu'elle était soudée ? Vissée ? au sol. Elle ne bougerait pas de son emplacement.
_ Quinn, souffla Nohlan.
_ Je n'en sais rien, Nohlan, murmura l'Eros de ma meute. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir, d'accord ?
Nohlan le regarda un instant, puis hocha la tête. Alice se posta non loin de moi, mais encore trop loin pour que je sois à l'aise. Elle semblait distante. J'aurais aimé savoir ce qui n'allait pas et mon humeur s'assombrit en conséquence. Elle me cachait quelque chose. Elle cachait quelque chose à Nohlan. Je le savais. Le sentais.
J'avais beau ne pas la connaître depuis des années, je la comprenais sur certains niveaux. Parce qu'elle était avant tout une sorcière. Une sorcière liée à un loup depuis des centaines d'années. Qu'est-ce que cela faisait d'elle aux yeux de Nohlan ? Une fille ? Une protectrice ? Une arme pour Nohlan ? Je ne savais pas.
Et je détestais ne pas savoir. Je voulais qu'elle soit en sécurité.
Je voulais qu'elle soit heureuse. Mais les paroles de Nathaniel me revinrent en tête et installèrent un doute en moi. Un doute que je n'avais jamais ressenti jusque-là. Quand quelque chose de bien arrivait dans ma vie, cet événement était toujours suivi par quelque chose d'horrible. Et je savais que ce quelque chose me collait à la peau.
Cette magie noire que portait Alice. Cette... infime trace qu'elle portait en elle.
Je ne pouvais m'empêcher de me poser la question. Est-ce que ça avait un lien ?
Et le tatouage sur son aine ? Qui s'était révélé lors de notre première nuit... Qu'est-ce qu'il signifiait ? Et tous les dessins de Cathy ? Et l'incident de la salle de bain ?
Trop de questions sans réponses. Trop de zones d'ombres. J'observai mon médaillon autour de son cou, elle le tournait entre ses doigts alors que son front se ridait d'inquiétude.
Si elle était à moi, je devais tout savoir d'elle.
Mais comment savoir toute la vie d'un être qui était aussi vieux que le monde ?
C'était compliqué. Je le savais. Mais il fallait que je sache.
Parce qu'elle était à moi.
Parce que je devais la protéger.
Je retournai mon regard sur Quinn. Ezan fit claquer ses dents non loin de Quinn. Son rugissement fit frémir Alice. Je fis un pas vers elle et tendis ma main, mais elle secoua doucement la tête. Le premier rejet n'annonçait jamais rien de bon. Je ne l'écoutais pas cependant, je n'étais pas un loup. J'agrippai son épaule et la fis venir contre mon torse. Elle s'accrocha au-devant de mon gilet et pressa son visage contre mon épaule alors que je la serrai contre moi.
La puissance de Quinn remplit bientôt la pièce. Le loup d'Ezan se jeta contre la cage, hurlant, jappant alors qu'il se faisait mal, hurlant de nouveau, se jetant de nouveau contre nous.
Voir la frénésie d'un loup était douloureux.
Je n'osais imaginer ce que ressentait Nohlan. Cela devait le blesser, autant dans sa nature de loup, que sa nature d'Alpha. Surtout dans sa nature d'Alpha. Tout cela était injuste. Tout cela était injuste pour lui. Il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait pas agir en conséquence. Il ne pouvait rien faire. Hormis espérer que Quinn soit assez puissant pour faire quelque chose et peu importe la puissance de Quinn. Si le loup d'Ezan avait tué l'humain... Quinn ne pourrait rien faire, malgré toute l'énergie qu'il y mettait. Malgré tout la puissance qu'il avait.
Je caressai les cheveux d'Alice, tentant de la calmer. Tentant de comprendre pourquoi tout cela l'affectait autant. Parce que ça affectait Nohlan ? Je fermai les yeux, évitant de penser à ça.
Plusieurs minutes passèrent, et alors que le loup d'Ezan se figeait, se battant contre l'énergie de Quinn, Alice et Nohlan retenaient leur souffle. Mais à chaque fois, Ezan reprenait son combat.
Contre des démons invisibles.
Contre un démon.
Contre un traumatisme qui avait effacé toute trace d'humanité en son loup.
Ne restaient que la peur, le danger... et encore cette peur. Cette peur viscérale qui devait le manger de l'intérieur. Cette peur qui devait l'empêcher de faire quelque chose contre ses pulsions, contre ses instincts.
Au bout d'une longue heure d'attente, de lutte et d'inquiétude, le verdict tomba.
Alors que la puissance de Quinn se rétractait doucement, Nohlan posa une main sur son épaule.
Le loup d'Ezan se jeta si brutalement contre la cage que j'entendis le craquement de sa patte. Il hurla et boita un peu plus, mais continua de rugir. Encore et encore.
Alice se redressa alors que Quinn et Nohlan échangeaient un regard.
_ Ezan n'est plus là, souffla finalement Quinn à voix haute.
Alice se figea, ses mains serrées contre mon gilet. Ses yeux étaient écarquillés et c'était à peine si elle respirait. Pourquoi ? Pourquoi cette culpabilité dans ses yeux ? Ce n'était pas de sa faute. Je savais reconnaître quelqu'un qui se blâmait et elle en était tellement proche que cela ne pouvait être sur jouer. Et pourquoi Alice jouerait-elle ?
Les épaules de Nohlan s'affaissèrent. Alice se détacha de moi et s'approcha de Nohlan. Elle posa une main sur son épaule. Le corps de Nohlan trembla légèrement, mais il agrippa avec force la main d'Alice.
_ Je peux lui donner la délivrance qu'il mérite, souffla la voix rauque du loup de Quinn.
Je restai en retrait, observant le loup qui se battait contre un danger inexistant.
_ Non, c'est à moi de le faire, murmura Nohlan.
Alice voulut dire quelque chose, mais il l'arrêta d'un regard. Je sentis leur échange silencieux. Ils parlaient à travers leur lien. Que se dirent-ils ? Je n'en savais rien et au fond, voulais-je vraiment le savoir ? À travers certains gestes, certains comportements que je comprenais à peine, que je commençais juste à voir, je voyais qu'Alice tenait à Nohlan. Peut-être plus qu'à sa propre vie. C'était tellement évident soudain que cela me mit un coup. Oui. Alice tenait à Nohlan. Bien plus qu'elle ne tenait à autre chose. Je ne rentrais même pas en compte. Après tout, c'était moi l'Oracle. C'était moi qui la voyais comme mienne. C'était moi qui la reconnaissais avec ce médaillon. Cela ne voulait pas dire que dans l'autre sens elle pensait la même chose.
Était-ce cette ambiance sordide ou l'alcool qui me laissait un goût amer dans la bouche ? Qui ne me retenait plus de me faire ce genre de film absurde ? Je secouai doucement la tête.
Nohlan se leva, les poings tremblant. Je m'écartai vers le fond du Bloc. Je n'étais pas forcément à ma place ici.
_ Je peux le contrôler le temps que tu rentres dans la cage, Nohlan, souffla Quinn. Ça ne lui fera pas mal.
_ Merci Quinn.
Les épaules crispées, Nohlan s'approcha de l'entrée de la cage. Quinn se pencha et sa main frôla la fourrure d'Ezan. Le loup couina et tomba contre le sol de la cage. Le souffle court, les yeux roulants dans leurs orbites. Son souffle s'accéléra alors qu'il se débattait contre la puissance de Quinn. Nohlan ouvrit la cage et s'agenouilla à côté du corps de son loup. Alice était à genoux, juste devant les barreaux, les tenants de ses mains.
Nohlan prit la nuque d'Ezan et pressa le corps du loup contre lui, lui murmurant quelque chose à l'oreille. Puis il demanda à Quinn de relâcher son emprise. Quinn voulut protester, mais Alice lui lança un regard sombre. Quinn soupira et se recula. Les genoux de Nohlan décollèrent un instant du sol alors qu'Ezan recommençait à se débattre. Mais il utilisa sa force brute et plaqua Ezan au sol. De nouveau, il murmura quelque chose.
Puis, un son.
Le craquement d'une nuque.
Net. Précis.
Je rouvris les yeux au moment où Nohlan posait son front sur celui de son loup. Les épaules d'Alice frémirent. La douleur de la meute devait être importante. Elle venait de perdre un membre. Et peu importe qu'il soit en haut ou en bas, cela créait toujours un vide. Si c'était un haut gradé, c'était un vide bien plus douloureux et compliqué à reboucher. Mais même sans ça, la douleur de la perte, la douleur du lien qui devait éclater, claquer comme un fouet et s'éteindre.
Nohlan continua de presser Ezan contre lui, se balançant doucement d'avant en arrière.
_ Je suis désolé, souffla Quinn.
Il se leva et me fit signe de sortir. Il me rejoint dehors, et referma la porte. Quinn secoua ses épaules. Son regard était légèrement sombre. Il me tendit sa main.
_ J'ai... j'ai senti quelque chose, souffla-t-il. Sur le loup... enfin... je crois. J'ai...
Quinn ne semblait pas dans son assiette. Quinn qui doutait ? Je l'observai un instant. S'il avait su ce qu'il en était, il me l'aurait simplement dit. Qu'il n'en soit pas sur me prouvait que quelque chose se tramait sous cette attaque de l'Éthérée. Trois loups attaqués ? Cela ne pouvait pas simplement être une mauvaise blague.
Quinn toussa un instant et tomba à genoux la seconde suivante. Son corps eut un long frisson. La meute fut légèrement secouée, mais déjà je posai ma main sur Quinn. La magie noire qui s'était accroché à lui allait attaquer son loup. Je le protégeai rapidement de ça, contrôlant cette magie noire comme si c'était la mienne. Je pris une longue inspiration et nettoyai le loup de Quinn de son contact. Je levai ma main et laissa la magie noire courir sur mon bras. D'un seul geste, elle s'enflamma et disparut, laissant une odeur nauséabonde dans l'air. C'était comme tuer un insecte. Quinn frissonna et me laissa l'aider à se redresser. Je le regardai, le visage sombre.
_ Qu'est-ce que c'était ? souffla-t-il.
Je ne lui répondis pas et entrai de nouveau dans le Bloc. Alice fronça les sourcils en me voyant entrer dans la cage.
_ Nohlan, tu devrais lâcher Ezan, murmurai-je en posant une main sur son épaule.
Bizarrement, je ne sentis aucune magie noire sur lui. L'énergie d'Alice devait l'en protéger.
_ Que se passe-t-il ? souffla Alice.
_ Quelque chose a attaqué Quinn, dis-je d'une voix froide. Ça ne concerne pas que l'Ethérée à présent.
Le visage d'Alice se ferma. Nohlan me jeta un coup d'œil et observa Quinn entrer. Il était encore un peu pâle, mais il ira mieux d'ici quelques minutes.
_ Nohlan, repris-je.
Il déposa délicatement le corps du loup au sol et recula un peu. Alice fronça les sourcils alors que je posais ma main sur le loup. Là, dans son cœur, quelque chose rampait. J'écrasai de ma propre magie noire celle qui était dans le corps d'Ezan et rouvris les yeux.
_ Quelqu'un de très dangereux a attaqué vos loups, soufflai-je à Nohlan.
_ Je le savais déjà.
Le ton d'Alice était neutre, mais son regard trahissait sa culpabilité toujours aussi grandissante. Nohlan cligna des yeux en la regardant, à son tour déstabilisé.
_ C'est de la magie noire qui a attaqué Quinn, dis-je. Tu le savais ça aussi ?
Alice fronça ses sourcils.
_ Stop, souffla Nohlan. On a besoin d'un peu de temps, Basile. Laisse-nous faire notre deuil.
Je me redressai doucement et hochai la tête. Je sortis de la cage.
_ Ramène-nous, ordonna Nohlan à Alice.
Je la regardai. Elle continua de me tourner le dos et posa sa main sur le corps d'Ezan, puis sur celui de Nohlan. Ils disparurent sans un mot.
La colère me gagna.
Alors que je ramenais Quinn à la maison, je m'éclipsais dans ma chambre. J'ouvris mon armoire d'un geste sec et en tirai ma tenue. Je la passai avec des gestes précis, ne réfléchissant à rien d'autre qu'au fait de pouvoir me défouler sur quelque chose. Ou sur quelqu'un. Je tirai sur mes sangles.
_ Basile, souffla Quinn en poussant doucement ma porte de chambre.
_ J'ai des choses à faire, murmurai-je.
_ Qu'est-ce que c'était, Basile ?
J'enfilai mes bottes et attrapai mes deux dagues. Je les mis dans leurs étuis à mes hanches, une autre à l'intérieur de ma botte, une autre sur mon avant-bras, et une autre dans mon dos. Je pivotai vers Quinn.
_ C'était de la magie noire, crachai-je. Pourquoi le cache-t-elle ?
_ C'est sa meute, Basile, souffla Quinn. Elle veut peut-être gérer ça à sa façon.
_ Elle cache quelque chose, murmurai-je.
_ Et quoi ? reprit Quin en me faisant pivoter vers lui. Qu'est-ce que tu vas faire ? Lui demander des explications ?
_ Elle t'a mis en danger en te laissant faire ça alors qu'Ezan portait de la magie noire en lui.
Soudain, quelque chose me frappa.
J'avais déjà senti cette magie noire.
Je l'avais déjà senti !
Chaque magie noire portait en elle une marque... comme une présence.
Cette présence je l'avais senti dans une seule personne.
_ Je dois y aller, soufflai-je.
Je disparus alors que Quinn tentait de me retenir. Je réapparus devant la maison de Liam. Enfin, sur son toit plus précisément. Une seconde plus tard, Liam sortait de sa maison. Il resta le dos tourné.
_ Un problème ? souffla-t-il.
_ Tu m'as dit que tu connaissais un sorcier puissant, murmurai-je. J'aurais besoin de le rencontrer.
_ Gajil est dur en affaire, grogna Liam. Je ne vais pas me rajouter une dette avec lui.
Je fermai les yeux. Il fallait que je sache. Il fallait que je sache si Alice était vraiment ce que je pensais qu'elle était. Et il fallait que je trouve la nature de cette magie noire. Je soupirai et chuchotai :
_ Alors, j'aurais une dette envers lui, dis-je d'une voix neutre.
_ Si tu fais ça pour elle, je ne te laisserais pas faire, murmura Liam.
Je bondis devant lui et me tins de profil en face de lui.
_ Qu'est-ce que tu sais sur elle ? soufflai-je.
Le visage de Liam était fermé et neutre.
_ C'est une bombe à retardement, répondit Liam, se répétant. Elle n'en vaut pas la peine.
_ Laisse-moi parler à ce sorcier. Cela concerne aussi Quinn. Il a été touché par l'événement.
Liam ricana.
_ L'événement hein ? Serais-tu énervé parce qu'elle ne te dit pas la vérité, Basile ?
Je me figeai. Ma colère s'enflamma. Mes Ombres grimpèrent sur mes épaules. Je retins mon souffle. Le mois d'entraînement avec Liam me permit de les retenir de bondir Liam.
_ Et le fantôme ? souffla Liam. Est-elle revenue ?
Je frémis. Non. Ma sœur n'était pas revenue. Et je n'osais pas l'invoquer, de peur de lui faire mal. De peur de lui enlever ce qu'elle venait d'avoir sûrement. La liberté. Peut-être était-elle enfin partie ? Je n'en savais rien. Je ne voulais pas le savoir maintenant.
Basile.
La voix de Quinn résonna dans ma tête étrangement. C'était sûrement la première fois que je l'entendais comme ça. Il y avait un problème avec Catherine. Je grognai et pointai un doigt sur Liam.
_ Dis à ton sorcier de me retrouver ici dans deux heures.
Il ne fit aucun geste pour acquiescer, mais je disparus. Je passai dans la véranda, là où se trouvait une Catherine en transe, et une Izy sur les bords de la crise d'hystérie. Quinn la retenait contre elle alors que Nathaniel se tenait derrière Cathy. Comment était-il arrivé aussi vite ici lui ?
Catherine dessinait avec des grands gestes, prenant presque quatre feuilles blanches collées les unes aux autres. Je m'avançai doucement, ne voulant pas la perturber.
_ Basile, haleta Izy.
Je levai ma main et la rassurai d'un regard. Je me positionnai derrière Cathy et Nathaniel me laissa de la place. Je levai mes mains de chaque côté de la tête de Catherine. Les scellés tenaient bon pendant la crise. Je pouvais les sentir retenir le flot de puissance.
_ Les scellés sont là, Elizabeth, soufflai-je.
Par ma propre puissance, je solidifiai les scellés. La main de Catherine traversa la feuille et un trait rouge barra son dessin. Mon regard se posa sur celui-ci. Je me figeai. Elle avait réussi à me dessiner. Merde... Catherine était plus puissante que je n'avais voulu le voir. Et elle n'avait pas dessiné que moi sur son dessin. Il y avait une autre personne.
Une autre personne que je redoutais.
L'homme était représenté avec une faux et une longue toge noire, surélevé d'une capuche noire. La mort personnifiée. En France, au sein des Oracles, il était nommé le Faucheur. Mais je savais qu'en Russie, on l'appelait la Mort. Il était celui qui Suivait. Il était celui qui Sanctionnait.
Le trait rouge me rayait en deux, rayait pratiquement tous le dessin.
La dernière touche qu'elle mit à son dessin, fut une petite goutte de sang sur le bout de la faux.
Elle lâcha son crayon et je la rattrapai alors qu'elle s'évanouissait. Je la pris dans mes bras et montai à l'étage en courant. Izy me suivit et claqua la porte aux deux loups qui nous suivaient.
_ N'entrez pas, souffla Izy.
_ Basile, grogna Nathaniel.
_ Je dois juste m'assurer que ses scellés sont en place, dis-je rapidement.
Le souffle court, je tirai une de mes dagues. Le corps de Catherine tremblait sur mon lit. Je tendis mon bras bien haut, et Izy s'avança vers moi. Elle prit la dague et entailla mon avant-bras sur toute la longueur. Elle glissa son doigt le long de l'entaille et marqua Catherine de mon sang. Au niveau des joues, au niveau du cœur et au niveau du bas ventre. Je tombai à genoux alors que les scellés tiraient une part de mon énergie. Izy repassa son doigt sur mon entaille et marqua Catherine au niveau de son front, murmurant la formule pour solidifier les scellés de Catherine. Ma magie noire courut autour de moi et mes Ombres rampèrent sur mon dos.
Izy s'agenouilla enfin devant moi et posa sa main pleine de sang sur mon entaille. Nous murmurâmes ensemble le sort encore une fois, puis elle se leva. Elle soigna rapidement mon entaille. Je me redressai, repoussant d'un coup d'épaule mes Ombres. Je posai deux doigts sur le front de Catherine et cherchai une faille en profondeur. Non. Tout allait bien.
_ C'est bon, soufflai-je.
Je pris Izy dans mes bras alors qu'elle sanglotait doucement. Je caressai ses cheveux doucement et la rassurais.
_ Reste avec elle, d'accord ? murmurai-je.
Elle hocha la tête. Je fis entrer Quinn et lui demandai de rester. Nathaniel me suivit en bas. Je posai mes mains sur la table de la véranda, de chaque côté du dessin de Catherine.
_ Le sort que tu as fait devait empêcher les Oracles de te voir non ? murmura mon Alpha.
Je hochai la tête.
_ Alors pourquoi Catherine t'a dessiné ?
Je lui jetai un coup d'oeil et grimaçai.
_ Cet... Cet Oracle, soufflai-je. Il n'a pas... forcément de ses Visions pour retrouver des gens.
_ Des Oracles tu veux dire, rectifia Nathaniel.
_ Oui. Il faut... il faut absolument que je place les frontières. Il faut que je délimite au moins le territoire avec une simple barrière. Je l'améliorerais plus tard. Il faut que je sache s'il vient sur le territoire.
_ Il va venir ? souffla Nathaniel.
Je regardai le dessin.
_ Je... je n'en sais rien, admis-je.
Quelques secondes plus tard, Nathaniel et moi étions à l'une des frontières du territoire. Seulement tous les deux. Il tenait une carte à la main, me pointant la direction de la frontière Nord. Je me positionnai au bord de la route et levai mes deux mains. J'étais encore en tenue de chasseur, mais avec la neige qui tombait, au moins j'avais chaud.
Nous mîmes plus de cinq heures à faire le tour du territoire. J'aurais mis cinq heures de plus si j'avais établi une vraie protection. Mais plus tard. Je pourrais tout renforcer dans les prochains jours.
Je réussis enfin à m'éclipser chez Liam. Gajil et lui m'attendaient. J'étais sacrément en retard, mais tant pis. Gajil était légèrement plus grand que Liam, mais il était plus fin. Cependant, je ne doutais pas qu'il était extrêmement doué en combat à mains nues.
Je m'approchai d'eux et m'inclinai rapidement. Ici, il n'y avait pas de neige.
_ Pardonnez-moi mon retard, dis-je presque essouffler.
_ Ta dette n'en sera que plus grande, nabot, grogna Liam.
Je me tournai vers Gajil.
_ Basile De... Basile Hansen, me présentai-je.
J'avais encore du mal à prendre le prénom de Liam. Gajil lui jeta un coup d'œil et se leva. Il me tendit sa main. Je la serrai rapidement, bridant mon pouvoir d'Oracle qui attrapa des images au passage. Surtout celle qui représentait l'image d'une femme. Une jeune femme. Le prénom m'échappa.
_ Gajil, se nomma le sorcier.
Il garda ma main dans la sienne et je compris sa demande. Il voulait sentir ma vraie nature et par là je devais lui montrer ma nature de sorcier, avant d'Oracle. Je me penchai sur lui et il fit la même chose. Sa bouche frôla à peine la mienne et son pouvoir coula en moi. Le mien glissa entre ses lèvres. Il se recula, gardant les yeux fermés un instant.
_ Je trouverais toujours votre putain de salut foireux, soupira Liam. Les sorciers gays doivent être heureux de vous rencontrer !
La puissance de Gajil était impressionnante et extrêmement vieille. La mienne était jeune et vivace, mais la sienne était calme, précise, aiguisée. Je la laissai courir en moi avant de se dissiper.
_ Il a la même énergie que toi, souffla-t-il à Liam. C'est... intéressant.
_ J'aurais besoin de vos conseils, repris-je en passant à un autre sujet.
_ Es-tu si pressé, Sorcier de Columbus ? sourit Gajil.
Je fronçai les sourcils.
_ Tu portes déjà l'odeur de toute ta meute, s'expliqua Gajil. En particulier celle de Nathaniel Hunt, Alpha de Columbus si je ne m'abuse.
Je regardai Liam avec de grands yeux.
_ Il a un bon nez, fit mon père en faisant un geste de la main.
Je secouai doucement la tête.
_ Tu sais que ta demande amène une dette envers moi, n'est-ce pas ? Je ne sais pas encore ce que je pourrais te tirer, mais je trouverais j'en suis sure. Et je n'oublie pas les gens qui me doivent quelque chose. Surtout si tu es comme ton père, ajouta-t-il à la fin.
_ Je sais oui, répondis-je. J'ai besoin que vous me disiez à qui correspond cette magie.
_ A qui correspond ? répéta Gajil, légèrement confus.
_ À quelle... nature de sorcier, précisai-je.
Gajil hocha la tête lentement et me tendit sa main. Je la posai sur la sienne et laissai mon souvenir et la légère trace que j'avais gardés sur moi glissés sur lui. Il fronça ses sourcils et serra ma main dans la sienne. Je le sentis repousser la magie vers moi et il lâcha ma main.
_ C'est une magie très, très vieille, souffla Gajil. Qu'on ne trouve pas à chaque coin de rue.
_ C'est à dire ? m'inquiétai-je.
_ Celui qui porte cette magie en lui était extrêmement puissant, et dangereux.
_ À quelle sorte de sorcier ? soufflai-je.
Gajil haussa ses épaules.
_ Ça aurait pu être la tienne à l'état brut, remarqua Gajil. Mais... je dirais plus celle d'un sorcier des Ténèbres.
Ma gorge se serra. Alice ? En lien avec un Sorcier des Ténèbres ? Ce n'était... pas possible. Ni envisageable.
_ Et si ce n'était pas ça, rétorquai-je. D'autres options ?
Gajil fronça ses sourcils.
_ Peu de branches de sorciers utilisent ce genre de magie noire, Basile, reprit Gajil. Ne te frotte pas à ceux qui portent ça en eux.
_ Quelles branches ? grognai-je.
_ Les Maudits, souffla Gajil. Et leurs Maîtres.
Mon souffle se coupa dans ma gorge. Alice était une Maudite ?
Le tatouage sur sa hanche me frappa soudainement. Vivant. Son tatouage avait été vivant. Attiré par ce qu'elle dégageait à ce moment-là... ou... par ce que je dégageais ? Je ne savais plus quoi penser de tout ça. Je devais parler avec Alice. Elle devait me dire. Elle devait m'expliquer ce qui se cachait en elle.
_ Merci, murmurai-je.
_ Ne joue pas avec le feu, Basile, souffla Liam.
Je saluai Gajil et le remerciai. Puis, je disparus.
Je réapparus dans l'appartement d'Alice. Elle n'était pas là. J'allais attendre qu'elle rentre. Et si elle ne rentrait pas, alors je tenterais de la joindre pour qu'elle vienne. Il fallait qu'on parle. Il fallait que je sache. Je tournai en rond pendant quelques minutes avant de m'appuyer contre sa baie vitrée qui donnait sur la mer.
Et si elle voyait un autre sorcier ? Et si elle connaissait un sorcier des Ténèbres qui l'avait sali ?
Et si c'était vraiment une Maudite ? Avait-elle un Vengeur ? Non. Elle avait Nohlan. Elle ne pouvait pas être liée à un tel sorcier. Elle n'était pas comme ça... Elle ne pouvait pas être comme ça. Et même si elle l'était, elle était à moi maintenant. Et si elle était Maudite, qu'est-ce que cela ferait ? Rien à vrai dire... hormis qu'elle me cachait une part d'elle.
Hormis qu'elle avait mis en danger Quinn en ne disant rien !
Je me tenais dans un coin de son appartement quand elle apparut. Elle tira ses bottes et laissa son manteau tomber sur le canapé. Elle se frotta les bras.
Elle pivota et dut enfin me sentir parce qu'elle se figea. Je serrai mes bras sur mon torse. Je ne bougeai pas, laissai légèrement mes Ombres m'entourer.
_ Basile, souffla-t-elle.
Sa voix me parcourut et bon sang... j'aurais pu faire en sorte de tout oublier et de simplement la faire mienne, lui prouver qu'elle était à moi.
_ Pourquoi n'avoir rien dit ? soufflai-je.
Elle fronça les sourcils et fit un pas vers moi avant de s'arrêter. Elle pinça ses lèvres.
_ De quoi parles-tu ? murmura-t-elle.
_ Tu as laissé Quinn toucher Ezan, en sachant qu'il avait été touché par de la magie noire.
Son visage se ferma un instant avant de redevenir neutre. Elle se frotta les bras et fit un pas vers moi.
_ Je ne savais pas que la magie irait sur lui, Basile, murmura Alice. Je n'aurais jamais mis Quinn en danger volontairement.
_ Alors, dis-moi, soufflai-je d'une voix sombre, pourquoi portes-tu la même énergie ?
Son regard s'écarquilla légèrement.
_ Qu'est-ce que tu dis ? dit-elle.
_ J'ai senti cette énergie sur toi hier matin, repris-je d'une voix pleine de colère. Comment se fait-il qu'Ezan ait eu la même ? Qu'est-ce que tu as fait Alice ?
_ Rien ! s'exclama-t-elle. Je n'ai rien fait ! Comment peux-tu...
_ Comment cette énergie s'est retrouvée en toi ? grognai-je en m'avançant sur elle. Qu'est-ce que tu me caches ?
Elle retint son souffle et son visage blêmit légèrement.
_ Je... Je ne sais pas, souffla-t-elle. Il... Le sorcier m'a peut-être touchée... Il a peut-être essayé de...
Je ne savais pas si elle inventait. Et je me détestai de penser qu'elle pouvait inventer. Elle avait vraiment l'air surprise de savoir que j'avais senti cette énergie malveillante sur elle. Surprise de l'avoir sur elle ou que je le sache ? Je frottai mes cheveux, énervé par tout ça.
_ Basile, reprit-elle, je... je n'aurais jamais mis Quinn en danger. Tu dois me croire...
_ Le tatouage, murmurai-je. Le tatouage sur ta hanche...
Elle déglutit et tenta de comprendre ma question. Je me mis à faire les cent pas. Je ne pouvais pas être comme ça. Je ne devais pas le devenir.
_ Je... c'est une vieille marque de protection, souffla Alice. Crois-moi... je...
Je fus devant elle, son menton entre mes doigts. Son regard était légèrement écarquillé.
_ Es-tu une Maudite, Alice ? soufflai-je.
_ Une ancienne, rectifia-t-elle rapidement.
Je la relâchai et reculai d'un pas. Elle grimaça et me rattrapa. Elle tira sur mon bras.
_ Basile, commença-t-elle.
Je ne pouvais pas lui avouer que j'avais cru qu'elle voyait un autre sorcier. Je ne pouvais simplement pas lui avouer ça...
_ J'étais... j'étais inquiète pour Ezan ce matin, souffla-t-elle. Je voulais que Quinn le sauve. Je... je n'ai pas fait attention à la magie en lui. Je ne l'ai pas vu. J'en suis désolée... Sincèrement. Tu dois me croire. Je n'aurais jamais mis Quinn en danger... Je...
Elle prit une longue inspiration.
_ Ne sois pas en colère contre moi, s'il te plaît, murmura-t-elle. Je... j'ai besoin de toi... s'il te plaît...
Mon bras était tendu entre nous. Je l'observai. Elle disait la vérité. Elle ne pouvait pas me mentir. Pas impunément. Elle n'était pas comme ça. Je ne pouvais pas douter d'elle comme ça.
_ Je n'ai pas réussi à protéger Ezan, souffla-t-elle. Je n'ai pas réussi et maintenant...
Je fermai les yeux un instant. La seconde d'après, je la pressai contre moi.
Elle ne pouvait pas me mentir.
Jamais elle ne le ferait.
Jamais.
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