24. Basile

Je réapparus dans le jardin de la maison de Nathaniel. Je découvris Izy et Cathy dans la véranda avec à peine un pull sur elles. Elles allaient avoir du mal à s'habituer. Je pataugeai dans la neige avant d'entrer dans la véranda.

_ Il va falloir que je la rencontre, souffla Izy en caressant les cheveux de Cathy.

Izy semblait encore parler en français avec moi, même si elle avait fait un effort pour parler en anglais. Je m'approchai d'elle et tendis mes lèvres. Elle m'embrassa rapidement et je fis la même chose avec Catherine. La petite tira un dessin de son tas et m'en tendit un. Il représentait Alice et moi. Je me raclai la gorge et souris.

_ Bientôt, souriais-je à Izy. Est-ce que tout va bien ?

Je n'avais pas eu envie de partir et devoir revenir à la vie réelle était difficile. Je me sentais vide sans Alice. Sans but précis. C'était étrange. Je me secouai. Ce n'était pas le moment de tergiverser.

_ Tout le monde est gentil, souffla Izy, toujours en français.

Quinn apparu dans la véranda. Il m'observa un instant et ses narines se dilatèrent.

_ Prends une douche avant que Nathaniel ne te renifle toute la carcasse, dit-il en levant les yeux au ciel.

_ Il devra bien le savoir un jour ou l'autre, Quinn, grognai-je.

_ De quoi vous parlez ? releva Izy.

Je me frottai les cheveux un instant et fusillai Quinn du regard. Il haussa ses épaules et me pointa du doigt.

_ La sorcière avec qui il fricote a été l'une des sorcières de notre Alpha.

_ Et alors ? remarqua Izy.

Ah ! Voilà une vraie sorcière ! On se fichait bien des anciens partenaires, tout ce qui comptait c'était le moment présent et le fait que la sorcière ou le sorcier qui vous avait choisi vous appartenait.

Soudain, Izy fronça les sourcils et pivota vers moi, sa bouche pincée.

_ C'est à elle que tu as donné ton médaillon ? murmura-t-elle dans un français glacial.

J'eus un léger sourire.

_ Et elle le porte, ajoutai-je.

Izy ouvrit la bouche, mais la porte d'entrée se referma. Nathaniel m'appela et Quinn soupira. Je passai à l'intérieur, conscient de porter l'odeur d'Alice. À peine, eu-je mis un pied dans la cuisine que les yeux de Nathaniel brillèrent de pleins feux. Ses narines se dilatèrent à son tour. Je gardai une expression neutre. Mieux valait ne pas faire le malin avec mon Alpha en ce qui concernait Alice. Quinn était dans mon dos.

_ Tu as flirté avec une de mes sorcières, Basile, grogna le loup de Nathaniel.

Je me renfrognai. Une de ses sorcières ? Eh bien maintenant c'était la mienne. Et puis il ne posait même pas une question, alors que pouvais-je lui répondre ?

_ Tu es perspicace, dis-je d'un ton neutre.

Il s'avança sur moi. Ses narines se dilatèrent de nouveau et son front se plissa. Je gardai la tête haute, faisant la même taille que lui. Si je baissais les yeux, j'acceptais de me soumettre et je n'étais pas un loup. Alice était à moi maintenant. Il fallait qu'il le reconnaisse. Et il fallait qu'il comprenne que je ne serais jamais un loup... Je pouvais le respecter, mais au même titre qu'il devait me respecter.

_ Plus que flirté apparemment, grogna-t-il.

_ Nous les sorciers avons rarement le sens de la propriété développée, remarquai-je, presque moqueur.

_ On parle d'Alice là, souffla Nathaniel, légèrement tendu.

_ Nathaniel, fit Quinn.

Nathaniel leva une main vers son Eros et posa un doigt sur sa bouche. Il n'était vraiment pas content que je lui aie piqué Alice dis donc... N'avait-elle eu aucune relation depuis la leur ? Je m'en foutais de toute façon. J'étais un sorcier. Pas un putain de loup. Je pouvais me passer de la jalousie des ex... Cette notion nous était inconnue.

_ Tu comptes la revoir ? murmura Nathaniel, enfin son loup je croyais bien.

_ Oui.

_ Tu comptes la toucher de nouveau ?

_ Autant que possible.

Son front se plissa un instant, puis se détendit doucement.

_ Je ne te connais pas autant que je le voudrais Basile, souffla Nathaniel, mais je sais reconnaître un homme amoureux.

Je restai neutre face à cette phrase. Je n'avais pas encore mis de mot sur mes sentiments envers Alice, mais aux yeux des Oracles, elle était ce qui avait de plus proche d'une fiancée. Si je disais ça maintenant à Nathaniel, il m'arracherait les couilles.

_ Bon sang, soupira Quinn.

_ Ne va pas trop vite en besogne avec elle Basile, elle peut s'échapper à n'importe quel moment, murmura Nathaniel. Et je n'aimerais pas avoir deux sorciers en froid.

Je souris enfin.

_ Tu as eu beaucoup de relations avec des sorcières, mais tu ne sembles pas comprendre l'essence de notre mode de vie, Nathaniel, remarquai-je. Si Alice me rejette, alors très bien. Mais je suis un sorcier, et quand un sorcier trouve celle qu'il veut, il ne la laisse pas partir aussi facilement qu'un loup qui respecte la décision d'une femme.

Alice ne me rejetterait pas. Pas au point où nous en étions. Les sorciers trouvaient rarement quelqu'un qui les satisfaisait à tous les plans. C'est pour ça qu'ils avaient beaucoup de relation. Alice me satisfaisait au-delà de tout ça. Il devait le comprendre. Elle l'avait déjà compris en gardant mon médaillon et en acceptant ce qu'elle était devenue en le faisant. Nathaniel se fit sombre de nouveau.

_ Tu sous-entends que je l'ai laissée partir ? grogna-t-il.

_ Je ne sous-entends rien du tout, remarquai-je. C'est une simple constatation. Vous les loups vous êtes respectueux sur beaucoup de plans. Nous les sorciers nous ne nous embarrassons pas de ça. Je sais qu'Alice a été une de tes relations, cela ne m'empêche pas de la désirer. Elle a son passé, j'ai le mien. Nous les sorciers nous ne pensons pas à ça. Nous prenons ce que nous avons devant nous, pas derrière nous.

Son regard brillait toujours autant. Bon sang, il n'allait pas lâcher l'affaire comme ça ce vieux bougre. Et pourtant, il allait devoir digérer la pilule. Surtout si Alice voulait être là pendant ma cérémonie d'accueil.

_ Nathaniel, reprit Quinn, Alice n'est plus à toi.

_ Tu es tombé amoureux de l'eau, Basile, souffla Nathaniel. Elle te semble calme pour l'instant, là entre tes mains, mais elle s'écoulera vite et s'échappera sans que tu puisses la retenir.

Je sentis ma gorge se serrer. Pas si je savais dompter cette eau. Mais je ne le dis pas. Parce que je ne connaissais pas encore assez bien Alice. Mais tant qu'elle portait mon médaillon, elle était à moi. Et personne ne me la prendrait.

_ Je suis un sorcier, Nathaniel, murmurai-je. L'eau est l'un de mes éléments primaires.

Il m'observa pendant quelques secondes, puis recula enfin, me laissant de l'air. Il se frotta la nuque un instant et secoua sa main.

_ Je veux que ta cérémonie ait lieu ce soir, dit-il. Les frontières sont trop fragiles. Pourrais-tu faire en sorte de régler ce problème ?

_ Évidemment, soufflai-je. Je suis là pour ça non ?

Nathaniel grimaça et un grognement retentit.

_ Arrangez-vous avant de faire cette cérémonie ou je n'organise rien du tout, remarqua Quinn.

_ J'ai confiance en toi pour la meute, Basile, souffla Nathaniel. Et... j'ai confiance en toi pour Alice. Si tu fais quoi que ce soit qui lui nuirait, tu auras de mes nouvelles.

_ La confiance est quelque chose qui se mérite, j'ai saisi, grognai-je.

Il hocha la tête et se tourna vers Quinn.

_ Satisfait ?

_ Pas vraiment, mais est-ce que j'ai vraiment mon mot à dire ? soupira Quinn.

Je souris vers lui.

_ Tu vois ? Pas si dur !

Nathaniel tapa l'arrière de ma tête. Je pivotai en grognant.

_ Ne t'y mets pas, grognai-je.

Il rit et se dirigea vers la véranda. Je l'entendis discuter avec Elizabeth. Je me tournai vers Quinn.

_ Alice veut être à ma cérémonie, dis-je de but en blanc.

Quinn me regarda avec des grands yeux et posa une main sur ses yeux en secouant la tête.

_ Vous voulez sa mort tous les deux.

_ Je veux qu'elle soit là, ajoutai-je.

Il m'observa un instant.

_ Tu sais que Nathaniel a raison, n'est-ce pas ?

Je haussai mes épaules, jouant la désinvolture.

_ Sur quoi ? ricanai-je.

_ Sur Alice, souffla-t-il. Et sur toi.

_ Ne t'en fais pas, dis-je en tapotant son épaule.

Quinn secoua la tête et me tira à sa suite dans le bureau de Nathaniel. Nous discutâmes de la cérémonie pendant une heure ou deux. L'endroit choisi fut la forêt qui bordait l'une des frontières du territoire. Quinn avait déjà sécurisé l'endroit. Nathaniel me lierait à la meute de façon neutre, après c'était mon pouvoir et mon lien qui ferait ou non des étincelles. Je ne savais pas trop comment la cérémonie se déroulerait en elle-même, hormis qu'il y aurait beaucoup de loups, pratiquement tous ceux de la meute. Hormis certains patrouilleurs et veilleurs qui devaient rester alertes. Alors que je m'étirais pour aller voir les filles, Nathaniel débarqua dans son bureau, un téléphone à la main.

_ Nohlan a besoin du Bloc, immédiatement, souffla-t-il.

Quinn sauta sur ses pieds et me tira derrière lui. Le Bloc ? Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Nohlan ? Le Nohlan d'Alice ? Était-il arrivé quelque chose ? Je bondis dans à l'arrière de la voiture alors que Quinn démarrait et que Nathaniel s'installait sur le siège passager. La voiture décolla et en un temps qui me parut record, nous nous retrouvâmes devant la clinique.

_ C'est quoi le Bloc ? demandai-je en descendant de la voiture.

Nathaniel pivota alors qu'Alice apparaissait devant l'entrée de la clinique. Elle croisa mon regard avant de regarder Nathaniel.

_ Tu sais où c'est, souffla simplement mon Alpha.

Elle hocha la tête et disparue de nouveau. Je déglutis. Toute cette situation était bancale.

_ Le Bloc est un endroit que nous avons construit il y a plusieurs années, reprit Nathaniel en descendant les escaliers qui nous menèrent à un premier sous-sol. Il nous sert quand un loup entre en frénésie.

Je tournai mon regard vers Quinn. En frénésie ? Nathaniel poussa une seconde porte et nous descendîmes dans un second sous-sol. Les grosses poutres de maintien de la clinique étaient impressionnantes. Toutes ces fondations... Mon regard accrocha soudain une masse importante de béton.

_ Un loup en frénésie est un loup qui a été traumatisé, m'expliqua Quinn, écrasant son humain derrière une peur irrationnelle. La bête redevient bête et le loup en oublie son humain. Plus rien ne l'arrête. Il se sent en danger... tellement que parfois il étouffe son humain... Jusqu'à le tuer.

Je me figeai en voyant Nohlan sortir d'une partie du mur. Le mur glissa de nouveau. Nathaniel s'arrêta non loin de lui. Un léger froid s'installa entre les deux Alphas alors qu'ils s'observaient. Alice sortit à son tour. Elle regarda les deux hommes et soupira.

_ Ce n'est pas le moment, dit-elle.

_ Que s'est-il passé, Christensen ? grogna Nathaniel.

_ Ne me cours pas sur le haricot maintenant, Hunt, j'aurais quelques comptes à régler avec toi.

Les deux Alphas se firent face et leur puissance coula autour de nous. Je faillis me déplacer vers Alice pour la protéger de mon corps, mais m'arrêtai avant de bouger. Pas une bonne idée.

_ Dis-moi Alice, souffla Quinn.

_ On a eu un problème de connexion avec trois de nos loups, dit-elle rapidement en me jetant un coup d'œil. J'ai réussi à les retrouver, mais... ils ont été attaqués et le loup d'Ezan... il est entré en frénésie au moment où on l'a trouvé. Je n'ai pas réussi à le ramener. Je ne suis pas une Eranthe.

_ Va falloir faire du shopping, Christensen, remarqua Nathaniel. Sinon, les dettes vont s'accumuler pour toi.

Le regard de Nohlan fut tranchant.

_ Et toi, tu ferais mieux d'aller faire ton shopping ailleurs que chez moi pour trouver tes sorcières, grogna Nohlan.

Le regard de Nathaniel se posa sur Alice. Cette dernière le fusilla du regard.

_ Quinn, reprit-elle, pourrais-tu...

_ Bien sûr, souffla l'Eros de ma meute.

Il entra à l'intérieur du Bloc. J'observai attentivement tous ces échanges. C'était à la fois intrigant et déstabilisant. J'avais déjà mis Nathaniel en rogne, et Nohlan ne semblait pas améliorer son humeur. C'était la partie intrigante. En ce qui concernait la partie déstabilisante, c'est qu'Alice était trop loin de moi. J'aurais aimé la toucher autant que je voulais, me rassurer en sachant qu'elle allait bien.

_ Et d'où vient ce problème de connexion ? remarqua Nathaniel. Tu étais trop occupée pour voir que quelque chose n'allait pas, Alice ?

Le visage de ma sorcière se ferma, alors que Nohlan trahissait son interrogation. Je m'avançai enfin vers Alice et frôlai son flanc du mien, penchant la tête vers mon Alpha.

_ Pourrais-tu éviter de faire ce que tu es en train de faire ? remarquai-je, presque froid.

_ Laisse, Basile, souffla Alice en posant sa main sur mon bras.

_ Ce n'est pas le moment, grognai-je.

_ Des problèmes avec ton nouveau sorcier, Hunt ? sourit Nohlan.

_ Ne rigole pas trop, Christensen, il prend le même chemin que moi avec ta sorcière.

Alice se figea à mes côtés alors que je faisais un pas vers Nathaniel. La main d'Alice me retint. Mon Alpha me regarda avec des yeux plissés. Nohlan m'observa un instant, puis Alice.

_ Bande de loups idiots, marmonna Alice.

_ Fais attention à tes paroles, Hunt, souffla Nohlan. Il me paraît déjà plus respectueux que toi, ton jeune sorcier.

Jeune ? Je me renfrognai, mais Alice pressa doucement mon bras, me forçant à revenir à son niveau. J'aurais aimé régler mes comptes avec Nathaniel, mais il semblait juste asticoter Nohlan. Il ne me visait pas particulièrement et je mis quelques secondes à le comprendre. Alice avait compris plus vite que moi, car c'est elle qui me retenait.

_ Alors, ce problème de connexion ? répéta Nathaniel.

_ Je n'ai pas encore compris ce qui a pu se passer, souffla Alice.

_ Le Bloc nous a semblé être la meilleure des solutions, reprit Nohlan.

Nathaniel eut un léger sourire.

_ Jaloux de mon Bloc hein, Chris' ? ricana-t-il.

_ J'ai un de mes loups en pleine frénésie, Hunty, grogna Nohlan. Ne me cherche pas.

Chris' ? Hunty ? Jolis surnoms. Ils devaient s'adorer avant la relation de Nathaniel avec Alice. Mais encore plus après ! Mon bras frôla le dos d'Alice. Elle me regarda avec de grands yeux. Qu'est-ce qu'elle ne nous disait pas ?

_ L'attaque était de nature magique, n'est-ce pas ? soufflai-je.

Alice haussa ses épaules et jeta un coup d'œil aux deux loups qui se regardait en chien de faïence. Je soupirai. Si elle ne disait rien, comment pourrions-nous l'aider ? Je la contournai et me mis devant l'entrée par où était passée Quinn. Il y avait forcément un mécanisme. Alice s'approcha et appuya doucement sur une partie du mur. Il y eut un déclic et le mur bougea. Je la regardai un instant. Son regard n'était pas aussi sur que d'habitude. Je frôlai sa joue et entrai. Elle me suivit de près, ne voulant sûrement pas rester avec les deux Alphas idiots dans notre dos.

Je me figeai sur le seuil. Les deux cages au fond du Bloc avaient des barreaux aussi épais que mes cuisses. Bordel. Quinn était agenouillé devant la cage qui retenait le loup d'Ezan ? Oui. C'était ça. Ezan. Le loup de ce dernier se jetait contre les barreaux encore et encore. Hurlant. Griffant. Ses dents claquèrent non loin du visage de Quinn. J'eus un mouvement, mais Quinn ne bougea pas d'un pouce. Il savait ce qu'il faisait. Je sentais son énergie envahir le Bloc, comme une grosse vague de puissance. Alice retint son souffle alors que je passai mon bras autour de ses épaules. Elle se pressa contre mon flanc, son visage contre mon épaule. Un souffle nous heurta, mais je ne bougeai pas. Nos cheveux volèrent autour de nous et soudain, tout s'arrêta.

Le loup s'immobilisa dans la cage. La puissance de Quinn était chaude et puissante. Le loup luttait contre lui, je pouvais le distinguer de là où j'étais. Quelques secondes plus tard de lutte, Quinn relâcha son emprise et soupira. Alice relâcha son souffle en même temps que le mien. Je caressai doucement sa nuque, glissai mon doigt sur le lien du médaillon. C'était terriblement bon de le sentir là.

Le loup se remit à tourner en rond, s'arrêtant hurlant la gueule grande ouverte. Le cercle reprit et il recommença à se jeter contre les barreaux.

_ Une séance de soin ne suffira pas, soupira Quinn en se redressant. Ce qui l'a traumatisé empêche le loup de se calmer.

_ Il va s'en sortir quand même ? murmura Alice.

Alors qu'elle s'écartait légèrement, sa main se posa sur ma hanche, l'autre sur mon torse.

_ Je ne sais pas, Alice, souffla Quinn. Tout dépend de l'humain. S'il est encore en vie, alors je peux faire quelque chose. Si le loup l'a déjà étouffé... Je ne suis pas sûr de pouvoir le ramener.

Alice hocha la tête, comme si elle comprenait tout ça et c'était sûrement le cas. Elle avait déjà sûrement dû voir un loup en frénésie. Plus d'un d'ailleurs...

_ Rendors-le, souffla Quinn. Qu'il ne se blesse pas.

Alice me lâcha complètement et s'avança vers la cage. Alors que le loup sautait contre les barreaux, la main d'Alice le frôla et il tomba au sol. Sa respiration se fit plus lente.

_ Que fait-on ? murmurai-je.

_ On n'attend, souffla Quinn. Je reviendrai demain matin avec Alice pour le réveiller, et je referai une séance de soin.

Alice se redressa, le visage crispé. Elle était inquiète pour le loup. Quoiqu'il se soit passé, je sentais que cela était lié à elle. Sinon, elle serait restée pragmatique. N'est-ce pas ? À moins que le fait que le loup blessé soit Ezan. Un loup de Nohlan.

_ Qu'est-ce que tu lui fais exactement ? demandai-je.

_ J'essaye de calmer son loup, mais il reste très agité. J'essaye de comprendre sa peur, et de lui dire que tout va bien à présent. Qu'il est en sécurité.

_, Mais parfois il n'entend pas, souffla Alice.

Je la regardai. Elle frotta ses bras doucement. J'avais envie de la prendre dans mes bras. Notre bulle de ce matin me manquait déjà. Tout me manquait alors que cela faisait à peine quelques heures que j'étais loin d'elle.

_ Alice a raison, reprit Quinn. Parfois le loup n'entend pas, parce qu'il fait confiance à ses instincts et que ses instincts lui hurlent qu'il est en danger. L'humain n'a plus sa place et la frénésie reste et s'installe.

Je hochai doucement la tête. Quinn sorti sans un mot de plus du Bloc. Je m'avançai sur Alice et la pressai contre mon torse. Elle noua ses bras dans mon dos et souffla doucement. Je la gardai quelques secondes contre moi.

_ Tu vas bien ? soufflai-je.

_ Je crois, soupira-t-elle.

Je me redressai et pris son visage entre mes mains. Nos regards se croisèrent pour ne plus se lâcher.

_ Fais attention, d'accord ? murmurai-je.

Elle sourit doucement et hocha la tête. Je me penchai sur elle et elle me tendit presque naturellement ses lèvres. Je l'embrassai lentement et me redressai. Elle rouvrit ses yeux, le souffle légèrement court. Je souris. J'aimais l'effet que je lui faisais.

_ Vous allez rester en attendant ? demandai-je en caressant le bord de ses lèvres de mon pouce.

Ses mains se crispèrent sur mes hanches et elle tira sur ma chemise. Qu'elle avait elle-même boutonné ce matin. J'avais trouvé son geste intriguant. Personne ne me l'avait jamais fait. Et... j'avais aimé que ce soit elle qui me le fasse.

_ Je pense, répondit-elle. Nohlan ne voudra pas laisser Ezan tout seul.

_ D'accord.

Je jetai un coup d'œil au loup qui dormait. J'espérais vraiment qu'il aille mieux et que Quinn pourrait faire quelque chose pour lui. Alice nous fit sortir du Bloc. Quinn parlait avec Nohlan, expliquant rapidement la situation. Nathaniel était au téléphone. Il raccrocha et jeta un coup d'œil à Alice qui tenait ma main dans la sienne. Elle dut sentir son regard, car elle pivota vers lui.

_ J'ai une urgence, dit-il. Je dois y aller.

_ La cérémonie démarrera quand la nuit tombera, remarqua Quinn.

Alice me jeta un coup d'œil et je hochai la tête. Oui. Elle pouvait venir. Elle sourit et ce fut un sourire si naturel qu'il me réchauffa le cœur. Mon pouce frôla son menton.

_ Ne sois pas en retard, Basile, remarqua Nathaniel en s'éclipsant.

Je levai les yeux au ciel. Je sentis le regard pesant de Nohlan.

_ Vous pouvez venir à la maison en attendant, reprit Quinn. Le Bloc est sécurisé et au moindre problème, Basile peut venir. Tout comme Alice.

Nohlan fit la moue, regarda le Bloc, puis Alice. Cette dernière s'approcha de lui et le toucha. Il soupira et se gratta les cheveux. Elle lui murmura quelque chose et il hocha finalement la tête. Quinn se mit en marche et je le suivis, laissant Alice rassurée Nohlan.

_ Basile, on ira voir l'endroit que j'ai choisi, souffla Quinn. Pour ce soir. Tu pourras le protéger.

Je hochai la tête. Nous remontâmes à la surface. Un léger vent souffla. La couche de neige était encore plus épaisse j'avais l'impression. Il ne faudrait pas être frisquet pour ce soir. Alice et Nohlan montèrent à l'arrière de la voiture et Quinn nous ramena à la maison. Alors que j'ouvris la porte, je découvris Catherine, attendant de pied ferme dans l'entrée. Elle avait Vu qu'Alice venait. C'était évident. Je poussai la porte et laissai Nohlan et Alice entrer. Quinn entra à leur suite et je refermai la porte.

_ Nohlan, Alice, dis-je, je vous présente Catherine. Ma nièce.

Catherine observa Nohlan qui s'agenouilla à sa portée. Elle sourit et tendit sa petite main. Nohlan sourit et la serra doucement.

_ Enchanté Catherine, sourit-il.

La petite se pencha et frôla quelque chose sur Nohlan. Un médaillon. Son front se plissa et elle le tourna entre ses doigts. J'aperçus une croix d'ici. Catherine fronça ses petits sourcils et tira son médaillon d'Oracle de son pull, le tendant à Nohlan.

_ Il est très beau, souffla Nohlan.

Cathy se tourna vers moi et esquissa quelques signes de langages des sourds et muets que nous lui avions appris avec Izy. Nohlan dut déchiffrer rapidement, car il répondit à ma place.

_ Je ne l'ai pas eu à ma naissance, dit-il. On me l'a offerte, il y a très longtemps.

Qui ? demanda Catherine en signant de nouveau de ses petites mains. Nohlan parlait le langage des signes. Nohlan tendit la main vers Alice et la tira vers lui, pour qu'elle s'agenouille à son tour. Catherine observa Alice. Alice la salua en signant de son côté. Incroyable.

_ Alice me l'a offerte, reprit Nohlan. Et toi, qui t'as donné ton médaillon ?

Catherine sourit et me tira vers elle. Elle me força à m'agenouiller. Habituellement, c'était un des oncles ou tantes de l'enfant qui fabriquait le médaillon. Izy m'avait choisie pour faire celui de Catherine. C'était comme un parrain ou une marraine.

_ Tu es comme un parrain pour elle ? sourit Nohlan en prenant l'analogie de sa religion.

_ On peut dire ça oui, répondis-je.

Catherine était tournée vers Alice à présent. Elles s'observaient toutes les deux. Catherine avait reconnu celle qu'elle dessinait depuis des mois maintenant. Elle tendit une main vers mon médaillon qu'Alice portait autour de son cou. Nohlan regarda leur échange tout comme moi. Avec une pointe d'émerveillement. Alice était l'une des premières sorcières que Catherine rencontrait, en dehors des Oracles. Et je savais que cette rencontre était importante. Je vis Izy entrer dans la maison et s'approcher de nous. Elle observa à son tour.

Catherine ne devrait pas toucher Alice. Je le savais. J'avais vu ce que la vision de Liam avait fait à Alice. Je fis un mouvement quand Catherine leva une main pour toucher Alice.

_ C'est bon Basile, souffla Alice.

Quoi ? Elle pouvait la toucher ? Catherine était spéciale et cela ne m'aurait pas étonné qu'elle soit assez puissante pour toucher Alice sans appeler la Changeuse en elle. Mais je ne voulais pas prendre de risque. Comme si elle avait senti mes pensées, Catherine s'arrêta juste avant de toucher Alice et recula sa main, me regardant.

_ Dis-lui, soufflai-je à Cathy.

Cathy signa rapidement quelque chose. Alice fronça les sourcils et me jeta un coup d'œil.

_ Je ne connais pas ce signe, souffla Alice.

_ Oh... ce signe (je le fis) veut dire qu'elle t'a Vu.

Alice haussa un sourcil. Catherine la regarda encore quelques secondes, puis vint se presser contre moi. Elle posa sa main sur ma joue. Sa vision courut dans mes pensées. Je vis Alice. Je vis une Ombre derrière elle. Je tentais d'y voir plus clair dans les pensées tumultueuses de Catherine, mais elle retira sa main.

Alice et Nohlan se redressèrent en apercevant Izy s'approcher de Catherine et de moi. Je me levai à mon tour, prenant Catherine dans mes bras.

_ Nohlan, Alice, je vous présente Elizabeth, la mère de Catherine.

_ Bonjour, souffla Izy.

Nohlan et Alice la saluèrent. Izy observa attentivement Alice. Cette dernière me jeta un coup d'œil, puis fit un pas vers Izy.

_ Cela fait longtemps que je n'ai pas salué une autre sorcière, ou un autre sorcier à... notre façon, souffla Alice.

Izy sourit doucement et tendit ses mains à Alice. Cette dernière posa ses mains sur les poignets d'Elizabeth. Celle-ci referma son doigt sur les poignets d'Alice. Elles se penchèrent l'une vers l'autre et leurs bouches s'effleurèrent à peine. Leur pouvoir se salua et elles se reculèrent, souriant toutes les deux. Je ne réussis pas à être jaloux, trop heureux de voir Elizabeth accepter Alice. C'était très important pour moi. Izy était ma seule famille ici, en comptant la meute évidemment. J'avais besoin qu'elle apprécie Alice et qu'elle respecte ma sorcière. Il était vrai que je n'avais même pas salué Alice à... la façon des sorciers. Cette idée apporta forcément l'idée de notre premier baiser. Je souris un peu plus alors qu'Izy invitait Alice et Nohlan à s'installer dans la cuisine pour prendre un thé. Je les suivis.

L'après-midi était déjà bien avancée, si bien que la nuit tomba rapidement vu le temps qu'il faisait. Quinn m'emmena à l'endroit où il voulait que nous fassions la cérémonie. Évidemment, je trouvai l'endroit magnifique. Les autres arriveraient bientôt, si bien que je fis rapidement un sort de protection banal. Plus tard, je l'améliorerais pour le rendre plus puissant et que cet endroit devienne mon lieu de retraite et de repos.

Quinn traça plusieurs marques au sol qui semblait être un ancien langage. Sûrement sa langue natale. Il me fit savoir que c'était un sort de protection de l'Ancien temps. Il était tellement vieux. Je l'oubliai parfois. Bientôt, plusieurs loups passèrent. Courant autour de moi.

_ Change-toi, souffla Quinn.

J'abandonnai ma grosse veste et ma chemise. Je frissonnai dans le froid glacial de la nuit. Quinn me donna un pantalon en lin, qui serait bientôt imbibé d'eau.

_ Rappelle-moi de faire ma cérémonie en état la prochaine fois, grognai-je.

J'enfilai le vêtement et de nouveau fut entouré par les loups de la meute. Je pouvais sentir qu'ils déposaient leur odeur sur moi. Je vis Aliyah sous sa forme de louve qui me sauta dessus, ses deux pattes se posant sur mes épaules. Elle me lécha en jappant. J'aperçus Alice, Izy et Catherine en bordure du cercle de protection. J'allais les chercher et les fis entrer une par une. Alice en dernière. Je caressai sa joue, embrassai ses lèvres et retournai au milieu de tous les loups.

Il y en avait bien une centaine à présent. Et je savais qu'ils n'étaient pas tous là. Les lettres de Quinn au sol avaient disparu, remplacés par des traces de pattes de loups. Des centaines ! Plus encore ! J'étais agenouillé sur la neige, me faisant bousculer et pousser, mordiller par des dents de partout, et lécher aussi. Bon sang ! C'était presque affreux, mais je riais à chaque fois, me faisant prendre en traître. Je reconnus Ean et réussit à lui frotter l'arrière du crâne. Aliyah était allongée contre mon dos, me laissant me reposer contre elle. Je n'avais jamais vu autant de loup réuni sous leurs formes animales autour de moi. Je vis Quinn avec les filles de loin. Je croisai le regard brillant d'Alice. Elle répondit à mon sourire.

Ean me sauta dessus et me lécha le visage de long en large. Je le repoussai en riant, attaquée encore une fois par Aliyah, puis par Casey, mais aussi Kaïa et d'autres dont j'avais retenu les noms. Tous je les reconnus.

Soudain, je fus délivrée du poids d'Ean. Aliyah se dressa sur ses pattes à côté de moi, regardant vers son Alpha.

Mon Alpha.

Je me tournai vers lui à mon tour. Le loup de Nathaniel était un peu plus gros que tous les autres, comme si son Alpha était plus imposant que les autres. Tous ses loups se pressèrent contre lui. Grognements. Jappements. J'aperçus Quinn se changer un peu plus loin. Il suivit son Alpha de près, gratifiant tous les loups de son attention. Sa puissance d'Eros était encore plus belle sous cette forme.

Je m'agenouillai parmi les hauts gradés qui se trouvaient autour de moi, conscient de toute l'énergie de la meute qui m'entourait. Je trouvais ça incroyable. C'était comme une source de chaleur à laquelle je pouvais me réchauffer.

Et elle m'entourait.

Me rassurait.

Me protégeait.

Me rendait encore plus fort.

Je ne sentais même plus le froid qui s'était accroché à mon torse un peu plus tôt.

L'Alpha de Nathaniel était noir, mais portait des traces d'argent sur ses pattes. Ainsi que sur son dos. Comme si la lune elle-même avait coulé sur son pelage. C'était magnifique. De longues traînées. Belles et uniques.

Son museau rencontra ma joue alors qu'il se pressait contre mon flanc. Il tourna autour de moi plusieurs fois, m'imprégnant de son odeur. Tout comme les autres loups auparavant. Sa puissance était elle aussi immense et je me noyais dedans à présent. Mon pouvoir d'Air prit forme autour de nous et de la neige se mise à voler dans tous les sens. Mais ce n'était pas violent. C'était doux.

Mon Alpha s'arrêta devant moi. Je croisai son regard. Un marron brillant et vif. Plein de pouvoir. Plein de puissance, d'autorité et de savoir.

Il n'y avait pas besoin de mot ce soir.

Il n'y avait pas besoin de paroles, de gestes.

Seulement un lien qui allait se créer entre nous.

Entre Nathaniel et moi.

Entre son loup et moi.

Entre mon Alpha et moi.

Son museau se pressa contre mon front.

Tous les loups présents se turent.

Un grand silence envahit la forêt.

Soudain, quelque chose de chaud s'enroula autour de moi.

La puissance de Nathaniel.

Au creux de moi, je sentis quelque chose s'établir. Grandir. Naître parmi ma magie.

Ça se solidifia et soudain, la connexion se fit avec Nathaniel.

Je rejetai la tête en arrière alors que son loup renforçait notre lien.

Enfin, je sentis toute la meute.

Mon Alpha rejeta la tête en arrière et se mit à hurler.

Bientôt, un autre hurlement lui répondit.

Et un autre.

Et encore un autre.

Des frissons naquirent sur ma peau alors que je ressentais la joie de toute la meute d'accueillir en son sein un nouveau membre.

Un sorcier.

Quelqu'un qui pourrait les protéger. Tout comme les hauts gradés.

Alors que la connexion s'atténuait, elle resta vive avec Nathaniel. Comme si lui seul alimentait notre lien et ce n'était pas totalement faux.

Je pris une longue inspiration.

Le vent souffla un peu plus fort. Faisant voler les cris des loups.

Les rendants plus sonores.

Les faisant voyagez partout.

Laissant les autres meutes aux alentours sentir la venue d'un nouveau membre dans la meute de Columbus.

J'étais à présent le sorcier de la meute de Columbus.

Un rire de joie monta dans ma gorge.

Mon Alpha me lécha le visage et se remit à hurler.

Je mis mes mains en coupe sur ma bouche et me mit à hurler avec eux. 


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