22. Basile
Son regard fut plus qu'une simple récompense. Elle fut un cadeau. Un cadeau qui réussit à gonfler mon cœur un peu plus. Son visage était-il un peu creusé ? Deux mois... Deux mois que je ne l'avais touchée. Deux mois que je n'avais pas entendu sa voix qui pourtant me hantait chaque nuit. Sa peau était froide, mais vu la façon dont elle avait utilisé son pouvoir cela ne m'étonnait pas. Je pressai mon corps contre le sien. Ses mains s'accrochèrent à mes bras.
_ Bonjour Alice, soufflai-je contre sa bouche.
Elle ferma les yeux et son corps se laissa aller contre le mien. Je sentais son cœur battre à une vitesse folle. Elle répondait à mon contact, comme je le faisais au sien. Si belle. Ma sorcière.
_ Basile, murmura-t-elle.
Je capturai son regard, me sentant revivre alors que mon corps réchauffait le sien. Il fallait que je l'embrasse. Qu'elle se souvienne de ce qu'on avait eu tous les deux. Qu'elle sache que je reviendrais vers elle dès que je le pourrais. Je devais profiter d'elle tant que je le pouvais. Autant que je le pouvais. Ma main dans sa nuque se resserra. Son souffle se coupa dans sa gorge.
Je souris. Mes lèvres frôlèrent les siennes. Elle gémit presque et se leva sur la pointe des pieds, sa bouche écrasant la mienne. Je glissai mon bras dans son dos et le pressai contre moi, répondant à son désir et à son envie.
Elle ne m'avait pas oublié. Elle ne m'avait... pas remplacé ?
Je plongeai ma langue dans sa bouche, cherchant ses gémissements. Cherchant son souffle. Le capturant. La capturant. Je m'écartai doucement sans que ses lèvres n'aient quitté les miennes.
Elle reposa ses pieds à terre, ses paupières lourdes, ses lèvres gonflées. Mon doigt glissa le long de la cordelette autour de son cou. Dans le creux de son décolleté, je trouvai mon pendentif. Le sentiment qui se logea en moi fut d'une telle force que je ne sus quoi dire. La main d'Alice glissa sur ma joue.
_ Tu m'as manqué, soufflai-je.
Mon doigt glissa sur mon médaillon. Elle le portait. Sur elle. Elle l'avait gardé avec elle. Cela voulait tout dire n'est-ce pas ? Alice était à moi à présent. Et j'allais tout faire pour la garder.
_ Attends-moi, murmurai-je alors qu'elle avait perdu sa voix.
Je ne pouvais pas rester. Je devais bouger avec les autres.
_ Tu..., bredouilla-t-elle.
Je posai un doigt sur sa bouche.
_ Je te Vois, soufflai-je contre son oreille.
Elle murmura mon prénom alors que je me reculai. Je pris sa main qui était sur ma joue. Mon regard se posa de nouveau sur le médaillon. Elle ne m'avait pas oubliée. N'avait pas tourné la page. Sa poitrine se soulevait vite, trahissant sa respiration saccadée. Ses yeux brillaient d'un désir sauvage qui me donnait des palpitations. Bon sang, j'aurais voulu la kidnapper, là maintenant tout de suite. Mais un sorcier se tenait au bout de la rue. Et il avait... aidé Alice. Elle devait être là pour lui. Tant que ce n'était pas pour le...
Je souris doucement. La jalousie. Quand elle me tenait, c'était dur de s'en débarrasser. Mes lèvres appuyèrent sur sa main. Son autre main glissa dans mes cheveux qu'elle agrippa doucement. Sa peau douce et chaude était un miracle parmi tant d'autres.
_ Basile ne..., souffla-t-elle.
_ Je dois y aller, l'arrêtai-je en me redressant. Je reviendrais vers toi dès que je le pourrais.
Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais je lui volai un baiser.
La seconde suivante j'étais en haut du toit et courrai après Liam et Elijah. Je sautai d'un toit à un autre, emporté par mes Ombres qui s'enroulèrent autour de moi. Le Chasseur qui avait attaqué Alice était au sol, entouré de Liam, Elijah et un autre Chasseur. Il m'observa et retourna son regard sur le l'homme au sol.
_ Pourquoi étais-tu ici ? souffla Liam.
_ Depuis quand on doit demander la permission ? grogna l'homme.
_ Il a attaqué Alice, dis-je en tirant une dague de ma ceinture.
Elijah posa une main sur mon avant-bras, secouant doucement la tête.
_ Qui t'envoie ici ? souffla Liam en se penchant sur l'homme.
_ Liam, fit Elijah.
_ Vous êtes les baby-sitters des Chasseurs maintenant ? Cracha l'homme. Arkham a bien réussi...
Le poing de Liam s'écrasa sur la joue de l'homme. Mes Ombres glissèrent autour de moi un instant. Il avait blessé Alice. Il méritait de mourir et de souffrir. Rien d'autre.
L'homme cracha son sang sur le côté.
_ Tu as attaqué la sorcière blanche de l'Éthérée, souffla Elijah. Tu seras puni.
_ Bande de connards, cracha le Chasseur.
_ Basile, fit Liam en se redressant.
Je le regardai et souris. Je faillis remercier mon père, mais me contentait d'exécuter ma tâche.
Alors que nous rentrions, Liam agrippa mon épaule et me fit pivoter vers lui. Son regard était un peu plus sombre depuis quelques minutes. Il soupira et se frotta les cheveux. Je fronçai les sourcils et levai mes deux mains devant moi.
_ Laisse tomber, grognai-je. Tu ne comprends pas.
_ Je sais qu'elle n'est pas une personne à qui s'accrocher, répliqua Liam.
_ N'essaye pas d'agir comme un père, Liam, grognai-je en l'écartant.
Il grogna à son tour et me pointa du doigt. Elijah était silencieux à nos côtés.
_ Je suis ton Maître pour l'instant, remarqua Liam, et elle n'est pas...
_ Liam, souffla Elijah.
_ Je ne t'écoute déjà plus, ricanai-je en me tournant vers Elijah. Où est Marina ? J'aimerais la voir.
Elijah baissa son visage vers le sol et soupira. Liam m'avait vaguement expliqué qui était Elijah pour lui, mais je ne comprenais pas vraiment leur lien. Je ne voulais pas comprendre pour l'instant. J'avais peut-être un Chasseur pour père, mais je n'étais pas encore pleinement un Chasseur de mon côté. Je ne voulais pas encore tout savoir sur leur race. Et avec tout ce que m'avait enseigné Liam, j'en savais déjà assez !
_ Chez moi, grogna Liam.
_ Allons-y, j'aimerais la saluer, si on a fini ici.
_ Allez-y, dit Elijah, je m'occupe de l'autre avec Zake.
Liam grogna et hocha la tête. Il posa une main sur mon épaule et il nous transféra. Ce ne fut pas la maison de Liam qui nous apparut. Il neigeait aussi ici. Nous ne devions pas être loin d'Ann Arbor.
_ Où sommes-nous ?
_ Chez Benjamin, fit Liam.
Je le regardai un instant.
_ Tu mets Marina chez l'Alpha de Toledo ?
Il haussa ses épaules et entra dans la maison. Même considérant l'heure qu'il était, il y avait encore beaucoup de personnes debout. Marina, Benjamin, et sa femme supposaient-je, se tenaient debout dans la cuisine. Marina jeta un coup d'œil à Liam, puis elle posa son regard sur moi. Elle fronça ses sourcils et s'approcha. Elle caressa le cuir de ma tenue, les yeux légèrement brillants.
_ Tu vas bien ? soufflai-je en l'enlaçant doucement.
Je laissai ma magie la frôler, sentant la petite énergie qui grandissait en elle. Tout allait bien.
_ Oui, répondit-elle en m'écartant pour m'observer de haut en bas. Tu as eu un entraînement intensif dis-moi...
Elle tâta mon bras et jeta un coup d'œil à Liam.
_ Tu l'as laissé respirer au moins ? dit-elle.
Il fit la moue. Elle retint un sourire. J'étais content de la voir. Croiser Alice et voir Marina. J'étais rassurée. Les femmes que j'avais laissées derrière moi étaient relativement en sécurité. Pour Marina, j'en étais sure. Pour Alice, un peu moins. J'avais senti quelque chose. Quelque chose qui n'aurait pas dû être là. Si présente. Si... attirante. Cette noirceur que j'avais à peine sentit. Juste avant qu'elle ne comprenne que c'était moi. L'un des derniers dessins de Cathy avait été Alice.
Alice dont le visage serait recouvert de marques noires et caractéristiques d'une race en particulier. Je n'y avais prêté attention jusqu'à ce que Cathy tente de brûler le dessin, comme si elle avait eu peur que quelqu'un ne le voie. C'était bien la première fois qu'elle tentait ça... Quinn lui avait évité une brûlure d'ailleurs. Izy avait été légèrement perturbée par le comportement de sa fille. Je n'avais été mis au courant que quelques jours après et Cathy était redevenu sage et calme. De qui avait-elle eu peur en dessinant Alice ? Je ne savais pas. Et je voulais le découvrir.
_ Oh ! s'exclama Marina. Alexia, voici le fameux Basile. Basile voici Alexia, la femme de Benjamin.
Je regardai la femme qui me tendit sa main en souriant chaleureusement.
Je l'avais déjà Vue. Je l'avais déjà vu dans une de mes visions. Laquelle ? Je regardai Benjamin. Je n'y avais pas prêté attention, mais il ressemblait terriblement à Gabriel Kalagan.
_ Vous... vous êtes les parents de Gabriel Kalagan ? soufflai-je.
Alexia échangea un regard avec Benjamin et hocha prudemment la tête.
Je m'excusai et serrai sa main, m'inclinant légèrement.
_ C'est un plaisir de vous rencontrer. Liam m'a dit que vous étiez un couple très... intrigant.
_ Il n'a pas dit ça, fit Benjamin en haussant un sourcil.
Alexia jeta un coup d'œil à Liam qui lui sourit alors qu'il caressait la joue de Marina. Cette dernière se lova contre sa main. Ce n'était pas devant tout le monde que Liam avait ces gestes de tendresse. Et ce n'était pas avec tout le monde... avec personne à vrai dire. Seulement Marina. Elle était la seule à avoir droit à cette facette de Liam. Et moi quand il me mettait des claques, sûrement.
Je tendis une main à Benjamin. Il la serra rapidement et posa une main sur l'épaule de son épouse. Sa compagne je supposais aisément en voyant leur manière de bouger face à l'autre.
_ Ton père est un idiot, fils, sourit Benjamin. Habitue-toi !
Je ris doucement.
_ Effectivement, acquiesçai-je.
Je me pris une tape sur l'arrière de la tête. Je grognai doucement.
_ Ne fais pas le malin, gamin, siffla Liam.
Marina le repoussa en marmonnant et m'invita à venir m'asseoir avec elle dans le canapé. Elle secoua doucement la tête quand je l'aidais à s'asseoir. Les trois autres se mirent à parler à voix basse dans la cuisine.
_ Il te traite bien j'espère, souffla Marina.
Je me frottai la tête.
_ Il ne me doit rien, tu sais, murmurai-je. Il n'avait pas à faire tout ça et...
Elle posa une main sur ma bouche et secoua doucement la tête.
_ Ne pense pas ça Basile. Il ne s'écarte pas de moi à cause de toi.
Je regardai Marina un instant, puis mon regard descendit sur son ventre qu'elle caressait doucement.
_ On s'adapte tous de la manière qu'on peut, souffla-t-elle. Toi comme Liam.
_ Ou toi, ajoutai-je.
Elle caressa ma joue et se racla la gorge.
_ Tu vas me faire pleurer avec ces foutues hormones, ronchonna-t-elle.
Je ris de nouveau.
_ Raconte-moi, reprit-elle. Tu es bien installé chez Nathaniel ?
Je hochai la tête et mis à discuter avec elle sur les derniers jours, lui parlant de Izy et de Cathy. Elle sembla heureuse d'entendre que tout allait bien et que je ne faisais pas de bêtises. Les bêtises arriveraient bien assez tôt. Je voulais revoir Alice. Sa peau, son corps. Tout chez elle m'appelait. Et à présent que je l'avais touchée, j'avais l'impression que l'envie s'était multipliée par centaine. Encore et encore. Comme une bête vorace qui grandissait en moi sans que je puisse y changer quelque chose. Et elle avait mon médaillon. Elle l'avait gardé avec elle. Ce geste à lui tout seul était tellement important.
Alors que Marina commençait à bâiller, Liam alla la coucher. Elle répliqua qu'elle n'était pas une enfant, mais se laissa faire. Je m'approchai de la cuisine.
_ Votre fils a un brillant futur, soufflai-je.
Benjamin m'observa un instant. Je vis les nombreuses connaissances qu'il avait derrière ce regard vif et tranchant.
_ En effet, sourit Alexia. Et toi, Basile, fils de Liam et Descendant d'une lignée de Maîtres des Ombres puissantes et d'Oracles puissants apparemment... est-ce que ton futur est brillant ?
Je souris et m'inclinai doucement.
_ Je l'espère, murmurai-je.
_ Essaye de ne pas faire de bêtise, remarque Ben. Si tu es comme Liam. Et ne collectionne pas les dettes, d'accord ? On en a assez d'un. Je n'ai plus l'âge pour faire le malin.
Alexia rit, un rire qu'elle devait garder pour les plaisanteries salaces, car Benjamin lui mordit doucement le cou en grognant. Alexia n'était pas une louve et pourtant, elle en avait le comportement. C'était... intrigant à voir. Même si Liam avait utilisé le mot étrange.
Je les saluai alors que Liam revenait. Il remercia le couple et me fit sortir dehors.
_ Rentre chez Nathaniel, souffla-t-il.
_ Nouveau test demain ? m'enquis-je.
Liam fit un geste de la main. Je soupirai et disparus.
Alors que je finissais ma série de cent pompes, Cathy entra dans la véranda. Vu la couche de neige dehors, il était hors de question d'aller courir. Je faisais donc des exercices de musculation. Cathy sauta sur mon dos pendant que je terminai mes dix dernières pompes.
Elle émit le petit son qu'elle faisait quand elle riait, tapant mon dos comme si j'étais un cheval. Je finis mes pompes et l'agrippai par son t-shirt. Je la fis bascule dans mes bras et la chatouillai.
_ Elle pourrait mourir de rire cette petite, remarqua Izy en venant s'installer à la table.
Elle posa la petite valise de dessin de Cathy et posa un livre. Je crois que Quinn lui prêtait des bouquins. Je relâchai Cathy qui sauta sur une chaise pour ouvrir sa valise. J'attrapai ma serviette et m'essuyai les épaules, le cou et le torse.
_ Es-tu obligé de faire tous ces exercices ? souffla Izy. Je te plains.
_ J'entretiens mon corps, remarquai-je. Pour vous protéger. D'accord ?
_ Argument valable, rit-elle.
Je m'agenouillai à ses côtés quand son regard s'assombrit alors qu'elle observait sa fille.
_ Vous aurez une meilleure vie ici, soufflai-je. Plus que tu ne peux l'imaginer maintenant.
Elle hocha la tête et tenta un sourire. Je lui répondis et déposai un baiser sur sa bouche.
_ Tout ira bien, dis-je.
Cathy se dressa sur ses genoux et me tendit sa bouche. Je déposai un baiser sur la sienne aussi et m'étirais pendant quelques secondes. Soudain, Cathy me tendit un dessin. Je lui pris et elle retourna à sa place. Il représentait Alice.
Elle était appuyée sur le bord de sa fenêtre. Tout était dessiné grossièrement, mais je pouvais la reconnaître. Et la marque de mon médaillon s'était déplacée sur son cou. Comme elle le portait. Il y avait une trace de main sur son épaule. Comme si quelqu'un d'invisible était derrière elle, mais que Cathy n'avait pas pu dessiner la personne. Si c'était moi, il était normal qu'elle ne puisse pas le faire. Si ce n'était pas moi, Alice avait quelqu'un qui la suivait, mais qui était invisible à nos yeux pour l'instant. Parfois, il ne fallait pas chercher trop compliqué pour interpréter les dessins de Cathy. Je montai dans ma chambre et rangeai le dessin dans la caisse où j'avais rangé tous les dessins de Cathy que j'avais pu récupérer autant en France que ceux qu'elle avait faits ici depuis notre arrivée. Le changement de quartier ne semblait pas la troubler et au fond, je savais qu'elle avait vu la décision de sa mère et qu'elle l'avait compris d'une certaine façon. Alors, elle l'acceptait tout simplement.
Je pris une rapide douche, enfilai une tenue basique et rejoins Quinn qui préparait le repas de ce midi.
_ Tu bouges ? dit-il en s'occupant de la viande.
_ Je vais rendre visite à quelqu'un, remarquai-je.
J'avais bien trop attendu. Ce n'était plus qu'une question de temps pour que je perde le contrôle tellement le manque devenait prégnant et fort au centre de mon corps. Je bouillonnai et même les séances de sport que Liam m'infligeait ne suffisaient plus à m'épuiser.
_ Tu sais que je... sais de qui tu parles, n'est-ce pas ? remarqua Quinn.
_ Tu peux t'occuper des filles ? soufflai-je.
_ Comme si c'était une question à poser, grogna l'Eros de ma meute.
Je lui mis une frappe dans l'épaule avant de disparaître.
Je réapparus dans un salon. L'énergie d'Alice n'était pas loin. Je crois qu'elle était à l'étage. Bon sang... trop de tentation d'un coup ? Était-ce une bonne idée ? Je frottai mes cheveux avant de grimper lentement les escaliers. Ma main glissa sur le bois, mes Ombres se rétractant doucement. Liam m'avait appris à les faire complètement disparaître, ne laissant rien filtrer de mon être. Ma sœur n'était pas apparue depuis que nous avions quitté la France. La porte de sa chambre était entrouverte. Je la poussai, mais personne n'était là. Prenant une grande inspiration, je poussais jusqu'à la salle de bain.
Je me figeai. Il y a du verre éclaté et du sang un peu partout.
_ Alice ! criai-je en sortant de la salle de bain, le cœur battant à vive allure.
Que s'était-il passé ? Que lui était-il arrivé ?
Je n'avais rien vu ! Rien sentit ! Ce n'était pas possible.
J'avais l'impression que le sol s'effondrait sous mes pieds.
Alors que je sortais de la chambre, nous nous rentrâmes dedans. Je la rattrapai en passant mon bras dans son dos et la plaquai contre moi. Elle me regarda avec de grands yeux.
Je regardai si elle allait bien. Elle bredouillait mon prénom. Je pris son visage entre mes mains.
_ Tu vas bien ? dis-je le souffle court.
Je la reculai un instant ; l'observant. Des bandages sur ses pieds nus attirèrent mon attention. Voilà ce que je n'avais pas vu quand je l'avais croisée hier soir. Ses bandages sur ses poignets et les griffures sur ses mains.
_ Bordel, soufflai-je. Que s'est-il passé ? Quelqu'un t'a attaqué ?
_ Basile tout va...
Je la pris dans mes bras et la déposai sur son lit. Je m'agenouillai devant elle.
_ Ce n'est rien, Basile ! s'exclama-t-elle alors que je retirais les bandages de ses pieds.
Elle frémit quand je frôlai sa cheville. Les coupures n'étaient pas belles.
_ J'ai glissé, dit-elle en faisant la moue. Personne ne m'a...
_ Chut, ordonnai-je.
Je passai ma main au-dessus de son pied. Les coupures se refermèrent alors que ma magie glissait sur la peau d'Alice, la soignant. Elle soupira d'aise, s'accrochant à mes épaules. Je m'occupai de son second pied.
_ Tu n'es pas obligé de..., commença-t-elle.
Mais mon regard l'arrêta. Elle se figea alors que je prenais ses mains entre les miennes. Je défie les bandages et laissai ma magie opérée. Bientôt, sa peau fut belle et sans coupure. Je soupirai doucement et mes épaules se relâchèrent.
_ En voyant ta salle de bain, j'ai cru qu'on t'avait attaqué, bon sang.
Je me frottai les cheveux, nerveux et surtout effrayé par la sensation qui m'avait pris à la gorge quand j'avais cru qu'on l'avait attaquée. Merde alors.
_ Ma salle de bain..., souffla Alice.
Elle sembla se rappeler de quelque chose et son visage s'assombrit. Elle secoua doucement la tête, mais j'étais déjà nez à nez avec elle. Elle se figea, son souffle se coupa. J'aimais tellement sentir l'impact que j'avais sur elle. Mes mains étaient déjà sur ses cuisses, ma bouche non loin de la sienne.
_ Ne me refais jamais un coup pareil, sorcière, grognai-je.
Elle déglutit.
Soudain, la peur passée, je me rendis compte à quel point j'avais envie de savoir si elle allait bien, si tout allait bien. Et si j'avais toujours cette sensation de plénitude quand je lui faisais l'amour. Et bon sang, j'avais envie de lui faire l'amour.
_ Tu veux bien de moi, Alice ? murmurai-je en embrassant le bord de ses lèvres.
Elle rougit. Mes mains glissèrent sur ses côtes. J'aurais aimé lui enlever tous ses vêtements et ne pas lui poser de question. Ce n'était pas le moment des questions.
Deux mois que je rêvais d'elle.
De son corps.
De sa peau.
De sa chaleur.
De ses gémissements.
Et j'étais au bord de la folie.
Au bord de la folie si elle se refusait à moi.
Si elle me repoussait.
Je deviendrais fou.
Parce que j'avais besoin d'elle et parce que je ne pouvais plus me passer d'elle.
_ Alice, soufflai-je contre sa bouche.
Elle avait fermé ses yeux, ses mains cramponner à mes épaules. Je glissai entre ses jambes et la ramenait vers le bord du lit, la pressant contre moi. Elle se laissa faire, presque malléable entre mes bras. Et bon sang... j'aimais ça.
Je savais que je devais poser des questions sur le bordel de la salle de bain.
Je savais que je devais lui poser des questions sur le fait que son avenir était sombre.
Je savais... je savais tout ça.
Mais pour l'instant, pour l'instant je voulais juste plonger en elle. Me perdre en elle. Pour quelques heures. Juste quelques heures.
Un de mes bras entre nous se faufila jusqu'au creux de son cou.
_ Tu as pensé à moi ? soufflai-je contre sa joue.
Elle se pressa un peu plus contre moi. Mes doigts coururent sur mon médaillon.
_ Moi j'ai pensé à toi, murmurai-je. Tous les jours. Toutes les heures.
Elle gémit doucement alors que ma bouche frôlait la sienne.
_ Je t'ai manqué ? ajoutai-je, la voix sombre.
Ses mains glissèrent dans mes cheveux et serrèrent.
_ Tu m'as tellement manqué, Alice, soufflai-je. C'était une torture. Une torture...
Je laissai ma langue frôler ses lèvres.
Son gémissement m'atteint jusqu'au creux du ventre.
J'avais tellement envie d'elle.
_ J'ai envie de toi, Alice, grognai-je contre sa bouche. Tellement envie.
Elle voulut toucher ma bouche de la sienne, mais je la retins un instant.
Elle rouvrit ses yeux, ses yeux remplis de désir. Le souffle court. La poitrine se soulevant rapidement.
_ Tu veux bien de moi, Alice ? répétai-je.
Mon regard devait être aussi fiévreux que le sien.
_ Toujours, finit-elle par haleter. Je t'en prie... embrasse-moi.
Mon prénom s'échappa de ses lèvres presque comme un sanglot.
Je fondis sur sa bouche.
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