22. Alice
— Tu m'as manqué.
Son souffle contre mon visage, l'un de ses doigts sur le médaillon que je portais. Son médaillon. Celui que je n'avais pu me résoudre à ranger avec celui de Robin. Pourquoi ? Parce que tous les deux n'avaient pas du tout la même... valeur à mes yeux.
Celui de Basile... Celui de Basile, en le portant, c'était comme si je me déclarais comme sienne. Comme si je montrais à tous les surnaturels que je lui appartenais. Et je le gardai autour du cou en sachant cela. Je l'effleurai presque tous les jours, le tenant parfois dans ma paume parce que ça me semblait important de le faire, de lui donner de la chaleur.
Ma main était sur sa joue. Je sentais sa barbe naissante et j'avais envie d'y frotter mon nez. Cette pensée aurait pu me faire rougir si je n'avais pas déjà compris qu'il partait.
— Attends-moi, dit-il dans un murmure que j'étais la seule à pouvoir entendre.
L'attendre ?
Ne comprenait-il pas ? Ne comprenait-il pas que je l'avais attendu inconsciemment pendant presque deux mois ?
— Tu.., bredouillai-je, essayant de ne pas me laisser aller.
Son doigt se retrouva sur mes lèvres, les pressant doucement. Mon souffle se coupa complètement et je fus incapable de respirer.
Voilà le pouvoir que cet homme avait sur moi.
— Je te Vois, souffla-t-il contre mon oreille.
Ma bouche s'ouvrit et son prénom m'échappa. Avec lui, tout m'échappait. J'aurais même pu oublier de respirer tant sa présence était... bon sang... il était... Basile était...
Il se recula et attrapa ma main qui était sur sa joue. Son regard glissa de mon visage à son médaillon.
N... notre médaillon maintenant. Il avait été à lui, une... part de lui presque et maintenant, il était à moi. Parce qu'il me l'avait donné. Parce qu'il me l'avait offert. Et tout ce que cela voulait dire était... que je lui appartenais.
Je n'avais pas refusé.
Je ne lui avais pas rendu.
Je le portais.
Autour de mon cou. Visible pour tous. N'importe quel Oracle qui serait venu ici aurait compris.
J'avais si chaud soudain ! Mon corps me faisait mal. Parce que je voulais qu'il me touche. Je voulais que Basile me touche et me possède. Complètement. Je ne voulais pas... je ne voulais pas d'un autre.
Basile remarqua Aaël derrière nous et quelque chose de sombre passa dans son regard. Mais il finit par sourire doucement, presque... tendrement.
Sa bouche sur ma main.
Mon autre main dans ses cheveux. Si doux, si... sombres. Je les agrippai doucement. J'avais envie qu'il m'embrasse. Encore une fois.
— Basile ne...
Ne pars pas ?
Ne me laisse pas ?
Ne reviens pas ?
Que voulais-je lui dire ?
Que pouvais-je lui dire ?
Ne... pars pas ?
Ne... me quitte pas une deuxième fois... ?
— Je dois y aller, me coupa-t-il en se redressant. Je reviendrai vers toi dès que je le pourrais.
J'ouvris la bouche, mais il me vola un baiser avant de disparaitre. Je le sentis non loin de moi. Au niveau du toit.
Avec Liam et Elijah.
Même s'il n'était plus juste devant moi, je ne pouvais calmer les battements de mon cœur. C'était impossible.
Je n'avais plus besoin de fermer les yeux pour l'imaginer.
Parce qu'il était là.
Il était revenu ?
Basile... il était... revenu.
Et je n'arrivais pas à me dire que c'était une très, très mauvaise chose. Surtout maintenant. Surtout avec le Vengeur qui était ici et mes scellés qui tenaient miraculeusement. Avec Basile... ma chute serait accélérée. J'allais perdre mes ailes beaucoup plus vite que prévu.
Mais je n'arrivais pas à avoir peur. Je n'arrivais pas à m'inquiété. Pas alors qu'il était là et qu'il allait revenir.
— Attends-moi.
Mon cœur eut un loupé alors qu'Aaël arrivait juste à côté de moi. Je regardai ma main. Celle qui avait caressé la joue de Basile.
Je lui avais manqué. C'est ce qu'il avait dit n'est-ce pas ?
Je lui avais manqué.
— Tout va bien, Alice ?
Aaël voulut me toucher, mais je m'écartai légèrement. Je... je ne voulais pas qu'un homme me touche après Basile. J'avais déjà eu cette réaction avec Nathaniel. La première fois que nous nous étions embrassés.
Dans cet ascenseur.
La sensation et tous les sentiments étaient encore là, en moi.
— Et puis merde, jura-t-il en français.
Sa main se retrouva sur ma nuque et il me ramena tout contre lui. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Une caresse. Un souffle. Une demande.
Je ne respirai plus. Je ne pensais plus.
Et ses lèvres furent sur les miennes.
Douces et chaudes.
Brûlantes et vivantes.
J'inspirai doucement, difficilement surtout. Penser à Basile c'était... comme être pleinement vivante. Être avec lui était dangereusement grisant.
Mais ce n'était pas le moment de penser à cet Oracle qui finirait par me prendre bien plus que ma raison, si ce n'était pas déjà fait.
Je regardai Aaël et levai la main pour essuyer le sang qui lui restait sur le visage.
Chacun de mes Huit était précieux à mes yeux. Et ils avaient plus que mon simple respect ou que ma simple reconnaissance.
— Fais attention, Aaël, d'accord ?
Il me sourit tendrement. Oui, il était si jeune parfois. J'écartai ma main de son visage et observai le papillon sur son épaule qui s'envola et disparut dans la nuit.
Heureusement pour nous, Balthazar avait toujours été d'une patience incroyable.
— Allons-y.
Je remarquai Zake, légèrement dans l'ombre d'une petite ruelle adjacente. Il m'observait et je sentis sa magie au sol, qui courrait tout autour de nous, comme s'il cherchait à trouver quelqu'un. Un Chasseur avait-il réussi à s'en sortir ?
Je me penchai légèrement en avant pour le remercier. Il était beaucoup plus vieux qu'il n'y paraissait. Peut-être même plus que le Maître des Ombres psychopathe.
Tout était dans ses yeux.
Ils parlaient pour lui. Ils criaient leurs savoirs et leurs connaissances d'un monde que ce Chasseur connaissait sûrement très bien.
Un léger sourire flotta sur ses lèvres quand il me rendit ma révérence.
Elijah atterrit à mes côtés tel un chat et se redressa légèrement :
— Il n'est pas bon de traîner dans les coins sombres, Alice, dit-il.
— Peut-il y avoir pire que les Dédales, louveteau ?
Il sourit.
Elijah était la lumière des Dédales. Celui qui arrivait à éclairer les monstres qui vivaient en bas.
— Ne traîne pas ici, ils n'étaient pas les seuls Chasseurs.
— Je n'aime pas l'idée que vous laissiez des Chasseurs jouer sur le territoire de Nohlan, répliquai-je doucement, sans aucune animosité.
Je regardai dans la direction de Zake, mais il avait déjà disparu. Ce Chasseur avait quelque chose de fascinant en lui.
— Ne t'inquiète pas. Je ne laisserais rien de mal arriver à mon Alpha.
— Je sais.
Il pencha légèrement la tête avant de se figer totalement. Il devait sûrement percevoir ou sentir quelque chose.
Les Chasseurs étaient une race qui ne m'avait jamais réellement inspiré confiance, mais Elijah, tout comme Amalia, étaient différents. Peut-être était-ce parce qu'ils portaient des loups en eux. Je n'aurais vraiment su le dire. Liam aussi était différent des autres, mais il n'aurait jamais ma confiance, même s'il nous avait aidés plus d'une fois.
— Bonne soirée, Alice, dit Elijah avant de disparaître à son tour et c'est comme s'il n'avait jamais été là.
Je pris le bras que me tendait Aaël et nous nous enfonçâmes dans l'obscurité avant d'entrer dans ce qui ressemblait à un vieil entrepôt.
Je pouvais sentir sans aucune difficulté la magie de mon Troisième courir un peu partout ici. C'était comme si elle était vivante et qu'elle suivait un chemin précis et ininterrompu. Le flux était puissant et je pouvais le sentir en ayant à peine besoin de me concentrer dessus. La magie de mes Huit était reconnaissable entre mille à mes yeux. Et cela pouvait presque s'apparenter aux auras. Chaque personne avait sa propre couleur, sa propre aura et Elijah aurait pu témoigner de cela.
Chaque flux de magie de mes Huit avait une couleur bien précise. Celle de Balthazar était violette tachetée d'un noir très sombre. Et celle d'Aaël, qui était à côté de moi, était d'un bleu lagon splendide. Et bien sûr, même sans cette indication, la puissance même de leur magie parlait pour chacun d'entre eux.
Balthazar était d'un niveau bien supérieur à Aaël, mais il était aussi beaucoup plus vieux. Il comptait quelques siècles à son compteur, mais aucun n'était aussi vieux que Nazir.
Il faisait excessivement noir ici, mais Aaël me conduisait sans même hésiter une seule seconde. Il finit par s'arrêter et je tendis ma main pour attraper la rampe d'un escalier qui descendait. Je passai la première, mon Sixième dans mon dos.
Et je traversai le glamour placé là par Balthazar. Et soudain, il y eut des rires, de la musique et beaucoup, beaucoup de monde.
C'était comme se retrouver dans un autre monde, un monde totalement en décalage avec la réalité. Le siècle présent semblait très loin derrière nous quand on voyait les surnaturels présents dans cette immense pièce.
Ils portaient tous des robes et des costumes qui dataient des années cinquante, peut-être même quarante. C'était assez incroyable à voir pour tout avouer, mais pas nouveau.
Balthazar aimait vivre ainsi. Il aimait vivre dans des époques depuis longtemps révolues. C'était son petit plaisir. Et celui de bien d'autres gens comme tout cela en attestait.
La musique était rythmée et beaucoup de monde dansait. C'était entraînant. Pas entêtant. Je n'avais jamais aimé ce genre de chose. Je ne détestais pas être entourée, mais c'était toujours différent d'être dans une meute et dans une espèce d'orgie de sorciers.
Aaël soupira doucement et je souris. Lui aussi n'aimait pas vraiment tout ça. Balthazar était sûrement le seul. Quoique... Nazir aimait bien l'extravagance lui aussi. Ça collait tellement bien aux personnages qu'ils incarnaient tous les deux.
J'avançai parmi tous ces gens, tout cela dans le but de trouver Balthazar qui devait être quelque part, attirant toute l'attention sur lui, comme toujours lors de ce genre de soirées, c'est-à-dire presque tous les soirs. Les vieux sorciers faisaient rarement dans la demi-mesure.
Ils aimaient qu'on parle d'eux.
Ils aimaient être le centre d'intérêt et se fichaient bien d'être ridicules ou non. Balthazar en était la preuve vivante. Rester dans l'ombre, lui ? Jamais.
Aaël resta quelques pas derrière moi alors que nous évoluions doucement. Les sorciers dansaient et certains s'adonnaient à quelques légers tours de magie. Dans les coins sombres, il y avait les plaisirs de la chair. Succube et Incube ne se retenaient jamais de faire ce que bon leur semblait.
Ici, il n'était pas rare qu'il y ait plus de magie noire que de bonne magie. C'était souvent ce qui arrivait dans des lieux où plaisir, luxure et douleur se confondaient. Je savais que Balthazar gérait très bien et que rien ne dérapait jamais. Il n'oubliait jamais que la sécurité de l'Éthérée passait avant tout le reste.
Mes Huit ne devaient jamais, jamais oublier cela. Sinon, ils ne me seraient plus d'aucune utilité.
Un sorcier surgit devant moi et me fit une courbette un peu exagérée. Il me tendit sa main avec un sourire espiègle.
Je secouai doucement la tête et il me souffla un baiser avant de disparaitre. Je l'observai attraper la main d'une sorcière et la faire tournoyer sur elle-même.
Il y avait quelque chose qui se dégageait de tout ça... c'était assez incroyable. Je pouvais sentir le Mal à l'œuvre, je pouvais sentir la magie noire qui circulait un peu partout, mais ici, c'était comme si tout cela avait sa place.
Je venais rarement, parce que j'avais peur de m'y perdre. J'avais peur d'oublier ce que j'étais et surtout, ce que je ne serais plus très bientôt.
Voilà pourquoi j'évitai ce genre d'endroit. Mais ce soir, je n'avais pas le choix. Ce soir, un de mes Huit voulait me voir et il ne m'aurait jamais demandée sans une raison valable. Je connaissais Balthazar comme je connaissais chacun des membres de mon cercle, et j'avais une confiance quasi absolue en eux.
Il me demandait ? Je venais. C'était aussi simple que cela.
La musique cessa alors et les lumières se firent beaucoup moins vives, soudain. Aaël se retrouva dans mon dos comme s'il avait senti un quelconque danger.
Pendant presque une minute, plus personne ne bougea, même s'il y avait des murmures un peu partout.
Et des gens entrèrent dans la salle en courant, presque nu, des masques sur le visage. Ils se mirent à exécuter des sauts et des sortes de danses vraiment étranges.
Des rires.
Des cris.
Et la musique reprit de plus belle, plus entraînante, plus puissante aussi.
Quelqu'un attrapa alors ma main et je me retrouvai noyée dans la foule. Mon regard se posa sur un masque bien étrange. Il recouvrait le visage du sorcier qui me tenait, mais c'était un masque sans réelle expression et je pouvais voir une partie de la bouche de l'homme.
Il souriait tranquillement alors qu'il se calait sur le rythme de la musique.
La main de Balthazar sur ma hanche était chaude et les effluves de son parfum m'enveloppaient.
— Bonsoir petite sorcière de glace, dit-il avec un sourire.
Balthazar était celui qui me donnait le plus de surnoms possible. Cela l'amusait. Moi, je m'en fichai bien.
— Toujours dans l'extravagance, n'est-ce pas ?
— Tu me connais. Le monde m'ennuie. Alors, je le rends plus intéressant.
Il me fit tournoyer, me ramena contre lui. Nous étions complètement en décalage cette fois-ci, mais cela ne semblait pas du tout le déranger.
— Pourquoi suis-je ici, Balthazar ? demandai-je, n'y allant pas par quatre chemins.
J'étais patiente, mais je ne voulais pas m'attarder ici. Pas dans un endroit comme celui-là. Trop risqué. Beaucoup trop dangereux.
— Ma compagnie te déplaît, Lili ?
Je levai les yeux au ciel et il se pencha, son visage au niveau de mon oreille :
— Observe attentivement, Alice. Observe.
Je fronçai les sourcils devant sa demande. Mais je le fis. Avec mes yeux, mais aussi avec ma magie.
Il y avait des sorciers. Et dedans, des Succubes et des Incubes.
Leur flux de magie était légèrement différent et beaucoup de chaleur sexuelle s'en dégageait. Ce qui réveilla mon appétit pour un certain Oracle. Je soufflai doucement par le nez ; était-ce vraiment le moment de penser à Basile De Turenne ?
Je sentis quelques loups, aucun de la meute de Nohlan, mais ils étaient sur la toile de l'Éthérée. Ils n'étaient pas nombreux, à peine quatre ou cinq, mais c'était assez étonnant de les trouver ici.
— Je ne...
Des Chasseurs. Plus nombreux que les loups. Pas loin de huit. Ils n'essayaient même pas de camoufler ce qu'ils étaient.
— Concentre-toi, petite lumière.
Il nous fit tourner et mon corps effleura celui d'un autre danseur.
J'inspirai et me concentrai, cherchant quelque chose de différent. J'oubliai les Chasseurs, j'oubliai la nature même de chaque personne présente ici.
Et je sentis enfin quelque chose. Quelque chose de sombre, de mauvais...
Ça entachait certains pouvoirs. Une ombre. Une masse.
— Quelque chose se propage chez certains sorciers et certaines sorcières. Pas sur tous, dit Balthazar.
Oui. Il n'y en avait que quelques-uns. Une dizaine, un peu plus peut-être. Ce n'était rien, et pourtant... pourtant...
— Une vieille technique pour un vieux sorcier.
Oui. Et je reconnaissais cette trace de magie.
Le Vengeur.
Il essayait de remonter à la base de la toile. Il essayait de remonter à mes Huit en passant par des sorciers.
En passant par les leurres.
Il était bien plus intelligent et bien plus rapide que ce que j'aurais pu penser. Et cela n'était vraiment pas bon.
— Il y a un monstre à tes trousses, Alice. Fais attention, parce qu'il est bien déterminé à te dévorer.
J'ouvris la baie vitrée donnant sur l'océan et m'avançai sur le balcon alors que la neige avait enfin cessé de tomber. Il était un peu plus de onze heures et je commençai à ressentir une légère fatigue. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit et n'arriverai pas à dormir de toute façon.
Je savais que cela aurait dû être à cause du fait que le Vengeur avait choisi un bon moyen pour tester mon œuvre, mais il n'en était rien.
Je ne pensais qu'à un seul homme.
Je ne pensais qu'à un seul sorcier.
Un Oracle Maître des Ombres.
Je n'arrivais plus à penser à autre chose. Il hantait chacune de mes pensées. Il était partout. Et bon sang... je crevais d'envie d'aller sur le territoire de Nathaniel pour le voir.
Mes mains en tremblaient et j'aurais aimé pouvoir mettre cela sur le compte du froid, mais il n'en était rien.
Il m'avait manqué lui aussi.
Terriblement.
Et quand je l'avais vu, quand j'avais senti que c'était lui... j'avais... j'avais... Mon cœur avait presque cessé de battre.
Bon sang. Je passai une main sur mon visage, essayant de me ressaisir.
Me ressaisir ? Quelle idée stupide quand il s'agissait de Basile !
Il fallait que je m'occupe l'esprit. Il fallait que je pense à autre chose qu'à lui. Il fallait juste que je l'oublie un moment.
Je retournai à l'intérieur et passai la demi-heure suivante à arroser mes plantes. J'aimais faire cela sans utiliser la magie. J'aimais m'occuper de mes plantes quand je le pouvais. C'était une façon d'oublier. De tout oublier.
Même un certain Oracle bien trop sexy pour mon propre bien.
Agenouillée devant mon yucca que j'affectionnai particulièrement, un cri résonna dans tout l'appartement.
— Alice !
Était-ce... la voix de Basile ?
Je me redressai et me retrouvai à l'étage. J'allais sortir de ma chambre, mais j'heurtai l'Oracle. Son bras se retrouva dans mon dos et il me plaqua contre lui sans me laisser le temps de comprendre qu'il était bien là, chez moi et qu'il me tenait tout contre lui, contre sa chaleur et son corps.
Je levai la tête vers lui, les yeux légèrement écarquillés, ne comprenant pas la peur que j'avais perçue dans son cri. Il prit mes joues en coupe et m'observa :
— Tu vas bien ? demanda-t-il le souffle court.
Il me tint à bout de bras et survola mon corps des yeux. Je vis la colère et la peur quand il vit les bandages :
— Bordel, que s'est-il passé ? Quelqu'un t'a attaqué ?
Pourquoi est-ce qu'il...
— Basile tout va...
Il me souleva dans ses bras et en quelques enjambées, fut devant le lit. Il m'y déposa et s'agenouilla juste devant moi.
Trop près. Il était trop...
— Ce n'est rien, Basile ! m'exclamai-je alors qu'il s'affairait à retirer les bandages au niveau de mes pieds.
Je frémis sous son contact. Bon sang...
— J'ai glissé. Personne ne m'a...
— Chut, ordonna-t-il dans un grognement sourd.
Sa magie entra en action et je la sentis jusqu'aux tréfonds de mon âme. J'en soupirai d'aise, je me sentais si... bien, soudain. Mes mains agrippèrent ses épaules.
— Tu n'es pas obligé de...
Son regard me stoppa. Si sombre. Si profond. Il prit mes mains dans les siennes et les soigna aussi. Sa magie courait en moi.
— En voyant ta salle de bain j'ai cru qu'on t'avait attaqué bon sang...
Il se frotta les cheveux, mal à l'aise soudain. Il... il avait eu peur pour moi ? Mais...
— Ma salle de bain...
J'avais oublié. Cela mettait sorti de la tête bon sang ! Comment est-ce que j'avais pu... Basile se retrouva nez à nez avec moi. Mes yeux s'écarquillèrent légèrement alors que ses mains se posaient sur mes cuisses.
Chaudes. Si Chaudes.
— Ne me refais jamais un coup pareil, sorcière, souffla-t-il.
Je... je déglutis. Il avait eu peur. Vraiment peur bon sang. J'avais envie de le toucher et de lui dire que tout allait bien. Parce qu'il était là, alors tout allait bien.
— Tu veux bien de moi, Alice ?
Il embrassa le bord de mes lèvres. Si... je voulais bien de lui ? Mais... je me sentis rougir. Jusqu'à la racine des cheveux. Il me semblait si vulnérable soudain. Ses mains glissèrent le long de mes côtes. La sensation était... incroyable.
Ses yeux étaient si sombre bon sang ! Rempli de désir. Puissant.
Comme j'avais envie de lui ! C'était insoutenable, intenable même. Je... je n'en pouvais plus. Je voulais qu'il m'embrasse. Je voulais qu'il me prenne. Maintenant.
— Alice.
Son souffle sur ma bouche. Je fermai les yeux. Il était la tentation même. Il était tellement de chose, mon Oracle. Je m'agrippai à ses épaules parce que j'avais peur que tout cela ne soit qu'un rêve. Qu'un délire de ma part.
Basile glissa entre mes jambes et me ramena tout contre son corps.
N'était-il pas plus musclé ? N'était-il pas plus parfait encore ?
— Tu as pensé à moi ? Souffla-t-il contre ma joue.
Je n'avais fait que ça dès l'instant où il avait disparu dans cette voiture. Je me collai à lui alors qu'il caressait le médaillon.
— Moi j'ai pensé à toi. Tous les jours. Toutes les heures.
Je gémis. Je n'en pouvais plus. Une vraie torture...
— Je t'ai manqué ?
Sa voix était si basse, si sourde, si sombre ! Et ses lèvres dangereusement proches des miennes. Mes mains glissèrent dans ses cheveux et je tirai légèrement dessus.
— Tu m'as tellement manqué, Alice. C'était une torture. Une torture...
Oui. Oui ! Pour moi aussi... jamais.... Jamais quelqu'un ne m'avait autant manqué que lui.
Il m'empêcha d'atteindre sa bouche et je rouvris les yeux. Pourquoi ? Son regard était si saturé de désir pourtant !
— Tu veux bien de moi, Alice ?
Fiévreux. Il l'était.
Je le voulais. Si fort. Si fort. Si fort !
Si je voulais de lui ?
— Toujours. Je t'en prie... embrasse-moi.
Parce que j'étais à l'agonie et que j'avais besoin de lui. Son prénom m'échappa et c'était presque un sanglot.
Sa bouche se retrouva sur la mienne et mon monde explosa. Nos pouvoirs s'heurtèrent si violemment !
Je me retrouvai allongée sur mon lit, Basile au-dessus de moi. Mes mains repoussaient déjà son t-shirt alors qu'il tirait sur mon haut sans aucune douceur.
Nos mains étaient tremblantes, nos deux corps, en feu.
Mes doigts coururent sur son torse, sur des abdos qu'il n'avait pas la dernière fois. Ma bouche était soudée à la sienne, nos langues étaient parties dans un ballet que rien ne pouvait arrêter. Et ses mains se refermèrent sur mes seins. Il pinça mes tétons, durement, et je gémis dans sa bouche.
Ça pulsait.
J'avais l'impression qu'il ne m'avait pas touchée depuis une éternité ! Je voulais ses mains partout sur moi. Je le voulais en moi. Tellement que je sentis les larmes glisser le long de mes joues.
Je ne contrôlai rien.
Ni mon cœur.
Ni mes pensées.
Et encore moins mon pouvoir.
Il explosait contre ses ombres alors que sa main était sur mon sexe. Il me voulait autant que je le voulais.
Nos bouches se détachèrent et son regard emprisonna le mien.
— Basile... Basile...
Il n'y avait aucune douceur dans son regard. Juste un désir sombre. Et cela me fit serrer les cuisses. Il sourit, tout à fait conscient de l'effet qu'il avait sur moi.
Il se pencha et suçota le lobe de mon oreille. Mon corps entier se tendit. C'était... mon dieu, c'était...
— Je t'ai manqué, sorcière ?
J'étais à bout de souffle.
Mon corps était en feu. Et les mains de Basile ne faisaient qu'attiser le brasier. Encore et encore. Mon dos s'arqua alors que sa paume traçait des cercles sur mon sexe.
— O... Oui... O... Oui !
Je criai et sa bouche écrasa la mienne. Mais ce baiser était la douceur incarnée. Je m'agrippai à ses cheveux et je tirai dessus. Il grogna et son sexe tapa contre le mien.
Je voulais que nos deux corps fusionnent. C'était fort, c'était puissant. Et tellement, tellement douloureux.
— Basile...
Je sanglotai contre son épaule. J'étais dépendante. Et je m'étais voilé la face pendant plus d'un mois.
Je l'avais dans la peau. Et je ne voulais personne d'autre.
Quand j'étais dans ses bras, j'oubliai tout. Je m'oubliai moi et j'oubliai Nohlan. Voilà pourquoi il était si dangereux.
Parce qu'il me prenait tout.
Ses bras passèrent dans mon dos et il nous fit rouler sur le matelas. Je me retrouvai au dessus de lui, à califourchon, lui offrant mes seins.
Mes seins qui ne demandaient que ses caresses.
Mon Oracle...
Alors que sa langue jouait avec mon téton, j'agrippai la tête du lit et je baissai légèrement la tête, sentant l'orgasme monté alors qu'il n'avait presque encore rien fait.
L'une de ses mains agrippa mon poignet et l'autre se retrouva dans mon dos. Et ses doigts remontèrent le long de ma colonne vertébrale.
Une caresse.
Comme un soupir.
Et ça me rendit folle.
Mon cœur me faisait mal. Mon sexe me faisait mal. J'étais en train de me consumer. J'étais en train de me consumer pour un Oracle qui avait volé mon corps et mon esprit.
Pour un homme qui avait volé mon cœur.
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