18. Basile

Je fis une escale d'une heure à New York et pris l'avion pour Paris. Le voyage me parut atrocement long. Je n'arrivais pas à m'occuper l'esprit. Encore moins à essayer d'occulter ces quelques jours passés aux États-Unis.

J'étais un Sorcier. Je pouvais me téléporter autant que je voulais. J'étais un Oracle bon sang ! J'aurais pu prendre ma liberté et disparaître de leurs yeux... mais les Éminents ne me laisseraient pas partir. De ça, j'en étais sûr.

Je sortis de l'avion et bizarrement, l'air de Paris qui habituellement était bon signe – cela voulait dire que je rentrais à la maison après tout, me donnait envie de vomir. Sûrement les restes de la cuite d'hier soir... enfin à quelques heures près. Le décalage horaire me retournait vaguement la tête à chaque fois.

Je récupérai ma valise sur le tapis roulant et me mis en marche. Pour atteindre les Alpes, j'allais mettre quelques heures de plus. Je m'arrêtai dans l'aéroport de Charles de Gaulle, observant les gens. Personne ne m'attendait. Je remis mon sac sur mon épaule et soupirai. À quoi je m'attendais ?

Je frottai le creux de mon cou. Au moins, quelque chose de ma personne était resté avec Alice.

Une chose c'était mieux que rien, n'est-ce pas ? Je m'installai dans une cafétéria de l'aéroport et tirai mon portable que je n'avais pas allumé depuis trois jours. Les appels en absence de ma mère clignotèrent. D'où le mail succulent que j'avais eu ! J'avais un message de Damien comme quoi un train m'attendait à... je regardai l'heure. Merde... dans un peu moins d'une heure pour rejoindre les Alpes. Je pouvais me téléporter sinon. Damien n'aimait pas ça, mais j'étais un Sorcier de l'Air. Et je venais de me taper dix heures d'avion pour le principe.

Je m'éclipsai aux toilettes. Discrètement et attendant qu'il n'y aucune personne dans les toilettes, je me téléportais dans les Alpes. Alors que je réapparaissais en plein milieu d'une vallée recouverte de neige, je tombai à genoux. Je ne m'étais pas encore remis de mon séjour visiblement.

_ Tu devrais être encore moins prudent, souffla mon Ombre, devant moi.

Elle n'était qu'Ombre cette fois-ci. L'étrange contraste entre le noir et le blanc me fit grimacer. Je ne voulais pas d'elle.

_ Si quelqu'un te voit, on m'exécutera, crachai-je. Disparais !

Elle s'approcha de moi et posa une main sur mes cheveux... Je soupirai. Ma gorge se serra.

_ Il faut que tu l'oublies, souffla-t-elle.

_ Je ne peux pas, murmurai-je.

Le vent souffla. Je pliai sous lui un instant. L'Ombre disparut. Damien apparut. Il maîtrisait l'Air aussi bien que moi. Il était celui qui m'avait appris tout ce qu'il savait, le reste, je l'avais découvert pas moi-même.

_ Le train te semblait-il trop long ? remarqua-t-il froidement. Tu préfères te mettre en danger ?

Je me redressai et soupirai une nouvelle fois. N'était-ce pas censé être l'inverse ? Moi qui grognais de rentrer et les autres qui étaient contents de mon retour ? Mais je m'y étais attendue. Comme toujours.

_ Je vais bien rétorquai-je.

_ Ta mère t'attend. Izy aussi.

Je hochai la tête. Damien me lança un regard légèrement sombre et finit par s'éclipser en marmonnant quelque chose sur la politesse, le respect et les jeunes.

Ce n'était pourtant que la première réaction à laquelle j'allais avoir droit. Autant dire rien par rapport à celle de ma mère : elle serait bien plus véhémente et vicieuse.

Je marchai dans la neige pendant une dizaine de minutes. Enfin, le village apparut. Il était niché au creux de la montage. Les petites maisons en bois me rendirent nostalgique. Ça n'avait rien à voir avec les grandes villes de Paris, ou même les villes des USA. C'était un monde à part.

Je me mis en marche vers celle de ma famille. Nous vivions ici par famille et non par puissance. La Haute Sphère nous convoquait en cas de nécessité. La nuit allait tomber sur le village. Il fallait donc rentrer les enfants, fermer les volets et... de loin, je regardai ma mère qui le faisait. Je remontai mon col pour cacher ma gorge et m'avançai.

_ Mère, dis-je en lui tendant ma joue par habitude.

Elle m'observa un instant, fronça ses sourcils. Elle ne dit pas un mot et rentra. Je posai mes sacs et finis de fermer les volets. Je finis par rentrer. Mes épaules se dénouèrent alors que le feu réchauffait l'atmosphère.

Notre maison était l'une des plus grandes du village, même si d'après moi nous n'étions pas les plus nombreux. Je posai mes sacs à côté de l'âtre, ne voulant pas qu'ils prennent l'humidité. J'enlevai ma veste et m'assis devant le feu. Les flammes léchaient les pierres. La vision du feu brûlant dans l'âtre était belle. Incroyable. J'aimais cette sensation.

_ Rends-toi utile, grogna ma mère. Izy est à la salle d'eau.

Je me frottai les cheveux. Voilà comment allait se dérouler les deux prochains mois. Des grognements. Des ordres.

_ Lave-toi et change-toi.

Je me pris une serviette dans la figure. Je grognai et me dirigeai vers la salle d'eau. La maison était sur trois étages ainsi qu'un sous-sol. Là où il y avait la source d'eau que nous utilisions. Au sous-sol et au rez-de-chaussée, le sol était de pierre. Le reste de la maison était en bois.

D'ailleurs, la maison semblait bien calme.

Je descendis les escaliers et atterris directement dans la salle d'eau.

Izy leva les yeux sur moi. Un immense sourire éclata sur son beau visage.

_ Basile ! s'exclama-t-elle.

Elle sortit du bain, complètement nue, et sauta dans mes bras. Je la serrai un instant contre moi. Elle déposa un baiser sur mes lèvres.

_ Elizabeth, souriais-je.

_ Ton frère m'appelle comme ça et ça me suffit, Bas ! Tu le sais...

Ma belle-sœur retourna dans son bain.

_ Comment vas-tu ? souffla-t-elle en repoussant une de ses mèches blondes, foncées par l'eau.

Son ton était légèrement inquiet.

_ Je gère, répondis-je en retirant mes chaussures. Blondine et Annie ne sont pas là ?

_ Blondine, ta chère petite sœur, est chez Arnaud depuis quelques jours. (Elle haussa un sourcil très haut pour me faire comprendre... oh je vois!) Annie et les garçons sont chez Damien en visite.

Blondine était la quatrième fille de ma mère. Annie était l'une des femmes de mon grand frère, Lucas. Le premier enfant de ma mère. J'étais le second. Ensuite venaient Blondine, et Clarisse. Alias Blondy et Clary.

Annie, l'une de mes « belles sœurs », avait deux enfants de mon grand frère : Elliot et Noé. Mon frère, Lucas, possédait Annie et Elizabeth. Comme elles lui avaient donné des enfants, elles vivaient avec nous. Elizabeth avait donné la vie à Catherine. Cathy avait maintenant trois ans. D'ailleurs, son anniversaire était dans un peu moins d'un mois. Cette petite était extrêmement puissante. Presque plus que moi au même âge. C'en était impressionnant. J'aimais beaucoup cette petite. Elle me faisait penser à moi, plus jeune.

Elizabeth était une personne à qui je tenais comme ma propre sœur. Mon grand frère, demi-frère accessoirement, ne la traitait pas aussi bien qu'elle le méritait. Mais Elizabeth l'aimait et plus que tout, elle aimait Catherine, sa fille. L'amour rend aveugle, dit-on. Je la protégeais elle et sa fille, ma nièce, comme je le pouvais.

Les femmes vivaient entre elles la plupart du temps. J'étais souvent le seul homme de la maison. Nous étions avant tout des sorciers. Et nos relations étaient complètement différentes des loups ou des humains. C'était un mode de vie qu'ils avaient du mal à comprendre, mais nous vivions ainsi. C'était tout.

_ Tu nous as manqué Basile, souffla Izy.

Je lui souris doucement.

Soudain, une vague de pouvoir satura la pièce. Je pivotai brusquement vers l'entrée de la salle d'eau. Catherine se tenait là. Si fragile. Si petite. Elle tenait sa serviette d'une main, s'accrochait à sa natte de l'autre. Une image d'innocence et de pureté. Son visage était encore légèrement rond. Son petit nez était adorable.

L'expression de son visage était la fois sereine, et habitée d'une légère appréhension.

Elle avait une vision.

_ Il y en a eu plus ? soufflai-je.

_ C'est stable, murmura Izy.

_ Les Éminents sont passés ?

Izy eut un sourire mi-figue mi-raisin.

_ Anne ne les laissera pas approcher avant qu'elle ne soit... prête.

_ Prête ? soufflai-je, sombre.

Izy haussa ses épaules.

_ Tu connais ta mère, murmura-t-elle, peinée.

Izy aimait sa fille. Mais ce n'était pas une Oracle puissante à la base, alors quand mon frère lui avait donné cette enfant... et bien elle avait trouvé la sécurité de notre famille bienfaisante pour sa fille. Elle ne l'acceptait pas forcément sur tous les niveaux, mais quand ma mère prenait les choses en main... Elle l'avait fait pour Elliot et Noé... alors, Cathy y passerait aussi. Ma mère était néanmoins pour quelque chose dans la grossesse d'Izy. Je le savais, n'avais jamais réussi à trouver le pourquoi du comment cependant.

_ Tu as le droit de refuser, soufflai-je.

Un léger soupir retentit.

Je m'agenouillai alors que Cathy s'approchait de moi. Cathy ne parlait pas. Mère pensait qu'elle était muette... Izy quant à elle ne savait pas trop. Lucas s'en fichait un peu.

Moi, je savais.

Cathy n'était pas muette. Seulement, elle avait déjà vu trop de choses pour pouvoir le dire à voix haute. Certaines nuits, quand elle était encore un bébé, elle pleurait des heures et des heures. Nous avions dû l'endormir à plusieurs reprises. Mère l'avait même placé dans un coma à la suite d'un traumatisme dû à une vision. Izy était presque morte ce jour-là. Sa fille était tout pour elle. J'avais moi-même posé certains scellés sur l'esprit de Cathy, afin qu'il soit protégé de son propre pouvoir. Qu'elle ne se blesse pas elle-même.

Un jour, j'en étais sûr, elle parviendrait à parler. Je m'étais promis de l'y aider. J'avais moi-même passé plusieurs années sans parler. Les Oracles puissants avaient ce genre de problème enfant.

Si j'arrivais à m'enfuir, je demanderais à Izy... Je lui demanderais si elle voulait venir avec moi. Si je pouvais au moins emmener Cathy loin d'ici.

_ Salut toi, soufflai-je en embrassant la tempe de ma nièce.

Elle me sourit doucement. Ce sourire si franc et sincère était l'un des plus cadeaux du monde. Elle se blottit contre moi. Je refermai mes bras sur elle.

_ Tu m'as manqué aussi, petit chat, murmurai-je contre ses cheveux.

Sa petite main serra mon bras un instant. Un petit message. Nous avions appris à communiquer avec elle de différentes façons. La plupart du temps, c'était le langage des signes. Souvent, pour moi, c'était de simples gestes, de simples expressions. Je la comprenais au-delà des mots et pour ça, elle restait beaucoup avec moi quand j'étais présent.

_ Aller au bain ! souriais-je.

Elle me donna sa serviette que je posais sur l'étendoir en bois, fabriqué par Damien. Comme la grande baignoire en bois massif. Je soulevai Cathy du sol et la tendit à sa mère. Cathy émit un petit son de joie alors que ses pieds touchaient l'eau. Elle tapa des mains, éclaboussant Izy.

_ Comment s'est passé ton voyage ? me demanda Izy.

Je haussai mes épaules. Je n'avais pas envie d'en parler. C'était trop dur... trop frais... Alice me manquait déjà tellement que cela me faisait presque peur dans certains aspects de ma personne. Je ne m'étais jamais autant attaché, pas à cette vitesse. Hormis peut-être avec Cathy et bon sang ce n'était pas la même chose. Pas la même ferveur. Pas le même amour passionnant. Je secouai la tête alors qu'Izy haussait un sourcil très haut.

_ À ce point-là ? souffla-t-elle.

Elle siffla doucement. Cathy frappa l'eau une nouvelle fois.

_ J'aimerais voir les États-Unis, reprit-elle voyant que je ne disais rien.

_ Tu adorerais, j'en suis sûr, souriais-je, touché par sa gentillesse de ne pas creuser.

J'attrapai le savon et le lui tendis. Elle me remercia, ayant souvent les mêmes manières exagérées que moi. Sûrement ma mère qui déteignait sur nous.

_ Sous l'eau ma belle, sourit-elle à sa fille.

Cathy prit une grande inspiration, imitant le geste de sa mère. Elle gonfla les joues, ferma les yeux et plongea sous l'eau. Elle creva la surface en souriant.

À notre grande surprise, Catherine, si douce et si innocente, présentait des affinités avec le feu. Qui était d'ordinaire pour les personnes brutes et autoritaires. J'avais toujours pensé qu'elle serait héritière des enfants de l'eau. Mais non.

_ Elle dessine toujours autant ? m'enquis-je.

Izy hocha la tête.

_ Que tu ais compris que c'était ses visions me surprendra toujours. Tu es le seul à les déchiffrer d'ailleurs. Tu sais ça ? Anne grogne de ne pas...

Elle ne termina pas sa phrase, mais je me doutais oui. Ce qui me fit sourire.

Cathy pivota vers moi et me tendit le savon. Je frottai mes mains avec et lui lavai les cheveux. Elle se tint au bord de la baignoire, les yeux fermés et un sourire chaleureux sur ses lèvres.

_ Tu ne repars pas tout de suite dis ? fit Izy.

Je clignai des yeux, détournant mon regard du visage de Cathy. Izy semblait triste.

_ Ne t'inquiète pas, soufflai-je.

Elle savait aussi que j'étais l'un des seuls remparts solides pour protéger Cathy du monde des Oracles.

Et que j'étais l'une des seules personnes à la comprendre.

J'attrapai un petit seau et rinçai les cheveux blonds ma nièce.

Soudain, des cris et des rires retentirent. Elliot et Noé débarquèrent dans la salle de bain, criant mon prénom. S'agrippant à moi. Je leur frottai rapidement la tête. Seul Cathy m'était de bonne compagnie en ce qui concernait les enfants. Les autres... j'étais moins à l'aise. Il était vrai que je comprenais Cathy, mais elle aussi d'une certaine manière.

_ Enlever vos vêtements les garçons ! ordonna Izy. Et venez au bain !

Alors que les garçons se déshabillaient en se chamaillant, Izy termina de laver Cathy.

_ Tu peux remettre des pierres chaudes s'il te plaît, Basile, me dit Izy.

Je le fis. Alors que les garçons entraient dans le bain par le petit escabeau, je plaçai les pierres chaudes dans leur emplacement. L'eau allait chauffer vite.

J'attrapai la serviette de Cathy. Izy me tendit la petite. J'enroulai ma nièce à l'intérieur et la séchai. Elle enfila elle-même sa chemise de nuit.

_ Chaussons, Catherine De Turenne ! s'écria Izy en voyant sa fille déguerpir pieds nus.

_ Je m'en occupe, la rassurai-je.

Je pris les bottines de Cathy et remontai à l'étage.

La vie allait reprendre son cours et ce bien malgré moi.

Que faisait Alice en ce moment ?

Où avait-elle mis mon médaillon ? L'avait-elle gardé ? L'avait-elle caché ?

L'avait-elle... jeté ? Non. Ce n'était pas possible.

* * *

Les personnes du village présentent applaudirent alors que la chanson d'anniversaire se terminait. Cathy était habillée telle une petite princesse du haut de ces quatre années maintenant.

Mais elle était comme moi. Un peu en retrait de toutes ces attentions.

La semaine précédente, elle avait eu une vision particulièrement traumatisante. Elle ne dormait pas bien, malgré mes scellés de protection, depuis cet incident. On pouvait lire l'épuisement sur son si beau visage.

Elle m'avait présenté un dessin il y a de cela deux jours. Deux femmes devant un grand dôme de lumière. Ce dôme était souillé d'une trace noire. Une trace de main. J'avais mis du temps à voir la marque qu'elle avait laissée sur son dessin. La marque de notre Convent. Sur l'habit d'une des femmes. Des sorcières, d'après Izy.

Je n'avais pas fait de conclusions hâtives, jusqu'à ce matin. J'avais épluché tous les dessins de Catherine durant mon absence. J'apparaissais pratiquement sur chacun d'eux. Avec une femme. Ma mère était persuadée que c'était Amandine, mais je savais que c'était Alice.

Car sur l'un des dessins, il y avait une femme humaine, avec une peau de louve sur les épaules et sur la tête. Comme si elle la portait.

Une Changeuse.

Voilà ce qu'était Alice.

Voilà comment Cathy la voyait.

_ Tu devrais parler à Damien, grogna ma mère.

Elle n'avait pas arrêté une seule seconde durant le mois qui venait de s'écouler et je commençais à perdre patience. Je restais rarement aussi longtemps d'une traite, mais je devais préparer mon départ chez Nathaniel. Et cela nécessitait quelques arrangements qui devaient rester discrets !

_ Il m'a clairement fait comprendre que la conversation était close.

_ Tu n'as fait aucun effort. Tu devrais déjà avoir trois enfants... et tu n'en as aucun !

Je pivotai le haut de mon corps vers elle et la fusillai du regard.

_ Pose-toi les bonnes questions, mère, soufflai-je. Grandir sans connaître l'identité de mon père. Crois-tu que cela me donne envie d'avoir des enfants ? Qu'ils soient traumatisés de la même façon ?

Son visage blêmit un instant.

_ Les Éminents vont venir avec des femmes pour toi. Tu veux qu'ils te forcent ?

_ Parce que mon père vous à forcé ? crachai-je.

_ Fais attention à ce que tu vas dire, Basile, souffla-t-elle, véhémente.

Je voulus lui répliquer ma pensée, mais des petites mains se posèrent sur mes cuisses. Cathy me tendait ses bras, la mine triste et épuisée. Je la soulevai et la calai sur ma hanche. Elle posa sa tête sur mon épaule, sa main s'accrochant à moi.

_ Je vais la coucher, soufflai-je.

Ma mère hocha sèchement la tête. Je montai à l'étage et me dirigeai vers la chambre des enfants. Je posai Cathy à terre et elle alluma sa bougie en bougeant légèrement ses doigts. Elle se tourna vers moi, les yeux brillants de fatigue. Je souris et m'agenouillai devant elle. Je levai ma main au niveau de nos visages, paume vers le haut. Une petite boule s'y solidifia, puis diffusa une légère lumière. Je soufflai dessus et Cathy la prit dans ses mains. Elle la libéra et la boule la suivit alors qu'elle grimpait dans son lit. Je m'assis à côté d'elle.

_ Aller, dors, petit chat, soufflai-je en embrassant son front.

Elle me retint par le poignet, le regard hanté. Je fronçai les sourcils alors qu'elle sortait un ou deux dessins de sous son coussin. Elle les avait cachés ?

Je me figeai. Sur le premier, c'était moi. Ou en tout cas, la façon qu'elle avait de me représenter.

Derrière moi, comme ma véritable Ombre, se trouvait un corps. Entièrement noir.

Mon Ombre. Juste là, derrière moi.

Sur le second dessin, il y avait un homme, qui n'était pas moi. L'Ombre était comme une aura autour de lui et non pas une personne derrière lui.

Liam ?

Liam et moi ?

_ C'était ton cauchemar, petit chat ? soufflai-je.

Elle secoua négativement la tête.

Je soupirai doucement. Je touchai l'ombre sur le premier dessin, celle derrière moi.

_ Elle me dessine bien, souffla mon Ombre.

Cathy leva son regard sur elle. Elle fronça ses sourcils.

_ Qui est-ce, petit chat ? dis-je en pointant le second dessin.

Cathy me pointa la fenêtre.

Mon Ombre me suivit alors que je m'approchai du carreau.

Là en bas, au milieu de la neige des Alpes, il y avait quelqu'un.

Liam. 


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