15. Alice

Un nouveau protagoniste que certaines reconnaîtront sans trop de mal, normalement... :3


Un souffle nous séparait. Je n'avais qu'à tendre la main pour pouvoir l'atteindre. Et encore. Juste a bougé légèrement et le tour serait joué.

Un souffle.

Ce n'était rien.

Les yeux de Basile me sondaient. Son expression avait quelque chose d'inquiétant, de sombre. J'avais du mal à voir quand il était en colère ou simplement sérieux. Mais n'était-ce pas normal après tout ? Nous nous connaissions depuis à peine quelques jours et pourtant, il était là, dans ma demeure, à se balader comme bon lui semblait. Et j'avais ce besoin de me justifier devant lui alors que je ne l'avais jamais fait devant quiconque.

Mais c'était lui.

C'était ce regard si intense, si puissant. Comme s'il pouvait lire en moi et comme s'il le faisait vraiment. Il avait réussi à fissurer mes scellés, alors passer derrière mes barrières ? Un jeu d'enfant pour lui.

Un battement de cils.

Un souffle.

Un regard.

Un sourire.

Et le tour était joué n'est-ce pas ?

N'était-ce pas là le plus choquant ? Le fait que sa présence ici, dans cette pièce, à côté de moi me semblait si... naturelle alors que ça n'aurait pas dû être le cas. J'aurais dû voir cela comme une violation de mon intimité, de ma vie privée, mais bon sang... quand je l'avais vu presque figé devant ce pendentif, j'avais ressenti quelque chose de profondément... étrange.

Il y avait des choses que je ne pouvais pas ressentir. Pas après seulement quelques jours. Ce n'était pas possible, pas envisageable.

Et pourtant, c'était là. Comme une ancre lancée à la mer. Comme un rocher attaché à la terre depuis des millénaires.

Le désir que j'éprouvai pour cet homme magnifique et ténébreux ne me choquait pas, mais le reste... Je voulais me tromper. Je voulais mal interpréter tout cela, mais ce n'était pas le cas.

Et dans ses yeux, je lisais la même chose que ce qui devait être dans mon regard.

Je ne voulais pas mettre des noms sur ça. Je ne voulais pas trop y penser parce que je savais que demain, il repartirait chez Nathaniel et qu'après cela, il retournerait chez les siens, en France. Ainsi étaient les choses.

Je ne voulais pas y penser, parce que ça faisait... mal.

Il y avait cette espèce de... tristesse qui s'était nichée au fond de moi et qui était doucement en train d'étendre ses ailes.

Ça me faisait mal.

Mais je savais que c'était un mal pour un bien.

Basile partit, je ne craindrais plus rien. Du moins jusqu'à ce que mon passé me rattrape. Jusqu'à ce que le Vengeur vienne prendre ce qui lui était dû.

Tous les deux, nous avions nos propres démons, nos propres batailles. Et si nos chemins s'étaient croisés et que nous nous étions liés l'espace de quelques heures, de quelques jours, c'était un lien qui était fait pour être brisé.

Quand il ne serait plus là, le désir partirait aussi.

Quand il ne serait plus devant moi, je n'aurais plus envie de le toucher, je n'aurais plus envie de me presser contre la chaleur de son torse.

Il pencha légèrement la tête, souriant toujours. Nos corps se tendaient l'un vers l'autre, mais je savais qu'il voulait que je fasse le premier pas, que je sois celle qui faiblisse pour une fois. Et c'était sur le point d'arriver.

Encore.

Parce que quand Basile était si près de moi, il n'était plus question de volonté ou de maîtrise. Il n'était plus question de rien de tout.

Juste de lui.

De nous.

De nos deux corps et de nos souffles qui n'en formaient plus qu'un.

De ce torrent de lave que devenaient nos corps. Et de ce désir, si puissant que c'en était incroyable.

Je voulais que cet Oracle me possède.

Je voulais que ses bras ne se referment que sur mon corps et que ses mains ne touchent que ma peau.

Depuis combien de siècles n'avais-je pas éprouvé un tel sentiment ? Une telle envie ?

Il n'en avait jamais été ainsi avec Nathaniel. Notre relation n'avait jamais été aussi... fusionnelle que celle qui était en train de commencer avec Basile.

Mais pouvais-je réellement parler de relation ?

Je ne savais pas. Tout cela était... étrange. Je ne me reconnaissais pas forcément. Parce que je n'avais jamais, jamais été ainsi.

Aucun autre homme ne m'avait jamais à ce point... retourné ? Chamboulée ? Y avait-il seulement un mot juste pour parler de l'effet Basile ?

Il détourna alors le regard et ses yeux se posèrent une nouvelle fois sur le pendentif.

Je le fis aussi.

Chaque relique se trouvant ici était chargée d'une histoire, d'un souvenir que je n'oublierais jamais. J'étais vieille et les objets ici l'étaient presque tout autant que moi.

Mais celui-là... était chargé de plus qu'un simple souvenir. Ce pendentif était à lui tout seul une histoire.

Et il m'était précieux. Bien plus que la plupart dans cette pièce. Il y avait des choses que le temps ne pouvait effacer, des personnes qui demeuraient à jamais dans votre cœur.

L'air brûlait ma peau alors que je réapprenais à respirer, les poumons en feu et la peur a ventre.

En vie. J'étais en vie.

Il n'y avait plus d'eau dans mes poumons. Il n'y avait plus les ténèbres autour de moi.

Des mains étaient sur mon visage. Des doigts semblaient de cotons doux et légers, ils ne faisaient que m'effleurer.

Mes yeux papillonnèrent. J'inspirai une grande goulée d'air, essayant de revenir, essayant de m'ancrer. Je me redressai doucement, reprenant pieds dans cette réalité. Mon souffle était court et des larmes avaient coulé le long de mes joues.

J'étais vivante.

Le jeune homme se recula alors et quand il lui fut évident que j'allais bien, un sourire éclaira son visage.

Je levais les yeux vers lui.

Son visage était incroyablement juvénile, mais son regard était vieux. Il n'était pas tout jeune, même si son apparence incitait à croire le contraire.

Des yeux d'un bleu profond, incroyable et une peau légèrement hâlés. Il était grand et finement sculpté.

Les tatouages sur ses bras nus attirèrent mon regard.

Oracle. Ça ne trompait pas.

Il fit alors une révérence, peut-être un peu sur jouée, mais elle me tira... un sourire ?

Tout en lui semblait rayonner de joie pure et profonde.

— Je suis Robin. Enchanté de faire enfin ta connaissance, Alice.

Je fronçai légèrement les sourcils quand il m'appela par mon prénom. Il ne fallait pas que j'oublie que c'était un Oracle.

Enfin ? Pourquoi enfin ?

Il redevint soudain très sérieux et quelque chose de grave se dégagea de lui.

— Cela fait longtemps que je te cherche.

Je ne pus me retenir plus longtemps.

Le besoin de le toucher était trop fort, le désir trop entêtant. Et j'avais appris que parfois, il ne servait à rien de lutter. Avec Basile, c'était perdu d'avance.

Ma main effleura son torse avant que ma paume ne se pose complètement contre cette chaleur qu'il dégageait. Je fis un pas et me retrouvai collée à lui.

Mon souffle se relâcha et ce fut à cet instant que je remarquais à quel point jusqu'à présent j'avais pu mal respirer.

J'inspirai doucement et son odeur m'enveloppa. C'était fort, c'était puissant.

Un parfum délectable.

Le plus insidieux des poisons.

Sa main se retrouva sur ma nuque et lui aussi respira mieux, comme s'il s'était retenu jusqu'à présent.

Je ne relevai pas la tête pour le regarder dans les yeux. J'avais juste cette soudaine envie qu'il me prenne dans ses bras et que rien d'autre ne compte l'espace de quelques secondes, de quelques minutes. Je ne comprenais pas pourquoi je voulais cela, mais le faire me semblait être une si bonne idée !

Je passai mes bras dans son dos et appuyai ma joue contre son torse.

Je fermai les yeux. Et savourai.

La présence de Basile en cet instant était comme... une promesse. Une promesse qu'il ne m'arriverait rien et qu'il serait toujours là.

Une présence sûre.

Une présence protectrice.

Et je ne voulais pas penser au fait que j'étais en train de m'abandonner et de lui donner quelque chose que Nohlan était le seul à avoir. Je ne voulais pas me poser de question et trop réfléchir.

Je ne voulais pas penser en Changeuse.

Je ne voulais pas penser en sorcière.

Je voulais être une femme. Une femme qui se reposait contre un homme solide et désirable. Et en cet instant, je ne voyais pas où était le mal.

Les mains de Basile se posèrent sur mes hanches et remontèrent sous mon t-shirt. C'était un contact électrisant. C'était comme se faire transpercer par un éclair, mais tenir encore sur ses jambes par je ne sais quel miracle.

Basile avait cet effet. Celui de tout me prendre avec une caresse. Celui de faire voler en éclat mon être tout entier.

Et il y avait cette certitude en moi. Celle que s'il restait près de moi, je lui appartiendrais. Corps et âme. Et que mon cœur serait sien.

Mais cela n'arriverait pas. Jamais.

Parce qu'il allait partir.

Et que même s'il revenait, moi, je ne serais plus là.

C'était une vérité qui ne changerait pas. Le destin était écrit quelque part. Il n'était pas figé, mais il était tracé.

Le mien avait pris un chemin différent il y avait de cela des siècles plutôt.

Un pacte pouvait tout changer.

Un pacte pouvait tout détruire ou simplement créer. Mais dans tous les cas, il y avait un prix. La magie, quelle qu'elle soit avait un prix.

Blanche ou Noire, il n'y avait pas de juste milieu. Le pouvoir appelait quelque chose, tout comme la connaissance.

Les sorciers les plus puissants même s'ils étaient nés ainsi avaient dû laisser quelque chose derrière eux. Et c'était pareil pour les Chasseurs, ou pour les Oracles. Même les loups devaient faire des concessions, devaient abandonner quelque chose. Aucune race n'était épargnée. Il y avait ceux qui s'en sortaient sans trop de dommage et ceux qui devaient tout donner.

— Moi je comprends, Alice. Je sais ce que tu as fait et je trouve ça magnifique. Tu as tout donné. Tu as vendu ton âme pour lui. Il ne peut pas y avoir plus belle preuve d'amour, n'est-ce pas ?

Je m'écartai légèrement du torse de Basile et levai enfin la tête. Ses yeux étaient voilés par le désir.

Il était si beau. Si parfait. Il était la perfection incarnée. Tout en lui n'était que sexualité débridée et désir entêtant.

— Embrasse-moi, Oracle, dis-je dans un souffle à peine audible.

Pouvait-on réellement désirer quelqu'un aussi fort ?

Oui.

La preuve en était avec lui. Cet homme serait ma perte. Peut-être pas aujourd'hui, ni même demain, mais il le serait. Et la question était de savoir si j'allais lutter ou si j'allais tout simplement me laisser aller.

— Qu'il en soit fait selon tes désirs, sorcière.

Ses lèvres sur les miennes.

Sa langue s'enroula autour de la mienne et ses mains me plaquant contre son torse, m'emprisonnant, m'empêchant de tomber et de me briser en mille morceaux.

Son baiser avait cette douceur qui faisait fondre mon âme et mon cœur. Mes bras étaient coincés entre nous, ses doigts passèrent sous l'élastique de mon legging, au niveau de mes fesses.

J'aimai la saveur de sa bouche.

J'aimai sentir chacun de ses muscles pressés contre mon corps qui me semblait alors être terriblement frêle.

Il n'y avait pas cette urgence, ce besoin pressant de le sentir en moi. Cette étreinte avait quelque chose d'apaisant et de... magique.

Ma main sur sa nuque, mes doigts dans ses cheveux, le forçant à incliner la tête pour moi. Je n'avais plus d'air, mais je m'en fichai bien.

Il était tellement vivant, tellement vibrant ! Le sentir de cette façon était exquis.

Son corps tout entier n'était que muscles délicieusement dessinés. Tout son corps n'était que masculinité pure.

Un dieu.

La perfection.

Nos bouches se séparèrent et j'inhalai une grande goulée d'air. Ses lèvres sur mon front. J'aurai pu savourer cela éternellement. J'aurais pu vouloir que ce soit ainsi chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Et même alors, j'aurais pu en redemander.

Et je le fis, lui tendant de nouveau ma bouche, cherchant à ce qu'il n'arrête pas, qu'il ne veuille même pas faire autre chose.

— Tellement insatiable, souffla-t-il entre deux baisers.

Je souris.

Ne voyait-il donc pas l'effet qu'il me faisait ?

J'avais vu dans la rue des loups junkies à la recherche d'une dose de jus de vamp, j'avais vu leur déchéance pour une simple dose et leur besoin si urgent, si pressant.

Basile était le sang de vampire.

Et moi, Alice, j'étais la junkie. N'était-ce pas terriblement effrayant ? Faisait-il cet effet à toutes les femmes qui avaient eu le malheur de croiser sa route ?

Penser à toutes les femmes qu'il avait dû allonger dans son lit... il n'y avait pas pire torture psychologique en cet instant.

Il était encore jeune pour un sorcier, il n'avait pas encore atteint son premier siècle, mais quelque chose me disait qu'il avait gouté au plaisir de la chair bien plus souvent que moi.

Combien de femmes ?

Il mordilla doucement ma lèvre, m'envoyant un léger pic de douleur. Je sentis son sourire plus que je ne le vis.

Je me reculai légèrement et étonnamment, il me laissa faire. Si ça continuait, ni lui ni moi ne pourrions plus nous arrêter. Il y avait une telle alchimie entre nos deux corps, c'en était presque effrayant tant c'était... fort, tant c'était fou.

Ses mains glissèrent le long de mes bras et il soupira doucement, comme s'il lui était physiquement difficile de me laisser m'écarter de cette façon.

Lui aussi ressentait la même chose que moi. Je le voyais, je le sentais. Le contraire n'aurait pas pu être possible.

Même nos pouvoirs étaient sous tension et cela était assez significatif.

— Ah, Alice...

Il ferma les yeux, savourant mon prénom. Je le regardai. Observai son visage et m'imprégnai de chacun de ses traits comme si je voulais les graver au fer rouge dans mon esprit.

Il se pencha et m'embrassa une dernière fois. Baiser furtif, léger. Comme si je l'avais rêvé.

— D'autre endroit comme celui-ci ? demanda-t-il, la curiosité prenant le pas sur le reste.

Je hochai doucement la tête et lui montrait une porte dérobée dans un coin de la pièce. Une étincelle dans son regard. Il me laissa passer devant lui et sa main se retrouva dans le creux de mes reins. Cela me fit sourire, fit monter le rouge à mes joues alors qu'il s'efforçait simplement d'être... lui-même ?

J'écartai le rideau et ma main effleura la rampe en fer du petit escalier en colimaçon qui descendait encore d'un étage.

Ma demeure s'étendait sur tout un petit immeuble de quatre étages construit il y avait quelques siècles de cela. Tout le bas était abandonné et quelque peu délabré. Aucun escalier, aucune porte ne menaient à chez moi, du moins rien n'était visible. Un humain aurait été incapable de se retrouver chez moi et les seuls qui le pouvaient étaient ceux que j'autorisais ou que j'invitais. Le premier étage ne se résumait quand cette salle, là où mes reliques se trouvaient et l'étage du dessus était la partie où je vivais.

Là où nous descendions se trouvait une grande serre que j'avais aménagée au fil des années. Il y avait toute sorte de plantes allant de l'orchidée aux plantes médicinales les plus poussées. Tout était irrigué avec un système à eau dont j'étais particulièrement fière et il régnait ici une paix qui avait le don de m'apaiser.

Je laissai Basile se balader à travers les allées et observer tous ses petits points lumineux qui l'entouraient.

Son visage était fasciné. Il y avait aussi de la curiosité quand il se penchait sur certaines plantes. En connaissait-il beaucoup ? Il y avait des spécimens de nombreux pays différents.

Des plantes vénéneuses à foison aussi. Et certaines plantes carnivores. J'avais toujours eu une certaine fascination pour la nature, peut-être parce que je tirais mon pouvoir de là.

— Ton petit jardin secret ? sourit-il en me jetant un coup d'œil.

Je souris à mon tour. Il tendit le doigt et effleura les feuilles d'une fleur venue d'Asie. Dans son regard, il y avait cette étincelle qu'ont les enfants en découvrant quelque chose de particulièrement passionnant.

De par ses expressions, il me faisait penser à Louis bien plus qu'à Liam. Mais son regard, quand il était sérieux, ne trompait pas.

— C'est vraiment... Splendide.

Il allait toucher une autre fleur quand je me retrouvai à ses côtés, attrapant son poignet :

— Fais attention, petit Oracle.

Il se redressa et son pouce toucha ma lèvre :

— Je te préfère à côté de moi, sorcière.

Je secouai doucement la tête et ouvris la bouche. Mais je ressentis alors un léger picotement. Le corps de Basile se tendit complètement et ses yeux se firent plus sombres, plus... durs. Il l'avait senti lui aussi. Qu'il y avait quelqu'un.

Je me retournai pour rejoindre les escaliers et il m'emboîta le pas sans poser de questions. Nous remontâmes en haut et il se retrouva devant moi, faisant rempart de son corps devant ce qu'il pensait être une menace.

La voix suave et mélodieuse de Nazir s'éleva :

— Tu me combles, Alice, tu le sais, ça ? Nohlan ne m'avait pas dit que tu hébergeais un si joli spécimen sous ton toit...

Ma main sur le bras de Basile alors que ses Ombres grimpaient doucement, appelant mon pouvoir.

— C'est un ami, Basile, dis-je à mi-voix.

Je passai à côté de lui, mais ne m'écartai pas de beaucoup. Mon corps touchait le sien alors qu'il fixait Nazir. Ce dernier faisait de même, mais un sourire barrait son visage.

Les origines de Nazir ne pouvaient tromper personne. Il était Marocain et sa peau en attestait pour lui, bien plus encore que son léger accent qu'il avait réussi à camoufler au fil des années.

Il portait encore ses vêtements totalement extravagants et sa grosse écharpe qu'il ne quittait jamais, même quand le temps ne s'y prêtait pas du tout. Même si on ne le voyait pas, son corps portait de nombreux tatouages, tout comme de nombreuses marques de tortures. Un collier pendait à son cou et ses doigts étaient couverts de bagues.

Nazir faisait toujours dans l'extravagance, quitte à en choquer certains. C'était un vieux, très vieux sorcier et essayer de dire son âge aurait été de la folie.

Il dévorait Basile des yeux sans même cacher la lueur dans son regard. Ses... préférences sexuelles n'étaient un secret pour personne. Combien de fois l'avais-je vu faire du rentre-dedans à Nohlan juste pour agacer ce dernier ? Et ça marchait toujours.

— Vraiment parfait..., souffla-t-il en penchant la tête sur le côté.

Je levai les yeux au ciel.

— Tu es déjà lassé de Stanislas ?

Il fit un geste de la main exagérément théâtrale :

— La jeunesse et la naïveté finissent toujours par me lasser, Alice. J'aime aller voir ailleurs et un Oracle... un met rare.

Il me fit un clin d'œil et je m'avançai, mais la main de Basile me saisit et me ramena en arrière.

— Tu as déjà mis le grappin dessus ? Quel dommage ! Regarde-moi ce corps, Alice ! Je ne peux qu'imaginer ce qui se trouve sous ce jean...

— Nazir...

Il éclata de rire, rejetant la tête en arrière.

— Tu te comportes comme un loup en train de marquer son territoire, Oracle. Je croyais que comme les vieux vampires, votre vie n'était que bonne manière et courbettes en tout genre. Mais étrangement je n'ai encore rien vu de tel.

Basile serrait si fort la mâchoire que tout son corps semblait sous tension. Sa poigne était forte, mais pas douloureuse.

Et soudain, son visage fut complètement impassible. Il me lâcha et fit un pas. Il s'inclina légèrement :

— Je suis Basile De Turenne, Oracle et humble invité d'Alice.

Mes yeux s'écarquillèrent un instant. Nazir observa Basile très sérieusement soudain. Il le détailla de la tête aux pieds.

— De Turenne, hein ?

Il me regarda moi :

— Comme Robin.

Oui. Basile De Turenne. Et Robin De Turenne. Une grande famille parmi les Oracles, une très grande lignée aussi. Mais Basile n'avait en aucun cas connu Robin qui était mort bien avant sa naissance. En avait-il entendu parler ? J'en doutais.

De sa famille, Robin n'avait pas été le plus puissant, mais son don avait été différent des autres, sa Vue encore plus.

Sa vie avait été courte. Peut-être trop.

Il avait été oublié, comme beaucoup d'autres avant lui, mais je savais que son père le regrettait encore, même si la dernière fois que je l'avais vu remontait à la mort de Robin.

— Robin ? demanda Basile.

— Pourquoi es-tu venu ? coupai-je Basile.

Nazir sourit de plus belle et haussa les épaules :

— Nohlan m'a demandé de venir te voir. Il m'a parlé du Changement et je peux sentir d'ici que ça ne va pas.

Oui. Les scellés devaient être remis correctement. Et Nazir était le seul à pouvoir le faire avec moi. Après tout, c'est lui qui m'avait aidée à les poser.

— Te dire que la présence de ce petite Maître des Ombres n'est pas bon pour toi n'est en rien une nouvelle pertinente n'est-ce pas, Alice ?

Sa voix résonna dans ma tête.

Je sentis le regard de Basile sur moi.

— Et si on prenait un thé ? Tous les trois ? Je promets de ne pas laisser mes mains s'égarer sur ce corps superbe...

— Je ne peux pas remettre tes scellés tant qu'il est ici.

— Si des mains doivent s'égarer quelque part, ce sera les miennes sur le corps d'Alice, répliqua Basile, sombre.

Le rouge me monta aux joues aussi vite que le rire de Nazir explosa à mes oreilles. 

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