10. Basile

Tout mon esprit était envahi par différentes émotions. Ça allait de la surprise à la déception. De l'admiration au dégoût. Cet homme... cet homme était mon père ? Je... Je n'arrivais pas à reprendre mes esprits, reprendre le contrôle de mes émotions.

Si sa réaction était ainsi alors que cette femme... bon sang cette femme venait de lui annoncer qu'elle était enceinte... j'allais... j'allais être un demi-frère. Ce... ce n'était pas possible ! Je voulus m'approcher de la femme. Sentir mon frère... ou ma sœur qui grandissait en elle. Cette future personne qui serait de ma famille. Qui serait... presque comme moi.

_ Basile, souffla Quinn.

Je repris mon souffle alors qu'il posait sa main sur mon épaule. Je le regardai. Je... je ne pouvais rien dire. Je ne pouvais rien avouer. Pas aujourd'hui. Ni demain. Ni jamais. Je le suppliai silencieusement de ne rien dire. Aliyah posa sa main dans ma nuque. Je serrai son poignet, acceptant son réconfort. Je la regardai à son tour. Elle semblait peinée.

_ Nous allons vous laisser, reprit Quinn doucement alors que les sanglots de la femme de Liam résonnaient encore dans mes oreilles.

J'aurais aimé la serrer contre moi. Lui offrir ce que Liam ne voulait pas lui donner. Le... le jumeau de mon père semblait très bien s'en charger. Il releva son regard sur moi, comme s'il en avait senti le poids. Ses sourcils se froncèrent. Je pivotai, lui cachant mon visage. Je croisai le regard d'Alice. Elle était pressée contre le dos de son Alpha, une légère marque sur sa joue. Elle se redressa, son corps se tendit vers le mien, mais Nohlan se tourna vers elle, frôlant sa blessure.

Je détournai le regard.

Il fallait que je parte d'ici... Tout cela avait été une mauvaise idée.

Pourquoi... pourquoi étais-je venu ?

_ Eh ! M'appela le jumeau de mon père. Eh toi !

Je regardai Quinn. Ce dernier hocha la tête. Je voulus sortir, mais une main se referma sur mon épaule. Quinn fronça les sourcils alors qu'Aliyah tendait sa main pour me protéger. Le jumeau la repoussa et me fit pivoter vers lui. Il fronça ses sourcils. Ses doigts se tendirent vers ma joue. Aliyah agrippa son poignet.

_ Basile est Oracle, Louis, souffla-t-elle. Ne le touche pas.

Je ne bougeai pas, immobilisé par son regard. Son regard qui était un reflet du mien. Ce regard qui était encore un reflet de celui de Liam.

Louis. Louis était mon oncle.

Mon vrai oncle. Un des membres de ce qu'aurait pu être ma famille.

_ Qui es-tu ? Murmura Louis.

Je levai mon regard sur la femme de Liam qui s'approchait. Elle avait noué ses bras autour de son ventre, comme si elle avait mal. Réellement mal. Son regard sembla se remplir de nouveau de larmes. Marina ? Elle s'appelait Marina. Oui, c'était ça.

Louis se défit de la prise d'Aliyah alors que Marina le repoussait doucement. Elle fronça ses sourcils. Ses yeux étaient vifs à présent, perçants. Elle voyait. Elle voyait qui j'étais.

_ Ce n'est pas..., commença-t-elle.

Ses yeux rougis. Ses joues striées de larmes. Elle leva sa main, hésita.

_ Tu ne peux pas...

_ Marina, souffla Louis.

_ Tu le vois toi aussi, n'est-ce pas ? Murmura-t-elle.

_ C'est toi la scientifique, souffla-t-il en déglutissant.

_ Même couleur, chuchota-t-elle en frôlant à peine mes pommettes, observant mes yeux.

Aliyah voulut l'empêcher de me toucher, mais je l'arrêtai. Marina glissa sa main dans mes cheveux, ferma les yeux. Elle eut un léger sourire avant que son visage ne se fende de douleur.

_ Vous avez les mêmes cheveux, sanglota-t-elle.

Louis voulut la prendre dans ses bras, mais je le fis avant. Je me penchai sur elle, l'enveloppant de mes bras. Son visage se lova contre mon cou. Ses mains agrippèrent ma chemise alors qu'elle pleurait de nouveau. Je respirais doucement, refoulant toutes les visions qui me venaient d'elle. Je pouvais tenir.

Je relevai mon regard sur Louis. Il ne semblait pas en croire ses yeux. Il portait dans son regard, la trace de son humanité. J'avais vu le regard de Liam. Il n'y avait rien d'humain en lui. Louis revint vers nous et posa sa main sur le haut de ma tête. Je fermai les yeux. Lui au moins me respecterait. Alors que Marina reprenait son souffle, elle s'écarta à regret de mon torse. Elle s'excusa en voyant les traces de ses larmes sur ma chemise. Je posai ma main sur sa joue. Je vis le dilemme s'imposer à elle. Elle voulait du réconfort, mais c'était comme si c'était Liam qui le lui donnait.

Parce que je lui ressemblais.

Parce que j'étais son fils.

_ Ta fille sera en bonne santé, soufflai-je. Son père... l'aimera... plus que sa propre vie.

Elle écarquilla les yeux, son souffle se coupa.

Ça avait été ma vision. Dehors. Alors que j'avais vu Liam pour la première fois.

J'avais vu l'enfant à naître. J'avais vu cette petite fille qui courrait dans les bras de son père, sa mère les regardant, fière. Et moi... avec eux. Comme si je faisais partie de leur famille.

_ Ma fille ? Souffla Marina.

Je hochai la tête. Elle toucha son ventre, posa une main sur sa bouche.

_ Nous devons parler, souffla Louis en retirant sa main de ma tête.

Je relevai mon regard sur lui.

_ Je ne suis pas sûr que... ce soit le bon moment.

_ Un Oracle n'est jamais là pour rien, murmura Louis.

_ Tu... tu peux voir l'avenir ? Souffla Marina.

Ses mains agrippèrent les miennes. Je lui souris.

Je pouvais lui offrir ça... Je pouvais le faire.

_ Regarde, chuchotai-je.

Marina ferma les yeux alors que je lui montrai son avenir. Il nous était strictement interdit de faire cela normalement. Mais j'étais puissant et parfois, je ne maîtrisai pas ce don. Alors quand je pouvais l'utiliser de la bonne manière.

Les images défilèrent dans mon esprit.

La maison était cachée aux milieux des arbres. De dehors, elle semblait abandonnée, mais un murmure me souffla qu'elle fût chaleureuse à l'intérieur. Chaleureuse grâce à la famille qui y vivait. Des rires me parvinrent. Je me vis assis, sur les marches du perron. Marina sortit, posa sa main sur ma tête, caressant mes cheveux. Nous regardions deux personnes.

Ma vision se dirigea vers les rires.

Ces rires... résonnaient comme une musique. Une musique très belle. Harmonieuse. Un cri de joie. Des nouveaux rires. Enfin, Liam apparut. Il courrait après une petite fille, pas plus haute que trois pommes. Elle devait avoir trois ans à peine.

Elle me ressemblait énormément. Sûrement le physique de Liam qui ressortait chez ses enfants. Elle aurait le caractère de Marina à n'en pas douter.

Elle avait de belles boucles brunes sur le haut de la tête. Des yeux si précieux, si brillants. La même touche d'humanité qui courrait en moi. La petite cria de joie alors que Liam la soulevait dans les airs. Elle battit des pieds et des mains. Liam grogna alors que sa fille s'accrochait à ses cheveux pour ne pas basculer. Il frotta son nez contre son ventre et souffla bruyamment dessus. Elle ria de plus belle.

La sérénité qui se dégageait de cette scène était à la fois merveilleuse et déstabilisante. Je n'avais pas eu ça dans mon enfance. Je ne savais ce que c'était de jouer avec son père, ou de rire avec lui. Mais cette scène remplaçait presque cette sensation de vide en moi. Cette petite aurait droit à tout ça. Et je trouvais ça juste.

Elle le méritait forcément si elle était là aujourd'hui. Je rouvris mes yeux. Le visage de Marina était complètement détendu. Un grand silence s'était étendu dans le bar.

Marina rouvrit ses paupières.

_ Tu... tu es son fils, n'est-ce pas ? Souffla-t-elle, comme une interrogation.

_ L'important est que ta fille sera heureuse. Tout comme toi.

Sa main était crispée sur la mienne.

_ Et toi ? Murmura-t-elle. As-tu été heureux ?

Je la regardai, plongeant mon regard dans le sien. Je souris doucement.

_ Elle n'aura pas le même destin que moi, finis-je par chuchoter.

Marina voulut dire quelque chose, mais je m'écartai doucement. Louis l'enlaça au niveau des épaules. Je pouvais voir sa curiosité briller dans ses yeux. La main de Marina se leva, mais j'étais déjà en train de pivoter vers Nohlan et Alice. Tous deux m'observaient avec de grands yeux. Ainsi que les autres personnes derrière le bar.

Quel public !

Je me doutai que la nouvelle de Marina, accompagné de la mienne, était dur à avaler.

_ Merci de votre accueil, dis-je à Nohlan.

Il hocha la tête. S'il continuait à garder la bouche ouverte, elle finirait par toucher le sol. Alice était plus sérieuse de son côté.

_ Je suis heureux de vous avoir rencontré.

_ Tu pars déjà ? souffla Marina.

Je me tournai vers elle. Elle m'était déjà sympathique. J'étais dans cette vision. Je pouvais décider d'y être encore quand elle arriverait, ou simplement ne pas respecter le destin. Voyant sûrement que j'allais dire oui, elle reprit :

_ Reste, s'il te plaît.

Je fronçai les sourcils un instant.

_ Reste, ajouta Louis.

Marina lui jeta un coup d'œil avant de pivoter de nouveau vers moi. Je pris une profonde inspiration et mon regard se tourna vers Alice. Son visage était neutre. Elle ne laissait rien apparaître. Je laissai mon regard lui souffler mon interrogation, mais aussi mon envie. Enfin, ses yeux brillèrent et elle pencha légèrement la tête.

Je me tournai vers Marina.

_ Basile ? Souffla Quinn.

_ Si c'est ce que vous voulez, murmurai-je en m'inclinant légèrement.

Marina hocha doucement la tête, tout comme Louis. Je leurs souris en retour avant de me diriger vers la sortie du bar. Aliyah et Quinn me suivirent à la trace. Alors que nous retournions vers la voiture, mon prénom retentit. Je me tournai et vis Louis s'approcher de moi.

_ Tu... tu fais quelque chose ce soir? Sourit-il en se grattant la tête.

Je souris, amusé. N'aurait-ce pas dû être l'inverse ? Moi gêné, lui souriant ? Je regardai Quinn qui hocha la tête. Puis Aliyah. Elle ne fit aucun geste, nerveuse. Je penchai la tête, lui faisant les yeux doux. Elle grimaça et accepta.

Je souris à Louis.

_ Je suis libre.

_ Cool ! S'exclama-t-il. On se rejoint ici pour 20H ? Nohlan fait des enchiladas à se damner !

_ Avec plaisir, acquiesçai-je.

Il sourit. Nous nous observâmes encore. Il se gratta une fois de plus l'arrière du crâne.

_ A ce soir Louis, soufflai-je.

Pourquoi ne voulait-il pas que je parte ? Avait-il peur que je disparaisse ? Qu'étais-je pour lui ? Rien de plus qu'un neveu élevé sur un autre continent ! Liam devait avoir d'autres bâtards comme moi. Alors qu'un léger silence s'installait, je revins vers lui.

_ Je vais aller déposer mes affaires à l'hôtel. Si tu le veux, je peux revenir... tout de suite après ?

_ Super ! Je vais demander à Alice si ça ne la dérange pas !

Je clignai des yeux alors qu'il retournait dans le bar. Qu'est-ce que Alice avait à voir là-dedans bon sang ? Je n'eus pas le temps de lui poser la question qu'il disparaissait à l'intérieur.

_ Oh génial, grogna Ali.

Je la fusillai du regard. Elle haussa ses épaules.

_ Vous n'êtes pas obligés de venir, remarquai-je.

_ Quinn te suivra, fit Aliyah.

_ Pour que tu ailles te faire baiser par...

Quinn se prit une claque sur la tête alors qu'il riait et qu'Aliyah jurait contre lui. Je levais les yeux au ciel, le prénom du loup m'ayant encore échappé. Louis réapparut, un grand sourire aux lèvres.

_ Je t'attends. Alice nous emmènera chez elle.

Marina avait peut-être envie de rester seule après ça non ? Je ne posai pas de question. Si Alice avait accepté, alors nous pouvions y aller.

_ Alors à tout de suite, dis-je en montant dans la voiture.

Quinn me suivit. Louis ne me lâcha pas du regard jusqu'à ce qu'Aliyah tourne dans une rue pour s'arrêter... deux minutes plus tard. L'hotêl n'était vraiment pas loin ! Nous déposâmes nos affaires dans la chambre. Aliyah avait sa propre suite qui communiquait avait la nôtre. Quinn se laissa tomber sur le lit.

_ Sincèrement, tu n'es pas obligé de venir, soufflai-je.

Il releva son regard sur moi.

_ Tais-toi et avance, grogna-t-il.

Nous retournâmes directement au bar, à pied cette fois-ci. Marina n'était plus là. Louis et Alice se tenaient devant le bard. Quinn alla saluer les louves alors qu'Alice m'observait du coin de l'œil.

_ Allons rejoindre Marina, souffla-t-elle.

_ A ce soir pour les enchi', Nohlan ! fit Louis en lui faisant signe.

Je surpris le regard de Nohlan sur ma personne. Je ne sus interpréter son regard. Je ne le connaissais pas assez et je ne voulais pas utiliser ma magie pour le savoir. Quinn me présenta rapidement les louves, puis revint vers nous. Peython était la louve dominante. Sa puissance en attestait.

Louis toucha mon épaule, comme Quinn. Je faillis tendre ma main à Alice, mais Louis le fit avant moi. Alice me lança un léger coup d'œil avant d'appeler son pouvoir. Je le laissai m'envahir. Une seconde plus tard, nous nous retrouvâmes chez elle.

Marina releva son regard sur nous, relâchant le coussin qu'elle tenait contre elle. Elle semblait presque avoir repris le dessus. Je lui souris. Quinn et Louis allèrent s'installer dans les sièges du salon d'Alice.

_ Quelqu'un veut quelque chose à boire ? demanda-t-elle, se dirigeant vers sa cuisine.

Alors que plusieurs oui résonnaient, je pivotai vers elle.

_ Je vais t'aider, dis-je en m'approchant d'elle.

Elle ouvrit la bouche, mais ma main dans le creux de ses reins la poussait déjà vers la direction où elle marchait. Elle s'échappa de mon contact en entrant dans sa cuisine. Je souris.

_ Tu es un cachottier, remarqua-t-elle en se tournant vers moi, l'œil presque sombre.

Elle était mécontente que je vienne chez elle ? Ou simplement que j'ai gardé le secret ?

_ Et toi alors ? rétorquai-je. Tu ne me caches pas des choses, petite sorcière ? murmurai-je en faisant un pas vers elle.

Elle plissa ses yeux. Alors que j'arrivais à son envie, elle dut levers son visage pour continuer à soutenir mon regard. Mon torse n'était qu'à quelques centimètres de sa poitrine. Son odeur envahit mes narines et flouta mes sens.

_ Basile, souffla-t-elle.

Je levai ma main. Mes doigts frôlèrent sa joue. Elle écarquilla légèrement les yeux.

_ Je sais, murmurai-je. Je ne peux pas m'en empêcher...

Ma bouche s'approcha de sa peau. Elle posa sa main sur mon torse, prête à me repousser.

_ Tu m'attires, Alice, soufflai-je en français contre son oreille.

Elle ferma les yeux, son souffle se coupa. Sa peau s'échauffa contre la mienne. Ma main passa dans sa nuque.

_ Même le destin veut que nos routes se croisent encore, ajoutai-je en anglais cette fois-ci.

_ Le destin ou seulement toi, Oracle ? souffla-t-elle contre ma bouche en rouvrant ses yeux.

Alors que je posai mes lèvres contre les siennes, elle garda les yeux ouverts. Elle me défiait ? Je souris. Mon autre main glissa dans ses reins et je la pressai contre moi. Ses deux mains s'accrochèrent à mes bras. Ma prise se resserra sur ses cheveux, la forçant à rejeter la tête en arrière pour moi. Elle ferma les yeux, gémit doucement. Mon corps tout entier explosait à son contact. Je laissai ma langue glisser sur ses lèvres. Sa bouche s'ouvrit, me laissant le passage. Je l'embrassai profondément, jusqu'à ce que nous soyons à court de notre souffle. Je m'écartai doucement, laissant nos lèvres se détacher lentement.

Elle rouvrit les yeux, mais la faim que j'y lus m'enflamma un peu plus.

J'en oubliais presque les gens dans la pièce d'à côté.

Un tel aphrodisiaque n'aurait jamais dû exister !

Alors que ses mains agrippaient mes cheveux, me pressant un peu plus contre elle, je souris.

Je me jetais de nouveau sur sa bouche.


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