Bajram
Son souffle était régulier et son corps bouillant contre le mien. Je sentais sa poitrine se soulever doucement au rythme de sa respiration.
Syrine s'endormait toujours après l'amour.
C'était comme si son corps, une fois complètement apaisé, se laissait aller. Je trouvais ça mignon et cette pensée me fit sourire. Je savais que Syrine n'avait eu personne depuis que j'avais choisis de mettre fin à notre relation, presque sept ans plutôt. Moi, que dire, j'étais un homme alors forcément, j'avais réussis à trouver de quoi m'occuper. Les nuits de pleines lunes, ce n'était pas les louves qui manquaient et les autres jours de l'année non plus du reste.
Le fait que je ne permettrais à aucun autre de toucher Syrine montrait à quel point je pouvais être un salopard doublé d'un sale égoïste. Qu'aurait-elle dit si elle avait seulement su que moi je ne m'étais pas privé d'aller voir ailleurs ?
Elle ne le saura pas, gronda mon loup, mauvais.
Elle, elle ne pouvait rien nous cacher, mais nous... quelle hypocrisie. Mais c'était pour son bien. Syrine était vieille et sa louve était peut-être puissante, mais elle n'avait pas ce qu'on pouvait appeler des épaules solides. Surtout quand ça concernait certaines choses.
Je soupirai et baissai les yeux sur le visage de Syrine.
Elle dormait paisiblement.
Dans mes bras. Et la sensation que cela me procurait était réellement au-delà de tout. Voilà pourquoi il était si dangereux pour moi de me retrouver avec elle.
Elle ne savait pas à quel point elle me rendait fragile.
Elle ne savait pas à quel point elle avait de l'emprise sur moi. Et il fallait que ça reste comme ça. Il y avait toujours des choses qui ne pouvaient être avouées. Des choses qu'on ne pouvait tout simplement pas dire.
Je repoussai les cheveux de son visage et laissai mon pouce sur sa peau.
Je pouvais me permettre d'être ainsi avec elle seulement dans certains cas. Syrine n'attendait pas beaucoup de choses de moi. N'en avait jamais attendu et c'est pour cela que je la savais faite pour moi.
Qu'elle avait été faite pour moi. Parce que là était toute la nuance, n'est-ce pas ?
Si j'avais été une autre personne alors les choses auraient été différentes. Je le savais. Si je n'avais pas été le fils de Yahto, alors...
Je fermai un instant les yeux.
Elle avait été attaquée. Aucun mal ne lui avait fait parce que Danil avait été là, mais si ça n'avait pas été le cas ? Je serais encore une fois arrivé trop tard.
Et cette pensée, bon sang...
Syrine était douce et belle. On n'avait pas le droit de s'en prendre à quelqu'un comme elle. On n'avait pas le droit de lui faire du mal...
Parfois, vous étiez pris d'une obsession et vous ne pouviez rien y faire. C'était comme une envie, ou plutôt un besoin. Et quoi que vous fassiez, vous ne pouviez plus vous le sortir de la tête.
C'est ce qui m'arrivait depuis presque trois jours maintenant. J'avais prétexté un vieux truc à Shay qui n'y avait vu que du feu – pour l'instant – et voilà où je me retrouvais.
Ici. À entendre des enfants crier, rire et à les voir courir dans tous les sens à l'heure de la récréation. Mais surtout, j'étais là pour la voir elle et cela aurait dû faire rager mon loup, mais étrangement, ce n'était pas du tout le cas.
Il n'y avait que moi qui saisissait le problème, ou... ?
Au début, j'avais seulement cru que c'était la curiosité. C'était quand même la gamine de cet autre abruti, alors j'avais vraiment cru que oui, c'était juste de la curiosité mal placée. Mais au bout de deux jours, une telle excuse ne marchait plus. Seulement, je n'étais pas prêt à mettre un autre mot là-dessus.
J'étais là, fin de l'histoire. On n'allait quand même pas en faire toute une histoire, merde. J'avais essayé d'en parler avec Dali, mais je crois que clairement, elle n'était pas la personne la plus indiquée pour le coup...
Il fallait vraiment que je bouge.
La tuer était peut-être une option, mais Shay serait vraiment très, très en colère après. On ne touchait pas aux louves d'Honor. Mais techniquement, elle ne l'était plus...
Argh ! Bon sang, toute cette histoire me prenait la tête.
Il fallait que je bouge.
Maintenant. Pas demain, pas dans dix jours. Tout de suite.
Je sautais à bas de mon perchoir et me redressai. Avant de me figer complètement.
Elle se tenait là. Devant moi. Comment est-ce qu'elle...
— Vous faites peur à certains enfants, Bajram, dit-elle.
Certains enfants. Les petits loups de sa classe. Les petits loups de l'orphelinat. Bien-sûr.
— J'essayai d'être discret pourtant, rétorquai-je avec un sourire.
Elle pencha légèrement la tête sur le côté, m'observant avec beaucoup d'attention. Je ne pus empêcher mon regard de glisser sur ses formes.
Elle portait une tunique aux manches chauves souri, assez ample au niveau de la poitrine, mais excessivement serré au niveau de ses hanches, de ses cuisses.
Ses hanches... Bon sang... Était-ce seulement permis d'avoir des hanches pareilles ?
Et c'est moi ou... elle ne portait pas un collant ?!
— Ce n'est pas encore totalement ça, se moqua-t-elle ouvertement.
J'avais l'impression de sourire comme un idiot. Si je commençai à devenir comme ça avec une femme, je n'avais pas finis... Mais ce n'était pas comme si j'avais un quelconque contrôle sur la situation. En fait, ça m'échappais complètement. C'était un peu agaçant, mais ça avait aussi quelque chose d'assez... excitant, même si le mot n'était peut-être pas tout à fait le bon.
Elle m'observa encore, essayant sûrement de trouver la raison de ma présence. Quelles étaient ses options ?
— Vous n'êtes certainement pas un pervers, alors...
J'éclatai de rire. Bon sang. Moi, un pervers ? Je me retins de lui dire qu'avec elle, j'allais l'être beaucoup. J'avais encore un filtre à conneries, donc ça allait.
— Est-ce que l'un d'entre eux est de vous ?
L'un de ses enfants. Le mien ? Heureusement, non. Là-dessus, j'avais toujours été moins idiot que Yahto. Au moins comme ça, il n'y avait aucun enfant à tuer. Mais les accidents arrivaient. Bien-sûr que ça arrivait, alors sa question était justifiée.
Je secouai la tête :
— Non, je ne suis le géniteur d'aucun d'entre eux.
Même si j'en connaissais. Je connaissais son géniteur à elle. À cette fille dont je n'avais qu'une envie ; la goûter.
Merde, j'étais vraiment un pervers en fait...
— Alors qu'est-ce que vous faîtes ici ?
Mon loup fit un pas vers elle. Elle ne bougea pas, se contentant de lever la tête pour continuer à plonger son regard dans le mien. Il y avait une telle intensité dans ses yeux, ça me faisait tourner la tête...
Je me penchai légèrement et entendis les battements de son cœur. Trop rapides, trop fous. J'adorais ça. Lentement, je levais une main et elle écarquilla les yeux quand mes doigts effleurèrent sa joue.
Une peau douce.
Une peau qui invitait à tellement de choses.
— J'admire le paysage, dis-je dans un souffle.
Elle comprit aisément ce que je voulais dire par là. Elle n'était pas idiote, bien loin de là. Elle sourit. Un beau sourire. Avant de reculer :
— Et bien continuez à admirer de loin, dit-elle en me tournant le dos et en s'éloignant.
Mon rire éclata alors que j'observai le mouvement de ses hanches.
Vraiment, quel paysage...
Ma main glissa dans son cou et je bougeai, de sorte à me retrouver au-dessus d'elle. Mon autre main remonta le long de son bras et un long frisson s'empara de son corps. Avant que ma bouche ne s'empare de l'un de ses seins.
Je la senti s'éveiller presque immédiatement. Ses doigts passèrent dans mes cheveux et ses hanches se soulevèrent pour trouver les miennes.
Son désir était tellement palpable. Tellement puissant. Comment avait-elle fait pour tenir autant ?
Je donnai un coup de langue avant de revenir à son visage, ma bouche collé à son oreille :
— Est-ce que tu te faisais jouir, Rine ? Soufflai-je.
Elle hocha vigoureusement la tête sans vraiment y réfléchir et ses ongles s'enfoncèrent dans la peau de mon dos, y laissant des marques.
— Je... je pensais beaucoup à toi...
Un aveu. Je fermai les yeux, essayant de me calmer. Essayant de garder le contrôle.
— Ah oui ?
Mais c'était dur. Tellement dur. Surtout quand ses seins étaient pressés contre mon torse, quand son sexe se frottait contre le mien. Et les halètements qui sortaient de sa bouche... bordel, je n'allais jamais tenir à ce rythme-là !
— Q... quand je... je me touchais.
J'enfouis mon visage dans son cou et mon sexe buta à l'entrée du sien. Bordel. De. Merde ! Ma queue tressauta et je respirai fort.
Je sentis la main de Rine se refermer sur mon sexe et le guider en elle. Son vagin avala entièrement ma queue et je rejetai un instant la tête en arrière.
Et merde, ce n'était pas des choses à dire à un homme ça !
Ma main se referma dans ses cheveux et je donnai un bon vieux coup de rein qui la fit crier.
Je n'avais pas envie d'être doux.
N'avais pas envie de ce soit lent.
Réapprendre à connaitre le corps de l'autre ? Une prochaine fois. Je voulais juste être en elle et la remplir entièrement. La prendre jusqu'à ce qu'elle crie grâce.
Son corps ou elle. Ça n'avait pas d'importance.
Et Rine accepta cela, son corps encaissant chaque coup, bougeant en rythme.
Je poussai toujours plus loin.
Peau contre peau.
Et je me perdis dans la spirale du plaisir.
Elle éclata en mille morceaux, me griffant sur toute la longueur du dos et je joui en un ultime coup de boutoir.
J'étais encore tendu.
Parce que j'en voulais encore. Je n'arrivais pas à me résonner.
Il y avait trop longtemps... trop longtemps que je n'avais pas touché ce corps. Que je ne l'avais pas posséder.
Bordel.
Je donnai un baiser moite à Rine alors que mes doigts remplaçaient ma queue. Tout de suite, son souffle se bloqua et elle s'agrippa à mes épaules.
Elle en voulait encore.
Et c'est tout ce dont j'avais besoin de savoir...
Je laissai Rine à l'aube.
Elle dormait profondément, enroulée dans la couverture, la tête enfoncée dans l'oreiller.
J'hésitai un instant. Si je restais... si je restais...
J'inspirai doucement et me levai silencieusement pour enfiler mes vêtements. Danil m'attendait depuis des heures maintenant. Il avait reconnu qui avait été dans la ruelle avec Rine. Cela voulait dire qu'il connaissait cette personne. Et j'avais besoin de savoir. Pour régler le problème à la source.
J'avais besoin qu'elle soit en sécurité. Même si elle ne pouvait être à moi et que je ne pouvais être à elle, j'avais besoin de savoir que rien, rien ne pouvait lui arriver.
Elle était trop importante. Pour moi, elle l'était bien trop.
Je me penchai sur le chat qui réclama une caresse avant d'aller se poser à côté de sa maîtresse. Pour les prochaines nuits, rien ne lui arriverait. Si j'étais là, alors je ne pourrais arriver en retard, pas vrai ?
Je passais par la fenêtre, refermant comme je pouvais derrière moi et me fondis dans la nuit.
Danil n'était pas rentré. Il attendait, veillant, cherchant à repérer le moindre danger.
Il était un traqueur né. Rien ne pouvait lui échapper. À bien des égards, il ressemblait à une main, tout comme Yiska ou les autres, mais sans le Régent qui allait avec.
Je le trouvai sans mal. Même avec le soleil qui se levait doucement, il était parfaitement camouflé. Je me positionnai à côté de lui et vis sa mine sombre. Celui qui s'était trouvé dans cette ruelle n'avait pas l'amitié de Danil.
— Tu sais qui s'était, dis-je.
Qui, qui s'en était pris à Syrine ? Qui avait voulu lui faire du mal ? Je devais savoir. Et j'allais savoir. Je n'étais pas une Main. Je n'étais qu'un Second, mais j'avais été entraîné par des monstres, alors je savais exactement ce que je pouvais ou non faire.
— Tu ne sens pas cette odeur dans l'air, Bajram ? Souffla Danil, pensif.
Mon loup grimpa et renifla l'air. Je fronçai les sourcils avant d'écarquiller les yeux. Cette odeur... c'était...
— Sheil.
Un prénom. Un simple prénom qui en disait plus long que tout le reste.
Sheil était un sorcier de l'Antre. Un Vengeur pour être tout à fait exact. Il ne répondait aux ordres que d'une seule personne.
Quand Yahto commandait, Sheil exécutait. C'était aussi simple que cela.
Yahto... c'était Yahto qui...
— Il fallait bien que cela arrive. Ton bonheur ne peut faire celui de Yahto. Et si Rine est liée à toi, alors Yahto n'acceptera pas cela.
Si cela avait été mes ennemis, j'aurais pu gérer, mais si c'était Yahto... je n'étais pas idiot. Je n'étais pas fou. J'étais peut-être son fils, mais ça ne l'avait pas empêché d'essayer de me tuer, tout simplement. Alors pour lui, tuer Syrine ne lui ferait ni chaud ni froid. Cela lui procurerait seulement la satisfaction d'avoir brisé quelque chose en moi...
Non. Non. Ça ne pouvait pas être...
Je chancelai avant de me reprendre.
Qu'est-ce qui m'avait pris de retourner de la sorte vers Syrine ? Qu'est-ce qui m'avait pris de seulement croire que nous pourrions encore avoir quelque chose ?
Les choses... les choses ne pouvaient pas être aussi faciles, n'est-ce pas ?
Qu'est-ce que j'avais fait ?
Je senti le regard de Danil peser sur moi.
— Fais ce que tu penses être juste, Bajram. Je veillerais sur ta louve comme tu me l'as demandé. Aucun mal ne lui sera fait.
Je le regardais.
Regardais cet homme qui avait laissé un petit garçon approché la bête en lui. Je savais que je pouvais avoir confiance en lui. J'aurais pu lui remettre ma vie que je n'aurais rien eu à craindre, mais là... il était question de Yahto. Il était question de Syrine.
— Il ne faut pas que Sheil découvre l'orphelinat, dis-je dans un souffle à peine audible.
— Il ne reviendra pas pour le moment. Il m'a vu. Il sait donc que je ne suis pas là où je devrais être.
Et Yahto allait le savoir. Et il comprendrait. Sa colère n'en serait que plus grande, même s'il avait toujours été un idiot de croire qu'il pouvait contrôler Danil et les autres. Des êtres qui étaient plus vieux que lui, plus dangereux que lui. Mais ça, c'était une autre histoire...
Je passai une main dans mes cheveux, plus que fébrile.
Je n'aurais pas dû craquer cette nuit. N'aurais pas dû donner ça à Syrine.
Parce que c'est comme si je lui avais donné une raison d'espérer quelque chose qui n'arriverait jamais. Allait-elle comprendre toute seule que je ne pouvais pas faire partie de sa vie ?
Surtout pas avec l'ombre de Yahto sur elle.
Non...
— Je... vais y aller, dis-je.
Je n'arrivais pas à penser correctement. À réfléchir comme il le fallait.
Qu'est-ce que j'étais censé faire maintenant ? Je n'étais pas un lâche, ne l'avais jamais été, mais... là... n'était-ce pas bien différent ?
Si. Tout l'était. Quand ça concernait Rine, rien n'était pareil. Bon sang...
Je sentis le regard de Danil peser longuement sur moi.
Et je partais.
— Vous êtes encore là, dit-elle en levant la tête du sol pour me regarder, assit sur ma branche.
En fait, pour tout avouer, j'étais parti quelques jours pour mieux revenir.
Obsession quand tu nous tiens...
Cela me faisait grogner et j'aurais pu me fracasser la tête contre un arbre si cela aurait seulement suffit à quelque chose...
Shay s'était moqué de moi, comprenant clairement que quelque chose se passait et qu'une femme était dans l'équation. Celui-là... il me mettait hors de moi parfois.
— Je vous avais dit que le paysage est agréable, non ?
Elle fit la moue, une main posée sur sa hanche. Les enfants n'étaient plus là depuis au moins deux heures, mais elle si. Elle travaillait, plongée dans des copies, dans des cahiers, dans des notes. Et quand c'était comme ça, elle ne voyait pas le temps passer. Et quand elle relevait le nez de tout ça, il faisait nuit. C'était toujours assez drôle à voir. Vivant seule, personne ne l'attendait.
J'avais mené ma petite enquête. Quand même.
— Je vais peut-être finir par croire que vous êtes un pervers, Bajram.
J'adorais mon prénom dans sa bouche. Quand elle le crierait au beau milieu d'un orgasme, ça n'en serait que meilleur. Cette pensée me fit sourire. Et me fit mal au niveau de l'entrejambe. La prendre là, dehors ne me poserait aucun problème, mais je n'étais pas non plus un sans manières.
Voilà que je divaguais complètement maintenant. Il fallait peut-être que je pense à consulter. Ou à la prendre, tout simplement. Pour ne pas utiliser un autre terme moins... dégradant.
Je sautais à bas de l'arbre et me retrouvai juste devant elle. Elle ne recula, se contentant de me regarder me redresser. Son odeur emplit mes narines et mon loup ronronna à l'intérieur. Celui-là bon sang !
— Je ne le suis que dans certaines circonstances, concédai-je avec un sourire lourd de sens.
Ses yeux brillèrent. Elle avait très bien saisit ce à quoi je faisais référence. Elle n'était pas bête, loin de là.
— Vous êtes plutôt sur de vous, finit-elle par dire.
— Toujours. Et j'obtiens toujours ce que je veux aussi.
Et c'est elle que je voulais. Au moins l'espace d'une nuit. Pour savoir si ce serait aussi bon que tout ce que j'avais pu m'imaginer à son sujet.
Ça allait l'être, n'est-ce pas ? Avec une femme comme elle, c'était sûr.
— Bordel, Bajram ! Cracha la voix étouffée de Lock alors que je venais une nouvelle fois de le mettre au sol.
Je me redressai et malgré les températures assez basses, je ne portai qu'un short. Pas de t-shirt. Mes phalanges étaient explosées. J'avais trop frappé. Trop donné de coups. De mauvais coups. Pas forcément le genre qu'on échangeait seulement pour un entraînement. Mais nos séances à nous étaient un peu particulières.
Vieux loups, vieilles techniques. Vieux besoins.
Locklann se redressa et cracha du sang par terre. Le Lieutenant de la meute avait un peu la face tuméfié, mais ça partirait vite. Bien avant le retour de Raksha, sa compagne. Lock avait le faciès d'un Campbell ; personne n'aurait pu s'y tromper. Il était un des petits frères du grand Mareck Campbell, un peu une légende parmi les loups.
Lock était un vieux de la vieille, comme plus des trois quarts des hauts gradés de cette meute. San et Jilhan étaient les deux exceptions, mais cela ne faisait pas d'eux des faibles ou des poids, bien loin de là.
Un mouvement derrière moi. Sans aucun mal, j'esquivai et contre attaquai dans la foulée. Kéo gronda avant d'heurter violemment le sol. Il ne se releva pas, préférant souffler comme un buffle.
— Ce n'est pas une séance d'entraînement ça, c'est un défouloir, résonna la voix de notre Alpha dans mon dos.
Je me retournai pour voir Shay s'avancer, les mains dans son dos, se mouvant avec une grâce qui ne le quittait jamais ; même quand il se battait.
— Notre Second est de mauvais poils depuis trois semaines maintenant, dit Lock avec un haussement d'épaules. Tu ne le laisses pas aller fourrer son nez où il le veut, Shay ?
Tout le monde dans la meute savait comment je fonctionnai. J'avais besoin de partir parfois. De bouger. Mais cela ne remettait pas en cause ma position et encore moins ma loyauté.
Shay rigola alors que Kéo se redressait sans l'aide de ses mains :
— Encore envie de frapper, Baj ? Sourit-il.
La toile vibra un instant sous la demande de Shay et le Lieutenant et le deuxième Dominant s'éloignèrent en rigolant. Recevoir des coups ne dérangeait personne ici. Nous aimions ça. Nous avions besoin de ça.
Tous. Sans exception.
Le monde était devenu trop calme.
Shay se plaça devant moi et se mit en position. J'arquai un sourcil :
— Tu veux prendre une raclée, Alpha ? Dis-je.
— On pari ?
Il bougea et j'évitai. Je n'attaquai pas. Se battre avec Shay demandait beaucoup de concentration. Il fallait toujours essayé d'avoir un coup d'avance, même si ce n'était pas toujours facile.
— Cela fait trois semaines que tu es ici. Tu n'es même pas allé voir Dali une seule fois.
— Et alors ? Grondai-je, attaquant, voyant une ouverture.
Shay sourit simplement et son coup fit vibrer mon corps entier alors que l'impact me fit reculer.
— Tu n'es pas venu avec moi quand je suis allé chez Honor.
— Tu étais avec Priam.
Un autre coup, cette fois, je tentais de parer, mais la main de Shay m'attrapa et mon os craqua sous la pression.
Mon loup ne broncha pas, mais déjà, sa puissance me soignait. Je bougeai et frôlai Shay qui tenta de m'atteindre une nouvelle fois, mais je ne le laissais pas faire.
— Qu'est-ce qui se passe, Bajram ?
— Comme si tu ne le savais pas, grondai-je.
Shay savait toujours tout.
Il pouvait regarder une personne et tout savoir d'elle. C'était presque effrayant comme don, si on pouvait appeler ça comme ça, mais personne ne pouvait garder un secret face à cet homme. C'était impossible. Je le savais, parce que je n'en avais aucun pour lui. Que j'étais incapable d'en avoir. Dali avait toujours cru échappé à ce... talent, mais elle ignorait que Shay en savait bien plus sur elle qu'elle n'aurait même pu l'imaginer.
— Alors je devrais demander qu'est-ce que tu as fait ?
Qu'est-ce que j'avais fait. À Rine.
— Yahto sait pour elle. Il a envoyé Sheil. Pour quoi faire ? Je ne sais pas, mais avoir l'ombre de Sheil derrière soi...
C'était pire que tout. C'était un vieux Vengeur. Puissant et terriblement dangereux.
Je frappai, Shay encaissa le coup, mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres.
— S'il s'intéresse à elle, c'est à cause de moi. Et c'est dangereux pour l'orphelinat.
Le visage de Shay était sombre. Il réfléchissait. Moi, je n'avais fait que ça pendant les trois dernières semaines.
Je n'étais pas retourné là-bas depuis vingt-et-un jours.
Je la savais en sécurité. Avec Danil dans les parages, rien de mal ne pouvait lui arriver. Rien de mal ne lui arriverait.
— Tu crois qu'en restant éloigné, Yahto ne lui fera rien ? Tu veux lui montrer qu'elle ne... représente rien à tes yeux, c'est ça ?
Ouais. C'était ça l'idée. Si je restais en dehors de sa vie, alors pourquoi Yahto s'occuperait d'elle ?
Je n'avais rien trouvé de mieux. Danil ne serait pas toujours là. Et je ne pouvais pas... je ne pouvais pas...
— Il y a toujours d'autres solutions, tu sais ?
Mon Alpha me regarda.
Oui. Je pouvais la faire venir ici. La meute la protégerait. En tant que compagne du Second. Mais si le monde venait à apprendre que j'étais lié, alors beaucoup viendrait ici. J'étais l'ennemi de trop de gens.
Mais même sans la meute, je n'étais pas sûr d'être prêt pour ça.
Se lier.
Je n'étais pas sûr de pouvoir le faire. Même pour Rine. Même pour elle...
— Il n'y a pas d'autres solutions. Si je suis loin d'elle, elle ira bien. C'est tout.
J'en avais assez de me battre. Je me redressai et mon corps protesta un instant.
Rester loin de Rine...
M'imaginer la savoir avec un autre...
Espérer que Yahto porte son attention sur quelqu'un d'autre.
Ne pouvait-il pas m'oublier ? J'avais toujours été si inutile à ses yeux, alors quoi ? Monsieur s'ennuyait alors il surveillait ce que faisait son fils ?
— Bajram, tu...
Shay porta son regard derrière moi et je senti l'énergie d'un sorcier.
Jamy Hansen. Je me tournai. Il était celui qui avait pris la place de Ruka. Celui qui s'occupait des Mains du Gardien.
Mon loup grimpa doucement, sentant que quelque chose n'allait pas. Shay s'avança jusqu'à se retrouver à côté de moi.
— Jamy, le salua-t-il. Il y a un problème ?
Shay aussi se doutait que le sorcier n'était pas venu pour dire bonjour. Le regard de l'Aîné de la sorcière blanche de l'Éthérée se posa sur moi.
— Il faut que tu viennes, dit-il. À l'Antre.
À... l'Antre ?
— Maintenant, Bajram.
De la maison, je vis Mayanka en sortir presque en courant et nous rejoindre. Je n'avais pas entendu ce que Shay lui avait dit à travers la toile, mais elle se positionna à côté de Jamy et hocha la tête.
Elle venait avec moi.
— Vas-y, souffla Shay en me poussant.
J'avançai, le cœur aux bords des lèvres. Qu'est-ce qui se passait ? Ce n'était pas Yahto qui avait envoyé Jamy. De ça, je pouvais en être sûr, mais alors quoi ?
Jamy posa sa main sur mon épaule alors que la main de Mayanka glissait dans la mienne. La magie du sorcier nous aspira et la seconde suivante, nous étions à l'Antre.
Tout de suite, le monde présent me sauta aux yeux. Les habitants sortaient rarement, pourtant là, j'avais l'impression que tout le monde était dehors.
Et les monstres qui ne quittaient jamais les montagnes étaient là eux aussi.
Yiska.
Même Satyaki. Je ne voyais pas Aymar, mais je le sentais.
Et Danil était là. Devant la maison de Yahto. À ses pieds, Haimi. D'ici, je pouvais voir qu'elle était dans un sale état. Aucune trace de Sheil. Est-ce que Danil avait...
Yahto se tenait à quelques mètres de Danil, le visage indéchiffrable.
Bordel, mais qu'est-ce qui était en train de se passer ici ?! Qu'est-ce que foutait Danil ici ? Qu'est-ce qu'il...
Mon loup grimpa si vite que je chancelais.
Rine.
Rine était ici. Elle était...
Mon regard la chercha. Et je la trouvais.
Lakshan était vers elle, ainsi que Yiska. Son visage était pâle et elle regardait le même spectacle que tout le monde, une main posée sur son ventre.
Cela remua très légèrement mon loup. Il se concentra sur elle, juste quelques secondes avant de se figer complètement.
Là. Là, c'était...
Une étincelle de vie.
Une présence.
Là.
Dans... son... ventre ?
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Pas relu donc pas corrigé. Désolée si grosses fautes x'D
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