Alia était tranquillement assise sur son lit, casque visé sur le crâne à écouter un rap américain relativement grossier. Elle marmonna en même temps que le chanteur:

-I don't fuck with you!! You little stupid ass bitch I ain't fucking with y... ,le son déchirant de l'alarme incendie coupa cours à son chant.

Elle éteignit la musique, posa son IPod et sortit de sa chambre au pas de course en évitant de son mieux les meubles. Dans la précipitation, elle n'avait pas eut le temps de mettre des chaussures et le regretta dès qu'elle mit un pied dans le couloir.

Les gens couraient dans tout les sens, hurlaient, la bousculaient, lui marchaient dessus. Elle tomba, poussée, traînée au sol, shootée. Personne n'entendait ses cris perdus dans le vacarne. Elle réussit à se mettre à genoux quand quelqu'un lui donna un coup de pied dans les côtes qui la fit vaciller. Elle se retrouva étalée par terre.

Alia essaya de ramper pour se mettre à l'abri mais une odeur de brûlé lui envahissait déjà les poumons. La jeune fille suffoqua avant de reprendre son souffle pile à temps pour se prendre un débris ou une personne sur la tête. Elle perdit conscience dans un bruit infernal et dans une odeur de barbecue cramé.

Alia reprit conscience dans un brouillard de fumée qui la fit tousser. Elle toussa à s'en arracher les poumons. Sa main toucha par hasard un tissus. Elle le prit et se déchira un morceau de la taille d'un mouchoir qu'elle mit devant son nez et sa bouche.

La jeune fille essaya de se relever mais ses jambes, trop faibles, lui firent défaut dès qu'elle fut debout. Elle tomba à genoux dans un nuage de cendre. Elle toussa de plus belle. Comme elle n'arrivait pas à se relever, Alia se mit à ramper en évitant du mieux qu'elle put entre les décombres d l'orphelinat. Un craquement sec lui fit tourner la tête et elle se prit des braises brulantes sur le visage. Elle hurla. Un cri strident qui faisait mal aux oreilles. Dans la panique elle avait lâché son mouchoir de fortune et n'arrivait pas à le retrouver.

Elle se mit à quatre pattes, le visage les plus près du sol possible, et continua à avancer vers ce qu'elle supposait une sortie. Durant son avancée, sa main droite se posa sur un morceau de métal chauffé à blanc. Elle la retira en hurlant. Alia tomba à la renverse sur une sorte de rideau qui se déchira sous son poids. Elle cria pendant sa chute qui sembla durer une éternité. Un étage plus bas, son dos rentra en contact avec quelque chose de dur et chaud. Elle eut le souffle coupé par la violence du choc. La douleur irradiait dans tout son corps: sa main, son dos, ses poumons, son visage.

La jeune fille prit ses genoux entre ses bras et pleura. Ses larmes lui faisaient mal aux yeux. Aucunes d'entre elles ne roula sur ses joues, elles s'évaporaient avant. Dans un désespoir ultime, elle cria:

-A L'AIDE!!! QUELQU'UN S'IL VOUS PLAIT JE...je veux pas mourir comme ça....

Elle s'apprêtait à se rendre quand soudain, comme un miracle, elle entendit une voix lointaine, une voix qu'elle connaissait depuis longtemps, qu'elle reconnaitrait entre mille: Sam.

Il était venu la chercher. Il allait la sauver. Elle releva la tête et cria:

-SAM!!! JE SUIS LA!! AIDE MOI!!

Alia entendit une réponse vague et décida de se lever pour aller trouver Sam. Elle s'appuya sur quelque chose de pas trop chaud pour s'aider et se mit à marcher d'un pas mal assuré vers la voix de Sam qui l'appelait encore et toujours.

Une explosion projeta Alia contre un mur en flammes. Elle recula en criant et en frottant ses habits. Ses yeux pleuraient de nouveau. Elle avait mal. Elle avait chaud. Elle avait du mal à respirer. Elle suffoquait. Ses poumons la brulaient. Son corps entier la faisait souffrir. Elle se laissa glisser au sol en proie à une détresse immense.

Un bruit de poutre brisée se fit entendre puis un bruit gigantesque et quelqu'un qui cria:

-ALIA!

Des pars précipités se rapprochaient d'elle. Deux bras la prirent par les épaules et la relevèrent. Le garçon passa son bras sous celui d'Alia et il commença à marcher. Elle n'eut pas d'autre choix que de le suivre. Elle trébuchait sans cesse, toussait se tordait de douleur quand il touchait à sa main meurtrie, hurlait quand elle touchait quelque chose de brulant. Et au bout de ce qui semblait un millénaire d'agonie totale, Alia put respirer un peu mieux; ils approchaient d'une sortie. Le garçon qui la soutenait toujours commençait à flancher sous son poids. Il trébucha et ils tombèrent pêle-mêle dans les cendres et les débris du bâtiment.

Alia crut que tout était fini, mais apparemment le destin en voulait autrement. Deux bras puissants la soulevèrent de terre et posèrent sur l'épaule du propriétaire. Elle se sentit ballotée. Mais finalement ils arrivèrent à l'air libre. Elle prit une grande inspiration et faillit s'étouffer avec. Elle toussa fortement. Sa tête tournait beaucoup. Beaucoup trop. Elle perdit connaissance au moment où quelqu'un arriva en criant:

-SAM! ALIA!

Sabella. Ce fut la dernière chose à laquelle elle pense avant de sombrer.