L'incompréhension le plus souvent ne vient pas d'un manque d'intelligence mais d'un manque de sens (Friedrich von Schlegel)

Ils réussirent à louer un mini-bus pour le lendemain. Pour la première fois depuis deux semaines, ils préparèrent leurs affaires afin de pouvoir passer quelques jours à Rasen. Ils arrivèrent vers seize heure dans la ville. Ils déposèrent leurs affaires à l'auberge et se reposèrent un peu avant d'aller au festival. Jack en profita pour prendre Samuel à part. Il lui raconta sa brève conversation avec Liam.

- ... après avoir réfléchis j'ai choisis de t'en parler à toi plutôt qu'à Emma. Déjà parce que je pensais que tu saurais rester plus calme qu'elle et en plus comme Katie est la sœur de Liam tu sais peut-être quelques chose à son propos, conclut-il.

- C'est vrai que « je la veux » c'est un peu flippant comme phrase, admit Samuel, les sourcils froncés. Mais par respect pour Katie, je ne pense pas intervenir si Melissa ne risque rien.

Il lui jeta un regard lourd de sous-entendu.

- Tu veux dire que Katie pense toujours qu'il pourrait se passer quelque chose entre vous ? s'étonna Jack. Elle n'est quand même pas jalouse ?

- Non, non, je crois que cela lui a passé. Mais je ne veux pas jouer avec le feu, cela pourrait la faire souffrir. En plus, comme il s'agit de son frère, c'est un peu délicat de dire à Melissa qu'il n'est pas net.

Jack hocha la tête. Effectivement, il n'avait pas vu ça sous cet angle.

- Mais tu as eu raison de venir m'en parler, déclara Sam. N'hésite pas si tu t'aperçois d'autre chose.

- Promis. Tu ne m'as pas répondu avant, lui rappela son ami. Katie t'a parlé de quelque chose à propos de Liam ?

- Et bien, d'après ce que j'ai compris il n'a pas été du genre à se poser jusqu'ici, il passe d'une femme à l'autre. D'un certain côté cela peut être bon signe si Melissa est la première femme à qui il s'intéresse sincèrement.

Ils furent interrompu par Gaby qui venait les chercher, les autres étant devant l'auberge, prêts à partir. Il traversèrent deux rues avant d'arriver dans le coeur du festival. La ville était magnifique, il y avait des stands coloré, des banderoles, des lanternes absolument partout. Des musiques et des odeurs de tous horizons se mélangeaient dans cette ambiance festive.

- Qu'est-ce que c'est beau ! S'émerveilla Gaby. Heureusement que l'on reste plusieurs jours, le contraire aurait été frustrant ! J'aimerais bien aller à ce stand-là...

- Ah non moi j'ai faim, la contredit Jack.

- On peut se donner rendez-vous ici à huit heure quand les concerts commencent, proposa Emma.

Ils hochèrent le tête et se séparèrent. Joëlle et Kyle partirent immédiatement de leur côté, sachant déjà ce qu'ils cherchaient. En effet, étant assis à côté durant le voyage, ils avaient commencé à parler. De fil en aiguille, ils avaient décidé que le festival était l'occasion de bien déconner. Ils avaient convenu qu'ils allaient se déguiser.

Ils pénétrèrent donc dans un grand stand remplis de costumes. Ino eut un coup de cœur pour une tenue de pirate plutôt agicheuse. Le short noirs lui moulait les fesses et la chemise rayée, ceintrée dans un corset lui faisait une taille de rêve. Le chapeau en cuir, sous lequel tombaient ses cheveux en une cascade blonde, était la touche finale à son apparence.

Kyle, lui, préférait faire l'idiot. Il essaya un costume de poussin, un autre de médecin et même celui d'une fée. Il finit par sortir de la cabine, vêtu d'un gilet de cuir et d'un jeans déchiré. Il portait une large ceinture, de grosses rangers et un chapeau de cow-boy. Joëlle ouvrit de gros yeux en le voyant. Son gilet foncé contrastait avec sa peau caramel où se dessinait ses abdos.

- Wahou ! Ca te va bien , le complimenta Joëlle, les joues roses.

Ils payèrent leurs habits et retournèrent dans la rue. Kyle repéra un stand de lancer, Joëlle vit ses yeux briller d'excitation et se retrouva donc à le regarder lancer les petits couteaux pointus sur les cibles. Pendant ce temps elle regardait les objets à gagner. Il y avait des peluches, des fleurs artificielles, des jouets... son regard se posa sur un collier qu'elle trouva particulièrement magnifique. C'était un fin trèfle à quatre feuilles doré avec un coeur rouge rubis. Kyle regarda Joëlle, s'attendant à des félicitations puisqu'il avait fait un score parfait. Il suivit son regard et vit le collier posé sur un présentoir. Il demanda au vendeur de recommencer une fois et réussit une nouvelle fois un sans faute, ses aptitudes de guerrier l'aidant beaucoup. Il demanda à avoir le collier, et ce fut que lorsque il l'eut dans la main que Joëlle sortit de sa rêverie.

- Tu n'as pas été très discrète, constata-t-il. Tourne-toi que je te le mette. Enfin si tu le veux bien...

Elle se retourna et souleva ses cheveux. Il lui accrocha le collier et attendit qu'elle soit à nouveau face à lui. Elle avait un sourire radieux.

- Merci beaucoup, dit-elle en lui plantant un baiser sur la joue.

Ils s'achetèrent des frites et s'assirent à une table de pic-nique. Kyle lui proposa de prendre la dernière frite mais Joëlle refusa, elle savait qu'il avait un plaisir particulier à terminer un plat. Il prit la frite dans la main, lui expliquant que celle-ci aurait peut-être un goût exceptionnel...

- Ah la la, tu ne sais pas ce que tu rates! dit-il en regardant amoureusement la frite. Tu sais que une fois que je l'aurai mangée, ce sera trop tard ? Tu n'auras plus jamais une autre occasion...

Joëlle entendit ces deux mots et ils firent comme un écho dans sa mémoire, comme sortit d'un rêve. Elle avait déjà entendu la voix de Kyle les prononcer, mais elle n'avait aucune idée dans qu'elle circonstances. Kyle vit sa réaction et la regarda d'un air inquiet. Elle ne savait toujours pas d'où cette impression de déjà entendu lui venait mais elle décida de faire comme si elle le savait.

- Je me demandais quand tu allais aborder le sujet, tenta-t-elle en se créant un masque de certitude.

- Je te dois effectivement des explications je pense. C'est qu'avec ta noyade, j'ai eu si peur de te perdre. Je me disais que j'avais tout gâché. Entre nous je veux dire.

Elle vit ses yeux commencer de briller.

- Si... si cela avait vraiment été la fin, j'aurais regretté toute ma vie de ne pas avoir profité de toi tant que je le pouvais encore. J'ai été con Joëlle, je m'en rends compte. Laisser de côté notre relation pour quelques années, c'est perdre des centaines de moments avec toi. Et ces moments, ce sont finalement les seuls qui sont réellement importants pour moi.

Joëlle ressemblait à un poisson hors de l'eau. Plus jamais.

- Et donc, commença-t-elle avec un air moqueur. Où est-ce que tu veux en venir ? Parce que bon, « plus jamais » c'est un peu vague...

Il plissa les yeux, amusé.

- Il me semble que la mini déclaration que je viens de te faire était compréhensible non ?

Il se leva et prit la main de Joëlle. Il l'entraina dans un parc un peu à l'écart. Joëlle vit la nuit se refermer autour d'eux, et lorsqu'il s'arrêta elle voyait à peine son visage. S'approcha d'elle et passa ses mains autour de sa taille en nichant son visage dans son cou. Joëlle cru qu'il voulait l'embrasser mais elle entendit alors Kyle fredonner. Elle frissonna en sentant son souffle glisser dans son cou.

- Si tu crois un jour qu'je t'laisserai tomber... pour un détail, pour une futilité... n'aie pas peur, je saurai bien... faire la différence...

Joëlle ne connaissait pas cette chanson, mais ses paroles semblaient avoir été écrites pour eux.

- ... Si tu crains un jour qu'je laisserai faner, la fin de l'été, un mauvais cap à passer... n'aie pas peur... personne d'autre n'pourrait si facilement te remplacer... oh non pas toi, vraiment... pas toi... parce que c'est toi la seule à qui je peux dire... qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir... parce que c'est toi, rien que pour ça... parce que j'avoue j'suis pas non plus tenté, d'rester seul dans un monde insensé...

Elle avait posé sa tête sur l'épaule de Kyle. Des larmes roulaient sur ses joues, comme des échos aux battements du cœur de l'homme qui s'ouvrait à elle.

- ... et commence pas à te cacher pour moi, oh non... je te connais trop bien pour ça... je connais par cœur ton visage, tes désirs, ces endroits de ton corps... qui m'disent encore... parce que nous, c'est fort... parce que c'est toi j'oserais tout affronter... et c'est toi à qui j'pourrais pardonner... parce que c'est toi... rien que pour ça... parce que c'est toi j'voudrais un jour un enfant... et non pas parce que c'est le moment... parce que c'est toi, je veux te voir dedans... j'verrais dans ses yeux tous ces petits défauts... parce que parfait n'est plus mon créneau... parce que c'est toi... rien que pour ça... parce que c'est toi.

La voix de Kyle s'éteignit dans la nuit et plus rien ne bougea. Joëlle resta blottie contre lui. Elle sentait une bulle de bonheur enfler dans sa poitrine et n'avait qu'une peur, que le moindre mouvement la fasse éclater.

- Je ne pourrai pas revivre ça Kyle, chuchota-t-elle, toujours le nez dans son épaule.

- Je sais. Je suis tellement désolé. Et... pour ce que ça vaut... j'ai aussi eu mal. Mais je ne pouvais pas revenir vers toi tout de suite tu comprends. Je voulais être certain que je ne te referais plus jamais souffrir ainsi. En attendant, j'écoutais cette chanson. Si souvent que j'ai fini par la connaître par cœur. Elle me faisait penser à toi. Et ça me faisait tellement de bien.

Joëlle leva les yeux et vit que des larmes s'accumulaient dans ses yeux verts.

Elle s'éleva sur la pointe des pieds et l'embrassa tendrement. C'était comme un premier baiser. Hésitant, tremblant, mais inoubliable.

- Au moins maintenant, je sais que tu ne suivras n'importe quel débile, glissa Kyle en référence à Jessie.

Malgré cette touche d'humour, sa voix était encore empreinte d'émotion. 

- Il faudra que tu en vailles la peine, pouffa-t'elle.

Il la souleva et la fit tournoyer, la faisant rire aux éclats. Il réalisa alors à quel point elle lui avait manqué.

Quelques rues plus loin, Liam, Sam, Katie, Melissa, Matt et Emma se baladaient. Leur groupe s'était formé alors que Melissa et Sam, accaparés par leur discussion, étaient partis dans une rue. Katie avait suivi son petit ami et Liam s'était dit que rester avec Melissa pouvait lui permettre de se rapprocher d'elle. Matt et Emma avaient passés un bon moment en faisant plusieurs tours de manèges, Emma avait vu Matt rire aux éclats et lui avait avoué qu'elle le préférait comme cela. Il paraissait si bienveillant depuis qu'il avait voulu l'embrasser il y a une semaine. Elle avait saisi l'occasion de la file d'attente seuls les deux pour lui demander d'où il venait. Elle ne savait presque rien de sa vie avant son arrivée à Bisan.

- Je viens de la campagne, mes parents sont des paysans. Ils ont dû travailler dur et se serrer la ceinture pour me permettre de venir ici et de devenir guerrier. J'ai trois grands frères mais un seul un décidé de faire des études, les deux autres veulent reprendre les terres de mes parents. Je suis le benjamin mais celui qui leur a coûté le plus cher car Damien, celui qui voulait étudier, a pu rester habiter à la maison le temps d'entrer dans la vie active car son école n'était pas trop loin.

Il marqua un temps d'arrêt, hésitant.

- C'est pour ça que je ne me liais pas vraiment aux autres, je devais progresser pour pouvoir gagner de l'argent rapidement. Je savais que ma famille loupait des repas juste pour que je puisse vivre ici. Je me suis mis beaucoup de pression pour ça, cela m'a rendu un peu... indisponible émotionnellement. Je m'en rends compte maintenant. Heureusement, aujourd'hui j'arrive à payer mon studio seul. J'essaie en plus d'envoyer de l'argent chaque mois à mes parents. C'est un peu ma façon de les remercier.

- Je comprends qu'avec tout ça, tu n'avais pas vraiment la tête aux amourettes... en tout cas c'est absolument dingue tout ce que tes parents ont fait pour toi. Tu as de la chance d'avoir une famille prête à se sacrifier à ce point, admira Emma.

- Et toi ? Ta famille ? s'intéressa Matt.

- Oh, mon père est guerrier, ma mère femme au foyer. Lui est très sévère, il ne nous a jamais tellement montré qu'il nous aimait. Même ma mère est complètement à sa merci quand il est là. Honnêtement, je préfère quand il est en mission car l'ambiance est plus légère avec ma mère seule à la maison.

- Ton père a l'air dur, releva Matt.

- Je ne devrais pas me plaindre, il a toujours été plus indulgent avec moi qu'avec Melissa. Je pense que ses études de médecine étaient aussi une excuse pour s'éloigner de lui.

- Ce doit être difficile pour vous deux.

- Je crois que toute les familles ont leurs problèmes, éluda Emma avec un sourire.

A huit heures tout le monde se retrouva à leur point de départ. Le déguisement de Joëlle et Kyle fit grande impression, ainsi que leurs doigts liés. Ils marchèrent jusqu'à la grande scène remplie de lumières. Un adolescent avec des dreadlocks monta sur scène et prit le micro dans ses mains.

- Bonjour tout le monde ! Je suis très content de tous vous voir ici ce soir ! Vous allez bieeeen ?

La foule cria.

- Je m'appelle Kento, et j'ai le plaisir de vous présenter tous les artistes que vous allez voir!

Une dizaine de personnes entrèrent sur scène et ils commencèrent tous à danser de façon parfaitement synchronisée.

- Je le connais ! Dit Melissa en montrant Kento du doigt. Je l'ai connu durant mes études !

- Ah oui ? Alors, rapprochons-nous, je veux le voir de plus près ! insista Gaby.

Les guerriers s'avancèrent un peu dans la foule. Le regard de Kento croisa celui de Melissa et il lui fit un clin d'œil. Liam regarda le danseur d'un mauvais œil et se rapprocha de son amie. Ils regardèrent les danseurs durant tout le spectacle jusqu'à la pause. Ils passèrent sur le côté de la scène et virent Kento qui buvait de l'eau. Il serra Melissa dans ses bras.

- C'est trop cool de te voir ma belle ! Qu'est ce que tu deviens ? Tu m'as l'air bien entourée en tout cas !

Il était vêtu d'un jeans large et d'une chemise ouverte multicolore sur son T-shirt noir. Comme tous les danseurs de talent, il avait ce charme et ce style naturel qui se dégageait de sa personne.

- Tout va bien, répondit-elle. J'ai reprit ma vie de guerrière chez moi. Voici mes amis, Joëlle, Katie, Samuel, Gaby, Matt, Thomas, Liam, Kyle, Jack, Yasmine et Emma qui est ma sœur.

- C'est super que tout aille bien pour toi. Je dois y aller là, c'est la fin de la pause, j'espère qu'on se reverra ! Appelle-moi si tu as besoin d'un truc !

Il lui fit une bise et partit. Le groupe d'amis décida de prendre le chemin de l'auberge. Liam ne quittait plus Melissa d'une semelle. Vêtue d'une petite robe d'été, elle était toujours aussi belle et il ne pouvait plus la laisser seule. Il avait noté que si elle s'entendait bien avec les hommes de la bande, elle était particulièrement complice avec Samuel. La voir discuter et rire avec lui l'avait toujours irrité mais la rencontre avec Kento l'avait décidé à faire quelque chose. Il engagea la conversation avec Melissa et laissa le groupe les distancer. Quand ils furent assez loin il prit le coude de son amie et l'attira à lui. Il glissa son autre main sous sa nuque et attira ses lèvres contre les siennes. Melissa, totalement prise par surprise, se laissa aller à ce baiser qui était loin d'être désagréable.

Leurs amis, qui s'étaient arrêté pour les attendre, avaient suivis toute la scène. Jack échangea un regard avec Samuel semblant dire « bon et bien c'est fait ». Samuel regarda à nouveau le couple et trouva que Liam avait attrapé les lèvres de Melissa d'une manière trop brusque, presque animale. Sans s'en rendre compte, Sam avait lâché la main de Katie. La jeune femme de Liske avait vu son expression changer. De l'inquiétude lorsqu'il les avait vus ensemble à l'étonnement lorsqu'il l'avait prise contre lui. Le regard qu'il avait à présent était indescriptible, comme lorsqu'on regarde un film et que l'on est soucieux de la suite. Cela réveilla les doutes de Katie. Pas qu'ils aient disparu, mais elle avait essayé de profiter de chaque instant avec lui au lieu de s'en faire pour rien. Lorsque leur histoire se terminerait, elle voulait n'avoir aucun regret et en garder un bon souvenir. Liam et Melissa les rejoignirent, elle les joues roses pour diverses raisons certainement.

Le groupe arriva à l'auberge et s'installa dans les deux dortoirs, un pour les filles et l'autre pour les garçons. Ils rentrèrent à l'institut quelques jours plus tard, après avoir profité de la mer. La trêve arrivait à son terme et ils durent rassembler leurs affaires pour pourvoir partir le lendemain. Ils louèrent un bus et firent le chemin du retour, qui fut tout de même teinté de tristesse car Liam et Katie devaient retourner dans leur village.

Ils se promirent de se voir dès qu'il leur serait possible de le faire, ce qui devrait arriver d'ici quelques jours à quelques semaines suivant les missions.

Samuel prit le chemin de chez lui et franchit la porte, ses bagages à la main. Une femme d'une quarantaine d'années vint à sa rencontre, les yeux aussi verts que son fils.

- Samuel ! Pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu revenais aujourd'hui?

- On s'est décidé à la dernière minute tu sais...

Elle lui colla un baiser sur le front et l'emmena dans le salon. Son père était en train de travailler sur la table de la salle à manger qui donnait sur le salon. Il leva la tête et regarda Samuel de ce regard franc qu'il connaissait par cœur.

- Tu n'aurais pas quelque chose à nous dire ? l'interrogea son père.

Samuel regarda autour de lui mais ne comprit pas où il voulait en venir.

- Contrairement à toi, Joëlle téléphone à sa mère pour lui donner des nouvelles, lui dit sa mère. C'est quand même dingue que je doive apprendre par la mère de l'une de tes amies que tu n'es plus célibataire !

Il maudit sa coéquipière.

- Elle s'appelle Katie, elle vient de Liske, soupira-t-il finalement. C'est même leur ambassadrice si vous voulez tout savoir.

- C'est possible, oui son nom me dit quelque chose, répondit son père.

- C'est la sœur du Haut Guerrier, non ? demanda sa mère.

- Oui c'est ça, confirma Samuel.

- Le Haut Guerrier qui lui-même sort avec ton amie Melissa, continua-t-elle. C'est aussi la mère de Joëlle qui me l'a dis. C'est fou comme le monde est petit je trouve ! Et comme tu es secret aussi !

Elle frotta les boucles brunes de son fils, juste pour l'enquiquiner. Sa mère n'avait rencontré Melissa qu'une fois. Néanmoins elle demandait régulièrement à Sam de ses nouvelles depuis qu'elle avait appris qu'il l'aidait à se cacher de son père. Son fils lui avait tout avoué avant la trêve lorsqu'elle avait découvert les affaires de Melissa dans la cave.

- Tu penses que Liam pourra faire quelque chose pour sa situation ? demanda sa mère.

- Je ne sais pas, ils ne sont ensemble que depuis quelques jours tu sais.

- Il pourrait lui demander de venir habiter avec lui à Liske, lança son père en levant les yeux de ses feuilles. Ce serait le plus simple.

Samuel se raidit mais n'ajouta rien.

- Enfin, il faut déjà que leur couple dure, lâcha-t'il d'un air désinvolte.

Il prit sa valise et monta dans sa chambre. Il ne vit pas sa mère jeter un regard taquin à son père, qui lui répondit par un air faussement innocent. Elle alla s'asseoir sur ses genoux :

- Toi alors ! lui reprocha-t-elle en souriant.

- Je l'ai plus bouleversé en une phrase que toi en une conversation.

- Et tu continues à en être fier je vois.

Ils se regardèrent, toujours aussi amoureux après plus de dix ans de mariage.

Pendant ce temps, dans la maison de Yasmine et Thomas, celle-ci se préparait mentalement à présenter Jack à son père. Elle et Jack allèrent voir Thomas qui discutait avec Gaby.

- Thomas il faut que tu m'aides, j'ai peur qu'il réagisse mal, le supplia-t-elle.

- Tu n'as pas besoin de stresser, la rassura Gaby. Tu n'as qu'à le dire en même temps que Thomas et ça passera tout seul.

- Ce n'est pas la même chose, commença Jack.

- Il a raison, le soutint Thomas. Yasmine est l'héritière de notre famille. Le choix de son partenaire est donc beaucoup plus important que le mien.

- Mince c'est vrai, se souvint Gaby. C'est que cela fait tellement monarchique comme manière de procéder.

Un homme sévère ouvrit la porte. En voyant ses enfants, ses traits se détendirent.

- Je suis heureux de vous voir, entrez donc, j'ai finit ma paperasse.

Ils s'assirent autour d'une table basse.

- Je me présente : Ronald Coln. Et à qui ai-je l'honneur ?

- Gaby Rhib.

- Ma petite amie, ajouta Thomas en lui prenant la main pour la rassurer.

- Et je m'appelle Jack Valen, le petit ami de Yasmine.

Monsieur Coln les regarda successivement, en s'arrêtant sur Jack.

- J'imagine que ma fille vous a expliqué les règles de notre famille. Yasmine, tu sais ce que j'en pense, j'espère que tu réfléchiras à deux fois avant de le présenter au conseil. Fais attention, pas tout le monde pense à ton bonheur.

Yasmine hocha la tête avec déférence. Son père était aussi un guide pour elle, le meilleur référent lorsqu'il s'agissait de ses futures fonctions.

- J'aimerais m'entretenir avec Thomas, les informa leur père.

Ils se levèrent tandis que Thomas patientait, sachant plus ou moins ce qu'il voulait lui dire.

- Ce Jack, qu'est-ce que tu en penses ? lui demanda le vieil homme.

- C'est un couple solide. Pour ce qui est de Jack, je le connais déjà depuis de nombreuses années étant donné qu'il fait partie de notre fratrie. Honnêtement, je valide son choix.

- Très bien.

Thomas se sentit fier, non seulement son père lui avait demandé son avis, mais il avait enfin l'impression d'avoir fait quelque chose de bien pour sa sœur.

- J'ai autre chose à te dire, ajouta son père. Je suis allé voir mon médecin. Mon état s'est aggravé, mon cœur n'en a plus pour très longtemps. On m'a donné six mois tout au plus, révéla son père.

- Mais... pourquoi ne pas l'avoir dis à Yasmine aussi ? Ce sera à elle de diriger notre famille, il faut absolument qu'elle s'y prépare ! s'exclama Thomas.

- Je me souviens de sa réaction lors de ma permière crise cardiaque cet hiver, elle était complètement désespérée. Je ne veux pas qu'elle perde son temps à s'inquièter pour cela, ce sera déjà assez dur pour elle lorsque l'heure viendra. Je veux l'épargner pour le moment. Par contre je veux que tu l'aides lorsque je ne serai plus là, à deux vous serez plus fort. D'ici mon décès, je t'apprendrai ce qu'il faut savoir pour diriger correctement et assister Yasmine. Elle sait déjà la majorité des choses mais elle aura besoin de toi.

- Bien, accepta Thomas, toujours chamboulé. Je ferai mon maximum.