Chapitre 6
La reconnaissance est la mémoire du coeur (Hans Christian Andersen)
- Elle ne répond pas, dit Melissa en remettant son transmetteur dans sa poche.
- Ce n'est pas grave, on lui demandera une autre fois.
- En tout cas ça me fait très plaisir que tu m'aies accompagné pour aller chercher ces plantes médicinales, lui sourit Melissa. Même si on est trempé...
Elle regarda Sam qui passa pour la énième fois ses doigts dans ses boucles brunes. Peine perdue, les mèches gorgées d'eau retombèrent sur son front, lui chatouillant ses longs cils. Il fronça le nez comme un enfant, visiblement agacé. Melissa laissa sa langue de glisser entre ses dents, son réflexe lorsqu'elle était amusée.
- Je vais l'attraper cette langue si elle continue à me narguer comme ça, la prévint Samuel, taquin.
Melissa lui jeta un regard angélique, mais son sourire garda ce côté enfantin qu'il connaissait par cœur.
- Je voulais profiter qu'on soit seul pour te parler de quelque chose, commença son ami avec prudence. C'est à propos de Katie... en fait on s'est embrassé hier. On a décidé de se mettre ensemble, voir où ça peut...
- C'est super ! lui lança-t'elle, un peu trop rapidement.
Il s'arrêta net et la fixa, consterné.
- J'y crois pas, tu le savais déjà ! C'est Katie qui te l'a dit ?
- Aaaaaaanh non. Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
- Je te connais, quand on t'annonce une nouvelle importante ou étonnante tu ne félicite jamais tout de suite. En général tu restes silencieuse un moment, et ensuite tu poses tout un tas de questions, parfois stupides ou souvent indiscrètes. C'est seulement une fois que tu as compris la situation que tu donnes ton avis. Tiens souviens-toi quand on était plus petit, quand je t'ai dit que j'étais fils unique. Tu m'avais dit « c'est vrai ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ? ».
Ils éclatèrent de rire à ce souvenir.
- Tu es vraiment méchant ! lui répondit-elle en s'essuyant les yeux.
- Et à part toi, qui est au courant pour Katie et moi ?
- Heuuu tout le monde..., avoua Melissa.
- Bon, ben au moins pas besoin de le leur annoncer, positiva-t-il. Et à part ça, tu as aimé le livre de stratégie ?
- Oui c'était très instructif, exactement comme je l'espérais ! Tu lis quoi toi maintenant ?
- J'ai justement finit un deuxième, il parle des appâts cette fois. C'est comment manœuvrer pour amener quelqu'un à faire ce que tu veux... je sais pas si c'est une bonne idée que tu le lises celui-là par contre. Tu risquerais de l'utiliser sur moi après ! s'inquiéta son ami avec un regard en coin.
- Si tu es si bon stratège tu devrais pouvoir reconnaître les techniques lorsqu'elles sont appliquées sur toi non ? le taquina Melissa. Cela te fera un bon entrainement !
Ils venaient d'arriver à la villa. Quand ils ouvrirent la porte d'entrée, les autres assis sur le canapé se retournèrent vivement mais semblèrent déçu.
- Vous allez bien ? demanda Melissa en posant ses sacs sur la table. Vous attendiez quelqu'un ?
- Joëlle est allée faire du bateau avec Jessie, expliqua Emma. Il y a eut une sacré tempête cet après-midi, vous avez dû le remarquer vu vos vêtements... et elle n'est toujours pas revenue. On commence un peu à s'inquièter, et on n'a pas osé l'appeler au cas où elle serait en train de conclure.
- Nous on a essayé de l'appeler, mais elle n'a pas répondu, leur apprit Sam.
- Mais on peut essayer d'appeler Kyle non ? proposa Liam. Attendez j'essaie.
Il prit son transmetteur mais n'eut aucune réponse. Il réessaya encore deux fois mais sans succès. Ils commençaient à avoir peur mais Joëlle était une grande fille après tout, si ça se trouve elle était juste trop occupée avec Jessie pour leur répondre. Et Kyle trop occupé à les observer.
Melissa sortit ses plantes médicinales et commença à les faire bouillir dans une casserole sous les yeux attentifs de Liam. Elle lui fit boire le liquide vert et translucide une heure avant qu'il aille se coucher. Ils restaient dans l'attente de nouvelles de leurs amis mais finirent à contre-cœur par aller dormir.
Le soleil se leva sur la barque qui flottait toujours sur le lac, les deux jeunes gens toujours endormis à l'intérieur. Ils ne reprirent pas conscience avant l'après-midi. C'est Joëlle qui se réveilla la première. Elle se sentait vide et sa gorge lui faisait mal. Elle se redressa difficilement et vit Kyle qui était alongé à ses côtés. Il respirait, il était juste endormi. Elle ne se souvenait que de bribes de la soirée précédente. Il y avait Jessie qui lui avait lancé le défis de faire la course, elle qui avait gagné et le temps qui s'était dégradé. Kyle était apparut, ils s'était disputés. Puis elle avait perdu l'équilibre et ce fut le grand vide. Un souvenir en particulier lui revenait pourtant en boucle, comme dans un rêve. Elle se souvenait avoir reprit conscience et craché si fort que sa gorge était en feu. Et Kyle qui l'avait regardée de ses yeux verts, comme si leur rupture n'avait jamais existé. Elle sentit sa gorge se serrer. Non. Il avait certainement eu une peur bleue. Et avec tout l'amour qu'ils avaient ressenti l'un pour l'autre, ils resteraient liés à jamais. Mais elle ne devait pas avoir la faiblesse de penser que cet accident changerait quoique ce soit.
Elle sentit une once de colère s'emparer d'elle. Et puis quoi encore ?! C'est vrai, c'était trop facile. Il ne pouvait pas la quitter et finalement décider de la reprendre juste parce qu'elle avait failli se noyer. Si elle devait se mettre en danger à chaque fois qu'il oubliait qu'il tenait à elle, leur couple n'irait pas loin !
Elle s'empara de la seule rame restante et essaya de repérer de quelle côté du lac elle devait se diriger. Elle chercha des yeux un signe distinctif mais ne vit rien. Soupirant, elle posa la rame et s'assit à côté de Kyle. Elle prit la tête du jeune homme et la posa sur ses cuisses. Elle lui écarta les quelques mèches qui lui barraient le front d'un geste tendre. Sans réfléchir, ses doigts descendirent le long de sa joue, suivirent l'angle de sa mâchoire et effleurèrent ses lèvres séchées par le sel. Elle avait toujours aimé ses traits fins, ses yeux en amandes et le perpétuel demi-sourire qu'il arborait. Même endormi il semblait presque souri...
- Non mais..., réalisa Joëlle. Kyle, je sais que tu es réveillé ! Idiot je te vois sourire !
Son ami ouvrit ses yeux kaki et éclata de rire.
- Tu peux continuer tu sais, c'était plutôt agréable, l'encouragea-t'il. Et je me sens toujours affreusement mal !
- Tu es trop con !
Elle se souvint alors de tout ce qu'il avait fait pour elle. Il lui avait sauvé la vie. Elle réalisa qu'elle devait s'excuser, mais ne savait pas comment.
- Je suis désolé tu sais, pour hier..., débuta-t'il.
- Qu-uoi ? bégaya-t'elle prise de court. Mais pourquoi tu t'excuses ?
Il commença à compter sur ses doigts :
- Je ne voulais pas que tu voies Jessie. Ensuite je t'ai suivi. Et quand tu as eu besoin de mon aide, je n'ai pensé qu'à te crier dessus. Je n'ai pas été un ami exemplaire sur ce coup...
- Tu dis n'importe quoi, répliqua la jeune femme. Tu as suivi ton intuition comme toujours, j'aurais dû t'écouter, tu avais juste peur pour moi et tu avais raison. Tu m'as suivit pour être sûr qu'il ne m'arrive rien et si ça n'avait pas été le cas je serais morte. J'ai eu de la chance que tu continues de faire attention à moi comme ça.
- C'est vrai que cette version redore mon blason, sourit-il en se frottant le torse. Mais je ne retire pas mes excuses, pour toutes les fois où je ne te les aies pas faites.
Il lui jeta un regard pensif, avec une pointe de regret. Joëlle en fut touchée.
- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, après que je sois tombée ?
- J'ai plongé, je t'ai retrouvée grâce à ton transmetteur, apparement quelqu'un essayait de te joindre. J'ai finalement réussi à te hisser sur la barque, et ensuite je...
Il la regarda en coin, ne sachant pas s'il devait dire la vérité. Peut-être n'appréciera-t'elle pas de savoir que ses lèvres avaient touché les siennes. Même si elle était inconsciente, il s'en souvenait comme d'un moment plutôt intime. Le premier depuis leur rupture.
- Tu m'as fait un bouche à bouche, devina Joëlle en essayant de paraître détachée. Je me souviens que j'ai repris conscience à un moment, et que toi tu t'es évanoui. D'ailleurs il y a un truc, te moque pas s'il-te-plaît mais tu ne te souviens pas avoir dit quelque chose, avant de t'évanouir ?
- Non, non je ne crois pas, dit-il en ouvrant de grands yeux innocents. Tu as entendu quelque chose ?
Elle haussa les épaules en le dévisageant mais n'insista pas. Kyle fut presque déçu qu'elle ne se souvienne de rien. Même s'il avait menti pour ne pas avoir à donner d'explications, il se rendit compte que cela aurait pu leur permettre de parler de leur couple.
Il repéra le ponton d'où ils étaient parti et commença à ramer dans sa direction.
- Mince, j'ai cinq appels manqués, remarqua-t'elle en regardant son transmetteur. Ils doivent être mort d'inquiètude, je vais les appeler. « Appel Emma Ebran ».
« Allô ? »
- Salut, c'est Joëlle !
« Joëlle ! Est-ce que tu vas bien ? Tu es toute seule ? »
- Non je suis avec Kyle, on va bien, on est toujours sur la barque. On arrive à terre, ne vous en faites pas on sera bientôt là.
« D'accord, je suis contente que vous alliez bien, on commençait vraiment à imaginer le pire. Je vais pouvoir rassurer les autres maintenant. A tout à l'heure alors ! »
- D'accord, à toute !
Kyle et Joëlle posèrent pied à terre et tirèrent la barque hors de l'eau. Il marchèrent un moment puis s'assirent, Kyle ne tenant plus sur ses jambes. Ils reprirent la route et arrivèrent enfin à la villa. Leurs amis se précipitèrent en voyant qu'ils semblaient à bout de force.
- Non, dit Kyle en repoussant leur aide. Je vais bien, occupez-vous plutôt de Joëlle.
Ils l'aidèrent à se coucher sur son lit pour se reposer. Kyle s'alongea sur le sien et s'endormit immédiatement. Le reste de la fratrie était retournée dans la salle à manger.
- Heureusement qu'ils nous ont expliqué ce qui s'était passé, on serait vraiment inquiet sinon, dit Jack d'un ton sarcastique.
- Je vais aller voir Joëlle, les informa Gaby.
Elle monta les escaliers et trouva Joëlle parfaitement éveillée.
- Alors c'était comment avec Eric hier? lui demanda la jolie blonde.
- Oh très bien, à part que j'ai dû oublier mon sac là-bas parce que je ne le retrouve plus...
- Tu ne devrais pas le revoir à mon avis, il ne doit pas être beaucoup mieux que Jessie finalement.
- Parce qu'il s'est passé quoi hier ? s'intéressa Gaby.
- Lorsque la tempête a commencé Jessie c'est enfui, un vrai lâche, débuta la jeune femme. On était chacun sur notre barque, lui plus proche de la rive que moi. Il a pu revenir, pas moi. Heureusement Kyle lui a volé sa barque et a navigué jusqu'à moi. Sauf que je suis tombée à l'eau. Il m'a repêchée et a réussi à ce que je reprenne conscience. Il m'a fait un bouche à bouche, tu imagines ? Il a fini par s'évanouir de fatigue, et on a dormi jusqu'à cet après-midi.
- Kyle a été un vrai chevalier dans cette histoire, l'admira Gaby. Te suivre malgré tes refus, te sortir de l'eau et te faire du bouche à bouche avant de s'évanouir, ayant utilisé ses dernières forces pour te sauver. Cela ne m'est pas arrivé à moi et pourtant je suis toute émue ! Un homme qui fait tout cela, il doit forcément être amoureux tu ne crois pas ?
- Tu penses bien que c'est la première idée qui m'est venue, admit Joëlle. J'ai toujours une place dans son cœur c'est certain. Même lorsqu'il m'a quitté, il m'a avoué qu'il m'aimait toujours. Et ça ne l'a pas empêché de rompre. Comment avoir confiance en son couple quand tu sais que même s'il est dingue de toi, l'homme que tu aimes peut fuir d'un jour à l'autre ?
Gaby prit la main de son amie avec compassion. Cela avait dû être terrible pour elle. Une rupture n'était jamais facile, mais de savoir en plus que l'amour est toujours réciproque, cela ne doit pas aider à se faire une raison.
- Oublie ce que j'ai dit, lui conseilla Gaby. Je comprends tout à fait que tu n'aies plus confiance en lui. Mais tu l'aimes encore. Donc si jamais il revient vers toi, essaie de le faire mariner un peu, d'accord ?
- Promis, cette fois je préserverai mon cœur avant tout.
Les deux amies se regardèrent. Les mains liées, enveloppées dans le silence, elles profitèrent de ce moment de complicité.
- Je pense que je ne redonnerai pas de nouvelles à Eric, finit par dire la femme aux cheveux courts. Il n'a pas été très gentleman avec moi hier. Et pour moi le respect est important.
- Tu as raison, je préfère te savoir loin de ce genre de type.
- Tu deviens comme Kyle là, fais attention il déteint sur toi !
Gaby sortit de la chambre pour la laisser se reposer. Sauf qu'en ouvrant la porte pour sortir, elle vit Matt qui attendait sur le palier.
- Tiens ? Tu veux voir Joëlle ? dit la femme aux cheveux courts d'un air plus qu'étonné.
- Oui j'aurais voulu mais bon... tu penses qu'elle est trop fatiguée ? Je reviendrai plus tard si c'est le cas...
- Non non, entre, lui claironna Joëlle qui l'avait entendu.
Il entra dans la chambre au murs jaunes pastel, les valises des filles étaient ouvertes par terre, laissant voir leur contenu très chargé. Joëlle avait le lit du fond, près de la fenêtre.
Elle le vit hésiter puis s'asseoir sur son lit. Elle ne savait ce qui le rendait si irrésistible aux yeux du sexe féminin. Ses cheveux blonds cendrés et ses yeux bleus marins lui donnaient l'air sage d'un garçon plein d'avenir. Mais il était solitaire et réservé, personne n'avait jamais vraiment su pourquoi. Elle pensait que son enfance y était pour beaucoup, fils de paysans, ses parents avaient dû travailler très dur pour réussir à payer l'école de guerrier ainsi que la vie citadine qui l'accompagnait. De là à dire qu'il avait une sacré pression sur les épaules il n'y avait qu'un pas. En ce moment pourtant, Joëlle voyait un Matt plutôt hésitant.
- C'est une première que tu veuilles me parler seul à seul, remarqua-t'elle un peu sarcastique.
- Ne te fais pas d'idées s'il-te-plaît, je n'ai jamais aimé faire souffrir les gens. Contrairement à ma réputation.
Il avait parlé d'une voix lasse. Joëlle réalisa que briser les espoirs de toute ces jeunes filles lui avait coûté. Il est vrai qu'il n'avait jamais encouragé quiquonque, les femmes savent très bien entretenir leur amour toutes seules. Elle en savait quelque chose.
- Comme tu es très proche d'Emma, je me demandais si tu pouvais me dire ce qu'elle ressentait pour moi.
Joëlle haussa les sourcils.
- C'est de notoriété public qu'elle a eut le béguin pour toi pendant un sacré moment, fit-elle remarquer.
- Oui je suis au courant. En fait, après l'incident du sauna, j'ai raccompagné Emma à sa chambre et... je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai laissé tomber ma garde, sans réféchir. J'ai essayé de l'embrasser mais elle m'a repoussé. Depuis on dirait qu'elle me fuit, je ne sais pas quoi faire.
Joëlle resta silencieuse, pensive. Elle finit par conclure :
- Tu n'as rien fait de mal. Mais Emma a été amoureuse de toi si longtemps... et maintenant qu'elle est passée à autre chose, tu viens lui faire des avances. C'est normal qu'elle ne te tombe pas dans les bras. Si ça se trouve elle a juste peur. Ou alors tu ne l'intéresses définitivement plus.
- Ah. Du coup je la laisse tranquille ?
- Presque, nuança Joëlle avec un sourire.
Dieu que les femmes sont compliquée, elle devait l'avouer.
- Elle est certaine d'avoir pris la bonne décision. Donc si tu abandonnes maintenant, elle ne changera pas d'avis. Si ce n'était pas juste un instant d'égarement, et que tu as de vrais sentiments pour elle, alors à toi de la faire douter. Il faudra la séduire un peu chaque jour, sans la brusquer. Et cela risque de prendre un peu de temps.
Il hocha la tête et se leva. Quand il fut à mi-chemin de la porte, il se retourna, les sourcils froncés :
- Tu crois vraiment qu'Emma a pu abandonner ? Tourner la page ?
- Tu sais, si on dit tourner la page ce n'est pas pour rien, s'amusa Joëlle. Ce n'est pas comme si on avait brûlé le livre en entier.
Il sourit et la remercia de ses conseils avant de sortir. Son esprit était préoccupé, et lorsque les autres partirent se coucher, il décida de rester devant la télévision.
Joëlle avait parlé à Emma plus tôt dans la soirée, afin de savoir où elle en était avec Matt. Elle avait essayé de lui prouver que Matt était peut-être enfin mûr pour une relation, mais la jeune femme rousse avait de la peine à la croire. Voilà pourquoi, vers vingt-trois heures, quand elle vit Matt seul dans le salon, elle hésita à le rejoindre. Elle avait envie de dormir, mais sa curiosité prit le dessus. Elle voulait savoir, elle avait besoin de savoir si Joëlle avait raison.
Elle posa un regard sur ses vêtements. Elle était vêtue d'un long short de sport et d'un top. Cette tenue était somme toute plutôt sage, ce qui l'encouragea à le rejoindre.
- Coucou, lui dit-elle en s'asseyant à ses côtés.
A son plus grand soulagement, il lui sourit mais ne dit rien. Ils restèrent un moment à regarder une émission policière avant de mettre un film. Emma se sentait de plus en plus fatiguée, de plus elle s'était détendue en voyant que Matt se conduisait en gentleman. Elle ferma les yeux et posa sa tête sur l'épaule de Matt, faisant semblant d'être déjà endormie. Là encore il tourna la tête, la regarda mais ne fit aucune approche. A la fin du film, il la réveilla gentiment et ils retournèrent chacun dans leur chambre.
- « C'était sympa», songea Emma. « Même si c'est trop tôt pour tirer des conclusions, il s'est montré amical et respectueux. Peut-être qu'il est effectivement prêt à partager sa vie avec une femme. »
Le lendemain, Gaby retourna au café pour chercher son sac qu'elle avait oublié durant son rendeu-vous avec Eric. Elle interrogea le serveur en lui montrant sa carte magnétique et il alla le prendre derrière le comptoir. Elle vérifia que rien ne manquait à l'intérieur avant de s'en aller. Sauf qu'une voix l'interpella :
- Gaby !
Elle se retourna et vit Eric qui était assis à deux pas de là. Ne pouvant faire comme si elle ne l'avait pas vu, elle alla le rejoindre.
- Je suis content de te voir..., commença-t'il.
- C'est sympa oui mais je venais juste reprendre mon sac. Je vais rentrer là, le coupa Gaby.
- Non reste !
Il lui prit le coude et la fit s'asseoir. Ils discutèrent quelques minutes et il finit par lui proposer un verre. Elle refusa, prétextant devoir partir mais il lui mis le verre dans la main. « Allez ! Tu ne peux pas refuser, c'est moi qui offre ! ». Gaby décida de le boire rapidement afin de pouvoir s'esquiver et retourner à la villa. Ils allèrent ensuite au bar pour payer.
- Cela vous fera dix francs, lui dit le serveur. Est-ce que vous allez bien mademoiselle ?
Gaby semblait avoir le regard dans le vague.
- Oui, elle est juste fatiguée vous savez, lui rétorqua Eric.
- Est-ce que vous voulez que je vous ramène ? insista le serveur, plutôt méfiant.
- Non je vais le faire merci, répliqua Eric en la prenant par le bras.
Le serveur était mal à l'aise. Il avait l'impression que cette jeune femme n'avait toute sa capacité de discernement. Il les laissa partir mais les observa s'éloigner. Plus les mètres s'aditionnaient et moins la jeune femme semblait marcher droit. Il revint en courant au bar et chercha le numéro de carte de Gaby dans leur répértoire. Elle était dans la villa numéro quatre, il appela imméditament le numéro en priant pour que quelqu'un réponde.
- « Oui ? » répondit une voix masculine.
- Bonjour, je m'appelle Fabian, je suis serveur au breakcafé. Une femme aux cheveux courts séjournant dans votre villa est venue chercher son sac et est repartie avec un autre client, de façon plutôt précipitée. J'ai préféré vous contacter.
- « Merci, mais cette femme comme vous dites est une guerrière, elle sait se défendre ne vous en faites pas »
- « Pardon d'insister mais elle ne semblait pas dans son état normal. Elle titubait en repartant. »
- « Elle titubait ? Je viens immédiatement, suivez-les de loin, je vous retrouverai »
Liam venait de raccrocher. Thomas et Jack insistèrent pour le suivre, n'apprenant qu'en chemin ce qu'il se passait. Il arrivèrent au breakcafé et continuèrent en direction de la piscine intérieure et ses vestaires. Il débouchèrent sur un couloir désert et virent une porte ouverte. A l'intérieur ils découvrirent Eric à terre, assommé et le nez en sang. Et Gaby dans les bras d'un homme à peine plus vieux qu'eux. Il portait l'uniforme de l'institut, semblait grand et portait des lunettes carrées. Il leva la tête :
- Vous voilà, je suis intervenu quand je l'ai vu lui arracher son chemisier. J'imagine que vous ne m'en voulez pas...
Il fit passer Gaby dans les bras de Thomas afin qu'il puisse s'occuper de la jeune femme.
- Fabian c'est ça ? se souvint Liam. Merci beaucoup, on vous doit une fière chandelle.
Thomas préféra emmener Gaby à l'hôpital afin d'être sûr de son état. Fabian partit donc appeler les secours qui arrivèrent une dizaine de minutes plus tard. Deux hommes entièrement en blanc entrèrent et emmenèrent Gaby dans leur vehicule. Liam et Jack rentrèrent à la villa pendant que Thomas accompagnait Gaby à l'hôpital.
- C'est fou tout de même, d'abord Emma qui s'évanouit dans le sauna et maintenant Gaby, rappela Liam. C'est à croire que la vie de guerrier nous poursuit.
- Oh tu sais dans un groupe comme nous il se passe toujours des choses, dédaigna Jack en changeant de sujet. Et sinon j'ai cru voir que tu avais l'air de bien aimer Melissa...
- Je ne parlerai pas !
- Alleeeeez, le supplia le jeune homme aux yeux noisettes. Tu peux me faire confiance, j'ai une petite amie moi et en plus je connais très bien Emma qui est sa sœur donc je pourrais t'aider.
Liam l'observa un instant et capitula.
- Bon ok. Oui elle m'attire beaucoup c'est vrai. Mais je ne veux pas de ton aide ! Pour l'instant je vais doucement mais sûrement.
- Si tu veux Monsieur Lentement-Mais-Surement, se moqua-t'il gentiment. C'est drôle que tu ait craqué sur elle, je pensais que ton style serait plus Emma.
- Oui mais Melissa dégage un truc spécial, commença Liam. Je la veux.
Sa dernière phrase avait été murmurée, Jack ne l'avait comprise qu'en lisant sur ses lèvres. Son cœur rata un battement mais il ne fit comme si de rien était.
Le soir venu, quand Matt, Kyle, Emma, Melissa, Joëlle, Katie et Yasmine furent tous rentrés, les trois les informèrent pourquoi Thomas et Gaby manquaient à l'appel. En effet ils n'étaient pas encore revenu.
Gaby avait était inspectée sous toutes les coutures et les médecins avaient conclu que sa plus grosse blessure était psychologique. Pour le reste elle n'avait que des bleus, écorchures et son chemisier était complètement fichu. E elle était à présent dans sa chambre d'hôpital avec un psychologue. Thomas, qui était partit lui chercher quelque chose à manger, croisa la psychologue quand elle sortit de la chambre. Gaby était assise sur le bord du lit et étalait de la crème sur ses blessures. Il lui tendit le sandwich et s'assit en face d'elle.
- J'ai réfléchis...
- Et qu'est-ce que tu as conclu ? le questionna Gaby en ouvrant le sachet du sandwich.
- Je suis un con.
Elle leva brusquement ses yeux bruns et quelques mèches lui tombèrent devant les yeux. Elle les repoussa vivement et attendit que Thomas s'explique.
- Je n'arrête pas de faire attention à Yasmine, à jouer le grand frère sur qui elle peut compter. Je n'ai même pas pensé que tu pouvais aussi avoir besoin de moi.
- Mais ce n'est pas à toi de faire attention à tout, pour Yasmine c'est normal mais en dehors d'elle tu n'es en rien responsable de tout ce qui t'entoure.
- Oui mais je me dis que j'aimerais bien te protéger aussi.
- Me protéger ? répéta Gaby en riant. Tu m'aimes donc à ce point ?
- Oui, c'est un peu ça le problème.
Elle s'arrêta net alors qu'elle allait croquer dans son sandwich. Le sérieux de Thomas la déstabilisait complètement.
- Je ne te demande pas une réponse puisque ce n'est pas une question. Je suis lucide et pour moi un fait est un f...
Gaby était descendue du lit, et avait plaqué sa main sur la bouche du jeune homme. Celui-ci ne bougea pas, au grand étonnement de la jeune femme. C'était plutôt un jeune homme distant, pas le genre à se laisser faire. Une force tranquille mais difficile à cerner en somme. Elle remarqua tout de même le rose qui avait légèrement teinté ses joues et s'en amusa.
- Tssss tu n'as plus l'air très lucide.
Il fronça les sourcils. Tiens, l'avait-elle mis en colère ? Profitant de son interrogation silencieuse, il lui attrapa le poignet et s'en servi comme élan pour se mettre debout. Il glissa son autre main autour de la taille de la jeune femme et l'attira contre son torse d'un geste. Les pieds de Gaby ne touchaient littéralement plus le sol, son corps entièrement pressé contre celui de Thomas qui était bien plus grand qu'elle. Gênée, elle soutint néanmoins son regard indéchiffrable.
- Si tu veux jouer à celui qui perd ses moyens le plus vite, je risque bien de te surprendre, lui glissa-t-il en plantant son regard dans le sien.
Gaby se mordit la lèvres, plutôt impressionnée. Quand elle vit le regard du jeune homme descendre jusqu'à ses lèvres, elle ne se fit pas prier. Elle glissa sa main libre dans sa nuque et attira sa bouche à elle. Leurs lèvres se rencontrèrent et s'entrouvrirent dans une étreinte passionnée. Jamais elle n'aurait pensé que derrière son air distant il embrassait avec une telle fougue ! Quand leur baiser prit fin, ils restèrent les yeux fermés, sentant juste leurs souffles se mêler et chatouiller leurs lèvres humides.
Ils rentrèrent avant que le soleil ne se couche. Ils apprirent que leurs amis, ne les voyant pas revenir, avaient parié sur ce qui pouvait se passer ou ne pas se passer entre eux à l'hôpital. Ce sont Melissa, Jack, Yasmine et Joëlle qui gagnèrent les paris car ils étaient sûr qu'ils s'embrasseraient.
Quelques jours passèrent et ils étaient déjà arrivés à la fin de leur deuxième semaine dans la villa. Matt commençait à désespérer, il multipliait les petites attentions pour Emma ce qui ne semblait rien changer.
Tout le monde avait remarqué son petit manège et en dehors de leur compassion pour Matt, cela les faisaient bien rire. Voir l'homme adulé de toute se mettre en quatre pour plaire à la seule femme qui avait abandonné l'idée de l'aimer était hilarant.
Mais en dehors de cela, ils commençaient un peu à s'ennuyer. Ils connaissaient l'institut par cœur à présent et s'étaient bien assez reposé. Ils se renseignèrent sur les activités alentours et apprirent que le festival d'été de Rasen se déroulait ces jours-ci. C'était un événement attendu et qui valait bien la peine de se déplacer jusqu'au royaume voisin, royaume de Naofen. Les guerriers avaient commencé à s'organiser, ils étaient posés autour d'une carte de leur continent afin de calculer le temps de route et leur itinéraire.
- Je ne comprends rien au cartes pour touristes, se plaignit Joëlle. Celles que l'on nous distribuent pour nos missions sont beaucoup plus claires je trouve.
- C'est parce que nos cartes ne contiennent que les informations essentielles..., lui expliqua Matt. Notre royaume est ici tu vois, pratiquement au centre de la carte. Là on voit Liske, donc celui de Katie et Liam, qui se trouve à l'est (il pointa le royaume juste à côté). Pour venir ici nous avons dû descendre au sud dans le royaume de Weos. Le festival, lui, se déroule dans ce royaume-là tu vois, il longe la mer en dessous à gauche de Weos. On a mis environ cinq heures en car pour venir ici, mais c'est parce que qu'on avait dû traverser pratiquement tout notre royaume. Vous en dites quoi vous ?
- Je pense qu'en trois heures et demi on peut y être, avança Samuel.
- Je vais appeler la réception pour savoir si on peut avoir un mini-bus, dit Melissa en partant.
- Vous croyez qu'on pourrait aller à la mer aussi ? demanda Katie. On sera à deux pas après tout, ce serait trop bête de ne pas en profiter.
- Je suis pour, approuva Kyle. En tout cas il ne faut absolument pas louper le festival, c'est un des plus beaux du monde !
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