Chapitre 17
Penser la violence comme une exception, comme une anecdote, c'est une erreur totale (De Marc Augé)
Gaby s'ennuyait ferme dans la demeure des Coln. Comme toujours elle n'avait pas envie de rentrer chez elle, où elle passait de toute manière de moins en moins de temps. Ne pas entendre ses deux petits frères toujours en train de faire du bruit ou ses parents en train de leur courir après était vraiment reposant. Prise d'une envie soudaine de voir du monde, elle enfila sa veste et partie rendre visite à Clémence qui habitait quelques maisons plus loin. Puisque Gaby venait souvent l'aider lorsqu'elle le lui demandait, Clémence lui avait donner un double des clés pour qu'elle puisse entrer chez elle si elle avait besoin de quelque chose. Gaby entendit du bruit dans une des chambres et s'y dirigea.
- Qui est-ce ? fit une voix féminine derrière la porte.
- Gaby.
Elle entra dans la chambre de couleur beige, Clémence, qui devait être en train de lire, était assise sur le lit avec un livre fermé sur les genoux.
- Viens seulement t'asseoir. Qu'est-ce qui t'amène ?
- Je m'ennuie un peu là. J'avais envie de changer d'air.
- Tu es toute seule ? s'étonna la femme aux longs cheveux blonds. Pourtant j'ai croisé tes amis, la blonde qui est enceinte et son petit ami juste avant. D'ailleurs ils se disputaient.
- Mince, grimaça Gaby. Ce doit être les hormones, Joëlle et lui se disputent pour un oui ou pour un non des fois. Et sinon, pour Jack tu as des informations croustillantes pour moi ?
Clémence se mordit légèrement la lèvre.
- C'est grave que ça ?
- Je pensais que cela se calmerait avec le temps, mais les anciens n'ont toujours pas digéré leur relation visiblement. C'est de pire en pire puisqu'ils se rendent compte que ce n'est pas qu'une amourette d'adolescent. Ils commencent à grincer des dents si tu vois ce que je veux dire. Tu devrais garder un œil sur Monsieur Thormann, j'en ferai autant. Et je pense en parler à Dastan, mon mari, pour avoir son point de vue. Après tout il reste plus au courant que moi sur les manigances qui peuvent se tramer au conseil.
Elle lui sourit tristement. Clémence lui avait parlé de son mari plusieurs fois, et elle avait vite compris qu'elle lui demandait conseil dès qu'elle perdait pied. C'était mauvais signe.
- Monsieur Thormann ? Un membre du conseil ? souleva Gaby. Vous ne pensez quand même pas que Jack pourrait être en danger ?
- Non, je ne pense pas. Yasmine leur tomberait dessus immédiatement et dieu sait qu'il ne vaut mieux pas énerver un héritier, que ce soit elle ou Thomas.
- Tu dois avoir raison. Ils ne prendraient pas le risque de se la mettre à dos. Mais imaginons qu'il lui arrive malheur, Yasmine pourrait crier autant qu'elle voudrait, ça ne le ferait pas revenir.
- Oui mais les anciens ne prendraient pas le risque de perdre leur statut pour une simple histoire de cœur , excuse-moi de l'expression.
- Je crois que je devrais leur en parler juste histoire de les prévenir, décida Gaby en fronçant le sourcils. Ils seront plus attentifs comme ça.
Elles changèrent de sujet, mais Gaby avait la boule au ventre. Elle avait un mauvais pressentiment, et en guerrière accomplie elle n'arrivait pas à l'ignorer.
Lorsque Clémence se retrouva à nouveau seule, ce n'était pas pour très longtemps : son mari rentra du travail. Il l'embrassa et s'assit à côté d'elle. Dastan vit immédiatement que sa femme était préoccupée.
- Qu'est-ce qui te tracasse ?
- Le petit ami de Yasmine, tu en penses quoi ? demanda-t-elle.
- Il a l'air bien, je ne lui ai jamais parlé... , commença-t-il, décontenancé. Le père de Yasmine était quelqu'un de bien alors je lui fais confiance sur l'éducation qu'il lui a transmis. Pourquoi ?
Elle lui jeta un regard lourd de sous-entendu.
- Ah ça ? répéta-t-il. Je t'ai déjà dis que cela ne serait qu'une question de temps.
- Oui mais tu me connais j'ai fouiné et j'ai l'impression que le problème est plus profond que ça.
- Pour être franc je n'ai pas essayé de savoir, avoua Dastan en haussant les épaules. Donc tu te méfies toujours si je comprends bien ?
- D'un côté je me dis qu'ils ne défieront pas Yasmine. Mais d'un autre si on y réfléchis il y a aussi Thomas qui peut diriger le clan s'il lui arrivait quelque chose. En même temps est-ce qu'ils seraient capable de s'attaquer directement à notre chef ?
- Tu es perspicace, la complimenta-t-il en la regardant avec tendresse. Je pense que tant que Thomas et Yasmine restent uni les anciens ne pourront pas faire grand chose. S'attaquer à l'un et ils auront l'autre sur le dos, c'est inefficace comme stratégie. Surtout que Lucie, malgré son jeune âge, s'en souviendrait.
Clémence se sentant un peu plus rassurée, se pelotonna contre lui et lui raconta sa journée.
Dès que Gaby eut trouvé le temps de réunir Thomas, Yasmine et Jack, et de tout leur raconter, ils se mirent à réfléchir. Ils étaient tous les trois assis sur les canapés autour de la table basse du salon de Thomas.
- Le conseil des anciens ne peut rien faire sans ton accord non ? demanda Jack à Yasmine
- Normalement non. Ils doivent me faire part de leurs idées avant de les appliquer.
- Mais les anciens ne prennent pas Yasmine très au sérieux, pour eux elle manque trop d'expérience pour prendre des décisions seule, précisa Thomas.
- Ce que je me demande c'est si le conseil peut vraiment trouver un moyen de ne plus voir Yasmine, fit remarquer Jack en tenant la main de Yasmine.
- C'est difficile à dire, hésita Thomas en regardant sa soeur. Il y a des failles dans tous les règlements.
- Il nous faut examiner votre règlement dans ce cas, pour prendre une longueur d'avance sur le conseil, proposa Gaby. Yasmine pourra ensuite faire changer la loi pour combler la faille et le tour sera joué !
Yasmine parti un moment et revint avec plusieurs livres épais d'apparence officielle d'où sortaient toute sortes de feuilles volantes.
- Alors nous cherchons les lois qui permettraient d'éloigner Jack, commença Gaby.
- Ou qui puissent retirer le pouvoir de Yasmine, ajouta Thomas. Cela réglerait pas la même occasion le problème que pose Jack. Même si du coup il serait remplacé par Gaby. Mais bon, je pense qu'en tant que femme elle leur ferait moins peur.
Il ouvrirent les livres, éparpillèrent les feuilles sur la table et se mirent à chercher la faille. Ils lurent attentivement mais ne trouvèrent rien. Petit à petit, ils finirent tous par aller se coucher. Quand il ne resta que Gaby et Thomas, il hésita à aller dormir également car sa petite amie ne semblait pas vouloir s'arrêter.
- Vas-y, tu es mort de fatigue ça se voit, lui recommanda-t-elle en souriant. Je te rejoins dès que j'ai fini ce chapitre.
- Non accompagne-moi, insista Thomas, ça ne sert à rien de chercher dans ces conditions. En plus la nuit porte conseil.
Il prit les feuilles des mains de la jeune fille et les posa sur la table basse. Gaby se leva, ils allèrent dans leur chambre et s'endormirent. Tout était calme dans la maison, on entendait plus rien à part le souffle des guerriers si l'on tendait l'oreille. Alors qu'il faisait encore nuit, Gaby ouvrit brusquement les yeux. Il lui avait semblé avoir une idée mais il lui fallait en avoir le cœur net.
Elle se leva discrètement, lissa sa chemise de nuit bleue et sortis de la chambre sans bruit. Elle traversa le couloir et entra dans le salon où ils avaient passé la soirée. Les livres et feuilles étaient toujours sur la table. Gaby alluma la lampe sur la commode, la lumière jaune donnait un côté inquiétant à la pièce. Elle s'agenouilla et prit un paquet de feuille dans les mains. Elle parcouru frénétiquement les pages des yeux. Elle allait trouver la loi vite fait, puis retourner se coucher auprès de Thomas. Elle reconnu finalement la page qu'elle cherchait.
Article 29 : Le chef ne peut renvoyer le conseil des anciens à moins que celui-ci ai agi contre la volonté du chef ou sans lui demander son accord.
Elle jura tout bas et reprit l'article 4 « les membres du conseil ont pour devoir d'informer et d'aiguiller le chef. Leur expérience est mise à disposition mais n'est en aucun cas un argument de supériorité hierarchique. »
- D'accord, mais il y a forcément une exception, chuchota Gaby. Sans exception, ça n'a pas de sens...
Elle parcouru les pages. Il n'y avait pas seulement des lois mais aussi tous les documents officiels, les testaments... c'était un vrai casse-tête. Un titre attira cependant son attention : décisions. Elle lu le paragraphe et poussa un soupir de soulagement. C'est bon elle avait trouvé. Elle plia la page et se pencha pour la glisser sous le tapis. Son tempérament de guerrière la rendait prudente voir paranoïaque parfois. Elle rassembla ensuite les autres pages et se dirigea vers le bureau de Yasmine qui était attenant au salon. La pièce était plongée dans l'obscurité mais elle en connaissait assez l'agencement pour savoir qu'elle pouvait poser la liasse de feuilles sur la table basse à quelques mètres devant elle.
A mi-chemin elle entendit un bruit. Elle tourna vivement sur elle-même mais la pièce était déserte. Elle s'immobilisa et senti tous ses muscles raidis par la peur se détendre quelque peu. Elle respira profondément et se concentra sur son ouïe. Aucun bruit en dehors du bruissement des arbres au dehors et de son cœur qui battait la chamade. Bon ses missions l'avaient décidément rendue complètement folle. Elle allait juste déposer les feuilles et retourner tranquillement se rendormir. Elle avait hâte de pouvoir annoncer aux autres qu'elle avait résolu l'énigme toute seule, mais pour l'instant elle avait surtout envie de se blottir contre Thomas. Elle prit une grande inspiration, rassurée, et un couteau vint se planter dans sa poitrine.
La puissance du coup mêlée à sa surprise la fit chanceler. Elle tomba à genoux. Son regard se posa sur la tache rouge qui s'élargissait sur sa poitrine puis sur la fenêtre ouverte en face d'elle. Dehors, les ombres noirs des arbres nus dansaient. Elle déglutit et lâcha les feuilles qui s'éparpillèrent autour d'elle. Les arbres bien sûr, le bruissement des feuilles n'avaient pas pu l'alerter en quoi que ce soit. L'air commença à avoir de plus en plus de peine à entrer dans ses poumons. Elle toucha sa blessure et tressaillit, elle était profonde, mais peut-être pourrait-elle s'en sortir. Si quelqu'un arrivait. Si quelqu'un se réveillait. Des tremblements agitaient tout son corps. Elle ne savait même pas l'heure qu'il était, si ça se trouve elle mourrait avant le lever du jour. Elle s'affala sur le flanc et sombra dans l'inconscience.
Lucie se réveilla. Elle devait aller aux toilettes. Elle se leva donc et longea le couloir du premier étage, ses doigts frôlant le murs afin de compter les portes. Elle savait que la porte des toilettes était la troisième sur la gauche. Une lumière s'échappait d'une des pièces. « Est-ce que Thomas ou Yasmine travaillent encore ? » se demanda-t-elle.
Elle entra dans le salon, mais il n'y avait personne. Elle le traversa et entra donc dans le bureau de sa grande sœur. Elle alluma la lumière et découvrit le corps ensanglanté de Gaby. Elle ouvrit la bouche et devint livide. Elle ne trouva pas la force de crier et couru jusque dans la chambre de Thomas, la plus proche. Elle ouvrit la porte à la volée, courut et sauta sur le lit du garçon en le secouant avec force.
- Thomas ! Thomas ! Lève-toi! Je t'en supplie !
Thomas faillit la sermonner, mais les pleures de sa sœur étaient hystériques. Il la prit par les épaule et la forca à se calmer.
- Qu'est-ce qui se passe?
- C'est Gaby, pleurnicha-t-elle. Elle...elle...je te jure... je sais pas ce qui...est arrivé !
Thomas sentit la peur lui nouer le ventre en réalisant que Gaby ne se trouvait plus à ses côtés.
- Le bureau... de Yasmi-mine, lâcha enfin sa cadette.
Thomas se leva d'un bond, dit à sa sœur d'aller chercher Yasmine et Jack et sorti de la chambre. Il entra en trombe dans le bureau, et se précipita vers sa petite amie. Elle était sur le sol, le couteau encore planté dans la poitrine, au milieu d'une tâche foncée. Yasmine et Jack arrivèrent immédiatement, et s'arrêtèrent derrière lui.
- Je l'emmène à l'hôpital, décida Thomas en chassant la peur de son esprit. Jack tu m'aides ?
Son ami hocha la tête et ils prirent Gaby dans les bras.
- J'appelle Joëlle et Melissa ? proposa Yasmine.
- Bonne idée, l'approuva Jack en partant.
Les trois jeunes femmes ainsi que Lucie rejoignirent Thomas et Jack à l'hôpital. Kyle et Samuel les avaient accompagné. Le jugement tomba : la blessure avait été cousue mais la lame semblait empoisonnée. La substance ressemblait aux poisons des serpents, pour immobiliser leurs proies. Il était probable qu'avec le temps il s'attaque à ses autres organes, entrainant inévitablement la mort. Lui filtrer le sang permettrait cependant de retarder le processus, mais il ne fallait pas laisser le temps s'écouler. Des résidus de poisons se trouvaient déjà dans le cœur, et elle ne survivrait pas à une intervention aussi lourde sans antidote.
- C'est pas possible, chuchota Thomas avec la mine défaite. Cela ne peut pas finir comme ça.
- On ne peut pas analyser le poison sur la lame ou dans le sang de Gaby ? demanda Kyle au médecin.
- Le poison s'est complètement dilué dans le sang. Il faudrait en prendre une trop grande quantité pour pouvoir l'identifier.
- Il doit bien y avoir des échantillons de poisons quelque part dans ce village pour ce genre de complot, devina Yasmine. Dans un laboratoire quelconque ou je n'en sais rien.
- Il n'y en a nulle part à ma connaissance, contesta Melissa. Ce genre de liste doit plutôt se trouver dans des livres spécialisés à la bibliothèque ou ailleurs.
- Dans ce cas il faut aller regarder, ordonna Thomas.
- Je m'en occupe, proposa Samuel.
- Je t'accompagne, dit Yasmine.
- Je vais dans la forêt, dit Joëlle. Je reconnaîtrai les serpents et préleverai leur venin. Kyle ?
Il lui répondit par un sourire et les quatre partirent rapidement. Le médecin les autorisa à rester auprès de Gaby qui était pâle comme la mort. Il ne restait que Thomas, Melissa, Lucie et Jack.
- Je retourne chez moi, dit Thomas d'une voix sans émotion. Trouver des preuves, ou au moins cacher cette... tache. (en voyant Melissa se lever) Non, reste là. Je préfère avoir un médecin que je connais auprès d'elle. Jack par contre tu peux m'accompagner. Lucie c'est comme tu le sens.
La petite resta auprès de Melissa, refusant de revoir l'endroit où elle avait retrouvé Gaby.
Thomas et Jack entrèrent dans le bureau et regardèrent la tâche pourpre sur le tapis. Ils passèrent ensuite la chambre au peigne fin. Jack, qui était sorti, revint avec les sourcils froncés.
- Thomas, vous aviez tout rangé hier soir ?
- Non, pourquoi ?
- Il manque certains documents, l'informa Jack en observant les feuilles éparpillées au sol.
Thomas se plaça derrière lui. Il remarqua qu'il manquait plusieurs feuilles.
- Elle a du se lever pour les étudier et n'a pas eut le temps de les ranger, imagina Jack.
- Est-ce qu'elle a trouvé la faille dans la loi tu penses ?
- Ou alors elle avait abandonné et retournait tout simplement se coucher..., dit simplement Jack.
- Non, elle a dû trouver, lâcha Thomas d'un air serein. Elle ne se serait pas couchée sans réussir.
Pendant ce temps, Samuel et Yasmine avaient rassemblé tous les livres traitant sur les poisons que possédait la bibliothèque. Ils avaient le nez plongé dans les lignes à l'écriture fine et régulière quand le transmetteur de Samuel vibra. Il s'éloigna et prit l'appel :
« Salut, c'est Melissa »
- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta Samuel. L'état de Gaby a empiré ?
« Elle empire, mais lentement. Les médecins sont encore en pleine recherche mais ils n'ont rien trouvé. Je commence à me dire que le poison pourrait bien provenir d'une plante. »
- D'une plante ? Mais le médecin ne l'a pas du tout dit ça, et ça voudrait dire qu'on est tous sur une fausse piste depuis le début.
« Je sais bien... »
- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
« Durant mes études de médecine, on avait vu que le problème des poisons les plus efficaces c'est qu'ils étaient bien trop connu. Donc leur antidote aussi. C'est pourquoi certaines personnes on commencé à chercher de nouvelles manières de faire... et en dehors du venin les plantes sont très utilisées car souvent méconnues. Et comme les médecins n'arrivent à rien je pense que ça vaut la peine d'essayer. »
- Cela expliquerait qu'on ait rien trouvé non plus de notre côté, convint Samuel d'un air embêté. Et donc que faisons-nous ?
« Cherche dans les livres les mots... »
Samuel hocha la tête et expliqua à Yasmine qu'ils changeaient de cible. Melissa restait en ligne, et ils lui lisaient les passages qui pouvaient les aider. Elle avait déjà appelé Joëlle et Kyle qui étaient en route pour venir à la bibliothèque les aider puisque les serpents ne leur serviraient plus à rien. Melissa leur appris que Gaby avait la bouche très sèche, et que la plante devait être alors soit tropicale soit aquatique pour absorber l'humidité alentour. Ils l'encourageaient à chercher d'autres indices mais la jeune femme commençait à être à court, elle ne pensait pas qu'un jour elle devrait identifier une plante de cette façon ! Joëlle, la seule à avoir quelques bases en soins, n'en menait pas large non plus. Ses amis finirent par prendre le plus de livres possible et les amener à l'hôpital. Thomas et Jack les avaient également rejoint. Quand Samuel revient après être allé au toilette, il était accompagné de la dernière personne qu'ils pensaient voir : Dame Samantha.
- Je suis venue voir une amie, répondit-t-elle à leur question muette. J'ai appris que votre amie avait été empoisonnée. Je peux vous aider.
Tout le monde leva des yeux surpris. En général elle n'offrait jamais son aide. Personne ne méritait son intérêt.
- Ce que mon petit-fils m'en a dit me rappelle étrangement l'assassinat d'un membre de la famille royale du royaume de Weos. Elle avait fait grand bruit et les écho m'étaient parvenu en quelques jours à peine. Les médecins avaient suivi la même piste que vous avant de pouvoir analyser le poison durant l'autopsie. Je ne connais pas le nom de cette plante, mais elle est exotique et très chère. Elle se nourrit de l'humidité de ses voisines pour survivre.
- Et vous sauriez quoi faire pour guérir Gaby ? demanda Thomas avec espoir.
- Les médecins ont mené des études très sérieuses sur ce poison, ils ne pouvaient pas courir le risque qu'un autre membre de la famille royale soit attaquée. Il ont fini par trouver un remède, un seul : il faut lui transfuser de l'Arinique.
- Non mais ça va pas la tête ?! C'est un des poison les plus meutriers! réagit vivement Joëlle, aidée par son humeur à fleur de peau. Vous ne lui ferez rien d'aussi dangereux !
- C'est le seul remède, répéta la vieille femme. Il faut un poison assez puissant pour détruire cette plante.
- Et ça change quoi qu'elle meurt de cette plante inconnue ou d'une Arinique ? fit remarquer Jack, pragmatique.
- Après lui avoir administré l'Arinique, il nous suffira de lui filtrer le sang. Ce poison est plus épais que celui dont elle est victime en ce moment, ce qui permet l'utilisation de cette technique. Sauf qu'il faudra le faire manuellement, c'est une opération trop précise, aucune machine ne peut faire ce travail.
Les regards se tournèrent vers Melissa, la seule à avoir fais de longues études de médecine parmi eux.
- Filtrer du sang est une opération longue et délicate, balbutia-t-elle. Si le médecin commet une erreur, elle mourra certainement.
- Nous ne pouvons pas prendre ce risque, dit Yasmine d'un air inquiet. A mon avis nous devrions continuer de chercher.
- C'est cette plante, je le sais. Vous devez me faire confiance. Pour une fois, ajouta Dame Samantha en plantant son regard acier dans celui noir de Melissa, il faut me croire.
La jeune femme se tordit les mains, réfléchit durant quelques minutes et finit par dire :
- Je vous crois. Mais ce n'est pas ma décision. C'est à Thomas et à la famille de Gaby de décider.
Il hocha la tête et sortit de la pièce. Il avait espéré ne pas avoir besoin d'informer la mère de Gaby, mais la situation l'imposait. Ils l'attendirent une bonne vingtaine de minutes, mais il revint finalement avec les parents de Gaby, à qui il avait raconté le plus important en chemin. Sa mère fondit en larmes en voyant sa fille pâle et inconsciente. Son père la pris dans ses bras, et regarda les guerriers d'un air décidé.
- Faites tout ce que vous pouvez, vous êtes certainement plus apte que nous à prendre ce type de décision.
Thomas se tourna vers Joëlle et Melissa qui se sentirent tout à coup encore plus mal.
- Plus on attend, et plus les chances de survie de Gaby sont minces. On devrait utiliser l'Arinique tout de suite, dit Melissa d'un air assuré.
- Mais tu as dis avant que c'était extrêmement risqué, lui rappela Joëlle. Je trouve qu'il faut attendre...
- Attendre c'est encore augmenter les risques que tout se passe mal, la contredit Melissa. De plus les chances que l'on trouve un remède rapidement alors qu'on cherche déjà depuis un long moment sont presques nulles.
Les deux amies se jaugeaient du regard. Même si Melissa avait fait des études de médecine, Joëlle ne comptait pas se plier à son opinion. Ce débat ne concernait pas les connaissances mais n'était qu'une question de point de vue, Melissa avait autant de risques d'avoir tort qu'elle.
Thomas se passa les mains dans les cheveux, l'air embêté :
- Personne n'a rien trouvé ? Même pas l'ombre d'une autre possibilité ?
- Rien de chez rien, répondit Kyle.
- Attendons encore un moment, histoire de bien écarter toutes les possibilités, proposa à nouveau Yasmine. Après nous utiliserons l'Arinique.
Thomas hocha la tête. Yasmine paru soulagée qu'on l'écoute enfin. Samuel et Dame Samantha observaient la réaction de Melissa qui ne se fit pas attendre.
- A mon avis c'est une erreur. (Elle regarda les parents de Gaby) J'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais je vais m'absenter. Je serai plus utile ailleurs qu'ici.
Elle tourna les talons et s'en alla. Dame Samantha voulu la suivre mais Samuel l'en empêcha.
- Je crois que vu tes compétences tu devrais rester ici pour les aider, lui dit-il.
- Et tu ne comptes pas toi aller la rejoindre ? s'étonna sa grand-mère. C'est ton rôle de la soutenir.
- Je suis là pour elle, même si je ne la suis pas partout et tout le temps. On a tous besoin d'être seul parfois, en l'occurrence je ne crois pas que je lui serai d'une grande aide.
Elle haussa les sourcils mais ne demanda aucune précision. Une Dame devait savoir garder ses questions pour plus tard lorsque la situations n'était pas appropriée. Lorsque Melissa revint avec un médecin, elle ne paraissait plus vexée, juste tendue. Elle s'assit à côté de Samuel et lui prit la main.
- Cette demoiselle m'a parlé de ce que vous vouliez tenter, dit le médecin d'un air réprobateur. Malheureusement je ne peux pas vous laisser injecter de l'Arinique à cette patiente. Elle est sous la responsabilité de l'hôpital et nous ne tenterons rien qui puisse menacer sa vie plus encore.
Les guerriers hochèrent la tête. Les parents de Gaby étaient sorti de la chambre, ne voulant pas inquiéter ses deux petits frères. Le médecin parcouru la pièce des yeux, leur promis que les recherches avançaient et repartit en faisant claquer sa blouse blanche.
- Bon, vous allez m'écouter maintenant ? lança Melissa.
- De quoi tu nous parles ? répliqua Joëlle. Le médecin vient de dire qu'il était hors de question de pratiquer cette intervention.
- En plus il a dit clairement qu'ils étaient proche de découvrir ce qui l'empoisonnait, ajouta Yasmine.
- C'est faux, j'ai été jeté un œil dans les laboratoires. Ne me regardez pas comme ça ! En tant que médecin j'ai accès à toutes les salles, les informa Melissa. Ils pataugent complètement, s'ils trouvent quelque chose, il sera déjà trop tard.
Elle sortit un seringue de sa poche, Joëlle reconnu la liquide légèrement jaunâtre.
- Beaucoup trop risqué, répéta la jolie blonde. Hors de question. Tu comptes le faire toi-même ?
- Avec ton aide.
- Nous n'avons pas les compétences pour le faire.
- Nous avons les compétences et surtout nous n'avons pas le choix. Je te jure que s'il y avait une autre possibilité, je la choisirais sans hésiter. Mais Joëlle admet que ne rien faire ici n'est pas une solution !
Ils n'avaient jamais vu Melissa dans cet état. La douce jeune femme, toujours d'humeur égale ne leur avait jamais tenu tête à ce point. Tout simplement parce que normalement sa diplomatie suffisait à la faire entendre. Ils n'avaient jamais pensé que durant ses études de médecine elle avait dû avoir un moral à tout épreuve et supporter un rythme de travail intensif. Elle avait donc un caractère bien trempé quand il le fallait.
Melissa s'était levée et approchée de Joëlle, aussi près que lui permettait le ventre rond de son amie.
- Si les choses doivent mal finir, je refuse que ce soit parce que nous n'avons pas réagi assez tôt. Je ne fonce pas la tête la première dans le problème, on a une piste sérieuse, et malheureusement c'est la seule que nous ayons, articula Melissa dans une ultime tentative pour la faire changer d'avis.
Elle mit la seringue dans la paume de Joëlle et croisa les bras. Samuel regardait les deux femmes s'affronter et se dit que sa fiancée était toujours très sexy quand elle tenait tête à quelqu'un. Il secoua la tête, il fallait qu'il se ressaisisse un peu. Surtout que Joëlle venait d'abdiquer, ce qui était une chose plutôt rare.
Les deux jeunes femmes s'assirent à côté du lit. Melissa pris l'avant-bras de Gaby et lui injecta l'Arinique. La jeune femme inconsciente commença à avoir des spasmes.
- Bon, c'est le poison qui commence à faire effet. Le système immunitaire essaye de le combattre, les rassura Melissa.
- Thomas, Samuel, Kyle, Jack plaquez-là contre le lit il faut qu'elle bouge le moins possible, ordonna Joëlle.
Les quatres garçons prirent chacun un membre de leur amie et le pressèrent contre le matelas. Thomas regarda sa chérie, dont la poitrine se soulevait de manière irrégulière. Les garçons avaient de la peine à canaliser ses tremblements. Melissa et Joëlle commencèrent à mettre en place un système compliqué, afin de retirer les poison du système sanguin de Gaby.
- Vous ne deviez pas lui filtrer le sang le plus vite possible ? dit Jack, les dents serrées par l'effort.
- Elles ont raison d'attendre, intervint Dame Samantha. Il faut que l'Arinique soit passée dans tout son système cirulatoire avant.
- Le bras gauche est contaminé, murmura Melissa.
- Les pieds aussi dans quelques secondes..., lui répondit Joëlle en levant les yeux. Yasmine place deux bols vers Melissa.
Elle-même se munit d'un scalpel.
- Tiens-toi prête, la prévint Melissa. Un, deux, trois... c'est bon !
Joëlle fit une entaille dans le bras de Gaby et fit le sang s'écouler. L'opération était laborieuse et difficile.
- Comment vous procédez pour filtrer son sang ? demanda Thomas en voyant le liquide rouge couler de manière alarmante.
- Joëlle fait une entaille afin de faire couler le sang dans ce premier récipient, commença à expliquer Dame Samantha pour ne pas déconcentrer les deux jeunes femmes. Elle s'occupe ensuite de séparer le sang du poison à l'aide de la machine qu'elle tient dans la main. Elle reverse ensuite le sang décontaminé dans le deuxième bol. Melissa s'occupera d'injecter le sang pur directement dans la veine de son autre bras.
- Mais ça va être long non ? commenta Kyle qui avait lâché la jambe de Gaby pour détendre ses doigts.
- Oui. Surtout que nous ne pouvons filtrer qu'une petite quantité de sang à la fois, dit Joëlle. Alors que le sang coule sans s'arrêter.
- Mais on doit se dépêcher. Elle est affaiblie et ne tiendra pas longtemps, dit méchaniquement Melissa, plongée dans son travail.
Durant deux heures les deux filles se donnèrent corps et âme pour sauver leur amie.
- C'est pas vrai, on ne filtre pas assez vite. Elle s'affaibli ! s'exclama Joëlle en s'essuyant le front.
- Mais elle ne tremble plus, ce n'est pas une bonne nouvelle ? remarqua Samuel.
- Ça prouve que nous avons enlevé la plus grande partie du poison. Mais le reste risque quand même de la tuer, répondit Melissa qui avait le souffle court.
Filtrer le sang demandait une grande concentration et une énergie considérable. D'habitude dans ce genre de situation deux médecins se relayaient pour préserver leurs forces. Sauf que Melissa était la seule à avoir assez de compétences dans le groupe et qu'ils ne pouvaient demander de l'aide aux médecins sans qu'ils découvrent qu'ils leur avaient déobéis. En bref elle devrait tenir jusqu'au bout. Elle s'en savait capable, mais elle ralentissait et c'est cela qui l'inquiétait le plus. Joëlle semblait avoir lu dans ses pensées :
- Tu crois qu'on peut retirer le poison de l'intérieur ? lui dit Joëlle.
- Développe.
- On peut essayer de séparer le poison du sang directement dans les veines et ensuite sortir le poison par l'entaille. Tu crois que tu y arriverais ?
- La pression du poison qui sort fera s'écouler le sang aussi, et en grande quantité, intervint Yasmine.
- Pas si on empêche le sang de sortir avec un garrot, fit remarquer Joëlle. On lâchera le garrot par à-coups pour faire sortir le poison.
- On essaie, dit Melissa en se plaçant vers l'entaille de Gaby.
Joëlle introduit la machine dans la veine juste au dessus de l'entaille de l'avant bras. Ils virent alors beaucoup de sang commencer à couler.
- Melissa le sang ! lui cria Thomas, affolé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top