Chapitre 10
Les amis : une famille dont on a choisi les membres (Alphonse Karr)
La vie reprit son cours, mais pour une trop courte durée. Un matin, alors que Melissa était en train de déjeuner avec Sam et Jenna, le père de Sam entra dans la pièce avec le courrier.
- Melissa, nous avons reçu une lettre pour toi, l'informa-t-il en la lui tendant. Elle vient du tribunal visiblement. Tu attendais quelques chose ?
- Du tribunal ? Non, je ne sais pas ce que ça peut être, s'étonna-t-elle en ouvrant la lettre.
Samuel se pencha et commença à lire en même temps qu'elle. Peu à peu, les parents virent leur fils froncer les sourcils d'incompréhension pendant que sa petite amie entrouvrait la bouche sous le choc. Elle leva les yeux vers le père de Sam, qui était avocat :
- Mon père m'attaque, il me traîne en justice parce que j'ai quitté le domicile familiale alors que je ne suis pas capable de discernement et d'autonomie, expliqua-t-elle d'un air abasourdi. C'est légal ça ?
- C'est insensé ! se rebella Jenna. Qu'est-ce qu'il s'imagine ? Il suffit d'entendre la version de Melissa, qui est criante d'honnêteté, pour voir la stupidité de sa démarche !
- Il a dû préparer son coup, dieu sait comment, mais je suis sûr qu'il a bidouillé des trucs pour l'accabler, marmonna Samuel. Je ne le crois assez bête pour foncer à l'aveugle.
- Tu as certainement raison, l'approuva son père. Néanmoins, puis-je lire cette lettre ?
Elle regarda l'homme en face de lui, il dégageait toujours une assurance tranquille qui incitait à boire ses paroles. Ses cheveux bouclés étaient dompté en arrière lorsqu'il travaillait, contrairement à Sam dont les mèches rebiquaient dans tous les sens.
- Ne t'en fais pas, la rassura Jenna. Je suis sûre que Patrick sera d'accord d'être ton avocat. N'est-ce pas chéri ?
Son mari leva les yeux et affirma que oui, il l'aiderait évidemment.
- J'aimerais bien, mais j'économise pour mon appartement, reprit Melissa. Je ne veux pas rester ici trop longtemps, vous êtes déjà gentil de m'éberger.
- Je ne te demanderai rien, ça ne m'est même pas venu à l'idée. Avec tout ce que tu as vécu ces derniers temps ce serait mal venu, de plus tu vis avec nous, je ne fais pas payer les membres de ma famille, dit-il d'un ton appuyé qui ne souffrait aucune discussion.
Les épaules de Melissa s'affaissèrent de soulagement. Elle le remercia plusieurs fois avant de se retirer. Elle monta les escaliers pour aller dans la chambre de Sam. Elle s'assit sur le lit et ses larmes commencèrent à couler tandis qu'elle s'emparait de son transmetteur pour appeler sa sœur. Samuel l'avait suivis, voyant que son expression avait changé durant la conversation. Il s'assit à côté d'elle et laissa ses doigts courir le long de son dos. Melissa posa sa tête sur son épaule en silence.
- Tu es gentil... mais j'ai quand même l'impression que je suis un aimant à problèmes, lâcha-t-elle avant de renifler bruyament.
Il parti dans un éclat de rire et la serra fort contre lui.
- Ah la la mais il ne faut pas pleurer pour ça ! Par contre tu peux continuer de dire que je suis gentil, ajouta-t-il d'un air taquin.
- Non mais quel égocentrique ! rit-elle en essuyant ses larmes. Ne compte pas sur moi pour faire l'éventail de tes qualités en tout cas.
Il prit son visage dans ses mains et la força à la regarder.
- Pour ce qu'a dit mon père, je peux te dire qu'il ne l'aurait pas dis s'il ne le pensait pas. J'en connais un qui va regretter de s'en être pris à toi, tu peux en être sûre.
Ils ne se doutaient pas qu'à une centaine de mètres de là, Ronald Coln était dans un état critique. Il avait appelé Yasmine et Thomas à son chevet. Ses deux aînés, arrivèrent en trombe et s'assirent à son chevet. Il les regarda. Ils se ressemblaient tellement, le même visage que leur mère, qui s'illumine à chacun de leur sourire. Leurs quatre yeux noirs se plantèrent dans les siens, leur inquiétude se mêlait à l'espoir d'une nouvelle rassurante.
- Je n'en ai plus pour longtemps, annonça leur père, confirmant leurs craintes. Mais je veux profiter de mes derniers instants pour vous dire certaines choses. Je ne voulais pas que Lucie me voit dans cet état. Vous annoncerez tout à votre sœur lorsque je ne serai plus. Yasmine, j'ai tenu le plus longtemps possible, mais maintenant il faudra que tu fasses face à tes responsabilités. Thomas sera là pour t'épauler. Je suis fier de ce que vous êtes devenus, deux personnes intelligentes, loyales et attachées aux valeurs que nous vous avons transmis votre mère et moi. Vous avez su vous entourer de personnes de confiances, j'entends par là votre fratrie. Il y a une chose que vous devez retenir maintenant : si un jour vous avez à choisir, suivez votre fratrie et non le clan.
- Quoi ? s'exclamèrent Yasmine et Thomas, abasourdis.
- Vous allez faire partie du conseil des anciens, et vous verrez que parfois vous devrez vous battre pour vous faire entendre. On vous dira que seul la famille compte, au dépend des interêts des autres. Mais c'est faux. Ne croyez pas ceux qui ont besoin de vous pour votre droit de vote et qui ont été obligé de vous fréquenter à cause des liens du sang. Car quand vous aurez besoin d'aide, ils ne seront pas présents. N'oubliez jamais ceux qui se sont battus à vos côtés, ceux devant qui vous êtes vraiment vous-même. Et restez-leur fidèles.
- Promis, affirma Yasmine, des larmes coulant sur ses joues.
- Promis, répéta Thomas qui gravait ses surprenantes paroles dans son esprit.
Ils virent leur père pâlir encore un peu plus jusqu'à devenir livide. Il ferma les yeux, mais ils sentirent qu'à travers ses paupières, ses iris étaient devenu vitreux. Yasmine et Thomas se blottirent l'un contre l'autre, exactement comme le jour où leur mère est décédée lorsqu'ils étaient enfants. Les infirmières entrèrent dans la pièces et couvrirent le corps. Les deux orphelins sortirent et allèrent voir leur jeunes sœur qui eu besoin de tout leur amour en apprenant la nouvelle.
Jack et Gaby arrivèrent immédiatement suite à un appel Thomas. Jack resta avec Yasmine et Lucie dans le salon pour les consoler. Gaby et Thomas préférèrent sortir sur la place au milieu du domaine des Coln. Thomas réfléchissait à toute la paperasse qui l'attendait ainsi qu'à la préparation de l'enterrement. Il voulait aider Yasmine du mieux qu'il pouvait, mais il était lui-même un peu chamboulé.
- Je vais avoir besoin de toi, avoua Thomas. Jusque là j'avais réussi à m'en sortir, mais je crois...
Sa voix se cassa. Gaby glissa sa main dans la sienne, ne pouvant qu'imaginer ce que c'était de ne plus avoir de parents.
- Tu n'es plus seul, lui promis Gaby. Je suis là, ainsi que Jack. Et je suis sûre que tous dans la fratrie feront ce qui est en leur pouvoir pour vous soutenir. Il n'y a pas mieux entouré que vous, ça j'en suis certaine.
Elle sentit que son petit ami s'était apaisé. Elle le vit se constituer son masque d'homme inébranlable et elle sourit. Malgré les événements, elle était heureuse d'avoir l'occasion de le soutenir.
L'enterrement aurait lieu le lendemain au coucher du soleil. Vers le milieu de l'après-midi, Yasmine et Thomas durent aller au conseil des anciens. Thomas accompagna donc sa sœur et la laissa devant la salle du conseil de la résidence principale. Il n'avait pas le droit d'être présent, c'était Yasmine la cheffe du clan. Elle s'avança et se posta au bout de la longue table de bois vernie où attendaient les six autres membres du conseil. Les murs de la pièce étaient tapissés de traités et de papiers officiels. Hinata les autorisa à s'asseoir d'un geste de tête et s'installa à son tour. Elle se retourna, vit Thomas qui commençait à s'éclipser et lui sourit. Elle se sentait étonnement sereine, peut-être parce qu'elle avait toujours su que ce jour viendrait. Elle posa son regard sur les anciens. « Oui elle était préparée à ça » songea-t-elle en ayant une pensée pour son père. L'héritière regarda les trois hommes et deux femmes. Elle les connaissait tous pour avoir écouté son père lui en parler à plusieurs reprises. Il y avait Monsieur Goro, le responsable des économies, habillé comme à son habitude d'un complet parfaitement repassé. Monsieur Thormann s'occupait des affaires internes et était accessoirement celui qu'elle aimait le moins et de loin. Ses cheveux blanc tombaient devant ses yeux glacés, il n'avait pas seulement l'air froid et intraitable, il l'était. Monsieur Bayer, le responsable de la sécurité, était le seul qu'elle connaissait déjà. Elle s'entendait bien avec lui, il ne faisait pas de chichis et était de bon conseils. Les deux femmes s'appelaient madame Saki, s'occupant des successions et madame Sarrat, responsable de la politique. Elles avaient des visages ridés et ressemblaient toutes les deux plus à des mégères qu'à des grands-mères. Hinata se composa un visage de circonstance et leur demanda de débuter.
- Comme vous vous en doutez, je vais prendre la parole la première, dit Madame Saki. La question de l'héritage est ici très importante puisqu'elle concerne notre ancien dirigeant Ronald Coln.
- Je veux respecter le testament de mon père, décida Yasmine. J'estime que les parts qu'il a faites sont justes.
Elle remercia intérieurement son père de lui avoir fait lire son testament avant sa mort.
- Très bien, accepta madame Saki. Et en ce qui concerne votre sœur, elle est mineure et est à présent orpheline. Vous êtes en droit demander sa garde.
- Thomas et moi rédigerons une lettre dans ce but avant la fin de la semaine.
- Venons-en à mes affaires, entama Monsieur Thormann. Nous avons appris pour votre... petit ami. Il serait judicieux que vous nous décriviez un peu ce jeune homme, vous ne pouvez décement pas vous permettre n'importe quelles frivolité compte tenu de votre rang.
- J'espère que vous ne parlez pas sérieusement, intervint Bayer d'un air outré.
Monsieur Thormann ne daigna même pas tourner la tête vers son collègue et garda son regard dardé sur Yasmine.
- Il s'appelle Jack Valen. C'est un homme fidèle, honnête et aimant, c'est tout ce que vous avez à savoir, trancha Yasmine. De plus, mon père l'a rencontré et m'a donné sa bénédiction. Et il est le seul dont l'avis m'importe.
- Je me permets de vous rappeler que vous êtes l'héritière du clan le plus puissant de Bisan et que, par conséquent, beaucoup de personnes vous convoitent, argumenta madame Sarrat.
- Je tiens à vous rappeler qu'étants en union libre, ce garçon ne bénéficie encore d'aucun avantage conséquent. Il vous est donc inutile de vous en inquiéter pour l'instant, leur rappela Bayer.
- Je ne l'aurais pas mieux dis, à présent ce sujet est clos, décida Yasmine en souriant à Bayer.
La réunion se poursuivit, les anciens traitant des problèmes en cours sous l'autorité de Yasmine. Lorsqu'enfin le conseil fut terminé, la jeune femme retourna dans le salon où elle découvrit tous ses amis venus la soutenir. Même Katie avait fait le déplacement, se sentant proche de la fratrie comme si c'était la sienne. Les voirs tous réunis arracha une larme à Yasmine. Les propos de son père revenaient avec force dans sa mémoire. Tous vêtus de noir et avec élégance, ils représentaient pour elle la véritable définition de la famille. Thomas s'approcha d'elle, élégant dans la tenue officiel de la famille Coln. Elle-même avait revêtu la longue robe marine tissée d'argent, qui semblait peser plus lourd en ce jour de deuil.
Le frère et la sœur prirent place au milieu de leurs amis et Yasmine leur raconta comment s'était déroulé son premier conseil. Quand elle en vint à Jack, son petit ami lui prit la main. Il se doutait que sa venue ne serait pas facile, mais il ne pensait pas que cela poserait des problèmes si tôt. Il n'était pas connaisseur des pratiques de cette famille, mais à ses yeux ils avaient manqué cruellement de tact vu les circonstances. Il n'était pas le seul à le penser puisque le récit avait déclenché de vives réactions dans le groupe.
- J'en reviens pas qu'ils t'ai interrogés comme ça ! s'offusqua Emma.
- C'est vrai qu'on se croirait revenu des générations en arrière, approuva Gaby, qui se sentait égoïstement particulièrement concernée.
- C'est une bonne chose de faite en tout cas, soupira Yasmine. Et sinon vous avez des choses à me raconter ?
- Oui, répondirent Samuel, Kyle, Joëlle et Melissa.
Les deux couples se regardèrent et se firent des politesses. Ce fut finalement Joëlle et Kyle qui commençèrent.
- Comme vous le savez peut-être, nous avons eut un nouveau rendez-vous chez la gynécologue hier, annonça Joëlle. Tout se présente bien, nous avons un autre rendez-vous dans deux semaines. Et à ce moment-là nous prendrons rendez-vous pour l'avortement. Après y avoir réfléchis on est arrivé à la conclusion que c'était la seule solution étant donné notre âge et notre rythme de vie. Donc voilà.
Ils observèrent son ventre rebondi. Ses cernes, qu'elle avait tentée de dissimuler sous du fond de teint, prouvaient qu'elle avait passé des moments difficiles durant sa mission.
- Tu sais qu'on est là si tu as besoin de quelque chose, lui rappela Yasmine.
- Oui, n'hésite pas à nous déranger, l'approuva Thomas. Les derniers événements n'y changent rien.
- Le plus dur était de prendre la décision, leur dit Kyle. Je pense que d'ici l'intervention ça ne va pas être facile, mais au moins on sait où on va maintenant. Et sinon, Melissa et Samuel, qu'est-ce que vous aviez à dire ? Ce serait bien que ce soit une bonne nouvelle, parce que l'ambiance n'est pas au top là...
Ils échangèrent un sourire triste, signe que la valse des problèmes n'était pas finie. Melissa expliqua que son père la traînait en justice, mais qu'elle serait aidée par le père de Samuel qui travaillait sur son dossier. Malheureusement leur défense entraînera inévitablement des frais, ce que la jeune femme ne pouvait pas se permettre. Le père de Samuel cherchait donc une alternative qui permettrait de la disculper automatiquement, ce qui n'était pas tâche facile.
- Il y a un truc que je ne comprends pas, dit Katie. Imaginons que ton père réussisse son entreprise, Melissa devra retourner vivre avec lui, mais qu'est-ce-qu'il y gagne ?
- Moi aussi je me suis posée cette question, acquiesça Samuel. Il l'a fichue dehors et maintenant il veut la récupérer. La seule idée qui m'est venue c'est qu'il veut l'humilier.
- C'est aussi ce que j'ai compris, révéla Emma. Le peu que ma mère m'en ait dis ressemblait à une vengeance de mauvais goût...
- Je vois. Avec tout ce qu'il se passe ici je me vois mal partir en mission dans quelque jours, lança Katie.
En effet Melissa, Matt, Kyle et elle avaient été convoqués par la Haute Guerrière pour une mission de la plus haute importance, d'où le fait qu'ils aient joint une médecin à l'expédition. Le royaume de Tall avait fait appel à eux car ils avaient eu affaire à des massacres certainement commis pas des professionnels. Les responsables se déplaçaient dangereusement en direction de leur frontière et le rôle des trois guerriers était de les intercepter. Quant à Melissa elle était chargée de s'occuper des éventuels survivants et blessés civils.
- Ne me le rappelle pas, je n'aime pas cette histoire de tueurs sanguinaires, grogna Samuel.
- Ah oui c'est vrai que tu avais fait une demande, se souvint Kyle en grimaçant. Isabella l'a refusé alors ?
- Oui, elle préfère que je reste ici. Je dois prendre les classes de Melissa et Kyle pendant leur absence, ça l'arrange de ne pas avoir besoin de prendre de remplaçant. En plus elle a dit que vous étiez un bon groupe et patati et patata...
Une petite fille venait d'entrer dans la pièce. Sa tresse de cheveux bruns, ses yeux noirs et la tunique marine tissée d'argent de la famille Coln leur apprirent que ce devait être Lucie. La petite sœur de Yasmine s'approcha d'eux et posa ses grands yeux sur l'assemblée.
- Bonjour, je venais voir les amis de mon frère et ma sœur, leur apprit-elle. J'avais envie de vous voir...
- Et bien moi je m'appelle Kyle, claironna-t'il en lui adressant un sourire chaleureux. C'est une bien jolie robe que tu portes, tu en aurais une pour moi tu crois ?
La petite fille éclata d'un rire critallin en faisant non de la tête. C'est alors que quelque chose attira son attention. Elle s'approcha de Joëlle. La jeune femme était très belle dans sa robe noire, ses cheveux dorés tombant en cascade autour de son visage fin, c'était un ange en deuil. La petite posa sa main sur le ventre rond et souri à Joëlle.
- Tu vas avoir un bébé, se réjouit la petite, ses yeux pétillants. Comme tu es belle. J'espère que le bébé te ressemblera. Par contre, j'espère qu'il ne sera pas bête comme ton petit copain !
Ils éclatèrent de rire. La petite colla son oreille contre le ventre.
- Il ne bouge pas, il doit dormir, murmura-t-elle sur un ton très sérieux. Il faut qu'il dorme comme ça il sera en pleine forme quand je viendrai le voir.
Joëlle caressa la joue de Lucie, une larme coula sur sa joue. La voyant pleurer, elle se blottie contre la guerrière. La petite fille ne savait pas pourquoi elle pleurait, elle se dit que la femme avait peut-être peur d'avoir mal ou que son bébé ait un problème. Au fond elle s'en fichait, tout ce qu'elle voulait c'était qu'elle arrête de pleurer.
Les autres les regardaient, pour certains les yeux embués de larmes troublant leur vision. Il leur était impossible d'expliquer la vérité à Lucie. Cette décision, qui leur paraissait tout à fait sensée, serait certainement incompréhensble pour une petite fille pleine de rêves.
- Mesdames, messieurs, permettez-moi de vous informer que les obsèques vont commencer sous peu, leur signala le majordome par l'entrebaillement de la porte
Ils sortirent de la pièce en cortège. Le vent frais de ce mois d'octobre les fit frissonner, ils avancèrent jusqu'à la place où le clan Coln attendait déjà. Tous les regards convergèrent vers Yasmine quand elle monta sur l'estrade. Les discussions s'arrêtèrent.
- C'est avec une infinie tristesse que j'ai assisté hier à la mort de mon père. C'était un homme droit, un ami fidèle, un soldat valeureux, un père généreux et un chef de talent. Je suis fière d'avoir reçu l'enseignement ainsi que l'éducation d'un homme tel que lui. Il a guidé notre famille avec brio durant toute sa vie. Son départ est une page qui se tourne. En tant qu'héritière légitime, je vous invite à une minute de silence, en souvenir de Ronald Coln, un homme d'exception.
Yasmine descendit de l'estrade et se joignit à Thomas et Lucie. Son regard plongea dans le ciel rosé puis descendit dans l'assemblée. Elle vit Samuel et Melissa, leurs doigts enlacés. Pour elle, ils étaient la preuve que le bonheur peut se cacher parfois juste sous notre nez. A leurs côté se trouvait Emma et Matt, se tenant par la taille. C'était merveilleux qu'ils aient arrêté de jouer au chat et à la souris, après tout ce temps, Emma avait bien mérité de savourer cet homme qu'elle avait attendu si longtemps. Joëlle et Kyle quant à eux devaient avoir tellement de problèmes en tête, elle se sentit mal pour eux. Elle avait eut peur que cette situation ne mette en péril leur relation, mais elle essayait de se persuader que les sentiments résistaient à tout. C'est alors qu'elle croisa le regard de Jack. Depuis combien de temps la regardait-il ? Il eu une mou amusée, il devinait ses pensées comme on lit un livre. Jamais elle n'aurait pensé que Jack, le garçon extraverti et aimé de tous, tomberait amoureux d'elle, la jeune fille timide et effrayée par son futur tout tracé. Ils s'étaient trouvés, elle en était intimement persuadée.
Lorsque la foule se dispersa, ils se dirent au revoir et chacun rentra chez soi.
Le jour avant le départ pour la mission, Kyle, Melissa, Matt et Katie se trouvaient dans le bureau d'Isabella. La Haute Instructrice devait les brieffer sur leur mission. Elle leur donna à chacun un dossier contenant toutes les informations qu'ils avaient pu récolter.
- C'est une boucherie, remarqua Kyle en examinant les photos. Qu'est-ce qui les a amené à dire que c'était des professionnel ? On dirait plutôt le travail de personnes assoiffés de sang...
- Regarde les coups qui ont causés la mort. Ils sont précis, remarqua Melissa d'un œil aiguisé. Les autres blessures semblent avoir été infligées post-mortem.
- Dans ce cas c'est de l'acharnement, conclut Matt. Cela rejoint ce que dit Kyle, les tueurs à gage n'ont aucune raison de faire souffrir leurs victimes pareillement.
- Sauf si on le leur a demandé, proposa Kyle. Je suis sûr que ce doit être possible.
- Non ça ne concorde pas, les contredit Katie. Vous ne pensez pas que ça pourrait être des guerriers comme vous et moi qui se font justice eux-même ?
- Oui c'est possible, concéda Kyle. Dans un cas comme dans l'autre, est-ce que nous devons les éliminer ?
La Haute Instructrice leur demanda de les arrêter par tous les moyens, ce qui leur donnait carte blanche. Ils espéraient n'avoir pas besoin de se battre, mais les carnages sous leurs yeux n'étaient pas encourageants. C'est avec cette idée peu sympathique qu'ils partirent, leur sac sur le dos. Malgré les progrès technologiques tel que le transmetteur, les guerriers avaient continué d'effectuer leurs missions à pied. Cela leur donnait une totale liberté d'action et une discrétion que ne leur permettaient pas les routes. Ils marchèrent à bonne allure jusqu'au soir et établir leur campement. Chacun savait ce qu'il avait à faire grâce à leurs années de pratique. Ils s'installèrent autour du feu, dégustant la viande séchée et le pain qu'ils avaient emportés.
- Et bien en tout cas, je préfère les missions avec vous ! s'exclama Katie. Vous êtes beaucoup plus humain que les guerriers de chez nous. A Liske c'est performance, performance, performance...
- C'est pour ça que vous avez des guerriers aussi talentueux, dans la technique en tout cas, nuança Matt en souriant.
- Mais oui la fameuse renommée de votre village j'oubliais ! rit Katie.
- En attendant c'est vrai, on est une famille, insista Kyle.
- Spécialiste de l'inceste je dirais plutôt, railla Melissa.
Ils furent pris d'un fou rire. Ils finirent par aller dans leurs tentes et s'endormirent. Ils marchèrent encore trois jours avant d'approcher de la frontière. Ils avaient instauré des tours de garde, redoutant le danger qui les menaçait au fur et à mesure qu'ils avançaient.
Kyle ne su jamais ce qui le réveilla en même temps que le soleil ce matin-là. Ce qu'il su c'est qu'à peine les yeux ouvert, il vit la jambe de Melissa voler au dessus de sa tête. Il se leva d'un bond et vit cinq hommes qui n'auraient pas dû se trouver là. Vêtus d'une armure noire et près du corps, ils se battaient avec ses amis. Matt se battait avec un hommes immenses aux épaules carrés, muni d'une épée lourde et un autre lui tournait autour, cherchant le bon angle pour l'avoir. Ils usaient de force pure, et Matt suait sous les coups. Malgré tout il tenait son adversaire en respect, répondant coup sur coup à l'aide de ses poignards. Ils savaient qu'il ne tiendrait pas indéfiniment, mais ils cherchaient à le fatiguer. A droite de leur campement, Melissa était aux prises avec deux hommes maniant des poignards avec finesse. Sous leurs assauts répété elle ne pouvait qu'esquiver, voltigeant entre les deux tueurs. Elle tentaient de les maintenir à distance, mais sans aide elle savait qu'elle n'avait aucune chance. Il ne voyait pas Katie mais ne pu s'en soucier d'avantage, voyant le dernier homme arriver vers lui. Il s'empara de son poignard et s'élança. Rompu au combat au corps à corps, il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour le mettre hors jeu. Il fallait absolument qu'il aille aider Melissa, elle n'avait pas guerrière de profession. Lorsqu'il posa son regard sur elle, il se refit la réflexion qu'elle ne semblait pas vouloir les attaquer, elle ne faisant qu'esquiver.
Il sentit alors ses membres commencer à faiblir. Kyle serra les dents, baissant les yeux sur une entaille barrant son torse. Il se maudit. Leurs lames devaient être empoisonnées. Voilà pourquoi son amie était si prudente. En tant que seul médecin du groupe, elle ne pouvait pas se permettre d'être touchée. Il sentit ses jambes se dérober et il s'affaissa, prisonnier de son propre corps.
Heureusement, il voyait toujours Matt et Melissa aux prises avec leurs ennemis, même si avait toujours aucune idée d'où était passée Katie. Matt avait dû également faire le rapprochement avec le poison puisqu'il ne prenait plus aucun risque, même s'il se fatiguait dangereusement. Voyant que Melissa souffrait d'une blessure à l'abdomen, Matt ignora la morsure des lames de son assaillant et se jeta sur lui, l'achevant d'un coup à la gorge. Matt tenta de se relever mais il tomba lourdement, le poison s'étant diffusé dans ses veines. Melissa tourna la tête et vit qu'elle se trouvait seule. Elle se ressaisit vite, dévisageant l'homme restant. Elle attrapa l'arme d'un adversaire vaincu, et se lança dans une danse mortelle. Elle réussi à toucher son ennemi qui s'immobilisa, paralysé par le poison.
Melissa se précipita vers ses amis, leur posa tout un tas de questions et se mit à chercher dans son sac divers flacons et plantes. Elle prépara une sorte de pâte qu'elle étala sur leurs blessures. Pendant qu'elle soignait Matt, les deux autres essayèrent de comprendre.
- Comment est-ce que tu fais pour tenir encore debout ? l'interrogea Katie en voyant sa blessure au ventre.
- J'ai toujours une seringue sur moi,... au cas où cette situation se produirait. Cela ne supprime pas le poison, c'est une sorte de booster qui... permet de tenir encore un moment. C'est pas du... grand art mais ça m'a donné le temps... qu'il fallait. Mon... rôle est de... soigner, je ne peux pas... me permettre... d'être fragilisée.
Matt se sentait mieux grâce à la pâte de Melissa mais voyait que le souffle de la jeune femme devenait court. La tâche de sang sur son ventre commençait à devenir inquiétante, le liquide perlait au travers du tissu. Il voulu l'ausculter mais elle le sermonna.
- Arrête de gigoter, lui reprocha-t-elle, les dents serrées. On ne peux... rien y faire pour... l'instant alors... calme-toi.
Elle grimaça. Elle ne pourrait pas être libre de ses mouvements encore très longtemps, elle sentait déjà ses membres s'engourdir. Elle étala le reste de la pâte sur sa propre blessure, en la touchant du bout des doigts elle étouffa un cri. Sa blessure était trop large et profonde, le poison était le cadet de ses soucis. Ses trois amis l'entourèrent, elle semblait vouloir parler.
- Bon... écoutez...moi, je ne... vais pas... pouvoir... me soigner. Faites... compresse... sur ma... blessure... et vite... à Bisan...
- Tiens bon ! lui intima Kyle pendant que Matt prenait des bandages pour faire une compresse sur sa blessure. Tu as pu mettre de la pâte, ça va aller jusqu'à Bisan !
- Poison OK.. immo...bilise. Tue... pas vite. Blessure... grave.
Elle s'effondra alors sur Matt. Elle était inconsciente.
- Il faut appeler de l'aide, la complèta Katie. Matt portera Melissa, Kyle et moi les sacs. Les secours nous rejoindront en chemin.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top