Chapitre 2


Rage


— J'crois qu'elle est pleine.

Ma remarque fait ricaner Hound, que j'entends juste derrière moi.

— Ah ben ça, vu le nombre de fois où Bruce l'a montée ces derniers temps, ça m'étonne pas. Elle était en chaleur, y a pas longtemps, fallait s'y attendre.

Je ne réponds pas et passe mes doigts sur le ventre gonflé de Suzie. À son embonpoint inhabituel et à ses mamelles gonflées, il n'y a en effet aucun doute. Elle attend des petits.

Ma bouche s'assèche et une boule obstrue subitement ma gorge, m'empêchant de répondre. Ma main caresse le bidon rebondi, que la chienne me laisse volontiers toucher. L'air qu'elle me lance est d'une douceur incroyable et je savoure cette confiance qu'elle me donne sans aucune appréhension. Pourtant, avec son aspect féroce, la femelle pitbull, à la robe noir d'encre, fait réfléchir à deux fois avant de s'en approcher.

— C'est bien, complète Hound en jetant un coup d'œil vers elle. Il est temps qu'elle remplisse sa fonction, après tout. Tu sais ce que papa a dit : si elle perd encore une portée, il s'en sépare. Aucune raison de garder une bestiole incapable de faire ce qu'on attend d'elle.

Je ne le sais que trop. Suzie a fait une fausse-couche il y a six mois, pour la troisième fois consécutive. Papa lui a donné une dernière chance et je sais très bien ce qu'il entend par « s'en séparer ». Il va la zigouiller, tout simplement.

« Une bête qui ne remplit pas son office, c'est une bouche inutile à nourrir ». Ça ne vaut pas que pour les pitbulls qu'il élève, mais pour chaque animal de ce domaine : lapins, poules, vaches, cochons. Et nous aussi, Hound et moi, je ne me leurre pas.

— D'ailleurs, continue mon frère en se plantant devant moi, si tu continues de rêvasser comme ça au lieu de bosser, y a des chances que tu sois le prochain à y passer.

Je grogne, pour la forme. Cependant, il n'a pas tout à fait tort, j'en ai conscience. Il ne fait que confirmer ce que je pense depuis le début.

— T'inquiète pas pour moi, réponds-je d'un ton sec. Avec ce que je lui rapporte, il n'est pas près de se débarrasser de moi, va.

Hound baisse le regard vers moi et je délaisse enfin la chienne pour me redresser. Mes iris plongent dans les siens et je le toise de toute ma hauteur. Je le domine d'une tête, bien qu'il soit déjà plutôt grand. Enfin, je crois, parce que je n'ai que papa comme moyen de comparaison. Et nos adversaires du week-end évidemment.

— Un accident est si vite arrivé, ricane Hound en secouant la tête. Regarde Mad... Un jour on est vivant et le lendemain, on bouffe les pissenlits par la racine.

Une bile acide remonte le long de mon œsophage, à l'évocation du nom de notre frère aîné, tandis que mon cœur se serre.

— J'y crois toujours pas... murmuré-je. C'est... merde. C'est pas possible.

Hound hausse les épaules dans un geste de désinvolture totale. Mais moi, mes poings se raidissent au souvenir trop net du monticule qui orne désormais l'arrière de la maison, où même aucune plaque n'indique sa présence.

Papa l'a enterré là et s'en est désintéressé. Clap de fin.

— J'aurais jamais cru qu'il y passerait, susurre Hound comme pour lui-même. C'était le plus doué d'entre nous. Je ne comprends même pas comment ça a pu arriver.

Moi je le sais : papa est allé trop loin. Persuadé qu'il avait le meilleur combattant de l'arène, il l'a engagé sur un combat à mort, sans se douter une seule seconde que son adversaire le surpasserait. OK, Mad n'avait jamais perdu aucun combat, mais de là à le faire se confronter à un tel mastodonte, l'erreur était de taille.

Elle a été fatale à notre aîné. Quand il s'est retrouvé à terre, et malgré les protestations de papa, les juges ont été intransigeants. C'était un combat à mort, il devait être mené à son terme.

Hound et moi n'étions pas là. Nos combats étant terminés, nous étions déjà en cage pour le retour. Quand notre père est revenu sans Mad, au bout d'une heure à patienter dans le fourgon, nous n'avons pas compris tout de suite. Ce n'est que quand les portes de la camionnette se sont ouvertes et que le corps de notre frère a été déposé à même le sol, que nous avons pigé. Mort, et fourré là sans précaution, il est resté ainsi, sous nos yeux, pendant les deux heures de trajet retour.

Me souvenir de cette image encore trop vive dans mon esprit est comme un coup de poignard dans le cœur. Jamais je n'aurais cru que nous voyagerions avec le cadavre de notre frangin sous les yeux. Et quand nous sommes arrivés, papa nous a fait creuser un trou, y a balancé Mad à même l'humus puis nous a ordonné de reboucher aussi sec.

Comme les chiots mort-nés de Suzie la dernière fois.

Je ferme les yeux un instant pour essayer de chasser le tableau terrible qui hante mes nuits depuis une semaine, puis, pour couper court à mes souvenirs trop douloureux, referme la porte de l'enclos des chiens en vérifiant bien que le loquet est correctement placé. Le mois dernier, ils ont réussi à se sauver et j'ai eu droit à quelques coups de fouet bien placés pour avoir été trop négligent.

Papa ne supporte pas la médiocrité. Et lorsque nous le décevons, il nous le fait bien comprendre à coups de cravache, fouet et autres châtiments corporels qu'il juge appropriés. Il ordonne et nous obéissons, quitte à subir son courroux si nous ne le satisfaisons pas.

La main encore sur le loquet, je détourne la tête par instinct quand des éclats de voix s'élèvent dans l'air du matin. Fronçant les sourcils, j'avise mon père sortir de la grange, visiblement énervé, en claquant la porte derrière lui. Vibrant sur ses gongs, elle mériterait un remplacement et je doute que le traitement qu'il vient de lui affliger soit très recommandé vu son état de délabrement.

Néanmoins, je laisse cette question de côté pour me concentrer sur le bâtiment qu'il vient de quitter. À part une vieille cariole sans intérêt et du foin qu'il réserve aux vaches de l'enclos, il n'y a rien d'intéressant dans cette bicoque en ruine.

C'est quoi, son problème ?

— Qu'est-ce qu'il a ? demandé-je à mon frangin.

Il se contente de hausser les épaules et de caler les mains dans ses poches. Plus désinvolte que lui, je crois que j'ai rarement vu. Enfin, je dis ça, mais nous ne sommes que trois ici, alors j'ai vite fait le tour de mes connaissances. N'empêche qu'il fait comme moi : il ne bouge plus et fixe le battant avec la même curiosité que la mienne.

N'y tenant plus, j'avance vers l'entrée, non sans avoir vérifié que notre père a disparu dans la maison. Puis doucement, j'entrebâille la porte.

— Putain, tu fais quoi, là, Rage ? Si papa...

— Il est parti..., réponds-je, excédé qu'il intervienne. Fais le guet !

Sans attendre sa réponse, j'avance de quelques pas, laissant le battant se refermer doucement derrière moi. Le temps que mes yeux s'habituent à l'obscurité, et je balaie la pièce des yeux. L'unique fenêtre, sur le côté gauche est tellement crasseuse que la lumière peine à entrer dans le bâtiment.

Néanmoins, mes pupilles se dilatent et je fronce les sourcils, décontenancé.

— Ben... y a personne ? murmure Hound.

Je me retourne pour le retrouver juste derrière moi, à imiter mes gestes.

— Je t'ai dit de rester dehors et de monter la garde, grogné-je, exaspéré.

Il se contente de balayer l'air de la main, puis de reculer vers l'ouverture restée entrebâillée. Je devrais faire de même. Pourtant, quelque chose me retient. Convaincu que je loupe quelque chose, je tends l'oreille.

Dehors le coq chante, quelques chiens aboient et le cochon couine au loin. Pourtant, le froissement du foin, je ne peux le louper. Contournant la charrette, je pose ma main sur le bois usé d'une poutre et me baisse.

Et c'est là qu'un cri fuse :

— Ne me touche pas !

Pris au dépourvu, je me redresse et toise l'individu caché dans la paille et qui s'éloigne vers le mur. Ce n'est pas un intrus, parce qu'il est attaché à une des chaînes murales et que c'est forcément papa qui l'a fixé au crochet planté dans la paroi.

— Putain ! s'exclame Hound en s'approchant. C'est quoi, ça ?

À vue d'œil, c'est un garçon. Il est trop maigre et trop frêle pour être adulte, c'est certain. Pourtant, sa voix, trop perchée, me perturbe gravement. Mais c'est surtout ses cheveux qui me laissent perplexes. Ils sont longs, tellement longs et fins qu'ils lui tombent dans le bas du dos. Moi aussi je les porte ainsi, mais ils sont moins imposants.

Hound, avec sa boule à zéro, due à une invasion récente de poux et de puces dans son lit, a l'air aussi perplexe que moi.

L'individu, recroquevillé contre le crépis délabré, tient son t-shirt des deux mains, comme s'il avait peur de montrer son ventre. J'avoue que sur le coup, je ne comprends pas très bien son problème. Ça m'arrive souvent de me balader torse nu, surtout l'après-midi, quand les températures montent haut. OK, c'est peut-être parce qu'on est en janvier, et que dehors, il ne fait pas plus de 18 en ce moment.

— Je sais pas, réponds-je, perplexe. On dirait un gamin.

— Non, pas « ça ». Ça ! répond-il.

Je suis son doigt des yeux, ne comprenant pas trop où il veut en venir, jusqu'à ce que je tombe sur l'objet de son attention. Et je bugge une seconde, le temps de comprendre. Sauf que rien ne se passe dans ma tête et que je reste interdit, incapable de faire du sens sur cette protubérance inconnue que le gosse tente de camoufler.

Hound, lui, est plus téméraire. Il s'approche sans crainte, saisis les poignets de l'intrus et lui écarte les bras.

— Lâche-moi ! hurle à nouveau l'enfant.

Mon frère s'exécute et je l'entends ricaner.

— Lâche-la, tonne soudain la voix de mon père.

Cette fois-ci, Hound s'écarte si vite qu'il trébuche contre la roue cassée de la charrette et s'étale de tout son long dans la paille, sur le cul. J'aurais bien ri, si je n'avais pas été aussi obnubilé par la vue singulière du torse du gars.

Dans ma tête, c'est un fouillis sans nom. Le problème, c'est que je n'arrive pas à faire de sens sur ce que je vois.

Ou alors ? Je repense à Suzie, là, dehors, puis fais le lien avec ce que vient d'annoncer notre père.

— La ? répété-je. C'est... une femelle ?

Mon père éclate d'un rire qui m'arrache un rictus énervé : il se fout de moi, là ? Pourtant, il se calme aussi vite, s'avance vers le prisonnier et écarte les pans de son t-shirt d'un geste brusque.

— Ben tu crois que c'est quoi, ça ? me demande-t-il. Ouais, OK, c'est vrai que t'as jamais vu de nichons, en fait.

Il se tourne vers Hound, qui se remet debout en frottant sa hanche, puis vers moi, avant de lâcher :

— Ça, c'est une fille, les gars. Regardez-la bien, parce qu'elle va pas rester longtemps.

Et pour prouver ses dires, il positionne son fusil sur son épaule et l'enclenche. La réaction de la « fille » est immédiate : elle se recroqueville en gémissant, tandis que ses yeux s'écarquillent de terreur.

Dans ma tête, c'est l'apocalypse. Je n'ai pas envie de voir ça. J'ai vu assez de morts pour la semaine, bon sang !

— Pourquoi tu veux la tuer ? m'interposé-je dans un élan spontané. Pourquoi la ramener si c'est pour l'éliminer tout de suite ?

Mon père fronce le nez, dévie le regard vers moi et arque un sourcil.

— Je voulais remplacer Mad, explique-t-il en crachant par terre. J'voulais un gamin, moi ! Mais cette petite salope se faisait passer pour un gosse, je me suis fait avoir !

Elle est terrorisée, j'en suis certain. Dans ses yeux flamboie une lueur d'épouvante, alors qu'elle tremble comme une feuille.

Je ne sais pas ce que me gêne, dans ce qu'il compte faire. Je ne me suis jamais interposé dans aucune de ses décisions, ni n'en ai jamais contesté aucune. Mais cette « fille », je n'admets pas qu'il la tue.

Pourquoi ? Je n'en sais strictement rien. Mais je ne peux m'y résoudre.

— Attends, l'arrêté-je alors qu'il remet le fusil en joue.

— Tu m'emmerdes, Rage ! gronde-t-il. Laisse-moi faire mon boulot !

— Mais elle peut servir !

À quoi ? Je n'en ai aucune idée, mais quelque part au fond de moi, une voix me hurle de faire quelque chose.

— Je vois pas à quoi, rétorque mon paternel, qui la vise maintenant.

En dernier recours, je me vois me décaler et me mettre devant le canon. Je ne sais pas ce que je fous, mais je décide de ne pas y réfléchir.

C'est comme dans l'arène : si tu penses à ce que tu fais, tu te fais démolir. Je laisse toujours mes instincts prendre le dessus et mon animal intérieur faire le boulot. C'est comme ça que je m'en sors, toujours.

Ici ? Pas sûr que ce soit adapté. Mais je laisse mes réflexes décider. Ça m'a souvent sauvé la mise.

— Putain ! gronde mon père en baissant son arme. Pousse-toi, bordel ! Une fille, ça sert juste à baiser, merde ! Qu'est-ce que tu veux qu'on en fasse ?

Je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'il dit. Mais peu importe, je n'ai pas envie que « la fille » meure.

Mon père plisse le nez, observe l'intruse quelques secondes puis se met à me fixer avec exaspération.

— Tu la veux, c'est ça ?

La vouloir ? Comme un objet ? Comme un animal de compagnie ? Merde, j'y pige que dalle, sauf que ça a l'air de pouvoir lui sauver la vie. Alors j'acquiesce, bêtement.

— Tu veux te la faire ? Mais...

Je le vois réfléchir et je me garde de lui dire que je ne fais aucun sens sur ses paroles. Et quand un sourire moqueur se forge sur ses lèvres fines, je me méfie encore plus.

— Ouais, se marre-t-il soudain. C'est vrai que vous n'avez jamais trempé votre pinceau, les gars... Quelque part, ça doit vous démanger... Toi aussi, Hound, ça t'intéresse ?

Mon frère secoue la tête, dans un rictus dégoûté, et je me demande, sur le coup, si lui, il sait de quoi notre père parle.

— Ouais, toi, nan, j'aurais dû m'en douter... ricane le vieux. OK, donc Rage, tu la veux pour toi tout seul ? Ça te dit ? Tu pourrais la troncher et nous faire quelques mioches. Ce serait une putain d'idée, ouais ! Un élevage, c'est une putain d'idée d'enfer, ça ! Plus besoin de trouver un remplaçant à Mad, tiens ! Je risque ma peau à chaque fois, en plus !

Des mioches ? Qu'est-ce que... ?

Tout à coup, un sens se fait et des images des chiens de l'élevage en train de se reproduire refont surface dans ma tête.

Ma respiration se coupe, alors que je tente de m'imaginer en train de monter cette « fille ».

Dans mon pantalon, mon sexe se dresse rien qu'à l'idée.

OK, je sais à quoi ça sert. OK, je me soulage presque tous les jours. Mais des femelles, je n'en avais jamais approché. Ni même vu en vingt ans de vie.

Il veut que je fasse ça ? Avec elle ?

Silencieux, je la fixe tandis qu'elle se met à sangloter. J'essaie de ne pas regarder ses larmes couler sur ses joues, parce que ça me met mal à l'aise. Mais fixer son torse, ce n'est définitivement pas une meilleure idée, finalement, parce que ses mamelles m'attirent comme un aimant.

Merde.

Je me rajuste du mieux que je peux. Mais mon geste ne passe pas inaperçu et mon père éclate d'un rire tonitruant qui me vexe aussitôt.

— OK ! clame-t-il soudain en remettant son fusil en bandoulière sur l'épaule. T'as l'air plus que partant, Rage. Alors c'est entendu. Tu vas me la troncher et lui faire quelques lardons, c'est entériné. Mais ce sera à toi de t'en occuper !

Perdu, je mets quelques secondes à hocher la tête. Dans quoi je me suis embarqué, merde ?!

Hound, lui, me percute l'épaule en passant et disparaît dans l'embrasure de la porte, non sans m'avoir jeté un regard noir. Mais je m'en désintéresse pour reposer le mien sur la « fille », qui sanglote dans son coin, la tête baissée.

— Commence donc par lui ramener à manger, glapit mon paternel. Et trouve-lui un seau pour ses besoins. T'as deux mois pour y arriver. Non, allez, trois ! Si ça ne donne rien, je m'en débarrasserai, comme prévu au départ. Vise juste, Rage !

Et il part dans un ricanement, qui le suit jusque dehors.

La porte se referme à nouveau, me laissant planté dans la paille, à deux mètres de la fille. Mal à l'aise, je la fixe, incrédule, incapable de savoir quoi en faire.

Il faut que je réfléchisse dans quel merdier je viens de me foutre. Mais pas là, pas maintenant, alors que les bruits étouffés qu'elle produit mettent mes nerfs à vif.

Dans un élan de lucidité, je pars chercher un récipient en métal, que je pose dans un coin qu'elle peut atteindre avec la longueur de sa chaîne, puis sors en direction de la maison.

Le temps de prendre quelques crudités qu'il restait hier soir, une gourde d'eau que je remplis au réservoir et je reviens dans la grange.

Je tente de faire abstraction de Hound, qui, assis sur la barrière des porcs, me regarde passer avec un air indéfinissable. Cependant, c'est un éclair de haine et de colère qui brûle dans ses prunelles mais que je décide d'ignorer.

Lorsque j'entre, la fille a disparu. Elle s'est réfugiée dans un coin, les bras autour de ses jambes et je décide de l'y laisser. Elle a peur et quelque part, c'est normal, je crois. Je ne sais pas où mon père l'a dénichée, mais elle n'est pas là de son plein gré.

Je pose le plateau de victuailles sur le sol et recule.

Je n'ai pas le temps de vérifier si elle va manger. J'ai mille chose à faire, aujourd'hui. M'occuper d'elle n'en faisait déjà pas partie, au départ. Je viens de me rajouter bêtement du travail. Quel con !

Aussi, excédé par ma connerie, je la laisse à son repas.

Qu'elle mange ou pas, je m'en fiche. Au moins jusqu'à ce que je sois obligé de revenir.

Mais j'aviserai. J'ai la journée pour réfléchir.


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