L'enfant courait à travers les bulles de pluies qui se déchiraient dans le ciel sombre et tourmenté.

Les gouttes qui venaient s'écraser avec violence sur le béton mouillé se reflétaient à la lumière orangée des lampadaires qui le voyait traverser le monde de ses petites jambes encore faibles et menues, éclaboussant le sol de ses bottes trop grandes pour lui en une précipitation enfantine

Et l'enfant continuait sa course effrénée contre le temps qui lui échappait , qui lui glissait de ses mains encore nacrées par la perle de l'enfance, coquille chaleureuse et doucereusement amère de souvenirs trop loin déjà. Il déglutissait avec difficulté,cherchant vainement à avaler de sa bouche rose en douloureuses inspirations saccadées l'air brumeux du crépuscule hivernal.

Le soleil se couchait bientôt, s'enveloppant d'un drap d'encre et le temps se perdait entre les constellations que le ciel cherchait à cacher de part ses nuages et de leurs pleurs mélancoliques. Splendeurs du futur que le tic tac résonnant dans la nuit silencieuse taisait de leur cris incessants, beautés brillantes et orgueilleuses impossibles à cerner . Mais l'enfant, lui , ne les voyait pas,bien trop concentré à rattraper le passé à lui seul.

Arrivé au bord du monde, l'enfant regarda le ciel ;

Il avait grandit.