Partie 5 : Rideau

- Qu'avez-vous ressentie à l'annonce de votre victoire ?

- Rien, je me suis laissée porter... Je ne garde en mémoire que l'image de Kristian et Nina se tenant l'un à côté de l'autre, réunis par la seule chose qu'il n'avait jamais souhaité.

Les mots d'Anna étaient si durs que la journaliste reconnaissait parfois en elle le personnage froid de Kristian.

- Votre mère avait-elle aussi participé à ce concours...

- Et elle l'avait remporté vingt-cinq ans plus tôt. Cette nuit-là, au-delà d'un père, j'ai découvert l'immense carrière que Nina m'avait cachée. C'est comme ça que je compris comment Kristian avait su. Sur les patins que je portais était brodé au fil d'or un cygne. Il les avait imaginés, comme cadeau à la femme qu'il aimait vingt-cinq ans plus tôt.

- Que s'est-il passé ensuite entre eux ?

- Rien.

- Quelle a été la relation avec votre père ?

- Kristian a toujours pensé qu'il n'aurait pas fait un bon père et que ce concours était le mieux qu'il puisse faire... Il a repris sa vie et j'ai continué la mienne. On se croisait parfois sur des évènements sportifs, nous nous parlions comme des amis.

Il n'y avait ni regrets ni amertume dans la voix d'Anna.

- J'ai longtemps pensé qu'en remportant tous ces titres il reviendrait. C'était une illusion. J'ai donc mis un terme à ma carrière quelques années plus tard.

Aux yeux du monde entier, c'était suite à une blessure. Anna se résigna enfin à avouer ce qu'elle avait mis des années à accepter.

- Cette blessure n'a pas été la cause mais la conséquence. Quand vous n'avez plus aucune envie, aucune passion, vous ne prêtez plus aucune attention. Cette chute c'était la conséquence de mon inattention.

- Qu'en a dit votre père ?

- Kristian m'a cité Kipling. « Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie et sans dire un mot te mettre à le rebâtir, alors tu seras un homme mon fils. »... J'ai répondu que je n'étais ni un homme, ni son fils et encore moins sa fille. C'était la dernière fois que nous nous parlions. Il est mort deux mois plus tard...

- En vous léguant l'immense empire Kristian Haugen...

- Inconscient n'est-ce pas ? Et pourtant j'ai réussi, personne n'y croyait mais lui en avait eu la certitude. Je fis graver sur son épitaphe,


« Tu pu être fort sans cesser d'être tendre, te sentant haï, sans haïr à ton tour ;

Etre dur sans jamais être en rage...

Tu fus un homme, Papa. »




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La dernière partie, j'espère que cette nouvelle vous a plu ;) N'hésitez pas à donner votre avis <3

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