Lettre 27 - Hermione
20 décembre, 05h56, 1995,
Fred,
George est venu nous chercher hier soir, tard dans la nuit. "Par chance", malgré le froid de l'hiver et la menace d'Ombrage quasi planante sur nos épaules, tu avais réussi à me persuader de sortir dans les jardins, de sorte qu'il lui a été plus simple de nous trouver, contrairement à nos autres lieux de rencontres habituels, qui sont planqués pour la plupart Merlin seul sait-où et dont j'ignore si même lui en connait l'existence...
On marchait un peu loin des allées, la lune était déjà haute depuis longtemps, on se rapprochait doucement du lac parce que tu adores observer les jeux de reflets entre l'eau et les étoiles. On discutait d'absolument tout et te rien, tu m'avais passé ton écharpe pour ne pas que je m'enrhume, malgré mes protestations, et puis tu m'avait attiré tout contre toi en passant un bras par dessus mes épaules pour qu'on se tienne chaud. C'est amusant combien tu es tactile, et combien je ne le suis pas. J'avais passé un temps fou à tenter de faire croire à mon cœur qu'il n'y avait là rien de plus qu'un simple geste amical et dénué d'ambiguïté (tout du moins pour toi), je doute d'y être parvenue. Si proche, je me demandais comment tu pouvais ne pas entendre ses battements erratiques et bruyants comme ceux d'une machine qui chercherait à passer hors de ma cage thoracique.
C'est étrange... Avec la panique des dernières heures, me voilà bien incapable de me souvenir de ce que l'on disait sur le moment. Des choses futiles sans doute. C'est impressionnant l'esprit humain... Drôle d'engrenages, drôle d'appareil que cet esprit humain ! Enfin...
George est apparu devant nous de façon soudaine. Tu as parut presque énervé de le voir, comme si il troublait quelque chose qu'il n'était pas censé voir, comme si il profanait quelque chose de sacré ? Cela n'a duré qu'une fraction de secondes bien sûr, l'instant d'après, tu courais à sa rencontre l'air inquiet.
Tout comme moi, tu avais bien vu qu'il était essoufflé, débraillé, et surtout blanc comme un linge. Comme si il venait de voir la Mort...
Tes foulées sont longues et rapide, j'ai peiné à te rejoindre. Le tant que j'arrive, je n'ai put capté que les derniers mots : "attaqué Papa."
Je crois que j'ai étouffé un hoquet de surprise, alors que tu restais parfaitement impassible.
Tout s'est enchainé si... vite. Comme dans un flot absurde de couleurs, un brouillon, un brouhaha incompréhensible d'images et de sons qui tourbillonnent en continu, comme si on avait oublié d'éteindre la télé...
Je pourrais juste te dire qu'on a récupéré (je ne sais comment) nos affaires, -départ précipité on a connu mieux comme départ en vacances, mais je ne me sentirais pas de faire de l'humour vu l'heure actuelle des choses- et qu'on s'est retrouvé par la suite au 12 Square Grimaud.
Sirius s'occupe de nous depuis, il n'est pas du genre à le dire - et vu la situation il n'oserait pas - mais je crois qu'il est heureux d'avoir un peu de compagnie.
Même si comme nous tous, il s'inquiète.
Presque mécaniquement, on s'est retrouvé tout les deux dans notre vieux petit salon poussiéreux, celui de nos premières nuits, celui qui m'avait tant manqué.
Tu t'es assis sur le canapé. Je me suis assise à côté de toi. On a rien dit. Tu n'as rien dit. Je ne t'aurais jamais forcé à parlé, encore moins dans un moment pareil.
Dans tes yeux, je lisais toute la détresse, toute la peur, tout l'Amour.
Je pense pouvoir dire que je ressentais les mêmes sentiments. Pas aussi intensément ceci dit... Mais avec le temps, j'ai finit par considérer les Weasley comme ma deuxième famille et Arthur, un peu comme un papa de substitution.
Je t'ai laissé posé ta tête sur mon épaule.
On avait pas de nouvelles, on en a toujours pas. On ne sait même pas si il va s'en sortir. Mais il n'a pas le choix. Il faut qu'il s'en sorte.
Je n'ai rien dit. A quoi bon te balancer des paroles creuses, des espoirs douloureux, des paroles préfabriquées que tu n'aurais même pas écouté de toute façon ?
Tu as fini par t'endormir, il y a quelques minutes à peine. J'en ai profité pour aller boire un peu d'eau, et puis écrire ces quelques lignes, pour tromper l'angoisse qui m'habite.
Mais je vais te rejoindre de nouveau maintenant. Je veux être là à ton réveil, si tu as besoin de moi. Et puis même, j'ai sommeil, et je sais pertinemment -c'est bizarre comme sensation- , vu la situation, qu'il n'y a que dans tes bras que je le trouverais.
Je m'en sens presque égoïste. Mais tout ce que je peux penser est un peu flou et embrumé. Si ce n'est énormément...
Tout mon courage, et même celui que je n'ai pas,
Hermione.
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