Lettre 9 - Hermione
21 septembre - 1995 - 00h03,
Fred,
...
Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.
Je sais que c'est vrai. Je le sens, je le sens au fond de moi que c'est la seule explication plausible.
Mais pourtant je veux pas y croire.
Ginny continue à dire que c'est normal, et que ça l'étonne pas plus que ça que je continue de m'enfermer dans le déni.
Moi si.
...
Ce n'est pas vraiment du déni d'ailleurs. Enfin je crois...
Je crois que c'est simplement de la peur, une peur panique.
Une peur panique de l'Amour.
Parce qu'on peut passer sa vie à fuir, et les humains et les relations humaines, à se cacher dans les livres pour oublier qu'on existe, quand ça nous tombe dessus, ça nous tombe dessus, et on a pas le choix.
On a pas le choix parce que l'Amour c'est pas quelque chose qu'on peut ignorer. On ne peut juste pas dire "je ferais ça demain" comme une vulgaire activité ou un devoir. L'Amour c'est pas hésiter entre prendre le pudding ou la tarte à la citrouille en dessert. L'Amour c'est pas refuser de voir ses amis parce qu'on est fatigué. L'Amour c'est pas un choix.
L'Amour c'est pas juste une condition, une petite variable de l'algorithme.
L'Amour c'est même pas l'algorithme en réalité... Parce que l'Amour c'est trop de choses. C'est TOUT et RIEN.
L'Amour c'est la vie. Et la vie ce n'est pas seulement une option. La vie c'est ce qu'on nous impose parce qu'on a jamais demandé à venir au monde, c'est ce qu'on nous retire parce qu'on a jamais demandé à partir. Et tout ce qu'il y a entre les deux aussi. Parce qu'on a pas le choix, une fois qu'on est présent dans ce foutu faux monde merveilleux, on doit vivre. ON DOIT VIVRE. Et pas seulement survivre non, on doit vivre.
Vivre parce qu'on a pas d'autres options. Vivre parce que tout peut s'arrêter dans la seconde suivante.
Et moi c'est ça qui me fait peur : vivre. Vivre et puis regretter ensuite d'avoir vécu. Ou de ne pas avoir vécu d'ailleurs.
J'ai peur. J'ai toujours peur de me tromper, d'échouer, de ne pas réussir. J'ai peur de ne pas à être à la hauteur.
Voilà pourquoi j'ai peur de vivre.
Mais en ce qui concerne l'Amour, c'est un peu différent -énormément même-.
Parce qu'au fond c'est quoi l'Amour ?
L'Amour, c'est que quelqu'un devienne subitement essentiel à ton existence. Que cette personne soit une condition nécessaire à ta survie, comme si tu avais besoin de lui pour respirer désormais...
L'Amour, c'est savoir qu'on nait seul, et qu'on creuse sa tombe seul, mais préférer être seul à deux.
L'Amour c'est sentir un vide au sein de nous, que cette personne est seule à combler. En fait oui, c'est exactement ça : L'Amour ça fait de nous des puzzles. Et... Les puzzles finissent toujours pas être détruit.
- Je ne veux pas. Je ne veux pas devoir mettre du ruban adhésif pour combler les vides que tu laisseras en partant. Parce que tu partiras un jour, comme tout le monde, comme tout les autres avant nous. Les amours de jeunesse ne dure qu'un temps. -
Mais, pour être honnête, je n'ai pas seulement peur que tu me laisse en milliers de petits morceaux quand tu partiras. J'ai peur, j'ai peur aussi de te faire du mal. Surtout de te faire du mal en fait. Parce qu'au jeu de l'Amour il n'y a que des perdants.
Personne ne gagne à dépendre d'une autre personne pour vivre.
Et moi je ne veux pas de ça. Je ne veux pas. Je t'en supplie.
Je ne veux pas perdre ce qui m'appartient de droit. Je ne veux pas perdre mon cœur dans une bataille que je sais perdue d'avance.
Moi... je... je voulais pas. Je... Je n'ai fait que regarder tes yeux. Je me suis simplement perdue dans tes yeux.
Et le temps que je me rende compte de mon égarement tu m'avais déjà assiégé. Tu m'avais déjà assiégé et tu avais déjà bâti les fondations de ton empire au sein de ma cage thoracique.
Je sais que tu n'as pas vraiment exprès, mais Fred, je veux que tu me rendes mon cœur, maintenant,
Avant qu'il ne soit trop tard...
Je t'en supplie.
Ta 'Mione.
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