Fred - 11
Fred observait tout ce capharnaüm qui l'entourait en vérifiant instinctivement que la petite boîte de velours bordeaux était toujours dans la poche intérieure de sa veste. Nombreux sont ceux qui aurait pris peur, ou ce serait dégoûté en voyant le bran-le-bas de combat et le bruit de tout les diables, et l'organisation déplorable, mais pas lui. Lui, c'était son monde, son petit cocon familial depuis l'enfance. Il ne connaissait que cela pour ainsi dire, et de toute façon, cela lui convenait très bien.
Il aimait le bruit, il aimait le bazar, et les cris, et les rires, et tout ce qui laissait entendre que la famille Weasley était là une famille nombreuse et heureuse de l'être.
Un jour, peut-être que si ils en avaient le courage, son jumeau et lui avouerait à leur mère que toutes leurs farces et attrapes, que leur rêve insatiable et impossible de monter un boutique pour vendre du rire et puis attiser les sourires des enfants, c'était que poursuivre leur enfance. C'était vouloir recréer la petite bulle de bonheur qu'on avait sut leur donner dès leur naissance.
Oui, leur boutique serait pour donner au gens le bonheur exquis auxquels ils avaient put goûter, pour montrer au monde quelle chance c'était que de faire partie du clan Weasley.
Et tout ça, il le dirait un jour à sa mère, pour sûr.
Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui c'était le 27 décembre. Ce soir ils fêteraient Noël et tout le monde s'activaient pour tout installer et tout décorer dans un joyeux tintamarre.
A regarder Hermione évoluer au sein de cet espace avec tant d'aisance, il se dit que c'était peut-être une des chose qui lui plaisait tant chez elle... Peut-être que oui... C'était pour ça...
Si il savait sa vie allouée à maintenir l'abri familial que son cœur recherchait tant, puis à le reconstruire du mieux qu'il pouvait, quoi de plus normal que de tomber en amour pour un brin de femme qui lui rappelait tant ?
Car c'était vrai, et contre toute attente, Hermione la douce, la studieuse, la calme, posée, mature, réfléchie, et un peu timide sur les bords, était dans cet univers comme si il y était née. C'était à la fois étrange, et plaisant. Comme lorsqu'on change la décoration et puis les meubles de place, alors que ça n'avait pas été fait depuis longtemps, mais que, finalement, ce n'est pas plus mal.
Et puis Hermione, quelques fois, lui évoquait sans raison apparente, ce bazar qu'il aimait tant. Peut-être tout simplement qu'il se sentait aussi à l'aise avec elle que dans la maison de son enfance.
Oui, c'était peut-être là la seule ombre grise-noire au tableau. Ils n'étaient pas chez eux pour fêter Noël. Mais ils étaient ensemble et en famille, et leur père était vivant, et c'était là tout l'essentiel.
Oh que oui, il était en famille, sourit-il en voyant Ginny taper Ron, après que ce dernier ait fait ou dit on ne savait quelle idiotie. Et il ne doutait sûrement pas que tous ces frères, et sa sœur, chercheraient dans leur futur une personne qui leur rappellerait et leur enfance, et ce jour-ci, et qu'ils tenteront alors de récréer cette atmosphère qui finira par tant leur manquer un jour.
Lui, il avait de la chance, il avait rencontré Hermione. Et par la suite, il l'avait trouvée. Car il le savait désormais. Il n'en était pas amoureux. Tout du moins, il ne l'était pas avant leurs rendez-vous nocturne, contrairement à ce qu'il croyait.
Et aussi sûr que la Lune est la plus jolie lumière pour éclairer le chemin à deux cœurs vagabonds sans bagages, il était tombé profondément amoureux de la Hermione nocturne.
Cette Hermione tantôt timide et tantôt assurée et osée. Cette Hermione qui était pas juste celle que tout le monde connaissait et jugeait à tort. Cette Hermione dont il était le seule à avoir découvert l'identité. Cette Hermione qu'il pourrait presque se targuer de connaître désormais. Cette Hermione joyeuse et souriante, taquine, amusante, de bon conseil. Cette Hermione à la fois bagarreuse et câline, mesurée et impulsive. Cette Hermione courageuse et féline, prête à tout pour ces idéaux, pour ses amis, pour ses valeurs, pour sa famille, pour le monde entier si on lui demandait. Cette Hermione sauvage et puis douce, qui ne manquait jamais ô grand jamais de répartie, cette Hermione rêveuse et idéaliste, bien loin de son image terre à terre que tous prenait pour réelle, cette Hermione qui le connaissait mieux que personne, cette Hermione qui...
"- A quoi tu penses ?" la voix qui hantait ses pensées résonna tout près de son oreille. Il se retourna avec un sourire, amusé qu'elle prenne autant de risque en public, alors qu'elle était au combien distante quand le monde les entourait -et qui pourrait croire ce qu'ils étaient devenu quand ce foutu monde n'existait plus ?-
"- Cela a vraiment une importance ?
- Je ne sais pas... Pour moi oui... Je crois...
- Tu es mignonnes quand tu rougis.
- Va te faire voir Weasley." il se retint de lui répondre, elle restait trop innocente encore, particulièrement sur certains sujets. Il se contenta simplement d'un sourire narquois et puis de l'observer regarder aux alentours, craintives qu'on puisse les entendre.
"- Tu crois qu'on peut monter dans notre salon ?
- Fred ! Non ! On n'a même pas encore mangé, ni fini de décorer le salon, ni échangé les cadeaux, ni trinquer à la fêté et l'amour et la future nouvelle année et...
- Future nouvelle année est un pléonasme ma Chouquette A La Citrouille." se moqua t-il d'un air un peu fier. " Si ça te rassure, Maman est loin d'avoir terminé le repas, il reste si peu de choses pour la déco' qu'il n'ont clairement plus besoin de nous, et ils s'ont tellement occupés à foutre le bazar que personne ne remarquera notre absence hormis George. On peut au moins s'éclipser pour une petite heure." alors qu'Hermione restait de marbre, il tenta les petites yeux de Niffleur battu et les dernières réticences -ainsi que ce qui lui restait de raison- de la jeune sorcière vacillèrent.
"- D'accord. Tu as gagné. A l'unique condition que tu ne m'appelles plus jamais comme ça.
- Vendu." acquiesça t-il, un large sourire au bords des lèvres, que seul celui de la brune pouvait concurrencer.
Étonnamment discret pour un jumeau Weasley, il lui attrapa la main pour l'entrainer dans leur petit repère secret, profitant de ce laps de temps pour se saisir à pleine dents de tout ce pêle-mêle de sensations que lui offrait ce contact, et puis des frisons de l'élue de son cœur qui lui assuraient qu'il n'était pas le seule à ne pas rester impassible.
Il ferma la porte un peu grinçante et se lassa tomber sur le canapé, de façon un peu sauvage. Contrairement à son habitude, Hermione resta debout et tritura ses mains, ne venant pas prendre place à ses côtés.
"- Un problème 'Mione ? Si tu es vraiment mal à l'aise qu'on soit monter, tu sais qu'on peut parfaitement redescendre, se ne serait pas un drame et je ne t'en voudrait pas.
- OUI ! Enfin non... Ce n'est pas ça...
- C'est quoi alors ?
- Eh bien...
- Eh bien ?" elle rougit.
"- Je sais pas comment te dire...
- Tu peux toujours le mimer ?
- Aha. Très drôle Fred !
- Bah quoi ? J'essaie de te détendre moi !" elle lui lança un regard noir, l'air de dire que ça ne fonctionna pas tant que ça.
"- Je sais que c'est pas le moment et que je devrais encore attendre au moins un peu mais je peux plus. Je suis comme une gamine trop excitée et trop impatiente... Et pis de toute façon je doute que ça te plairait que je t'offre ton cadeau devant tout le monde en bas... Tu serais gêné et moi aussi...
- Pourquoi c'est un jeu coquin ?
- Un jeu coquin ?" oui Hermione était encore et toujours plus innocente qu'on ne pourrait le croire.
"- Laisse tomber 'Mione, c'était une blague." elle hocha la tête, frustrée de ne pas comprendre, mais trop mal à l'aise pour le forcer à lui donner des explications.
"- Enfin voilà... J'aimerais t'offrir ton cadeau maintenant... Tu veux bien ?
- Oh. Oui, pourquoi pas ?" accepta Fred, un peu amusé de l'air enfantin de la jeune fille.
Toujours un peu gênée sans qu'il ne capte la raison, elle s'approcha d'un coin de la pièce, ou Fred ne pouvait voir ce qu'il s'y trouvait, la place étant cachée à sa vue par un meuble.
Hermione revint vers lui dans la seconde d'après, les joues rouges et un peu chancelante. L'épaisse mallette qu'elle tenait de ses deux mains semblait peser lourd et elle semblait peiner à la porter.
"- Fait gaffe c'est...
- Lourd ?
- Ouep. Et un peu fragile aussi. "
Fred prit délicatement la boîte de cuir grisâtre sur ses jambes pour en défaire délicatement les nœuds d'Organza qui l'emballaient. Une fois ceci fait, il entreprit d'observer l'ouverture sans en comprendre le mécanisme.
Amusée dans son embarras, Hermione prit place à côté de lui, et lui montra qu'il fallait pousser une sorte de loquet pour débloquer le dispositif et accéder au contenu de la mallette.
"- C'est un objet moldu c'est ça ?" Hermione hocha la tête.
"- Fascinant.
- On dirait ton père quand tu dis ça sur ce ton.
- Hey ! Je m'intéresse aux objets moldus dans un but professionnel. C'est très inspirant tu sais ? Et puis pour te comprendre un peu plus aussi... Mais surtout dans un but purement professionnel !
- Je sais bêta ! Ouvre maintenant." il accéda à la requête de son amie et souleva le couvercle.
Un murmure de surprise s'échappa de sa bouche. C'était une étrange et curieuse machine que contenait la mallette posée sur ses genoux. D'un noir mat, à l'aspect ancien, elle était composé de tout un tas de leviers et de boutons sous la forme d'un clavier composée en majorité d'une cinquantaine de touches qui représentaient les caractères alphabétique.
"- Qu'est ce que... Qu'est ce que c'est ? A quoi ça sert ?
- Une machine à écrire ! Une Remington pour être précise. Bien sûr, c'est un outil un peu dépassé chez les moldus, mais quelques uns -dont moi- en utilise encore et c'est franchement super utile. Ca marche comme un clavier d'ordinateur.
- Ordina - quoi ?
- Ah oui oups ! Un autre objet moldu fantastique que je te montrerait un jour. Enfin... Tu rentres une feuille là et puis ensuite tu tapes sur les caractères à la place de les écrire. Un ruban encreur permet aux lettres de s'imprimer sur le papier de façon totalement égale et identique.
- Pourquoi tout simplement ne pas écrire à la main ?
- C'est étrange pour toi je suppose mais... Ca va plus vite, et puis le rendu est joli et uniforme. Ca fait très "pro". Attends je ferais mieux de te montrer."
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle posa l'objet en équilibre précaire sur ses genoux et entreprit de sortir quelques unes des feuilles de papiers qu'elle avait eut l'idée de ranger également dans la boîte, (ainsi que le nécessaire pour le fonctionnement et l'utilisation d'une machine à l'écriture et quelques boîtes de ses bonbons préférés achetés à la célèbre confiserie de Pré-Au-Lard). Ce faisant, elle entreprit d'écrire quelques phrases bateaux pour lui montrer comment marchait la machine, sous le regard attentif et émerveillé de Fred.
"- Normalement, malgré que ce soit un objet moldu, comme il est plus mécanique que technologique elle fonctionnera à Poudlard en dépit des ondes magiques qui aurait put la dérégler. Bien sûr, je n'ai pas voulu prendre de risque alors j'ai quand même lancer quelques sorts de protections mais je doute que c'était vraiment utile... Enfin voilà... Tu sais tout... Si tu as besoin d'aide, tu viendras me demander.
- Sans problème. C'est absolument génial Hermione ! Je crois que je n'ai jamais eu d'aussi beau cadeau de toute ma vie." ses yeux de gamins devinrent ensuite un peu plus sérieux sans pour autant perdre leur éclat. " Mais pourquoi cette idée ? D'où vient-elle ?
"- Oh et bien... Moi je sais que j'adore écrire, et que quand j'étais petite, j'adorais le faire avec la vieille machine de ma grand-mère, celle qu'elle m'avait donnée. Je l'utilise encore tu sais ? Elle est rangée dans sa boîte sous mon lit à Poudlard... Et comme tu m'as dit que tu adorais écrire... Et puis je voulais t'en offrir une. J'ai passé un temps monstre à chercher un sort de duplication qui pouvait convenir, mais bon j'ai finalement réussi.
- Alors tu m'as offert ça parce que tu sais que j'aime écrire ?
- Oui.
- Je comprends maintenant pourquoi tu préférais qu'on soit seuls pour me l'offrir... Tu t'en es souvenu ?
- Oui. Pourquoi ? J'ai mal fait ? Tu n'aimes pas ? Au par Merlin j'aurais mieux fat de demander son avis à George." le rouquin attrapa ses mains avant qu'elle ne commence à ronger ses ongles sous sa stupide panique infondée.
"- Non ! Non ! Surtout pas ! Tu sais Hermione... Tu me connais mieux que mon jumeau désormais... Enfin je veux dire... Je t'ai confié des choses que je n'ai jamais osé lui dire alors... Enfin... Ton cadeau n'aurait pas sut être mieux, vraiment. Et je te remercie mille fois... " elle rougit. " Oh. Pendant quand y est, moi aussi je voudrais t'offrir ton cadeaux quand on ne sera que tout les deux. Mais plus tard... Cette nuit oui. Je pense.
- D'accord. Je suis curieuse de voir ça.
- Dit surtout que ça te donne une raison de passer la nuit avec moi.
- Comme si j'en avait besoin d'une raison... " l'un et l'autre éclatèrent de rire mais Fred reprit son souffle en premier.
"- On danse ?
- Il n'y a pas de musique.
- Je sais. Mais tu t'arrêtes à des détails.
- Je ne danses jamais.
- Je sais aussi. Mais c'est pas parce que tu n'aimes pas ça, juste parce que tu ne veux pas danser en public. Regarde là, nous ne sommes que tout les deux.
- Je ne sais pas danser.
- Moi non plus. On s'en fout, c'est juste pour s'amuser.
- Je déteste Weasley." grinça-t-elle en se défaisant de son gilet, signe qu'elle abdiquait;
"- Moi aussi Granger, moi aussi."
Sans qu'ils ne sachent trop comment, il se retrouvèrent à danser l'un contre l'autre, sur un slow d'une autre époque, et la radio qui grésillait, en rythme avec les bruissement de la robe d'Hermione, cette jolie robe noire et légèrement pailletée pour laquelle Ginny avait fait un sérieux forcing afin qu'elle la porte ce soir.
"- AIE ! Pourquoi tu viens de me frapper.
- Parce que je viens de comprendre ta blague idiot.
- Celle sur le jeu coquin ?
- Oui..."
Fred ricana un peu du malaise de la jeune fille et il n'y eu pas plus de mots échanger par la suite.
Etrangement, l'ambiance redevint plus calme encore, plus douce, plus lunaire, plus propice aux secrets et aux révélations à demi mot.
Hermione avait collé son menton sur l'épaule de Fred, mais quand il s'éloignait pour la faire tournoyer, il pouvait voir sans problème combien elle était belle.
Belle avec ses joues teintées de milles rouges, de la gêne à la joie, et que sa peau avait la chair de poule, et de quelle façon la lumière du soleil se reflétait sur le gloss à ses lèvres, et qu'elle avait fermé ses yeux se contentant de profiter de l'instant, et puis de qu'elle façon ses boucles travaillées s'agitaient ainsi que leurs mouvements.
Oui, elle était belle. Et le moment était beau.
"- Fred pourquoi on s'est arrêté ?"
Il leva une main pour passer une des boucles rebelles derrière l'oreille de la jeune fille, son pouce se retrouvant à s'attarder sur la joue de cette dernière le temps d'une seconde.
"- Tu es belle."
Ses lèvres entreprirent leur longue et courte descente inexorable vers les joues rosies, vers les jolies lèvres brillantes et entr'ouvertes.
Oui, elle était belle. Et c'était le moment.
C'était enfin le bon moment tant attendu.
Enfin.
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