-Non, non, tu comprends pas... Ça va pas passer, ça ne dure pas qu'un temps ! Ou alors, le temps d'une vie. Et une vie, c'est sacrément lent quand on souffre. Ça, c'est du sérieux. Regarde ma peau. Tu les vois, les entailles ? Fais pas l'aveugle, tu les vois très bien ! Je me suis pas battu, ou du moins pas avec les mains. Je suis pas une sorte de soldat du cœur, ça, ce sont les conneries enrobées de littérature qu'on nous sert dans les livres. Dans la vraie vie, la vérité, c'est qu'on est tous peureux et lâche. Et on se fait tous avoir comme des pauvres proies. Ce que tu vois, ça, ce sont les morsures de l'amour. Mon amour m'a mordu là où le sang pulse. Ça commence dans une caresse, pour t'apprivoiser, te mettre en confiance, et au moment où tu fermes les yeux, où tu prends les choses pour acquises, les crocs se plantent dans ta chair. Parce que je vais te dire un truc : les choses ne sont jamais acquises. Et voilà, maintenant, mes veines sont gorgées de son venin. Je suis complètement contaminé, mon gars. Je suis condamné, foutu, gangrené. Je suis rien qu'un pauvre fou à lier, malade, alité. Et la seule personne qui peut me soigner, c'est celle qui m'empoisonne. Comment tu crois que je vais m'en sortir ? Je vais pas m'en sortir ! Sois pas triste pour moi, non, ça sert à rien de chialer. Faut être réaliste. Le mal est fait. Mon unique poison est mon unique remède.