6- Evelyn
"Maybe it's 'cause I got a little bit older, maybe it's all that I've been through
I'd like to think it's how you lean on my shoulder and how I see myself with you
I don't say a word but still you take my breath and steal the things I know
There you go, saving me from out of the cold"
Sam Smith- Fire on Fire
Le lendemain matin, je me réveille après une nuit de sommeil agité, les événements de la veille ont réveillé des souvenirs enfouis très profond et mes cauchemars n'ont pas manqué de me rappeler pourquoi j'évite de penser à cette journée. Pour me distraire, je regarde la bibliothèque de ma chambre, j'essaie de déchiffrer les tranches des livres, de repérer certaines lettres, de raviver mes connaissances. Je reconnais les lettres de mon prénom, mais pas plus.
Quand j'en ai assez, je m'allonge pour rattraper un peu de sommeil mais juste quand je me sens partir on toque à ma porte.
Je pense immédiatement à James, il m'a dit qu'il viendrait, mais je ne veux pas répéter mon erreur de la veille alors je demande :
– Qui est-ce ?
– C'est James
– Rentre
Il rentre, un plateau dans les mains.
– C'est l'heure du déjeuner ? Je n'avais pas réalisé.
– Il n'y a pas d'horloge dans ta chambre, il faudrait qu'on en mette une.
– Je ne sais pas lire l'heure donc je ne sais pas bien à quoi ça pourrait me servir.
– Je t'apprendrai si tu veux.
– Pourquoi pas ! Mais d'abord je veux apprendre à lire.
– Bien sur, on commence dès que tu as fini de manger.
Il dit ça en pointant mon plateau comme pour souligner qu'il ne me laisserait pas faire une grève de la faim, ce que je n'avais pas l'intention de faire, j'ai passé 7 ans sans manger à ma faim, maintenant que j'ai l'occasion de manger je ne vais pas m'en priver.
– Je n'avais pas l'intention de faire une grève de la faim.
– Ce n'est pas ce que tu as dit hier.
– J'étais chamboulée hier, complètement déboussolée et j'avais peur.
– Tu n'as plus peur ?
– Si mais maintenant elle ne me contrôle plus.
Sans plus de mots j'attrape mon assiette et je savoure la nourriture. J'avais oublié le goût de la nourriture qui n'a ni terre ni cendre dedans. Après avoir mangé, James me montre un alphabet et me demande de désigner les lettres que je reconnais. Quand nous avons fini cet exercice, il enchaîne avec un autre, puis un autre et ainsi de suite. On rit aussi de temps à autre, il arrive à rendre ce qu'il explique intéressant et amusant donc je ne m'ennuie pas. Parfois il va trop vite mais je n'ose pas l'interrompre, ce n'est pas sa faute si je suis trop bête pour comprendre. A la fin de la séance je peux reconnaître toutes les lettres et à quels sons elles correspondent, ces exercices ont fait remonter des souvenirs de classe. Il se lève et ouvre la porte mais s'arrête.
– Tu sais Evelyn, je ne suis pas prof, donc si parfois je vais trop vite ou si tu ne comprends pas n'hésite surtout pas à me le dire, ok ?
– Il y a une ou deux choses que je n'ai pas comprises mais c'est sûrement de ma faute, tu es un bon prof.
– On reverra ces choses en premier demain et ce n'est pas de ta faute Evelyn, tu fais de ton mieux et tu progresses déjà très vite, tu n'as rien lu depuis 7 ans, c'est normal que tu aies oublié.
Je hoche la tête, je ne pense pas qu'il y croie vraiment, il dit ça pour me remonter le moral, mais à 17 ans ce n'est pas normal de ne pas savoir lire.
Il revient le lendemain et on reprend ce que je n'avais pas compris, on révise le cours de la veille puis on avance. Il vient tous les jours pendant deux semaines et on fait de grands progrès, j'arrive à lire des paragraphes et à écrire des phrases simples. Ce n'est pas beaucoup mais c'est déjà beaucoup mieux. James m'a dit de m'entraîner à lire et de toute façon je n'ai rien d'autre à faire donc je lis, lentement mais sûrement un livre de ma bibliothèque qui parle de plantes, lesquelles sont des poisons, des antidotes, c'est très intéressant et comme ça si je suis à nouveau livrée à moi-même dans un forêt je pourrai manger autre chose que de la viande.
Quand James vient, on ne fait pas que travailler, parfois il lui arrive de poser son carnet et on passe juste quinze minutes à parler de nous, de ce qu'on aime. Il me raconte ce qu'il faisait avant la guilde, comment était la vie avec 7 frères et sœurs. De mon côté je lui raconte des anecdotes sur ma vie dans la forêt, on ne parle pas de ma vie d'avant je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé entre ses 17 et ses 19 ans pour qu'il rejoigne la guilde, c'est comme si on avait un accord secret de ne parler que de choses relativement joyeuses. Avec le temps, on se rapproche aussi physiquement. Avant on travaillait sur un bureau placé dans un coin de la chambre mais maintenant on s'installe sur le lit, plus confortablement, et parfois la séance dérape un peu.
– James ?
– Evelyn ?
– T'as déjà été amoureux ?
– Oui.
Entre l'air qu'il à pris à ma question et la longueur de sa réponse je comprend qu'il ne faut pas pousser le sujet.
– Et toi ? t'as déjà été amoureuse ?
Il dit ça pour changer de sujet et je décide de jouer le jeu.
– Oui.
Il relève la tête et prend un air surpris
– De qui ?
– D'un chêne, quand j'avais 15 ans, c'était le grand amour.
Il a maintenant un faux air sérieux sur le visage, et essaie de retenir un sourire.
– Tu te moques de moi ?
– Non non j'ai vraiment eu une relation avec un ARBRE.
Je lui lance un oreiller dans la figure pour souligner mon point. Malheureusement il l'attrape au vol.
Il n'arrive plus à se retenir et un grand sourire s'installe sur ses lèvres, mais ce qui m'inquiète un peu c'est que son sourire est très malicieux.
– Tu veux jouer à ça ?
Je réalise l'erreur que j'ai faite, ne choisissez pas le terrain physique pour vous battre avec quelqu'un plus grand et plus fort que vous, ça finira mal.
– Euh... Non ?
Je commence à m'éloigner mais avant que je sois hors de sa portée il m'attrape par les chevilles et commence à me chatouiller, je me débats en riant mais j'ai beau pousser de toutes mes forces il ne bouge pas d'un centimètre.
– Arrête, s'il te plaît
– Laisse-moi réfléchir... Non
– S'il te plaît
A ce point la, je pleure de rire, je n'arrive même plus à me débattre.
– Ok, dit James est le plus beau et j'arrête.
– Mais il ne faut pas mentir !
Il reprend les chatouilles de plus belle, toujours un grand sourire sur le visage
– D'accord d'accord ! James est le plus beau
Il me fait un clin d'œil avec un sourire en coin et arrête de me chatouiller. A ce moment je réalise à quel point il est séduisant, dans la salle du trône j'avais déjà remarqué qu'il était beau, mais de près et avec un sourire, il pourrait faire tomber n'importe quelle fille.
On se rassoit de chaque côté du lit et il n'y a pas un bruit, enfin il y a le bruit de ma respiration saccadée mais on va l'ignorer, je regarde du côté de James et je le trouve en train de me regarder, un voile devant ses yeux, quand il se rend compte que je l'ai vu il me fait un petit sourire.
– Evelyn ?
– Oui ?
– Est-ce qu'on est amis ?
Sa question me surprend. On se connaît depuis une semaine et on passe deux à trois heures par jour ensemble tous les jours, je m'entend bien avec lui, dans un contexte normal, je dirai que oui, on est amis. Cependant, je ne peux pas me faire d'amis, je ne suis pas ici pour longtemps, je vais m'enfuir, mais à quoi bon être libre si c'est pour rester seule ? James pourrait partir avec moi... Une partie de moi sait que ce n'est pas possible, que ça n'arrivera jamais, mais un autre partie voit James, et la lumière qui s'est allumée dans ses yeux et qui brille de plus en plus fort depuis notre rencontre cette partie voit la lumière jumelle qui s'est allumée dans mon coeur, et c'est cette partie qui parle quand je réponds
– Oui, on est amis
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