2-Evelyn
" If we never learn, we been here before
Why are we always stuck and running from the bullets, the bullets ?
We don't talk enough, we should open up
Before it's all too much"
Harry Styles- Sign of the Times
Je me réveille avec un énorme mal de crâne, il a dû me frapper très fort. Je suis dans une pièce fermée, sans fenêtre, mes mains sont liées derrière mon dos, je teste les liens et sens qu'ils sont très serrés. Après quelques minutes, je me rends compte que les chahuts que je sens dans le sol ne sont pas créés par mon cerveau mais que je suis dans un véhicule, probablement une charrette.
Je dois m'échapper, ces gens viennent de m'enlever pour m'emmener dans une société secrète de criminels, à partir du moment où j'arriverai, ça va devenir très compliqué de m'enfuir, je n'ai donc pas beaucoup de temps.
Le type qui m'a assommée m'aime bien, je crois, il n'avait pas l'air de vouloir m'enlever. Si je lui fais croire que je suis devenue raisonnable et que j'ai compris qu' accepter sa proposition de rejoindre son groupe de malades, ça pourrait marcher. Mais d'abord il faut que j'attire son attention.
Je crie du plus fort que je peux une fois, je veux juste l'alerter, pas qu'il ait envie de me tuer. Il a dû m'entendre puisque je sens le véhicule s'arrêter. J'attends pendant plusieurs secondes en silence puis j'observe la porte du coffre s'ouvrir.
- Pourquoi t'as crié ?
- J'avais besoin que tu m'entendes pour que tu viennes
- Bon, maintenant que je suis là, pourquoi voulais-tu que je vienne ?
- J'y ai réfléchi, et je veux accepter votre proposition.
- C'est un peu tard pour ça, tu ne crois pas ?
- Forcément, vous ne m'avez pas donné votre vraie proposition, vous m'avez laissé croire que j'avais le choix entre vous suivre ou continuer ma vie comme avant, alors qu'en réalité j'avais le choix entre venir avec vous de mon propre chef ou être enlevée. C'est malhonnête.
- Comment je sais que tu ne dis pas ça juste pour que je détache et que tu t'échappes dès que j'ai le dos tourné ?
Oups, il est perspicace dites-donc, il va falloir que je donne mon meilleur mensonge.
- Pourquoi je voudrais m'enfuir ? Et puis de toute façon, même si j'arrive à m'enfuir tu me retrouveras en dix secondes vu que t'es un assassin super entraîné et que je suis juste une adolescente qui ne sait même pas où elle est.
En disant ces mots, je réalise à quel point ils sont vrais. Il va falloir que je sois très, très maligne si je veux arriver à lui échapper. Mais d'abord il faut qu'il me détache, je décide de jouer sur sa culpabilité.
- En plus le sol est super dur, je suis sûre que dehors les sièges sont plus confortables, les cordes sont très serrées d'ailleurs, si vous ne me détachez pas, vous pourriez au moins les desserrer un peu ?
Je lui fait ma meilleure tête de victime résignée à son sort et quand je le vois soupirer je sais que j'ai réussi.
- Bon je te détache et tu viens dehors avec moi, mais je te promets que si tu essaies de t'échapper, je vais te traquer, te rattraper, et je t'assure que tu ne verras plus la couleur du jour jusqu'à ce qu'on arrive à la planque.
Je hoche la tête tout en faisant de mon mieux pour ne pas pâlir devant sa menace, après tout, je n'ai pas de projet de m'échapper, sa menace ne devrait pas m'affecter.
- Il est où l'autre ?
- Il est parti en avance pour préparer notre arrivée.
- Je peux te tutoyer ?
- Si tu veux.
- Ça marche, du coup à part quand c'est pour menacer les gens tes phrases ne font jamais plus de trois mots ?
- Parle moins ou je te renvoie derrière.
- Tu fais des progrès, on a atteint les sept mots !
- Je vais te bâillonner
Je change de sujet, sentant qu'il commence à s'énerver.
- C'est quoi ton prénom ?
- Pourquoi veux- tu savoir mon prénom ?
- Pour pouvoir te jeter une malédiction
- T'es tout le temps stupide ou tu fais exprès juste pour m'énerver ?
- Je fais exprès, je veux savoir ton nom parce que tu connais le mien, et que ce n'est pas juste que tu connaisse mon nom et que je ne connaisse pas le tien.
- Mon nom c'est Paul, maintenant tais-toi j'aimerai profiter du silence.
Je lui lance un regard noir mais reste silencieuse, qui sait, il pourrait vraiment me baillonner. Je fais semblant de m'endormir et après une dizaine de minutes je sens son regard sur moi.
- Tu n'as vraiment pas de chance toi.
Je fais semblant de me réveiller, comme si le bruit m'avait dérangé.
- T'as dit quelque chose ?
- Non. Tais-toi
Ouah, comment être impoli en une étape.
- Comment t'es arrivé à la Guilde ?
- Je ne veux pas en parler.
- Ça marche M. Rabat joie
Il rit un peu. Je le regarde avec les yeux grand ouverts de surprise, ce qui le fait éclater d'un vrai rire cette fois.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle
- Ta tête Evelyn, ta tête.
On parle le reste de la journée dans un silence confortable, parfois on parle un peu, je dors quelques heures. Je suis réveillée de ma sieste par la charrette qui s'arrête.
- Pourquoi on s'arrête ? Dis-je, les yeux encore fermés.
- On s'arrête parce qu'on arrivera pas avant demain soir à la Guilde et on ne peut pas tous dormir pendant le trajet. J'ai besoin de sommeil.
- Okay.
- Et si j'ai besoin de sommeil ça veut dire que je peux pas être en train de m'inquiéter de ta présence toutes les cinq minutes, donc tu remontes à l'arrière.
- Sérieux ?! Je pensais qu'on était plus proche que ça Paulinou
- 1) Tu prends ton surnom, et tu l'oublies, 2) Je te fais pas confiance Evelyn, à ta place j'essaierai de m'enfuir à la première chance que j'aurai, donc tu montes dans le coffre, maintenant.
- D'accord, d'accord
Je monte sans résistance. Ce qu'il vient de me dire me rappelle mon plan d'origine, je suis censée m'enfuir, pas sympathiser avec l'ennemi. Il est peut-être sympa mais il m'a enlevé, et d'après sa menace il n'en a clairement rien à faire de moi. Je commence à réfléchir à un plan.
Quand plusieurs heures après, la porte s'ouvre sur un Paul qui a l'air plus en forme, mon plan est fin prêt. Je descend en acceptant la main qu'il me propose, histoire de lui montrer que je lui fait confiance.
- Paulinou ?
Il m'ignore.
- Paul ?
- Oui Evelyn ?
- T'es pas drôle, il faut que j'aille me soulager, c'est urgent. Je te promets que je rentre juste après.
C'est un demi-mensonge, il est vrai qu'il faut que je me soulage, sauf que je n'ai aucune intention de rentrer après, le plan est de courir jusqu'à rencontrer un village, ou une rivière, ou un voyageur, n'importe quoi tant que c'est loin de Paul.
- Okay, t'as dix minutes pas une de plus.
- Ça marche, t'es le meilleur.
- Je sais, grouille-toi, j'ai pas que ça à faire.
Il va falloir que je fasse vite. Après m'être enfoncée un peu dans la forêt, je n'ai plus du tout envie de me soulager tellement je suis stressée, alors je me mets directement à courir. Dix minutes plus tard, j'entend un énorme cri, je crois que Paul m'en veux un peu. Enfin bon, moi je l'ai pas assommé donc c'est toujours lui le méchant, même si je lui ai menti.
J'accélère, s'il me rattrape je ne sais pas ce qu'il me fera, il faut que je me rappelle qu'il est extrêmement dangereux. J'aperçois des maison à cinq cents mètres, j'y suis presque, après ça je n'aurai qu'à demander asile aux villageois et je serai
Ma rêverie est interrompue quand je suis taclée au sol. Je me relève le plus vite possible et ce que je vois me glace le sang. Paul est en face de moi, et il n'a pas l'air content.
-Paul...
Il ne prend pas la peine de me répondre et me bâillonne, puis il me balance sur son épaule et commence à courir en direction de la calèche. Nan mais sérieusement ? Il faut être musclé à quel point pour porter quelqu'un et courir en même temps ? Je ne prends pas la peine de me débattre, je n'ai pas particulièrement envie de mourir.
Quand on arrive à la calèche, il me jette dans le coffre et m'enlève le bâillon. Il commence à me rattacher les mains et serrent tellement fort que j'ai mal
- Paul...
- Je ne veux rien entendre Evelyn, je t'ai fait confiance malgré mon instinct, tu m'as menti, tu t'es enfui, maintenant j'applique ma menace.
Je ne prends pas la peine de contester, il me fait peur, plus que la première fois que je l'ai vu. Son visage est fermé, sans aucune trace d'émotion.
- Les liens me font mal
Je dis d'une petite voix, ses traits s'adoucissent un peu et il me détache avant de me rattacher mais sans trop serrer cette fois.
- Je ne te blâme pas pour avoir essayer de t'enfuir, j'aurai fait pareil à ta place. Mais tu as brisé ma confiance Evelyn, et je ne fais pas souvent confiance.
Je lève les yeux vers lui et je vois qu'il n'est plus en colère. Cependant c'est le froid qui l'a remplacé, il n'en a rien à faire de moi. Ça me blesse un peu mais je comprends.
Après je ne sais pas combien de temps, la charrette s'arrête enfin. La porte s'ouvre, Paul entre et me prend par le bras pour me faire sortir.
- Bienvenue à ta nouvelle maison Evelyn.
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