La perle

Je sors de ma chambre, prudente, dans le couloir une voix m'interpelle. Je sursaute et m'empresse de fermer la porte derrière moi pour qu'il ne voit pas Charles.

- Comte de Franzheï? dis-je agréablement surprise

- C'est bien moi. J'avais presque cru que vous étiez parti pour m'éviter, plaisante t-il

- Vous avez grandi depuis tous ce temps, je l'observe un instant envahi par mes regrets et ma mélancolie d'une époque inssouciante qui s'est arrêtée si brutalement

- Vous aussi.

Je remarque quand disant ses mots ses yeux brilent comme des saphirs. Musclé et les cheveux noirs il était devenu à la fois beau et élégant, il avait grandi ce n'était plus l'enfant avec lequel je jouais.

- Les sirènes doivent toutes être à vos pieds.

- Cessez de vous moquer de moi. Vous êtes parti sans un mot, chez les humains en plus, vous savez que nos familles ont toujours espéré nous voir fiancés, avez-vous imaginé la douleur qu'on ressentit vos proches? Connaissez-vous l'opinion du peuple sur la famille royale depuis votre départ ? me reproche t-il

- L'opinion du peuple à propos de la princesse Mélinéaelle plutôt.

- Vos actes ont plus de conséquences que ce que vous imaginé, rajoute t-il d'une voix cassante

- Pensez-vous que je suis une idiote? Que j'ai agi impulsivement, sans réfléchir ?

La colère commence à m'envahir face à ses reproches que je sais à la fois faux et justifiés. Je n'ai vraiment pas besoin de cela à l'instant. Ma colère enflant une flamme apparaît sur la veste du comte, elle se répand rapidement sur sa manche. Il ôte sa veste, me regarde d'un oeil noir me faisant frissonner et part enfin. Jamais je n'aurais cru qu'il puisse me détester il y a quelques années. Je ravale les larmes qui commence à affluer au coin de mes yeux. Je me reconcentre, je n'ai pas le droit de me laisser aller, peut importe l'avis du comte de Franzheï ou même celui de mon père.

Le couloir est vide, j'en profite pour ouvrir la porte de ma chambre faisant signe à Charles qu'il pouvait me suivre. Nous empruntons différents couloirs, à chaque tournant je prends le temps de vérifier que la voie est libre. Ainsi, après avoir esquivé quelques gardes nous atteignons une porte dans le sous-sol les deux gardes me regardent avec surprises.

- Vous ne pouvez pas entrer, dit l'un d'entre eux après avoir retrouver un masque sans émotion

- Je n'ai pas l'habitude de demander la permission,

Je créé un tourbillon autour de chacun d'entre eux les empêchant de m'attaquer ou de prévenir père. Pris au piège dans leur prison de courants l'accès vers la porte est libérée. Je nage jusqu'à la porte et me présente:

- Moi, Mélinéaelle, de sang royale.

Les ornures de la porte se mettent à scintiller m'invitant à entrer. Je pousse délicatement la porte. De l'autre côté je trouve l'objet de ma convoitise.

- La perle sacrée, je murmure.

Je m'avance jusqu'à elle. Posée sur un socle de pierre, grosse comme la paume de ma main et cachée dans une petite salle sombre on ne croirait pas qu'elle puisse possèder autant de puissance. Pourtant elle est l'objet le plus redoutée et espérée, en elle souffle le pouvoir de l'océan.
Une douce lueur se dégage d'elle, je la prend précautionneusement.

- Tu me pardonneras? dis-je en regardant la perle aux creux de mes mains.

Cette question je ne sais pas à qui je l'adresse, est-ce pour mon père, pour ma famille, pour tous ceux que j'ai déçu, pour Charles, pour l'océan lui même ou alors pour moi? Peut-être est-ce, au fond, pour tout le monde?

Charles ne comprends pas plus que moi mon interrogation, je le vois à la façondont il me regarde. Désireuse d'éviter ses yeux remplis d'inquiétudes et de questions, je fais demi-tour. La seule chose que je sache faire est telle de fuir? Suis-je réellement la princesse lâche que tout le monde crois que je suis? Je ne le sais même plus moi-même. Est-ce que j'agis vraiment pour le bien de ce royaume ou ai-je tord depuis le début? Quoi qu'il en soit, aujourd'hui je n'ai plus le choix, je dois affronter le résultat de mes actes. Le destin de ce royaume changera aujourd'hui, que se soit pour le meilleur ou pour le pire, j'espère que se sera pour le meilleur. Je croyais n'avoir pas eu le choix, peut-être que je me suis fait avoir par mes propres décisions. Je soupire, il faut que j'arrête avec cette inquiètude, je dois le faire, je dois finir ce que j'ai entrepris il y a 6 ans.

Durant mes réflexions silencieuses j'ai parcouru les différents couloirs et assomé les quelques gardes qu'il y avait entre nous et le lieu où nous devions nous rendre. Arrivée à destination, je prends une inspiration tremblotante et pousse une porte.

Désolé père pour ce que je m'apprête à faire. Désolé mère pour être parti sans un mot. Désolé mon frère pour t'avoir transmi sans ton accord le poids d'être l'héritier et de te l'arracher aujourd'hui d'un seul coup. Désolé, peuple de Vivadèls de n'avoir pas été la charmante, délicate, déterminée et audacieuse princesse que vous espériez. Désolé océan, de transmettre ton pouvoir à un homme.

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