Chapitre 9

Chapitre Neuvième

Le mariage du cousin de Florentin avait lieu le lendemain après-midi. Capucine avait mis un temps interminable à se préparer dans la salle de bain. Elle avait pris une longue douche pour commencer, puis avait été enfiler la tenue qu'elle avait prévu pour la journée et qui l'attendait sagement étalée sur le lit. Elle avait enfilé la blouse qu'elle avait choisie dans un magasin que Silena lui avait conseillé. La blouse était bien au-dessus de ses moyens, mais avec la veste par-dessus, Capucine avait décrété qu'elle pourrait la porter avec l'étiquette et qu'elle pourrait la ramener au magasin au retour de Normandie. C'était la seule solution qu'elle avait réussi à envisager.

Les festivités avaient commencé par la cérémonie à la mairie du village qui avait été un peu décalé par le retard du frère du marié. Ce dernier avait aussi aussi le rôle du témoin avait été retardé par un accident sur l'autoroute. Et il était hors de question de commencer sans lui : c'est lui qui avait les alliances. Mais tout avait fini par rentrer dans l'ordre et le maire avait finalement pu procéder au mariage.

Après la cérémonie, tous les invités avaient été convié à l'hôtel qui avait été entièrement privatisé pour l'occasion. Un buffet avait été installé sur la terrasse du restaurant. Florentin avait présenté Capucine à toutes les personnes qu'il avait pu, il avait réussi à attraper sa main et ne comptait pas la lâcher tout de suite. Il ne s'agissait pas de l'exercice dans lequel elle était le plus à l'aise mais elle avait joué le jeu, parce que ça faisait plaisir à Florentin et aussi parce qu'elle aurait presque pu commencer à y croire ; et puis les coupes de Champagne que les serveurs lui proposaient l'aidaient. Les présentations, les photos, les discussions sans réel intérêt mais nécessaire pour paraître polie, les moments seuls avec Florentin - beaucoup trop rares à son goût - s'étaient enchainés avec quelques chansons acoustiques en fond sonore.

Pour le dîner et le reste de la soirée, c'est un large chapiteau qui avait été dressé au fond du jardin - entre la piscine et les quelques pommiers. Capucine avait été mise à la même table que Florentin, ses trois sœurs ainsi que ses deux beau-frères : Ange et Ariel ; et avec toute l'honnêteté dont elle était capable, Capucine l'assurait : c'était la meilleure des tables. Ils avaient passé la soirée à faire des allé-retours entre le photomaton loué juste pour l'occasion et leur table. Ils avaient beaucoup rit, Capucine n'avait pas passé d'aussi bon temps dans une famille depuis très longtemps, peut-être même jamais en fait. Ils avaient bien mangé aussi et bien bu surtout. Juste avant le dessert, elle s'était éclipsée pour aller fumer une des cigarettes du paquet qu'elle avait glissé à l'avance dans la poche de sa veste. Elle s'était assise sur une balancelle qui était juste à côté du brasero allumé depuis quelques minutes à peine.

« C'est ça ton défaut alors ? fit soudainement une voix à côté d'elle.

— Phil. Tu m'as fais peur.

— Je fais souvent cet effet-là aux gens, sourit la plus jeune sœur de Florentin. T'en as une pour moi ? ... ... Quoi ? C'est lui le médecin qui doit prendre soin de ses poumons, pas moi.

— Pas faux, concéda Capucine en lui tendant son paquet de cigarettes.

— Mon frère t'aime bien, lâcha soudainement Philippine.

— Moi aussi je l'aime bien. Ton frère.

— Tu l'aimes juste bien ?

— Je vais pas parler de ça avec toi maintenant. Je te préviens.

— Pourquoi pas ? Des clopes, un feu, une balancelle. C'est l'endroit parfait pour les confidences. Et j'ai pas souvent le temps de me mêler des affaires de cœur de mon petit frère.

— T'as le temps en ce moment ?

— Ouais ! Je suis bientôt en vacances. Et t'es restée assez longtemps pour qu'on puisse te connaître.

— Parce qu'elles s'enfuient souvent en courant en arrivant ici ?

— Oh ! En général, ils ne les laissent pas trop rester pour qu'elle arrive jusqu'en Normandie. ... Tu t'accroches. C'est bien.

— Tu trouves ?

— Il est chelou mon frère, mais il vaut le coup.

— Tu trouves qu'il est chelou ? sourit Capucine.

— Bah ouais ! Il se tape des années et des années d'études parce que son rêve c'est d'endormir les gens. Avoue, c'est chelou comme rêve. Et son meilleur pote veut passer sa vie à croiser des patients morts... Quoi ? Rigole pas ! C'est vrai ce que je dis !

— J'avais pas vu les choses comme ça, concéda Capucine.

— C'est normal.

— Parce que ?

— Bah parce que tu l'aimes bien. »

Philippine avait dit cette dernière phrase avec un petit regard en coin et un petit sourire de fierté sur le visage. Elle était ravie de son petit effet, la chipie.

« Tu viens ? Ils vont couper le gâteau. »

Capucine hocha la tête et laissa le reste de son mégot dans le cendrier extérieur. Elle sentit le bras de Philippine entourer le sien et se laissa guider jusqu'au fond du chapiteau. Presque tous les convives étaient déjà debout pour regarder le couple à l'honneur couper le gâteau.

« T'étais où ? fit la voix de Florentin dans son oreille alors que ses bras venaient enserrer ses épaules.

— Fumer. ... ... T'as eut peur que je sois partie en courant ? demanda Capucine en sentant les lèvres de Florentin se poser sur sa tête.

— J'ai pas peur moi.

— Mytho, se moqua gentiment Capucine alors que les applaudissements emplissaient soudainement les lieux. »

Tout le monde était retourné à sa table pour déguster le dessert et puis le bal avait été ouvert avec une valse des plus classiques mais très belle. Et puis Ariel avait saisi les mains de Capucine pour la pousser à les rejoindre sur la piste. Il l'avait presque jetée dans les bras de Florentin.

X+X+X+X+X

Ce n'est que vers cinq heures du matin que Capucine et Florentin avaient finit par aller se coucher. Capucine avait abandonné ses chaussures depuis de longues heures, Florentin l'avait porté sur son dos pour qu'elle puisse traverser sans difficulté l'allée de gravier qui les séparait de la maison et qu'ils puissent retrouver leur lit.

Quand Capucine s'était réveillée le lendemain matin, Florentin était déjà levé. Il y avait du bruit dans la salle de bain de l'autre côté du mur. Le store occultant qui faisait office de volet avait été très légèrement ouvert, juste assez pour laisser passer quelques rayons de soleil qui avait suffi pour sortir la jeune femme de son sommeil. Capucine n'avait aucune idée de l'heure qu'il était et elle s'en fichait pas mal, elle n'avait pas de montre, son téléphone était quelque part avec son tailleur sur le sol de la chambre ; alors comme une obligation, Capucine s'était retournée dans la couette pour somnoler encore un peu. Elle avait rouvert les yeux de façon définitive quand elle avait senti des gouttes d'eau tomber sur son visage et une main caresser son dos en suivant sa colonne de son cou à sa chute de reins.

« T'es réveillée ? chuchota Florentin à côté de son oreille.

— Maintenant oui.

— T'as faim ?

— Mmmh... Oui. Un peu...

— Okay... Il est midi moins le quart. Et j'ai cru entendre qu'il restait une tonne de gâteau à manger et de champagne à boire, si on n'arrive pas trop tard.

— Je préfère le gâteau, choisi Capucine en se retournant vers Florentin.

— Ok. Je te le laisse. Je me contenterais de boire... pour oublier.

— Pour oublier quoi ? La nuit ?

— Ah non. Du toute... Plutôt le fait qu'on repart demain, corrigea-t-il en posant ses lèvres sur sa joue. Je vais m'habiller, on se retrouve en bas ?

— Okay. À toute de suite. »

X+X+X+X+X

Les départs des invités au mariage s'étaient égrenés tout le long de l'après-midi et avaient été entrecoupé des parties de molky, de pétanque et de palais breton selon les affinités de chacun. Florentin et Capucine avaient préférés la pétanque. Enfin Capu avait préféré et Flo avait suivi, du moment qu'il pouvait profiter du soleil de ce début juin tout lui allait. Ils avaient joué - et gagné - jusqu'au début de soirée. La mère de Florentin avait signalé qu'elle allait préparer des petites choses a grignoter pour le dîner. Capucine en avait profité pour la suivre dans la demeure familiale. Elle lui avait naturellement proposé son aide pour accélérer les quelques préparatifs du soir et en une vingtaine de minutes tout était quasiment prêt ; Capucine était ensuite remontée dans la chambre de Florentin. Elle voulait commencer à ranger ses affaires et faire son sac pour le lendemain.

En rentrant dans la pièce, elle s'était étonnée du bazar qu'ils avaient laissé. Leurs deux sacs ouverts laissaient sortir leurs vêtements directement sur le sol. Leurs tenues de la veille étaient restées aussi directement sur le sol. Capucine avait commencé par récupérer les affaires des Florentin pour en faire un petit tas à mettre avec le linge de la prochaine machine, elle avait ensuite récupéré les habits que Silena lui avait prêté pour le weekend. En pliant soigneusement la blouse qu'elle allait devoir ramener au magasin la semaine prochaine. Sauf que en pliant l'habit, elle remarqua soudainement une très belle tâche d'elle ne savait quoi. Et ça, c'était juste pas possible. Mais alors vraiment pas possible. Impossible de le rendre dans cet état. Capu ne savait pas vraiment si c'était la fatigue de la petite nuit qu'elle avait passée ou celle d'avoir prétendu être quelqu'un d'autre pendant tout un weekend, ou la lassitude de son quotidien à toujours tout compter, ou juste un peu de tout ça, mais elle s'était laissée tomber sur le lit pour se mettre à pleurer. Une tache de maquillage de plus ou de moins.

C'est toujours assise sur le lit que Florentin l'avait retrouvée en remontant dans la chambre.

« Capu ! Tu vi... Capu ? Tu pleurs ? »

Florentin s'était senti un peu bête quand il avait réalisé quels mots était sorti de sa bouche mais en même temps, il n'avait aucune idée de ce qu'il aurait pu dire à la place.

« Non, non.

— Bah si. Tu pleurs, rajouta-t-il comme une évidence.

— C'est rien. Je suis juste fatiguée, se justifia Capucine en se relevant et en mettant sa blouse en bouchon dans son sac de voyage.

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ce haut?

— Rien, okay ? Il m'a rien fait. On va manger. »

Au lieu de la suivre vers l'escalier pour descendre pour le dîner, Florentin se dirigea vers le sac de Capucine et déplia la blouse de la jeune femme.

« C'est pour la tâche que tu pleurs ? C'est rien...

— Non. C'est pas rien, assura Capucine en serrant les dents. Maintenant remets-la dans mon sac s'il te plait.

— Mais si. Un coup de machine à laver et ça sera réglé. Vraiment.

— Tu comprends vraiment rien. »

Capucine lui arracha le vêtement des mains pour le jeter de nouveau dans son sac.

« Explique-moi alors.

— Qu'est-ce que tu veux savoir au juste, Flo ?! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Cette blouse, je devais la ramener au magasin, okay ? Je devais la ramener parce qu'elle coûte soixante-dix balles à mettre dans un vêtement. En fait j'ai pas soixante-dix balles tout court en fait. Donc laisse ce truc dans mon sac et on descend manger.

— Si c'est juste ça, je peux te la payer. C'est pas un problème.

— Tu vois, c'est exactement ça le problème, soupira Capucine en quittant la chambre. »

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