Chapitre 2
Chapitre Deuxième
Capucine avait suivi le groupe. Elle avait perdu Silena depuis un moment, mais elle était certaine que son amie ne partirait jamais sans lui dire. C'était la règle en soirée : toujours savoir où l'autre était. Elle savait que Sissi était quelque part par ici, quelque part au milieu du groupe d'une trentaine d'étudiant - déjà bien alcoolisés pour certains - qui longeait la Seine.
L'inconnu de la fenêtre avait finit par retrouver Capucine. Ils arrivaient au niveau du Palais du Louvre.
« Alors ?
— Alors quoi ?
— C'est pas mieux que la vue pas ouf sur les toits que t'offrait ma fenêtre ?
— C'est forcément mieux, fit Capucine en haussant les épaules. On parle d'un palais royal construit sur des centaines d'années.
— Oui. C'est sûr que présenté de cette façon ma fenêtre craint du boudin. »
Il y eut un petit moment de flottement, l'histoire de deux ou trois pas.
« Clairement, c'est le rhum qui vient de me faire dire ça. Je ne dis jamais « craint du boudin ».
— Evidemment, confirma Capucine en évitant un regard vers son interlocuteur.
— Après si ça te fait rire, je peux le redire.
— Non. C'est bon, assura la jeune fille en réprimant un sourire. Ne te sens pas obligé. »
Le jeune homme, lui, avait franchement rigolé en passant son bras par-dessus les épaules de Capucine. Elle avait resserré les pans de sa veste autour d'elle en croisant ses bras devant.
« Tu sais où on va ?
— Non. Je suis les gens qui sont devant. Ils ont l'air de savoir.
— Bonne idée. ... Si je te propose un plan de secours, tu viens avec moi ?
— Non.
— C'est direct comme râteau.
— Je laisse pas ma pote toute seule, c'est tout.
— Tu sais où elle est ?
— Non. Mais je sais qu'elle ne m'aurait pas laissé seule.
— Ok. »
Capucine avait hésité à accélérer le pas. Il était un peu trop tactile pour elle. Ils se connaissaient depuis moins d'une heure. Pas même sûre que le mot « connaître » soit le plus adapté : elle n'avait aucune idée de son prénom. Sauf qu'elle se sentait bien là à traverser les rues de Paris le long des plus beaux endroits de nuit, avec un mec plutôt mignon qui ne voulait pas la laisser partir trop loin. Alors elle n'avait pas accéléré et avait même calé son pas sur celui du garçon à côté d'elle.
Après le Louvre, ils avaient poussé jusqu'au Musée d'Orsay. La soirée organisée par leur faculté avait lieu sur un bateau. La passerelle qui permettait de monter à bord semblait surveillé par deux filles marquaient les mains des personnes autorisées à monter à bord. Capucine s'était bêtement dit que c'était mort : sa soirée allait s'arrêter au pied de la station Musée d'Orsay et puis tant pis. En arrivant devant une des deux videuses, elle sentit son bras être tiré vers la droite pour passer sur l'autre file.
« On avait dit pas d'invité...
— Ouais... Je sais Juliette... Mais c'est Raph', tu le connais. Il peut pas s'empêcher de se faire des amies.
— Il est où ?
— Quelque part derrière ou déjà rentré ? Qu'est-ce que j'en sais moi... Tu nous fais rentrer ? »
La Juliette en question avait jeté un regard à Capucine qui avait achevé de la convaincre de ne pas la recroiser le temps qu'elle allait passer ici.
« Ta main. »
Une croix au marqueur qu'elle allait devoir garder quelques jours avait été dessinée à la va-vite et elle avait été poussé vers la passerelle qui menait à un escalier pour descendre à l'intérieur par le garçon qui l'accompagnait. À l'intérieur, la lumière bleutée était parfois brisée par des flash de lumière blanche. La musique hurlée par les enceintes faisait légèrement vibrer le sol, Capucine le sentait sous ses baskets. C'était étrange mais ici, là où on distinguait à peine les visages de ses voisins, là où on pouvait être qui on voulait, elle se sentait beaucoup mieux. Presque plus libre.
La main sur son épaule se referma un petit peu plus.
« Je vais nous chercher à boire ! »
Elle lui adressa un sourire et lui désigna une table haute libre où elle allait l'attendre.
X+X+X+X+X
Quand Capucine avait ouvert les yeux, elle était restée un moment allongée sur le dos. Elle n'était pas dans son lit. Elle le savait principalement parce qu'elle se souvenait de toute la soirée et aussi parce qu'il y avait une forte odeur dans la pièce ; une odeur musquée qu'elle avait l'impression de connaître : elle l'avait respirée une bonne partie de la nuit sur la peau de son amant. Elle tourna légèrement la tête sur sa droite pour remarquer une place vide à côté d'elle dans le lit. La lumière du jour arrivait à se frayer un chemin à travers les persiennes et les rideaux peu occultant de la pièce.
Capucine se laissait doucement retourner dans les méandres du sommeil, quand le bruit d'une tasse se fracassant sur le sol lui parvint. Comprenant qu'elle ne réussirait pas à se rendormir, elle se décida à se lever. Elle récupéra sa chemise qu'elle boutonna en même temps qu'elle enfilait son jean, et ses baskets à la main, elle se dirigea vers la source du bruit. Arrivée dans la cuisine, elle ne vit pas tout de suite le garçon avec qui elle avait passé la nuit. Elle entendit d'abord sa voix :
« Fais gaffe à tes pieds, y a peut-être des bouts qui trainent encore par terre. »
Capucine hocha la tête avant de se rappeler qu'il ne pouvait pas la voir.
« Ok. Je... Je vais aller fumer à la fenêtre.
— Café avec ta clope ? demanda-t-il en se relevant. »
Ses cheveux roux étaient dans un sacré désordre et sans lunettes, Capucine le trouva plus beau que quand ils avaient quitté ce bateau. Il avait des yeux bleus, elle ne l'avait même pas remarqué avant.
« Hein ?
— Café ?
— Ah. Euh. Non. Non merci. ... Peut-être après. »
Il hocha la tête pour signaler qu'il l'avait entendue pour lui montra la fenêtre à laquelle elle pourrait se mettre. Capu recula gauchement en attrapant son paquet de cigarettes dans la poche de son pantalon. Elle se réinstalla comme la veille au soir pour allumer sa cigarette. Elle n'avait pas l'habitude de se retrouver le lendemain matin dans le même appartement que la nuit. Elle s'arrangeait en général pour partir avant le réveil de son partenaire, voire même avant qu'il s'endorme. Mais cette nuit, elle était restée ; peut-être même qu'elle s'était endormie la première. De toute façon cette nuit, ce n'était pas tout à fait comme les autres fois. Déjà parce que cette fois-ci, elle n'avait aucune idée du nom de son amant ; et ça, ça n'arrivait jamais.
« Ça va ta tête ? entendit-elle à sa gauche en voyant un verre d'eau arriver juste devant elle. C'est pour la gueule de bois.
— J'ai pas tant bu que ça. J'ai été plus raisonnable que toi, fit-elle remarquer en prenant le verre d'eau.
— Moi non plus. La preuve : je me souviens de toute la nuit.
— Moi aussi. »
Il était toujours debout dans la petite pièce qui servait de buanderie. Le fait qu'il ne s'installe pas à côté d'elle, fit penser à Capucine qu'il avait peut-être quelque chose de prévu aujourd'hui. Il était surement temps pour elle de partir. Elle repassa ses jambes vers l'intérieur de l'appartement pour se remettre sur ses pieds. Elle s'apprêtait à faire une remarque sur la nécessité de rentrer chez elle quand elle le sentit se rapprocher d'elle. Elle se surprit à retenir son souffle pensant sincèrement qu'il allait l'embrasser.
« T'as boutonné lundi avec mardi, expliqua-t-il en commençant par déboutonner sa chemise pour la refermer correctement.
— Et ça craint du boudin ? »
Il ne répondit qu'avec un éclat de rire et ça l'a fait sourire.
« On peut déjeuner ensemble si tu veux.
— Il est quelle heure ?
— Presque quatorze heures.
— T'as rien de prévu aujourd'hui ?
— Des potes arrivent pour réviser vers seize heures. Rien avant.
— Okay... souffla-t-elle alors qu'il s'éloignait d'elle. Je vais te laisser réviser alors. Je veux pas être responsable d'un échec scolaire.
— Je pense pas être à deux heures de l'échec scolaire, tu sais. »
Capucine aurait voulu rétorquer quelque chose mais le bruit aigüe de la sonnette de l'appartement l'interrompit. Le garçon devant elle releva son index pour lui intimer de ne pas bouger. Il alla ouvrir sans même regarder qui était de l'autre côté.
« Salut !
— Salut Eugénie. ... On s'était pas dit seize heures pour bosser les articles ?
— Si. Mais je suis là pour m'assurer que tu vas respecter le planning que je vous ai fait. Je peux rentrer ? »
En joignant le geste à la parole elle écarta son ami d'un geste du bras pour rentrer dans l'appartement et aller vers le salon poser ses affaires sur l'un des deux canapés.
« T'as fait quoi ce matin ?
— Rien. Eugénie, je ne p...
— Comment ça rien ? T'es sérieux ?! s'exclama-t-elle en se retournant rapidement. Oh. T'es pas seul.
— Bien vu Sherlock.
— J'arrive mal ?
— T'as déjà fait pire.
— Pas du tout ! la rassura Capucine. J'allais partir de toute façon. »
Elle posa son verre d'eau sur la table de la cuisine et se dirigea vers la porte toujours ouverte.
« Je te recontacte, promis-t-il.
— T'es pas obligé.
— Je sais.
— Ok. Comme tu veux.
— A bientôt.
— Salut. »
Elle referma elle-même la porte d'entrée.
« Je suis désolée.
— Arrête Eugénie. Elle allait vraiment partir. C'est pas grave.
— Ah ouais ?
— Mmhmmh. T'as mangé ? J'ai pas mangé, ajouta-il pour regarder ce qui restait dans le frigo. Y a rien à manger ici...
— Elle avait pas mis ses baskets, Flo. Elle allait clairement pas partir. Je suis désolée.
— Je la rappèlerais, assura Florentin en scrollant sur son téléphone les menus des restaurants les plus proches de chez lui. As-ton avis je peux encore commander à manger ou c'est trop tard ?
— Elle s'appelle comment ? »
Arrêt immédiat des mouvements sur l'écran tactile.
« Je lui ai pas demandé.
— Depuis quand tu couches sans connaître le nom ?
— Merde. Merde. Merde. Merdemerdemerdemerdre ! »
Eugénie allait ajouter quelque chose mais son ami était déjà en train de descendre les marches des escaliers de son immeuble deux par deux. Malheureusement, elle était déjà partie.
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