Chapitre 1
Chapitre Premier
Florentin avait retrouvé ses amis de faculté au self de l'hôpital largement après l'heure prévue.
« Désolé. Sortie en urgence, il fallait libérer un lit pour cet après-midi. J'ai loupé quoi ? demanda-t-il en tirant vers lui son assiette encore tiède.
— Raphaël a fait un truc complètement interdit. Il va se faire virer de l'Ordre avant même d'y être inscrit.
— Ah ouais ? T'as tué quelqu'un ?
— Non. J'ai tué personne, soupira Raphaël. C'est Eugénie qu'en fait encore des tonnes. Pour rien.
— T'as consulté le dossier d'une patiente pour récupérer son numéro de téléphone. C'est complètement interdit, répéta Eugénie en insistant volontairement sur le dernier mot.
— En soi, c'est ma patiente.
— Ce sera ta patiente quand tu seras médecin. Et sauf erreur de ma part tu ne l'es pas.
— On parle de celle qui t'a vomi dessus à ta garde de mardi soir ? demanda Florentin qui engloutissait littéralement son assiette.
— Tu veux pas manger moins vite ? demanda Eugénie. Tu vas encore dire que tu digères rien après...
— C'est elle ?
— Ouais, maugréa Raphaël trouvant soudainement grand intérêt à ranger son plateau.
— Pourquoi tu veux pas en parler ? Je veux dire... T'as le droit d'avoir un crush sur les filles qui te vomissent dessus. Moi, c'est pas mon truc mais je respecte.
— T'es vraiment relou Flo. Je te jure...
— Je suis peut-être relou mais moi je te prends pas la tête parce que t'as cherché son numéro dans le logiciel de l'hôpital. En vrai, je trouve ça plutôt cool ! »
La dernière phrase eut le mérite de faire sourire Raphaël, mais Eugénie repartit dans une nouvelle tirade dans laquelle elle expliquait à quel point il était inconscient de le soutenir là-dedans, qu'ils étaient tous les deux inconscients en fait, que si ça se savait ça allait mal finir, et tout un tas d'autres arguments qu'elle avait déjà ressorti un certain nombre de fois depuis le début du déjeuner.
« Et tu vas en faire quoi de son numéro ? demanda soudainement Florentin en coupant sa voisine de table en pleine démonstration.
— Je vais l'appeler.
— Logique implacable. Et tu vas lui dire quoi ?
— Je voulais l'invitée à la soirée vendredi prochain.
— On ne va pas à cette soirée ! s'exclama Eugénie. Les partiels, c'est dans trois semaines ! En plus on avait prévu une soirée boulot.
— On en fait tous les soirs des soirées boulots. Ça va... Et puis si on est pas trop bourré on pourra toujours travailler en rentrant.
— Tu crois sincèrement ce que tu viens de dire là ? demanda Raphaël un peu interloqué. Simple curiosité.
— Non, non. On bossera pas vendredi et puis voilà.
— Vous validerez jamais cette année.
— Elle a pas déjà dit ça au premier semestre ? demanda Florentin comme si elle était absente.
— Si.
— Et on a validé ?
— Oui.
— CQFD. ... Bon je vous laisse...
— T'as même pas fini de manger !
— Si j'arrive assez tôt, je peux peut-être demander à aller au bloc cet après-midi.
— C'est pas un moulin, c'est un bloc opératoire Flo ! rappela Raphaël alors que son ami s'éloignait déjà. Arrête de t'incruster toujours comme ça...
— À ce soir ! »
X+X+X+X+X
Capucine ne pensait pas voir Silena passer la porte vitrée du restaurant aussi tôt. Vraiment pas. Elle était d'ailleurs persuadée d'avoir entendu leur patronne exiger de Silena qu'elle ne revienne pas avant le lundi suivant. Loupé, de toute évidence.
« Anne te met dehors un coup de pied aux fesses si elle te voit là, prévint Capucine qui terminait de dresser la dernière table.
— Je viens pas travailler. T'inquiète pas.
— Pourquoi tu viens alors ? Tu veux que Félix te fasse à manger ?
— J'adorerais une petite boxe pour mon dîner ! cria Silena suffisamment fort pour se faire entendre jusque dans la cuisine. C'est vrai... Mais pas c'est pas pour ça que je viens.
— Okay... fit Capucine un peu suspicieuse. Pourquoi alors ?
— Tu fais quoi vendredi soir ?
— Rien. ... Mais pas pour longtemps j'ai l'impression...
— Bien vu !
— Et on fait quoi ?
— On va s'incruster à l'une des meilleures soirées qu'il t'ait été donné de vivre depuis ton arrivée à Paris ! s'enthousiasma Silena.
— Juste ça ? J'ai eut le temps de faire quelques soirées ici tu sais ?
— Oui mais... Mais voilà.
— Et tu la sors d'où ta soirée ?
— D'un mec à qui je dois une paire de basket.
— Tu l'as croisée ?
— Non. Il m'a appelé. ... Me demande pas comment il a trouvé mon numéro, j'ai pas cherché à savoir.
— En fait, tu m'invites à tenir la chandelle et tu m'as vendu ça comme une grosse soirée.
— Non ! Pas du tout ! C'est une vraie grosse soirée organisée par des potes de sa fac mais j'ai pas envie d'y aller seule. Surtout si c'est un psychopathe. On sait jamais.
— Ouais t'as raison, se moqua gentiment Capucine. On sait jamais, il avait vraiment une tête à se la jouer Jack L'Éventreur.
— On sait pas Capu !
— Je te retrouve chez toi vendredi soir ?
— Oui ! s'exclama Silena en sautillant sur place. Je suis ridicule, je le vois dans ton regard, mais... Oh mon Dieu, je suis tellement excitée !
— Arrête de dire ça.
— De dire quoi ?
— Ça. Oh mon Dieu je suis tellement excité. C'est pas français du tout.
— Bien sûr que si. Oh my God, I'm so excited. Oh mon dieu, je suis tellement excitée. C'est un français parfait.
— Oui, mais aucun français ne dit ça en vrai. C'est so américain.
— Vingt heures trente en bas de chez moi vendredi. On va à une pré-soirée chez un de ses potes avant.
— Un before ça s'appelle.
— Before c'est so amércain, soupira Silena avec un retournement théâtral. À vendredi !
— Sissi ! Je rigolais ! Reviens ! Je t'aime !
— Moi aussi je t'aime, répondit-elle en réprimant un dernier sourire avant de fermer la porte du restaurant.
X+X+X+X+X
Capucine avait rejoint Silena à son appartement Rue du Banquier le vendredi soir. Elle n'avait pas attendu en bas, parce que déjà, elle n'aimait pas attendre seule dans la rue et aussi parce qu'il y avait un nuage super menaçant qui lui faisait de l'œil depuis qu'elle avait quitté sa chambre de bonne. Capucine était donc montée directement au dernier étage mais avait tout de même attendu que Silena vienne lui ouvrir la porte d'entrée. Elle s'était habillée d'une robe légère bleu et blanche et ses cheveux blonds retenus dans un chignon lâche. Capucine avait elle préféré un ensemble chemise blanche, jean et basket, tout en laissant ses cheveux châtains, coupés dans un carré court, libres. Elle n'était plus certaine d'être dans le bon dresse-code ; Silena avait beau lui assurer le contraire.
« C'est parfait, Capu, continuait-elle d'assurer en fermant son appartement à clef. On s'en fiche, t'es sublime c'est largement suffisant. »
Elle avait sourit et suivit son amie dans le couloir de l'immeuble.
Le before auquel elles avaient été invitée se trouvait à un peu moins de vingt minutes de chez Silena. Quand elles étaient arrivées, ce début de soirée semblait déjà bien avancé : plusieurs petits groupes s'étaient formés dans les différentes pièces ; la jeune femme qui avait ouvert la porte leur avait rapidement expliqué où trouver à boire et des verres avant de disparaître presqu'aussi vite qu'elle était apparue. Capucine avait regardé Silena lui demandant silencieusement : « et maintenant ? ». Silena lui avait attrapé le bras pour la guider vers la cuisine.
« Pour l'instant, on boit. »
Silena les avait fait slalomer entre quelques personnes pour arriver sur le plan de travail où une véritable collection de bouteilles avait été exposée. Quelques mélanges plus tard, elles avait toutes les deux leur verre dans les mains.
« Vas-y, avait glissé Capucine à Silena. Va le chercher.
— Il est dans le salon. ... Je l'ai vu quand on est arrivé.
— Pourquoi t'es pas allée le voir ?
— Pour me faire désirer. Il m'a vue aussi, avait répondu Silena avec un petit sourire.
— Bah va le voir avant d'avoir trop bu, et de lui re-pourir une nouvelle paire de basket. »
Silena lui avait donné un petit coup dans l'épaule, ce qui fit bien rire Capucine. Du coin de l'œil elle avait aperçu le garçon dont elle parlait entrer dans la pièce.
« J'ai l'impression que t'as de la chance : il prend les devants. Je te laisse...
— Attends Capu... Reste un peu quand même s'il te plaît.
— Nope, assura l'intéressé en s'éloignant déjà de son amie. »
Elle avait croisé l'étudiant en médecine en gardant les yeux vers le bas et s'était tout de même retournée pour le voir aborder Silena. Elle n'avait même pas rougi. Parfois, le naturel avec lequel se débrouillait Silena dans n'importe quelle circonstance impressionnait Capucine. Elle, elle n'est pas ce genre de personne. Pas du tout même. Premièrement, elle est plutôt du style à observer les gens un long moment avant de leur adresser la parole. En général, elle utilise ce moment pour se faire un premier avis sur la personne face à elle ; hasard joyeux, Capucine se trompe rarement. Deuxièmement, Capucine n'est pas du genre à accepter d'aller à la soirée d'un parfait inconnu sur qui elle a vomit quelques jours plus tôt. Elle préfère largement les soirées où elle est certaine de ne croiser que des âmes qu'elle ne reverra jamais. Donc préférentiellement dans des lieux avec plus d'inconnus au mètre carré que nulle part ailleurs. Capucine aime ne pas trop se faire remarquer et ce genre d'endroit est l'idéal pour se fondre dans le décor. Capucine ne compte pas sur les soirées pour rencontrer avec qui partager l'autre côté de son lit.
C'est avec son verre plein, assurée d'avoir laissé Silena en bonne compagnie, et une envie naissante de partir d'ici avec plus ou moins de discrétion - de toute façon, personne ne verrait la différence - que Capucine s'était trouvé une place dans ce qui semblait être un cellier ou une buanderie ou les deux. Se trouvant dans un appartement d'un étudiant parisien dans le Quatrième Arrondissement, elle avait vite conclu sur la dernière option. Elle avait ouvert la fenêtre, s'était assise sur le rebord et avait sorti une cigarette pour la fumer loin des autres et avec une belle vue sur les toits de la capitale.
« On se connaît ? fit soudainement une voix qui la fit sursauter.
— Euh... Non.
— C'est bien ce qui me semblait. ... Le proprio de l'appart' tiens à ce que ça reste non-fumeur ici, ajouta-t-il en ouvrant le second battant et en s'installant comme elle. Il est médecin alors tu sais... Cigarette. Cancer. Dents jaunes. Tout ça tout ça...
— Il est pas obligé de le savoir. Et puis ça sera mon cancer.
— C'est vrai, admit le garçon en tournant le regard vers le point que fixait Capucine dans la nuit. Tu regardes quoi ?
— La nuit.
— À Paris ? »
Capucine se tourna vers lui pour lui faire remarquer que s'il n'était pas dans cette ambiance, il pouvait potentiellement aller ailleurs. Mais le garçon assis à côté d'elle gardait son regard sur les toits. Capucine en profita pour le détailler un peu plus, ça aidait toujours à en savoir un peu plus. Pour la soirée, il avait opté pour une simple chemise blanche et un jean, comme elle. Mais au contraire de Capucine, il avait de beaux cheveux roux qui avaient dû avoir le droit à une bonne coupe récemment : ils étaient presque parfaits. Il avait classiquement des taches de rousseur sur tout son visage mais elles étaient à la limite de l'invisibilité. Il avait aussi des grandes lunettes arrondies dont la monture en métal ne les rendaient pas trop imposantes.
« Pourquoi tu vas pas avec tes potes ?
— Et toi ?
— J'ai trop de potes ici. J'arriverais pas à tous les voir. Donc autant n'en voir aucun. Pas de jaloux.
— J'ai pas de pote ici.
— Oh. T'as vu de la lumière par la porte et t'es venue du coup ?
— Non. Mais la fille qui m'accompagne est en plein date, expliqua Capucine avec un petit mouvement de tête vers la cuisine juste à côté.
— C'est la fille avec Raph' ?
— Tu le connais ?
— Peut-être, dit-il avec un haussement de sourcils qui les fit remonter jusqu'au-dessus de ses lunettes. Mais, du coup t'es venu tenir la chandelle ?
— J'avais peur que ce soit Jack L'Éventreur mais finalement, ça a l'air d'aller. »
Le garçon sur le rebord de la fenêtre ne quitta pas du regard Silena et le fameux Raphaël, et répondit avec un petit haussement d'épaules.
« Il veut être médecin légiste. Il est forcément bizarre. Méfies-toi encore un peu. »
Capucine rit franchement à la remarque :
« T'es sérieux ?
— Sur quelle partie ?
— Toutes !
— Alors oui, assura-t-il avec un air mutin qui lui allait bien. »
Capucine secoua la tête et reporta son attention sur les lumières de la ville et la fin de sa cigarette.
« Tu finis ta cigarette et on y va.
— On va où ?
— À la soirée !
— On y est pas déjà ?
— Nope. Là, on se prépare à aller en soirée. Et le temps qu'on arrive à décider tout le monde, on n'est pas partie avant encore vingt minutes. Donc faut s'y prendre tôt. Je les connais.
— Et pourquoi tu t'occupes de vider l'appart' ? L'organisateur peut pas s'en occuper ?
— Tu préfèrerais que je reste avec toi ? continua-t-il avec ce même air espiègle.
— J'ai pas dit ça, se referma immédiatement Capucine en se rendant compte qu'elle n'était pas contre l'idée qu'il reste avec elle à cette fenêtre.
— Tu sais... commença-t-il en se remettant sur ses deux jambes. Si tu aimes regarder Paris sous cet angle, je pense que tu viens bien aimer le trajet. Tu ferais bien de venir... »
Capucine se contenta de hocher la tête imperceptiblement sans le regarder.
« Et je le fais parce que c'est moi qui ferme la porte à clef. Je préfère décider quand les gens arrivent et partent de chez moi. Plus simple. »
L'information mit un tout petit peu trop de temps à arriver au cerveau de Capucine.
« Tu...
— Ne dis à personne que je t'ai laissé fumé ici par contre. C'est tout ce que je te demande. »
Capucine n'eut même pas le temps de répondre que le garçon avait disparu dans la pièce d'à côté.
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🐣❤️
Vous venez de rencontrer les vrais personnages de cette histoire. J'espère que Capu et Flo sauront vous convaincre et se faire aimer.
Prenez soins de vous et buvez de l'eau
Des bisous,
Uthopie en vacances 🐥🏖⛵️
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