Un renard dans le poulailler
J'opine du chef tout en reportant mon regard sur le panorama sec et aride illuminé par le soleil levant. Comparé à la région boisée et verdoyante où j'ai élu domicile, cette contré est carrément dépaysante. La rare végétation se constitue de petit bosquets verts entourés de touffes d'herbes desséchées, quelque fois des arbustes dont il ne reste que le tronc et les branches, apparaissent dans mon champs de vision. Des dunes ensablée jalonnent le paysage, le rendant triste et monotone. Je commence à perdre patience, voilà bien dix minutes que Velkan m'a dit qu'on arrivait et je ne voyais pas l'ombre d'une maison. Je l'interroge à ce sujet, impatiente de pouvoir me dégourdir les jambes, il soupire en me traitant d'enfant gâté, puis poursuis.
_ J'ai pris une route qui contourne le village de Tijuana. Tu pense bien que des anges ne vivent pas à proximités des humains. Ils vivent en retrait, à quelques kilomètres de la ville. Tiens, on commence à voir la maison.
Sur ces mots je me dévisse le cou pour apercevoir une énorme hacienda juchée sur une petite colline, entourée par de hauts murs ocres et un magnifique portail en fer forgé noir formant de jolies arabesques. Velkan se gare à quelques mètres du mur d'enceinte, le ralentissement du moteur et le cahot du petit chemin qu'il a emprunté ont suffis à réveiller les autres occupants de la voiture. Ainsi, nous mettons tous pieds à terre si tôt le moteur coupé dans notre hâte de refaire fonctionner à nouveau nos gambettes trop longtemps restées inactives. Thomas s'approche de la grille en premier, nous retenant d'un geste lorsque nous voulons en faire de même. Il passe sa main sur les arabesque du portails et celui ci se met à luire d'un éclat dorée le temps d'une seconde, puis il reprend son aspect originel. Estomaqué, je demande une explication à notre ange de service, qui rit doucement.
_ C'est un genre de système de défense, la maison est dotée d'une barrière magique repoussant tous les êtres qui se sont pas des anges ou des humains. Cela agis aussi comme une sonnette, dès l'instant où j'ai posé la main sur le portail, les occupants de la maison ont été tenus au courant de notre présence.
Velkan marmonne des paroles inintelligible dans sa barbe, alors que Bécka et moi nous nous rapprochons de Thomas. Déjà, nous voyons apparaître quelques personnes surgissant des jardins et qui se dirige vers nous timidement. Thomas leur fait de grand signe et deux personnes se détache du groupe qui nous observe avec méfiance. Une jeune fille d'une quinzaine d'années, son visage de poupée de porcelaine encadrée par de jolie boucles blondes, des yeux verts pétillants de joie de vivre. Elle s'avance d'une démarche sautillante tel une petite fée aux côtés d'un bel homme brun. Dans la trentaine, il a des traits fins et délicats, un air avenant avec un regard azur plein de bonté. Contrairement à l'enfant à ces côtés, son pas assuré et son expression sereine inspire le respect, son aura irradie de puissance. A quelques mètres, il lève le bras et le portail s'ouvre. Thomas s'avance pour saluer nos hôtes, mais la gamine lui saute au cou avec force, manquant de les faire tomber tout les deux.
_ Mon p'ti pigeon déplumé! Comme tu m'as manqué, je suis trop contente de te revoir! Est-ce que je t'ai manqué?
L'enfant serra Thomas si fort dans ses bras, que j'ai cru un instant qu'elle allait l'étouffer. Lorsqu'il parviens enfin à la faire lâcher, il l'écarte de lui et la repose par terre en râlant.
_ Louisa, ne m'appelle pas comme ça, c'est dégradant! gronde t-il, puis il se radoucit. Oui, tu m'as beaucoup manqué, boucle d'or.
Un sourire ravi illumine son visage, la rendant plus belle encore. Un sourire attendri apparu sur le visage de l'homme brun qui l'accompagne, il les couvait d'un regard presque paternel. Alors que je songe qu'il est impossible que cet homme soit son père, Thomas le salut cérémonieusement.
_ Je suis heureux de vous revoir aussi, père.
Estomaquée, je contemple l'homme et son fils plus attentivement, ils ne présentent aucune ressemblance physique, si ce n'est leur grande beauté quasiment irréelle et la finesse de leurs traits. la chaleur exprimée dans le regard de l'homme, en disait long sur la profondeur de ses sentiments pour son fils. Il est heureux de l'accueillir et cela se vois, mais une chose dans l'attitude de Thomas laisse présager qu'il n'est pas aussi proche de son père qu'il ne l'aurait voulu. Un certaine timidité, de la pudeur peut être les éloignent, loin des effusions de joie que procure des retrouvailles ordinaires. Néanmoins, il ne semble pas lui en tenir rigueur.
_ Mon fils, il a longtemps que j'espère ta visite. Ton absence prolongée m'est insupportable.
_ Ah, n'exagérez pas non plus! Vous avez fort à faire avec Louisa, inutile de faire le papa poule pour moi aussi.
Son père rit de bon cœur avant de confirmer les dires de son fils. Puis son attention, se tourne vers nous, plus précisément sur ma personne. Il fait quelque pas dans ma direction et s'arrête à ma hauteur, tout en me dévisageant. Je rougis légèrement, mais ne baisse pas le regard face à ce regard pénétrant, comme si il voulait me mettre à nue toute entière, mon âme comprise. Voyant que je ne laisse pas impressionner, il lève un sourcil.
_ Eh bien, après ce qui s'est passé au cour de votre escapade dans le sud, je ne pensais pas vous revoir de si tôt, ma chère. Néanmoins, vous êtes la bienvenue dans notre domaine, vous et vos... amis.
Sur ces mots il nous fais signe de le suivre, la jeune Louisa sautille gaiement autour de Thomas et lui posant mille et une questions. Vue de prés l'hacienda est sublime, toute en arches et colonnades décorées de pierres, les murs oranges tranche merveilleusement bien avec la végétation verdoyante de plantes tropicales tel que des palmiers, des lauriers, des hibiscus, bref un véritable éden des tropiques. Nous traversons une cour pavée, au centre de laquelle trône une fontaine, jusqu'à des escaliers en pierres. L'intérieur aussi beau que l'extérieur, très bien agencé en un savant mélange de moderne et de traditionnel. Notre hôte s'excuse et nous laisse avec l'enfant avant de partir avec Thomas, sans doute souhaite t-il en savoir plus sur nous. Louisa entreprend donc avec joie de nous faire une visite guidée les lieux, nullement impressionnée par ses visiteurs, elle fait preuve d'un grand professionnalisme à l'instar des guides touristiques des grandes villes. J'admire avec délice le jardin intérieur, le salon immense dont les occupants vaquent à leur activités sans se préoccuper de notre présence. Les terrasse et les balcons, tout est fleuries, la moindre place disponible est assiégé par des plantes diverses, donnant au bâtiment l'impression d'être noyé dans une mini jungle. Puis, à la fin de la visite, une jeune femme blonde nous rejoint. Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à notre mini guide, c'est une ange, surement de Sang Pur, elle irradie d'une beauté surnaturelle, toutefois comme toutes les femelles de son espèces elle est très mince et n'a que peu de formes. Elle porte une petite robe verte simple, mais très jolie, qui met en valeur sa taille de guêpe. Je glisse discrètement à Bécka:
_ Tu vois, il n'y a pas besoin de montrer ses seins pour être sexy.
Elle me répond d'un grognement peu amène. La jeune femme enlace Louisa par les épaules et nous offre un sourire bienveillant.
_ Bonjour, et bienvenue, je suis Thérésa, la maman de Louisa et l'épouse de William, le Chef de clan. Suivez moi je vous prie, je vais vous conduire à vos chambres.
Elle nous pilote vers un grand escaliers, et monte jusqu'au deuxième étage, traverse un couloir et s'arrête devant une porte qu'elle désigne comme étant celle de Rébecca. Puis, elle continue, et ouvre la porte d'une pièce énorme, les murs sont peint d'un blanc lumineux, un grand dressing sur la droite et un lit à baldaquin gigantesque surmonté d'une moustiquaire écrue. La chambre dispose d'un immense balcon qui en fait toute la longueur. Bref, la chambre d'hôtel de rêve, je suis en extase devant l'immensité et la beauté des lieux, l'ambiance épurée est apaisant.
_ Cette chambre sera la votre et celle de votre compagnon.
Sa déclaration, me tire soudain de mes rêveries, je la regarde consternée. Elle affiche toujours un grand sourire, et ne fais pas grand cas de ma tête ahurie.
_ Euh, ce n'est pas... nous n'avons pas ce genre de relation. Il n'y a qu'un lit c'est gênant..., dis-je en rougissant, n'osant pas regarder Velkan.
_ Je suis navrée, nous n'avons pas d'autre chambre de disponibles. Et puis, je ne souhaitait pas vraiment vous le dire de cette façon aussi brutale, mais nous préférerons que le vampire soit sous bonne garde. Vous ne voulons pas de problème.
Outrée, je la dévisage, pince les lèvres de colère, et soudain son sourire se fane. Elle est tout à coup, aussi mal à l'aise que nous, elle blêmi même. Elle pensait sérieusement nous faire avaler la pilule sans problème, maintenant, elle s'en mord les doigts.
_ Quoi? Donc, en gros, puisque vous vous méfier de Velkan, je dois jouer les chaperons, ainsi, si un problème survient vous me ferez porter le chapeau! Ce n'est pas très fair play comme combine!
_ Non, soupire t-elle, j'aimerais juste que vous gardiez un œil sur lui, cela me rassurera. C'est la première fois que nous accueillons un vampire en nos murs et certains des habitants sont un peu nerveux à cette idée.
Je m'apprête à ajouter un commentaire cinglant, mais Velkan pose sa main sur mon épaule et me dissuade de le faire en m'adressant un regard lourd de sens. Bien, j'abandonne, pour cette fois, mais à la prochaine entourloupe de ce genre, je lui vole dans les plumes!
Après avoir ajouter que les vêtements dans les dressings sont à notre entière disposition, et nous avoir demander à ce que Velkan et Rébecca ne quitte pas le domaine, elle ne s'attarde pas et quitte rapidement les lieux. Je me demande de qui elle a le plus peur à présent, de moi ou de Velkan. Maintenant que nous sommes seuls, je me décide à proposer une fois de plus à Velkan de prendre mon sang, mais lorsque je me retourne à l'endroit où il se tenait sur le balcon deux secondes avant, il a disparu. En soupirant, je m'allonge sur le lit, mes pensées se tournent vers lui, pourquoi refuse t-il mon aide?
***
Lorsque père a demander à me parler en privé, je savais que c'était pour en savoir plus au sujet de cette histoire. Alors que nous marchons en silence dans l'immense jardin, ma nervosité augmente d'un cran. Il y avait longtemps que je n'avais pas parcouru ce magnifique espace, où chaque plante, chaque éléments ont une place bien défini. L'allée de gravier immaculé crisse sous nos pas, intimidé par cet ange puissant et sublime qu'est mon père, je laisse un mètre entre nous comme on me l'avait appris enfant, de ce fait, je ne vois que son dos. Soudain il se retourne, avec une expression que je lui connaissais pas, je l'ai toujours connu serein, sur de lui, et là son expression a perdu toute sa sérénité au profit de l'inquiétude, de la crainte, et de la peine.
_ Thomas, marche à mes côtés, tu n'es plus un enfants désormais, tu es presque mon égal à présent.
_Votre égal? dis-je sarcastique. Ca veut dire que vous allez délivrer mes ailes?
_ Cela viendra fils, chaque chose en son temps.
En voyant ma mine déconfite, il ne peut s'empêcher de pouffer de rire. Au moins, j'ai eu le mérite de le dérider un peu. Reprenant son sérieux, il me contemple une seconde avant d'entamer le sujet qui le préoccupe.
_ Thomas, cette jeune femme, tu l'aime n'est ce pas?
Stupéfait, je m'arrête brutalement, il me fais face et plonge ses yeux remplis d'inquiétude dans les miens. J'aurais pourtant dû me rappeler que je ne peux rien lui cacher, il a ce don de tout savoir juste en posant les yeux sur moi. Bien qu'il n'ai pas eu l'exclusivité de mon éducation, il me connait par cœur et n'a pas besoin d'user de ses pouvoirs pour découvrir les tourments que je cache au plus profond de mon être. Je soupire, autant tout avouer maintenant, la pilule passera peut être mieux.
_ Oui, effectivement, elle compte beaucoup pour moi.
Il hoche simplement la tête, pensif, moi qui pensais qu'il allait se lancer dans un discours dissuasif passionné, il se contente d'un avertissement.
_ Cette femme n'est pas pour toi, elle ne t'apportera que malheur et déception. Que deviendra tu lorsqu'elle reprendra son aspect originel? Y as-tu seulement songé?
_ Oui, j'y ai pensé figurez vous, mais malgré tout mes efforts pour garder mes distances, je suis quand même tombé amoureux d'elle. Et puis, elle ne veut pas redevenir ce qu'elle était.
Nous reprenons notre marche sur le sentier, il réfléchit longuement, pèse soigneusement ses mots, je sais que ce qu'il s'apprête à me dire ne vas pas me plaire. Mais je prend sur moi, père n'a jamais été méchant ou dédaigneux en commentant mes choix, il se contente de me conseiller, de me guider comme il le peut, et de me faire part de ses incertitudes quand il en voit la nécessité. Alors j'écoute ce qu'il pense de la situation avec attention.
_ Que tu le veuille ou non, cela arrivera. Ce vampire que tu nous as ramené y veillera, d'ailleurs, il représente une lame à double tranchant pour elle. Il sera soit sa rédemption, soit sa mort, si tu tiens tant que cela à elle, surveille le de prés. Ainsi que la démone, je sens quelque chose de pas clair en elle.
_ Vous êtes sérieux? Rébecca?
_ Oui, elle cache quelque chose, son aura est instable, trop d'émotions contradictoire s'y mêle. Tant et si bien que je n'ai pas réussi à la décrypter.
Je réfléchis à sa remarque, c'est vrai que depuis le début Rébecca affiche un comportement pas normal. Mais en même temps, on parle de Rébecca, la fille imprévisible, insouciante et surtout très blonde! Toutefois, il y a un doute qui subsiste, une question à laquelle j'ai jamais trouvé la réponse. Elle n'a jamais pu m'encadrer, sans que je ne comprenne pourquoi, la différence de nos deux natures ne suffisait à l'expliquer. De plus, elle essayait même d'éloigner Alysson de moi au début, puis voyant qu'elle obtenait aucun résultats, elle avait abandonné. Je pensais que c'était de la jalousie, qu'elle refusait de partager sa meilleure amie, mais maintenant, je réalise que c'était surement beaucoup plus que ça. Quel secret inavouable peut bien cacher Rebecca? Soudain, je réalise que nous nous sommes arrêter. Le sentier nous a mené à la roseraie. Le dôme de verre étincelle au soleil et le parfum des roses embaume l'air chaud qui nous entoure. Je respire à pleins poumons, petit, quand ma mère m'envoyait ici pendant les vacances scolaires, j'aimais beaucoup venir jouer ici, le parfum des différentes sortes de roses me plaisait énormément. Il me plaît toujours autant. Mon sourire ravi efface un peu le trouble sur le visage de mon père, mais je sens qu'il y a autre chose.
_ Vous vous inquiétez aussi pour les vôtres, n'est-ce pas? Après tout j'ai introduit le renard dans le poulailler.
Il fronce les sourcils, et croise les bras, visiblement contrarié de cette comparaison, puis soupire avant de me répondre.
_ Cette métaphore pour illustrer mes craintes ne me plait guère, mais elle est pertinente. J'espère réellement que je n'aurait pas à regretter de t'avoir fait confiance, Thomas.
_ Je ferais en sorte qu'il ne se passe rien de fâcheux, dussé-je le décapiter pour cela!
Mes paroles le rassure immédiatement, et il reprend son masque de sérénité. Il s'autorise même un sourire malicieux, en m'adressant une petite pique.
_ N'en fais pas trop quand même! Le fait que vous soyez rivaux ne justifie pas que tu t'en débarrasse à la première occasion.
J'écarquille les yeux avec une moue boudeuse, faussement outré, puis nous éclatons de rire tout les deux. Revoir mon père sourire et rire même, me soulage, j'aime mieux le voir ainsi. Savoir que j'ai pu lui ôter les tourments qui le rongeait m'emplis de fierté et de bonheur, il me fait confiance, se repose sur moi, enfin je me sens digne d'être son fils.
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