Journée shopping, ou comment croiser LA personne qu'il ne fallait pas
Je me réveille en sursaut, en sueur. Encore et toujours ce cauchemar. Celui là même que je fais depuis maintenant 15 ans, et ce quasiment toutes les nuits. A l'exception des fois où je m'endors complètement bourrée.Mes cheveux collent à mon front, je les écartent en passant la main sur mon visage. Je suis en nage et je déteste ça, je déteste transpirer, ça pue et c'est poisseux. Le réveil indique 9h, alors je me lève, attrape une serviette et file sous la douche. L'eau froide me soulage grandement, elle coule le long de mon corps et l'assaini. La transpiration, une des rares choses typiquement humaine qui me fait regretter mon ancienne vie.En sortant de la douche, je remarque que mon téléphone potable sonne. C'est déjà le quatrième appel. Je décroche et la voix de Rébécca retentit.
_ Salut Aly! Dit-elle enjouée et excitée. Je te réveille? Non! Tu étais sous la douche, c'est ça? J'ai raison? Allé, dis que j'ai raison!
Je grimace, une Rébécca excitée dès le matin est non seulement désagréable, mais était aussi un mauvais présage pour moi.
_ Respire Bécka. Et oui, tu as raison, concédais-je.
_ Ouais! J'ai gagnée! Bon, on va faire du shopping? C'est le premier jour des soldes et m'avais promis qu'on irait!
Oh merde. J'avais oublier cette stupide promesses. D'autant plus que je l'avais faites uniquement pour que Bécka me fiche la paix. Elle ne me laissera pas me défiler cette fois, il va falloir que j'assume.
_ Ok, d'accord, j'avais oubliée espèce de sale gamine trop gâtée, dis-je en souriant.
_ Eh! Je ne suis plus un gamine, je vais avoir 23 ans le mois prochain. Je t'attends en bas de chez moi dans 30 minutes, a toute!
_ Attends, Bécka!
Elle m'a raccrochée au nez. Je déteste quand elle fait ça, pourtant je souris quand même. Je me prépare en vitesse. J'enfile mon jean préféré, celui qui moule bien mes fesses, un débardeur noir avec le logo d'une marque de whisky assez court, laissant apparaître mon nombril. J'avale vite fait un verre de jus de fruit et une poignée de céréales. Après avoir chaussée mes bottines en cuir noir, mis une veste, je descend au garage et m'installe au volant de mon sublime coupé noir Audi. C'était un luxe que je me suis offerte il y a déjà 2 ans, et je ne me lasse toujours pas des regards envieux des passants. Je souffle en bon coup en pensant à la séance de torture qui m'attends et démarre.
Rébécca qui d'ordinaire est hyperactive, deviens carrément dingue lorsqu'il s'agissait de shopping. Elle se transforme en un monstre fashion et sa victime, à savoir moi, se retrouve affublée de vêtements et chaussures tendances en moins de deux. Je soupire en arrivant devant chez elle, elle est déjà là à m'attendre. En la voyant me rejoindre de sa démarche sautillante, je grimace. Elles est habillée comme à son habitude, comme une poupée barbie, petite jupe et petit tee-shirt roses bonbon, avec des bottines à strass blanches et une veste blanche. Exactement ce que je déteste, car trop voyant, trop rose.
_ Salut sexy! Comment vas-tu?
_ Ne m'appelle pas comme ça, râlais-je.
_ Ok, dit-elle en riant, de mauvais poil aujourd'hui? Ne t'inquiètes pas je vais te trouver des tenues qui te rendront vite le sourire, sexy!
Je lève les yeux au ciel, c'est vraiment la dernière chose que je souhaiterais, qu'elle me prenne pour sa poupée vivante.
_ Je te l'interdit. Laisse-moi en dehors de tout ça, tu veux. Je ne suis que ton accompagnatrice, ni plus ni moins.
Bécka me regarde dépitée, une moue boudeuse se dessine sur son visage parfait. Terrifiée, je réalise qu'elle le voulait vraiment, alors je détourne mon regard, de peur que ses yeux de cocker ne me fasse changer d'avis. Finalement, Bécka capitule en manifestant bruyamment son déplaisir.
_ Bon, très bien, je laisse tomber, je ne m'occuperais que de moi.
_ Sage décision.
Elle me jette un regard noir, que j'ignore complètement en souriant. Elle s'enfonce dans son siège, croise les bras et boude tout le long du trajet jusqu'au centre commercial. Lorsque nous arrivons au centre commercial préféré de Bécka, brusquement celle-ci retrouve le sourire, je me gare et la torture commence.Et me voilà embarquée dans une farandole de vêtements, lingerie et accessoires en tout genres. A chaque magasin elle donne l'impression d'essayer tout le stock de fringues avant de jeter son dévolu sur une simple petite robe à brettelles, un tee-shirt, ou un pantalon. Elle paie et nous nous rendons ensuite en piller un autre, puis un autre, jusqu'à ce que je demande grâce les bras chargés de paquets. A la pause déjeuner, je profite de regagner la voiture afin d'y déposer les trésors de guerres de Bécka pendant qu'elle choisis le restaurant où nous allions manger. Sachant qu'elle est longue à se décider, je ne me presse donc pas, je prends mon temps. En arrivant, je pose les paquets dans le coffre et allume une clope, j'apprécie la bouffée de nicotine qui entre dans mes poumons en fermant les yeux, et me détend. J'ouvre les yeux, observe la fumée, elle a un effet hypnotique et mes pensées se mettent à dériver. Alors que je m'amuse a faire des ronds de fumée, je sens que quelqu'un m'épie. Ca m'agace, je n'aime pas ça. De plus, cette personne est particulièrement insistante dans son regard et cela n'augure rien de bon. Ma cigarette terminée, je prends la direction de la sortie du parking qui mène à l'intérieur du centre commercial. Avec un peu de chance, personne ne me suivra. Arrivée devant la porte j'écrase et jette ma cigarette dans une poubelle avant d'entrer, puis j'entre dans la première boutique de lingerie que je croise, me cache en jetant un œil par la vitrine sur le hall. Quelques secondes après, un homme débarque par la porte que j'ai empruntée. C'était probablement lui qui m'espionnait. A mon tour de l'épier. Il l'air furieux de s'être fait semer, son visage fermé semble froid et dur, surtout avec les cicatrices qui le parsèment. Et bien qu'il paraîsse fluet et peu intimidant de carrure, son assurance m'incite à ne pas le croiser à nouveau.
Au bout de quelques minutes à tourner en rond, il fini par partir, je soupire soulagée et me décide à sortir de ma cachette. Une vendeuse se précipite vers moi, mais je la repousse et sort et me mêle à la foule. J'appelle Bécka en espérant qu'elle ai enfin choisie, et heureusement pour moi elle m'indique le nom du restaurant et je l'y rejoint sans plus tarder.Lorsque je la retrouve, Bécka se faisait draguer par un garçon plutôt mignon, bien habillé, rasé de près, bref très chic. Il la regarde comme si elle est la parfaite petite princesse, douce et innocente, il est comme envouté par sa beauté. Malheureusement, je sais qu'il n'a aucune chance de conclure, il ne fait pas partie du type d'homme qu'elle apprécie. Rébécca, malgré ses airs un peu cruche est une jeune femme très brillante, et très belle. De superbes cheveux longs blonds, soyeux et ondulés, de parfaits cils épais et noirs avec les sourcils bien dessiné qui vont avec, sa peau légèrement hâlée fait ressortir magnifiquement ses yeux bleus océan et lèvres pulpeuses rose corail. Elle ne se maquille que très peu, elle n'en as pas besoin, la nature pourvoit à son maquillage. Rébécca Williams ou la parfaite et plantureuse poupée barbie dont rêves tous les hommes, du moins en apparence. La jeune fille aime beaucoup les paradoxes, alors malgré ses airs candides, ses goûts en matière d'hommes sont particuliers. Elles n'aime que les mauvais garçons, les tatoués, grand et fort qui font peur, les motard brutaux, les gars violent qui traînent dans les bars... Toutes ces personnalités qui semblent dangereuses pour n'importe quelle fille saine d'esprit la séduise et l'excite, car elles laissent entrevoir un potentiel élevé de rapports sexuels brutaux et pimentés qu'elle affectionne tant. Eh oui car Bécka est le genre de personne qui aime qu'on la "baise" plutôt que l'on lui "fasse l'amour" et ce garçon là n'a rien d'intéressant pour elle. Elle ne fait que passer le temps, une distraction rien de plus. Soudain ses yeux se tournent vers moi, elle me sourit et me fais signe de la rejoindre.
_ Ah, enfin tu es revenue! Tu en as mis du temps, ma belle!
J'approche et salue son "ami" d'un signe de tête, qui me le rend timidement, il bredouille quelque excuses et s'enfui. Amusée par la réaction du jeune homme je demande en m'asseyant.
_ Je vous ai interrompu? Je suis navrée.
Elle balaie mes excuse d'un revers de main.
_ Rien d'intéressant, vraiment ce type manquait d'audace, de tempérament... Au moment où tu es arrivée je lui expliquais pourquoi je n'étais pas attirée par son genre de mec.
_ Oh non, le pauvre. Tu n'as pas été cruelle au moins, dis-je me souvenant de la fois où elle avait fait pleurer un autre pitoyable dragueur.
Je regrette beaucoup que les garçons inoffensif comme celui-ci ne trouvent pas grâce à ses yeux. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter lorsqu'elle sort avec l'un de ses barbares qu'elle apprécie tant. Cependant, elle dit toujours bien s'amuser avec, alors je la laisse faire. Une serveuse arrive et nous passons commande. Pendant le repas, elle tente de négocier une après-midi entière encore de shopping, prétextant ne pas avoir trouver de chaussures et lingerie pour ses nouveaux vêtements. J'obtiens qu'elle ne se contente que de deux magasin de son choix, elle boude un peu mais se conforme à ma décision. Je tiens à partir le plus tôt possible, mais sans attirer les soupçons. L'homme de tout à l'heure peut très bien être resté ici et me chercher, ainsi en m'attardant je courre le risque de le croiser à tout moment. D'un autre côté, si je cède pas un peu à Bécka elle se rendra compte qu'il y a un problème et me harcèlera pour tout savoir. Affreux dilemme, c'est comme tomber de Charybe en Scylla. Tant pis, je tenterais le sort.
Après avoir manger, je l'accompagne dans les boutiques comme promis. Fort heureusement elle fait de véritables trouvailles dans la première et ne fait que survoler l'autre tant elle a été satisfaite. Nous retournons donc à la voiture sans avoir revu l'homme qui m'avait suivi. Bécka monte, je m'installe au volant et démarre. Lorsque la fermeture centralisée se met en route, je me détends. En sortant du parking, quelqu'un traverse brusquement devant moi, je freine sec faisant gémir Bécka. C'est lui, il se tient devant moi me provoquant avec un sourire carnassier. J'aurais dû accélérer au lieu de freiner. Bécka lui adresse un regard noir, et il continu son chemin avec geste d'excuses bidon.
Je soupire et redémarre, il pensait sûrement que j'aurais paniqué mais je ne me laisse pas me déstabiliser si facilement. Enfin nous arrivons chez Bécka, je l'aide à monter ses paquets dans son appartement. Elle me propose de rester boire un verre, mais je refuse, prétextant vouloir me reposer un peu avant d'aller travailler ce soir. Enfin je fonce à l'épicerie Drancy's. La petite épicerie de quartier ne paie pas de mine, mais elle dispose de marchandises trés utile pour qui connait leurs existences. J'entre en saluant d'un hochement de tête l'homme au comptoir.
_ Salut ma jolie, dit-il enjôleur, qu'est-ce je peux faire pour toi?
Ma mauvaise humeur prend le dessus en l'entendant s'adresser à moi de cette façon, je lui répond du tac au tac.
_ Ta gueule Drake, c'est pas le jour. Je veux une potion de repousse violence. Une puissante, c'est pour éloigner un Traqueur.
_ Quoi? Encore? Pff, t'as de la chance que je puisse en fabriquer facilement, dit-il avec une moue boudeuse tout en se dirigeant vers l'arrière boutique.
Drake est un marchand de magie, il vend ses produit à tout ceux que ça intéresse, créature surnaturelle ou simple humain. Les charmes et potions qu'il vend sont de sa fabrication et comptent parmi les plus efficaces. Un art transmis de père en fils d'après ce qu'il dit. L'épicerie n'est qu'une couverture, même si il s'amuse à jouer le jeu devant les humains ordinaires. Je l'entend farfouiller dans des cartons et étagères, je tape mes doigts contre le comptoir m'impatientant.
_ C'est pour aujourd'hui ou pour demain? Grouille-toi, je n'ai pas que ça à faire!
_ Oui oui, c'est bon je les ai ma princesse. Tiens, deux pour le prix d'un! C'est les soldes aprés tout.
En effet, une bonne affaire, un large sourire s'affiche sur mon visage. Drake me tend la marchandise, puis au moment où je les prend il se ravise avec un air taquin.
_ Mais comment ça se fait-il qu'ils te harcèle à ce point? Tu ne représente pas une menace pour eux.
_ Je n'en sais rien moi! Tout ce que je sais c'est que je les attire comme un lampadaire attire les papillons de nuit!
Un mensonge éhonté. Je paie mes potions et sort sans me retourner. Ce type me tape sur les nerfs. Enfin je rentre chez moi, je monte à mon appartement en prenant soin de bien fermer à clef derrière moi. Je jette un coup d'œil à la fenêtre côté rue, rien d'anormal. Rassurée, je sors les fioles de ma poche, j'en range un dans le tiroir et garde l'autre dans ma main. Sachant que la pleine lune aura lieu dans deux semaines j'hésite à m'en servir. Suis-je sûre de vouloir attendre jusque là? Peut-être ne viendra t-il pas jusqu'ici. Et si il le fait, comment je me sortirais de ce pétrin? Les Traqueurs ne sont pas des gens qui se laissent raisonner aisément. Ils tuent et parlent après. Bien, tant pis, je prends la fiole remplie du liquide translucide bleu irisé aux reflets changeants et un pinceau. L'entreprend alors de le passer généreusement sur l'encadrement de la porte et les fenêtres donnant sur l'extérieur. La tache m'a prit plus d'une heure, étant donné que je ne voyais pas où il en avait déjà vu qu'il disparait une fois appliqué. Tâche qui devrait à terme probablement me sauver la vie. Une fois fini, j'observe le liquide de la fiole, songeuse. Ses reflets changent de nuances, qui passait du bleu jusqu'à aller au violet profond, pour enfin revenir au bleu. l'effet est hypnotique, à l'instar des rond de fumée. La magie contenu dans ce liquide éloigne toute les créatures magiques ou non ayant de mauvaises intentions, Traqueurs y compris. Toutefois, le charme se rompt à chaque pleine lune.
Le réveil de mon portable se met à sonner et m'arrache à la contemplation du ledit liquide. Je range la fiole à sa place, et file sous la douche. En m'habillant je jette un œil à l'horloge du salon, il est l'heure d'y aller. Je descend au garage, sort la voiture et fonce chez Bécka.
Celle-ci m'attend, debout portant une de ses tenue rose bonbon que je déteste tant. Je m'arrête à sa hauteur et elle monte dans la voiture. Nous travaillons toute les deux de nuit dans une supérette 24/24, elle est caissière et moi employée libre service. Ce petit boulot permet à Rébécca de payer ses études. Elle fait un truc pointu en microbiologie, je n'ai pas bien saisie, il faut dire que c'est compliqué. Enfin, quant à moi, cela me permet de vivre simplement, j'ai choisie de ne pas m'inscrire à la fac, trop chère. Cependant, je traîne dans les cours qui m'intéresse et dans la bibliothèque universitaire. Je m'instruis illégalement en assistant aux cours sans avoir payer, j'aime l'ambiance studieuse qui y règne, et je me suis découvert une passion pour la connaissance. Au début de ma nouvelle existence, une fois la déstabilisation du changement passée, j'ai eu envie d'apprendre tout sorte de choses. L'histoire, les maths, les sciences, les langues... tout m'intéressais, on m'avait longtemps privée d'instruction, alors j'en profitais tant que j'en avais l'occasion. C'est comme ça que j'ai rencontrée Rébécca.
Elle est plus calme que d'habitude, je la regarde à la dérobée, elle semble perdue dans ses pensées. Lorsque nous arrivons à la supérette, elle émet un gémissement agacé.
_ Eh bien, ça sens la motivation! Dis-je taquine en la poussant du coude.
_ T'imagine même pas! J'ai des examens la semaine prochaine et j'ai pris du retard dans mes révisions, et en plus en ce moment les clients sont particulièrement agressifs ces temps-ci.
Je fronçais les sourcils, les révisions ne m'inquiète pas, je sais que même si elle se rend en touriste à ses examens elle aura quand même en bonne note. Il en est pas de même pour ces clients étranges dont elle parle, alors je lui serre l'épaule compatissante, en souriant d'un air désolée.
_ Pour tes révisions je n'y peut rien, mais si un as un problème avec un client tu peux m'appeler.
_ Et tu viendras lui péter la gueule? Me demande t-elle avec un regard plein d'espoir.
_ Euh... eh bien on évitera d'en arriver là tout de même.
La voiture garée, nous descendons commencer notre "journée de travail".
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