14. Gerardmer ?

Pourquoi avait-il accepté la proposition de cet escroc ? Pour retrouver plus vite sa princesse, et maintenant, par sa faute, le voyage ne s'en trouvait qu'allongé. Maudit sois le proviseur avec ses idées stupides ! Le jeune garçon devait d'abord comprendre où est-ce qu'il se trouvait; il se releva tant bien que mal, en essayant de ne pas écouter la petite voix dans sa tête qui lui disait que de toute façon il ne serait jamais assez fort pour elle. Il marcha pendant une demi-heure dans cette sombre forêt sans jamais rencontrer qui que ce soit. Il n'avait vraiment aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Enfin, il tomba sur un garde forestier qui lui expliqua qu'il se trouvait dans la forêt de Gerardmer. Autrement dit, il était bien loin de Marseille, et il ne lui restait plus assez d'argent pour y aller. Stéphane demanda au garde :" Vous pouvez m'indiquer le village le plus proche, s'il vous plaît ?

- Bien sûr, mon p'tit gars : tu continues tout droit sans quitter le chemin et tu tournes à droite. Après t'es arrivé à Gerardmer, mais c'est une ville !

- Ah, d'accord, merci beaucoup, je suis très pressé, je dois aller à Marseille.

- Une fille ?

- Oui. Comment vous savez ça ?

- Je le vois dans tes yeux, mon bonhomme ! Allez va, ne la fait pas attendre !

- Encore merci, monsieur !" cria-t-il en s'en allant en courant. Il suivit les instructions du vieil homme et se retrouva bientôt devant la ville désignée.

    Gladys soupira de soulagement, elle venait de terminer l'installation de ses affaires et le dépoussiérage de la maisonnette. Elle versa des croquettes dans la gamelle de Truffe, puis alla s'accouder à la fenêtre. La mer était étincelante sous le soleil du matin. Elle avait mal dormit sur ce canapé branlant, mais maintenant que toutes ses affaires étaient là, elle pourrait passer la nuit sur son lit confortable. Mais quel ennui ! Personne dans la maison, un silence qui vous prenait la gorge et vous faisait pleurer. Elle frappa le mur désespéramment blanc de ses deux poings. Alors elle sortit dehors, monta dans la barque et se rendit au supermarché. Avec l'argent que son oncle lui avait donné, elle acheta de la peinture bleu ciel, de la violette et de la jaune, des guirlandes lumineuses, des pinceaux ainsi que des pattes carbonara surgelées. Une fois ses emplettes terminées, elle retourna chez elle; la jeune fille commença alors à peindre les murs en bleu et à installer les guirlandes lumineuses. Lorsque la peinture fut sèche, elle y peignit des papillons violets et un soleil jaune. Le tout était vraiment magnifique et lui rappelait qu'il y avait toujours un peu de bonheur, il suffisait juste de le trouver. Elle prépara les pâtes puis se mit à table. Dans sa bouche, elle ressentait la nourriture qu'elle avait mangée avec Stéphane lors de leur rencontre. Et elle pleura seule devant son assiette, comme une petite mouche et cela la mettait en colère contre elle-même. Elle se détestait.

  Il marchait au hasard, ne sachant que faire. Il était conscient de devoir aller à Marseille, la question était, comment ? Il n'avait aucun moyen de s'y rendre. Une fille de son âge lui fit un signe charmeur de la main mais il l'ignora, la seule qu'il aimait était Gladys, personne d'autre. Il entra dans un bar pour réfléchir. Il s'assit à une table, juste derrière un jeune homme qui racontait avec animation une histoire à deux personnes en face de lui. Son oreille se dressa lorsqu'il entendit :" Vous avez entendu l'histoire de la jeune fille fantôme ?

- Bof...C'est à Marseille, non ? En quoi ça nous regarde ?

- Il paraît qu'elle habite au milieu de l'océan et qu'elle vient rarement sur terre. Certains disent que s'y on passe à côté en bateau, on l'entend pleurer et crier le prénom d'un garçon.

- C'est n'importe quoi. Et d'abord, comment tu sais ça ?

- Ma famille habite là-bas. D'ailleurs, je dois partir dans une demi-heure les rejoindre pour un anniversaire..." L'homme but une longue gorgée de limonade. Stéphane se retourna et demanda :" Excusez-moi si je suis indiscret, mais quel est le prénom du garçon qu'elle crie ?

- En sais rien, moi... Pourquoi ?

- Elle ressemble à quoi, la fille fantôme ?, s'exclama-t-il, de plus en plus alarmé.

- La plupart des gens disent avoir aperçu des cheveux longs et bruns...Mais quitte à ce qu'ils disent vrai...

- Oh, croyez-moi, c'est la vérité. Et ce n'est pas une fille fantôme, elle s'appelle Gladys Lyam, asséna-t-il.

- Vous la connaissez ?

- Trop long à vous expliquer... Je dois absolument la rejoindre !

- Ce ne serait pas vous, le garçon pour qui elle pleure ?

- Peut-être. Vous êtes intelligent, dit-il en souriant.

- Je peux toujours vous emmener si vous voulez.

- C'est vrai ? Oh merci !

- De rien. Je pars dans...

- Une demi-heure. Je vous attend ici." Ils hochèrent la tête. Le cœur du collégien battait plus fort qu'une grosse caisse. Gladys ne l'avait pas oublié ! Et en plus, elle l'attendait. Il était heureux, pour la première fois depuis un bout de temps. Il resta assis vingt minutes avant de se mettre à tourner en rond. Enfin, un jeune garçon apparu à la porte :"Je suis le fils de l'homme que tu as rencontré tout-à-l'heure. La voiture est là, elle t'attends." Il lui sourit. Stéphane alla jeter un œil à la fenêtre. En effet, un véhicule bleu ciel se trouvait là, ronronnant. Il sortit du bâtiment et monta à l'arrière de l'engin. Il remercia l'enfant, et ils se mirent en route. Le jeune homme était aux anges, il allait enfin revoir sa princesse !

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